L'influence du "gaming" à la littérature

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10/10/2025

J.R.R. Tolkien La Chute d'Arthur, éditions Pocket Imaginaire

J.R.R.Tolkien, La Chute d'Arthur, éditions Pocket Imaginaire 

En août, les éditions Pocket Imaginaire ont continué sur leur lancée de publier les œuvres de J.R.R. Tolkien. 

Après Beowulf, c'est donc le tour au cycle arthurien d'être mis en valeur à travers le travail réalisé par le maître de la fantasy sur le long poème La Chute d'Arthur

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

La Chute d'Arthur est un poème allitératif inachevé de J.R.R. Tolkien qui parle de la fin du roi Arthur. Il est construit en 5 chants. Le premier évoque la campagne menée par Arthur contre les rois de l'Est alliés à Rome. Le deuxième se focalise sur Mordret en mettant en lumière ses ambitions et son désir tournant à l'obsession pour Guenièvre. Le troisième s'intéresse à Lancelot qui est exilé à Benwick. Il retrace son adultère avec la reine et les conséquences néfastes sur le royaume avec l'apparition de dissensions entre les chevaliers, chacun prenant le parti de Lancelot ou d'Arthur. Le cinquième lui traite des doutes d'Arthur quant à son retour chez lui. 

Mon avis :

Rédigé dans les années 30, ce magnifique poème témoigne de l'intérêt que l'auteur portait aux légendes arthuriennes. Bien que certains le pressaient de le terminer afin de le publier, J.R.R. Tolkien ne s'y ait pas attelé. Pour son fils Christopher, c'est davantage par manque temps que par réel désintérêt. En effet, à l'époque il était également occupé à la rédaction de son ouvrage, La Route Perdue tandis que Le Hobbit, lui, était pour la première fois publié. 

La Chute d'Arthur s'ouvre donc sur le magnifique poème de J.R.R. Tolkien qui nous livre une version plutôt crépusculaire de l'histoire du roi Arthur. Il a pris le parti d'y mettre en valeur la fidélité de Gauvain, la trahison de Mordret, l'infidélité de Guenièvre et de Lancelot. 

Puis, Christopher Tolkien enchaîne sur les sources sur lesquelles reposent les légendes arthuriennes. Il y est notamment question des premières mentions d'Arthur et de son règne à travers L'Histoire des Rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth. L'intérêt est de montrer combien son père s'éloigne de l'histoire de la dernière campagne d'Arthur tel que Geoffroy de Monmouth la raconte. 

En revanche, J.R.R. Tolkien a bien conservé la tradition héroïque des chroniques inaugurée par Monmouth. Dans cette partie, Christopher Tolkien prend le temps d'analyser certains passages-clés du poèmes afin d'en tirer une meilleure compréhension. Il y remet d'ailleurs en perspective certains événements. 

Ensuite, Christopher Tolkien s'intéresse à la partie non écrite du poème en s'appuyant sur les nombreuses notes manuscrites laissées par son père. Il nous donne un aperçu des intentions de J.R.R Tolkien quant à la fin qu'il souhaitait donner à son texte. Il y est bien entendu fait mention d'Avallon puisqu'il s'agit de la fin d'Arthur. Mais, pour J.R.R.Tolkien, c'est aussi le moment de faire le lien avec Le Silmarillion puisqu'Avallon lui a inspiré une autre île devenue célèbre pour les lecteurs du maître de la fantasy, Tol Eressëa

Christopher Tolkien prend ainsi le temps de nous montrer comment les récits de la Terre du Milieu dialoguent avec la Matière de Bretagne et particulièrement La Chute d'Arthur. C'est très éclairant de voir comment les légendes arthuriennes ont nourri l'imaginaire de Tolkien. 

Enfin, Christopher Tolkien conclut longuement sur le long travail réalisé par son père en analysant les évolutions que ce dernier a données aux différents chants de son poème. Cette partie est assez longue et reflète bien la complexité de la tâche. Aussi, grâce à l'investissement de Christopher Tolkien, on pénètre dans la tête de J.R.R Tolkien. On fait notamment face à ses difficultés, à ses revirements, à ses ratures et à ses avancées tout au long de son processus d'écriture. C'est une autre manière de découvrir l'œuvre de J.R.R.Tolkien qui s'avère fort intéressante au demeurant. 

Pour conclure :

La publication de La Chute d'Arthur, c'est l'occasion de découvrir une nouvelle facette de l'écriture de J.R.R Tolkien tout en renouant avec l'un des plus incontournables mythes qui a tant marqué la littérature.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Beowulf, Les Étymologies, Le Silmarillion, Le Hobbit, Les Enfants de Hurin, La Chute de Gondolin et Beren et Luthien.  

Informations

J.R.R. Tolkien
La Chute d'Arthur
244 pages
9782266344876
Editions Pocket Imaginaire

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07/10/2025

Estelle Faye, L'Héritier des Fées, éditions Nathan

Estelle Faye, L'Hériter des Fées, éditions Nathan

Estelle Faye est une autrice très prolifique des littératures de l'imaginaire. Elle écrit autant pour la jeunesse que pour un public adulte. Fantasy, fantastique, postapocalyptique, science-fiction, elle maîtrise tous les genres. Elle est de retour cette année avec un roman de fantasy historique intitulé L'Héritier des Fées

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Nathan pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Tristan vit paisiblement dans le castel de son père le chevalier d'Arpégeac avec son frère Aymeric, perché au cœur de la Montagne Noire en Occitanie. Sauvageon il préfère se perdre dans la nature et partager la compagnie des petits êtres féériques qu'il perçoit grâce à sa nature. En effet, il est aussi le fils d'une fée, une Hadè. Il l'ignore encore mais une grande menace pèse sur la région car le roi de France, par l'intermédiaire de son bras armé, l'ordre des Cisterciens, compte étendre son influence sur l'Occitanie en usant de la force si nécessaire. Au vu de cette montée de violence, son frère aîné décide de s'engager à la défense de leur terre natale et quitte le castel. Ce départ laisse un vide immense dans le cœur de Tristan et quand une nouvelle menace vient frapper à la porte du domaine sous la forme de deux moines cisterciens désirant faire main basse sur leurs terres, cela en est trop pour le jeune garçon. Il décide de partir à la recherche de son frère afin qu'il vienne défendre leur héritage familial. Mais le retrouvera-t-il dans ce contexte de plus en plus tendu ?

Mon avis :

L'Héritier des Fées prend cadre aux heures sombres de la Croisade Albigeoise. Celle-ci a été lancée par l'Église catholique contre le catharisme considéré comme de l'hérésie. Le catharisme se localisait surtout en Languedoc qui, à l'époque, était dominé par deux familles, la maison de Toulouse et la maison Trencavel. Malheureusement faute d'entente entre les deux, Raymond VI de Toulouse a accepté de se croiser tandis que Raimond-Roger Trencavel, lui, a choisi la lutte. Cette croisade s'est déroulée de 1209 à 1229. Elle a vite évolué en guerre de conquête, d'abord menée par les évêques locaux, puis reprise par l'inquisition elle-même. 

Ce schisme est né du rejet de la religion catholique pour cette foi croyant à l'existence du bon dieu et du mal, à travers la figure de Satan. Pour les Cathares, la création du monde est imparfaite et relève du mal, d'où leur souhait de faire vœu de pauvreté et leur volonté de s'extraire de leur prison charnelle pour rejoindre Dieu. 

Voilà qui pose le décor de ce roman avec un contexte politique et religieux propice à une intrigue remplie de tension et de mystères. 

D'autant qu'Estelle Faye n'hésite pas à puiser dans le folklore local pour nourrir son récit. Ainsi, entre ses lignes, la figure de la fée prend les traits de l'Hadè, connue aussi sous le nom d'Hada dans les Pyrénées désignant tout simplement une fée des montagnes. Il est aussi question d'un Tartaro se promenant dans les montagnes occitanes et faisant clairement référence à ce personnage aussi inquiétant qu'énigmatique de la mythologie Basque se délectant de la chair des chrétiens. Sans oublier, les petits dracs des rivières qui accompagnent souvent le jeune Tristan dans ses virées là-haut dans la montagne et dont l'origine régionale l'a naturellement imposé comme créature surnaturelle. 

La magie se mêle harmonieusement à l'Histoire. Celle-ci est très éthérée se manifestant par petites touches. Elle accompagne le texte sans pour autant éclipser l'histoire de ses personnages. L'intérêt étant ici de mettre en lumière ce terrible épisode qui a endeuillé cette région du sud au 13e siècle et de rappeler les ravages que les croyances peuvent susciter, notamment lorsqu'elle prédomine et qu'elle craint d'être supplantée. 

L'Héritier des Fées est un récit puissant qui parle de persécutions et d'intolérance. Il met en scène un jeune garçon naïf qui découvre un monde violent où des gens se font massacrer pour leurs croyances. La paix de ses montagnes a laissé la place au feu au sang. La peur s'accompagne souvent de trahison d'autant qu'un climat de suspicion s'est peu à peu abattu sur sa terre natale. L'histoire est prenante et le destin de ce gamin est poignant. 

Estelle Faye se fait à nouveau l'autrice d'un texte rempli d'émotions car il nous est impossible de rester indifférent à la détresse de Tristan parti sur les routes pour retrouver son frère disparu. C'est donc aussi un roman d'apprentissage puisqu'on y retrouve un jeune héros en quête d'identité. En effet, à défaut de retrouver son frère, le long chemin parcouru va lui forger une personnalité et lui donner la maturité nécessaire au passage de l'enfance à l'âge adulte. 

Comme souvent en littérature jeunesse, l'importance de l'amitié est mise en avant. Ici, c'est d'ailleurs un bien précieux qui va servir Tristan pour aller au bout de sa mission. C'est clairement un personnage attachant. L'autrice le malmène bien, notamment pour le faire grandir. L'amour qu'il voue à son frère est particulièrement touchant. Il est bien travaillé et intéressant à suivre. 

Avec L'Héritier des Fées, Estelle Faye nous offre une inoubliable incursion en pays cathare tissée de mystères et de fureur. L'écrin proposé par les éditions Nathan est juste fabuleux auréolé d'un très beau jaspage sur la tranche du livre. 

Pour conclure :

Alors, quoi de mieux qu'un si beau livre-objet pour porter une histoire que l'on n'est pas prêt d'oublier. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mes avis sur : Les Ombres de Willowthorne, Widjigo, Hollywood Monsters, Un Reflet de Lune, Un Eclat de Givre, Les Seigneurs de Bohen et Les Révoltés de Bohen

informations

Estelle Faye
L'Héritier des Fées
9782095037949
400 pages
Editions Nathan

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01/10/2025

John Crowley, Petit, Grand ou Le Parlement des Fées, éditions L'Atalante

John Crowley, Petit, Grand ou Le Parlement des Fées, éditions L'Atalante 

John Crowley est un auteur américain science-fiction et de fantasy. Sa bibliographie est déjà riche d'une quinzaine de romans sans  oublier ses nombreuses nouvelles et autres essais également parus. 

Son roman de fantasy, Le Parlement des Fées, paru initialement en 1981, a remporté le prix World Fantasy du meilleur roman et lui confère ainsi la célébrité.

Alors que certains de ses illustres titres sont déjà parus chez eux, les éditions L'Atalante continuent sur leur lancée et nous proposent, depuis le 28 août, la réédition de cet éminent titre sous l'intitulé de Petit, Grand ou Le Parlement des Fées et dans une très belle version reliée et illustrée par Thibault Daumain

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Il existe un lieu caché, une demeure ancestrale qui ne peut être rejointe qu'à pied en suivant une série d'indications précises. C'est là que doit se rendre Fumy Granger s'il espère pouvoir épouser sa future femme, Daily Alice. Le protocole est bien étrange mais le jeune Fumy s'y conforme bien car il ne désespère pas d'épouser sa belle. Seulement il en ignore encore toutes les conséquences et finalement ne va-t-il pas regretter d'avoir pénétré dans ce monde étrange ? 

Mon avis :

Petit, Grand ou Le Parlement des Fées est un roman de fantasy où l'on foule une terre hors du temps, appelée L'Orée du Bois. C'est un lieu magique rempli de mystères. On y trouve une grande demeure construite par un célèbre architecte. Immense, elle dissimule de nombreuses pièces. Certaines sont secrètes, d'autres non. Elle est un refuge pour une poignée d'élus et un rempart pour une nature préservée. Son existence fascine tous ceux qui y pénètrent. C'est également le premier élément singulier de ce récit lui conférant d'emblée son caractère surnaturel car n'y a t-il pas une magie à l'œuvre derrière sa présence ? En tout cas la question se pose. 

En outre, elle abrite une très grande famille dont on retrouve l'arbre généalogique magnifiquement illustré en début et fin d'ouvrage. Petit, Grand ou Le Parlement des Fées, c'est avant tout une histoire familiale où chaque membre a ses propres secrets sans pour autant avoir prise sur son destin car celui-ci est décidé par le Conte. En effet, c'est bien là l'originalité de cette histoire car les décisions prises par les personnages semblent toutes influencées par ce que les anciens appellent le Conte. Ainsi, tout est déjà écrit d'avance et la destinée de chacun des membres de cette étrange famille n'est là que pour nourrir son existence et lui conférer le pouvoir nécessaire pour perdurer dans le temps. Chaque évènement est donc prédit par l'intermédiaire de cartes de tarot qui semblent ensorcelées pour annoncer la marche à suivre. 

John Crowley donne, par conséquent, vie de manière magistrale à ce "il était une fois" propre à ce genre littéraire. Son récit redonne au merveilleux toutes ses lettres de noblesse car on touche ici à l'authenticité des mythes des légendes qui servent de berceau nourricier à la fantasy

C'est un récit qui prend son temps. L'auteur nous offre une véritable balade littéraire très contemplative qui tend davantage vers l'ode à la nature plutôt qu'à la grande épopée. Pour autant, le texte reste beau et ensorcelant. La plume de John Crowley est si poétique. Il aime jouer avec les frontières entre l'onirisme et la réalité. Avec lui, on ne sait jamais quelle créature va-t-on rencontrer au détour du chemin.  

L'auteur y confronte une nature menacée face une urbanisation dévorante. La grisaille s'oppose au verdoyant pour mieux alerter sur les dangers d'un excès de trop de modernité. John Crowley porte ici le même propos que J. R. R. Tolkien sur les ravages de l'industrialisation. 

Petit, Grand ou Le Parlement des Fées est un récit politique qui traite de la question écologique et climatique. 

L'auteur joue également beaucoup sur les émotions en mettant notamment en scène des personnages entiers, animés par de puissants sentiments. Aussi, les relations familiales occupent le cœur de cette intrigue car l'auteur y explore leurs complexités et leurs ambiguïtés, voire leurs dérives. 

Ce texte est d'une grande richesse qui va même jusqu'à aborder les abus perpétrés par certaines âmes tourmentées ainsi que les traumatismes enfouis. 

Les protagonistes ne manquent pas entre ces lignes et chacun d'entre eux y va de ses forces et ses failles. Leurs destins donnent vie au Conte au point de les rendre tous très intéressants à nos yeux. Ainsi, on ne résiste pas à ce jeune Fumy prêt à se plier aux exigences farfelues de l'entourage de celle qu'il aime. Il va tout donner à cette demeure et à cette famille et ainsi faire perdurer la tradition en commençant par renoncer à son libre arbitre. Il incarne une certaine loyauté. 

Pour conclure :

Petit, Grand ou Le Parlement des Fées est un roman dense, immersif qui nous conte une histoire calquée sur la grande Histoire. En effet, derrière cette banale aventure, John Crowley se fait le critique d'une société soumise à ses démons privilégiant la destruction et la facilité. Avec ce roman, il signe une fantasy à la saveur d'antan. Ensorcelant, tout simplement.

Fantasy à la Carte

Informations
John Crowley
Petit, Grand ou Le Parlement des Fées
9791036002359
768 pages
Editions L'Atalante

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19/09/2025

Víctor Santos, Fahrenheit 451, collection Ithaque, Les Nouvelles éditions ActuSF

Víctor Santos, Fahrenheit 451
collection Ithaque, 
éditions Les Nouvelles éditions ActuSF 

Les Nouvelles éditions ActuSF se lancent dans la bande dessinée et pour l'occasion inaugure une nouvelle collection intitulée Ithaque

Le premier titre à paraître n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de l'un des chefs de la science-fiction, Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, paru initialement en 1953. 

L'adaptation de cette célèbre dystopie nous est proposée par le dessinateur et scénariste espagnol Víctor Santos. 

Il a débuté dans la bande dessinée avec Gajin en 1999 parodiant les films d'action made in Hong-Kong, puis s'est fait connaître grâce à sa série d'heroic fantasy, Los reyes elfos, et a dernièrement collaboré avec des franchises telles Marvel ou DC comics

Il est de retour aujourd'hui avec une excellente adaptation qui met en lumière tout son talent. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Guy Montag est pompier au sein de l'unité Fahrenheit 451. Maintenant que tous les logements sont ignifugés, les pompiers n'interviennent plus pour éteindre les incendies des bâtiments mais plutôt pour les allumer afin de détruire les livres qui sont aujourd'hui proscrits afin de protéger le monde de leurs méfaits. Seulement face à l'acharnement de certains à vouloir sauver leurs livres de la destruction au risque de perdre la vie, Guy s'interroge de plus en plus sur les raisons de tels agissements. Or, c'est en voulant comprendre qu'il va se mettre lui-même en danger. Pour autant, ira-t-il jusqu'au bout de sa démarche ? 

Mon avis :

Fahrenheit 451 se déroule dans une Amérique du futur où les gens se sont progressivement désintéressés de la culture au point de la voir disparaître. Le livre est même devenu l'ennemi public numéro 1 à traquer et détruire. Ainsi, le rôle du pompier a été dévoyé pour servir un système qui pour garder son pouvoir, doit maintenir la population loin de la connaissance. Or, celle-ci se transmet principalement par la lecture, d'où ce crime d'autodafé qui est perpétré tout au long de ce récit. Le savoir est une arme dont veulent se prémunir à tous prix les élites qui gouvernent. C'est la raison pour laquelle les livres et leurs enseignements sont en voie d'extinction au profit des écrans diffusant des programmes calibrés pour transmettre une pensée unique. 

Ainsi, le très avant-gardiste Ray Bradbury avait pressenti les dangers qui guettaient les peuples et alertaient déjà en son temps sur les dangers d'une société uniformisée, sans esprit critique, sans mémoire maintenant le monde dans un esclavage technologique.

Au regard des évolutions de notre société, la publication d'une telle œuvre est particulièrement à-propos. 

En outre, le choix de proposer Fahrenheit 451 au format illustré a le double intérêt de mettre en exergue une œuvre majeure de science-fiction que les jeunes générations ne connaissent pas forcément tout en la faisant re-découvrir à un public averti sous un regard neuf. 

Fahrenheit 451 est un récit engagé d'une grande pertinence. Mettre des images sur les mots si percutants de Ray Bradbury est très bien vu. 

D'autant que Víctor Santos a su donner vie à ce monde crépusculaire avec beaucoup de talent dans le choix des couleurs et dans le design des personnages. 

Toute l'essence du roman de Ray Bradbury est parfaitement retranscrite dans cette bande dessinée. L'atmosphère oppressante est là. Elle transparait aussi bien par les collègues intrusifs du personnage principal que par la délation des voisines mais aussi par ces effrayantes machines chargées de traquer les dissidents. 

Tous les temps forts du roman apparaissent bien ici. C'est une bande dessinée tournée vers l'action. La lecture est très dynamique et bien immersive. Elle m'a fait re-découvrir une œuvre que je n'avais pas su apprécier à sa juste valeur à ma première lecture du roman. 

C'est du très bel ouvrage, de grande qualité autant du point de vue du fond au vu des choix faits par Víctor Santos que de la forme car cette bande dessinée est belle et généreuse puisqu'elle compte 160 pages. 

Les Nouvelles éditions Actusf ont opté pour un ouvrage très qualitatif aux très nombreuses planches. Il fallait bien un tel format pour rendre hommage à ce roman exceptionnel de science-fiction. Le produit fini est très réussi riche de belles pages bien épaisses et rend bien hommage à ce récit intemporel de science-fiction. 

Pour conclure :

Glaçante et palpitante, cette bande dessinée saura vous happer que vous soyez un amateur de Ray Bradbury ou non car Víctor Santos y a réunit tous les ingrédients visuels et narratifs qui font de cette bande dessinée un véritable succès. Préparez-vous, il sort en librairie le 23 septembre. 

Fantasy à la Carte

Informations

Víctor Santos
Fahrenheit 451 
Collection Ithaque 
160 pages
9782376867067
Les Nouvelles éditions ActuSF

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15/09/2025

Thomas C. Durand, Empouvoirement, T.3, Les Énigmes de L'Aube, éditions Actusf

Thomas C. Durand, Empouvoirement, T.3, 
Les Énigmes de L'Aube
Les Nouvelles éditions ActuSF

En août, Les Nouvelles éditions ActuSF ont republié le tome 3 des Énigmes de L'Aube de Thomas C. Durand. Il prend la suite du Premier Souffle et des Quatre Vérités, deux premiers tomes que j'avais appréciés de lire

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé:

A Ithir, c'est la fin de l'année scolaire pour Anyelle et ses camarades. Le temps des vacances est venu et pour notre apprentie sorcière, c'est le moment de faire un crochet par la Wirmariche et de passer du temps auprès de sa mère, la reine de ce royaume. Seulement elle n'en a pas très envie mais heureusement pour elle, elle ne s'y rend pas seule car ses deux amis Gavide et Maxton l'accompagnent. Ils ne seront d'ailleurs pas trop de trois pour déjouer les plans machiavéliques que certains esprits maléfiques ont ourdi à son encontre, sans compter les difficultés d'évoluer à la cour où règnent les hypocrites et les traîtres. Alors que les menaces arrivent de toutes parts, s'en sortiront-ils, pour autant, à la fin ? 

Mon avis : 

Dans Empouvoirement, on retrouve avec plaisir l'univers des Troyaumes où règne la magie. Celle-ci est enseignée telle une science, dans des institutions très sélectes, à l'image d'Ithir où évolue l'héroïne de Thomas C. Durand. 

Dans ce troisième volet, on quitte l'ambiance green academy qui se dégage des murs d'Ithir pour partir en exploration de ce monde tissé de sortilèges. 

Aux côtés d'Anyelle et de ses amis, on goûte à la vie de cour, à l'étiquette et au calcul politique. 

Peut-être plus encore que les tomes précédents, Empouvoirement est un récit politique qui nous plonge dans les secrets d'État d'un royaume et dans les mensonges et les conspirations de certains individus refusant le changement tout en briguant le pouvoir. 

Dans ce roman, on suit tour à tour Anyelle dans ses pérégrinations, les malfrats qui sont à ses trousses et un groupe d'illuminés rêvant de conquête. L'existence de ces derniers permet à l'auteur de mettre son récit en parallèle avec notre actualité. En effet, à travers ce petit groupe d'envahisseurs, pétris de bonnes intentions, l'auteur met en exergue l'obsession de certains à vouloir apporter la bonne parole aux autres peuples, quitte à nier ce qui fait leur essence sous le couvert d'un dieu tutélaire. Pourtant au milieu de ces ouailles aveuglés par la parole divine, un jeune homme s'interroge sur la légitimité de cette démarche. Par son questionnement sans cesse qui dérange les investigateurs de cette mission, l'auteur met en lumière les manipulations dont peut user une nation dont le seul but est de prendre le pouvoir sur le reste du monde. 

Ainsi, par le biais de ses jeux de mots, Thomas C. Durand critique ouvertement la politique agressive menée par les États-Unis d'Amérique qui depuis leur naissance n'ont de cesse de chercher à s'agrandir et à étendre leur influence. Une politique colonialiste qui a, d'ailleurs, cours depuis des millénaires sous la forme d'actions évangéliques ou militaires et qui se fait toujours au prix du sang. 

Avec Empouvoirement, Thomas C. Durand signe une nouvelle aventure récréative qui plaira autant aux plus jeunes pour l'odyssée palpitante menée par Anyelle afin de comprendre les choix de sa mère à son égard et à celle de son père ainsi qu'aux plus grands, notamment pour la double lecture que l'on peut faire de ce texte.

Empouvoirement est un récit engagé portant des réflexions intéressantes qui font parfaitement écho à notre présent. 

Toutefois, même si je comprends le choix de l'auteur, je ne me suis pas pour autant attachée à certains narrateurs, pas plus que je n'ai été touché par leurs histoires. En revanche, j'apprécie l'impertinence et la fraîcheur d'Anyelle. J'aime suivre ses aventures. Elle concentre à elle seule tout l'intérêt de ce texte et fait de cette saga, une bonne série de littérature jeunesse. 

Il est à noter que l'action met du temps à réellement se mettre en place dans ce livre. Alors armez-vous de patience car le final est explosif et vaut le détour.

La plume de Thomas C. Durand est drôle et mordante. Ses récits sont débordants d'esprit et d'humour. 

Il nous rappelle que l'intérêt est toujours de garder un esprit critique sur les évènements et les actes de soi et d'autrui. 

Pour conclure :

Avec Empouvoirement, Thomas C. Durand poursuit l'écriture d'une saga de qualité très punchy qui ensorcèle grâce à cette gamine hors norme. Il faut dire qu'elle a plus d'un tour dans son sac. N'hésitez donc plus et venez découvrir ses aventures car vous allez vous régaler. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Premier Souffle et Les Quatre Vérités

Informations

Thomas C. Durand
Empouvoirement
Tome 3
Les Enigmes de L'Aube
978-2-37686-699-2
450 pages
Les Nouvelles Editions ActuSF

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