L'influence du "gaming" à la littérature

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30/08/2019

H. Roy, Rien qui puisse t'exposer, Les Els, tome 2, éditions France Loisirs

Dans Rien qu'on puisse regretter, H. Roy a semé suffisamment de petits cailloux pour rendre la lecture du second volet digne d'intérêt. Assez intriguée de découvrir la suite de son histoire  et de connaître l'évolution de ses personnages, je n'ai pas retardé plus longtemps la lecture dudit roman. 

Changement de décor et d'ambiance pour ce nouveau volet.

Échappant in extremis à une attaque de la Horde qui a découvert son refuge, Connor n'a pas d'autres choix que de se sauver sous la protection de son gardien, Evann. Laissant à contre-cœur, derrière elle, son père et son oncle, ainsi que ses amis et ses repères, elle débarque en France et rejoint le centre de formation des Els, dirigé par sa grand-mère. Une nouvelle vie s'ouvre à elle dans laquelle, elle va en apprendre plus sur la communauté des Els : leur origine et leurs étonnants pouvoirs, ainsi que sur elle-même. En intégrant le programme de formation pour devenir Volontaire, elle s'expose à vivre des mois difficiles. Elle sera confrontée à une compétition féroce, avec des adversaires qui useront de tous les moyens pour la mettre au tapis. Mais ce sera aussi l'occasion d'éprouver la solidarité de ses équipiers, avec lesquels, elle devra travailler pour remporter les duels contre les autres équipes. En effet, ils sont répartis en quatre groupes, en fonction de leurs capacités : Air, Terre, Eau et Feu. L'expérience s'annonce musclée pour Connor lui laissant que peu de temps libre, si ce n'est quelques merveilleux moments en compagnie de l’énigmatique et très attachant Evann. 

Si son premier roman a attiré mon attention, le second, lui, m'a tenu en haleine d'un bout à l'autre. L'autrice nous plonge à pieds joints dans le quotidien de ses créatures fantastiques. Elle répond à notre curiosité d'en savoir plus sur leur existence. L'intrigue est bien ficelée. On sent percer le danger dès les premiers chapitres, qui nous plongent de suite dans le feu de l'action. En effet, l'héroïne est cernée même dans cette forteresse sous haute protection. Les ennemis semblent affluer de toutes parts. La tension grimpe graduellement jusqu'à l'inévitable confrontation avec ses cruels adversaires. J'avoue m'être demandée jusque dans les derniers instants comment l'autrice allait faire basculer la situation. Pour tout vous dire, il y a même  eu des moments quasi insoutenables, tant la tension était à son comble. 

Il faut dire qu'au fil des pages, je me suis bien attachée à son duo de héros, et je n'ai pas envie de le voir voler en éclats. Il faut croire que l'autrice a su faire palpiter mon cœur de midinette. Ce petit couple qu'elle met en scène est tout simplement charmant. Il n'empêche qu'elle nous occasionne bien des battements de cœur, parfois avec quelques ratés. On l'aura compris, cette autrice sait jouer avec nos émotions. 

Dans Rien qui puisse t'exposer, on éprouve toute la symbolique du serment qui lie le Gardien à son protégé.

"Par cet anneau, Gardien, j'unis mon âme à la tienne. Je te confie ma chair et mon sang. Je laisse ma vie entre tes mains."

C'est aussi sur ça que repose la force de ce livre. Connor et Evann vont tester la solidité de leur relation tout au long de ce récit. Plus fort que les liens du mariage, ce serment demande une abnégation totale de soi, un amour inconditionnel et un sens du sacrifice inégalable. 

Je trouve que toute la puissance du roman réside dans ces quelques mots. C'est peut-être grâce à cela que la magie opère finalement et que cette saga des Els nous ensorcelle autant.

Fantasy à la carte

A lire aussi, Rien qu'on puisse regretter, Les Els, tome 1 du même auteur. 

H. Roy
Rien qui puisse t'exposer
Les Els
Tome 2
Editions France Loisirs

23/08/2019

Sabrina Calvo, Délius, une chanson d'été, éditions Mnémos

Mnémos fait sa rentrée avec la fantasy extravagante et loufoque de Sabrina Calvo. Je les remercie pour ce service de presse qui m'a ouvert la porte sur un merveilleux insoupçonné. 

Délius, une chanson d'été, c'est avant tout une enquête menée par un duo irrésistible, composé du célèbre botaniste et chasseur de monstres français Bertrand Lacejambe et de son acolyte, l'elficologue britannique B. Fenby. Clin d’œil à Sherlock Holmes et à son bon docteur Watson, à n'en pas douter. 

Londres est secoué par une série de meurtres odieux. Pire, l'assassin semble avoir même sévi outre-Manche. Il essaime des cadavres aux visages heureux et aux corps remplis de fleurs. Quel est donc encore ce fou qui semble tuer au hasard, ne distinguant ni âge ni sexe dans le choix de ses victimes. Pourvu que Jack l’Éventreur ne soit pas de retour. La police est sur les dents et ne sait plus à quel saint se vouer pour retrouver le coupable. L'inspecteur chargé de l'investigation a l'idée avec d'autres de faire appel au plus fin limier d'Angleterre, j'ai nommé Sherlock Holmes ! Vous trouvez ça drôle ? Eux sont pourtant très sérieux. Ni une ni deux, les voilà qui vont taper à la porte d'Arthur Conan Doyle. Une démarche qui a, d'ailleurs, fort amusé le célèbre écrivain. Mais malheureusement n'a point aidé notre communauté d’hurluberlus. Heureusement pour eux, il existe Bertrand Lacejambe, qui en plus d'en connaître un rayon sur les fleurs, ça tombe bien, est aussi, à ses heures, un excellent enquêteur. C'est ainsi que le botaniste et son compère se sont mis sur la piste de ce poète-tueur. 

Cette année, les éditions Mnémos ont choisi de dépoussiérer un vieux texte de fantasy victorienne pour mettre en valeur le genre. Belle idée que de mettre à l'honneur une plume qui redonne tout son éclat à la féerie. Ce roman est une véritable expérience poétique qui nous fait pénétrer dans un univers bourdonnant de couleurs, de sons, et de sensations. 

"Ecoutez le doux chant des fleurs..."

L'autrice articule son intrigue autour de la poésie, particulièrement de deux magnifiques poèmes de P.D. Finn qui nous accompagnent tout au long du livre. Elle fait preuve d'une grande sensibilité artistique et donne à son texte un réel esthétisme. Elle s'est réapproprié le merveilleux pour nous entraîner dans un voyage surprenant où la magie est là où on ne l'attend pas. Elle prend, par exemple, forme dans des vers déclamés, dans des notes fredonnées, dans la nature elle-même, les fleurs deviennent ainsi des vecteurs de prodiges. 

Sabrina Calvo nous offre dans ce roman un maelstrom de petites histoires qui s'entremêlent dans un joyeux bazar. On butine d'une intrigue à l'autre comme une abeille le ferait dans un champs de fleurs. Malgré la gravité des faits relatés, ces horribles meurtres, on ne peut s'empêcher d'être enchanté par l'intrigue étourdissante, les héros étonnants, l'univers chamarré. Elle fait vibrer quelque chose de nostalgique au fond de nous. On retrouve un peu l'ambiance des romans policiers d'Arthur Conan Doyle mais avec de l'absurde en plus. Les situations cocasses dans lesquelles se retrouvent bien souvent ses deux héros atypiques, sans parler de certaines de leurs répliques qui sont parfois aberrantes, font tout le charme de ce récit.

Mélomane des mots, Sabrina Calvo laisse sa verve s'exprimer ici avec fougue pour nous léguer un texte assurément incontournable de la fantasy française.     


Fantasy à la carte

Sabrina Calvo
Délius, une chanson d'été
Editions Mnémos

20/08/2019

Sandrine Alexie, La Grotte au Dragon, La Rose de Djam, tome 2, éditions L'Atalante

Envoûtée par L'Appel des Quarante, c'est avec une certaine fébrilité et une vive émotion que je me suis plongée dans le deuxième volet de La Rose de Djam. J'avoue, je ne boude pas mon plaisir de retrouver l'écriture endiablée de Sandrine Alexie. 

Nul besoin d'avoir la mémoire rafraîchie car la lecture du premier tome est récente. Remercions donc les éditions L'Atalante pour leur promptitude à éditer la suite et aussi m’offrir l'opportunité de la lire en avant-première. 

Alors que Sibylle de Terra Nuova est chargée par les Quarante de retrouver la Rose de Djam, celui qui est devenu son époux, Peir Esmalit, ce Gascon irascible, lui, s'est lancé sur les traces de cet entêté de Shudjâ, enlevé par les Noirs. 

Les trois quart de ce roman vont donc être consacrés à la quête de Peir. Accompagnés du jeune Süleyman et rejoint plus tard par le sheikh Yahya, ils vont remonter la piste qui va les emmener en territoire kurde. Là-bas, ils n'auront pas d'autres choix que de se jeter dans la gueule du loup s'ils espèrent avoir la moindre chance de sauver le faqîr des griffes ennemies. Séquestré au fin fond d'une grotte, Shudjâ espère détourner suffisamment longtemps l'attention afin que Sibylle atteigne son but sans trop d'encombres. Mais c'est sans compter sur l'ennemi qui semble avoir plus d'une tête et des yeux partout. 
Abandonnée par ses compagnons, la jeune Sibylle s'engage, quant à elle, avec son guide de Lâlish dans son dernier voyage. Plus que de trouver un objet précieux, la jeune femme débute surtout une quête spirituelle qui nécessite une introspection personnelle. C'est en analysant le passé qu'elle trouvera la force intérieure de découvrir ce qu'elle cherche. 

Avec La Grotte au Dragon, Sandrine Alexie maintient le même rythme dans l'action. On est toujours autant captivé par ces destins hors du commun qui s'entremêlent et émerveillé par ce pays aux relations très instables. L'autrice a su transmettre à son récit sa riche expérience de voyageuse. En effet, elle a, elle-même, exploré ces lieux, parcouru de long en large cette terre, et elle nous retranscrit l'ambiance, les relations entre les peuples, les cultures qui se côtoient avec un grand souci de réalisme. Il y a de l'authenticité dans les lieux décrits. 

Cette saga transpire la magie, elle nous envoûte, nous fait perdre pied. Curieux de découvrir ce Graal et ses mystérieux pouvoirs, on replonge sans se faire prier dans la suite. Les héros de Sandrine Alexie n'y sont sans doute pas pour rien non plus. Entre la fière Sibylle qui ne s'effraie de rien, l'ombrageux Peir qui, derrière son mauvais caractère, cache une âme de chevalier-servant, l'ingénu Süleyman, ami fidèle et attachant, ou encore l'horripilant Loup de Daylâm, si énigmatique et retors, tous nous donne envie de poursuivre l'aventure. On les aime autant qu'on les déteste parfois. Ils nous enchantent et nous énervent tout à la fois. Ne nous leurrons pas, c'est le signe qu'on y est fortement attaché.

La Rose de Djam, c'est le gage d'une lecture intense qui nous poursuit même après avoir refermé le livre. 

Fantasy à la carte
A lire aussi, L'Appel des Quarante, tome 1 de Sandrine Alexie. 

Sandrine Alexie
La Grotte au Dragon
Tome 2
La Rose de Djam
Editions L'Atalante

16/08/2019

Benjamin Lupu, Les Mystères de Kioshe, épisodes 1 à 5, intégrale 1

J'ai pu m’immerger dans Les Mystères de Kioshe grâce à Benjamin Lupu qui m'a proposé de lire son recueil. Je commencerais donc cette chronique par le remercier de sa confiance et de l'intérêt qu'il a porté à Fantasy à la carte

Composé de cinq épisodes, ce premier intégrale qui se présente comme une série nous ouvre les portes de la cité de Kioshe. C'est là où vit Tirséa Mortevue, une magicienne aveugle qui, bien que désavouée par la société des magiciens, n'en reste pas moins très puissante. Pour preuve, elle sera à plusieurs reprises engagée pour résoudre quelques sombres affaires qui secouent la ville. Ainsi, celle qui était promis à un bel et prestigieux avenir comme rectrice de la puissante Maison des curiosités, se retrouve exilée dans les bas quartiers pour une raison qu'elle ignore. En effet, en plus de souffrir de cécité soudaine, elle a également perdu la mémoire. Dès lors, elle compte sur ses investigations pour redorer son blason et enfin comprendre ce qui lui est arrivé. 

A la manière d'un Sherlock Holmes en jupon, Tirséa, devra entre autres, comprendre comment un puissant marchand a pu mourir empoisonné dans son bain alors qu'il était bien gardé, ce qu'est devenue une petite fille, 70 ans après avoir été emprisonnée dans un palais mystérieux, ou encore élucider la série de meurtres sanglants qui terrifie les bas-fonds de Kioshe. Autant d'énigmes ardues qui vont permettre à notre magicienne de démontrer l'étendue de ses compétences. 

Avec cette première salve d'histoires, Benjamin Lupu affiche sa qualité de conteur. Ses récits sont bien écrits et s'enchaînent avec une certaine fluidité. Le point fort de cet auteur est d'avoir construit un univers onirique cohérent et mystérieux. Ainsi, au fil de ses textes, on sent l'influence des plus grands noms de la fantasy. Pour preuve avec sa cité de Kioshe qui occupe un peu la même place que ses personnages. Cela me rappelle Abyme de Mathieu Gaborit. Secrète, fascinante, dangereuse, Kioshe nous révèle ses mystères avec parcimonie. Elle partage des ressemblances avec certaines villes méditerranéennes. On y retrouve par exemple la même ambiance et la même magie. Il y a un peu de l'Egypte antique là-dedans. Peuplés de magiciens, de gobelins et de bien d'autres créatures fantastiques, ce livre ne manque pas de magie. Pour peu qu'on apprécie la fantasy dans sa tendance classique, on trouvera sans doute cet intégrale à son goût.  

En enchaînant les formats courts, Benjamin Lupu a pu ainsi exercer sa plume. De plus, les réunir en un premier volume va grandement faciliter la rencontre avec les lecteurs. 

Fantasy à la carte

Benjamin Lupu
Les Mystères de Kioshe
Intégrale 1
Épisodes 1 à 5

09/08/2019

Rozenn Illiano, Le Phare au Corbeau, éditions Critic

Le Phare au Corbeau n'est pas le premier roman de Rozenn Illiano, mais c'est le premier que je lis d'elle. Autrice, créatrice, artiste, elle se sert de nombreux supports pour exprimer sa fascination envers les univers imaginaires. 

Comme tous les romans publiés par les éditions Critic, celui-là n'échappe pas à la règle et offre un univers aussi grandiose que fascinant. 

Tout dans ce roman est attirant. A commencer par la couverture, signée Xavier Collette, qui exerce sur nous une véritable attraction. Il s'en dégage une telle aura de mystère qu'on n'y résiste pas. C'est une fenêtre sur une Bretagne fière, secrète et sauvage. 

Le Phare au Corbeau nous propose une intrigue peuplée de fantômes et de secrets. Porté par un duo de héros, amis d'enfance et chasseurs de fantômes de profession, il met en scène Isaïah et Agathe, qui nous entraînent dans leur quotidien peu conventionnel. Ils ont monté un business d'exorcisme et vendent leurs services aux personnes confrontées à un esprit en colère qui hante leurs maisons afin de les en débarrasser. Né dans une famille de sorciers, Isaïah ne possède pas de dons mais pratique le Hoodoo. Ce qui lui permet de rentrer en contact avec les morts par le biais de textes bibliques et l'utilisation d'herbes, d'huiles et de cristaux.  A contrario, Agathe possède un don de double-vue incomplet qui lui permet juste de voir les défunts afin de les renvoyer loin des vivants (sans pour autant réussir à rentrer en contact avec eux pour connaître les raisons de leur présence persistante). Voici les deux héros de Rozenn Illiano qui nous emmènent en terre bretonne pour tenter de nettoyer une vieille demeure hantée. Perchée sur une falaise, Ker ar Bran, avec son phare, tient en respect le visiteur. On la déclare hantée. Les habitants du petit village de Landrez y croient. Certains auraient été témoins de phénomènes paranormaux. Tous se tiennent à l'écart des lieux, surtout du phare que l'on dit maudit. Tous, sauf Léna et Thomas qui ont décidé de rénover la propriété pour en faire des chambres d'hôtes. Seulement, lorsque leur petite fille, Ambre manque de tomber de la falaise, après avoir suivi un fantôme, ils sont bien obligés de faire appel à des professionnels pour exorciser les lieux. A peine arrivée, Agathe ressent un lien particulier avec le domaine comme si elle était déjà venue. Elle sent également la présence des ténèbres. Une noirceur ancienne s'est abattue ici. Et il n'est pas dit qu'elle réussisse, même avec l'aide d'Isaïah, à faire face aux forces du Mal qui sont à l'oeuvre ? 

Le Phare au Corbeau est le genre de roman qui nous fait retenir notre souffle. Captivée par les premières lignes, je n'ai, pour ainsi dire, presque pas pu m'en détacher jusqu'à la fin. L'intrigue nous met la chair de poule. En bonne bretonne, Rozenn Illiano fait honneur à ses racines. Légendes et superstitions hantent son récit. Des éléments qui contribuent à donner une ambiance ésotérique et ténébreuse au roman. On est à la fois effrayé et intrigué. L'autrice joue sur nos émotions, et particulièrement sur la peur. Elle fait monter la tension crescendo au point de nous faire sursauter au moindre claquement de porte. 

J'ai tout aimé dans ce livre, autant bien les personnages hauts en couleurs, que l'histoire prenante, ou les lieux, chargés d'ombre et de lumière. L'autrice y retranscrit bien la vie dans les petites communautés avec son lot de médisance et d'ignorance. Je remercie la maison d'édition pour cette lecture en avant première. C'est véritablement un coup de cœur, et j'espère qu'il en sera de même pour vous, chers lecteurs ! 

Avec Le Phare au Corbeau, Rozenn Illiano signe un roman puissant qui pourrait bien réveiller nos angoisses nocturnes et nos peurs d'enfant. 

Ce roman va indéniablement secouer la rentrée fantasy des éditions Critic. Il vous promet une lecture qui ébranlera toutes vos certitudes de cartésien, croyez-moi !

Fantasy à la carte

Rozenn Illiano
Le Phare au Corbeau
Editions Critic

Découvrez l'univers de Rozenn Illiano : https://www.onirography.com/

06/08/2019

H. Roy, Rien qu'on puisse regretter, Les Els, tome 1, éditions France Loisirs

Très active sur la toile, H. Roy a su faire la promotion de son premier roman. En tant que blogueuse, j'avais été d'emblée attirée par sa parution. 

Mais, ayant régulièrement une PAL très fournie, je n'avais pas eu l'occasion de lire Les Els lors de sa parution aux éditions J'ai Lu. Etant membre du club France Loisirs, j'ai pu me le procurer dès qu'il a figuré à leur catalogue. Autant vous dire que je n'ai pas hésité à l'acheter. 

Me voilà donc aujourd'hui, le livre entre les mains, à venir vous en parler. 

La première chose à dire sur ce roman est que c'est du Young Adult. Il nous plonge dans la vie d'une lycéenne américaine. On peut dire que Connor mène une vie ordinaire. Elle va au lycée, passe du temps avec ses copines et sait s'amuser quand il le faut. Tout serait parfait si son meilleur ami n'avait pas subitement coupé les ponts avec elle et si elle n'était pas assaillie chaque nuit par de suffocants cauchemars. Lorsque sa tante débarque, suivie de sa grand-mère qu'elle connait très peu, elle se doute que quelque chose se trame. Surtout quand "M", son fameux ex-meilleur ami, devenu accessoirement un mec super canon, fait son grand retour lui aussi. Là, elle sent que de terribles choses lui ont été cachées. Et les nouvelles dont ils sont porteurs risquent bien de chambouler sa vie de manière irrémédiable. Changement et transformation sont à prévoir pour cette jeune fille finalement pas si ordinaire.

Pour son premier roman, H. Roy a choisi la littérature initiatique avec une héroïne qui arrive à la croisée des chemins. C'est le moment où elle doit tourner le dos à son enfance pour devenir adulte. C'est un passage important où la quête d'identité prend toute sa place. C'est la fin de l'insouciance qui laisse place à une prise de conscience totale de la réalité. Période de transition et d'évolution pour ces adultes en devenir. Le moment est arrivé pour Connor de prendre la mesure de son héritage. 

Dans son récit, H. Roy nous tiraille entre la gravité des événements, les dangers qu'encourt Connor depuis qu'elle est devenue une cible, et la légèreté d'une vie d'adolescente qui semble davantage préoccupée par ses premiers émois amoureux. L'autrice a délibérément choisi ici de faire se télescoper un monde ordinaire à un autre plus fantastique. A l'image de son héroïne, on appréhende l'univers de H. Roy. Il y est question de créatures fantastiques qui partagent une certaine similitude avec les vampires sans pour autant en être. Les Els se présentent un peu comme des humains augmentés que l'on pourrait qualifier de super-héros puisqu'ils ont l'apparence des hommes mais détiennent des pouvoirs. Quant aux prédateurs qui les traquent, ce sont des Els déchus qui ont goûté au sang et sont devenus des assassins. Ils sont un danger pour l'espèce des Els et nécessitent le sacrifice de certains pour servir et protéger le plus grand nombre. H. Roy en fera d'ailleurs le cœur de son intrigue à travers Connor qui, en tant que jeune Els, devra leur échapper, tout en apprivoisant ses nouveaux dons. 

H. Roy met en scène une communauté de personnages relativement importante. Mais, je dois dire que j'ai un petit faible pour le trio que forment Connor, "M" et son gardien. Ils ouvrent des perspectives intéressantes quant à l'évolution de l'intrigue. Je ne demande qu'à voir la suite qu'elle va donner aux événements. 

Comme beaucoup de livres du genre, celui de H. Roy présente un caractère addictif indéniable. On apprécie autant l'univers proposé que les personnages qui l'animent. En somme, c'est une lecture qui vide bien la tête.

Fantasy à la carte

H. Roy
Les Els
Tome 1
Editions France Loisirs