L'influence du "gaming" à la littérature

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16/10/2024

Liz E. Myers, Quiches, Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society

Liz E. Myers, Quiches, Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society 

Autrice d'Imaginaire, Liz E. Myers enchaîne les titres d'urban fantasy  mêlant le contemporain à des notes fantastiques pour réenchanter notre présent. 

Elle est l'invitée du prochain "Mois de" de Book en Stock, ce qui me donne l'occasion de faire connaissance avec cette signature que je ne connaissais pas encore.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Dupinette et Emma Phooka d'avoir accepté ma candidature, ainsi que Liz E. Myers pour l'envoi de ce service de presse dédicacé. 

Au milieu de sa bibliographie qui commence à bien se remplir, mon choix s'est porté sur son dernier roman, The Art of Flowers car le pitch m'a de suite attiré.

Résumé :

Cela fait 3 ans que Capucine est retournée vivre dans sa ville natale. Elle y a ouvert un café librairie. Avec le printemps, c'est le retour du festival des fleurs, un grand évènement qui attire beaucoup de touristes et est l'occasion pour les commerçants locaux d'améliorer leur chiffre d'affaires. Justement cette année Capucine a embauché un apprenti pour l'aider. Elle compte  notamment sur son physique avenant pour tripler sa clientèle, notamment féminine. Une stratégie qui aurait pu fonctionner si tout n'était pas mal partie dès le départ avec son employé. Or, comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'un crime est perpétré. Rien ne va donc plus à Flowers. 

Mon avis :

Avec Quiches, Acrylique et Fantômes butés, Liz E. Myers signe un premier tome d'une saga de cosy mystery teintée de fantastique. On y retrouve les éléments incontournables du genre, le cadre idyllique d'une petite bourgade, le décor d'un café librairie ou salon de thé, une série de meurtres non sanglants à laquelle le ou la protagoniste principal est associé bien involontairement et une petite romance qui se dessine en filigrane de l'intrigue.

A cela Liz E. Myers a ajouté une dimension onirique qui prend la forme du don de divination de son héroïne qui voit et communique avec les défunts. Dès le début du récit, elle est parasitée par un esprit qui la supplie de faire ouvrir une enquête sur son décès. En effet, celui-ci a trouvé la mort lors de l'incendie criminel de la grange d'un notable. Puis, un second meurtre est perpétré perturbant le bon déroulé des festivités et la tranquillité de Capucine. Voilà qui donne un ton ubuesque à l'aventure promettant d'être quelque peu rocambolesque. 

Aussi, on est autant titillé par l'aspect mystérieux des meurtres que par les joutes verbales entre certains personnages. 

Liz E. Myers nous emmène progressivement vers un triangle amoureux dans lequel l'héroïne est propulsée bien malgré elle. Entre les non-dits du passé, la révélation de personnalités plus complexes et le danger qui rôde dans la ville, tout se met en place pour créer une tension et qui sait, peut-être faire surgir la passion. 

Au-delà du ton léger à travers certaines situations désopilantes, The Art of Flowers nous parle de famille et d'amitié en explorant le relationnel dans ses difficultés ainsi que les traumatismes familiaux. 

C'est un texte drôle et bien écrit qui fait le job car on passe un excellent moment en le lisant. De plus, l'autrice a soigné autant le fond que la forme puisqu'elle nous le propose dans le très bel écrin d'un relié à la mise en page bien faite et auréolée d'en-têtes de chapitres fort à-propos. L'objet livre est une vraie réussite et c'est un vrai plaisir que de l'avoir entre les mains. 

Liz E. Myers s'appuie sur un excellent trio de protagonistes pour porter son intrigue. Il y a Capucine. Jeune femme indépendante, entrepreneuse qui a mis toutes les chances de son côté pour réussir sa saison. Bien qu'elle entretient une relation houleuse avec sa mère, elle demeure très pétillante et se révèle pleine d'audace pour surmonter les difficultés que la vie lui a réservées. Elle va vite se retrouver dépassée par son petit stratagème commercial et se retrouver confrontée à un jeu de séduction plus engageant que prévu. A ses côtés se tiennent deux hommes bien différent l'un de l'autre. Il y a d'abord Asher qui cache derrière son physique avantageux une vraie profondeur. Il se révèle être un véritable ami, une épaule solide sur laquelle se reposer, pour Capucine même si cela n'était pas flagrant au début de leur histoire. Quant à Tim, derrière son caractère ombrageux et renfrogné du fait de son passif avec Capucine se cache un esprit chevaleresque qui promet quelques situations savoureuses. 

Pour conclure :

Avec The Art of Flowers, Liz E. Myers signe un texte drôle, tendre et captivant. C'est clairement un coup de cœur pour moi car j'attends déjà la suite avec grande impatience. Retenez bien ce nom car c'est une signature qui mérite qu'on s'y intéresse de très près. Merci à Dup et Phooka pour la découverte, je suis aux anges.

Fantasy à la Carte

Informations

Liz E. Myers
Quiches, Acrylique et Fantômes butés
T.1
The Art of Flowers
Phenix Society

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16/09/2024

Rozenn Illiano, D'Hiver et d'Ombres, OniroProds

Rozenn Illiano, D'Hiver et d'Ombres, éditions OniroProds 

Avec l'automne qui revient, c'est également le retour du "Mois de" chez Book en Stock. Le principe est simple, il s'agit d'une interview partagée organisée par Phooka et Dupinette sur leur blog après qu'elles aient préalablement choisi le mois et l'auteur à mettre en valeur. 

Or pour cette nouvelle édition, elles ont décidé de donner la parole à la talentueuse Rozenn Illiano

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Rozenn Illiano pour l'envoi de son roman D'Hiver et d'Ombres.

Résumé :

Dans la Cité des Bâtisseurs vit un grand inventeur prénommé Filius. Il a un secret qu'il cache à tous sous peine d'être arrêté, voire pire. Il a le don de visiter les autres mondes en rêve. Or, depuis quelque temps, il s'est attelé à l'invention d'une machine capable de le téléporter pour de vrai dans ces royaumes parallèles. Aidé par une confrère, il espérait garder pour lui ses petites expériences, seulement il va être dénoncé par un proche un peu trop ambitieux et il va devoir s'échapper pour espérer rester en vie et libre. Mais où ces destinations inconnues vont-ils l'amener ? Que trouvera-t-il au bout du chemin ? Un refuge sûr ou d'autres dangers car peut-on réellement fuir longtemps  son passé sans être rattrapé ?

Mon avis :

D'Hiver et d'Ombres est une fantasy crépusculaire qui emprunte autant au merveilleux, au steampunk qu'au postapocalyptique. En effet, Rozenn Illiano joue sur un multivers dans lequel ses personnages vont évoluer. Ils traversent de nombreux univers. Certains sont accueillants, d'autres sont hostiles ou en voie de disparition. Ils se servent des onirolabes inventés par  Filius pour arrêver dans ces mondes qu'ils ne pouvaient rejoindre qu'en rêve jusque-là. 

Ainsi, l'autrice a instillé de la technologie dans sa fantasy, ce qui lui donne une saveur toute particulière. D'autant qu'elle y a ajouté des bracelets de perles d'irev qui servent de traducteurs et permettent de communiquer avec les natifs des autres mondes. 

Néanmoins, ce don de rêver est très mal vu, aussi ceux qui en ont la capacité le taisent sous peine d'être emprisonné ou tué. C'est la raison pour laquelle Filius a fabriqué l'onirolabe afin d'échapper à un sort funeste tout en cherchant à se rapprocher des gens comme lui et ainsi créer la Guilde des Voyageurs afin d'explorer ces univers parallèles. 

Seulement, ils vont vite découvrir qu'une menace pèse sur ces mondes que l'on appelle ici les Ombres, prenant la forme de tempêtes de neige et d'attaques d'oiseaux noirs. C'est donc dans une course contre la montre que ces cinq explorateurs s'engagent afin d'endiguer le phénomène. En effet, il faut préserver le monde-rêve à tout prix en protégeant particulièrement le Prunellier, appelé également l'Epine Noire sinon la destruction sera totale. D'ailleurs, ceux qui vouent un culte à l'Epine Noire se sont déjà attelés à cette mission et cherchent à éliminer tous les éléments considérés comme responsables de cette fin. Ils ont été sensibilisés à cette cause par les Sœurs du Silence qui ont prophétisé cet anéantissement depuis fort longtemps. 

Dans D'Hiver et d'Ombres, Rozenn Illiano donne à sa fantasy un cadre fouillé et original dans lequel s'épanouit une intrigue complexe. 

Le texte est riche car derrière ce récit d'aventure se cachent des thématiques intéressantes tournant autour de l'écologie et la survie. Il y a une vraie réflexion sur l'impact des hommes sur la nature à travers les bouleversements environnementaux dus aux changements climatiques. 

En outre, le livre parle également de tolérance et d'amitié mais aussi de quête de soi pour trouver sa place au sein de la société. 

D'Hiver et d'Ombres est un roman choral porté par de nombreuses voix. On peut citer, par exemple, Filius qui se retrouve propulsé dans cette croisade bien malgré lui au départ. Lui qui n'osait pas tester son invention de peur d'échouer va devenir l'instigateur d'une grande mission salvatrice. Au fil des pages, il va prendre de l'assurance et affermir son caractère. C'est donc un protagoniste qui va beaucoup  évoluer et  finir par peser sur le futur. 

Pour conclure :

Avec D'Hiver et d'Ombres Rozenn Illiano a délaissé le fantastique pour nous plonger dans une fresque de fantasy insolite riche en actions qui vous plonge dans un voyage au cœur des songes.  

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Le Phare du Corbeau

Informations

Rozenn Illiano
D'Hiver et d'Ombres
9782490040483
492 pages
OniroProds

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01/06/2022

Alex Ferder, A Double Sens, tome 1, Vic Swanson, éditions Alter Real

Alex Ferder, A Double Sens, tome 1, Vic Swanson, éditions Alter Real

En ce 1er juin, Book en Stock nous convie à un nouveau rendez-vous du "Mois de" dont l'invitée est, cette fois-ci, Alex Ferder.

Autrice de deux séries, Vic Swanson, publiée chez Alter Real et Le Choix de L'Horloge en autoédition, Alex Ferder s'épanouie dans l'écriture de récits de fantasy. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Phooka et Dupinette pour leur sollicitation et les éditions Alter Real pour l'envoi de ce service de presse. 

Vic est une Sensorielle. Avec son équipe, ils sont régulièrement appelés sur des scènes de crimes pour aider, grâce à leurs pouvoirs, à la résolution des enquêtes. Connus pour être les meilleurs dans leur domaine, le boulot ne manque donc pas. Cette fois-ci, un odieux meurtre a été commis sur le territoire de la meute de Semaj. En effet, l'une de ses métaphores a été sauvagement assassinée. Bien que revivre les derniers instants de la victime grâce à son pouvoir du toucher ne soit pas une partie de plaisir, pour autant, ce n'est pas ça que Vic redoute le plus. Supporter la présence étroite du séduisant Semaj risque bien de compliquer les choses et d'entraver le bon déroulement de l'enquête. Pourra-t-elle résister longtemps à ses avances ? Et si ses investigations l'amenaient sur un terrain inattendu qui la touchait personnellement ? 

Vic Swanson est une saga de fantasy urbaine qui nous attache aux pas d'une enquêtrice évoluant au sein de la communauté surnaturelle. L'univers fantastique d'Alex Ferder met en scène métamorphes, mages et sensoriels, autrement dit des humains ayant un ou plusieurs de leurs sens si développés qu'ils en deviennent un pouvoir. Ajout original aux standards du genre qui nous avaient plutôt habitué à fréquenter exclusivement des vampires, des métamorphes et des sorciers. Ainsi, leurs sens hyper-développés font des sensoriels, des êtres à part, sans pour autant rentrer dans la case des créatures fantasmagoriques. Ce pouvoir est autant perçu comme un don qu'un poids pour son détenteur qui en subit les désagréments. En percevant les choses de manière plus intense, il leur faut perpétuellement lutter contre leur nature pour ne pas se laisser déborder et maintenir leur équilibre psychique. Dans ces conditions, on imagine bien leurs difficultés d'entretenir des relations sociales. En outre, l'exubérance de certains contribuent grandement à alléger l'ambiance parfois pesante de la mission. Sous l'égide de Vic, ils se sont trouvés et forment une famille, à l'image des meutes constituées de métamorphes. 

La magie imprègne ce récit. Plusieurs sont à l'oeuvre ici, celle des métamorphes qui donne à des hommes et des femmes la capacité de se transformer en l'animal qui les habite, celle des sensoriels qui grâce à leurs sens sont des sur-humains, presque des super-héros, enfin celle des mages qui interagissent avec les éléments leur conférant une grande puissance. 

Bien qu'Alex Ferder s'appuie sur une galerie de personnages relativement importante, le nœud de l'intrigue repose surtout sur son duo de personnages, formé par Vic et Semaj. 

Impétueuse, explosive et ombrageuse, Vic est une femme têtue et indépendante qui ne s'en laisse pas compter. N'en déplaise au tigre qui sommeille en Semaj, elle est un électron libre qui aime gérer sa vie et ses enquêtes comme elle l'entend. Amnésique de son enfance suite à l'assassinat de ses parents, Vic a des zones d'ombre quant à ses origines. Par peur de se mettre à nu, elle dissimule même à ses proches l'étendu de ses pouvoirs. Cette enquête pourrait bien se transformer en quête personnelle pour comprendre enfin qui elle est réellement. Semaj,  lui, est un être magnétique et mystérieux. Il faut dire que sa position de chef de meute l'oblige à demeurer secret. Aura de chef, sa présence en impose et il prend clairement toute la place. L’opiniâtreté de Vic le fait souvent sortir de ses gonds, lui, l'inflexible mâle alpha. Forcément, les relations entre ces deux-là font des étincelles et viennent pimenter sensuellement sans mal ce livre. 

Néanmoins, parasitée par leur relation d'attraction/répulsion, l'enquête, malgré qu'elle soit le fil directeur de ce roman, passe au second plan. A l'image de Vic, on a dû mal à rentrer dedans alors que les meurtres se succèdent et qu'ils sont le fruit de rituels occultes. Mais, au fil des chapitres, Alex Ferder passe en mode thriller en resserrant l'étau autour de son personnage principal. Et à ce moment, la lecture n'en devient que plus intrigante et addictive, d'autant qu'elle nous permet d'explorer plus intimement certains de ses protagonistes. Clairement, A Double Sens est un roman d'action qui se lit vite et où les émotions se bousculent en pagaille. 

De ce premier tome, on retient la fraîcheur de certains personnages secondaires, l'impertinence de la narratrice, la causticité de certaines répliques et le sadisme de son autrice qui, après avoir réussi à nous attacher à son histoire et à ses héros, a trouvé le moyen de terminer ce premier tome sur un cliffhanger qui nous frustre un tantinet. Mais heureusement, d'autres romans suivent. 

Fantasy à la Carte

Informations

Alex Ferder
A Double Sens
Tome 1
Vic Swanson
9782378123468
428 pages
Editions Alter Real

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01/05/2022

David Bry, La Princesse au Visage de Nuit, éditions Pocket Imaginaire

David Bry, La Princesse au Visage de Nuit, éditions Pocket Imaginaire

Alors qu'il vient d'intégrer le label des Etoiles Montantes de l'Imaginaire des éditions Pocket, David Bry s'est déjà fait remarqué en 2019 en étant le coup de cœur des Imaginales

D'ailleurs, son roman, La Princesse au Visage de Nuit vient de recevoir le prix Imaginales des lycéens de 2022. Une première distinction qui en appellera d'autres tant les récits proposés par cet auteur sont de haute volée.

En ce mois de mai, on a la chance de le retrouver à l'honneur chez Book en Stock pour leur célèbre rendez-vous du "Mois de" qui offre l'opportunité de mettre en lumière de belles plumes de l'Imaginaire francophone. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Phooka et Dupinette pour ma participation, ainsi que les éditions Pocket Imaginaire pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Dans La Princesse au Visage de Nuit, on fait la connaissance de Hugo Pelletier qui doit retourner dans son village natal qu'il a fui enfant, pour enterrer ses parents, décédés d'un accident de la route. Vingt ans plus tôt, ses amis ont mystérieusement disparu dans la forêt qui jouxte le village. Lui seul a survécu. Mais de ce drame, il n'en a nul souvenir. Retrouvé sain et sauf, il a été placé en famille d'accueil par les autorités dès qu'elles ont découvert les sévices que ses parents lui faisaient subir. De retour au village, rien n'a changé, les souvenirs remontent petit à petit à la surface. Que s'est il passé cette nuit-là ? Et si ses amis avaient réussi à rejoindre la Princesse de Nuit ? Et si ce n'était pas qu'une légende locale ? 

Mon avis :

La Princesse au Visage de Nuit est un roman contemporain parsemé de touches fantastiques. En effet, David Bry a disséminé dans son texte de nombreuses références au conte qui s'exprime de bien des manières. 

Aussi, certains habitants de cet étrange village ressemblent à s'y méprendre  à des figures archétypales comme celle de la sorcière avec Christiane Lisenne, cette vieille folle qui hante le cimetière pour y nourrir les chats errants ou encore celle de l'ogre à travers le très inquiétant Auguste Trière qui rôde partout comme dans l'attente d'un mauvais coup à perpétrer.

Sans parler de cette forêt qui borde le village et que l'on dit hantée tant de folles rumeurs courent sur son compte. La plus importante d'entre elles est sans aucun doute celle concernant l'existence de La Princesse au Visage de Nuit. Avéré ou imaginaire, cet être est censé exaucer les vœux des enfants malheureux

Les manifestations oniriques se multiplient au fil des pages entre les sensations fugaces d'une présence, la mystérieuse réapparition d'objets que l'on croyait perdus, ou encore la perception de prénoms chuchotés par le vent. A travers tous ces éléments, l'auteur confère à son récit une aura de mystère installant le doute dans le cœur des lecteurs sur la réalité tangible des faits relatés. La frontière entre le réel et l'imaginaire est volontairement floutée afin de maintenir le suspense d'un bout à l'autre du roman. L'univers décrit entre ces lignes est totalement immersif et instille des sentiments contradictoires de fascination et de répulsion.

Derrière le récit de La Princesse au Visage de Nuit, bien des destins nous sont contés. Tous sont douloureux. Sous le regard meurtri de Hugo, on prend conscience des drames qui ont jalonné chaque vie de cette petite communauté. Il n'y a donc pas que le narrateur principal qui ait souffert d'une enfance difficile. 

Enfant battu et maltraité, on prend d'ailleurs la mesure de l'étendu de sa souffrance au fil des chapitres. Il est un survivant qui malgré, les traumatismes vécus, a réussi à les surmonter. Il veut même profiter de son retour pour tourner définitivement la page en comprenant enfin ce qui lui est arrivé dans cette forêt, il y a vingt ans. Autour de lui gravite une poignée d'amis qui sont à son image, cabossées par la vie. 

10/09/2021

Raphaël Bardas, Le Voyage des Âmes Cabossées, éditions Mnémos

Raphaël Bardas, Le Voyage des Âmes Cabossées, éditions Mnémos

Les éditions Mnémos profitent de la rentrée de la fantasy pour remettre en lumière l'un de leurs auteurs phares, Raphaël Bardas, découvert en 2020, avec son premier roman, Les Chevaliers du Tintamarre

A l'occasion de la sortie de son nouveau livre, Le Voyage des Âmes Cabossées, il est à l'honneur chez Book en Stock pour un nouveau rendez-vous "Mois de". 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Phooka et Dup, ainsi que les éditions Mnémos pour l'invitation à cet événement et l'envoi de ce service de presse.

Bien que leurs chemins s'étaient, quelque peu, séparés depuis leur dernière aventure, Rossignol, Silas et la Morue se retrouvent, par hasard, dans leur rade préféré, le Tintamarre. Cela tombe bien car Rossignol a bien besoin de ses amis pour embarquer aux côtés de la belle horlogère, Margaux afin de retrouver son ami d'enfance, disparu il y a des années. En outre, il semblerait que Morguepierre soit à nouveau menacée par de nouveaux périls après la macabre découverte de cadavres de sel.  Or, la venue du Navire aux Âmes Cabossées n'est sans doute pas étranger à toutes ces bizarreries. Pour nos anciens chevaliers du Tintamarre, il est temps de reprendre leur rôle et de comprendre ce qui se passe. Répondront-ils présents à l'appel de l'aventure ? Si oui, accrochez bien vos ceintures car il va y avoir quelques turbulences. 

Le Voyage des Âmes Cabossées sonne le grand retour du trio infernal de Raphaël Bardas. Comment ne pas craquer devant leur gouaille ? Ils sont le point fort des récits de cet auteur qui prend la fantasy à contre-pied  en dressant le portrait d'anti-héros. Aussi, ses personnages principaux sont péteurs, roteurs et règlent leurs problèmes plus souvent avec leurs poings qu'avec des mots. Ils sont impulsifs et laissent plus volontiers leur spontanéité agir plutôt que leur cerveau réfléchir. Silas, Rossignol et la Morue sont trois amis qui se sont laissés griser par leur statut de chevalier. Ils y ont pris goût alors quand une demoiselle en détresse demande de l'aide auprès de Rossignol, ce dernier y voit là une belle occasion de reprendre du service. Finalement ne plus jouer aux chevaliers du Tintamarre leur avait manqué même si certains ne veulent pas se l'avouer. Mais au vu de l'empressement de chacun à embarquer dans cette nouvelle aventure, il n'y a plus de doute à avoir. 

Si tous trois ont des personnalités bien différentes, ils partagent tout de même la même faiblesse pour la gente féminine et ne résistent jamais bien longtemps à leurs charmes. Alors, on ne s'étonne pas de les voir une nouvelle fois multiplier les conquêtes. Même si dans ce nouveau volet, l'idée de se poser enfin commence à germer dans l'esprit de certains. Aussi, Rossignol qui se pense une énième fois amoureux, se verrait bien s'installer avec la belle Margaux. Quant à Silas, profondément ébranlé depuis sa relation avec Alessa, envisage lui aussi d'entretenir une relation sérieuse. Même la Morue n'est pas contre l'idée de fonder une famille. Bref, on aurait tendance à penser que la fougue de leur jeunesse commence à laisser la place à l'âge de raison mais dans les faits, leur nature revient vite au galop. On ne va pas se mentir, ces doux dingues sont de fieffés coquins. Mais Raphaël Bardas les malmènent bien dans ce nouveau récit et leur en fait même voir des vertes et des pas mûres. 

Dans Le Voyage des Âmes Cabossées, on quitte Morguepierre à bord d'un navire fantôme pour retrouver un enfant disparu. Raphaël Bardas revisite la thématique du navire maudit, tirée des légendes populaires et prisée par la littérature et le cinéma. Aussi, ce navire des âmes cabossées me rappelle le célèbre Black Pearl, piloté par le capitaine Jack Sparrow ou plus récemment le bateau mis en scène dans Mers Mortes par Aurélie Wellenstein. 

Récolteur d'âmes, ce navire donne la chair de poule car quiconque monte à bord n'est pas sûr de retrouver la terre ferme vivant. Dès le début, Raphaël Bardas donne le ton à son livre en promettant à ses lecteurs une chevauchée fantastique à travers des mers déchaînées et des terres hostiles. 

Le Voyage des Âmes Cabossées est un récit très rythmé qui alterne scènes de combat et situations ubuesques. 

Côté univers, l'auteur l'a nourri de mythes et de magie. Celle-ci s'exprime, d'ailleurs, par l'existence des souffleurs de verbe qui ont la capacité d'enchanter l'hallucinium, transformant ce métal en toute sorte d'objets doués de magie. 

Ainsi, nos chevaliers du Tintamarre vont devoir louvoyer ici entre des fantômes, des divinités oubliées et de créatures légendaires. L'aventure promet de ne pas être de tout repos mais qu'à cela ne tienne, ils n'ont peur de rien surtout si la bière coule à flot et qu'elle est servie par de belles donzelles. 

Avec Le Voyage des Âmes Cabossées, Raphaël Bardas nous offre un nouveau récit mêlant humour et action à la juste dose. Personnellement, j'ai adoré retrouver cette plume désopilante qui n'hésite pas à réécrire les règles et les modalités du genre pour se démarquer. Je dois avouer que la magie opère une nouvelle fois car j'ai, pour ma part, beaucoup apprécié ce nouveau roman de Raphaël Bardas et je ne peux que vous le recommander. Ne vous en privez surtout pas car on a trop besoin de rire. A bon entendeur ! 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Les Chevaliers du Tintamarre et Aux traites indomptables.  

Raphaël Bardas
Le Voyage des Âmes Cabossées
978-2-35408-806-4
383 pages
Editions Mnémos
Sur la blogosphère, vous pouvez lire l'avis de L'Ours Inculte

01/04/2021

Silène Edgar & Paul Beorn, 14-14, éditions Catselmore

Silène Edgar & Paul Beorn, 14-14, éditions Castelmore

Pour fêter la sortie très attendue de la suite de Calame, les blogueuses de Book en Stock ont décidé de redonner la parole à son auteur, Paul Beorn, à l'occasion d'un nouveau "Mois de". Je les remercie de m'avoir invitée à venir participer à l'événement.

Mais je ne vais pas vous parler ici de ce second tome car je ne l'ai pas encore lu. En revanche, je me suis intéressée à l'un de ses livres, destiné à la jeunesse. Il s'agit de 14-14 qu'il a co-écrit avec Silène Edgar. Je remercie les éditions Castelmore pour l'envoi de ce service de presse. 

Dans ce roman épistolaire, on découvre la vie de deux jeunes garçons, à travers les lettres qu'ils s'échangent. Ils se pensent cousins mais en réalité un centenaire les sépare. En effet, Adrien vit en 2014 et comme beaucoup d'adolescents, il connait ses premiers émois même s'il ne sait pas comment avouer ses sentiments à sa meilleure amie, Marion. Quant à Hadrien, en cette année 1914, il est complètement obnubilé par l’obtention de son certificat d'études car c'est le précieux sésame qui lui permettrait d'accéder au petit lycée. Enfin si son père le lui permet et pour le moment ce n'est pas dit qu'il accepte de voir son fils unique suivre une autre voie que celle de reprendre la ferme familiale. Mais ce qu'il ignore, c'est qu'un grand danger le guette, alors pas sûr qu'il puisse réaliser ses rêves, à moins qu'Adrien l'y aide ? 

Deux époques, deux destins, une histoire. 

14-14 nous immerge à tour de rôle dans deux époques distinctes avec beaucoup de crédibilité. Les auteurs ont parfaitement respectés les mentalités et les niveaux de langage que l'on s'attend à trouver en 1914 et en 2014. 

A travers ces échanges épistoliers, on prend conscience des profondes transformations sociétales que la France a connu en cent ans. 

Les auteurs confrontent ici deux mondes où la manière d'écrire et de s'exprimer, au regard du contenu de ces lettres dans leur forme, a bien évolué. Cependant, les préoccupations adolescentes demeurent identiques, à savoir la réussite scolaire, l'amitié et l'amour. 

Paul Beorn et Silène Edgar nous attachent à deux jeunes héros très touchants dans leur histoire personnelle. En effet, ils sont tous les deux pris dans la tourmente de leurs sentiments et de leurs espoirs. Au fil de leurs correspondances, ils s'attachent même l'un à l'autre car chacun voit dans l'autre, le confident dont il a besoin à ce moment de sa vie. Ainsi, ils se conseillent et se soutiennent. Les suivre est un vrai plaisir. 

Les enjeux sont multiples d'autant que l'ombre de la guerre plane sur Hadrien. Dès lors qu'Adrien comprend qu'ils ne vivent pas dans la même époque, il n'aura de cesse de tout mettre en oeuvre pour sauver Hadrien du funeste destin qui l'attend.

C'est toute l'originalité de ce texte qui réunit deux garçons qui n'auraient jamais dû se connaître. A travers cette fantastique boîte aux lettres, apparue comme par enchantement en face du domicile d'Adrien, ils peuvent se parler. La magie opère immédiatement et on adhère pleinement au concept. Bien qu'écrit à quatre mains, la lecture se fait sans heurt, l'histoire est d'une grande fluidité et on demeure totalement sous le charme de ces deux plumes qui se mêlent harmonieusement. Captivés par ces destins ballottés par la vie, 14-14 nous happe jusque dans les dernières lignes. 

Authentique et poignant, 14-14 est une belle entrée dans l'étude de cette période sanglante de l'Histoire. 

Changement de registre réussi pour Paul Beorn qui a délaissé un temps l'écriture d'une fantasy adulte pour s'adresser à un public plus jeune. 

Déjà récompensé pour son premier roman, c'est un vrai plaisir que de renouer avec cette plume incontournable de l'Imaginaire français, ainsi que de découvrir celle, non moins extraordinaire, de Silène Edgar. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Calame (tome 1) et Le Septième Guerrier-Mage

Informations

Silène Edgar & Paul Beorn
14-14
9782362311192
320 pages
Editions Castelmore

01/03/2020

Emmanuel Chastellière L'Empire du Léopard, éditions Critic

Mars marque le retour du "Mois de" chez Book en Stock. Pour cette nouvelle édition, Phooka et Dup donnent la parole à Emmanuel Chastellière. Son dernier roman, La Piste des Cendres, l'a naturellement imposé par le retour de ce rendez-vous littéraire.

Je remercie le blog Book en Stock pour ce nouveau partenariat et je vous invite à aller y faire un tour tout au long du mois afin d'en apprendre plus sur cette plume montante de l'Imaginaire français. 

Même si - je ne vous le cache pas - je suis très curieuse de lire son nouveau roman, je vais tout de même commencer par vous parler de L'Empire du Léopard

Emmanuel Chastellière nous emmène au royaume de Cornado, et plus précisément dans sa colonie de la Lune d'Or. On y suit une communauté de personnages dont le colonel Cérès Orkatz. Elle est chargée  d'y maintenir l'ordre et d'assurer la sécurité du vice-roi, Philomé. La conquête a été difficile et est incomplète. Les lieux ne sont donc pas sûrs. De plus, Cérès doit faire avec un maigre bataillon de soldats tout en devant faire face aux assauts violents d'indigènes rebelles. En outre, l'empire du Léopard résiste encore au Cornado, ce qui pèse davantage sur l'avenir de la colonie. Or, l'arrivée d'une missive proposant un rapprochement entre le Cornado et l'empire grâce à un mariage arrangé risque d'ébranler les certitudes de chacun. Est-ce la bonne solution pour mettre un terme au conflit qui les oppose ? Ou est-ce un piège ? Nul ne sait comment les choses vont tourner. Mais tous devront prendre la route pour affronter leur destin. 

Déjà cinq romans à son actif et une vingtaine de nouvelles, le cofondateur du site Elbakin est un auteur prolifique. Il excelle avec les mots en arborant avec brio sa double casquette de traducteur et d'écrivain. 

L'Empire du Léopard est une oeuvre riche qui aborde moult thématiques. La plus importante est sans doute celle du colonialisme qui fait office de fil directeur de l'intrigue. En alternant les points de vue, l'auteur nous met aussi bien dans la peau des colons que dans celle des colonisés. L'immersion est ainsi totale. On goûte à la défiance, à l'incompréhension, à l'intolérance, inévitables lorsque deux cultures se rencontrent pour la première fois. Cela génère souvent des déceptions et des conflits. Emmanuel Chastellière explore d'ailleurs avec beaucoup de talent cette délicate situation. 

L'autre élément important au cœur de ce texte est la place qu'occupent la religion et les cultes. La diversité des croyances provoquent des étincelles et des heurts. Pour preuve, l'abandon des anciennes croyances au profit du culte du Soleil au sein de l'empire du Léopard démontre bien la faille d'un tel agissement. On ne peut nier les cultures des uns et des autres sous peine de recevoir un terrible retour de bâton. 

L'Empire du Léopard est un récit enlevé et intense qui nous tient totalement en haleine. Emmanuel Chastellière y dresse le portrait de nombreux personnages aux personnalités variées. On s'attache à eux au fil des pages. On apprécie leurs petites histoires ainsi que les complots qui ne manquent pas d'éclore ici ou là. Une pléiade de héros qui, avec leur singularité, pimentent bien ce récit, à l'instar du personnage majeur qu'est Cérès Orkatz. Militaire accomplie et guerrière-née, elle peut aussi faire preuve d'une grande humanité. Meneuse d'hommes, elle sait fidéliser ses troupes. Pour autant, elle n'est pas un soldat sans âme et nous dévoile au fur et à mesure du livre ses zones d'ombre, ses doutes, ses fêlures et ses attachements. Elle est un personnage complexe qui donne la mesure du travail accompli par l'auteur pour offrir à son histoire des personnages fouillés. 

L'Empire du Léopard, c'est le gage d'une lecture passionnante, fruit d'un auteur de talent dont on n'a pas fini d'entendre parler. 

Fantasy à la Carte

Informations

Retrouvez les avis du blog Au Pays des Cave Trolls, et de Dup de Book en Stock

Emmanuel Chastellière
L'Empire du Léopard
Editions Critic

01/11/2018

Stefan Platteau, Manesh, Les Sentiers des Astres, tome 1, éditions J'ai Lu

Stefan Platteau, Manesh, tome 1, Les Sentiers des Astres, éditions J'ai Lu

Comme chaque mois, Book en Stock donne la parole à un auteur de l'Imaginaire. C'est un rendez-vous littéraire incontournable pour découvrir leurs œuvres, évoquer leurs univers et parler de leur long travail d'écriture.

Novembre sera donc consacré à Stefan Platteau et à Manesh, premier volet de son cycle Les Sentiers des Astres (éditions J'ai Lu), qui s'est illustré dès 2015 en recevant le prix Imaginales. L'occasion était trop belle pour Fantasy à la Carte de ne pas tenter sa chance afin de découvrir enfin l'univers de cet auteur qui a déjà fait beaucoup parler de lui. Merci à Book en Stock et à J'ai Lu Imaginaire d'avoir initié ce partenariat. 

Dans Les Sentiers des Astres, Stefan Platteau a choisi de tirer plusieurs ficelles afin de nous conter plus d'un destin. D'un chapitre à l'autre, on suit le quotidien d'un groupe de personnages embarqués sur deux gabares qui remontent le fleuve Framar traversant une nature parfois hostile, parfois mystérieuse. Dans un pays en pleine guerre civile, cette étrange compagnie semble être le dernier espoir pouvant mettre un terme à ce sanglant conflit. En retrouvant la piste du Roi-Diseur, ils espèrent que cet oracle légendaire leur délivrera les secrets de la victoire. En chemin, ils font l'étonnante rencontre d'un naufragé dérivant sur un îlot de branches. Le pensant perdu, ils décident tout de même de lui porter secours. Et contre toute attente, cet homme mystérieux qui se fait appeler "Le Bâtard" survit assez longtemps à ses terribles blessures pour leur conter sa propre histoire. 

Voilà comment Stefan Platteau nous fait pénétrer dans son incroyable univers du Vyanthryr. 

Avec Manesh, Stefan Platteau démontre d'emblée sa volonté d'être l'auteur d'une fantasy singulière et insolite. L'essentiel de l'action se déroule sur une gabare, lieu pour le moins inattendu pour un genre qui nous a davantage habitué aux chevauchées dans de grands espaces. Et pourtant ces gabares vont nous faire voyager à plus d'un titre. Déjà, elles descendent un fleuve qui borde des espaces inconnus pour ses passagers. Un voyage qui promet son lot de surprises et de découvertes. C'est clairement une promesse d'exploration d'un monde fascinant et effrayant. Ensuite, on voyage à travers les souvenirs d'un inconnu qui se déclare de suite comme fils de fée. Une première révélation qui en dit long sur un récit annonciateur de merveilles. 

Cette manière étonnante d'attaquer son récit lui assure l'attention immédiate de ses lecteurs.  Les habitués de cette littérature ne manqueront pas de louer l'ingéniosité de cet auteur qui aborde la fantasy d'un point de vue original. 

Stefan Platteau a un vrai soucis du détail. Pour nourrir son cycle des Sentiers des Astres, il n'a pas hésité à inventer toute une mythologie dans laquelle son récit va prendre corps. Inspirée par les mythes celtiques, scandinaves ou encore finnois, sa mythologie va donner naissance à des Antiques, des créatures solaires ou lunaires après lesquels ses personnages n'auront de cesse de courir. Détenteurs de grands savoirs, ces dieux semblent pour les héros de Stefan Platteau, la réponse à leurs problèmes ou à leurs interrogations. Course après des chimères ou vraies solutions, ils sont la quête que ces héros hauts-en-couleurs ont décidé de mener. 

Seulement Manesh ne fait qu'ébaucher la merveille que renferme cette mythologie inventée par l'auteur. On prend à peine conscience de l'étendue des pouvoirs détenus par ces géants érigés au rang de dieux. Bien sûr, on ne demande qu'à en apprendre plus mais pour Stefan Platteau, c'est un travail de longue haleine qui nécessitera plus d'un roman. D'autant que Manesh n'est pas le seul passager de ces gabares à cacher des secrets.

Voici un partenariat qui m'a permis de prendre la mesure du talent de ce conteur. Arrivée aux termes de ce premier tome, je reste fascinée par cette plume dont l'époustouflant imaginaire m'a subjuguée et je ne demande qu'à poursuivre l'expédition.  

Fantasy à la carte

A lire aussi sur le blog mes avis sur Shakti et Meijo, tome 2 et 3 des Sentiers des Astres.  

Stefan Platteau
Manesh
Les Sentiers des Astres, tome 1
Editions J'ai Lu

03/06/2018

Fabien Cerutti, Le Testament d'involution, Le Bâtard de Kosigan, tome 4, éditions Mnemos

Le Testament d'involution (éditions Mnemos) est le quatrième tome qui vient magistralement clôturer l'incroyable saga de fantasy historique signée par Fabien Cerutti. Un dernier volet qui était très attendu par ses lecteurs. Tous trépignaient d'impatience de découvrir tous les secrets du Bâtard et de voir enfin s'éclaircir les mystères autour de ces sociétés secrètes qui menacent la vie de Kergaël, l'héritier de Kosigan. 

Avec une intrigue étroitement liée à celle du Marteau des sorcières, cela n'a rien d'étonnant. Souvenez-vous que le troisième opus avait laissé Pierre Cordwain de Kosigan aux prises entre les sorcières du Cénacle lunaire d'un côté et le cardinal du Saint Office de l'Inquisition de l'autre. Entre la peste et le choléra, difficile de déterminer quel est le pire des maux. Pris entre ces deux feux, le voilà bien obligé de jongler et de mener deux stratégies de front en espérant ne pas y laisser trop de plumes, si ce n'est la vie. 

Tombé dans les filets des sorcières du Mondkreises, il compte tirer parti de ce mauvais pas en leur proposant une juteuse association. En échange d'une rondelette contribution, il leur offre son aide et celle de ses hommes pour évincer Las Casas. Pari audacieux quand on sait qu'il a promis à peu près la même chose au maître de l'Inquisition. L'étau se resserre autour de notre mercenaire avec une prophétie aux finalités floues qui est sur le point de s'accomplir. En effet, le testament d'involution cache en vérité le texte d'une prédiction promettant à celui qui la réalisera la toute puissance. C'est pourquoi les sœurs Stein mettent tout en oeuvre pour l'accomplir afin d'obtenir le pouvoir nécessaire pour vaincre l'Inquisition, tandis que Las Casas, sous le prétexte d'empêcher ses dernières d'agir, cache en réalité le désir de s'approprier ces puissants pouvoirs pour lui-même. 

Tantôt menant le jeu, tantôt se laissant porter par les événements, Pierre Cordwain réussira-t-il au final de tout ça à vraiment tirer son épingle du jeu?

Clairement ce roman est une belle réussite avec un auteur qui parvient à mener le suspense jusqu'au bout. En répondant à toutes ses promesses, ce final se conclut même dans une apothéose de surprises. 

Pierre Cordwain de Kosigan est de ces héros que l'on n'oublie pas. Condensé de cynisme, d'humour et de manipulation, ce charismatique personnage tient la dragée haute autant à ses ennemis qu'aux lecteurs des Chroniques de Kosigan. Avec un tel profil, on comprend sans mal le plaisir pris en suivant ses tribulations. 

Protéiforme ce cycle est une véritable explosion des genres (fantasy, espionnage, historique). Fabien Cerutti a employé les grands moyens pour nous en mettre plein la vue. Derrière ses deux époques de narration se cache une intrigue commune. C'est l'éternelle lutte entre les détenteurs de pouvoir, ceux dont le sang noir coule dans leurs veines et les membres de la Croix d'Adombrement (une secte religieuse qui trouve ses origines à l'époque médiévale). Un combat perpétuel qui aboutit toujours dans un bain de sang. Derrière les actions de ces groupuscules, c'est l'humanisme face à l'obscurantisme qui est en action. 

Fabien Cerutti est l'auteur d'un cycle qui exhibe fièrement une esthétique et un style exclusif et stupéfiant. Il porte ses lecteurs au bout de sa plume pour leur faire vivre des aventures extraordinaires. De livre en livre, on est subjugué par les étonnantes révélations que son héros nous fait. Entre Moyen-Age et fin XIXe siècle, cet écrivain nous fait voyager dans un cours d'Histoire en dévoilant des secrets inimaginables du passé. Mais qui pourrait croire que l'Histoire a été à ce point mystifiée ? Des initiés à l'imagination fertile peut-être ? Des élus comme Phooka et Dup de Book en Stock assurément. Je ne peux que les remercier d'avoir mis Fantasy à la carte dans la confidence et vous incite, vous, les lecteurs de fantasy d'aller à la rencontre de cet auteur qui sera à l'honneur sur Book en Stock en ce mois de juin. 

Fantasy à la carte

Fabien Cerutti
Le Testament d'involution
La Bâtard de Kosigan, tome 4
Editions Mnemos

01/04/2018

Paul Beorn, Calame, Les Deux Visages, tome 1

Après avoir triomphé avec Le septième Guerrier-Mage, récompensé par le prix Imaginales des lycéens en 2016, Paul Beorn revient avec un nouveau roman, Calame qui fera partie d'un cycle (Les Deux Visages) de deux tomes. 

Pour rappel, Paul Beorn est un jeune auteur français qui fait les honneurs des éditions Bragelonne. Pour un éditeur qui affiche à son catalogue davantage de traductions que la publication de jeunes plumes françaises, c'est dire le sensationnel de ces parutions. Confirmé par le grand stratéguerre lui-même, Stéphane Marsan, Calame est un excellent récit de fantasy. Auteur incontournable de fantasy française, Paul Beorn est à l'honneur en ce mois d'avril sur Book en Stock. En partenariat avec eux, Fantasy à la carte va donc vous donner son avis sur ce dernier. 

Calame nous relate la naissance de la légende d'un héros. Celle de Darran Dahl, l'homme qui a mené pendant une année la rébellion contre le "Roi Lumière" pour libérer les femmes du joug de ce despote misogyne. 
Paul Beorn nous emmène ici en Westalie où le pouvoir est détenu d'un côté par le roi qui est Gottaran, c'est-à-dire touché par Dieu lui conférant une puissante magie et d'un autre côté, l'Eglise qui, elle, met tout en oeuvre pour limiter celui du roi. Missionné par le roi lui-même, le légendier Jean de D'Arterac doit écrire l'histoire de Darran Dalh en mettant en exergue les failles de cet homme afin que tous cessent de le voir comme un héros. En effet, même si le roi a écrasé la rébellion dans le sang et tué Darran, même si beaucoup de ses alliés sont emprisonnés ou morts, les partisans de ce révolté sont encore trop nombreux dans le royaume. C'est pourquoi, il a grandement besoin de redorer son blason en ternissant celui de son ennemi. Et quoi de plus efficace que de faire passer le message par le plus grand ménestrel du royaume reconnu pour son impartialité sans faille. 
C'est ainsi que commence cette extraordinaire épopée que D'Arterac va reconstituer petit à petit en interrogeant différents témoins parmi les survivants de cette révolte. Le plus important d'entre eux est celui de la jeune Maura qui fut la lieutenante de l'insoumis Darran Dahl. Elle y voit là, l'occasion de gagner du temps pour orchestrer son évasion et ainsi poursuivre la lutte. 

En abordant son récit en pointillé, en ne délivrant que des fragments de cette histoire, Paul Beorn a trouvé là, un moyen efficace de ménager le suspense. 

A la lecture de ce nouveau livre, on peut clairement dire que cet auteur excelle dans le genre. Bien que son histoire relève d'une fantasy traditionnelle, mettant en jeu l'indétrônable quête de liberté menée par un groupe de héros, sa manière d'amener l'intrigue est tout simplement bluffante. En focalisant notre attention autour d'un personnage que l'on ne rencontre pas réellement mais qui prend une si grande place, Paul Beorn acquiert tout notre intérêt. On prend quand même connaissance des détails de sa vie par les quelques personnes qui ont partagé son quotidien. Voilà qui ne manque pas d'originalité. Ainsi, chacun y va de ses petites anecdotes et de ses opinions que D'Arterac, et à travers lui, nous lecteurs, allons devoir décortiquer et analyser afin de se faire sa propre idée sur l'homme qu'il était. C'est un biais pour le moins singulier pour relater le destin d'un héros considéré comme indestructible, mais aussi un héros taciturne et secret que même la lecture de ces témoignages ne va pas lever complètement le voile sur les nombreuses zones d'ombre qui entourent sa légende. Même si notre attention est braquée sur ce fameux surhomme que fut Darran Dalh, au fur et à mesure des témoignages entendus, des personnalités sortent du lot et on voit se profiler d'autres héros à l'horizon. Il n'est donc pas le seul personnage intéressant à suivre, c'est la vie de tout un groupe que l'on apprend à connaitre et à apprécier ou au contraire à détester ici. Des micro-histoires se mêlent à la quête donnant l'occasion à l'auteur d'explorer la psychologie humaine. 

D'ailleurs, le fait de transmettre ces éléments essentiellement par la jeune Maura, cela donne une dimension émouvante au roman. Elle y est tellement attachante que cela renforce notre intérêt pour Darran et son incroyable destin. 

Pour ancrer son histoire dans un contexte de fantasy, l'auteur permet à la magie de se manifester à travers certains personnages qui la maîtrisent. C'est le cas de Darran Dahl et de Maura par exemple. Ils sont Mindaran et à ce titre, ils peuvent agir sur certains éléments, à l'image de la jeune fille qui est capable de se connecter à l'esprit des animaux pour leur faire faire ce qu'elle souhaite. Face à ce pouvoir s'oppose celui que les rois se transmettent. On les appelle les Gottarans et ils sont bien plus puissants, plus imprévisibles et plus dangereux que les autres. Deux magies qui se mêlent et s'opposent tout en promettant un fabuleux spectacle. 

On est transcendé par la fantasy de cet écrivain. Le récit est si puissant, les personnages sont si déroutants qu'il nous est difficile de nous détacher de cette intrigue implacable. C'est un roman qui va jusqu'à perturber notre sommeil tant on se refuse de le lâcher même lorsque l'heure du coucher a sonné. Plus qu'une simple lutte entre le Bien et le Mal symbolisé respectivement par le peuple et le roi, Paul Beorn donne une complexité à son intrigue dans laquelle tous les enjeux ne sont pas toujours visibles. Bien des ennemis sont tapis dans l'ombre et ce sera aux vrais héros de déterminer le chemin à suivre. En fin stratège, il nous réserve quelques beaux retournements qui nous promettent déjà de prochaines nuits blanches.

Fantasy à la carte

02/11/2017

Grégory Da Rosa, Sénéchal, tome 2

Pour la deuxième fois, les blogueuses de Book en Stock réitèrent leur confiance en Fantasy à la carte et scellent un nouveau partenariat. 

Cette fois-ci, c'est Grégory Da Rosa qui est à l'honneur dans le cadre du Mois de, un rendez-vous littéraire mensuel que nous offrent Phooka et Dup.

Jeune écrivain de fantasy française, j'ai eu le plaisir de découvrir son premier tome cet été.

Rappelez-vous, l'auteur avait conclu son récit par un cliffhanger complètement insoutenable. Le roi est mort, tel est le message qui se murmure partout dans Lysimaque jusqu'à revenir aux oreilles de notre célèbre sénéchal. Quelle effroyable rumeur aussi bien pour Méronne que pour Philippe lui-même qui était déjà en fâcheuse posture à la cour. Seulement à bien écouter la mélodie du Tocsin, un doute subsiste dans l'esprit de notre sénéchal. Peut-être n'est-il pas mort mais juste gravement blessé? Abandonné quelque part dans la ville basse, baignant dans son sang, seul, complètement perdu ? Ni une ni deux, n'écoutant que son cœur et laissant de côté ses angoisses personnelles, Philippe Gardeval décide de partir à la recherche de son ami, de son roi. Il se sent pousser des ailes, quitte à se mettre en danger en bravant la foule de la ville, devenue incontrôlable et dangereuse depuis l'annonce de la terrible nouvelle. Mais ce qu'il va trouver au bout du chemin risque bien de le dérouter plus encore et de le mettre davantage à mal.

Devant le succès retentissant de son premier tome, Gregory Da Rosa nous fait l'immense joie de poursuivre les tribulations de son improbable héros. 

Un deuxième volet qui fait monter la pression d'un cran tant la tension entre les personnages est de plus en plus palpable. Les esprits s'échauffent vite. L'armée de Lysander, roi de Castelwing est toujours aux portes de la ville et on sent que l'assaut n'est plus très loin. Ce qui rend les relations entre les détenteurs de pouvoirs plus conflictuelles que jamais. Les désaccords se multiplient rendant la situation aussi intenable à l'intérieur qu'à l'extérieur. Surtout avec des coquins de l’acabit de cet Othon de Ligias, ennemi juré de Philippe Gardeval qui murmure à l'oreille du roi de perfides mensonges à l'encontre de ce dernier dans le seul but de le discréditer toujours un peu plus. 

En quelques pages, l'auteur réussit à donner une ambiance à son récit. Plus les chapitres sont engloutis, plus elle y est sombre, pesante et angoissante. Le poison et le fiel sont clairement à l'oeuvre ici et les têtes commencent déjà à tomber. En fait, cet atmosphère lourde nous colle autant à la peau qu'à son héros. C'est même avec la peur chevillée au corps qu'on tremble pour Philippe, et qui nous pousse à dévorer les chapitres avec urgence pour aller toujours plus loin dans le récit.      

Lorsqu'on lit Sénéchal, on ne peut s'empêcher de penser au populaire Trône de Fer de G.R.R. Martin tant certaines scènes apparaissent comme des clins d’œil à l'auteur américain. Ici Philippe Gardeval apparaît comme le parfait bouc émissaire à l'image de Tyrion Lannister qui fut accusé à tort de l'empoisonnement de son détestable neveu. Les ennemis semblent venir de toutes parts et Philippe ne sait plus à quel saint se vouer. 

Autant le premier tome prenait son temps pour bien poser les décors, autant le second, lui, se recentre sur l'intrigue. Ainsi, les desseins de certains sont dévoilés alors que d'autres, au contraire, sont obscurcis. 

Il y a des livres qui vous marquent tant la plume est addictive. Sénéchal fait partie de ceux-là. C'est un roman dont on ne peut que lui souhaiter de beaux lendemains. 

Fantasy à la carte

10/09/2017

Chloé Chevalier, Mers brumeuses, Récits du Demi-Loup, tome 3

C'est dans le cadre du Mois de L'Imaginaire que je vais vous faire découvrir le troisième volet des Récits du Demi-Loup de Chloé Chevalier. Comme quinze autres de leurs confrères, Les Moutons électriques mettent à l'honneur certains de leurs poulains par l'intermédiaire de partenariats. C'est le cas de Chloé Chevalier qui voit ses romans être l'affiche tout un mois. Cette belle initiative s'est faite par l'intermédiaire du blog Book en Stock qui joue l'interlocuteur entre la maison d'édition, l'auteure et les blogs partenaires. C'est ainsi que Fantasy à la carte s'est vu confié l'honneur de partager son avis sur son dernier roman.


Dans le royaume du Demi-Loup, les vieilles rancœurs se rallument. La déchirure entre Véridienne et Les Eponas n'a jamais été aussi béante. Le prince Aldemor et sa complice Cathelle ont bien œuvré pour mettre le feu au poudre. Leur lente machination se met en place et les dégâts s'annoncent d'ores et déjà terribles.

En attisant l’ego démesuré des deux reines, ils ont réussi à les mener au bord de la guerre. Or, il n'y a pas plus dangereux que deux personnes inconséquentes à la tête de deux puissantes armées. Dans Les Terres de l'Est, on a vu, peu à peu, l'armée de chacune d'elle grossir. On a donc aucun mal à imaginer les dégâts qu'elles feraient sur le royaume si elles devaient s'affronter. Aldemor et Cathelle en ont l'intime conviction. D'ailleurs, pour eux c'est un mal nécessaire à la survie du royaume. Pour Aldemor, il faut faire table rase pour mieux répartir à zéro. 

Bien entendu, il a bien conscience que même s'il reprenait le pouvoir sur le Demi-Loup, il ne pourrait reconstruire seul, surtout sur des ruines. C'est pour cela qu'il souhaite s'associer à l'Empire. Il pense trouver là, la solution pour sauver son royaume. Suicidaire, un tantinet aliéné, il est prêt à tout pour réussir son entreprise, y compris à se jeter dans la gueule du loup en pénétrant seul et désarmé au cœur de l'Empire. Ses vieux ennemis l'y attendent et l'espoir escompté pourrait échouer. 

Qu'importe la machine est lancée et plus personne ne pourra l'arrêter...