L'influence du "gaming" à la littérature

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29/01/2021

Tolkien, le biopic d'un créateur de génie

Tolkien de Dome Karukoski

En 2019 est sorti le biopic Tolkien réalisé par Dome Karukoski. Les avis dessus sont très partagés. Personnellement, je n'avais pas encore eu l'occasion de le regarder, c'est chose faite aujourd'hui, alors j'ai eu envie de vous faire part de mes impressions sur ce film qui était très attendu à sa sortie. 

Après le décès de son père, puis de sa mère, John et son frère sont placés par leur tuteur dans une pension de famille où vit également une autre pensionnaire orpheline du nom d'Edith Bratt dont il s'amourache immédiatement. Parallèlement, il entre à l'école King Edward's où il se lie d'amitié avec trois autres garçons. Plus tard, il réussit à entrer à Oxford mais son tuteur l'oblige à arrêter de voir Edith, qui finit par se fiancer avec un autre homme. Mais juste avant de partir à la guerre, ils se revoient et se promettent de se retrouver après le conflit. De la bataille de la Somme, il revient blessé et a perdu deux de ses amis d'enfance. Il épouse Edith et a avec elle, quatre enfants. Sous ses encouragements, il prend la plume et commence à rédiger les premiers mots du Hobbit

Comme le synopsis l'indique, les scénaristes, David Gleeson et Stephen Beresford se sont concentrés sur les jeunes années de J.R.R. Tolkien qui ont influencé la création de sa Terre du Milieu. Ils ont choisi la Bataille de la Somme comme fil directeur du film en faisant de nombreux retours en arrière dans le passé. En effet, pour tenir moralement dans l'enfer des tranchées, Tolkien se plonge ici dans ses souvenirs et notamment dans les moments heureux ou marquants de sa jeunesse. Ainsi, on commence par le voir jouer dans la verdoyante campagne anglaise, puis il s'installe en ville où très vite, il perd sa mère et est placé avec son frère dans une pension. C'est là qu'il commence à inventer des histoires et une langue imaginaire. La présence bienfaisante d'Edith est sans doute stimulante. Ensuite, il se rappelle les moments passés avec son trio d'amis, ainsi que ses débuts difficiles à Oxford. Au vu de ses éléments, on peut trouver ce biopic très réducteur de la vie de cet homme. En outre, cela inscrit ce film dans un registre assez dramatique en mettant plutôt l'accent sur la perte de ses parents, puis de deux de ses proches amis, sans parler de la guerre qui sert de toile de fond au film. Il en ressort un film poignant qui tire bien volontiers les larmes aux spectateurs. Il est vrai que les scénaristes auraient pu pousser plus loin en mettant également en scène ses belles années d'enseignant à Oxford, ainsi que son travail d'écriture, ses échanges avec son éditeur et la consécration de la publication des ses œuvres de son vivant avec notamment, le succès qu'il a remporté, à l'époque. Pour ma part, j'ai trouvé le film très émouvant. L'ambiance y est tantôt feutrée et intimiste, tantôt brutale et rude. Le point fort est qu'il a réussi à donner vie à des détails de la Terre du Milieu, notamment sur le champs de bataille où J.R.R. Tolkien associe, par exemple, les lance-flammes ennemis aux souffles des dragons. De même, lorsqu'il se retrouve allongé, emmitouflé dans un manteau lors d'une scène terrible dans une tranchée, baignant dans le sang de ses compatriotes, j'y vois clairement un clin d’œil à Frodon, poignardé par un cavalier noir sur le Mont Venteux. Rappelons qu'avec ce film, l'idée était de revenir sur la genèse de sa création, et en cela, c'est une réussite. 

En outre, en mettant en exergue les liens qu'il a noués dans sa jeunesse, on comprend mieux toutes les valeurs que l'on retrouve dans ses livres comme l'amitié, l'amour et la fraternité. Ainsi, la création de la communauté de l'Anneau prend ainsi tout son sens. 

Côté acteurs, je trouve que le duo formé par Nicholas Hoult et Lily Collins pour incarner J.R.R. Tolkien et Edith Bratt est bien choisi. Ils sont particulièrement attachants. Après avoir incarné Anthony Stonem dans la série Skins, et s'être fait remarqué aux côtés de Colin Firth en 2009 dans A Single Man, il enchaîne les apparitions dans les grosses productions : Le Choc des Titans (2010), X-Men : Le Commencement (2011), Warm Bodies (2013), Jack le chasseur de géants (2013) et Mad Max (2015). Figure montante du cinéma, pour ma part, je le remarque surtout aujourd'hui à travers cette interprétation de J.R.R. Tolkien. J'ai trouvé son jeu d'acteur juste et touchant. Il nourrit son personnage de toute la délicatesse, la retenue et la dignité que l'on s'attendait à trouver ici. C'est de toute évidence un choix judicieux pour un tel rôle. Quant à la douce Lily Collins que l'on retrouve aux côtés de Nicholas Hoult. Fille du chanteur Phil Collins, elle a notamment joué dans Identité Secrète (2011), Blanche-Neige (2012), ou encore The Mortal Instruments :  La Cité des Ténèbres (2014). Elle a laissé un peu de côté l'action des films fantastiques dans lesquels elle a joué auparavant pour incarner ici une jeune fille solaire et bienveillante. Véritable muse pour J.R.R. Tolkien, elle lui a inspiré certains des nobles sentiments qui viennent nourrir ses récits. Aérienne et délicate, c'est un plaisir de la voir évoluer à l'écran aux côtés de son partenaire. Ensemble, ils donnent naissance à une très belle et très touchante histoire d'amour. Or, en mettant l'accent sur les balbutiements de leur passion, les scénaristes apportent une douceur bienvenue à ce film plutôt sombre. 

N'ayant pas eu d'attente particulière sur cette production, je ne peux pas dire qu'il m'a déçu comme ce fut le cas pour certains. En revanche, j'aurais apprécié en voir plus sur les années de sa vie au cours desquelles il a écrit ses premières œuvres car le film ne l'aborde que dans ses dernières minutes et cela nous laisse un sentiment d'inachevé. 

En conclusion, il en ressort un film bouleversant qui nous donne un petit aperçu des jeunes années de cet inventeur qui a sublimé la fantasy

Fantasy à la Carte

Tolkien
De Dome Karukoski
Avec Nicholas Hoult & Lily Collins

31/12/2020

Mary Poppins, une nounou parfaite en tous points


Le Retour de Mary Poppins

Pour célébrer Noël, cette année, M6 a décidé d'inviter dans nos maisons Mary Poppins lors d'une soirée spéciale en diffusant les deux films. En effet, cette célèbre nurse qui a enchanté nos noëls pendant des années a fait son grand retour au cinéma en 2018 avec la sortie d'une suite, Le Retour de Mary Poppins

Cinquante-quatre après le premier film, les studios Walt Disney ont eu envie de surfer sur la vague des nostalgiques en proposant un second film. L'occasion pour eux de faire une pierre deux coups en accrochant les enfants d'hier et la génération d'aujourd'hui. 


Dans Le Retour de Mary Poppins, on retrouve un Michael Banks adulte qui est à son tour employé dans la banque de son père. De même, qu'il vit toujours au 17 allée des Cerisiers, avec ses trois enfants, Annabel, Georgie et John, et leur gouvernante Ellen. Comme sa mère avant elle, Jane Banks se bat pour les droits des ouvriers et apporte son aide à la famille de Michael. Lorsque cette dernière subit une perte tragique, Mary Poppins réapparaît magiquement dans leur vie. Avec l'aide de Jack, l'allumeur de réverbères toujours optimiste, Mary va tout faire pour que la joie et l'émerveillement reviennent dans leur existence...

Pour ce second volet, le producteur Bob Marshall a repris les mêmes motifs qui ont fait le succès du premier film : la comédie musicale mêlant plans filmés et séquences de dessins-animés. Ce film suit donc le même fil que le premier avec une Mary Poppins qui débarque quand les enfants Banks en ont le plus besoin. Mais, si dans le premier film, il s'agissait surtout de trouver la nurse qui convient à deux garnements difficiles, dans le second, il est plutôt question de sortir Michael Banks et ses enfants d'une situation délicate. Néanmoins, Le Retour de Mary Poppins est construit de la même manière avec Mary Poppins qui entraîne les enfants dans une succession d'aventures à chacune de leur sortie de la maison familiale. La seule différence est que ce n'est plus le ramoneur Bert qui l'accompagne mais Jack, l'allumeur de réverbères. Ainsi, les scénaristes se sont surtout conformés aux standards du film original pour éviter, sans doute, toute déconvenue. 

Au casting de ce nouveau film, on retrouve dans le rôle de Mary Poppins, la pétillante Emily Blunt. Pour ce rôle, elle suit les traces de Julie Andrews et fait preuve d'un joli jeu de jambes pour nous embarquer dans quelques danses endiablées. Elle demeure toujours cette bonne fée dont le sac à mains semble sans fond et elle a toujours avec elle son fameux parapluie parlant. Moins drôle que Dick Van Dyke, dans le rôle de Bert, Lin Manuel Miranda se défend tout de même bien en donnant la réplique à cette nounou inoubliable. Jack est un personnage attachant qui s'est entiché de la famille Banks, ne résistant pas au charme de Jane. C'est Ben Wishaw qui incarne Michael Banks. Dépassé par les événements, ce doux rêveur est surtout écrasé par la tristesse et le regret. Cela fait de lui un personnage émouvant, noyé dans ses souvenirs. Emily Mortimer, c'est à dire Jane Banks s'est pas mal inspirée de Winifred Banks, alias Glynis Johns pour insuffler à son personnage le même dynamisme. En guest-star, Dick van Dyke fait une petite apparition et enchante les téléspectateurs car à 95 ans, il n'a rien perdu de sa souplesse. On retrouve également un Colin Firth sous les traits d'un banquier peu scrupuleux et une Meryl Streep en cousine fantasque de Mary Poppins. Bien dans leur rôle, cette nouvelle équipe d'acteurs et d'actrices nous entraînent sans mal dans leur folle aventure. 

Si pour ma part, j'ai moins accroché aux chansons de ce second volet, j'en ai pas moins apprécié les scènes époustouflantes et très rythmées où personnages et figurants exécutent avec beaucoup de talent les différentes danses. Je pense notamment  à celle réalisée par les allumeurs de réverbères pour la chanson "Luminomagifantastique" qui est autant un clin d’œil à celle des ramoneurs qu'à la fameuse "Supercalifragilisticexpialidocious". Il s'en dégage un bel esthétisme qui donne juste envie de se joindre à cette joyeuse sarabande. 

Bien que je reste une inconditionnelle du film de 1965, particulièrement pour ses ritournelles entêtantes, j'ai pris plaisir à découvrir cette suite que je trouve dans l'ensemble réussie. J'y ai retrouvé un peu de la magie de mes noëls d'enfant. Comme quoi Mary Poppins demeure à jamais un conte très enchanteur. 

Fantasy à la Carte

Le Retour de Mary Poppins
Walt Disney Company
2018

12/11/2017

Les Seigneurs d'Outre-Monde, aller et retour en Comté française

Ces dernières années le cinéma connaît un engouement certain pour la fantasy. L'effet "Seigneur des Anneaux" et "Harry Potter" a fait des émules. 

Seulement le constat que l'on fait est que toutes ces belles productions ne sont pas françaises et pourtant la France ne manque pas de passionnés. Les nombreux festivals francophones peuvent en témoigner d'autant qu'ils voient leurs fréquentations s'envoler toujours un peu plus à la hausse. 

C'est dans la tête d'un passionné du genre que l'idée de réaliser un film français médiéval fantastique a germé. En effet, Rémi Hoffmann s'est fait la même réflexion et s'est lancé le défi de réaliser son propre film. En tant que professionnel de l'audiovisuel, il avait toutes les qualités requises pour réaliser cette prouesse. 

Le premier élément fort de cette production est la crédibilité du scénario. Celui-ci a été coécrit par Rémi Hoffmann et Fenriss. Ils y ont intégré des données propres au genre pour que celui-ci se coule parfaitement dans le moule de ce que l'on trouve sur le marché. 

Emprisonné depuis plusieurs siècles sous un dôme invisible, le terrible Rashalden attend son heure pour revenir se venger des humains qu'il hait par-dessus tout. Du fond de sa prison, il ensorcelle les esprits les plus faibles  et les tient en esclavage sous sa coupe afin que ses suppôts agissent dans l'ombre pour le libérer de sa prison. 
Bien loin de se douter du Mal qui rôde, l'héritier de la couronne du Ringston, le jeune Jarwin de Kalmerit vit insoucieusement sa vie d'adolescent pompeux et privilégié. Il se sent comme invulnérable, protégé par son statut. Mais il ignore encore que sa vie va être chamboulée, que de sombres secrets sur ses origines vont lui être révélés et qu'il est l'élu qui va devoir affronter le terrible Rashalden. Il sera secondé dans sa quête par son fidèle maître d'armes, Thorwald qui lui fera office de père puisque son propre géniteur n'est qu'une vile créature assoiffée de pouvoirs. 
Seulement il ne suffit pas d'un scénario de qualité pour faire un bon film. Une telle production nécessitait une impressionnante mise en scène aussi bien au niveau des décors, des costumes que des manifestations de la magie. Tout cela a un coût, et le budget serré aurait pu être un frein à la réalisation. Pourtant cela n'a pas été le cas, bien au contraire. Les scènes ont été tournées dans 20 lieux différents et ont été judicieusement choisis pour s'adapter au mieux au cadre fantasy. Parmi les plus notables, on peut citer la Normandie, la Picardie ou la Bretagne. La richesse des costumes et les maquillages utilisés ont également joué un rôle majeur pour donner du poids à ce film. Quant à la magie et aux lieux imaginaires, ils ont pu être réalisés grâce à 650 plans truqués. 
Ce qui fait la force des Seigneurs d'Outre-Monde, c'est aussi la musique qui lui donne une ambiance. La prouesse ici a été l'enregistrement de cinq thèmes en orchestrales avec 63 musiques différentes. Ce qui, pour un film amateur, est une belle opportunité. 

Le petit plus est sans conteste la touche d'humour nettement marquée. Porté par le duo explosif formé de Jonathan Durieux (Jarwin) et d'Olivier Grignard (Thorwald), les piques que ces deux-là s'échangent parfois valent leur pesant d'or pour nous faire sourire. De plus, il faut bien garder à l'esprit qu'à part quelques professionnels du milieu théâtral, la majorité de la troupe demeure de simples passionnés. Cela leur vaut une indulgence de la part de spectateurs car ils ont osé et l'ont fait. Pour moi ça reste une belle performance qui mérite un vrai soutien. 

Le plus bluffant dans tout ça, c'est le si petit budget engagé, 50 000 euros, une goutte d'eau au vu de l'ambition projet. Et pourtant tout cela a été possible grâce à la volonté et l'engagement de passionnés. 280 personnes mobilisées sur une durée de 8 ans pour un film de 130 minutes. 

Au final, ce film a bénéficié de quelques projections lors d'événements liés à la communauté Geek comme la Japan Expo ou Trolls & Légendes mais aussi dans des lieux emblématiques à l'image du Dernier Bar avant la Fin du Monde. Il est également possible de se procurer le DVD sur http://lesseigneursdoutremonde.com/ 

Une préquelle a été écrite par Fenriss, La Geste d'Ellowan édité au format numérique par Michel Lafon. Ce qui ouvre des perspectives quant à la réalisation d'autres films venant avant ou après Les Seigneurs d'Outre-Monde. Avec ce premier opus, cette équipe a prouvé leur professionnalisme et leurs talents, avis aux partenaires qui souhaiteraient donc investir pour une suite. 

Fantasy à la carte

23/04/2017

L'Histoire Eternelle, touche de son aile, la Belle et la Bête

Après le dessin animé de Walt Disney (1991), et la comédie musicale d'abord montée à Brodway en 1997, puis à Paris en 2013, le célèbre conte de La Belle et la Bête revient à nouveau sur le devant de la scène sous la forme d'un film musical. C'est Bill Condon qui se lance dans sa réalisation, et le film sort le 22 mars 2017.

Cette formule n'est pas une nouvelle version du mythe mais plutôt une adaptation tournée en décors réels du film d'animation des studios Disney. On retrouve ainsi les mêmes chansons que dans le dessin animé. Le casting et le choix des lieux ont donc été minutieusement sélectionnés afin de coller au plus près de cette version. 

Hormis quelques détails ajoutés ici ou là, on replonge bien dans le classique de Disney. Parmi les ajouts, le plus notable est peut-être la référence à la maman de Belle, disparue prématurément car décédée des suites de la peste, comme on l'apprend dans le film. 

Pour l'histoire, je ne vais pas m'étaler dessus très longtemps puisqu'elle est connue de tous. C'est le destin d'une jeune fille qui refuse la vie conventionnelle imposée par le dictat de la société. Ainsi, elle ne veut pas se marier et faire des enfants simplement par convenance. Elle préfère garder son indépendance et n'hésite pas à échanger sa liberté contre la vie de son père lorsque celui-ci est emprisonné par une terrible créature pour avoir dérobé une rose dans le parc du château de cette dernière. Mais voilà refuser de se marier est très vite mal jugé surtout lorsqu'elle décline les avances de Gaston, le garçon le plus en vue du village. Un dédit qui ne manquera pas d'entraîner des réactions en chaîne par la suite. 
La Belle et la Bête est un film qui se classe parmi les films de fantasy. Déjà par l'omniprésence de la magie. Cela commence avec le prince qui a été ensorcelé par une enchanteresse comme châtiment pour sa vanité et son égoïsme. Ainsi lui est devenu une bête à l'aspect féroce et effrayant, et son personnel s'est transformé en objets animés. Les plus marquants demeurent le maître d'hôtel, Lumière et le majordome, Big Ben puisque ce sont les deux héros que l'on voit le plus. Ils deviennent très vite les amis les plus proches de Belle. De nombreux objets enchantés sont utilisés par les protagonistes à l'image du miroir magique qui permet à Belle de voir son père en danger et de révéler à tous l'existence de la Bête.  

D'autre part, il y a bien une quête qui est menée par les habitants du château pour que la Bête accède à sa rédemption en tombant amoureux de Belle et en se faisant aimer d'elle en retour. Ils vont d'ailleurs s'y appliquer dès que la jeune femme aura passé les portes de la demeure car ils voient en elle la sauveuse qui mettra un terme à cette malédiction. Pour ce faire, toutes les occasions seront bonnes pour créer intimité et rapprochement entre ces deux êtres que tout oppose. 

La lutte entre le Bien et le Mal est également à l'honneur dans cette production. Ici les apparences sont trompeuses, la Bête a beau être abominable, elle n'est pas le monstre de cette histoire. Le Mal transpire à travers le personnage de Gaston. Bel homme à n'en pas douter mais qui n'hésite pas à manipuler et à mentir pour arriver à ses fins. D'une cruauté rare, il est bien le mal à combattre surtout qu'il entraîne tout le village dans sa folie de vengeance quand il comprend que la Belle lui préfère la Bête. C'est un combat contre l'ignorance et l'intolérance que devra mener Belle afin de sauver tous les habitants de cette demeure ensorcelée. 

Tous les éléments qui qualifient la fantasy sont donc bien là. C'est même de la romantic fantasy portée par une héroïne qui se bat pour conserver sa liberté,  pour lutter contre l'idiotisme et pour combattre l'injustice.

Pour interpréter les rôles principaux, c'est un trio efficace qui a été choisi. Il y a d'abord la jeune Emma Watson qui incarne Belle. Une actrice que l'on ne présente plus car elle connait une carrière montante depuis son rôle d'Hermione Granger dans Harry Potter et grâce à ses engagements humanitaires. C'est une vraie féministe qui sait ce qu'elle veut. Ce qui a fait d'elle un choix incontournable pour ce rôle. Emma Watson ne manque pas de talents. Passionnée, courageuse, engagée elle insuffle à son personnage suffisamment de force pour capter son public. 


Dan Stevens se voit confier le rôle de la Bête. Sa principale difficulté a sans doute été d'endosser le costume et le lourd maquillage de son personnage. Quelle préparation mais le résultat est bien à la hauteur. Notamment connu pour son passage dans Downton Abbey en tant que Matthew Crawley, Dan Stevens s'est ici bien approprié les caractéristiques et les humeurs de la Bête. Il renvoie bien à l'écran les forces et les faiblesses de ce héros si attachant. Il forme d'ailleurs un duo étonnant avec Belle qui ne manque pas de charme et d'intérêt. 

L'autre grand personnage masculin est le célèbre Gaston joué par Luke Evans. Un acteur britannique qui affiche déjà une belle filmographie. Il a notamment joué dans Tamara Drewe (2010), mais aussi dans deux volets du Hobbit (2013-2014) ou encore dans La Fille du train (2016). C'est une mission importante que d'interpréter ce héros pompeux et vaniteux. Tâche réussie brillamment car Luke Evans y est détestable à souhait. Il a beau avoir le physique du chevalier, il n'en reste pas moins un anti-héros. Il est le vrai méchant de ce conte. Cruel, lâche, vantard et menteur, il personnifie tout ce que l'être humain peut renfermer de pire. 
Au casting de ce film, ces trois têtes d’affiches voient de prestigieux seconds rôles leur donner la réplique : Emma Thompson en Madame Samovar, Ian McKellen en Big Ben et Ewan McGregor en Lumière. Le réalisateur et les producteurs se sont offerts le luxe d’en faire des guets-stars discrètes, dont l’identité n’apparaît qu’à la fin du film, et dont la renommée ne fait que renforcer le prestige.

Au final La Belle et la Bête reflète bien le dessin animé avec tout de même un petit bémol au niveau du playback des chansons qui est clairement visible dans certaines scènes et peut-être tout de même perçu comme de l'amateurisme. C'est un beau succès aux Etats-Unis avec des recettes d'un montant de 432 316 034 dollars. Quant à la France, il totalise pour le moment 2 838 105 entrées pour quatre semaines de projection. Qu'on soit une princesse en herbe ou une éternelle nostalgique du grand Walt Disney, c'est de toute évidence un divertissement à ne pas manquer. 
Fantasy à la carte

19/03/2017

Lumos sur les Animaux Fantastiques de J.K. Rowling

Un tel succès comme Harry Potter ne pouvait qu'en appeler un autre. C'est pourquoi en 2013, J.K. Rowling annonce qu'elle a été chargée d'écrire un scénario cinématographique pour adapter son ouvrage sur Les Animaux Fantastiques. C'est David Yates, le réalisateur des quatre derniers Harry Potter qui s'y colle et le film sort le 16 novembre 2016 en France. C'est autour du personnage de Norbert Dragonneau qu'elle construit son histoire. Un nom familier pour les fans puisque il est auteur de deux ouvrages que les écoliers de Poudlard ont dû étudier au cours de leur cycle scolaire : Vie et habitat des animaux fantastiques et Les Animaux fantastiques. 

Même si l'histoire se passe chronologiquement avant la naissance d'Harry, ce n'est en rien une préquelle à la saga mais plutôt une extension de l'univers magique de J.K. Rowling. Une manière pour l'autrice d'explorer son monde en proposant une aventure inédite. De plus, la Warner Bros a déjà annoncé son projet de réaliser cinq films en tout. Ce qui confirme la volonté de la production d'exploiter à nouveau le filon "Rowling" à son maximum. 

C'est en 1926 que l'histoire commence lorsque Norbert Dragonneau débarque à New York, chargé d'une étrange mallette qui semble douée de vie. Alors qu'il espère n'être que de passage dans la ville, les événements vont vite lui échapper quand son niffleur se sauve de sa mallette et pénètre dans une banque afin de subtiliser un nombre important de pièces et autres objets précieux. Témoin de ces phénomènes étranges, le moldu Jacob Kowalski, venu à la banque pour obtenir un prêt, ne pense qu'à s'éloigner le plus loin possible de Norbert. Seulement dans sa précipitation il se trompe de mallette sans qu'aucun des deux hommes ne se rendent compte de la méprise. Et alors que Norbert s'éclipse de la banque, il est rattrapé par Porpentina Goldstein, une ancienne Auror qui l'emmène au Ministère de la Magie afin qu'il soit sanctionner pour usage non autorisé de sa baguette devant des Non-Maj'. Arrivé sur place, tous se rendent compte de l'échange malencontreux des mallettes, et les membres du Ministère jettent l’opprobre sur Norbert et ses créatures en les désignant comme responsables des tragiques événements qui se sont passés dernièrement dans la ville. Ni une ni deux, Norbert et Porpentina s'associent pour retrouver Jacob et la mallette. Sauf que le jeune homme ayant ouvert cette dernière, plusieurs créatures s'en sont déjà échappées et c'est donc à leurs trousses que le trio va devoir partir en quête. Néanmoins, New York recèle plus d'un danger entre les sorciers extrémistes qui souhaitent révéler leur existence au monde des Moldus  afin de les gouverner et la secte des Fidèles de Salem qui traque les sorciers pour les exterminer. C'est dans ce contexte sombre et oppressant que Norbert et ses nouveaux amis vont devoir faire face à la menace afin de sauver les créatures magiques tout en démasquant le vrai responsable des exactions se passant dans la ville. 


A peine sorti, Les Animaux Fantastiques se voient déjà récompensés par un oscar dans la catégorie : "Meilleurs décors". C'est un bon début pour une production cinématographique qui en mérite davantage. Mais ces récompenses ne vont pas s'arrêter là car le film vient d'être nommé dans sept catégories aux Saturn Awards qui honorent les meilleurs films de fantasy et de science-fiction. Ce sont donc dans les catégories "meilleur film de fantasy", "meilleur acteur dans un second rôle", "meilleurs décors", "meilleure bande-originale", "meilleurs maquillages", "meilleurs costumes", et "meilleurs effets visuels". Mais pour connaître les résultats, il faudra encore patienter jusqu'au 28 juin prochain.
   
L'enjeu pour donner vie à ces créatures fantastiques, sorties de l'imaginaire de J.K. Rowling, était grand. Et à mon sens, l'équipe peut en être fière car les effets spéciaux sont bien au rendez-vous, notamment la scène de l'affrontement final avec ce qui met New-York sans dessus-dessous. Au-delà de ça, ce qui subjugue dans ce film c'est de côtoyer les animaux fantastiques que Norbert Dragonneau protège. Le premier élément magique à révéler est la manière de faire pour rencontrer ces créatures. Pour cela il faut rentrer à la suite de Norbert dans sa mallette qu'il emmène partout. On y descend un escalier pour découvrir un monde étendu dans lequel ces dernières vivent à l’abri. C'est un peu son portoloin portatif, en d'autres termes une porte sur le merveilleux. Norbert s'est assigné la mission de sauver les animaux en voie de disparition et de les faire accepter par les sorciers. Dans ce monde parallèle, tout est époustouflant. Certaines des créatures sont gigantesques, d'autres étonnantes. C'est un vivier qui ne nous laisse pas indifférent. Les scènes avec les animaux échappés dans la ville sont toutes aussi intéressantes. L'affrontement avec l'éruptif, cet animal au faux air de rhinocéros, ne manque pas d'humour et de burlesque. Une rencontre qui est finalement assez déroutante et spectaculaire. L'omniprésence du Niffleur qui passe son temps à se sauver pour aller voler des pièces d'or promet également quelques scènes drôles. Une belle touche de légèreté qui contrebalance avec les ténèbres du film. 

Il y a une rupture avec Harry Potter car l'histoire ne se déroule plus dans le décor intimiste d'une école de magie anglaise, mais plutôt dans un New-York immense et froid où le danger se trouve aux quatre coins de la ville. 
Sous les traits de Norbert Dragonneau se cache Eddie Redmayne. C'est un acteur britannique qui a commencé sa carrière dans le théâtre avant d'être remarqué au cinéma dans Raisons d'Etat et Deux sœurs pour un roi, puis à la télévision dans la série Elizabeth: l'âge d'or. Peu connu encore du public, il y incarne le parfait jeune homme candide, solitaire, et passionné par sa mission. C'est un être généreux qui nous émerveille en nous propulsant dans son monde. 
Dan Fogler donne la réplique à Eddie Redmayne en interprétant son compère inattendu, Jacob Kowalski. Il cumule quelques rôles dans des séries notoires comme The Good Wife ou Secret and lies ou encore dans le film Secret AgencyDan Fogler y est génial tant par son altruisme que par sa bonhomie. C'est un plaisir de suivre ce tandem improbable qu'il forme avec Eddie Redmayne. Ce qui ne manquera pas de nous faire sourire. 
Katherine Waterston alias Porpentina joue la partenaire de Norbert Dragonneau. Un rôle important puisqu'elle est le personnage qui entraîne Norbert dans une succession d’événements. Empêcheuse de tourner en rond parfois pour Eddie Redmayne, elle excelle pas mal à ce petit jeu. Finalement c'est un couple porteur pour emmener le spectateur au cœur de l'action. 
La petite pointe de charme de ce film est apportée par Alison Sudol qui joue de ses attraits pour séduire autant son public que Dan Fogler. Elle y est drôle et pétillante. 
Les deux pointures de cette production sont bien entendu la présence à l'affiche de Colin Farrell (Percival Graves) et en guest-star de Johnny Depp (Gerardo Grindelwald). Ils interprètent deux sorciers dont les destins sont intimement liés mais je ne vous en dirais pas plus pour préserver le suspense pour ceux qui n'auront pas encore vu le film. Néanmoins la chose à dire sur ces deux personnages est qu'ils centralisent une certaine noirceur et représentent donc le pendant du Bien. 
C'est donc une belle production qui a sans aucun doute largement bénéficié des retombées médiatiques de la saga Harry Potter et réussit ainsi à totaliser 4 000 807 entrées en France. Un joli box-office qui a même dépassé celui du troisième opus d'Harry Potter, et qui augure, pour la suite, à venir un engouement assuré.    


Fantasy à la carte 

19/02/2017

Miss Peregrine: la Super Nanny et ses enfants extraordinaires

Avant d'être adapté au cinéma, Miss Peregrine et les Enfants particuliers est un roman écrit par Ransom Rigg. C'est le premier volet d'une trilogie dont la suite sera peut-être mis en scène à son tour dans les mois à venir. Ce sont donc Hollow City et La Bibliothèque des âmes qui viennent compléter ce cycle. Les deux premiers tomes se sont même vus, en 2015, primés par le Grand Prix de l'Imaginaire. Cet auteur de fantasy a continué de profiter de son succès en écrivant deux autres romans s'inscrivant dans le même univers avec Le Journal de Miss Peregrine et les enfants particuliers et Contes des particuliers

Un univers qui a de doute évidence enthousiasmé le réalisateur Tim Burton qui en a fait un film aussi spectaculaire que bluffant. 

Miss Peregrine et les Enfants particuliers, c'est le destin d'un jeune garçon prénommé Jake qui a été bercé tout au long de son enfance par les histoires de son grand-père qui venait le garder. En effet, Abe Portman affirmait avoir été envoyé dans un pensionnat situé sur une petite île du Pays de Galle afin de le protéger des nazis. Mais cette institution avait la particularité d'abriter des enfants ayant des dons spéciaux qui vivaient cachés pour échapper aux Estres et aux Sépulcreux. 
A la mort violente de son grand-père, Jake accompagné de son père décide de rejoindre l'île afin de déterminer si son aïeul disait vrai. 
Arrivé sur les lieux, le jeune homme tombe sur les ruines du pensionnat donnant ainsi du poids aux dires d'Abe. Impression confirmée lorsqu'il rencontre certains pensionnaires particuliers comme Emma Bloom. En acceptant de suivre le petit groupe, Jake se retrouve en 1943 juste avant la bombardement de la demeure afin de rencontrer Miss Peregrine et les autres pensionnaires. C'est un voyage insensé et extraordinaire pour l'adolescent. Il se retrouve dans une boucle temporelle crée par Miss Peregrine elle-même qui s'avère être une Ombrune (c'est à dire une femme qui a le pouvoir de se transformer en oiseau) chargée de protéger les enfants des Particuliers corrompus dirigés par le malfaisant Barron. 
D'une nature peureuse, Jake accepte peu à peu la réalité de ce qu'il vit et n'hésite pas, face au danger, à mettre tout en œuvre pour protéger les enfants de Barron et des Sépulcreux envoyés par ce dernier, que lui-seul peut voir. 

Avec un scénario autant teinté de féerie, il en fallait pas plus au farfelu Tim Burton pour être inspiré et réaliser un film à sa mesure. 

Passée la première demi-heure, nous voici bien immergés dans le film. Il faut dire que l'histoire est belle et ne manque pas d’héroïsme. Comme à l'accoutumée, Tim Burton joue à merveille avec le fantastique et l'angoissant. Il fait ressortir les peurs enfantines. Il mise beaucoup sur les contrastes entre l'isolement de l'île où le ciel est gris et terne sur laquelle tout paraît à l'abandon et le pensionnat lui-même qui est si verdoyant, si pleine de vie. Il apparaît comme un ultime refuge, comme un paradis perdu. C'est un lieu magnifique qui semble tout droit sorti d'un conte. Il n'a pas ménagé sa peine pour réaliser des scènes spectaculaires à l'image du duel entre les squelettes anis et les Sépulcreux en pleine fête foraine. 


Même si les jeunes acteurs sont encore méconnus du public, ils sont encadrés par deux belles figures du cinéma américain: Samuel L. Jackson qui est absolument divin dans son rôle du maléfique et aliéné Barron et Eva Green, majestueuse en Ombrune et nurse pour enfants aux dons si particuliers

Le premier rôle revient à Asa Butterfield, un jeune acteur anglais qui cumule déjà quelques rôles au cinéma dans un registre fantastique comme Merlin, Hugo Cabret et Nanny McPhee et le Big Bang. Malgré son jeune âge, il nous embarque facilement dans son histoire et sait crée l'émotion chez son public alternant les scènes poignantes avec son grand-père et d'action avec Samuel L. Jackson. 

Sans évoquer chacun des personnages, je souhaite tout de même faire un petit focus sur Finlay MacMillan qui interprète avec brio un garçon inquiétant. Fermé et froid, il insuffle aussi bien la vie aux objets inanimés que le frisson aux spectateurs qui le regardent. 
Tim Burton enchante encore une fois sans mal son public. On reste bluffés par ce film ô combien féerique. Une belle production, un réalisateur prestigieux, de belles retombées médiatiques qui sont autant d'éléments qui ne peuvent que rejaillir positivement sur le genre. Toutefois les âmes fragiles devront s'abstenir car quelques scènes un peu sanguinolentes risquent de heurter leur sensibilité.
Fantasy à la carte