L'influence du "gaming" à la littérature

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27/05/2025

P. Djèli Clark, La Guilde des Queues de Chats Morts, éditions L'Atalante

P. Djèli Clark, La Guilde des Queues de chats morts, éditions L'Atalante 

Pour l'avoir découvert avec Ring Shout, puis Le Mystère du Tramway Hanté, je dois vous avouer que je ne me lasse pas de la plume de P. Djèli Clark.

Il faut dire qu'elle est très talentueuse comme le confirment les nombreux prix décernés pour célébrer, à juste titre, la qualité de chacun de ses textes. 

La Guilde des Queues de Chats Morts est sa toute dernière novella qui vient de paraître aux éditions L'Atalante

Lu dans le cadre d'un partenariat avec eux, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Eveen est une assassin qui œuvre pour le compte de la Guilde des Queues de Chats Morts. Sa particularité est d'être une morte-vivante. En effet, elle a été réanimée après sa mort et depuis lors, sert la déesse Aeril en honorant chacun des contrats pour lesquels elle a été engagée. Enfin c'est ce qu'elle a fait jusqu'à cette dernière mission qui a mal tourné, lui donnant par la même occasion matière à réfléchir quant à son passé et son avenir. Au final, y trouvera-elle son compte ? 

Mon avis :

Avec La Guildes des Queues de Chats Morts, P. Djèli Clark signe, à nouveau, un récit de fantasy fabuleux. L'histoire se déroule cette fois-ci dans la cité de Tal Abisi gouvernée par les Patriarches sous la tutelle d'un panthéon de dieux et de déesses. Mais c'est aussi le fief de la Guilde des Queues de chats morts, un groupe d'assassins qui ont la particularité d'être des morts-vivants. Quasiment invincibles puisqu'ils sont déjà morts, ils sont une arme redoutable lorsqu'ils sont engagés par contrat. Chacun de ces contrats doit être honoré car ils sont liés autant au commanditaire qu'à Aeril, la déesse de la mort et leur sainte patronne. Ne pas aller au bout, c'est s'exposer à des représailles douloureuses voire mortellement définitives. 

Dans sa novella, P. Djèli Clark nous attache aux pas de l'une de ces mercenaires qui vient juste d'être engagée pour mener une nouvelle mission. Seulement celle-ci ne va pas se passer comme prévu et entraîner son héroïne dans une course contre la montre pour tenter de se tirer de ce mauvais pas. 

Ainsi, la fantasy de P. Djèli Clark se pare des atours du polar obligeant son personnage principal à mener des investigations pour démasquer celui où celle qui se cache derrière cette machination dont elle est la première victime. 

Riche en suspense, le récit est particulièrement captivant porté par une plume incroyable qui nous immerge toujours dans des univers époustouflants. 

Manigance, manipulation et pouvoir sont les maîtres-mots de cette nouvelle aventure haute en couleurs. 

L'auteur se plaît à imprégner ses récits d'intrigues politiques qui malmènent et illusionnent bien souvent ses protagonistes. 

Le récit est particulièrement coloré enrichi par l'ambiance survoltée par les dernières nuits du festival du Roi horloger, de la Princesse pirate et du Trophée d'or. Les rues de la cité sont très animées et l'atmosphère qui s'en dégage se met au diapason de la fébrilité de l'héroïne de cette histoire.

En outre, on apprécie Eveen qui se révèle être très vite un personnage particulièrement badass. Elle est puissante, intelligente et frondeuse. En dépit des règles établies, elle suit son propre code si cela s'avère nécessaire et c'est bien là, tout son charme. Elle en a sous la pédale et nous entraîne dans un ballet enivrant car elle virevolte littéralement d'un combat à l'autre jusqu'à tenter le tout pour le tout afin de se donner une chance de garder sa tête sur les épaules. Elle est pour le moins incendiaire et cela réchauffe le cœur de voir évoluer un si beau personnage féminin.

En enchaînant des récits de si grande qualité, P. Djèli Clark s'est naturellement imposé, ces dernières années, dans le paysage des littératures de l'imaginaire comme une signature de référence. 

Pour conclure :

En refermant La Guilde des Queues de chats morts, je sais déjà que d'autres lectures de cet auteur suivront à commencer par Le Maître des Djinns qui m'attend toujours dans ma PAL. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur : Ring Shout et Le Mystère du Tramway Hanté

Informations

P. Djèli Clark
9791036002243
208 pages 
La Guilde des Queues de chats morts
Editions L'Atalante

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08/12/2024

Martha Wells, Roi Sorcier, éditions L'Atalante

Martha Wells, Roi Sorcier, éditions L'Atalante 

Figure du fandom, Martha Wells s'est beaucoup investie dans les littératures de l'Imaginaire depuis ses années universitaires. On lui doit notamment plusieurs séries sur l'univers Star Wars et Stargate

Elle est d'ailleurs l'autrice de sept séries dont celle du Journal d'un AssaSynth, récompensée plusieurs fois par les plus prestigieux prix Locus, Nebula et Hugo. 

Son roman Roi Sorcier paru chez L'Atalante en septembre dernier a lui aussi remporté le prix Locus du meilleur roman de fantasy 2024.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Elaine pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que le prince démon Kaiisteron sort d'un profond sommeil, il se découvre inhumé au sein d'une tombe aux côtés de celui de son amie, la sorcière Ziede. N'ayant plus aucun souvenir de ce qu'il s'est passé pour que tous deux atterrissent dans cette sépulture au milieu de l'océan, ils réussissent à s'en échapper et découvrent d'autres disparitions inquiétantes, dont l'épouse de Ziede. Pour eux, cela marque le début d'une quête de vérité aux conséquences politiques retentissantes. 

Mon avis  :

Dans Roi Sorcier, Martha Wells nous plonge dans un univers incroyable et fort original. Dans ce monde, les démons et les sorcières voient leur vie menacée suite à des changements d'alliances politiques. Ainsi, coupés de leurs liens avec l'inframonde, les démons sont vulnérables aux attaques et se laissent facilement emprisonnés. En effet, séparés de leurs enveloppes originelles, ils se meurent dans leurs corps d'emprunt.

En outre, la magie imaginée par Martha Wells ne manque pas de singularité car elle prête des intentions aux éléments de la nature dont les détenteurs de pouvoir se servent et détournent à leur profit. 

L'univers créé est indéniablement le point fort de ce livre car il y a une vraie réflexion de la part de l'autrice à proposer un cadre recherché et novateur. 

Martha Wells a pris le parti de mettre les démons à l'honneur en les choisissant comme héros de son histoire. Ainsi, ceux que l'on a toujours vus comme les méchants sont ici les victimes. C'est un choix fort intéressant qui permet à l'autrice de changer de paradigme en mettant en exergue la tromperie que peuvent revêtir les aprioris. La surprise est donc totale. 

De plus, pour parfaire l'adhésion de ses lecteurs, Martha Wells a largement agrémenté son texte d'intrigues politiques nourries de manipulations et de trahisons. Le but étant de multiplier les rebondissements et les retournements de situation pour maintenir un suspense complet. Pour cela, l'autrice joue beaucoup sur l'amnésie de son personnage principal dont les souvenirs remontent que très lentement à la surface pour nous dévoiler l'envers de décor. 

Côté personnages, Martha Wells n'est pas en reste puisqu'elle s'appuie sur une petite communauté fort riche. Hormis ce prince démon qui a la trempe du meneur capable de fédérer une foule autour d'une cause commune juste, il y a surtout de très beaux protagonistes féminins, à l'image de Ziede. Elle incarne la figure de la femme forte nous apparaissant comme la seule arme capable de triompher de l'adversité. Tous s'en remettent à elle car elle est la clé de la réussite de cette quête.

Pour conclure :

Roi Sorcier est un roman ambitieux qui dégage une vraie originalité. Toutefois, même si la plume est indéniablement de grande qualité, je n'ai pour autant pas réussi à m'attacher complètement aux personnages. C'est pour moi un regret car le pitch envoie réellement du lourd sans oublier la beauté de l'ouvrage car les éditions L'Atalante ont sorti une édition de très belle facture qui mérite que l'on en parle. Enfin, ce n'est pas parce que l'alchimie n'a pas complètement pris pour moi, qu'elle ne prendra pas pour vous, n'est ce pas !

Fantasy à la Carte

Martha Wells
Roi Sorcier
9791036001987
464 pages
Editions L'Atalante

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23/08/2024

Nghi Vo, Les Beaux et les Élus, éditions L'Atalante

Nghi Vo, Les Beaux et les Élus, éditions L'Atalante 

Après quelques incursions au sein des Archives des Collines-Chantantes où Nghi Vo nous a régalé de ses novellas infusées aux mythologies asiatiques, elle change littéralement de cap et signe un nouveau roman tout aussi envoûtant.

Place aux années folles dans Les Beaux et les Élus qui donnent à sa signature un parfum capiteux inédit.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Originaire du Tonkin, Jordan a été adoptée par la famille Baker. Depuis lors, elle évolue dans un milieu aisé, fréquente les lieux branchés et enchaîne les somptueuses réceptions. Cet été 1922, elle le passe en compagnie de Daisy Fay, devenue Buchanan et fait la connaissance de son charmant cousin, Nick Carraway, ainsi que de Jay Gatsby, l'énigmatique voisin d'en face des Buchanan dont la seule présence suffit à mettre en pâmoison bien des cœurs. Dans ce New York écrasant qui échauffe les corps autant que les esprits, quelle sera l'étincelle qui mettra le feu à la situation ?

Mon avis :

Les Beaux et les Élus est une réécriture très onirique du mythique roman de Francis Scott Fitzgerald, Gatsby le Magnifique. Pour bâtir son univers, Nghi Vo emprunte ce New York enfiévré né sous la plume de Francis Scott Fitzgerald où quartiers fictifs et réels se côtoient. Ainsi, les villes de West et East Egg situées dans l'Etat de New York, sans oublier les fameux speakeasies renaissent de leurs cendres pour nous emporter dans un tourbillon festif où la bonne société aime s'enivrer et s'encanailler. Mais pour parfaire sa réappropriation, l'autrice y a ajouté sa touche personnelle afin de rendre les lieux diaboliquement fascinants. 

On ne s'étonne donc pas d'y trouver un train reliant Manhattan aux enfers, d'être invité à boire de la liqueur démoniaque ou de pouvoir monnayer son âme en échange de richesses infinies. La décadence et la démesure de l'époque se prêtent à toutes les interprétations. 

La magie qui enflamme ces pages donne littéralement vie à des silhouettes de papier offrant ainsi des doubles aux protagonistes de cette histoire leur permettant de rejouer leurs scènes à volonté. 

L'immortalité transcende donc ce texte aussi bien sur le fond que sur la forme. Déjà l'œuvre est intemporelle, notamment à travers ses personnages qui peuvent rejouer leur partition à l'infini maintenant que le roman est tombé dans le domaine public. Ensuite, cette notion d'éternité est complètement intrinsèque à ce récit avec ce personnage majeur qui a échangé son âme contre la jeunesse, le succès et la fortune. En tout cas, c'est ainsi que l'autrice explique la gloire fulgurante de Jay Gatsby. Un choix des plus habiles car après tout n'est-ce pas frayer avec des forces maléfiques que de commercer avec l'illégalité. Au regard de la moralité de l'époque et notamment des lois de prohibition, l'exégèse paraît adéquat. 

Dans Les Beaux et les Élus, Nghi Vo revisite ce grand classique de la littérature en changeant de point de vue. En effet, ici ce n'est plus Nick Carraway le narrateur mais Jordan Baker, l'amie de Daisy. Résolument féminin, ce point de vue donne de nouvelles perspectives à ce récit car ce on n'est plus enfermé dans une admiration étouffante de la figure de Jay Gatsby. Jordan, elle, garde un certain contrôle sur les évènements et ses réactions. Elle ne se laisse pas submerger par ses émotions même si elle reconnaît bien volontiers le pouvoir d'attraction de Gatsby. A travers Les Beaux et les Élus, Nghi Vo cherche à moderniser l'œuvre de F.S. Fitzgerald en donnant la primeur à un personnage féminin racisé attaché à sa liberté et à son indépendance. 

En outre, au-delà de nous parler de l'incontournable lutte des classes, à travers ce désir des couches populaires de se hisser dans les rangs supérieurs et ce mépris des castes aisées vis-à-vis de ceux qu'ils estiment inférieurs, Nghi Vo s'est surtout attachée à mettre en lumière l'amour pluriel. 

En effet, dans son livre, il n'y a pas qu'une seule manière d'aimer. Ce sentiment se pare donc de nombreuses couleurs. Etourdissant, tempéré ou toxique, l'autrice explore les nombreux sentiments qui habitent l'âme humaine et exalte ce texte jusqu'à son paroxysme tragique. Bisexualité et homosexualité sont au cœur de ces fêtes où il est bon de paraître. L'autrice nous livre donc une version bien actualisée de cette fable et libérée de toute inhibition. 

En sus de cette histoire de mœurs, Nghi Vo met en exergue la quête d'identité de ce personnage secondaire qui ne souhaite plus simplement se fondre dans le décor mais cherche à prendre le contrôle sur son destin en comprenant ses origines. Séduisante et discrète, Nghi Vo donne à Jordan Baker un certain magnétisme. Ainsi, si tous cherchent à complaire à Jay Gatsby, lui, désire par-dessus tout s'attirer les bonnes grâces de Jordan pour atteindre son but auprès de Daisy. Elle est l'observatrice idéale de ces nantis qui voient en elle une simple confidente. Il est vrai qu'elle partage leur monde sans complètement en faire partie. Par son adoption, elle n'est qu'une pièce rapportée. Electron libre toléré par respect pour son nom de famille, elle endosse au fil des pages bien des identités jusqu'à trouve la bonne combinaison. Charismatique, elle est l'atout de Nghi Vo pour faire revivre les fantômes de cette folle époque de l'entre-deux-guerres. 

Pour conclure :

Roman iconique, Gatsby le Magnifique renaît tel un phénix sous la plume ensorcelante d'une poétesse d'aujourd'hui. Bien mal celui qui croyait connaître la chanson car Nghi Vo nous en propose une variante pleine d'audace qui ne manquera pas de vous conquérir, vous verrez ! Disponible en librairie depuis le 22 août. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur L'Impératrice du Sel et de la Fortune, Quand la tigresse descendit de la montagne, Entre les méandres et Des mammouths à la porte.

Informations

Nghi Vo
Les Beaux et les Elus
9791036001932
316 pages
Editions L'Atalante

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03/05/2024

Régis Goddyn, D'où viennent les nuages, éditions L'Atalante

Régis Goddyn, D'où viennent les nuages
éditions L'Atalante 

Après sa célèbre saga du Sang des 7 Rois qu'il a explorée en sept tomes suivis d'une duologie servant de prélude, Régis Goddyn est de retour au catalogue des éditions L'Atalante.

Cette fois-ci, c'est au format court qu'il a choisi de nous entraîner au cœur de ses histoires.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse.

Au programme de ce recueil de nouvelles intitulé D'où viennent les nuages, dix textes se succèdent dont certains sont inédits et d'autres réédités. 

Mon avis :

Avec D'où viennent les nuages, Régis Goddyn va satisfaire tous les goûts puisqu'il nous propose aussi bien de l'uchronie, de la science-fiction que de la fantasy.

D'ailleurs, il ouvre le bal en jouant avec l'Histoire et nous propose dans "Les Comptes fantastiques de Paris" de remonter le temps pour poser nos valises dans le Paris du Second Empire au moment des grands chantiers d'urbanisme de la capitale lancés par le baron Haussman. En effet, derrière les grandes excavations inhérentes à ce genre de gros œuvre, l'auteur y voit plutôt le désir d'un empereur de mettre la main sur un trésor jalousement gardé depuis des siècles par les Templiers sur ordre de la papauté et dont l'existence est transmise à une société secrète d'alchimistes. En quelques pages, l'univers est posé et il est hyper intriguant. Personnellement, j'y serai bien resté plus longtemps pour en apprendre plus sur le devenir de ce très mystérieux héritage.

Esotérisme, magie, et élixir occulte, voici des éléments récurrents en littérature fantasy. D'ailleurs, l'auteur les avait déjà utilisés dans sa précédente série du Sang des 7 Rois dont on retrouve un fragment entre ces pages. Ainsi, dans "Beauté", on recroise la route de Sylvan qui, pour rappel, s'était effacé afin de permettre à Aldemond de sauver Armine. Or, voici qu'on le rattrape sur la route du nord pour rejoindre son épouse. Un périple qui lui promet bien des rencontres dont celle d'un muletier prénommé Falco dont les confidences vont l'éclairer sur le fameux sang bleu. 

Mais, parfois Régis Goddyn choisit de nous faire définitivement quitter la terre pour participer, par exemple, à des jeux paralympiques d'un nouveau genre puisqu'il s'agit dans "Albedo" de remporter une course à bord d'un vaisseau se déroulant sur Titan, un satellite de Saturne. L'enjeu est énorme surtout pour Eva qui attendait l'événement depuis si longtemps. Celui-ci promet d'ailleurs d'être décoiffant et de créer quelques sueurs froides à notre jeune athlète qui va tout faire pour ne pas se laisser distancer en dépit d'une erreur d'aiguillage en début d'épreuve. 

Régis Goddyn démontre son goût pour l'exploration des mondes par-delà les frontières terrestres. Ainsi, dans "Un radeau sur le Styx", il se réapproprie carrément le mythe de l'Atlantide en nous emmenant au cœur d'une cité engloutie située sous la surface de la mer qu'un pêcheur prénommé Martin a découvert fortuitement en s'y échouant à bord de son sous-marin. Voilà qui n'est pas commun et promet d'être riche en découvertes et en rencontres pour ce marin qui ne s'attendait pas à ça et encore moins d'y trouver l'amour. 

Sous la mer ou dans les cieux, l'auteur nous entraîne dans plus d'une odyssée. En tout cas dans "D'où viennent les nuages", celle-ci promet d'être palpitante puisqu'il s'agit de prendre de la hauteur sur le monde afin de mieux le comprendre et de voir au-delà. Pour l'ex-chanteur Alidor de Dichter, il sera surtout question de tenter de renouer avec le succès qui s'en est allé en rejouant une nouvelle partition, celle d'un aventurier espérant laisser cette fois-ci une marque plus indélébile. 

Enfin, le recueil s'achève sur un triptyque de nouvelles inédites, glissées là pour capter l'attention du lecteur attentif car il s'agit ni plus ni moins des premiers mots d'un nouvel univers où complots politiques et magie vont s'entremêler pour une nouvelle fois nous envoûter. Il y sera notamment question de l'enjeu des écrits à travers le rôle important des scripteurs. En filigrane, on y perçoit sa volonté de mettre en lumière l'écriture et la puissance des mots. Des intrigues fort prometteuses qui annoncent déjà la saga de haut vol qui ne manquera pas de suivre.

Pour Conclure :

Quel plaisir de retrouver la plume délicate de Régis Goddyn qui a cette grande capacité de faire jaillir la magie toujours à des moments ou dans des lieux inattendus. Prodigieux tout simplement !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur les tomes 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 de la saga du Sang des 7 Rois, ainsi que le Prélude I

Informations

Régis Goddyn
D'où viennent les nuages
165 pages
9791036001826
Editions L'Atalante

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27/04/2024

Cadwell Turnbull, Ni Dieux Ni Monstres, éditions L'Atalante

Cadwell Turnbull, Ni Dieux Ni Monstres, éditions L'Atalante 

Romancier et novelliste, Cadwell Turnbull s'est déjà fait remarquer en raflant quelques prix, comme le Neukom Institue Literary Arts Award pour son premier roman, La leçon. Voilà qui donne déjà le ton quant à la richesse de cette plume et à la qualité de ses textes.

Premier tome d'une série intitulée Convergence, Ni Dieux Ni Monstres vient tout juste de paraître aux éditions L'Atalante

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse.

Son frère vient d'être abattu par la police de Boston, Laina est effondrée. De plus, on vient de lui faire parvenir la vidéo du meurtre et son visionnage la laisse complètement abasourdie. Son frère était un lycanthrope et le policier qui a tiré, a en réalité tuer un monstre. Les créatures surnaturelles existent et elles souhaitent que le monde entier le sache sauf que certains ne semblent pas y tenir. Dans ce monde où deux camps s'opposent, lequel aura le dessus sur l'autre ? 

Ni Dieux Ni Monstres est un roman fantastique teinté d'horrifique. Il prend cadre dans une Amérique contemporaine où le surnaturel s'est révélé brutalement à la population provocant réactions violentes, déni ou censure. Ainsi, on rencontre entre ces lignes toutes sortes de métamorphes, des mages et des oracles. Ils forment une communauté hétéroclite et divisée. Certains choisissent de se rapprocher pendant que d'autres préfèrent rester des électrons libres. 

L'univers tient la route. L'auteur a pris soin d'analyser les comportements sociaux tout au long des mois qui vont suivre ce dévoilement qu'il qualifie lui-même de fracture. Ainsi, la situation va se tendre avec un retour de la chasse aux sorcières ponctuée de massacres de personnes accusées d'être des monstres. Il y a aussi une agitation de la communauté scientifique qui cherche à expliquer le phénomène, ainsi que de la sphère complotiste qui émet, sans surprise, les plus folles théories. Le monde bouillonne et approche de son point de rupture. Plusieurs camps s'y affrontent avec d'un côté, les pro-monstres qui vont jusqu'à organiser des actions de soutien comme une manifestation et de l'autre côté, les anti-monstres qui cherchent à les faire taire à tous prix. L'ambiance est féroce. La tension monte crescendo jusqu'à l'explosion d'une violence létale. 

26/03/2024

Nghi Vo, Des mammouths à la porte, éditions L'Atalante

Nghi Vo, Des mammouths à la porte, éditions L'Atalante 

Des mammouths à la porte est le quatrième opus de la série, Les Archives des Collines-Chantantes de Nghi Vo.

Vous connaissez ? Vous devriez !

Il prend la suite de L'Impératrice du Sel et de la Fortune, Quand la tigresse descendit de la montagne et Entre les méandres

Finalement, l'autrice n'en a pas encore fini avec l'adelphe Chih et sa neixin Presque-Brillante et continue donc de nous conter avec beaucoup de subtilité leurs formidables aventures. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Après une longue absence de quatre ans, Chih est de retour à l'abbaye des Collines-Chantantes. Alors que l'adelphe pensait simplement retrouver ses pairs et renouer avec un quotidien paisible, la réalité s'annonce déjà toute autre puisque l'accès à l'abbaye est obstruée par un groupe de personnes accompagnées de mammouths. Celles-ci sont venues demander réparation d'un litige sans savoir que les lieux sont presque complètement désertés par ses occupants, dispersés aux quatre vents pour régler d'autres problèmes. Mais, alors qui sera à même de régler cette situation interne tendue, aggravée par la disparition du patriarche du clan Coh et quel rôle Chih y jouera-t-il ?

Mon avis :

Contrairement à ses précédents récits, Nghi Vo n'a pas choisi une narration linéaire pour nous conter les pérégrinations de Chih et de Presque-Brillante à travers l'empire. En effet, il ne s'agit donc plus de partir à la découverte de nouveaux lieux et de nouvelles personnes mais c'est plutôt un retour aux sources pour le personnage principal. 

Pour autant, le récit n'en est pas moins semé d'embûches et nourri d'intrigues. Le ton est d'ailleurs donné dès le départ puisque Chih doit commencer par traverser un rempart de corps humains et de mammouths pour atteindre les portes de l'abbaye. En effet, il y a du mécontentement dans l'air et certaines sont là pour demander réparation. Mais le plus difficile demeure la disparition brutale de l'adelphe Thien, surtout en l'absence de tout le monde ou presque. C'est à son ami d'enfance Ru d'assurer l'intérim des responsabilités. Or, un écueil se pose avec la petite-fille de Thien qui se trouve parmi les assiégeants et réclame le corps de son grand-père pour l'inhumer sur ses terres. L'affaire est clairement épineuse. 

Mais ce décès est aussi un temps pour le souvenir et le recueillement. Ainsi, le deuil imprègne les pages de cette quatrième novella. Alors beaucoup d'émotions traversent ces lignes comme le chagrin, la perte, la colère et même le regret. En quelques pages, Nghi Vo s'exprime sur beaucoup de sujets car la disparition d'un proche constitue toujours une occasion pour exorciser les fantômes du passé. C'est une manière de mettre à nu ce qui hante et de faire tomber les masques. Aussi, une personne peut donc tout à fait s'avérer être un ange pour certains et un monstre pour les autres. Et, ce n'est pas parce qu'elle n'est plus qu'il faut taire ses secrets. Cela l'autrice nous le raconte très bien dans sa nouvelle et cela remue d'autant plus qu'il est question de violence faite aux femmes.

Cette remontée de souvenirs à graver dans la mémoire et à inscrire dans les archives permet aussi aux vivants de faire le point sur leur vie. Ainsi, on se remémore le passé pour mieux se projeter dans l'avenir. 

19/02/2024

Michael Moorcock, Le Chien de Guerre et la Douleur du Monde, éditions L'Atalante

Michael Moorcock, Le Chien de Guerre et la Douleur du Monde
éditions L'Atalante 

Grand auteur d'Imaginaire, Michael Moorcock a signé de nombreuses séries de fantasy et de science-fiction. D'ailleurs, on ne présente plus son héros Elric qui a marqué la culture populaire. Sa longue carrière littéraire a même été récompensée par les plus prestigieux prix : World Fantasy (2000), Utopiales et Bram Stoker (2004).

Or, en ce mois de février, les éditions L'Atalante ont décidé de rééditer l'un de ses textes, pioché dans sa vaste bibliographie et c'est le premier tome de sa saga Le Pacte de Von Bek qui a l'honneur d'être republié. Pour l'occasion, la maison d'édition a mis les petits plats dans les grands en glissant ce récit quelque peu oublié dans un très bel écrin, sous la forme d'un beau livre relié.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce magnifique service de presse.

Résumé :

Ulrich von Bek est capitaine d'infanterie et participe aux nombreux conflits qui déchirent l'Europe de son époque. Un jour, ses pas le conduisent à une forteresse abandonnée où lasse de la guerre, il décide d'y prendre un peu de repos. Le temps y semble suspendu, les lieux sont désertés par toutes formes de vie, y compris animale. C'est là que von Bek est surpris par une très belle jeune femme prénommée Sabrina qui est accompagnée par une bien étrange suite. Très vite, il succombe à ses charmes et en tombe profondément amoureux. Mais, ce qu'il ignore est qu'elle est l'émissaire de Lucifer qui souhaite lui proposer un pacte en échange du rachat de son âme et de celle de sa bien-aimée. Alors, acceptera-t-il cette étonnante proposition ?

Mon avis :

Le Chien de Guerre et la Douleur du Monde s'insère dans un cadre historique très tourmenté puisqu'on est propulsé en pleine guerre de trente ans qui ravagea toute l'Europe de 1618 à 1648. Cette série de conflits armés est le fruit de la révolte des états Allemands protestants contre le catholicisme imposé par la lignée des Habsbourg d'Espagne et du Saint-Empire auxquels se sont adjoints d'autres puissances européennes par intérêt politique ou religieux. Voilà pour le contexte historique qui nous éclaire sur les motivations des protagonistes de ce livre. 

Quant à l'univers imaginé par Michael Moorcock, il puise largement dans la mythologie chrétienne, arthurienne et nordique. Ainsi, on va retrouver entre ces lignes la figure de l'ange déchu, Lucifer qui souhaite récupérer sa place auprès de Dieu et fait preuve d'humilité en chargeant un héros de trouver le mythique Graal afin de mettre fin à la douleur du monde. Cette quête rappelle bien évidemment celle des chevaliers de la Table Ronde qui, dans la geste arthurienne, s'y sont également attelés. Mais l'auteur table ici sur une inversion de paradigme puisqu'il fait de Lucifer l'initiateur de cette quête à la place de Dieu. 

Dans ce livre, on suit les pérégrinations d'Ulrich von Bek à travers un monde surnaturel ou non. En effet, il est amené à traverser le Mittlemarch où il multiplie les rencontres qui le conduisent peu à peu vers son objectif. Créature mythique à l'image du Grand Veneur, personnage légendaire connu pour hanter les forêts et qualifié par certains de personnification d'Odin ou mages, tous sont porteurs d'indices qui vont être nécessaires au personnage principal pour triompher de sa quête. En outre, il dispose d'artefact ou de potions assurant sa survie et un retour auprès de son maître.

Dans Le Chien de Guerre et la Douleur du Monde, Michael Moorcock met en scène des protagonistes qui aspirent à la paix, à une vie sans peine et sans souffrance. Un comble au vu du contexte guerrier mais pourtant logique quand on cherche une réponse rationnelle au conflit. Par le prisme de son imaginaire, l'auteur met en lumière une approche scientifique pour répondre aux maux de l'humanité. La quête du Graal symbolise ici le triomphe de la raison sur l'irrationnel que représentent la croyance et le surnaturel même si le héros ignore encore quel usage en faire pour arriver à ses fins.

Avec Le Chien de Guerre et la Douleur du monde, on est sur un récit court et bien rythmé. Il est beaucoup question de spiritualité et de sauvegarde de l'âme à travers les réflexions intimes du personnage principal. Ulrich von Bek est un soldat qui a beaucoup ôté de vies au cours de sa carrière militaire. Or, cette mission va lui donner l'occasion d'interroger ses actes et ceux de l'humanité toute entière. C'est un personnage qui va beaucoup évoluer et sortir profondément changé de sa rencontre avec Lucifer. Il va être traversé par un certain nombre d'émotions qui vont ébranler sa froideur de soldat et le rendre ainsi plus intéressant à suivre.

Pour conclure :

Par cette réédition du Chien de Guerre et la Douleur du Monde, les éditions L'Atalante remettent en lumière un incontournable de l'Imaginaire qu'il faut avoir lu. Voilà de quoi donner l'occasion à la jeune génération de nourrir leur culture personnelle. Espérons que cette superbe version en appelle d'autres afin que chacun des volets de cette série ressorte de l'ombre. A suivre !

Fantasy à la Carte

Informations

Michael Moorcock
Le Chien de Guerre et la Douleur du Monde
9791036001710
235 pages
Editions L'Atalante

Lien vers le site

15/11/2023

Linda, Louise & Mike Carey, La Cité de Soie et d'Acier, éditions L'Atalante

Linda, Louise &  Mike Carey, La Cité de Soie et d'Acier
éditions L'Atalante 

La Cité de Soie et d'Acier est le fruit de trois plumes de l'Imaginaire qui ont décidé de mêler leur talent de conteurs pour nous livrer une histoire des plus envoûtante.

Mike Carey, connu également sous le pseudonyme de MR Carey, est l'auteur de nombreux comics, de thrillers et de romans fantastiques. Linda Carey, elle, est l'autrice de livres fantasy pour enfants et jeunes adultes. Quant à Louise Carey, elle a écrit Inscape, un thriller dystopique et participé à l'écriture de récits de fantasy et d'un roman graphique.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après l'assassinat du sultan Bokhari al-Bokhari, les trois-cent-soixante-cinq concubines de son sérail sont d'abord condamnées à l'exil, puis à la mort. Mais refusant de succomber à ce funeste destin, elles se rebellent en commençant par se débarrasser de leurs geôliers, puis organisent leur survie dans le désert. A force de travail, elles finissent par triompher de l'adversité et l'idée de reconquérir leur cité commence à germer peu à peu en elles. Dès lors, démarre pour elles une nouvelle vie où chacune peut prendre ses propres décisions se libérant ainsi du joug masculin. Une révolution mais pourront-elles réellement agir à leur guise en menant leur audacieux projet à son terme ? 

Mon avis :

Avec La Cité de Soie et d'Acier, Linda, Louise et Mike Carey signent une fantasy féministe qui s'épanouit dans la chaleur brûlante du désert et envoûte à coup de contes. Chaque chapitre correspond à une nouvelle histoire portant soit sur l'une des concubines ou tout autre résident de Bessa, soit sur un épisode décisif pour ladite cité. Ecrite à la manière des contes des Mille et Une Nuits, la destinée de cette cité hors norme est hissée au rang des légendes oubliées que l'on découvre ou redécouvre en lisant cette histoire fragmentée. La Cité de Soie et d'Acier prend donc cadre dans un univers oriental baigné par la présence des Djinns qui comblent de bienfaits certaines protagonistes. Ainsi, Rem la bibliothécaire possède un don de prescience bien utile pour avertir certains dangers et éviter certains écueils. Loin d'être ostentatoire, la magie qui prend corps entre ces lignes est délicate, s'exprimant par touches secrètes et agissant sur les lecteurices comme un élixir ensorcelant. 

Maintenant que le décor est posé, analysons l'intrigue d'un peu plus près. Il s'agit d'une histoire de femmes en but à une domination patriarcale qui refusent d'être sacrifiées sur l'autel d'une idéologie. C'est d'abord bien malgré elles qu'elles se retrouvent à prendre leur destin en mains, en apprenant à se défendre et à travailler pour conserver leur autonomie. De leur expérience va découler l'élaboration d'un modèle de société utopique instaurant une véritable démocratie participative, l'accès à l'éducation pour tous, l'abolition des titres au profit d'une égalité entre les habitants de Bessa. Les femmes exercent ici un soft power privilégiant de saines relations commerciales aux conflits armés par pure rivalité. Elles font de Bessa une cité prospère qui ne manque pas de créer des tensions et de la jalousie, notamment de la part des hommes qui voient d'un mauvais œil de laisser prospérer pareilles idées au cœur de leur sultanat respectif ou pour s'arroger un pouvoir qu'ils croient légitimes. Au fil des histoires, on suit la lutte de ces femmes, on goûte à leur courage et à leur volonté farouche de maintenir l'équité. Incarnant la femme ordinaire plutôt que l'élue prédestinée à accomplir de grandes choses, les héroïnes qui prennent part à cette aventure ressemblent à nos mères, à nos filles, à nos sœurs et à nous-mêmes. Les auteurs nous brossent donc le portrait de protagonistes féminins très réalistes dont on se sent facilement proche. On est sensible à leur belle sororité qui s'incarne dans leur noble projet. Sur cette communauté de femmes règne la bienveillance. Elles sont animées par des valeurs de liberté et de tolérance. Ainsi, on rencontre dans le livre des personnages LGBT et il est parfois question d'amour libre. 

06/10/2023

Nghi Vo, Entre les méandres, Les archives des Collines-Chantantes, éditions L'Atalante

Nghi Vo, Entre les méandres, éditions L'Atalante 

Après L'Impératrice du Sel et de la Fortune et Quand la tigresse descendit de la montagne, Nghi Vo conclut son triptyque d'histoires avec Entre les méandres.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

De retour sur les routes, l'adelphe Chih et Presque-Brillante se sont arrêtées dans une taverne pour y prendre un thé, au moment où un client malotru a décidé de s'en prendre physiquement à la serveuse. Mais alors que l'adelphe pensait intervenir pour calmer la situation, elle est interrompue par une femme qui, en un tour de main, met ce dernier hors d'état de nuire. Or, Presque-Brillante a reconnu le style du Singe du Sud dans sa technique de combat. Au vu de la rareté des adeptes de cette école d'arts martiaux, Chih a envie d'en apprendre plus et propose d'accompagner cette combattante et sa sœur sur un bout de chemin. Accepteront-elles ? 

Mon avis :

Dans sa série Les archives des Collines-Chantantes, Nghi Vo compile des histoires qu'elle nous narre sous la forme de contes. Racontés de manière éparse, il nous faut toujours démêler ce qui touche directement les personnages présents de ce qui relève de figures légendaires. 

Chacune des sorties de l'archiviste est donc l'occasion de collecter ces récits de vie afin de les consigner et ainsi en garder une trace. Aussi, le duo formé par l'adelphe et la huppe incarne ici la mémoire à transmettre aux générations suivantes. D'ailleurs, cette thématique est le fil directeur de ces trois novellas car derrière les hauts faits qui nous sont contés se dessine le destin agité d'un empire.

Bien loin des canons classiques de la fantasy où l'intrigue s'inscrit dans une lutte entre le Bien et le Mal avec des personnages qui prennent part pleinement à celle-ci, ici Nghi Vo nous propose plutôt une balade louvoyant entre présent et passé. En effet, ses deux principaux interviennent davantage comme observatrices plutôt qu'en tant que véritables actrices des événements. Submergées par l'afflux d'informations, elles sont davantage concentrées sur la manière de les retranscrire. Ainsi, Nghi Vo articule sa dernière novella autour du questionnement sur les choix faits par le passeur d'histoires car obligatoirement des détails seront occultés pendant que d'autres seront ajoutés. L'autrice rappelle que ces annales sont donc le fruit d'une perception subjective d'un tiers et qu'elles ne reflètent à ce titre que la vérité du témoin. 

20/05/2023

Nghi Vo, Quand la tigresse descendit de la montagne, éditions L'Atalante

Nghi Vo, Quand la tigresse descendit de la montagne, éditions L'Atalante 

En ce mois de mai, la délicate plume de Nghi Vo fait, à nouveau, les honneurs du catalogue des éditions L'Atalante. En effet, après L'Impératrice du Sel et de la Fortune, le temps est donc venu de lire Quand la tigresse descendit de la montagne

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

On retrouve l'adelphe Chih, à nouveau, sur les routes en quête de nouvelles histoires à consigner. Pour ce voyage, elle a rejoint la compagnie de Si-yu et de ses mammouths royaux qui servent ici de montures. Un jour, elles sont pourchassées par trois tigres qui les acculent dans une grange. Or, derrière cette apparence se dissimulent trois femmes qui ont bien envie de les dévorer. Sauf que Chih a l'idée de leur raconter une histoire afin de gagner du temps. C'est ainsi que l'adelphe choisit de conter le fabuleux destin de Ho Thi Thao et d'une mystérieuse lettrée. Mais est-ce que cela sera suffisant pour leur sauver la mise ? 

Mon avis :

Avec Quand la tigresse descendit de la montagne, Nghi Vo nous offre à nouveau un récit peuplé de mythes et de créatures fantasmagoriques qui prennent vie sous sa plume pour envoûter les lecteurs. Plus familier de la mythologie grecque ou de la geste arthurienne, c'est très agréable de se laisser bercer par d'autres influences qui donnent à cette fantasy son caractère dépaysant. 

Nghi Vo s'inspire ainsi de mythes d'Asie du Sud-Est, notamment à travers la symbolique du tigre qui est considéré comme un animal ambivalent, associé aux esprits et qui, allégoriquement, vit à la lisière entre la civilisation et le monde sauvage. Dans la culture javanaise existe la légende du tigre-garou faisant référence soit à la réincarnation d'un aristocrate décédé en exil dans la forêt de Lodogo, soit à un shaman transformé. En tout cas, la personnification du tigre est intimement lié à la royauté. C'est pourquoi, on la retrouve aussi bien ici sous les traits de la reine des Dos-de-Sangliers, Ho Sinh Loan et de ses sœurs Sinh Hoa et Sinh Cam que sous ceux de la légendaire prêtresse Ho Thi Thao. 

Au fil des pages, les rencontres oniriques se succèdent et se teintent parfois de notes horrifiques. L'Asie bruisse de fantômes, de revenants, d'esprits et de démons. Ils sont autant vénérés que craints. Leur rapport à la mort n'est pas le même qu'en Occident. Ainsi, il existe une tradition qui consiste à ne pas laisser un défunt partir seul pour l'éternité en lui trouvant un conjoint fantôme ou vivant. Or, l'autrice va clairement puiser dans ce rite pour mettre en difficulté l'une de ses protagonistes et susciter un certain effroi chez les lecteurs. 

Ce récit se colore d'un puissant ésotérisme qui fait naître moult émotions allant de la fascination à l'épouvante. 

28/02/2023

Guy Gavriel Kay, Comme un diamant dans ma mémoire, éditions L'Atalante

Guy Gavriel Kay, Comme un diamant dans ma mémoire, éditions L'Atalante 

2023 marque le retour de Guy Gavriel Kay au catalogue des éditions L'Atalante. Alors que son dernier roman, Les Derniers Feux du Soleil, publié en 2021, nous immergeait en pleine période viking, son nouveau livre, lui, prend plutôt cadre à la Renaissance. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé : 

Après l'assassinat du comte de Mylasie et la mort de son mentor, Guidanio Cerra est obligé de fuir sous peine de connaître le même sort. Nul ne le sait mais il a aidé la meurtrière à s'échapper. Une rencontre qui va le marquer et en entraîner d'autres. En effet, il va croiser la route de deux hommes puissants, Folco Cino d'Arcosi et Teobaldo Monticola de Remigio qui vont impulser une nouvelle direction à sa vie. Ainsi, au milieu de ces hommes et de ces femmes de pouvoir à la tête des plus importantes Cités États de la Batiare, le jeune Danino va vite apprendre à louvoyer pour demeurer l'ultime témoin de ces temps troublés mais non moins fastes. 

Mon avis :

Dans Comme un diamant dans ma mémoire, Guy Gavriel Kay s'est inspiré de l'Italie du XVe siècle pour servir d'écrin à ce présent récit. Aussi, on marche ici aux côtés de condottieres, autrement dit des seigneurs à la tête de modestes territoires tirant de faibles revenus qui se mettaient au service des grands seigneurs en échange d'une aisance financière. En somme, ils étaient ni plus ni moins des mercenaires chargés d'assurer la sécurité des puissantes cités italiennes. Ils s'incarnent ici à travers les figures de Folco d'Acorsi et de Teobaldo Monticola de Remigio, d'autant que Folco a été engagé par la famille Sardi, de riches banquiers qui ne sont pas sans nous rappeler la famille Médicis. Tout comme l'artiste Matteo Mercati dont on croise le chemin ici ou là, son talent et son inconstance ressemblent à si méprendre au célèbre Léonard de Vinci. 

Guy Gavriel Kay joue beaucoup sur les antagonismes de ces deux hommes pour nourrir son intrigue de manœuvres et de duperies et ainsi corser vivement le ton. L'époque est impitoyable et l'auteur nous met de suite dans le bain en multipliant les assassinats et autres règlements de comptes pour réparer des affronts réels ou imaginés. Le récit n'en est que plus vivant à travers cette menace mortelle qui plane en permanence sur les protagonistes et même épique au vu des péripéties incroyables par lesquelles certains passent. 

Quant au merveilleux, il s'exprime toujours de manière diffuse sous la plume de Guy Gavriel Kay préférant le délicat à l'ostentatoire. Ainsi, entre ces lignes, le don de prescience de la guérisseuse fait office de magie lui servant à la fois pour la réalisation de son art que dans la prédiction de certains évènements notables. 

Comme un diamant dans ma mémoire est clairement un récit foisonnant comme en témoigne d'ailleurs les nombreux points de vue qui se bousculent pour dépeindre ces hauts faits. Dans ce livre, Guy Gavriel Kay s'essaye à un exercice de style consistant à  faire défiler des narrateurs ayant prise ou non sur le fil de l'histoire. C'est un procédé narratif intéressant autant du point de vue de l'appréciation des évènements et de leur implication que de la fluidité de la lecture qui est ici nettement dynamisée obligeant même les lecteurs à rester pleinement attentifs. 

15/02/2023

Nghi Vo, L'impératrice du Sel et de la Fortune, éditions L'Atalante

Nghi Vo, L'impératrice du Sel et de la Fortune, éditions L'Atalante 

Nghi Vo est une autrice américaine de novellas et de romans de fantasy. Sa novella L'Impératrice du Sel et de la Fortune est lauréate du prestigieux prix Hugo du meilleur roman court 2021. Elle inaugure, d'ailleurs, sa série Les archives des Collines-Chantantes

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

In-yo est forcée d'épouser l'empereur Sung de l'empire Anh après que ses frères aient été défaits dans la guerre qui opposa les provinces du Nord à celles du Sud. Alors qu'elle n'a pas d'autre choix que de s'acclimater aux us et aux coutumes d'un monde inconnu, elle se lie d'amitié avec l'une des ses servantes, surnommée Lapin. Ensemble, elles vont affronter adversité et chagrin et même s'entraider pour survivre face à la cruauté du pouvoir. Mais que trouvera-t-elle au bout du chemin ? 

Mon avis :

L'impératrice du Sel et de la Fortune est un court récit de fantasy asiatique parsemé de rites et de mythes. La magie s'exprime ici par petites touches discrètes car l'autrice s'appuie sur cette croyance de la mythologie chinoise que toutes les choses sont capables d'acquérir des formes humaines, des pouvoirs magiques et l'immortalité, à condition que la lune et le soleil leur fournissent suffisamment d'énergie. Aussi, on retrouve, par exemple, entre ces lignes la mention d'une femme-renarde qui s'incarne dans l'un des personnages de cette novella. Or, cela fait bien évidemment référence à un personnage chinois récurrent des contes, c'est à dire la renarde qui se métamorphose en une charmante et agréable jeune fille pour séduire les héros. De même que Nghi Vo joue beaucoup sur le symbolisme, notamment du martin-pêcheur qui personnifie la fidélité et le bonheur conjugal. Il y est fait mention ici à travers cette épouse de la délégation impériale qui se transforme en martin-pêcheur mais revient retrouver son mari à sa mort. Or, tous ces éléments contribuent à déposer sur le texte une bonne couche de merveilleux.

24/11/2021

Javier Negrete, Atagaïre, tome 3, Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Javier Negrete, Atagaïre, tome 3, 
Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Je profite de la récente sortie, dans la collection poche des éditions L'Atalante, d'Atagaïre pour poursuivre mon exploration de Chronique de Tramorée de Javier Negrete. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service presse. 

Dans ce troisième volet, Derguin Gorion a pris le chemin d'Etéménanki où il a bon espoir de retrouver la Syfron de son ami Mikhon Tiq afin de redonner vie à la statue qu'il est devenue. Chemin faisant, les épreuves ne manquent pas de se succéder, surtout lorsqu'il lui faut traverser des terres hostiles aux hommes comme celle des Atagaïres. Est-ce que son statut de Zemalnit lui vaudra un traitement de faveur ? Pendant ce temps, l'armée des Invaincus est en déroute. Profitant de la trahison de la reine de Malib qui a mis Forcas et Kratos hors service, un général dissident choisit ce moment précis pour organiser une mutinerie et prendre le pouvoir. Abandonnée à elle-même, Aidë sera-t-elle trouver la force pour résister ? Quant à Kratos, retrouvera-t-il le chemin de la liberté après cet inattendu revers ? L'aventure se poursuit pour les héros de Chronique de Tramorée et celle-ci les maintient bien volontiers en fâcheuse posture. 

Dans Atagaïre, on aborde le ton épique des grandes batailles car l'affrontement, que l'on pressentait inévitable dans les tomes précédents, entre les Invaincus et les Aïfolus arrive enfin. De fait, dans ce tome, on retrouve bien l'ambiance des campagnes militaires romaines, notamment dans les tactiques de combats utilisées ou le vocabulaire emprunté. L'auteur assure ainsi à ses lecteurs une pleine immersion dans cette épopée gréco-latine. Aussi, on perce les secrets des généraux tacticiens pour mener leur phalange au combat. Très vite, on perçoit le goût âcre du sang des combattants qui coule. De part et d'autres des armées, l'ordre laisse place à la boucherie et le chaos s'installe dans les rangs. L'horreur est alimentée par la présence de créatures cauchemardesques que sont les oiseaux de terreur qui servent de montures aux cruels glabres ou aux démons ailés et cracheurs de feu, exhumés par les Aïfolus eux-mêmes. Leurs mœurs sanguinaires apportent une bonne dose d'effroi à ce cycle tout en mettant en exergue les exactions de la guerre. 

Avec Atagaïre, on plonge également dans un récit teinté d’héroïsme où les personnages combattent pour la liberté. 

En outre, c'est un tome où l'on passe beaucoup de temps auprès des amazones, dites les Atagaïres. En effet, les pas de Derguin le conduisent à fouler leur terre. A travers ses yeux, on découvre cette société matriarcale où l'homme n'a finalement aucune place, si ce n'est en esclave reproducteur. L'auteur a inversé les choses en faisant de ces femmes soldates, les seules détentrices du pouvoir avec des hommes parqués dans un harem. On demeure dans une société de domination très conspiratrice entretenue par les nombreuses intrigues menées par certaines d'entre elles. A travers elles, l'auteur revisite l'image de la femme puissante mais qui finalement use des mêmes travers que le mâle dominant. Du reste, la soif de pouvoir semble l'élément le plus corrupteur d'une société. Qu'elles interviennent une arme à la main ou de manière plus subtile avec un esprit aiguisé, les femmes de cette saga se taillent une place de choix dans cette galerie de personnages et ce n'est pas pour me déplaire. 

Enfin, ce troisième volet est clairement un tournant dans notre perception de cette série que l'on pensait purement fantasy mais qui cache en réalité un dessein beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît aux premiers abords. Ici, aussi l'auteur se la joue influenceur du genre en proposant une redéfinition des codes puisqu'il n'hésite pas à en faire entrer d'autres en scène. Mais, ces petits cailloux à peine semés, voilà que la lecture arrive déjà à son terme, armons-nous donc de patience en attendant de lire le prochain épisode. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Zémal (tome 1) et Syfron (tome 2). 

Informations

Javier Negrete
Atagaïre
Tome 3
Chronique de Tramorée
9791036000904
528 pages
Editions L'Atalante

17/11/2021

Javier Negrete, Syfron, tome 2, Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Javier Negrete, Syfron, tome 2, 
Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Avec Syfron, je reprends ma lecture de Chronique de Tramorée de Javier Negrete qui signe avec ce cycle, une grande fresque d'une fantasy avec un grand "F" pleine d'authenticité. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie chaleureusement Emma pour l'envoi de ce service presse. 

Devenu le nouveau Zemalnit, Derguin Gorion a pris ses quartiers dans la cité de Narak. Fort de sa notoriété, il s'y pense en sécurité, mais c'est mal connaître le genre humain qui se plaît à comploter. Or, après avoir échappé à une tentative de meurtre, il va vite prendre la mesure de la chausse-trappe dans laquelle il est tombé. Pendant ce temps, Kratos May a rejoint les rangs de la Horde Rouge. Sous les ordres de Forcas, l'armée des Invaincus s'est installée aux abords de Malib afin de se mettre au service de la reine Samikir. Mais les soldats s'impatientent du manque d'action et de la solde qui tarde à venir, les tensions montent et la suspicion pointe son nez. En outre, les velléités guerrières des Aïfolu pourraient bien mettre à mal la paix en Tramorée et obliger Derguin et ses compagnons à fourbir leurs propres armes pour contrer cette nouvelle menace. 

Avec Chronique de Tramorée, Javier Negrete rompt avec cette tradition d'insérer sa fantasy dans un Moyen-Âge fantasmé et revisité et propose plutôt un cadre d'action à la croisée d'influences diverses : gréco-latine, mésopotamienne ou encore ottomane. De fait, sa saga exhale un parfum enivrant d'évasion qui sent bon le sable chaud, les épices et les douceurs sucrées. Clairement, on apprécie ce changement de paradigme qui bouleverse nos habitudes de lecteurs pour un renouveau du genre bienvenu. 

Alors que dans Zémal, Javier Negrete nous posait les bases de son univers tout en nous laissant faire tranquillement connaissance avec ses personnages principaux, avec Syfron, on commence à percevoir les enjeux narratifs de cette saga, notamment, à travers la traîtrise de certains et les agissements des autres. 

Dans ce deuxième tome, l'auteur alterne les points de vue pour donner une vision plus large des événements critiques se déroulant en Tramorée tout en conférant à son récit un rythme haletant. Ainsi, en compagnie de Kratos May, on retrouve la puissante armée des Invaincus tombée entre les griffes de la venimeuse et très énigmatique reine de Malib. Perturbé par ses propres problèmes, il n'arrive pas à mesurer pleinement ce qu'elle peut bien manigancer en secret. On fait également la rencontre d'un jeune homme, prénommé Darkos qui va nous servir de témoin des terribles événements survenus à Ilfatar, annonciateur de dangers encore plus grands qui guettent toute la Tramorée. Tout comme lui, on prend conscience que ceci n'est qu'un premier round d'un pire à venir que seul un Zemalnit pourra affronter. Enfin, on marche dans les pas de Derguin Gorion que l'on retrouve tombé dans les filets de conspirateurs zélés qui pourraient bien le détourner de sa mission principale, à savoir la lutte contre les démons et autres créatures maléfiques. 

Ici, Javier Negrete mise sur différentes intrigues pour enrôler ses lecteurs dans un maelström d'aventures tumultueuses aux rebondissements inattendus. On se laisse complètement happer par ces destins qui s'écrivent dans la lutte et le machiavélisme. La lecture n'en est donc que plus captivante. 

En outre, de nouveaux personnages féminins font leur entrée dans ce tome 2 avec d'un côté, la courtisane Neerya qui ne laisse, d'ailleurs, pas indifférent Derguin et de l'autre côté, Aïdé, la fille du précédent Zemalnit, concubine de l'actuel chef des Invaincus mais qui lui préfère en secret le très charismatique Kratos May. Leur présence vient contrebalancer cette prédominance du héros mâle, seul détenteur du pouvoir. Néanmoins, même si elle féminise un peu l'épopée, elles sont ici encore trop cantonnées au rôle d'ornement et n'ont donc pas encore pris pleinement le pouvoir. Alors, j'ai hâte de lire la suite pour voir quelles évolutions l'auteur va leur donner

En attendant, avec ce deuxième volet, Javier Negrete nous fait entrer de plein pied dans une fantasy purement addictive où héroïsme et machination n'auront de cesse de se confronter. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mon avis sur Zémal (tome 1 de Chronique de Tramorée) de Javier Negrete. 

Informations

Javier Negrete
Syfron
Tome 2
Chronique de Tramorée
9791036000898
842 pages
Editions L'Atalante

05/11/2021

P. Djèli Clark, Ring Shout : Cantique Rituel, éditions L'Atalante

P. Djèli Clark, Ring Shout : Cantique Rituel, éditions L'Atalante

Historien et romancier américain, P. Djèli Clark s'est illustré en écrivant des romans ou novellas de science-fiction, de fantasy et d'horreur. Parmi ses nouvelles, on peut déjà signaler L’étrange affaire du djinn du Caire, ainsi que Le mystère du tramway hanté

Côté romans, il est l'auteur des Tambours du dieu noir, puis de Ring Shout : Cantique Rituel. Ce dernier lui vaut d'ailleurs pléthore de récompenses : le prix Nebula du meilleur roman court 2020, le prix Locus du meilleur roman court 2021 et le prix British Fantasy du meilleur roman court 2021. Enfin, il est même en lice pour le prix Hugo 2021. Or, autant de distinctions forcent le respect et ne peut qu'attirer l'attention. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Depuis la sortie du film, Naissance d'une Nation, les rangs du Ku Klux Klan ne font que grossir de blancs en mal de suprématie qui persécutent impitoyablement les gens de couleur. A Mâcon, en 1922, un groupuscule de ces zélotes sectaires vont croiser la route d'une certaine Maryse Boudreaux, un peu sorcière sur les bords, accompagnée d'une poignée de femmes résistantes qui se sont données pour mission de traquer cette engeance maléfique pour les mettre hors d'état de nuire. A ce jeu, ces pourfendeuses, amatrices d'explosifs et pros de la gâchette se débrouillent plutôt pas mal et ça tombe bien car quelque chose de pas net s'en vient mais seront-elles réellement capables de l'arrêter ? 

Ring Shout : Cantique Rituel s'adosse à un cadre historique uchronique faisant référence à la renaissance du Klan qui fait suite à la projection du film de D.W. Griffith, Naissance d'une Nation. Un film controversé dès sa sortie pour son discours raciste et son apologie au Ku Klux Klan. En effet, ici l'auteur s'est beaucoup intéressé à la psychologie de ses membres en faisant d'eux des monstres au sens littéral du terme. Aussi, ces Ku Klux nous apparaissent entre ces lignes comme des créatures diaboliques et surnaturelles qui déchiquettent et démembrent leurs victimes. Néanmoins, tous les adeptes ne sont pas encore tous des êtres transformés, certains sont simplement hypnotisés par cette idéologie extrémiste et terroriste. Ils incarnent donc le mal que doivent combattre Maryse et ses amies. 

Avec Ring Shout : Cantique Rituel, P. Djèli Clark propose une fantasy envoûtante qui renverse le postulat originel du genre dans ses codes classiques en proposant un récit où le merveilleux tutoie l'horreur. En mettant en lumière cette société secrète prônant la suprématie blanche, il porte le regard sur les heures sombres qui ont marqué l'histoire des Etats-Unis d'Amérique après la guerre de Sécession sans perdre de vue ses résurgences sur l'Amérique actuelle. En sa qualité de chercheur, ses études sur l'esclavage et l'émancipation ont clairement nourri ce texte. Il replace au centre de sa réflexion des thématiques importantes traitant aussi bien des persécutions des minorités, du désir de libération des peuples ou de la défense de l'égalité entre les hommes. L'amour de la vie se dispute à la haine d'autrui dans ce livre. 

Avec Ring Shout : Cantique Rituel, P. Djèli Clark signe un roman bouleversant qui dégage une puissante sagesse. Il puise dans les rituels pratiqués par les esclaves pour conjurer la pesanteur de leur condition pour donner à son texte une vraie poésie. Aussi, les chants deviennent la magie pour repousser la noirceur du mal dans les limbes de l'oubli. 

Le récit n'en est que plus prenant et la fantasy, ensorcelante. En outre, dans Ring Shout : Cantique Rituel, P Djèli Clark donne la parole aux femmes car ce sont bien Maryse, Chef et Sadie qui détiennent le pouvoir ou en tout cas manient les armes pour traquer et éliminer la menace. 

C'est d'ailleurs en compagnie de Maryse Boudreaux que l'on passe le plus de temps dans ce livre. Son héroïne principale, P. Djèli Clark l'a voulu courageuse mais pas infaillible. Persécutée par ses propres démons intérieurs, il lui faudra mesurer chacune de ses décisions, et peser chacun de ses actes avec circonspection pour espérer mener cette bataille jusqu'au bout. Clairement, on se plaît à marcher dans les pas de cette femme touchante qui nous emporte au cœur d'un juste combat. 

En quelques mots, Ring Shout : Cantique Rituel nous happe dans un conte fabuleux qui résonne d'une vérité toujours d'actualité. C'est un texte troublant, un coup de cœur littéraire et émotionnel pour lequel on ne souhaite que le meilleur. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mon avis sur Le Mystère du Tramway Hanté

Informations

P. Djèli Clark
Ring Shout : Cantique Rituel
9791036000928
176 pages
Editions L'Atalante