L'influence du "gaming" à la littérature

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29/05/2023

Johan Heliot, Guerre & Peur, éditions Mnémos

Johan Heliot, Guerre & Peur, éditions Mnémos 

Considéré par beaucoup comme le maître de l'uchronie française, Johan Heliot cumule déjà au compteur plus de 80 titres. 

Pour ma part, ce n'est que très récemment que l'occasion m'ait été donnée de lire deux de ses romans : La Fureur des Siècles (éditions Critic) et Bloodsilver (éditions Mnémos) et je dois dire que l'alchimie a pris instantanément avec cette plume qui se joue habilement de l'Histoire. 

Après la Conquête de l'Ouest et la Renaissance, le voici qui m'entraîne, avec son nouveau roman Guerre & Peur, dans le XXe siècle dévasté. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

1923, le jeune Jean Valmont s'apprête à rejoindre le front car la guerre opposant les Français aux Allemands perdure depuis dix ans. C'est le cœur déchiré de devoir quitter les siens et enserré par une peur panique de mourir que Jean débarque dans les tranchées pour participer à son premier affrontement. Mais alors qu'il pense sa derrière heure arrivée, il est le seul survivant au massacre de son bataillon. Doit-il ce miracle à un coup de chance ? Il n'y croit plus lorsqu'il voit débarquer un haut gradé lui demandant de le suivre. En effet, celui-ci lui confirme qu'il est devenu un être particulier en développant une capacité l'empêchant de mourir et lui propose de rejoindre son escouade afin de participer à une mission de la plus haute importance, à savoir mettre fin à la guerre. Seulement des forces obscures sont à l'œuvre, alors arriveront-ils à leur fin ? 

Sous la plume de Johan Heliot, la Première Guerre Mondiale joue les prolongations et s'étire en longueur au point d'avoir quasiment essoré les deux camps. Or, face à cette impasse, les chefs d'Etats majeurs eux-mêmes souhaitent trouver une sortie à ce conflit insensé. Mais, c'est sans compter l'intervention d'un inquiétant personnage se faisant appeler le Maître de la Terreur. C'est un véritable fauteur de troubles qui ne souhaite absolument pas le retour de la paix. 

Comme dans tout récit uchronique, on assiste donc à un défilé de personnages historiques qui viennent habilement prendre place entre ces lignes pour connaître un tout autre destin. 

Comme à son habitude, Johan Heliot a mis sa créativité au service de son imaginaire en insufflant une bonne dose d'onirisme à son texte. Celui-ci s'exprime par les dons particuliers que certains élus ont pu développer à travers la peur qui fait office ici de moteur. Il est de notoriété que cette dernière est un excellent outil pour influencer l'opinion, alors transformer son ascendance sur les esprits en pouvoir est une trouvaille plutôt ingénieuse. Clairement cela fonctionne bien ici pour donner naissance à une poignée de supers-héros qui n'ont pas à rougir de ceux tirés des premiers comics. Poigne d'acier, invisibilité ou immortalité, vous remarquerez que leurs dons n'ont rien de novateur mais pourtant s'avèrent bien utiles pour remplir les missions assignées. Elle n'est pas des moindres d'ailleurs puisqu'il s'agit de sauver l'Europe de l'extinction si ce conflit meurtrier devait encore continuer. 

26/05/2023

Tricia Levenseller, La Fille du Roi Pirate, éditions Hugo Stardust

Tricia Levenseller, La Fille du Roi Pirateéditions Hugo Stardust 

Après le succès de La Reine des Ombres, vendu à plus de 20 000 exemplaires, Tricia Levenseller est de retour au catalogue des éditions Hugo Stardust avec La Fille du Roi Pirate.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse qui m'a donné l'occasion parfaite de découvrir cette plume de l'imaginaire que je ne connaissais point encore.  

Alosa Kalligan est la fille du redoutable Roi Pirate. Or, maintenant qu'elle est devenue une pirate à son tour, il a décidé de la mettre au défi de s'infiltrer sur le bateau d'un équipage rival pour leur subtiliser une carte et les lui livrer pieds et poings liés. C'est ainsi qu'elle organise l'abordage de son propre navire et qu'elle se laisse volontairement emprisonnée par l'ennemi. Mais alors qu'ils la pensent inoffensive car enfermée à double tour dans une cellule à fond de cale, Alosa trouve le moyen de s'éclipser chaque nuit afin de fouiller le gréement de fond en comble. Seulement, c'est sans compter le séduisant second, Riden, qui n'est jamais bien loin d'elle et dont la présence la perturbe plus qu'elle ne veut se l'avouer à elle-même. Alors réussira-t-elle à éblouir une nouvelle fois son père en menant à bien cette périlleuse mission ? 

Comme mentionné dans le titre, La Fille du Roi Pirate nous immerge dans l'univers de la piraterie nourrie d'arraisonnages et de chasses aux trésors. Dans ce premier volet, les trois quart de l'action se déroulent à bord d'un navire pirate où la narratrice est confinée. A part suivre ses expéditions nocturnes émaillées d'escarmouches verbales ou physiques, il ne se passe pas grand chose. En tout cas, l'autrice est plutôt avare en détails concernant son monde imaginaire. La clé de celui-ci réside dans cette carte à reconstituer, censée indiquer l'emplacement de la légendaire Isla de Canta, une île mystérieuse remplie de richesses et gardée par des sirènes. 

Mythe ou réalité, la question se pose au début du roman. Cela a tout de même l'intérêt d'introduire la figure de la sirène et de donner ainsi au récit sa dimension onirique. L'autrice s'inspire, d'ailleurs, du folklore médiéval nord européen pour nourrir sa représentation de cette créature marine qui est donc ici mi-femme mi-poisson. Elle lui attribue cette même capacité d'ensorceler les humains par le chant et une beauté irrésistible. En outre, elle lui accorde également une sensibilité émotionnelle lui permettant de percevoir les sentiments des autres grâce au dégradé de couleurs qui se dégage de leurs auras. 

23/05/2023

Lucie Thomasson, Le Monde des Premiers, tome 2, collection Naos, éditions Mnémos

Lucie Thomasson, Le Monde des Premiers
tome 2, 
collection Naos, éditions Mnémos 

En 2022, une nouvelle signature de l'Imaginaire a rejoint le catalogue des éditions Mnémos. Bluffée par la richesse de l'univers de Lucie Thomasson imaginé dans son premier roman, il me tardait d'y retourner. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Si Victoire a réussi à se rapprocher de la famille Hamilcar pour assouvir sa vengeance, Guilhem, lui, se retrouve piégé par les machinations des Litréans. Quant à Dimitri, il suit son propre chemin tout en veillant à la bonne marche des choses. Seulement, face à tous ces requins sans état d'âme, ont-ils le moindre espoir de triompher de leurs ennemis ? Rien n'est moins certain. 

Avec ce tome 2 du Monde des Premiers, Lucie Thomasson conclut magistralement sa duologie. Ce récit dégage une vraie maturité digne des plus grandes plumes du genre. L'ingéniosité du système de magie mis en scène et la qualité des intrigues sont de réels atouts pour ce premier roman. 

Dans ce second volet, les événements s'accélèrent et prennent un tour critique. Le temps est venu pour les protagonistes de Lucie Thomasson de dévoiler leurs jeux et de faire tomber les masques. 

Bien que classé en Young Adult, l'autrice n'est pas pour autant tendre avec les personnages de sa duologie. En effet, elle en sacrifie au besoin car on ne peut pas défier les puissants sans y laisser des plumes. Alors par souci de crédibilité et pour être  en accord avec les ambitions de cet univers implacable, les têtes tombent sous sa plume et la vengeance prend un goût amer. La force de ce texte réside aussi dans l'inattendu que chaque nouveau chapitre réserve à ses lecteurs. Rien de convenu dans Le Monde des Premiers où l'autrice s'affranchit des clichés et des archétypes pour signer un page-turner des plus haletant. Il faut dire qu'elle a concocté à ses personnages des destins surprenants qui nous tiennent littéralement en haleine jusque dans les dernières lignes de ce récit. Elle n'est pas là pour faire plaisir aux lecteurs mais plutôt pour leur soutirer quelques émotions, ainsi qu'une certaine impatience et je dois dire qu'à ce jeu,, elle y excelle très bien. Maintenant, vous êtes prévenus !

20/05/2023

Nghi Vo, Quand la tigresse descendit de la montagne, éditions L'Atalante

Nghi Vo, Quand la tigresse descendit de la montagne, éditions L'Atalante 

En ce mois de mai, la délicate plume de Nghi Vo fait, à nouveau, les honneurs du catalogue des éditions L'Atalante. En effet, après L'Impératrice du Sel et de la Fortune, le temps est donc venu de lire Quand la tigresse descendit de la montagne

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

On retrouve l'adelphe Chih, à nouveau, sur les routes en quête de nouvelles histoires à consigner. Pour ce voyage, elle a rejoint la compagnie de Si-yu et de ses mammouths royaux qui servent ici de montures. Un jour, elles sont pourchassées par trois tigres qui les acculent dans une grange. Or, derrière cette apparence se dissimulent trois femmes qui ont bien envie de les dévorer. Sauf que Chih a l'idée de leur raconter une histoire afin de gagner du temps. C'est ainsi que l'adelphe choisit de conter le fabuleux destin de Ho Thi Thao et d'une mystérieuse lettrée. Mais est-ce que cela sera suffisant pour leur sauver la mise ? 

Avec Quand la tigresse descendit de la montagne, Nghi Vo nous offre à nouveau un récit peuplé de mythes et de créatures fantasmagoriques qui prennent vie sous sa plume pour envoûter les lecteurs. Plus familier de la mythologie grecque ou de la geste arthurienne, c'est très agréable de se laisser bercer par d'autres influences qui donnent à cette fantasy son caractère dépaysant. 

Nghi Vo s'inspire ainsi de mythes d'Asie du Sud-Est, notamment à travers la symbolique du tigre qui est considéré comme un animal ambivalent, associé aux esprits et qui, allégoriquement, vit à la lisière entre la civilisation et le monde sauvage. Dans la culture javanaise existe la légende du tigre-garou faisant référence soit à la réincarnation d'un aristocrate décédé en exil dans la forêt de Lodogo, soit à un shaman transformé. En tout cas, la personnification du tigre est intimement lié à la royauté. C'est pourquoi, on la retrouve aussi bien ici sous les traits de la reine des Dos-de-Sangliers, Ho Sinh Loan et de ses sœurs Sinh Hoa et Sinh Cam que sous ceux de la légendaire prêtresse Ho Thi Thao. 

Au fil des pages, les rencontres oniriques se succèdent et se teintent parfois de notes horrifiques. L'Asie bruisse de fantômes, de revenants, d'esprits et de démons. Ils sont autant vénérés que craints. Leur rapport à la mort n'est pas le même qu'en Occident. Ainsi, il existe une tradition qui consiste à ne pas laisser un défunt partir seul pour l'éternité en lui trouvant un conjoint fantôme ou vivant. Or, l'autrice va clairement puiser dans ce rite pour mettre en difficulté l'une de ses protagonistes et susciter un certain effroi chez les lecteurs. 

Ce récit se colore d'un puissant ésotérisme qui fait naître moult émotions allant de la fascination à l'épouvante.