Aurélie Haderlé est une autrice française qui apprécie autant les littératures de l'Imaginaire que la romance ou le roman régionaliste.
Après une premières incursion au sein de la mythologie nordique, elle réitère l'expérience et nous propose un nouveau titre intitulé Malemort qui est sorti en septembre dernier chez Les Nouvelles éditions ActuSF.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent de m'avoir envoyé ce service de presse dédicacé.
Résumé :
Après le meurtre de son mari et la mise à sac de son village, la chamane Gyda n'a pas d'autre choix que de s'enfuir en emportant avec elle l'un de ses fils, le seul qu'elle a pu sauver. Elle a trouvé refuge au cœur de la forêt et a décidé d'ôter tous les souvenirs à son fils dans le but de le protéger. Seulement, on échappe pas si facilement à son destin. Rattrapé par son passé, Roderik s'est lancé dans une croisade afin de combler les zones d'ombre de sa mémoire et honorer les siens.
Mon avis :
Malemort prend cadre au Xe siècle en Norvège à la période charnière où le christianisme prend le pas sur les anciennes croyances sous le règne d'Olaf Ier. C'est suite au meurtre du jarl Hakon Sigurdsson qu'il s'empare de la Norvège et entreprend la christianisation forcée du pays, en dépit de la forte résistance que les Vikings lui oppose. On lui attribue notamment la construction de la première église de Norvège, en 995 et la fondation de la ville de Trondheim.
L'autrice va s'appuyer sur ce contexte houleux piqué de grandes tensions pour nourrir son intrigue. Ainsi, à la cour d'Olaf, alors qu'un homme d'Eglise est présent, un certain proche du roi insiste pour conter une saga légendaire à la manière de la plus célèbre des pays nordiques, la Völsunga. C'est l'occasion pour Aurélie Haderlé de revisiter la mythologie viking qui vient colorer son univers d'un puissant onirisme. En effet, la magie qui habite les pages de ce roman est liée à Odin pour ce qu'il représente car il est le dieu de la guerre. N'oublions pas que les Vikings perçoivent la vie comme un champ de bataille où la bravoure et l'honneur sont primordiaux. Leur destin est choisi par les Nornes et tous aspirent à rejoindre le Valhalla, le paradis des guerriers morts honorablement au combat grâce à l'intervention des Valkyries qui viennent les chercher afin qu'ils participent à l'ultime bataille dit le Ragnarök sous la houlette de leur dieu tutélaire Odin. Or, l'autrice réinvestit ces éléments majeurs de cette mythologie en nous immergeant notamment dans une quête de vengeance nécessaire pour permettre à de nobles guerriers lâchement assassinés de trouver le chemin de leur Eden.
Au fil des pages les rencontres avec les créatures merveilleuses se succèdent. La forêt est ici un lieu enchanté, fief d'une sorcière qui maintient son petit monde captif d'un charme. Ensorcellement qui peut d'ailleurs être rompu par le toucher d'un objet en fer rappelant ainsi la croyance que le fer ou l'acier effrayaient ces figures et créatures mythologiques.
Plus qu'une histoire de revanche, Aurélie Haderlé a tissé son texte autour d'une quête d'identité en mettant également en lumière le poids du destin. C'est une notion fondamentale pour les nordiques et a donc clairement toute sa place ici. On ne peut y échapper en dépit des détours que la vie nous fait emprunter, celui-ci demeure inéluctable. Derrière ce roman d'aventure, l'autrice évoque l'importance des liens familiaux et de ses racines pour la construction de soi et la projection vers son futur.
Enfin, Malemort parle sans surprise de la mort et se pare donc d'une dimension philosophique, à travers notamment le respect dû aux défunts. Pour les Vikings, la mort n'est qu'un état mais pas une fin en soi. L'existence n'est qu'un éternel recommencement.
Ce roman est donc riche à plus d'un titre. Il s'appuie sur une communauté de héros dont la naissance a été annoncée par les Dises. Ils ont un rôle majeur pour écrire la destinée d'une nation à pleine mutation. Roderik est un personnage intéressant qui va être quelque peu malmené et dont l'oblitération des souvenirs va le conduire à emprunter des chemins de traverse avant d'embrasser sa destinée.
Pour conclure :
Le récit est d'une grande fluidité, très plaisant à lire d'autant qu'on est sur de la fantasy nordique qui s'accorde finalement parfaitement à cette période automnale. Il n'y a donc plus qu'à, n'est-ce pas ?
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