L'influence du "gaming" à la littérature

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28/01/2020

Patrick Moran, Les Six Cauchemars, éditions Mnémos

Grande nouvelle aujourd'hui, la Crécerelle est de retour. Souvenez-vous en 2018 : je vous parlais de ce premier roman de Patrick Moran : un OVNI pour le genre. 

Après le succès de cette pépite de l'Imaginaire, il a enfin repris la plume et nous écrit un nouvel opus consacré à son héroïne atypique.

Je remercie les éditions Mnémos pour l'envoi de ce service de presse époustouflant. 

Redoutable assassin, la simple évocation de son nom en fait trembler plus d'un. Mais depuis quelque temps, la Crécerelle est devenue l'ombre d'elle-même. Elle traîne volontiers dans les bars plutôt que de faire honneur à sa sanglante réputation. C'est d’ailleurs là que vient la déloger Mémoire, une vieille amie devenue membre du Conseil des cités-Etats. Elle souhaite lui confier une mission délicate : celle d'assassiner cinq mages thaumaturges qui menacent la sécurité des cités-Etats. Pour Crécerelle, ce sont tous des anciens camarades : elle les connait bien. Mais connaître sa cible peut autant être une force qu'une faiblesse. Acceptera-t-elle cette mission ? Car finalement si eux représentent une menace, n'en est-elle pas une également ? La Crécerelle s'engage sur une route hasardeuse qui pourrait bien réveiller des souvenirs qu'elle préférait oublier. 

Les Six Cauchemars est un roman qui peut se lire indépendamment. Mais en toute honnêteté lorsque l'on a lu La Crécerelle, on ne résiste pas à la curiosité que suscite ce nouveau livre. 

Je pense que Patrick Moran doit avant tout le succès de son premier roman à son choix de mettre en scène une héroïne si déroutante. Autant on la percevait dans le premier volet comme une tueuse à sang froid, autant dans le second on lui découvre une sensibilité inattendue. La Crécerelle est un personnage complexe, doté d'une force indiscutable mais aussi de secrets qui, finalement, l'humanisent pas mal. C'est aussi un roman qui distille quelques révélations ici ou là. 

A la lecture des Six Cauchemars, on prend conscience que Patrick Moran ne fait que semer des petits cailloux et qu'il nous réserve encore bien des surprises pour l'avenir. 

Un nouveau roman qui explore plus en profondeur l'univers qu'il a bâti. Nous voici transportés dans une cité portuaire bordé par un désert. La Crécerelle s'y retrouve mandatée par le gouvernement en place pour éliminer des éléments gênants. Ainsi, il s'agit bien de tractations et de magouilles politiques dans lequel est projetée notre magicienne. L'auteur nous dépeint un monde dur, peuplé d'hommes et de femmes assoiffés de pouvoir, qui tel un rouleau compresseur, n'hésite pas à détruire ce qui le gêne. 

Complot et manipulation sont les maîtres-mots de ce récit dans lequel La Crécerelle fait figure de marionnette. 

Avec ce nouveau texte, la plume de Patrick Moran se la joue haletante. On est passionnés par les aventures de la Crécerelle et on est juste déçus lorsque la dernière page arrive. 

Fantasy à la Carte
Sur la Blogosphère, découvrez l'avis de La Bulle d'Eleyna

Patrick Moran
Les Six Cauchemars
Editions Mnémos
A lire aussi La Crécerelle de Patrick Moran. 

24/01/2020

Sandrine Alexie, Le Pôle du Monde, tome 3, La Rose de Djam, éditions L'Atalante

Au catalogue des nouveautés des éditions L'Atalante, il y a des titres qui sont très attendus. La suite de La Rose de Djam de Sandrine Alexie en fait clairement partie. 

Avec Le Pôle du Monde, on replonge pour la troisième fois dans ce cycle très immersif où plane un vent d'évasion. 

Reçu un peu avant sa sortie officielle en librairie, je remercie bien entendu Emma et les éditions L'Atalante pour ce nouveau partenariat qui m'enchante. 

J'ai plaisir à retrouver la compagnie de Sibylle, de Peir Esmalit ou de Shudjâ. Alors que notre "mule franque" a mis la main sur la Rose de Djam et tente, par des chemins détournés, de retrouver les Quarante pour leur remettre ce précieux calice, Esmalit, lui, est mise à l'épreuve. C'est le moment pour lui de se montrer digne d'être le véritable seigneur de Terra Nuova. Quant au Loup de Daylâm, depuis qu'il a survécu aux tortures des Frères de la Droite Voie, il a compris qu'un traître se cache parmi les Quarante et que sa protégée court un grave danger. Pour tous, les événements s'accélèrent, alors ils n'ont pas d'autres choix que de se laisser emporter par ce maelstrom d'aventures qu'ils ne contrôlent pas. Même le sage Shudjâ n'a pas prise sur tout. 

Voici un roman qui apporte son lot de surprises et fait monter la tension dans l'action. L'autrice lève le voile sur la traîtrise qui compromet la mission de Sibylle. On prend conscience de l'étendu du danger qu'encourent nos héros sans pour autant bien percevoir toute sa portée. Les enjeux mises à jour sont complexes.

On prête à cette Rose de Djam de tels pouvoirs qu'elle attise forcément la convoitise. Elle est un peu ce que l'Anneau unique a été pour Sauron dans les romans de J.R.R. Tolkien : un objet de puissance auquel les faibles ne résistent pas. C'est le motif de la quête que doivent mener ici les protagonistes de Sandrine Alexie. C'est l'élément fondamental de ce cycle qui agite autant l'avidité des personnages que notre curiosité de lecteurs et d'aventuriers. 


Mais que serait un bon roman sans de charismatiques héros ? 

Sandrine Alexie l'a bien compris et a intégré à son récit des personnages bien trempés, comme sa Sibylle qui n'hésite pas à s'aventurer seule sur les routes dangereuses du Moyen-Orient. Fougueuse, elle ne recule devant aucun péril, pas même face aux mercenaires que lui envoie la Droite Voie. Avec elle, Sandrine Alexie nous brosse le portrait d'une héroïne attachante que l'on n'a pas envie de quitter.

Plus que de relater les périples que des croisés, en leur temps, auraient pu connaître, l'autrice confère à son récit une bonne dose de sorcellerie. En effet, protégée par des forces supérieures, Sibylle se voit dotée de pouvoirs qui lui permettent, par exemple, de tenir éloigné ses poursuivants. Il semblerait que le simple fait de détenir ce graal, cela l'entoure d'une protection magique. Voilà un détail qui donne à ce cycle son caractère fantasy qu'en bons amateurs d'Imaginaire, nous ne saurions résister.  

Les mots de Sandrine Alexie sont des graines qu'elle plante au fil des pages soulignant la grandeur de cette épopée et l'impuissance de ses héros face à cette impossible et insensée quête. 

Le Pôle du Monde poursuit une histoire sombre et captivante. J'ai aimé ce roman, comme les deux précédents, toujours avec autant de fascination et de plaisir. 


Ne passez pas à côté de cette écrivaine de talent !

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mes avis sur L'Appel des Quarante et La Grotte au Dragon

Sandrine Alexie
Le Pôle du Monde
Tome 3
La Rose de Djam
Editions L'Atalante

21/01/2020

Nnedi Okorafor, Qui a peur de la mort ?, éditions ActuSF

En ce début d'année 2020, les éditions ActuSF mettent à l'honneur la plume de Nnedi Okorafor. Ainsi, plusieurs de ses romans vont être édités. Parmi eux, il faut compter sur la réimpression de Qui a peur de la mort ?, primé en 2010 par le World Fantasy Award et en 2014 par le prix Imaginales du meilleur roman étranger

Quand Jérôme Vincent m'a proposé de lire certains de ses livres, j'ai d'emblée été intéressée. Nnedi Okorafor est une autrice que je n'ai pas eu le plaisir de lire jusque-là : l'occasion était trop belle pour la laisser filer. 

En outre, en ouvrant Qui a peur de la mort ? je n'imaginais pas l'apprécier autant. Ce fut pour moi une vraie révélation ! Pour cela, je remercie très sincèrement Jérôme Vincent et les éditions ActuSF pour l'envoi de ce service de presse à couper le souffle. 

Onyesonwu est une enfant du viol. Sa mère, comme tant d'autres Africaines, a été abusée par un homme d'une tribu voisine. Le but de ces hommes est de les exterminer. Ainsi, le modus operandi est le même partout sur le territoire : les villages sont pillés, les hommes sont massacrés et les femmes sont violées, souvent laissées pour mortes. Mais, contre toute attente, la mère d'Onyesonwu survit et s’exile dans le désert. C'est là-bas, qu'elle donnera naissance à son enfant. La déesse Ani l'a exaucée en lui permettant de mettre au monde une fille et non le fils que son violeur attendait. A 6 ans, Onyesonwu s'installe avec sa mère à Jwahir. Son existence passe sur toutes les langues, les commérages vont bon train. Pourtant cela n'empêche pas la jeune fille de s'épanouir et de se faire quelques amies. A la mort de son beau-père, les événements s'accélèrent pour elle. Elle découvre notamment qu'elle peut communiquer avec les esprits et changer de formes. A force de persuasion, elle réussit à convaincre le puissant sorcier Aro d'être son maître afin qu'il lui apprenne à canaliser ses pouvoirs. Plus que de devenir une grande sorcière, Onyesonwu sait qu'elle devra aussi embrasser un grand destin. En effet, en tuant son père biologique, elle espère non seulement venger l'honneur de sa mère mais aussi mettre un terme aux terribles exactions commis par le peuple Nuru. En plus d'être un puissant sorcier, Daib, son géniteur, est également un général qui pousse son peuple à massacrer les Okekes. Mais est-ce qu'une simple jeune fille pourra faire la différence dans ce combat qui s'annonce déjà sans pitié ? 

La genèse de ce roman trouve ses racines dans le chagrin et la douleur. Le décès prématuré de son père a été un tel électrochoc pour Nnedi Okorafor qu'elle a ressenti le besoin d'écrire. D'ailleurs, le premier chapitre, consacré au décès du beau-père de son héroïne, reflète parfaitement son propre état d'esprit suite à la veillée funèbre de son père. Un début poignant qui donne la mesure de ce grand roman. 

Bien que ce livre soit une fiction, l'autrice l'a beaucoup nourri de sa propre histoire, de ses origines et des siens. Tous ses personnages sont inspirés de ses proches. Les faits relatés font références à des événements vécus. C'est le cas de la guerre civile nigérienne qui, dans les années 60, a décimé ou exilé beaucoup d'Africains. C'est elle d'ailleurs qui a poussé ses propres parents à quitter l'Afrique pour Chicago. Un événement traumatisant pour sa famille qui l'a également profondément marquée. C'est de tout cela que l'autrice s'est nourrie pour donner naissance à un texte inattendu et subjuguant. 

Sous sa plume, on explore une Afrique authentique aussi belle que cruelle. C'est un voyage au cœur des traditions et des croyances. 

Nnedi Okorafor dote son personnage principal de capacités hors de commun, tout en lui multipliant les difficultés. Déjà, elle est une femme et donc, de fait, de rang inférieur dans cette société africaine où la femme n'est considérée que comme un simple utérus. Ensuite, elle est née d'un viol, autrement dit elle est ewu, c'est donc une paria tenue à l'écart par tous. Sa différence va même être exacerbée par l'existence de ses pouvoirs qui la fait se sentir encore plus comme un être à part. Malgré tous ces handicaps, Onyesonwu est un personnage fort, solaire et inoubliable. Elle nous ouvre la porte sur des rites ancestraux et mystiques d'une Afrique intemporelle. 

Avec Qui a peur de la mort ?, l'autrice signe aussi un récit d'apprentissage où la quête de l'identité est mise en exergue, aussi bien pour Onyesonwu que pour ses compagnons de voyage. Ce sont tous des adolescents en quête de l'adulte qu'ils souhaitent devenir. 

Nnedi Okorafor nous transporte dans une Afrique post-apocalyptique où la guerre a continué ses ravages, où le progrès n'a pas annihilé les rites et les croyances. C'est un récit tissé de larmes et de violence qui recèle pourtant une vraie beauté, à travers l'espoir qu'il véhicule. 

Il nous prend aux tripes et fait couler nos larmes.

Clairement ce roman impose Nnedi Okorafor comme une autrice qui compte dans le milieu de l'Imaginaire. Un nom dont on n'a pas fini d'entendre parler puisque ce livre est en cours d'adaptation pour HBO. 

Fantasy à la Carte
A lire également sur le blog mon avis sur Kabu Kabu

Nnedi Okorafor
Qui a peur de la Mort ?
552 pages
978-2-36629-854-3
Editions ActuSF


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17/01/2020

Nalini Singh, L’Énigme de l'Archange, Chasseuse de Vampires, tome 8, éditions J'ai Lu

L’Énigme de l'Archange est le huitième tome du cycle Chasseuse de Vampires. Dans ce volet, Nalini Singh nous propose une nouvelle enquête menée par un autre membre de la famille de Raphaël. Cette fois-ci, c'est l'étrange Naasir qui va mener l'enquête. Il est chargé de s'associer à l'érudite Andromeda afin de déterminer l'endroit où repose l'archange Alexander. En effet, une rumeur circule sur le désir de Lijuan de tuer ce dernier pendant qu'il dort encore afin d'éloigner la menace qu'il pourrait représenter pour elle. 

Assassiner un archange dans son sommeil est un crime inacceptable et interdit. Il est donc impératif d'empêcher que cela arrive. L'équilibre du monde, jusque-là maintenu par le Cadre des Anciens, risquerait d'en pâtir, entraînant chaos et destruction.

Nalini Singh signe avec ce livre une nouvelle aventure sous haute tension, plaçant nos héros sur des charbons ardents. 

La mission sera menée par un héros aussi énigmatique qu'animal. Naasir est un être sauvage dont l'existence défie l'imagination et la science. Il est un mystère, un objet de curiosité pour tous, aussi bien pour nous, lecteurs, que pour certaines héroïnes de cette saga. Or dans ce volet, l'autrice a décidé de lever le voile sur certains secrets entourant son existence en le faisant sortir de l'ombre. 

Le magnétisme de ce héros atypique nous tient en haleine autant qu'il nous agace un tantinet. Pourquoi ? En raison de son côté animal, mis en avant par l'autrice, et qui se manifeste lourdement par son obsession de trouver sa femelle. Elle en devient la ligne directrice du roman. Ce qui donne un aspect quelque- peu répétitif nous donnant parfois l'impression de faire du surplace dans l'avancée de l'histoire. 

Hormis ce détail, lire ce huitième tome comble un plaisir de lire une saga d'Urban fantasy de qualité mettant en scène des personnages différents et fouillés. 


Nalini Singh reste maîtresse à bord d'un cycle à l'action efficace.  


Fantasy à la carte

Nalini Singh
L'énigme de l'Archange
Chasseuse de Vampires
Tome 8
Editions J'ai Lu

14/01/2020

Lionel Davoust, La Route de la Conquête, éditions Critic

La Route de la Conquête réunit six novellas qui ont fait l'objet de publications antérieures dans différentes anthologies.

En les rééditant dans un seul recueil, les éditions Critic donnent aux lecteurs le recul nécessaire pour comprendre les grandes étapes par lesquelles est passé le Saint Empire d'Asrethia pour conquérir Evanégyre. Or, quand on s'est lancé dans la saga des Dieux Sauvages, la lecture de cette anthologie devient très éclairante.  

C'est avec la novella éponyme de "La Route de la Conquête" que démarre ce livre. On y retrouve Stannir Korsova, trente-quatre ans après la difficile assimilation du petit royaume de Qhmarr lorsqu'elle accompagnait, en tant qu'aide de camps, le généralissime D'éolus Vastech (La Volonté du Dragon). Depuis lors, les choses ont évolué pour elle. En effet, celle que l'on surnomme aujourd'hui La Faucheuse, débarque dans la steppe dite de L'Océan Vert. C'est la dernière étape qui va marquer l'achèvement de la conquête de tout le quart sud-ouest du Grand Sud d'Heoga après une campagne militaire réussie pour cette commandante aux états de service irréprochables. Seulement, Stannir Korsova accuse les années et est lasse des guerres qu'il faut toujours mener. Or, la rencontre des nomades qui peuplent ce lieu mystérieux pourrait éclairer sous un jour nouveau ce qu'elle accomplit depuis si longtemps pour l'empire. Belle entrée en matière qui fait le lien avec un autre de ses romans phare, tout en en nous informant de la doctrine véhiculée par l'empire : "Conquérir et unifier pour le bien de tous". 

Or, comme toute guerre, elle essaime son lot de violence et de morts. Justement, "Bataille pour un souvenir" et "Au-delà des murs", qui évoquent l'effroyable bataille des Brisants du point de vue des deux camps, forment un parfait témoignage des traumatismes engendrés et du questionnement sur la légitimité de cette guerre. Les soldats sont comme lobotomisés, sous l'influence de drogues, pour mener à bien leur sombre action. Lionel Davoust met le doigts sur l'envers du décor de tout conflit armé. Il nous immerge dans la tête d'hommes sûrs de leur fait, au point de  commettre les pires ignominies et d'oublier jusqu'à leur identité. 

Dans ces histoires de conquêtes coloniales, cet ouvrage ne se contente pas de nous dépeindre les avancées de l'armée impériale. Lionel Davoust a souhaité aussi nous donner un aperçu de la perception de cette assimilation par les populations locales. Si on s'arrête quelques instants sur "La fin de l'histoire", on prend la mesure de la gravité de la situation pour ces peuples qui se sentent acculés face à un ennemi qu'ils ne comprennent pas. C'est ainsi que les Isendrais préfèrent se suicider et assassiner leurs enfants plutôt que de passer sous la domination d'Asrethia. A travers cette novella, l'auteur nous rappelle que finalement la perception de l'Histoire et des victoires idéologiques est subjective et est souvent à voir du point de vue du vainqueur.  

La Route de la Conquête, c'est une succession de récits de batailles armées ou diplomatiques. Lionel Davoust nous plonge dans la politique intérieure menée par l'empire. On suit tour à tour des hommes et des femmes embrigadés dans une soumission par la force, pas toujours bien acceptée. Sous le couvert de ne plus jamais revivre la guerre qui a entaché Evanégyre par le passé, un royaume décide, que pour le bien collectif, ils ne formeront plus qu'une seule entité, - et peu importe, les cultures et les désirs de chacun. 

L'auteur nous emmène ici dans un rapport de force sanglant. Tel un général, il nous décrit très précisément les agissements de ce Saint Empire qui mène ses soldats à l'affrontement perpétuel. 

Une série de novellas qui lève le voile sur la construction de cet empire, mis à mal par Wer, et dont il est question dans le cycle des Dieux Sauvages

Pour ma part, je suis ravie d'avoir lu ce livre qui satisfait ma curiosité sur Asrethia. Des éléments sont révélés mais beaucoup de questionnements demeurent. Alors il n'y a plus qu'à patienter encore un peu car je suis convaincue que le tome 4 de sa grande saga sera très révélateur. 

Fantasy à la Carte

Lionel Davoust
La Route de la Conquête
Editions Critic



10/01/2020

John Howe, L'Artbook, éditions Nestiveqnen

En cette fin d'année 2019, les éditions Nestiveqnen ont réédité L'Artbook de John Howe dans une version augmentée de 16 pages. Dès lors, il m'est apparu intéressant de le commander au Père Noël afin que mes souliers d'enfant sage soient garnis de fantasy

John Howe est un grand nom de la fantasy au même titre que des J.R.R. Tolkien, des  Raymond Feist ou encore des Robin Hobb. Seulement, lui, il donne vie à cet imaginaire avec un crayon ou un pinceau. 

A maintes reprises, j'ai pu voir ce talentueux artiste à l'oeuvre, notamment à travers mes explorations de ses ouvrages, Un Voyageur en Terre du Milieu (éditions Christian Bourgois) et Sur les Terres de Tolkien (éditions L'Atalante). 

Amoureux de la nature, admirateur des vieilles pierres, John Howe est un rêveur qui aime nous emmener à la découverte de mondes oniriques. 

Cet artbook retrace les temps forts de sa carrière, et ne se contente donc pas de nous présenter quelques illustrations du Hobbit ou du Seigneur des Anneaux

John Howe est un artiste accompli qui emporte son public à l'assaut de bien des univers. Cet artbook est une vraie balade guidée par d'autres figures artistiques issues tantôt du cinéma, tantôt de la littérature. Des personnalités avec lesquelles il a travaillées ou qui ont été marquées par son immense talent. 

C'est Viggo Mortensen qui ouvre la porte de cet imaginaire fabuleux. Il nous confie sa première rencontre avec les œuvres de l'illustrateur lorsqu'il s'est retrouvé, par hasard, seul dans l'atelier que John Howe partageait avec Alan Lee à Miramar. Il nous parle de la claque visuelle qu'il a pris ce jour-là. 

Passés les éléments biographiques, on revisite avec ce beau-livre certaines thématiques qu'il a traitées au cours de sa carrière. Ainsi, on peut admirer ses représentations de Merlin (1983, p 30), d'Avalon (1984, p 31) ou encore de Lancelot (1983, p 32) car bien évidemment, il n'a pas résisté à l'appel des légendes arthuriennes

La nature est une grande source d'inspiration pour cet artiste. Des êtres féeriques y sont souvent dissimulées à l'image de son "Elf Fantastic" (1996, p 43). Il aime dessiner les éléments qui se déchaînent,  comme en témoignent ses propositions, malheureusement, rejetées, de The Amber Spyglass de Philip Pullman (2000, p 52-53). Et pourtant, visuellement, elles sont très saisissantes

Le dragon, on le sait, le fascine. Il lui a d'ailleurs consacré de nombreuses planches. Beaucoup sont inspirées des œuvres de J.R.R. Tolkien comme sa vision de "La Mort de Smaug" (1985, p 97), mais il en a également dessiné pour d'autres romans comme le cycle de L'Assassin Royal de Robin Hobb. D'ailleurs, avec cet ouvrage, je réalise tout le travail qu'il a fait pour les romans de cette grande dame de la fantasy qui m'a donné le goût du genre. Je ne peux donc m'empêcher de toutes les admirer. Il y a même Parangon et Vivacia, les navires enchantés des Vestrit tirés des Aventuriers de la Mer (1998-1999, p 146-147). C'est un enchantement visuel d'autant plus quand on lu les livres

De son passage en Alsace, il aura été de toute évidence très marqué par les édifices religieux. La cathédrale de Strasbourg a été pour lui un immense terrain de jeu. En croquant ses gargouilles, ses arcades, ses tourelles, ses couloirs, il nous offre de nouvelles perspectives sur ce lieu chargé de secrets. 

Tous ces témoignages disséminés ici ou là à travers ce livre instaurent une vraie complicité avec le lecteur. On prend plaisir à lire ces petites anecdotes qui reflètent bien notre admiration commune pour les œuvres de John Howe.  

Cet artbook est un précieux témoignage du talent d'un homme qui a passé son temps à donner vie à l'invisible. 

Sombres ou lumineux, esquissés ou peints, tous ses dessins nous offrent la part de rêverie dont on a tant besoin dans nos vies si routinières. 


John Howe
L'Artbook
Editions Nestiveqnen

07/01/2020

Lionel Davoust, La Fureur de la Terre, Les Dieux Sauvages, tome 3, éditions Critic

On démarre l'année avec le troisième opus des Dieux Sauvages de Lionel Davoust. Un roman qui se distingue par son nombre de pages autant que par son intrigue, qui accélère singulièrement le récit de son cycle.  

Pour commencer, un mot pour l'auteur et les éditions Critic, déjà pour les remercier de l'envoi de ce service de presse, ainsi que pour leur soutien renouvelé à Fantasy à la Carte. Avec ce livre, ils m'offrent un vrai moment de plaisir de pouvoir partager avec vous mes impressions sur ce nouveau coup de cœur. 

La Fureur de la Terre s'ouvre sur le siège de Loered qui se poursuit. La cité n'a pas cessé d'être harcelée par l'armée innombrable des Askalites. Bien que fatigué par les privations et la maladie, le peuple de Loered tient bon sous la férule de Mériane qui continue de leur prodiguer espoir et courage. Avec l'aide de Néhyr, la Messagère du Ciel a endossé une armure askalite, repeinte en blanc, pour incarner davantage un symbole. Ainsi revêtue, elle est plus à même d'affronter sur un pied d'égalité cette horde de démons. Seulement l'endosser exige un lourd tribut qu'elle n'est pas sûre de pouvoir fournir jusqu'au bout. Alors que le Verrou du Fleuve se voit rogner ses dernières forces, le prince Erwel, lui, est parti chercher du renfort du côté de la Saracie et des Deux-Sources. Avec l'espoir chevillé au corps de pouvoir ramener à temps les troupes nécessaires pour renvoyer le Pandémonium d'où il vient, le jeune Erwel sera-t-il capable d'imposer sa volonté ? 

Peu importe le front sur lequel ils se battent, les héros de Lionel Davoust sont pris dans un tourbillon de violence et de danger dont il sera difficile de sortir indemne...

Lionel Davoust a choisi de donner deux temps forts à l'action dans son récit. En effet, il nous conte d'un côté les affrontements fracassants entre Askalites et Loerediens, et de l'autre côté, la démarche diplomatique dans laquelle s'est lancé le prince de Rhovelle. En alternant ces deux points de vue, il donne une réelle dynamique à son livre. 

La Fureur de la Terre est un livre pivot à ce cycle des Dieux Sauvages. L'auteur y accélère les événements. Déjà, on sent que Loered arrive à son point de rupture. Le siège vit ses derniers instants. Funeste ou non, on boit littéralement chacun des mots de l'auteur tant on est captivé par cette aventure. De plus, il commence à distiller ici ou là quelques menues révélations sur l'existence de ces dieux sauvages et notamment sur leur passé, ainsi que sur l'empire d'Asrethia. Au fur et à mesure des tomes, on prend conscience que pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter le temps, à l'époque de l'empire justement car c'est là que tout a commencé. Cela va également nous éclairer sur cette étrange magie. 

Bien que très épais, on ne voit pas le temps passé en compagnie de cette plume montante de l'Imaginaire français. 

Les rebondissements se succèdent sans qu'on les voit venir pour autant. Avec La Fureur de la Terre, Lionel Davoust continue de tenir ses promesses de se faire l'auteur d'une grande saga de fantasy

Lionel Davoust
Découvrez l'avis des Chroniques du Chroniqueur
La Fureur de la Terre
Tome 3
Les Dieux Sauvages