L'influence du "gaming" à la littérature

Google console

accueil2

accueil2
Affichage des articles dont le libellé est Editions ActuSf. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Editions ActuSf. Afficher tous les articles

08/07/2025

Josépha Juillet, Animal(e), T.1, Mutation, collection AYA, éditions Actusf

Josépha Juillet, Animal(e)
T.1, Mutation
collection AYA, 
éditions Actusf 

Au regard de sa bibliographie, on peut dire que Josépha Juillet aime se frotter aux littératures de l'imaginaire, et tout particulièrement à la fantasy mâtinée ou non de nuances historiques. 

Toutefois, elle apprécie aussi de varier ses univers en explorant d'autres territoires. C'est le cas avec Mutation, une dystopie publiée initialement en autoédition et que Les Nouvelles éditions ActuSF viennent tout juste de rééditer. 

Ce roman vient, d'ailleurs, inaugurer leur collection dédiée au Young Adult

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résume :

Depuis le décès de ses parents, Claire Mara vit avec son jumeau et sa grand-mère qui tient une herboristerie. Après la disparition de la faune, le monde n'est plus pareil surtout que pour palier à cette absence, des scientifiques ont mis au point un vaccin chargé de changer le code génétique des humains en lui intégrant celui des animaux disparus. Depuis lors, chaque être humain possède en lui un totem animal. Sauf que chez certains, les animaux implantés génétiquement font plus que d'influencer leurs caractères et leurs capacités. On les appelle les Mutations et ils sont traqués et enfermés. Claire a la capacité de percevoir les totems de chacun mais ce n'est pas le seul secret qu'elle cache. Sa rencontre avec Tom, un camarade de classe issu des quartiers plus aisés va bouleverser sa vie au point de lui faire découvrir ce monde sous un nouvel angle et de la mettre également en danger. Alors comment y survivra-t-elle? 

Mon avis;

Avec Mutation, Josépha Juillet nous immerge dans une dystopie. En effet, son récit prend cadre dans un univers postapocalyptique où la France a connu bien des bouleversements climatiques, dont le plus marquant demeure la Grande Inondation. Celle-ci a eu pour conséquence la destruction totale de la faune et la flore, réduisant l'horizon des survivants à la capitale. 

En tout cas, c'est ainsi que le gouvernement en place a présenté les choses à la population car nul n'a été vérifié ce qui se passe au-delà des frontières sauf peut-être la Résistance. Mais existe-t-elle réellement ? Mythe ou réalité, la réponse demeure en suspens. 

Le monde né sous la plume de Josépha Juillet est soumis à un contrôle permanent par un gouvernement semblant quelque peu paranoïaque. Il faut dire que les êtres humains sont différents. Ils ont subi des mutations génétiques faisant d'eux des êtres à part. C'est la touche onirique de l'autrice qui a doté chacun de ses personnages de capacités hors-normes par le biais de gènes modifiés car associés à celui des animaux. Un procédé qui revisite habilement la thématique de la métamorphose sous l'angle scientifique. C'est carrément ingénieux et donne une vraie crédibilité à cet univers futuriste. 

En quelques pages, Josépha Juillet a posé le décor et les enjeux. Tous les éléments sont réunis pour nourrir un récit Young Adult de qualité. 

A cela, elle balaie dans son roman des problématiques très intéressantes. Déjà qui dit récit postapocalyptique dit changements climatiques. Elle débute, d'ailleurs, son livre par un préambule autour de l'extinction des espèces nous rappelant des chiffres qui font froid dans le dos, au vu de leurs conséquences. L'avenir de l'humanité dépend de la survie de la faune et la flore, ce que l'homme semble encore oublier aujourd'hui. 

C'est une problématique qui donne à ce roman une portée politique d'autant que l'autrice insère son histoire dans une société très surveillée par le pouvoir en place. Elle alerte ainsi sur les dérives autoritaires dans lesquelles un gouvernement peut verser sous couvert du bien commun cachant en réalité la peur de perdre la mainmise. Les mécanismes mis en place sont ainsi identifiés à travers la propagande et l'éducation de la jeune génération. 

On va également retrouver la quête de vérité et d'identité propres à ce genre de littérature. 

Ce premier tome est vraiment d'une grande richesse car il parle beaucoup de résistance. Celle-ci passe par une réflexion autour du fonctionnement interne de la société. La narratrice pose un regard critique sur le monde qui l'entoure. C'est ce qui la fait progresser. 

Josépha Juillet s'appuie sur des protagonistes intéressants. Bien que jeunes, ce ne sont que des adolescents, et pourtant, ils ne manquent pas de ressources. J'apprécie tout particulièrement la relation fusionnelle liant les jumeaux. Ils incarnent des valeurs fortes telles la famille et l'amitié qui demeurent des piliers importants pour la construction de chacun. 

L'autrice n'a fait que de disséminer quelques éléments ici ou là mais on sent déjà certaines des relations qui ne manqueront pas de se tisser par la suite. Mais, je dois avouer que l'aveuglement de l'un des protagonistes principaux est quelque peu agaçant. Pour autant, on pressent déjà les choses mais il nous faudra juste faire preuve de patience pour les voir se concrétiser. 

Pour conclure :

Dans l'ensemble, j'ai trouvé ce premier tome excellent car il pose bien les enjeux et nous permet de faire connaissance avec l'ensemble des personnages. 

Toutefois, j'ai hâte de lire la suite pour rentrer pleinement dans l'action car même s'il y en a un peu ici, celle-ci n'est pas au cœur du livre qui se révèle être davantage un tome d'exposition. 

Alors vivement 2026 pour la sortie du volume 2. On se dit donc à bientôt. 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, l'avis de : Les Victimes de Louve.

Informations

Josépha Juillet
Animal(e)
T.1
Mutation
Collection AYA
9782376866923
450 pages
Editions ActuSF

Lien vers le site

24/06/2025

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, Festin de Larmes, Les Nouvelles éditions Actusf

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, 
Festin de Larmes
éditions Actusf 

Après nous avoir fait rire avec leur réappropriation du mythique Entretien avec un vampire d'Anne Rice, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy récidivent en mêlant à nouveau leur plume pour nous livrer un autre récit vampirique. 

Toutefois il n'est pas question ici de parodie car Festin de Larmes, qui vient de paraître chez Les Nouvelles éditions ActuSF, se classe davantage comme un vibrant hommage à la littérature du 19e siècle. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Depuis la disparition de sa sœur jumelle, Aubrey Clare n'est presque plus que l'ombre de lui-même. Il préfère la compagnie des statues du cimetière où il trouve refuge plus souvent que de raison plutôt que celle de ses semblables. La raison est qu'il trouve un grand réconfort dans l'immobilité minérale de ces nobles gardiens. L'arrivée inopinée de l'étrange mais non moins séduisant Tristan de Vardalec va complètement le bouleverser au point de lui faire emprunter des chemins interdits. Y trouvera-t-il seulement la paix ? 

Mon avis :

Festin de Larmes est un roman épistolaire typique de la fin du 18e siècle très inspiré par la littérature gothique. Vampirisme oblige, l'écrin choisi par ce duo d'auteurs est donc fort à-propos. 

Dès la première lettre, on se laisse envoûter par l'ambiance intrigante mâtinée de spiritisme et de vaudou de ce livre. Morgane Caussarieu et Vincent Tassy ont choisi La Nouvelle Orléans comme lieu de l'action de leur récit. Un choix qui laisse transparaître leur premier clin d'œil à Anne Rice. Ce n'est pas le seul comme le détaille le très érudit Adrien Party dans sa postface de cette œuvre. Impossible pour ces deux inconditionnels de celle que l'on nomme encore aujourd'hui la reine des vampires de ne pas piquer leur texte de discrètes mentions y faisant référence. 

Dans Festin de Larmes, l'atmosphère prend une saveur très particulière. Elle tient autant à l'ambiance des soirées mondaines teintées d'extravagance divinatoire ou licencieuse selon les lieux que de l'énigmatique Tristan de Vardalec. En effet, la présence de cet étrange personnage aussi attirant que mystérieux confère à cette histoire tout son charisme. A travers lui, les auteurs revisitent habilement la figure du vampire en l'infusant au mythe grec de Pygmalion et de Galatée. Ils s'appuient notamment sur l'immobilité presque minérale du vampire pour faire le lien. L'idée est excellente. Ainsi, plus que leur beauté irrésistible Morgane Caussarieu et Vincent Tassy jouent sur d'autres éléments pour faire du vampire un prédateur de choix.

Festin de Larmes est une tragédie qui nous conte la déchéance d'une famille. Tout du long, notre lecture est alourdit par le deuil et la perte que porte le personnage principal. Les lettres sont empreintes d'émotions. Ce sont celles d'une âme en peine cherchant d'abord à surmonter le décès de sa sœur. Aussi l'arrivée d'un étonnant et séduisant personnage constitue pour ce dernier un bon dérivatif. 

Il y est aussi beaucoup question d'obsession, de sexualité, de quête d'identité et de convenances sociales. 

Les auteurs signent un récit bien dans son époque agrémenté d'une vraie modernité grâce à un questionnement habile de cette société à la fois décadente et enferrée dans un lourd carcan. 

Comme il est souvent de mise dans la littérature du 19e siècle, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy s'appuient sur un aéropage de protagonistes tortueux, à l'image d'Aubrey Clare qui en est la parfaite incarnation. C'est un jeune homme issu de la bonne société qui est autant étouffé par le chagrin d'avoir perdu sa sœur que par les convenances de son monde l'obligeant à une union contre nature pour lui. On le suit dans sa quête de l'impossible touchant parfois à la folie. En nous transmettant son histoire par le biais de lettres, cela touche à l'intime et établit de suite une proximité avec le lecteur. On pénètre au cœur de ses émotions, de ses obsessions et de ses craintes, c'est vibrant. Quant à Tristan de Vardalec, c'est un être insaisissable et secret. Il fascine autant par sa beauté que par sa part d'ombre et d'inconnu. Il est inquiétant et insuffle au texte sa part d'horrifique. En sa présence, on est tiraillé entre le sentiment de vouloir tout connaître de lui tout en craignant de trop en savoir provoquant ainsi notre perte. A travers lui, les auteurs nous dressent le portrait de la plus fascinante créature de la littérature qui n'a de cesse depuis quatre siècles d'enflammer l'imagination. 

Avec Festin de Larmes, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy signent un roman purement addictif.

Les plumes de ces deux auteurs se mêlent habilement pour nous livrer un récit aussi poétique qu'inquiétant. C'est donc une réussite autant du point de vue du fond que de la forme car l'écrin est de toute beauté auréolé d'un jaspage superbe et agrémenté de magnifiques illustrations. 

Pour conclure :

Clairement c'est un livre que toute bonne bibliothèque devrait se targuer de posséder. Je dis ça, je dis rien. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Entrevue Choc avec un Vampire, Rouge Toxic, Rouge Venom et Diamants

Informations

Morgane Caussarieu
Vincent Tassy
Festin de Larmes
9782376866862
330 pages
Les Nouvelles éditions ActuSF

Lien vers le site

17/06/2025

Julie Elles, La Rose et le Serpent, éditions ActuSF

Julie Elles, La Rose et le Serpent, éditions ActuSF 

En publiant La Rose et le Serpent, les éditions ActuSF ont fait le choix de mettre en avant une nouvelle signature de l'imaginaire. Or, vu de la grande qualité de ce premier texte, on ne peut que s'en féliciter. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Alana est fière d'œuvrer au sein de la Brigade Impériale, commandée par son père Richard Meraude. Servir son pays est pour elle un véritable accomplissement. Pour autant, elle ne cautionne pas tous les excès de cette politique qui se montre bien trop intolérante envers ceux qualifiés d'hérétiques. Bien que sans grand pouvoir, elle essaye même toujours de protéger les persécutés et d'empêcher les arrestations arbitraires. Or, sa routine de brigadière est chamboulée lorsqu'elle est chargée d'accompagner une mission diplomatique en Ancorha. Là-bas elle fait la connaissance d'un certain Soren Arsalane, le maître d'armes d'un puissant Haut-Magistrat. La rencontre avec cet homme énigmatique, épéiste chevronné va impulser une nouvelle tournure à sa vie. Mais saura-t-elle prête à en accepter toutes les conséquences ? 

Mon avis :

Dans La Rose et le Serpent, Julie Elles nous balade entre la république d'Ancorha et l'empire de Falécie, deux nations autrefois proches devenues aujourd'hui ennemies. Elles incarnent aussi deux systèmes politiques différents, se défiant l'une de l'autre. Ainsi, pour faire face à la puissance des mages qui peuplent l'empire, la république s'est dotée d'une puissante armée en prévision d'un conflit armé qui ne manquera pas d'éclater dans un avenir proche. 

La magie s'exprime à travers un langage spécifique et s'apprend à l'école. Elle est puissante et redoutée. Elle instaure une société de castes différenciant ceux qui la maîtrisent des autres. Ainsi, la Falécie mène une politique autoritaire et agressive traquant toute opinion divergente ou culte différent. L'ambiance y est oppressive pour celles et ceux qui pensent autrement ou qui ne sont pas dotés des mêmes dons. 

Dans cet univers, magie et pouvoir sont donc intimement liés. Pire ils poussent même aux plus viles trahisons. Elles nourrissent d'ailleurs le nœud de l'intrigue de ce roman. En effet, La Rose et le Serpent est avant tout un roman politique qui évoque la chute d'un empire par traîtrise et renversement d'alliances. Dans son livre, Julie Elles nous transporte des années plus tard et y analyse les conséquences car rien de sain ne peut sortir d'un système reposant sur des mensonges. 

C'est la raison pour laquelle on ne s'étonne pas de se retrouver également dans une quête de vengeance et de vérité. C'est là tout le sel de ce roman qui nous tient pleinement en haleine car l'autrice manie les vérités et les manipulations avec beaucoup d'habileté. 

Derrière La Rose et le Serpent se dissimulent des histoires familiales complexes mêlant entre elles des destins tourmentés. Il en ressort un texte bouleversant riche en émotions ressenties envers tous ces personnages que Julie Elles se plaît à malmener. 

La Rose et le Serpent est un roman choral qui alterne les points de vue d'Alana et de Soren. On les suit tour à tour dans leur vie et on apprend à démêler la complexité de leur âme. 

Ici l'autrice nuance pas mal l'ensemble de ses protagonistes mais on notera que certains sont plus sombres que d'autres. 

Par les tragédies qui ont jalonné sa vie, l'âme de Soren est quelque peu ténébreuse. Pour autant, il n'incarne pas le mal. Sa quête trouve même une forme de légitimité. Il oscille entre revanche et rédemption au fil des pages. Les secrets et les tourments qui agitent son cœur sont autant d'éléments qui renforcent notre attachement à lui. Alana, quant à elle, cherche à complaire à son père et à travers lui, la reconnaissance de ses pairs. Fille illégitime d'un homme de pouvoir, Alana a du mal à trouver sa place dans ce monde qui lui est hostile. Pour y parvenir elle devra renouer avec son passé et peut-être rompre avec son éducation mais n'est-ce pas le prix de cette liberté tant désirée ? 

Pour un premier roman, Julie Elles a mis la barre haute car elle y réunit tous les ingrédients qui font le succès d'un texte, surtout qu'il est porté par une plume très fluide. 

Pour conclure:

C'est une fantasy traditionnelle mais d'une grande efficacité qui nous emmène au cœur d'un monde riche et cohérent. Gros coup de cœur pour cette pépite !

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, l'avis de Phooka sur Bookenstock.

Informations

Julie Elles
La Rose et le Serpent
9782376866848
670 pages
Editions ActuSF

Lien vers le site

27/04/2025

Thibault Lafargue, Le Bouffon de la Couronne, Tome 1, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Thibault Lafargue, Le Bouffon de la Couronne, T.1, 
collection Bad Wolf, 
éditions ActuSF 

Scénariste et réalisateur pour le cinéma, Thibault  Lafargue est également l'auteur d'un premier roman de fantasy magistral paru aux éditions ActuSF.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Rien ne prédestinait Sébrain à une vie au service du roi. En effet, lui le Fournier au moulain de Fore-le-Bourg se voyait plutôt comme Grand Apprenti du Moulain d'Or Blanc. Seulement par un mauvais coup du sort, le voici obligé d'enfiler les habits de bouffon du roi en échange de la vie sauve. Dès lors, c'est une toute nouvelle vie qui s'offre à lui remplie de mensonges et de farces. Mais dans ce monde de faux-semblants, arrivera-t-il à trouver sa place ? 

Mon avis :

Dans Le Bouffon de la Couronne, Thibault Lafargue nous immerge dans un monde clivé où deux royaumes s'affrontent. En effet, la Ponance et la Levance sont en guerre depuis des lustres. Les victoires et les défaites s'enchaînent pour l'un ou l'autre camp sans pour autant sonner la fin du conflit. Mais, l'arrivée au pouvoir de Guillon Saintelarme comme souverain ponant pourrait bien changer les choses car le sire est bien décidé à signer la paix avec le sultan levant. Pour preuve de sa bonne volonté, il est même prêt à accorder la main de sa fille à l'héritier de son ancien ennemi légitimant ainsi la Mixité. Un choix politique qui ne sera pas au goût de tous tout en insufflant au récit son ambiance pesante alourdie par les complots et les trahisons. 

D'autant qu'à Belle-la-Ménure où se déroule l'action de ce premier volet, la religion en place subit une vive critique avec le retour en force de la croyance prohibée de l'Art. Or, derrière ceux qui se font appeler les Artistes se dissimulent peut-être la volonté de faire revivre le culte de la déesse Eléanor tant redoutée par le Triste. 

Entre ces lignes, l'Art est assimilé à une forme de magie proscrite car quiconque la pratiquant est voué au bûcher. En outre, les pages de ce livre sont habitées par un léger merveilleux se manifestant sous forme de prodige, à l'image de ces fascinantes Célestines, une sorte de bateaux volants reliant Fore-le-Bourg au château de Belle-la-Ménure et au Moulain d'Or Blanc.

Le Bouffon de la Couronne est un récit de haut vol rempli de conspirations et de situations inattendues où le rire se dispute au danger. L'intrigue est bien menée mêlant jeux d'esprit et coups de bâton. 

La plume de l'auteur est particulièrement savoureuse faisant le choix de mettre en scène des personnages hauts en couleurs. Au-delà du personnage principal fort attachant au demeurant qui se retrouve à devoir endosser un costume bien trop grand pour lui, on fait également la rencontre avec d'autres protagonnistes tout aussi inoubliables. Il y a, par exemple, la bouffonne Jeanny la folle qui dissimule ses blessures de l'âme la rendant très touchante, sans oublier l'intrigante Catheriniane qui tisse sa toile dans l'ombre pour mieux manipuler son monde. 

Dans Le Bouffon de la Couronne, Thibault Lafargue a enrichi son texte de thématiques variées. En effet, il nous parle aussi bien d'intolérance, de guerre de religions que de manipulation politique. En outre, il est également question de relations familiales complexes, et d'accomplissement féminin ou parental, à travers cette délicate notion du manque d'enfant.  

Ce livre est prenant et riche en émotions. Thibault Lafargue se fait l'auteur d'un texte qui ne laisse pas indifférent et dont on a grandement envie d'en découvrir tous les secrets. 

Pour conclure :

En refermant ce livre, je ne peux que féliciter les éditions ActuSF de nous avoir dénicher un tel talent car ce roman est clairement à classer parmi mes meilleurs coups de cœur de l'année 2025. Hâte de lire la suite !

Fantasy à la Carte

Informations

Thibault Lafargue
Le Bouffon de la Couronne
9782376866800
645 pages
Collection Bad Wolf
Editions ActuSF

Lien vers le site 

14/03/2025

Jonathan L. Howard, Le Détective, T.2, Johannes Cabal, éditions ActuSF

Jonathan L. Howard, Le Détective
T.2, Johannes Cabal
éditions ActuSF 

S'il y a bien une sortie littéraire que j'attendais et à laquelle je ne croyais plus, c'est bien la série Johannes Cabal de Jonathan L. Howard. 

En effet, le premier tome m'avait bien plu, l'humour grinçant de l'auteur et son imaginaire déjanté ont fait merveille pour rendre cette lecture divertissante. Alors vous pensez bien que j'ai fort apprécié de me replonger dans cette saga. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors qu'il est emprisonné, en attente de son exécution, on vient le trouver au fond de sa geôle pour lui proposer une mission délicate en échange de sa liberté. S'il veut vivre, Johannes Cabal n'a pas d'autre choix que d'accepter de ranimer l'empereur de Mirkavie le temps que ce dernier prononce un discours censé faire basculer le destin du pays. Évidemment rien ne va se passer comme prévu.

Mon avis :

Dans Le Détective, Jonathan L. Howard renoue avec son personnage emblématique Johannes Cabal et son univers décalé. 

Pour sauver sa tête, ce dernier se retrouve mêlé, bien malgré lui, aux affaires d'Etat de la Mirkavie qui l'entraînent dans une succession de mésaventures. 

On est sur un récit très politique où plane l'ombre de la guerre car le territoire de la Mirkavie est véritablement au cœur d'un enjeu de pouvoir. Ainsi, Jonathan L. Howard semble plongé jusqu'au cou dans une multitude de complots dont il n'a cure mais qui ne manquent pas de lui compliquer la vie. L'aventure imaginée par Jonathan L. Howard est ici particulièrement captivante car piquée de nombreux secrets ainsi que d'une ambiance steampunk très à-propos. 

En effet, l'auteur a choisi d'embarquer son personnage principal à bord d'un dirigeable très avant-gardiste le temps d'une virée qui va vite être entachée par une série de meurtres et de mystères.  

21/01/2025

Victor Lavalle, Le Changelin, éditions ActuSF

Victor Lavalle, Le Changelin, éditions ActuSF 

Victor Lavalle est un écrivain de science-fiction et de fantasy. Que ce soient ses trois romans, ses deux novellas ou son recueil de nouvelles, tous ses textes ont connu un succès critique.

Adapté en série sur AppleTV, Le Changelin est paru en France en octobre 2024 chez Les Nouvelles éditions ActuSF.

C'est un roman qui n'est d'ailleurs pas passé inaperçu puisqu'à peine sorti il a raflé les prestigieux prix Locus, World Fantasy et British Fantasy du meilleur roman d'horreur en 2018.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Apollo Kagwa est chasseur de livres anciens à New York. Un métier qui le passionne. Sa vie lui paraît parfaite maintenant qu'il est marié et papa d'un petit garçon et ce, en dépit du manque affectif crée par le départ soudain de son père durant sa petite enfance. Mais tout vole en éclats le jour où son épouse, qu'il pensait pourtant bien connaître, commence à adopter un inquiétant comportement jusqu'à commettre l'innommable. Passé le choc et l'incompréhension, Apollo va s'embarquer dans une quête de vérité aux conséquences bouleversantes. Mais, acceptera-t-il les réponses trouvées ?

Mon avis :

Le Changelin est un roman contemporain piqué de notes fantastiques. Victor Lavalle s'est réapproprié le mythe du changeling issu des folklores irlandais, écossais et scandinave et faisant référence à un leurre laissé par les fées, les trolls, les elfes ou toutes autres créatures du Petit peuple à la place d'un nouveau-né humain qu'ils enlèvent. Bien que ce soit le titre du roman le doute subsiste quant à la réalité de l'existence de telles créatures dans cette histoire. En effet, Victor Lavalle joue avec ses lecteurs comme avec son personnage principal, en les enfonçant dans une atmosphère de plus en plus sombre et pesante sans pour autant confirmer la présence d'une quelconque magie. On verse progressivement dans un texte horrifique à travers le comportement troublant de certains protagonistes. Des paroles sont prononcées et viennent jeter l'effroi dans le cœur des lecteurs. C'est un récit qui donne la chair de poule nous faisant osciller entre le thriller domestique et le roman d'horreur. Avec Le Changelin, Victor Lavalle signe un vrai roman d'ambiance doublé d'une réinterprétation habile des légendes. 

Plus que d'avoir écrit un récit d'une grande qualité qui répond à toute ses promesses frissonnantes, Victor Lavalle l'a également enrichi d'un vrai questionnement de la société actuelle dans ses problématiques. 

Il y brasse beaucoup de thématiques toutes plus intéressantes les unes que les autres. Ainsi, il met en lumière la fracture sociale de la société américaine  où l'on ne peut être que très riche ou très pauvre. Il nous parle des difficultés d'être un parent isolé notamment lorsque l'on est une femme. Le monde est impitoyable envers les couches populaires les plus basses qui cumulent les boulots sans pour autant s'en sortir. La charge mentale des femmes est telle entre cet impératif de subvenir aux besoins de leur famille et la bonne éducation de leurs enfants qu'elles doivent encore subir les mauvais traitements de certains hommes sous la forme d'un quelconque harcèlement. Dans son roman, l'auteur met à l'honneur le courage de ces femmes qui tiennent le cap en dépit des nombreuses difficultés rencontrées, à l'image, par exemple, du personnage de Lillian. 

La discrimination entre ces lignes touche autant les femmes que les gens de couleur. Ainsi, la présence d'un homme noir dans un quartier résidentiel de nuit suscite encore et toujours la suspicion de la police. 

Mais Victor Lavalle ne se contente pas de parler des dysfonctionnements de la société car il mentionne également la dépression post-partum en insistant sur ses terribles conséquences aussi bien sur la mère que sur l'enfant. 

Enfin, il alerte sur les dangers des réseaux sociaux et des appareils connectés qui sont autant de portes ouvertes sur la vie privée des gens dévoilant leurs secrets, voire menaçant leur intégrité. L'auteur nous offre une prise de conscience sur les conséquences de cette intrusion dans son intimité. 

C'est à travers le regard d'Apollo Kagwa que l'on découvre cette histoire. C'est un doux rêveur qui aspire surtout à une vie paisible mais se retrouve obligé d'enfreindre les règles et la loi. Bien que très mal à l'aise, il n'a pas d'autre choix que de poursuivre le road-trip dans lequel il est engagé s'il veut découvrir la vérité sur sa femme et son fils. Plus qu'une quête de vérité, sa démarche va l'amener sur les chemins du passé pour mieux l'éclairer sur son identité. L'histoire n'en est donc que plus puissante. 

Pour conclure :

Enorme coup de cœur pour cette plume incisive et cet imaginaire fabuleux qui nous entraîne à perdre haleine dans l'exploration d'un passé bien mystérieux. 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, les avis de : Le Bibliocosme et Maud Elyther.  

Informations

Victor Lavalle
Le Changelin
9782376865902
584 pages
Editions ActuSF

Lien vers le site

13/10/2024

Aurélie Haderlé, Malemort, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Aurélie Haderlé, Malemort, éditions ActuSF 

Aurélie Haderlé est une autrice française qui apprécie autant les littératures de l'Imaginaire que la romance ou le roman régionaliste. 

Après une premières incursion au sein de la mythologie nordique, elle réitère l'expérience et nous propose un nouveau titre intitulé Malemort qui est sorti en septembre dernier chez Les Nouvelles éditions ActuSF

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent de m'avoir envoyé ce service de presse dédicacé. 

Résumé :

Après le meurtre de son mari et la mise à sac de son village, la chamane Gyda n'a pas d'autre choix que de s'enfuir en emportant avec elle l'un de ses fils, le seul qu'elle a pu sauver. Elle a trouvé refuge au cœur de la forêt et a décidé d'ôter tous les souvenirs à son fils dans le but de le protéger. Seulement, on échappe pas si facilement à son destin. Rattrapé par son passé, Roderik s'est lancé dans une croisade afin de combler les zones d'ombre de sa mémoire et honorer les siens.

Mon avis :

Malemort prend cadre au Xe siècle en Norvège à la période charnière où le christianisme prend le pas sur les anciennes croyances sous le règne d'Olaf Ier. C'est suite au meurtre du jarl Hakon Sigurdsson qu'il s'empare de la Norvège et entreprend la christianisation forcée du pays, en dépit de la forte résistance que les Vikings lui oppose. On lui attribue notamment la construction de la première église de Norvège, en 995 et la fondation de la ville de Trondheim. 

L'autrice va s'appuyer sur ce contexte houleux piqué de grandes tensions pour nourrir son intrigue. Ainsi, à la cour d'Olaf, alors qu'un homme d'Eglise est présent, un certain proche du roi insiste pour conter une saga légendaire à la manière de la plus célèbre des pays nordiques, la Völsunga. C'est l'occasion pour Aurélie Haderlé de revisiter la mythologie viking qui vient colorer son univers d'un puissant onirisme. En effet, la magie qui habite les pages de ce roman est liée à Odin pour ce qu'il représente car il est le dieu de la guerre. N'oublions pas que les Vikings perçoivent la vie comme un champ de bataille où la bravoure et l'honneur sont primordiaux. Leur destin est choisi par les Nornes et tous aspirent à rejoindre le Valhalla, le paradis des guerriers morts honorablement au combat grâce à l'intervention des Valkyries qui viennent les chercher afin qu'ils participent à l'ultime bataille dit le Ragnarök sous la houlette de leur dieu tutélaire Odin. Or, l'autrice réinvestit ces éléments majeurs de cette mythologie en nous immergeant notamment dans une quête de vengeance nécessaire pour permettre à de nobles guerriers lâchement assassinés de trouver le chemin de leur Eden.

Au fil des pages les rencontres avec les créatures merveilleuses se succèdent. La forêt est ici un lieu enchanté, fief d'une sorcière qui maintient son petit monde captif d'un charme. Ensorcellement qui peut d'ailleurs être rompu par le toucher d'un objet en fer rappelant ainsi la croyance que le fer ou l'acier effrayaient ces figures et créatures mythologiques. 

Plus qu'une histoire de revanche, Aurélie Haderlé a tissé son texte autour d'une quête d'identité en mettant également en lumière le poids du destin. C'est une notion fondamentale pour les nordiques et a donc clairement toute sa place ici. On ne peut y échapper en dépit des détours que la vie nous fait emprunter, celui-ci demeure inéluctable. Derrière ce roman d'aventure, l'autrice évoque  l'importance des liens familiaux et de ses racines pour la construction de soi et la projection vers son futur. 

Enfin, Malemort parle sans surprise de la mort et se pare donc d'une dimension philosophique, à travers notamment le respect dû aux défunts. Pour les Vikings, la mort n'est qu'un état mais pas une fin en soi. L'existence n'est qu'un éternel recommencement. 

Ce roman est donc riche à plus d'un titre. Il s'appuie sur une communauté de héros dont la naissance a été annoncée par les Dises. Ils ont un rôle majeur pour écrire la destinée d'une nation à pleine mutation. Roderik est un personnage intéressant qui va être quelque peu malmené et dont l'oblitération des souvenirs va le conduire à emprunter des chemins de traverse avant d'embrasser sa destinée.

Pour conclure :

Le récit est d'une grande fluidité, très plaisant à lire d'autant qu'on est sur de la fantasy nordique qui s'accorde finalement parfaitement à cette période automnale. Il n'y a donc plus qu'à, n'est-ce pas ? 

Fantasy à la Carte

Informations

Aurélie Haderlé
Malemort
Collection Bad Wolf
9782376866572
328 pages
Editions ActuSF 

Lien vers le site

01/08/2023

Ciel Pierlot, Bluebird, éditons ActuSF

Ciel Pierlot, Bluebird, éditons ActuSF 

Jeune plume de science-fiction, Ciel Pierlot publie un premier roman qui a immédiatement attiré l'attention puisque Bluebird a été dans la liste des recommandations du prix Locus en 2022 et est en lice pour le Compton Crook Award du premier roman. Voilà qui donne donc le ton quant à la qualité de ce texte. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Voilà trois ans que Rig a quitté précipitamment sa faction Pyrite avec les plans d'armes de destruction massive en poche qu'elle a elle-même inventées. Esprit brillant, cette Kashrini, flattée par l'intérêt qu'on lui portait, n'a pas réalisé de suite la portée de ses recherches jusqu'à ce que celles-ci soient au point. Alors pour contrecarrer les plans diaboliques de ces factions rivales qui mettent la galaxie à feu et à sang et racheter ses fautes, elle s'est associée à un groupe de résistants pour mettre à l'abri des victimes de cette impitoyable guerre. Pour autant, peut-elle réellement échapper encore longtemps à ses poursuivants ?

Mon avis :

Bluebird est un space opera dans lequel Ciel Pierlot a imaginé la galaxie être aux mains de trois factions rivales : Pyrite, Ossuaire et Ascétique. L'origine de cet univers prend sa source dans un mythe fondateur contant l'histoire d'une étoile tombée dans la galaxie d'où seraient sortis trois groupes d'humains qui se dispersèrent sur les différentes planètes après s'être partagés les restes de leur étoile. Sous le couvert de vénérer leurs dieux morts mais avec l'idée qu'un seul a survécu sans réussir à déterminer lequel, ils ont continué d'alimenter le conflit qui les opposait déjà sur leur étoile, ravageant ainsi les espaces colonisés en les noyant sous le poison. 

Ainsi, le contexte guerrier est posé. Il implique sans surprise des persécutions, de l'espionnage, des exécutions et des trahisons, mais aussi de la résistance et de l'opportunisme. Ainsi, Ciel Pierlot ajoute à l'échiquier des bataillons de dissidents surnommés les Oiseaux-nocturnes et un obscur groupuscule de mercenaires, répondant au nom d'Ombrevent. C'est donc au cœur de ce danger que l'on suit une Rig tentant d'aider les uns tout en essayant d'échapper aux autres. 

Propulsé dans une course poursuite, le space opéra qui naît sous la plume de Ciel Pierlot prend très vite la saveur d'une guerre des étoiles où l'on est ballotés de planète en planète en voyageant à bord d'un mythique vaisseau spatial. 

26/07/2023

Victor Battaggion & Anne Besson, Fantasy & Moyen Âge, éditions ActuSF

Anne Besson & Victor Battaggion, Fantasy & Moyen Âge, éditions ActuSF 

Après le succès de la campagne Ulule en 2022, l'ouvrage Fantasy & Moyen Age a débarqué en librairie en grande pompe en juin dernier. 

Sous la direction d'Anne Besson, professeure et chercheuse en littérature générale et comparée et de Victor Battaggion, rédacteur en chef adjoint du magazine Historia, cet ouvrage propose une succession d'articles détaillés afin d'illustrer au mieux la réception du Moyen Âge sur la fantasy

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse exceptionnel qui m'a particulièrement enchantée. 

Il faut dire qu'avec Fantasy et Moyen Âgeon table sur un très beau livre. Richement illustré, le livre est relié, dispose d'un signet et d'une superbe couverture rigide, réhaussée par un titre et un liseré fleuri calligraphié en lettres argentées. Le grain des pages est de grande qualité et donne à ce livre, un petit côté grimoire. 

Véritable enchantement pour les yeux, la richesse de son contenu en fait clairement un ouvrage de référence pour les amateurs du genre ou les simples curieux. 

Il se divise en trois parties avec d'un côté, les inspirations littéraires et artistiques, puis les inspirations historiques et de l'autre côté, les incontournables de la fantasy médiévale.


C'est William Blanc et Justine Breton qui ouvrent le bal avec l'incontournable légende arthurienne, considérée comme l'une des plus anciennes sources de la fantasy médiévale. Ainsi, ils passent en revue toutes les réécritures proposées depuis le XIIe siècle qui ont nourri le mythe en le modifiant partiellement et en l'adaptant aux besoins de l'époque. 

D'ailleurs, les sources anciennes ne manquent pas, à commencer par le long poème du Beowulf qui a inspiré de nombreux écrivains, à l'image de J.R.R. Tolkien. En effet, l'épopée d'un homme parti combattre des monstres demeure un motif récurrent pour la fantasy

Rendu célèbre par Richard Wagner, à travers son opéra en quatre pièces, L'anneau du Nibelung, la légende des Nibelungen constitue aussi une source d'inspiration inépuisable. Leg colossal, J.R.R. Tolkien est l'un des rares à en avoir piocher que quelques éléments allégeant grandement la matière et rendant le mythe nettement plus accessible. 

Même si la fantasy a longtemps été dominée par des inspirations celtiques et nordiques, elle connaît un regain avec les légendes venues d'Orient, à travers cette vogue pour les contes orientaux, tel le célèbre Mille et une Nuits ou encore l'influence de la mythologie slave dont l'imposant bestiaire merveilleux a notamment inspiré Andrzej Sapkowski pour sa saga du Sorceleur

04/07/2023

Floriane Impala, Le Jardin des Hespérides, T.2, La Brigade du Surnaturel, éditions ActuSF

Floriane Impala, Le Jardin des Hespérides
T.2, La Brigade du Surnaturel
éditions ActuSF 

Quand la nouvelle est tombée qu'un deuxième tome de La Brigade du Surnaturel était prévu pour juin aux éditions ActuSF, mon cœur a dansé la gigue tant j'avais adoré le premier volet. Il faut dire que la plume de Floriane Impala est si pétillante qu'on ne lui résiste pas longtemps, croyez-moi !

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé : 

Depuis que Satan a décidé de faire le coming-out des surnaturels sans consulter personne, le bordel s'est installé dans le monde et dans la vie de Claire par la même occasion. Et comme si cela ne suffisait pas le climat a décidé de se détraquer à son tour tel un prélude à l'apocalypse. Mais heureusement Claire est sur le coup et elle compte bien remettre de l'ordre dans ce bazar car n'est-elle pas un bouclier contre le chaos ? Seulement, elle ne sera pas seule pour entreprendre cette mission casse-cou car on lui a collé Keziah dans les pattes. En froid avec l'incube, la nouvelle ne la réjouit pas d'autant qu'ils sont envoyés tous deux à Paris pour mettre la main sur une mystérieuse clé censée ouvrir le jardin des Hespérides. Un simple aller-retour devrait suffire, non ? 

Mon avis :

Avec Le Jardin des Hespérides, on retrouve l'univers de fantasy urbaine très fouillé de Floriane Impala qui joue beaucoup avec des mythologies d'origine diverse. Aussi, les emprunts aux bestiaires merveilleux ou bibliques sont nombreux. Alors ne soyez pas abasourdis de découvrir le Minotaure en videur, le dieu hindoue Kamadeva en chef de gang proxénète ou encore de voir l'archange Michel filer un coup de main à Satan pour empêcher l'Apocalypse d'advenir rayant ainsi les humains de la carte et ruinant définitivement la terre. Et si vous ne croyez pas à ce petit air de fin du monde, regardez donc un peu cette pluie de sang qui s'est abattue sur certains coins du globe, sans parler des nuées de mouches ou de grenouilles qui commencent à pointer leur nez. Il y a comme un refrain des dix plaies d'Egypte, on dirait ! 

Il faut croire que la fantasy de Floriane Impala s'aligne sur l'ambiance pré-apocalyptique dans laquelle on baigne depuis quelque temps en nous dépeignant ici un monde décadent sur le point de succomber face à divers cataclysmes. 

24/03/2023

Katia Lanero Zamora, Les Fils du Feu, tome 2, La Machine, collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF

Katia Lanero Zamora, Les Fils du Feu, tome 2, La Machine
collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF 

Ce mois de mars est marqué par la sortie tant attendue du final du diptyque de Katia Lanero Zamora. Pour avoir lu très récemment le tome 1 de La Machine, je suis bien contente d'avoir pu enchaîner directement avec la suite, tant les dernières lignes m'ont laissée dans un suspense insoutenable quant au devenir de ces deux frères. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

A Panîm, la guerre civile s'installe. Les mécontentements populaires et les injustices sociales ont grandi les rangs du parti Machiniste. Or, pour mater la rébellion et pour ramener l'ordre, l'armée est rappelée dans le pays afin de traquer celles et ceux qualifiés de dissidents. Pour Vian, c'est la douche froide car il est loin du retour en fanfare couvert de médailles et il sait qu'il lui faudra oublier ses attaches personnelles pour briller. Quant à Andrés, lui qui s'est laissé séduire par cette belle utopie d'équité sociale, que sera-t-il prêt à sacrifier pour la cause ? Enrôlés dans des doctrines différentes, sont-ils condamnés à s'affronter et peut-être à s'entretuer ? 

Mon avis :

Avec Les Fils du Feu, Katia Lanero Zamora explore les ressorts psychologiques et émotionnels de la guerre civile. Elle met en lumière les bassesses que certains vont mettre en œuvre pour survivre croyant bien volontiers les justificatifs qu'on leur agite sous le nez pour légitimer leurs actes. L'autrice met à nu toute l'horreur de mener une guerre au sein d'un même peuple conduisant des frères, des sœurs, des parents ou des amis à s'étriper. Elle s'intéresse ici à la mise en œuvre des doctrines idéologiques reposant à la fois sur la déshumanisation de l'ennemi et la persécution de cibles toujours désignées comme étant coupables de tous les maux de l'existence. Le texte n'en est que plus bouleversant car non seulement il fait écho à une période sombre de l'Histoire en Europe, mais demeure encore d'actualité avec une humanité qui ne tire jamais leçon de la souffrance des peuples. 

La tragédie qui secoue la cité fictionnelle de Katia Lanero Zamora bat à l'unisson des cœurs meurtris de ses principaux protagonistes dont l'amour filial incarne ce monde déchiré. 

Pour autant, au milieu de l'horreur et l'infâmie fleurissent de nobles sentiments car l'amitié, la fraternité et la solidarité sont également au rendez-vous. En effet, l'autrice a tissé de très belles relations entre certains de ses protagonistes qui reposent essentiellement sur un respect mutuel. 

21/03/2023

Katia Lanero Zamora, Terre de Sang et de Sueur, tome 1, La Machine, collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF

Katia Lanero Zamora, Terre de Sang et de Sueur, tome 1, La Machine
collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF 

Ecrivaine et scénariste, Katia Lanero Zamora louvoie entre la littérature et l'audiovisuel. Après deux albums jeunesse, parus respectivement en 2010 et 2011, elle enchaîne avec une trilogie fantasy, Chroniques des Hémisphères en 2012, puis signe, en 2018, un one-shot fantasy avec Les Ombres d'Esver, publié aux éditions ActuSF. En 2021, paraît d'ailleurs chez le même éditeur, le premier tome d'un dytique, intitulé La Machine qui emporte de suite l'adhésion du public et rafle même le prix Ouest Hurlant des lycéens

Alors que le second volet sort ce mois-ci, je me plonge enfin dans cette fiction politico-sociale de haut vol. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

A Panîm, les frères Cabayol, Andrès et Vian empruntent deux voies différentes. Si le cadet, Vian, a fait ses classes militaires et s'apprête à servir son pays sous le drapeau, l'aîné, lui, est un électron libre qui a préféré rejoindre les rangs du peuple opprimé. Face à l'intransigeance d'un père, seigneur en ses terres et un pays au bord de l'insurrection, quel destin vont-ils embrasser ? Suivront-ils les désirs de leur cœur ou au contraire, se laisser juste porter par les événements ? 

Mon avis :

Pour poser le décor de sa cité fictionnelle de Panîm, Katia Lanero Zamora s'est clairement inspirée de l'Espagne de la première moitié du XXe siècle, marquée par l'instauration de la Seconde République espagnole de 1931 à 1939, obligeant le roi Alphonse XIII à l'exil. Or, ce régime politique va connaître une forte instabilité, due à la guerre civile, permettant au général Francisco Franco de s'emparer du pouvoir. Ainsi, on retrouve des similitudes avec ces faits historiques puisqu'une toute jeune république a pris la suite d'une monarchie despotique entre ces lignes. Pour autant, le calme ne règne pas dans le pays car l'aristocratie demeure attachée à ses prérogatives refusant l'idée d'un partage équitable. Il en résulte une montée de la colère populaire. Des tensions éclatent face à l'inertie des réformes économiques et sociales promises. Or, c'est dans ce climat insurrectionnel que Katia Lanero Zamora plonge ses personnages. 

05/03/2023

Nadège Da Rocha, Quelqu'un se souviendra de nous, collection Naos, éditions ActuSF

Nadège Da Rocha, Quelqu'un se souviendra de nous
collection Naos, éditions ActuSF 

Après sa participation à l'anthologie Diluées, Nadège Da Rocha signe avec Quelqu'un se souviendra de nous, son premier roman à destination d'un public Young Adult. Elle nous y propose une réécriture de la mythologie grecque et vient même faire écho à l'engouement éditorial dont celle-ci bénéficie actuellement. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Humiliée et trahie par Zeus, Pandore compte bien se venger. A la recherche de la Faucille de Chronos, elle débarque sur l'île où vit Méduse en espérant mettre la main dessus. Mais, elle est arrivée trop tard car celle-ci a déjà disparu. Elle n'a donc pas d'autre choix que de continuer le voyage. Seulement, elle ne le fera plus seule puisque Méduse, sensible à sa quête, a décidé de l'accompagner. Toutes deux seront très vite rejointes par Arachné. Ensemble réussiront-elles à donner une bonne leçon aux dieux, et même à se redessiner un destin ? 

Mon avis :

Quelqu'un se souviendra de nous prend la forme d'une épopée féminine qui nous emporte aux quatre coins de la Grèce Antique, du royaume des Enfers au mont Olympe. Nadège Da Rocha nous brosse le portrait d'un monde divin livré au chaos. En effet, depuis la disparition de Zeus et d'Hadès, le désordre règne autant sous terre que dans les cieux. Les divinités se livrent une guerre sans merci, laissant s'exprimer ouvertement leurs rivalités. Quant aux âmes défuntes, elles menacent juste d'envahir l'Olympe pour y déverser leur désespoir et y étouffer ainsi toute vie. Quelqu'un se souviendra de nous est un récit de voyage, à l'image de celui qu'Ulysse effectua sous la plume d'Homère pour rentrer chez lui car comme lui, les héroïnes de Nadège Da Rocha vont multiplier les rencontres avec des figures éminentes ou non de la mythologie grecque et fouler les mêmes terres comme la mystérieuse île d'Eéa où réside la célèbre Circé. C'est donc un défilé de héros, de divinités majeures ou mineures et de créatures fantasmagoriques qui se pressent autour des trois héroïnes de Nadège Da Rocha. L'autrice s'est d'ailleurs réappropriée chacun de leur mythe pour leur tisser parfois un nouveau destin qus'intègrent harmonieusement à cette intrigue pleine de bruit et de fureur. 

Néanmoins, c'est surtout à travers Pandore, Méduse et Arachné qu'elle expérimente le plus sa réécriture. En effet, l'autrice s'appuie donc sur ces trois femmes, victimes des dieux, pour porter son histoire. C'est Pandore qui inaugure ce livre en entraînant les autres dans sa quête périlleuse. Pour mémoire, elle est la première femme humaine créée sur l'ordre de Zeus car il voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Façonnée dans l'argile par Héphaïstos, elle épouse Epiméthée, le frère de Prométhée et vient à lui avec une boîte mystérieuse qu'elle a interdiction d'ouvrir mais qu'elle ouvre quand même. Or, en faisant cela, elle laisse échapper la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion, l'orgueil et l'espérance condamnant ainsi l'humanité à tous ces maux. Affectée par sa triste réputation, Pandore entre à nouveau en scène ici pour rendre la monnaie de leur pièce aux dieux et leur donner une bonne leçon. C'est un personnage complexe, tiraillé entre ses regrets et son désir de vengeance chevillé au cœur, mais se salira-t-elle les mains pour autant ? En dépit des doutes qui l'assaillent par moment, sera-t-elle à la hauteur de la mission qu'elle s'est fixée, elle, qui a pris la tête de ce trio vengeur. 

A ses côtés prend place Méduse transformée en gorgone par Athéna après qu'elle ait été violée par Poséidon. Entre une chevelure de serpents et un regard pétrifiant, elle est crainte par tous, ne voyant plus à travers elle que l'image d'un monstre. Pourtant dans ce livre, on la retrouve bien esseulée, perdue sur son île, épuisée par sa colère perpétuelle qui l'a vidée de son pouvoir le rendant ainsi dysfonctionnant. Mais sa rencontre avec Pandore va lui redonner un coup de fouet, lui faire retrouver le goût à la vie et peut-être lui permettre de laver son honneur. Par les drames et l'opprobre qui ont jalonné sa vie, on s'attache facilement à ce personnage que l'on voit se reconstruire sous la plume habile de Nadège Da Rocha. 

12/02/2023

Edouard H. Blaes, Le Silence des Carillons, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Edouard H. Blaes, Le Silence des Carillons, collection Bad Wolf, éditions ActuSF 

Après s'être essayé avec talent à la nouvelle en terminant notamment lauréat du prix Imaginales de la nouvelle 2022 pour "Ventraille" parue dans l'anthologie Férocité, Edouard H. Blaes a poursuivi l'aventure en tentant un format plus long. C'est ainsi qu'on le retrouve en ce mois de février publié, dans le cadre des pépites de l'Imaginaire, chez ActuSF

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

A Tinkleham, la vie s'écoule au rythme des carillons qui protègent la communauté des brumes. On y retrouve Ermeline Mainterre, fille d'un ingénieur automobile qui vit dans  le garage familial avec son père et son frère. Son rêve secret est d'intégrer le beffroi pour y devenir mage. Elle s'entraîne depuis des années et maîtrise déjà quelques tours. Or, justement elle vient de recevoir la lettre d'acceptation pour y être formée. Pour autant, son père acceptera-t-il de la laisser partir ? Et si oui, réalisera-t-elle ses rêves ? 

Mon avis :

Le Silence des Carillons nous immerge dans un univers de fantasy teinté de notes postapocalyptiques. En effet, le récit prend cadre dans la cité de Tinkleham dominée par un beffroi dont les carillons constituent une protection face à la menace de la brume. Celle-ci étant infestée de spectres, le son des carillons porté par le chant des mages, s'imprègne d'un pouvoir capable d'éloigner les ténèbres. Le beffroi incarne ici la puissance ésotérique qui sert à la fois de catalyseur et d'école pour former les futurs mages. C'est un lieu qui inspire autant le mystère que la crainte car nul ne sait réellement ce qu'il s'y passe. Beaucoup s'essayent en conjectures mais finalement seuls les élèves qui y séjournent peuvent en témoigner, à l'image d'Ermeline Mainterre. C'est d'ailleurs, à travers elle que l'on découvre cet endroit insolite dont l'intérieur se révèle être le fruit d'un empilement de créations d'univers  par les différents magistères œuvrant entre ces murs.  Baroque et déconcertant, voilà comment on peut qualifier ce beffroi. En outre, l'existence de cette brume d'où jaillissent des spectres ajoute une sensation d'oppression à l'ambiance.

Suite à une surexploitation de la terre par les précédentes générations, le soleil a disparu, éclipsé par ce brouillard permanent qui maintient les gens dans une forme de ténèbres. Edouard H. Blaes met en scène une humanité repliée sur elle-même et isolée car enfermée par une brume dont elle ignore la cause. Mais, les humains ne sont pas les seuls à peupler cette cité puisque l'auteur y a inclus des gigants et des miniards pour ajouter un peu de diversité à sa population. L'univers n'en est que plus foisonnant et questionnant. Dommage, qu'Edouard H. Blaes n'est pas creusé davantage certains éléments comme l'origine de ces spectres car il y a matière à explorer selon moi et cela ne sera pas sans susciter une certaine frustration chez ses lecteurs. 

03/02/2023

Ursula K. Le Gui, La Fille Feu Follet, collection Hélios, éditions ActuSF

Ursula K. Le Guin, La Fille Feu Follet,
 collection Hélios, éditions ActuSF 

Les éditions ActuSF inaugurent leur programme éditorial 2023 en remettant à l'honneur Ursula K. Le Guin à travers deux publications au format poche dans leur collection Hélios

Ainsi, ils nous proposent la réédition du recueil de nouvelles Unlocking The Air dont on a déjà parlé sur Fantasy à la Carte dans un précédent post et l'édition de sa novella La Fille Feu Follet qui précède d'ailleurs un contenu plus large. 

Or, c'est bien de cet ouvrage dont il va être question aujourd'hui. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Ce livre a beau être petit, il n'en possède pas moins un riche contenu car l'éditeur ne sait pas contenté de publier simplement cette novella d'Ursula K. Le Guin. En effet, on y retrouve également quelques-uns de ses poèmes, une longue interview de l'autrice, un extrait biographique ou encore une analyse de certaines de ses œuvres. Au vu de cette richesse, on peut clairement parler de guide ici puisqu'il permet d'apprécier l'ensemble du travail d'Ursula K. Le Guin et même de tracer des pistes de lectures.

Résumé :

Mais revenons à sa novella, La Fille Feu Follet qui nous conte le destin de deux sœurs. Capturées lors d'un raid et rebaptisées Modh et Mal par leurs ravisseurs, les deux sœurs sont contraintes de vivre dans la Cité. Devenues esclaves, elles grandissent dans ce monde qu'elles ne comprennent pas car trop éloigné des traditions de leur tribu nomade. Enlevées pour leur beauté, elles sont destinées à devenir les épouses des hommes de la Couronne. Si Modh a su s'adapter à la situation, Mal, elle, l'exècre. Alors maintenant que son tour est venu d'épouser l'un de ces hommes, que va-t-elle faire ?

Mon avis :

La féérie de ce court texte s'inscrit dans la grâce et l'évanescence de ces femmes-poussière qui subjuguent les hommes de la Cité, voyant en elles l'incarnation de véritables fées. Néanmoins, ce recours au merveilleux permet à Ursula K. Le Guin de mettre en exergue la condition féminine simplement reléguée au rang d'objets de désir ou de monnaie d'échange. C'est aussi une manière pour l'autrice de parler d'esclavage, de trafic d'êtres humains ou de traite des blanches. Sans compter qu'avec un père anthropologue, elle a une conscience aiguë des ravages que la conquête de l'Ouest a fait sur la population autochtone. Or, l'image de ces hommes de la Couronne qui n'hésitent pas à bafouer un autre peuple, en le volant, en tuant ces hommes et en s'appropriant ces femmes et ces enfants lui sert de prisme pour évoquer les exactions perpétrées par un peuple lorsqu'il est en conquête. 

La Fille Feu Follet est véritablement un texte bouleversant qui ne laisse aucunement indifférent. La plume d'Ursula K. Le Guin y est habile pour mettre des mots sur les maux qui rongent les civilisations depuis des temps anciens. 

04/12/2022

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, Entrevue Choc avec un Vampire, éditons ActuSF

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, 
Entrevue Choc avec un Vampire
éditions ActuSF 

Paru dernièrement aux éditions ActuSF, Entrevue Choc avec un Vampire est comme le suggère cet intitulé une parodie du célèbre roman, Entretien avec un Vampire. Non contents de vouloir faire rire leurs lecteurs, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy ont surtout cherché ici à rendre hommage à Anne Rice dont les nombreux récits ont largement nourri leur imaginaire respectif. 

Considérés comme deux figures de la littérature vampirique, leurs romans ont marqué le paysage éditorial français de cette dernière décennie. Si on regarde du côté de Morgane Caussarieu, on peu notamment citer Dans tes veines (2012), Je suis ton ombre (2014), Rouge Toxic (2018), Rouge Venom (2019) ou encore Vertèbres (2022). Quant à Vincent Tassy, Apostasie (2016) et Comment le dire à la nuit (2018) ont fait son succès, sans oublier Diamants (2021). 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce nouveau service de presse. 

Résumé :

Alors qu'il se triture les méninges pour trouver l'idée qui sauvera son émission de radio, un journaliste assiste bien malgré lui à une étrange altercation entre un éphèbe fort bien coiffé et une ménagère se disputant l'ultime exemplaire d'un sèche-cheveux dernier cri. Si la scène prête à rire, elle a surtout le mérite d'avoir attiré la curiosité de ce chasseur de scoop qui espère bien en comprendre les tenants et les aboutissants en emboîtant le pas à l'androgyne afin de l'aborder. Mais, bien mal lui en a pris car celui-ci va l'obliger à écouter son interminable monologue portant sur sa longue vie d'immortel en remontant deux siècles plus tôt. Or, ne dit-on pas que la curiosité est un vilain défaut ? Il faut croire que la concupiscence aussi.

Mon avis :

Dans Entrevue Choc avec un Vampire, les auteurs ont réinterprété à leur manière le trio de personnages mis en scène dans la version originale. Déjà, ils ont fait de Louis, un jeune castrat originaire d'Italie qui a francisé son nom en Jean-Louis David. Ce qui a le double intérêt de faire un clin d'œil au roman, La Voix des Anges d'Anne Rice mais aussi au coiffeur éponyme dont la coupe étudiée du vampire aurait sans doute ravi le maître des ciseaux si d'aventure le livre lui était tombé entre les mains. Ensuite, Lestat partage avec sa nouvelle version Richard Court de Lion, son insolente beauté doublée d'une indéfectible fougue. Enfin, Claudia a bien mûri sous les plumes impertinentes de notre duo d'auteurs puisqu'elle prend les traits d'une vieille femme noire à l'odeur nauséabonde. Si la gamine regrettait son apparence de poupée l'empêchant de séduire ses proies en accord avec la maturité de son immortalité, Claudie est soumise aux mêmes affres en raison de son physique repoussant et malodorant. Avouez que ce trio ne manque pas de charme surtout pour venir pimenter cette histoire que vous pensiez pourtant bien connaître mais comptez sur eux pour y mettre leur grain de sel. 

Si ce roman suit dans les grandes lignes le récit initial en prenant notamment le même point de départ, à savoir un entretien entre un journaliste et un vampire, il substitue quand même son ambiance feutrée par une atmosphère plus clinquante. Il faut dire que l'obsession du narrateur aux dents longues pour le beau mobilier y est sans doute pour beaucoup dans cette impression. De même que les deux livres partagent le modèle du road-trip vampirique dans lequel certaines péripéties du premier récit sont conservées, notamment en ce qui concerne l'évolution du relationnel qu'entretiennent les vampires entre eux. Néanmoins, on notera les quelques libertés scénaristiques prises par les auteurs qui leur sont nécessaires pour introduire les nombreuses références aux autres romans d'Anne Rice. On ne s'étonne donc pas de recroiser entre ces lignes, une certaine reine des damnés rebaptisée pour l'occasion mais qui parlera à bien des lecteurs, pas plus que de renouer avec l'origine atlante de notre créature surnaturelle préférée dont il est d'ailleurs question dans Prince Lestat et l'Atlantide