L'influence du "gaming" à la littérature

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25/06/2017

Marion Zimmer Bradley, Le Secret d'Avalon, Les Dames du Lac, tome 3

Dans ce troisième tome du cycle d'Avalon, Marion Zimmer Bradley nous dévoile les secrets de cette île mystérieuse. Comment elle a traversé le temps avant l'avènement du grand roi Arthur?

Comme à son accoutumée, elle se sert du destin des femmes qui ont marqué l'Histoire: Dierna, Caillean et Viviane, les trois grandes prêtresses qui se sont succédées à la tête de l'île aux femmes. 

Une époque houleuse au cours de laquelle il a fallu survivre et s'adapter à l'invasion des légions romaines, puis à celle des hommes du Nord. Cela a été un tournant pour Avalon qui s'est désolidarisée du monde pour vivre à l’abri des regards, cachée par des brumes surnaturelles.

Un tome qui nous raconte comment la légende s'est forgée? Comment la venue des Pendragon a été prédite et amenée au pouvoir.   

Marion Zimmer Bradley se fait davantage historienne dans ce roman. Elle nous rappelle comment le monde s'est construit à travers les plus importantes conquêtes. Une Histoire riche de hauts faits et de personnes qui nous perdent parfois en cours de route tant ils sont multiples. C'est un fragment de l'Histoire de Grande-Bretagne que nous dépeint ici l'autrice. 

Ce que j'ai le plus apprécié dans ce récit, c'est la dernière partie consacrée à la jeunesse de Viviane. On retrouve le mythe arthurien à travers ces figures les plus illustres. Ainsi, Marion Zimmer Bradley revient sur le destin hors du commun de cette jeune femme. C'est l'occasion de comprendre comment elle en est arrivée là, et pourquoi elle est un personnage si important de la Matière de Bretagne. 

Entre Histoire et chimère, Marion Zimmer Bradley nous transporte à nouveau dans un siècle où le temps s'est comme arrêté.



Fantasy à la carte

18/06/2017

Marion Zimmer Bradley: pour une féminisation de la fantasy

Marion Zimmer Bradley, née en 1930 à Albany et décédée en 1999 en Californie, est une pionnière en littérature fantasy et science-fiction comme en témoigne sa foisonnante bibliographie. L'essentiel de son oeuvre a d'ailleurs beaucoup surfé entre deux genres: la space fantasy et la science fantasy. En donnant la parole aux femmes dans ses romans, elle affiche clairement son féminisme en permettant ainsi à l’héroïne de devenir l'égal du héros. 

Fait remarquable à signaler est son investissement à pousser d'autres écrivaines à publier leurs textes à leur tour. Ce qu'elle fit notamment par l'intermédiaire de l'anthologie Sword and Sorceress qu'elle a dirigée et permis ainsi l'émergence de nouvelles auteures comme Mercedes Lackey.  

Elle étudie à l'université de Berkeley en Californie, puis enchaîne les petits boulots de serveuse, blanchisseuse et même chanteuse. Elle épouse en 1947 Robert Alden Bradley puis en 1964, Walter Henry Breen. Deux hommes dont elle divorcera après quelques années de vie commune. C'est très tôt qu'elle se lance dans l'écriture puisqu'elle est à peine âgée d'une vingtaine d'années lorsqu'elle publie sa toute première nouvelle en 1952 dans le magazine de fantasy et science-fiction, Vortex

Elle a marqué le paysage littéraire grâce aux nombreux cycles publiés tout au long de sa carrière. Le premier à citer est celui de Ténébreuse qui est constitué de pas moins de 26 tomes (édités de 1979 à 1999). Une saga qui s'inspire aussi bien de science-fiction que de fantasy. Cela démarre avec le crash d'un vaisseau terrien sur une planète hostile au climat rude où habitent de mystérieuses créatures. C'est dans ce contexte que va devoir survivre l'équipage en fondant, ce qui deviendra avec le temps, une société féodale dirigée par les Comyn aux cheveux rouges. Cette nouvelle population est constituée des familles se prétendant issues d'un être commun et ayant héritées de pouvoirs télépathiques grâce à la présence de cristaux sur cette étrange planète. Alors qu'ils n'ont pas conscience de leurs origines humaines, ils sont rattrapés par leur passé avec l'arrivée de nouveaux terriens avec lesquels ils vont devoir cohabiter. 

Cette première série de romans a été bien accueillie par son public au point que dans les années 70, une association a vu le jour sous le nom des Amis de Ténébreuse. Son but était de publier une lettre d'information qui se transforma en 1977 en fanzine dans lequel des apprentis-écrivains, fortement encouragés par l'écrivaine elle-même, s'initiaient à la rédaction de nouvelles dont l'action se déroulait dans l'univers de Ténébreuse. Plus tard, les meilleurs textes ont été réunis dans onze anthologies sous la direction de Donald Wollheim, le directeur des éditions DAW. Mais en 1992, suite à un désaccord avec l'un des auteurs, Marion Zimmer Bradley a interdit formellement la publication d'autres fictions tirées de Ténébreuse.

Sa saga majeure de fantasy reste celle d'Avalon qui s'étale sur huit romans et correspond à une réécriture des légendes arthuriennes du point de vue féminin. Néanmoins, elle ne se contente pas d'y évoquer seulement le destin d'Arthur et de ses célèbres chevaliers mais dessine l'histoire de la Bretagne depuis la conquête romaine jusqu'à même faire référence à la mystérieuse Atlantide. La petite particularité de ce cycle est qu'il a été continué de manière posthume par Diana L. Paxson. Si l'on tente de reconstituer un ordre chronologique d'écriture et non historique, vient en premier lieu Les Dames du Lac et Les Brumes d'Avalon (1983), suivi de La Chute d'Atlantis (1987), La Colline du dernier adieu (1994), Le Secret d'Avalon (1997), Les Ancêtres d'Avalon (2004), pour se terminer par deux romans non traduits Ravens of Avalon (2007) et Sword of Avalon (2009). 

Elle est l'autrice d'autres sagas comme la série Lumière publiée entre 1984 et 1998. Elle y raconte le destin d'une jeune psychologue rattrapée par ses pouvoirs d'extralucide. Alors que cette dernière s'est réfugiée à San Francisco dans une vieille demeure, elle était loin d'imaginer découvrir un monde occulte, angoissant qui l'épouvante autant qu'il la fascine.  
De 1990 à 1995, Marion Zimmer Bradley coécrit avec André Norton et Julian May une série de romans édités sous l'intitulé Trillium. Ceux-ci racontent de manière plus ou moins cohérente les aventures de deux princesses: Kadiya et Haramis. 

Elle ne sait pas contenter d'écrire des cycles puisque sous sa plume de nombreux romans indépendants ont vu le jour comme Le château des tempêtes (1965), La Maison entre les mondes (1981) ou encore La Princesse de la nuit (1985). 
Néanmoins là où sa plume a été la plus généreuse, cela reste avec ses nouvelles qu'elle a écrites presque tout au long de sa carrière littéraire. Ainsi, on en totalise une trentaine. 

Marion Zimmer Bradley laisse un bel héritage littéraire qui se transmet encore de génération en génération. Ses œuvres sont toujours rééditées, ce qui prouve la haute qualité de sa plume dont les lecteurs, à priori, ne se lassent pas.

On peut donc affirmer sans se tromper qu'elle a influencé toute une génération d'auteurs et de lecteurs en poussant notamment les femmes à lire et à écrire de la fantasy et de la science-fiction. Grâce à des personnalités comme elle, les littératures de l'Imaginaire ne sont plus la chasse gardée des hommes. Elles se féminisent enfin. 

Bien sûr, j'aurais pu vous parler de vaisseau spatial ou de planète lointaine pour évoquer le merveilleux travail d'écriture qu'a réalisé Marion Zimmer Bradley à travers ses textes. Cependant je préfère que l'on s'attarde plutôt sur sa réappropriation du mythe arthurien qui, je peux vous le dire, me fascine davantage. Donc par avance, je m'excuse pour les passionnés de science-fantasy et science-fiction, ici on n'en parlera guère.  

L'Avalon de Marion Zimmer Bradley fait revivre le mythe arthurien sous la forme de huit romans. Comme chacun de ses livres, elle construit son histoire autour de portraits d'héroïnes et laisse donc ici les femmes, qui ont marqué la Matière de Bretagne, parler. 


Elle fait une belle place à la magie qui est source de tout récit de fantasy et est également intrinsèque au cycle arthurien. Elle se dévoile par l'intermédiaire de détenteurs de dons comme toutes les filles d'Avalon en possèdent. Celui-ci se manifeste à des degrés différents en fonction de l'apprentissage reçu et de leurs usages au quotidien. Ainsi Viviane et Morgane ont des pouvoirs plus développés qu'Ygerne ou Morgause. En vivant longtemps sur l’île d'Avalon et en devenant prêtresses de la Déesse, elles ont acquis des facultés beaucoup plus étendues. Elles ont par exemple la capacité de faire apparaître des lieux ou des personnes à la surface de l'eau comme si elles les regardaient à travers un miroir. Ce qui leur permet de connaître la vie de telle ou telle personne, voire même de communiquer avec ladite personne. Leurs influences sur l'Histoire de la Bretagne en seront donc plus importants. Face à elles, Ygerne n'a que peu de pouvoirs si ce n'est celui de voir l'avenir à travers des visions que la Déesse Mère lui accorde. Quant à Morgause, elle se sert essentiellement de son don pour s'adonner à la magie noire afin d'obtenir ce qu'elle désire. Toutes quatre ont la particularité de bien vieillir, c'est comme si les années n'avaient pas prises sur elles. Elles semblent immortelles même si elles ne le sont pas en réalité. Leur lien avec Avalon les garde jeunes et belles. Autres habitants de l'île sacrée sont les druides qui détiennent également le don de voir l'avenir et de le tordre à leur guise, à l'image de Merlin. Ils apparaissent comme des guides spirituels et possèdent des connaissances pour notamment guérir les maux et apporter des réponses à certaines interrogations des païens. Ils transmettent donc le culte et sont des passeurs de savoirs. A Avalon, il est possible de rencontrer le petit peuple des fées qui accompagne les prêtresses et les druides dans leur travail de transmission du culte, qui rappellent l'importance de l'attachement à la terre car c'est d'elle que tous ces êtres tirent leurs pouvoirs. On les rencontre souvent aux pieds des rochers, ou près des sources d'eau. Leur présence se manifeste par des cadeaux comme des colliers de fleurs laissés en échange de nourriture. Mais le plus fréquemment, seuls les personnes autorisées à venir sur Avalon ont l'occasion de les voir car certaines de ces créatures sont chargées de conduire la barque qui relie le monde des hommes à l'île secrète. 
Justement Avalon est le lieu, par excellence, de concentration de magie. C'est un haut lieu de rassemblement pour tous ceux qui pratiquent le culte des anciens dieux. A cause de la menace romaine et chrétienne, il est devenu secret, protégé par des brouillards magiques qui le dissimulent aux regards des non-initiés. Pour l'atteindre, il faut connaître la formule magique sinon on ère sans jamais en trouver le chemin. Ce qui renforce son caractère mystérieux et sacré. Tout y est verdoyant et fleuri. C'est un havre de paix où les prêtresses et les vierges ont trouvé refuge. Elles y méditent en toute tranquillité et se connectent plus facilement à la terre et atteignent ainsi les pouvoirs que cette dernière leur transmet.
Tout au long du cycle arthurien, il est question d'une lutte perpétuelle contre le Mal. Celui-ci se manifeste de diverses manières. Ici, l'histoire nous est conté du point de vue des femmes d'Avalon. En conséquence, le récit va mettre en exergue la lutte contre les les saxons dans un premier temps, puis les chrétiens dans un second temps, et plus particulièrement contre l'extension de leur culte qui tend à mettre de plus en plus en péril celui des anciens dieux et menace les préceptes d'Avalon, ainsi que ses habitants. Les Dames du Lac vont tenter chacune à leur tout d'endiguer cette menace. Ce fut par exemple le cas avec Viviane qui a essayé de lier Arthur par un pacte, scellé par le don d'une épée magique, Excalibur, censée le protéger de tout danger en échange de sa propre protection pour Avalon. Un échec pour Viviane qui finira par tomber sous les coups de la haine et de l'aveuglement. Morgane, également, fera tout son possible pour protéger l'île et ses mystères des envahisseurs notamment en devenant à son tour grande prêtresse. Avec le temps, l'influence des druides s'estompent au profit de la religion chrétienne. Ainsi des églises fleurissent un peu partout au détriment des pierres levées qui sont abattues. Ça sonne la fin d'une magie ancestrale qui se replie peu à peu à Avalon et dans le monde des fées pour ne plus revenir dans celui des hommes.
La quête menée par le héros est très présente dans le cycle arthurien, raison pour laquelle Marion Zimmer Bradley la met en exergue dans son présent récit. Qu'elle soit là pour unifier les peuples et protéger Avalon qui fut la destinée d'Arthur. Ce grand roi annoncé par une très vieille prophétie. Ou qu'elle corresponde au moment où pour contrer l'ennui qui s'est installé dans le cœur des chevaliers de Camelot, tous se donnent pour mission de retrouver le Graal, cette coupe mythique détentrice de grands pouvoirs mystiques. 


A la lecture de cette saga, il en ressort la volonté de Marion Zimmer Bradley de démontrer le caractère fantasy de ces textes anciens. En effet, on y retrouve bien tous les éléments propres au genre. Elle nous fait à nouveau fouler les terres sacrées de la mythique Avalon, et nous enivre allègrement de magie. A travers cette œuvre, l'auteure prouve qu'elle est autant capable de laisser vagabonder son imagination sur les terres de fantasy que de science-fiction. 

L'ensemble de son travail est notable car elle a clairement fait évoluer le genre en le mettant à la portée du sexe féminin. Ce qui pour l'époque était clairement notoire, et est intéressant, aujourd'hui, car la fantasy est un genre qui justement se féminise de plus en plus. 


Fantasy à la carte

05/06/2017

Laetitia Reynders, Louise, La Gardienne du Miroir, tome 1

Rencontrée au salon Fantastique, Laetitia Reynders nous parle avec passion de ses romans qu'on ne peut s'empêcher d'y succomber. 

Louise est le premier volet de la trilogie, La Gardienne du Miroir. Raconté à la première personne, ce premier tome nous met en présence d'une certaine Louise dont la vie va basculer le jour où elle reçoit en héritage un étrange miroir.  Il faut dire que ce n'est pas n'importe quel miroir mais celui dans lequel Samaël, le fils du Diable a été emprisonné en 1338 par un enchanteur. C'est dans une lettre laissée par son aïeule que la jeune femme apprend qu'elle est la 12e gardienne de cet artefact. Elle y lui recommande de ne jamais s'en séparer ni de le briser sous peine de libérer le Mal. La croyant folle, Louise entrepose ledit miroir dans sa chambre sans plus y faire attention. La vie reprend son cours malgré la tristesse qui lui enserre le cœur. C'est à ce moment que sorti de nulle part, un beau ténébreux croise à plusieurs reprises son chemin comme s'il l'attendait pour la sauver des dangers qu'elle encourt de plus en plus souvent. Coïncidence, elle n'en croit rien. Seulement malgré un rapprochement avec celui-ci, il reste mystérieux sur ses motivations. Mais qu'à cela ne tienne, elle finira bien par connaître la vérité. D'autant qu'il lui est difficile de résister à son charme. Parallèlement, il se passe des choses étranges avec ce fameux miroir. Parfois son reflet est troublé par un brouillard ou par l'apparition fugace d'un homme à la beauté angélique. Elle croit rêver jusqu'au moment où il se présente à elle. Sa grand-mère disait donc vrai. C'est bien le miroir du Diable et son fils y est bien emprisonné. Il lui parle chaque soir. Pire encore, elle se sent même de plus en plus attirée par lui. Même emprisonné son pouvoir de séduction opère. Damnation!

De révélation en révélation, Louise doit également faire face à une armée de monstres, des envoyés de Belzébuth et de Satan qui feront tout pour récupérer le miroir. Prise dans un trio amoureux, elle sera confronter à des choix cornéliens. Entre feu et glace, paradis et enfer, Laetitia Reynders embrase son récit d'une puissante sensualité. 

Un premier roman qui laisse entrevoir le surnaturel de notre monde, et qui nous fait côtoyer enfer et paradis. Mais allez-vous oser pousser la porte de l'un ou l'autre de ces mondes au risque de vous y brûler les ailes ? 

C'est un cycle qui se lit avec une grande fluidité, on se laisse facilement prendre dans les filets de Laetitia Reynders qui nous entraîne dans une lutte sanglante entre le Bien et le Mal. 

Sur fond de légendes locales, notamment celles qui entourent la fondation du château de Gombervaux, l'auteure écrit un récit enlevé et captivant. Le lieu même de l'action en impose par son riche passé et donne du corps à l'histoire. 

Dès les premières lignes, j'ai été conquise par ce livre et je ne demande qu'à lire la suite. 


Fantasy à la carte