L'influence du "gaming" à la littérature

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21/05/2025

Louise Mey, L'orage qui vient, éditions Pocket Imaginaire

Louise Mey, L'orage qui vient, éditions Pocket Imaginaire 

Féministe engagée, Louise Mey est surtout connue pour ses thrillers et ses romans noirs. En 2022 elle publie L'orage qui vient, un roman de science-fiction et témoigne ainsi de son désir d'explorer d'autres Imaginaire. 

Depuis mars, ce roman est de retour sur les étals des libraires avec la sortie du format poche. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Mila vit avec sa mère au sein d'une petite communauté peuplée de femmes depuis la Rétractation du monde. La vie y est paisible jusqu'à l'arrivée soudaine d'un homme prénommé Nathan se portant volontaire pour les aider. Mila est la seule à se méfier de cet étranger, sentant des mauvaises ondes émanées de lui. Arrivera-t-elle à se faire entendre des siens avant qu'il ne soit trop tard? 

Mon avis :

Dans L'orage qui vient, Louise Mey nous plonge dans un univers postapocalyptique où le monde est soumis à ce que l'on appelle la Rétractation. L'ultra consumérisme, l'économie de marché ont eu raison de la société. Celle-ci a implosé dispersant les humains en îlot de survie ici ou là. Ils tentent de survivre en communauté. Certains y parviennent mieux que d'autres, à l'image de celle de Mila. Leur petite nombre, leur sororité, leur concertation collective pour tous sujets sont autant d'éléments favorables à leur bon fonctionnement. En outre, elles disposent d'une source naturelle miraculeuse qui leur donne un avantage certain mais a la contrepartie d'éveiller la convoitise. 

L'existence de cette Eau si particulière donne au récit son caractère surnaturel. En effet, Louise Mey a choisi de mélanger les genres pour donner à son texte une saveur très particulière. D'autant que les notes ésotériques ne s'arrêtent pas à cette forme de magie puisque l'ombre de créatures fantastiques plane également sur ce récit. 

La force de ce texte est de laisser le doute peser quant aux intentions maléfiques ou protectrices de cette présence fabuleuse. 

L'orage qui vient est un récit court et entraînant. L'autrice y balaie de nombreuses thématiques toutes plus intéressantes les unes que les autres. 

Déjà, elle a choisi de mettre en lumière des portraits de femmes qui se sont libérées par choix ou par accident de la vie de la tutelle des hommes. Ainsi, elles assument leur destin et l'affrontement avec force et courage sans un quelconque commandement masculin. Et lorsqu'elles recroisent la route d'un homme, elles finissent par y voir clair et retrouver leur unité. 

A travers la créature du loup-garou, Louise Mey revisite la figure du monstre. Celle-ci est trompeuse comme peuvent l'être souvent les apparences. Ici, le prédateur prend bien des visages et le plus dangereux n'est pas forcément celui que l'on pense au premier abord. 

Louise Mey met l'âme humaine à nu dans son récit en explorant ses réflexions tortueuses et ses sentiments parfois destructeurs. 

Cette histoire est à la fois sombre et belle. L'ambiance y est plutôt clair-obscur car l'autrice flirte avec les codes de l'horrifique et donne ainsi à son texte une atmosphère lourde et troublante. Le mystère est là, diffus et captivant. 

Les protagonistes sont quant à eux fort intéressants surtout cette jeune Mila qui se dévoile à nous que lentement. Complexe, entière et passionnée, elle est ici autant en quête d'elle-même qu'animée par la volonté farouche de protéger les siens. Natan, lui, incarne l'étranger. Il se présente comme un homme de bonne volonté mais dissimule des désirs plus dérangeants. Tous sont intrigants et se lancent dans une danse dont eux seuls comprennent le rythme. 

Pour conclure :

Avec L'orage qui vient, Louise Mey signe une première incursion en Imaginaire fort réussie. Alors à quand la prochaine ?

Fantasy à la Carte

Informations

Louise Mey
L'orage qui vient
9782266344074
176 pages
Editions Pocket Imaginaire

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17/05/2025

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Après un premier roman intitulé La Machine à Aimer qui lui vaut une entrée remarquée au sein des littératures de l'imaginaire et particulièrement la science-fiction, Lou Jan récidive avec un second récit. 

Toujours dans ses thématiques de prédilection, elle nous brosse avec Un corps d'avance un futur technologique intéressant mais dépouillé de l'essentiel. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce SP. 

Résumé :

Jinseï s'apprête à vivre son premier reset. Il appréhende un peu, non pas de pouvoir garder son apparente jeunesse jusqu'à 10 fois 75 ans mais de couper tout le lien avec chacune de ses vies. Et si l'immortalité n'était pas si enviable ? 

Mon avis :

Un corps d'avance s'inscrit dans un cadre futuriste dans lequel Lou Jan continue de questionner les avenirs possibles à travers les progrès scientifiques et technologiques. 

Elle a d'ailleurs choisi comme point de départ de sa réflexion, la question de l'immortalité. Obsession de notre époque, c'est donc tout naturellement que les avancées tournent ici autour d'elle. Ainsi, l'autrice a imaginé la possibilité aux humains de pouvoir vivre jusqu'à dix reset d'une durée de 75 ans. Grâce à cette prouesse, la mort n'existe quasiment plus. 

Seulement pour être éligible à ce procédé, des conditions sont à respecter. Et celles-ci ne sont pas des moindres puisqu'il faut accepter de renoncer à chacune de ses vies, incluant de ne plus vivre dans son pays initial de résidence et surtout de rompre tous ses liens familiaux. En outre, il est possible d'opter pour l'oubli effaçant, de facto, les souvenirs à chaque remise à zéro. 

Dans ce monde imaginé par Lou Jan, les humains vivent aux côtés des androïdes mais point sur un pied d'égalité car ces derniers sont considérés comme des esclaves, utilisés pour travailler à la place des humains. Pire encore ils ont été créés, à dessein, avec une obsolescence programmée par pure crainte qu'ils détrônent l'humanité et finissent par la dominer. 

Cette mise en valeur à pour but, de ramener l'intelligence artificielle au cœur du débat en insistant sur toute la problématique qu'elle soulève, notamment à travers la méfiance suscitée a son égard. Aujourd'hui, l'IA est surtout présentée comme un danger de remplacement de l'humanité. Or, Lou Jan souhaite ici renverser cette apriori en les intégrant à sa société. Pour cela, elle met en avant leur désir de vivre libre, à l'image de l'un de ses personnages qui vit dans la clandestinité pour tenter de survivre et d'imprimer sa marque dans ce monde en le changeant. 

Avec Un corps d'avance, on est sur un roman collégiale divertissant où chacun des protagonistes de Lou Jan vient nous faire découvrir une facette de ce futur qu'elle nous brosse. Que l'on s'attache ou non à Jinsei, Namaya ou Léan, on est vite captivés par leur destinée atypique où leurs âmes se télescopent à d'autres, et où il est possible de reprogrammer la vie à l'infini. 

Fasciné ou inquiet par ce progrès qui a repoussé les limites du corps humain, il permet surtout à l'autrice de ramener la vie à l'essentiel, à ce qui fait son sel. C'est d'ailleurs le fond de ce récit, l'importance des liens, des attaches et des sentiments, car à quoi bon vivre éternellement si c'est pour perdre à tout bout de champ ceux qui nous sont proches. 

Derrière cette nouvelle aventure très punchy, l'autrice y insère une réflexion philosophique autour du sens de la vie, en soulignant l'amour comme un moteur pour avancer. Soit, c'est un sentiment puissant qui en génère d'autres, à l'image de la jalousie dont certains protagonistes du récit vont d'ailleurs en faire les frais mais c'est un mal nécessaire pour donner du relief au destin. 

Lou Jan louvoie entre présent, passé et futur pour nous entraîner à perdre haleine dans un espace-temps inattendu, source de dangers, mais aussi de belles rencontres. On goûte à un imaginaire fouillé car passionnée par tout ce qui a attrait à ce qui fera demain à travers les innovations, elle se plaît donc à le construire dans ses récits en y mettant en exergue ses forces et ses failles. 

Un corps d'avance est un roman court et percutant qui explore la force des sentiments ainsi que les notions de manque et de vide lorsqu'ils brillent par leur absence. Divertissant !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur La Machine à Aimer.

Informations

Lou Jan
Un corps d'avance
9782375793220
224 pages
Editions Critic

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11/05/2025

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos 

Au fil de ses récits d'imaginaire, Marge Nantel s'impose peu à peu comme une signature incontournable du genre. Le prix Utopiales reçu en 2024 pour récompenser son roman, Code Ardant, ne fait d'ailleurs que confirmer son talent. 

Une plume très qualitative que j'avais remarquée dès ma lecture de La Cité sous les Cimes publié en 2023 par les éditions 1115.

Or, l'annonce d'une nouvelle sortie en avril dernier chez Mnémos a immédiatement suscité mon intérêt.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé : 

Dépourvu du Don, Suèhl est un décasté, autrement dit un paria pour son clan. Contre toute attente, il a réussi à rester en vie en dépit des purges organisées pour le voir lui et ses semblables disparaître. Un jour, il fait la rencontre d'un étranger surnommé Ténèbres sans imaginer qu'il va l'entraîner bien malgré lui au cœur des rivalités de son clan et que leurs destins vont intimement se lier. Mais au plus fort du danger, pourra-t-il réellement compter sur lui ? 

Mon avis :

Avec Hors Caste, Marge Nantel signe un récit de dark fantasy particulièrement immersif. Elle nous propulse dans une société de castes où le pouvoir détermine l'échelle sociale. Celle-ci est facilement reconnaissable par le biais de signes extérieurs comme des tatouages ou le port de certaines pierres. 

Dans ce monde, il n'est pas bon d'appartenir à aucune sous peine de voir sa vie continuellement menacée. A Hemurn, les gens sont répartis par clans. On en distingue quatre : celui du Lynx, du Serpent, de la Tarasque et du Phoenix. Chacun d'entre eux est régulièrement soumis à des luttes internes qui les déstabilisent et vident même leurs rangs à cause des purges. En outre, la particularité de l'univers imaginé par Marge Nantel est qu'elle a choisi de mettre en scène des personnages anthropomorphiques. En effet, les membres de ces clans présentent des caractéristiques physiques propres aux totems auxquels ils appartiennent. 

La magie de ce texte s'exprime autant par ces protagonistes mi humains mi créatures qui, par leurs prédispositions naturelles, disposent de capacités supérieures ainsi que par l'existence de pierres puissantes capables de bien des prodiges comme le contrôle des esprits. 

L'intrigue imaginée par l'autrice est tranchante et se met parfaitement au diapason de son univers âpre. 

La société dans laquelle ce récit prend cadre est sectaire. Ce qui donne l'occasion à l'autrice d'aborder les thématiques d'intolérance et de persécution, notamment ce qui est relatif aux préférences sexuelles. En effet, ses personnages principaux appartiennent à la communauté LGBT et ont bien souvent été victimes d'abus, de sévices et de tortures pour les punir d'aimer des personnes de même sexe. Par leur biais, Marge Nantel explore les traumatismes psychiques et ses conséquences sur l'âme tout en donnant des pistes pour les surmonter. 

En outre, à travers cette société de castes, l'autrice met en exergue le mépris de classes. Elle ponctue ainsi son texte d'une critique politique.

Il est également question de révolte et de liberté conquise au prix fort.

Hors Caste est un roman féroce dans laquelle l'autrice ne mâche pas ses mots, pas plus qu'elle ne ménage ses héros. 

Pour porter cette histoire, elle table sur deux personnages meurtris, deux âmes écorchées par la vie qui ne leur a pas fait de cadeau. 

C'est clairement un roman qui met les émotions à vif. Suèhl et Ténèbres sont les victimes d'un passé traumatisant. Pour autant, ils vont faire de leurs failles une véritable force notamment grâce à leur rencontre qui va leur sceller une nouvelle destinée. Voici deux personnages tous en nuances que l'on apprécie d'emblée et dont on partage sans mal les joies et les peines. Ils forment le duo parfait  pour donner à cette histoire tout son mordant.

Pour conclure :

Avec Hors Caste, Marge Nantel se fait à nouveau l'autrice d'un roman piquant dont on ne sort pas indemne. Implacable !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur La Cité sous les Cimes et Code Ardant.

Informations

Marge Nantel
Hors Caste
9782382671917
336 pages
Editions Mnémos

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06/05/2025

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, T.3, Les Cités Divines, 
éditions Albin Michel Imaginaire 

La Cité des Miracles est le troisième volet qui vient clôturer de façon magistrale la trilogie des Cités Divines de Robert Jackson Bennett. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Avec Les Cités Divines, Robert Jackson Bennett signe une série de haut vol mêlant fantasy et enquête avec une grande virtuosité. 

Personnellement, j'ai eu un énorme coup de cœur pour cette histoire et celui-ci ne s'est d'ailleurs pas démenti tout au long des tomes. Je ne peux donc que vous recommander de la lire à votre tour.

Résumé :

La mort violente de Shara Komayd tuée dans un attentat force Sigrud je Harkvaldsson à sortir de sa clandestinité pour enquêter afin de démasquer le commanditaire de cet assassinat. En tant que Première Ministre, Shara ne manquait pas d'ennemis. Toutefois, au vue de ses premières constatations, il semblerait que ce meurtre soit en lien avec des divinités puisque des miracles semblent encore à l'œuvre en dépit que ces dernières aient soit disant toutes disparues. Et si les apparences étaient une nouvelle fois trompeuses dissimulant une réalité toute autre et un avenir bien sombre ? A moins, bien sûr, que Sigrud réussisse à nouveau à faire pencher la balance !

Mon avis :

Après avoir été le théâtre d'affrontements apocalyptiques avec les divinités Kolkan et Jukov vaincues par Shara et Sigrud, le monde né sous la plume de Robert Jackson Bennett se reconstruit progressivement. Mais alors que tous pensaient être libérés de l'empreinte des dieux, des miracles semblent encore à l'œuvre. Ceux-ci ont notamment servi à éliminer la Première Ministre Shara Komayd. Pour Sigrud sorti des ombres, le doute n'est plus permis quant à la résurgence d'une nouvelle menace divine.

L'univers imaginé par Robert Jackson Bennett repose sur la qualité de sa mythologie. En effet, l'auteur s'est notamment inspiré de la mythologie grecque en y puisant quelques éléments. Ainsi, il emprunte à Cronos son habitude de manger ses enfants pour ne pas être détrôné par eux afin de donner à ses propres dieux une très grande puissance qu'ils acquièrent en consommant, à leur tour, leur propre descendance. La croyance en ces mythes façonne son monde en faisant ou défaisant des éléments. Celui-ci évolue au gré des envies et de l'emprise de ces créatures ancestrales. Leur pouvoir est tel qu'elles peuvent le réinitialiser à l'envi menaçant toutes les âmes qui y résident. Ainsi, leur simple existence est un danger pour le reste de l'humanité et ne peut qu'aboutir à un nouvel affrontement s'annonçant, d'ores et déjà, très spectaculaire. Conclusion oblige, l'auteur a lâché la bride à son imagination pour nous concocter de nombreuses scènes explosives à l'esthétique très cinématographique. Les combats y sont homériques et la tension, à son comble. 

Ce troisième opus est clairement à la hauteur des précédents et l'auteur a mis le paquet pour nous maintenir dans un suspense presque insoutenable. 

Shara n'étant plus là, Robert Jackson Bennett s'est davantage focalisé sur le personnage de Sigrud que l'on découvre plus en profondeur dans ce troisième tome. Il a puisé dans la figure du Berserk pour nourrir son portrait. Aussi, il incarne à sa manière cette image du guerrier fauve entrant dans une fureur sacrée le rendant surpuissant et capable d'affronter des êtres qui lui sont nettement supérieurs. Sigrud se laisse conduire par ses émotions. Il est bien souvent aveuglé par son désir de venger les personnes qui lui sont chères et qu'on lui a pris. Pour autant, la force brute qu'il arbore en permanence dissimule bien les sentiments qui l'animent et qui le rongent de l'intérieur. Lorsque l'on fait sa connaissance, on est loin d'imaginer qu'une sensibilité se cache sous cette armure de glace qui le drape et derrière son regard si pétrifiant pour qui le croise. C'est pourtant l'un des protagonistes le plus attachant de cette série, notamment à cause du passé bouleversant qu'il porte. Il est un héros à sa manière, choisi pour accomplir des actes incroyables et parfois inattendus. Les missions qu'on lui a confiées ou qu'il s'est assignées ont toujours la primeur sur son propre salut. C'est dire son degrés d'abnégation. 

Il fallait bien un tel protagoniste inoubliable pour mettre le point final à ce récit de grande envergure. Tout y est intense et immersif, à l'image de son implacable personnage principal.

Robert Jackson Bennett continue d'instiller dans son livre des réflexions politiques ou sociétales intéressantes. Ici, il questionne pas mal le pouvoir et ses conséquences, notamment lorsque celui-ci grise tellement son détenteur qu'il verse dans la mégalomanie. Il évoque également les traumatismes de l'enfance en mettant en exergue ses répercussions sur l'adulte. 

Comme à son accoutumée, Robert Jackson Bennett nous assure, avec La Cité des Miracles, un pure divertissement grâce à sa fantasy richement construite et à la variété des sujets abordés. 

Pour conclure :

La Cité des Miracles est un roman très qualitatif apportant son lot d'émotions fortes et d'action tout en proposant un décor grandiose complètement déstructuré. Dépaysement garanti !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur La Cité des Marches, La Cité des Lames, Les Maîtres Enlumineurs, Le Retour du Hiérophante et Les Terres Closes

Informations

Robert Jackson Bennett
La Cité des Miracles
Tome 3
Les Cités Divines
9782226485922
576 pages
Editions Albin Michel Imaginaire

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27/04/2025

Thibault Lafargue, Le Bouffon de la Couronne, Tome 1, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Thibault Lafargue, Le Bouffon de la Couronne, T.1, 
collection Bad Wolf, 
éditions ActuSF 

Scénariste et réalisateur pour le cinéma, Thibault  Lafargue est également l'auteur d'un premier roman de fantasy magistral paru aux éditions ActuSF.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Rien ne prédestinait Sébrain à une vie au service du roi. En effet, lui le Fournier au moulain de Fore-le-Bourg se voyait plutôt comme Grand Apprenti du Moulain d'Or Blanc. Seulement par un mauvais coup du sort, le voici obligé d'enfiler les habits de bouffon du roi en échange de la vie sauve. Dès lors, c'est une toute nouvelle vie qui s'offre à lui remplie de mensonges et de farces. Mais dans ce monde de faux-semblants, arrivera-t-il à trouver sa place ? 

Mon avis :

Dans Le Bouffon de la Couronne, Thibault Lafargue nous immerge dans un monde clivé où deux royaumes s'affrontent. En effet, la Ponance et la Levance sont en guerre depuis des lustres. Les victoires et les défaites s'enchaînent pour l'un ou l'autre camp sans pour autant sonner la fin du conflit. Mais, l'arrivée au pouvoir de Guillon Saintelarme comme souverain ponant pourrait bien changer les choses car le sire est bien décidé à signer la paix avec le sultan levant. Pour preuve de sa bonne volonté, il est même prêt à accorder la main de sa fille à l'héritier de son ancien ennemi légitimant ainsi la Mixité. Un choix politique qui ne sera pas au goût de tous tout en insufflant au récit son ambiance pesante alourdie par les complots et les trahisons. 

D'autant qu'à Belle-la-Ménure où se déroule l'action de ce premier volet, la religion en place subit une vive critique avec le retour en force de la croyance prohibée de l'Art. Or, derrière ceux qui se font appeler les Artistes se dissimulent peut-être la volonté de faire revivre le culte de la déesse Eléanor tant redoutée par le Triste. 

Entre ces lignes, l'Art est assimilé à une forme de magie proscrite car quiconque la pratiquant est voué au bûcher. En outre, les pages de ce livre sont habitées par un léger merveilleux se manifestant sous forme de prodige, à l'image de ces fascinantes Célestines, une sorte de bateaux volants reliant Fore-le-Bourg au château de Belle-la-Ménure et au Moulain d'Or Blanc.

Le Bouffon de la Couronne est un récit de haut vol rempli de conspirations et de situations inattendues où le rire se dispute au danger. L'intrigue est bien menée mêlant jeux d'esprit et coups de bâton. 

La plume de l'auteur est particulièrement savoureuse faisant le choix de mettre en scène des personnages hauts en couleurs. Au-delà du personnage principal fort attachant au demeurant qui se retrouve à devoir endosser un costume bien trop grand pour lui, on fait également la rencontre avec d'autres protagonnistes tout aussi inoubliables. Il y a, par exemple, la bouffonne Jeanny la folle qui dissimule ses blessures de l'âme la rendant très touchante, sans oublier l'intrigante Catheriniane qui tisse sa toile dans l'ombre pour mieux manipuler son monde. 

Dans Le Bouffon de la Couronne, Thibault Lafargue a enrichi son texte de thématiques variées. En effet, il nous parle aussi bien d'intolérance, de guerre de religions que de manipulation politique. En outre, il est également question de relations familiales complexes, et d'accomplissement féminin ou parental, à travers cette délicate notion du manque d'enfant.  

Ce livre est prenant et riche en émotions. Thibault Lafargue se fait l'auteur d'un texte qui ne laisse pas indifférent et dont on a grandement envie d'en découvrir tous les secrets. 

Pour conclure :

En refermant ce livre, je ne peux que féliciter les éditions ActuSF de nous avoir dénicher un tel talent car ce roman est clairement à classer parmi mes meilleurs coups de cœur de l'année 2025. Hâte de lire la suite !

Fantasy à la Carte

Informations

Thibault Lafargue
Le Bouffon de la Couronne
9782376866800
645 pages
Collection Bad Wolf
Editions ActuSF

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22/04/2025

Clément Rouault, Fragments d'Empyrium, éditions 1115

Clément Rouault, Fragments d'Empyrium, éditions 1115

Quand il ne joue pas la comédie, Clément Rouault écrit. Pièces de théâtre, scénarios ou nouvelles, tout ou presque passe sous sa plume toujours très inspirée. 

Après sa nouvelle "Le Bazaar K" parue dans la collection ChronoPages des éditions 1115, il est de retour chez ce même éditeur pour nous proposer, cette fois-ci, une novella qui s'intitule Fragments d'Empyrium.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce service de presse.

Mon avis :

Fragments d'Empyrium est un recueil de 6 textes où l'on part à la rencontre du 3e type pour mieux renouer avec notre humanité.

L'humanité n'est plus la même depuis l'avènement de l'Empyrium, cette ère que l'on doit à des êtres venus d'ailleurs pour délivrer les humains de leurs besoins primaires, tels la faim et la soif. Toutefois l'espèce est-elle sauvée pour autant ? Rien n'est moins certain car défait de toutes envies, cet avenir s'avère bien moins désirable que prévu. Et l'idée de se laisser aller à l'oubli dans les bras de ceux que l'on appelle E n'est pas plus enviable. 

Mais ne voyez aucune malice chez ces créatures extraterrestres car leur intervention part toujours d'un bon sentiment. En tout cas, c'est ce que l'on se dit lorsque l'on voit F débarqué dans un coin perdu de la France et distribuer à tout va des diamants. Malheureusement pour lui, sa générosité a eu l'effet pervers de dévaluer le diamant en saturant le marché. Voici une nouvelle remarquable qui a également l'intérêt de mettre en lumière les dangers de ce système monétaire qui émet trop de billets leur enlevant ainsi toute leur valeur. Cette critique du capitalisme qui domine le monde d'aujourd'hui est fort à-propos. 

Dans son recueil, Clément Rouault ne se contente pas de faire un état des lieux sur la situation inquiétante de l'humanité si elle continue à brûler par les deux bouts la planète qui l'accueille, il s'intéresse aussi aux possibles futurs qui l'attendent. Ainsi, dans sa nouvelle "Dialogue entre deux âmes", l'auteur explore cette idée de numérisation des âmes pour que celles-ci ne s'éteignent jamais même après que les corps aient lâché. C'est à la fois noble et inquiétant. Cela a l'avantage de conserver la mémoire des anciens tout en mettant fin au deuil. Mais enfermer l'essence d'une personne disparue dans une mémoire numérique, c'est aussi la couper définitivement d'une partie de son être fait de chair et de sang. C'est l'empêcher de trouver le repos. Il y a une forme de cruauté dans un tel choix. La peur de mourir et le désir d'immortalité titillent bien des hommes mais est-ce que vivre éternellement est-il un sort si enviable?

L'avenir de l'humanité est-il de trouver un remède à sa mortalité ou n'est-ce pas plutôt d'apprendre à vivre en communion avec son environnement ? Après tout qu'est-ce que nous racontent Fragments d'Empyrium si ce n'est de perpétuelles rencontres avec l'autre qui sont autant de sources d'introspection pour les humains afin de comprendre où ils vont et au besoin modifier leur trajectoire tant qu'il est encore temps. 

Pour conclure :

Fragments d'Empyrium, c'est un kaléidoscope d'histoires étranges qui replacent l'humanité face à ses contradictions afin de prendre le temps de réfléchir à une finalité plus acceptable. 

Fantasy à la Carte

Informations

Clément Rouault
Fragments d'Empyrium
9782385630461
122 pages
Editions 1115

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18/04/2025

Auriane Velten, C'est-comme-ça, éditions Mnémos

Auriane Velten, C'est-comme-ça, éditions Mnémos 

Autrice montante, Auriane Velten a déjà été primée pour son roman After qui a reçu le prix Utopiales en 2021. D'autres titres ont vite rejoint sa bibliographie depuis ce premier roman, à l'image de Cimqa en 2023 ou encore Ainsi soient-illes en 2024. 

Mars marque son retour au catalogue des éditions Mnémos avec un nouveau titre qui s'intitule C'est-comme-ça. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Apollon, Peter Pan, Clochette et Thor  ne sont pas que des croyances issues de l'imaginaire populaire. Ils existent réellement, seulement ils vivent à l'abri des regards des humains. Cassandre  est l'une de ses figures mythologiques qui se tient également à l'écart dans la crainte de disparaître. Or, le jour où Peter Pan s'évapore mystérieusement, ses pires craintes deviennent donc réalité. Pour comprendre ce qui lui est arrivé et peut-être lui éviter le pire, Cassandre a décidé de mener l'enquête au risque de s'y brûler les ailes. Que trouvera-t-elle au terme de sa quête, telle est la question ? 

Mon avis :

Dans C'est-comme-ça, Auriane Velten a invité tous les panthéons à venir nourrir son singulier univers où le merveilleux tente autant de réenchanter le présent que d'y survivre. En effet, entre les lignes d'Auriane Velten, toutes les croyances du monde entier qu'elles soient nordiques, gréco-romaines, chrétiennes ou encore vaudous, sont touchées par le même mal qui les ronge. Il s'agit d'une sorte d'oubli qui menace de les faire tous disparaître les uns derrière les autres si elles ne réagissent pas à temps. 

L'idée de voir réunis dans un même combat des divinités, des personnages littéraires issus des contes ou des comics et des figures mythologiques ou folkloriques est particulièrement originale. En effet, dans ce roman, ces êtres de foi et de papier n'existent que grâce aux histoires et aux prières qui leur sont destinées. Celles-ci leur donnent d'ailleurs la matérialité nécessaire pour s'ancrer dans le présent. Or, le monde d'aujourd'hui est de plus en plus déshumanisé, et obnubilé par un consumérisme dévorant et une course à l'argent effrénée qui plombent littéralement les esprits et alourdissent les cœurs. La métaphore dont use Auriane Velten dans son récit met bien en exergue cette critique sociétale en insistant sur ses conséquences dévastatrices à travers la perte des repères conduisant à un désenchantement total. Les gens ne croient plus en rien plongeant le monde dans le néant. Plus d'espoir auquel se raccrocher, plus de pensée réconfortante. 

Pour autant, ce texte ne manque pas d'un certain optimisme. Celui-ci s'incarne à travers le personnage de Cassandre qui réussit à rompre avec sa malédiction pour enfin être cru et agir sur ce présent dont elle ne veut pas, même si cela n'est pas chose aisée pour elle. Elle est celle qui ouvre les yeux sur la réalité des évènements et propose des solutions. Auriane Velten en a fait un très beau personnage féminin qui fait preuve d'une grande force face aux difficultés, notamment en affrontant et en triomphant de sa némésis, incarnée par Apollon. Elle est un protagoniste particulièrement touchant auquel on s'attache immédiatement. Entre force et faiblesse, l'autrice l'a beaucoup nuancé pour lui donner une vraie profondeur. Ce choix de mettre à l'honneur une figure de la mythologie mésestimée est particulièrement intéressant. En outre, elle lui permet également de traiter la question du harcèlement et ses conséquences sur la psyché tout en donnant des pistes pour en triompher. 

Pour conclure :

Avec C'est-comme-ça, Auriane Velten explore le monde sous l'angle du merveilleux afin de rappeler que celui-ci ne s'efface pas complètement devant l'obscurité. Véritable hommage à ces littératures et à ces mythologies qui ont nourri bien des imaginaires, Auriane Velten signe un texte très original que l'on n'est pas prêt d'oublier de sitôt. 

Fantasy à la Carte

Informations

Auriane Velten
C'est-comme-ça
9782382671788
336 pages
Editions Mnémos

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12/04/2025

Emmanuel Quentin, Vent Rouge, éditions Critic

Emmanuel Quentin, Vent Rouge, éditions Critic 

Grand amateur de littératures de l'Imaginaire, Emmanuel Quentin a fini par céder aux sirènes de l'écriture. Sa bibliographie compte déjà quelques titres comme Dormeurs, Où s'imposent les silences ou La faculté des idées noirs.

Son nouveau roman est sorti depuis peu aux éditions Critic et s'intitule Vent Rouge.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Sophis est soumise au vent rouge, un phénomène météorologique inexplicable qui emporte, disperse et mélange les souvenirs des personnes se retrouvant sur son passage. Ce n'est d'ailleurs pas la seule menace qui sévit sur cette planète. En effet, alors qu'Anat  pensait faire ses adieux aux 3 corps plongés dans des cuves depuis fort longtemps, l'un d'eux est revenu à la vie. Il s'agit d'une dénommée Satia Layre missionnée il y a plus de 400 ans par les siens pour mener à bien un objectif contraire aux intérêts de Sophis et même plus menaçant que l'oubli lui-même.

Mon avis :

Vent Rouge est un planet opera dans lequel Emmanuel Quentin confronte deux sociétés antagonistes dans leur état d'avancement. Ainsi, on a d'un côté, l'Ordocratie qui bénéficie d'un progrès technologique sans commune mesure lui permettant d'asseoir sa domination sur la galaxie et de l'autre côté, Sophis qui demeure encore sous l'emprise d'un certain archaïsme dû à des bouleversements écologiques et sociaux. 

Emmanuel Quentin donne vie à un univers complexe nourri à la nanotechnologie et piloté par une intelligence artificielle déclinante. 

Nous sommes face à d'un côté, une civilisation avancée qui maîtrise l'usage de corps d'emprunt assurant une longévité remarquable même si elle a ses limites comme l'illustre les difficultés de l'un des protagonistes de cette histoire et de l'autre côté, un peuple traumatisé par une oppression forte et menacé par un dérèglement inarrêtable. 

C'est donc dans ce décor futuriste que l'auteur a décidé de bâtir son intrigue où il est beaucoup question de colonialisme et de rapt des ressources locales. Vent Rouge critique cette politique expansionniste qui se fait toujours au nom du bien collectif mais se révèle surtout très destructrice pour les locaux. 

En outre, à travers cette manifestation climatique qu'est le vent rouge, Emmanuel Quentin aborde de manière très original la thématique de la mémoire à travers ces souvenirs qui se mélangent et disparaissent. Ainsi, le vent rouge est craint car son passage est synonyme d'oubli. En faisant des souvenirs un enjeu narratif de son livre, l'auteur met en lumière le poids du passé et l'importance de ne pas l'oublier pour aller de l'avant car c'est en regardant en arrière que l'on sait où l'on va. En perdant leurs souvenirs, les protagonistes d'Emmanuel Quentin perdent une part d'eux-mêmes.

Vent Rouge n'est pas un roman si facile d'accès car l'univers est dense et l'intrigue est tortueuse. 

En outre, c'est un roman choral qui donne la parole à pléthores de personnages remplis de secrets et de zones d'ombre. Personnellement, je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher à eux. En revanche, leurs destins croisés contribuent grandement à donner du suspense à ce texte puisque chacun à sa quête, ils nous entraînent à perdre haleine dans ce monde déclinant où subsistent les ruines d'une technologie avancée. 

Pour conclure :

La plume d'Emmanuel Quentin est fluide et nous emporte sans mal dans son histoire. Ce texte ne manque ni de rythme ni d'action. Il fallait bien ça pour nous dévoiler ce monde âpre et inquiétant qui sert d'écrin à l'auteur pour questionner la société dans ses failles.

Fantasy à la Carte

Informations

Emmanuel Quentin
Vent Rouge
9782375793138
429 pages
Editions Critic

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02/04/2025

Jean-Laurent Del Socorro, Les Amants du Ragnarök, éditions Albin Michel Imaginaire

Jean-Laurent del Socorro, 
Les Amants du Ragnarök
éditions Albin Michel Imaginaire 

Pour notre plus grand plaisir, Jean-Laurent Del Socorro Del Socorro vient de signer un nouveau titre chez Albin Michel Imaginaire

Cette fois-ci, il a délaissé la geste arthurienne pour investir la mythologie nordique. Son nouveau roman s'intitule Les Amants du Ragnarök.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Alors que le Ragnarök est annoncé, Thor a eu une vision de sa mort. Sa femme Iarnsaxa ne peut accepter son funeste sort et se met en tête de lui écrire un autre destin. Pour y réussir, elle se joint à Jórunn, une scalde éprouvée par le récent décès de sa compagne, morte sur le champs de bataille et cherchant à rejoindre le Valhalle pour lui faire ses adieux. Le chemin sera semé d'embûches et nul ne peut prédire à la réussite de la géante car personne n'a encore réussi à ce jour à mettre les nornes en défaut. Alors y parviendra-t-elle ?

Mon avis :

Pour son nouveau livre, Jean-Laurent Del Socorro a choisi le Ragnarök, autrement dit la fin des dieux comme cadre à son histoire. Une fin du monde qui a été prophétisée dans la mythologie nordique comprenant une série d'évènements dont un long hiver de 3 ans sans soleil, suivi d'une grande bataille dans la plaine de Vígríd au cours de laquelle la majorité des divinités, à l'image d'Odin, de Thor et de Loki, vont trouver la mort. 

Ainsi, dans Les Amants du Ragnarök, Jean-Laurent Del Socorro va nous rejouer cet épisode mythique en nous le contant du point de vue de protagonistes féminins. En effet, il nous attache aux pas d'une guerrière du nom d'Hervor qui lui est inspirée par l'héroïne légendaire du même nom incarnant le courage et la détermination des femmes guerrières à l'époque des Vikings, de la géante Iarnsaxa, toujours présentée comme la mère de Magni, fils de Thor et de la barde Jórunn faisant directement référence à Jórunn Skaldmær, une scalde norvégienne du IXe siècle. 

Ce parti pris de l'auteur a le double intérêt de mettre à l'honneur des destins féminins tout en réinjectant beaucoup d'humanité dans cette épopée mythique que l'on goûte à travers le regard très doux  de l'amante ou de l'épouse.

Avec Les Amants du Ragnarök, Jean-Laurent Del Socorro signe un texte d'une grande profondeur qui aborde le délicat sujet du deuil, à travers la perte, le manque et l'adieu. Il nous parle des relations humaines avec une très grande justesse en testant la force des sentiments qui lient certains de ses protagonistes. Ainsi, l'amour et les liens familiaux sont les thématiques que Jean-Laurent Del Socorro a choisi de mettre au cœur de son récit. 

Toutes les émotions suscitées par les mots de l'auteur viennent d'ailleurs contrebalancer l'action qui ne manque pourtant pas ici puisque rappelons qu'il s'agit ici ni plus ni moins de la fin d'un monde, celui des dieux nordiques détrônés par le christianisme. 

Or, pour être à la hauteur de cet évènement ô combien épique, l'auteur table sur trois fortes personnalités. Il nous dresse un portrait charismatique de chacune d'elles qui s'imposent naturellement dans ce monde dominé par les dieux et marquent à leur manière cet épilogue tragique de l'héritage viking. 

Hervor incarne la puissante guerrière dont la force et le courage en font une alliée de choix pour Odin lors de sa dernière bataille car tel est le destin des plus valeureux guerriers tombés au combat. A la différence des autres Einheriars, elle a gardé un lien très fort avec sa compagne Jórunn qui l'ancre toujours au présent et lui tisse un destin particulièrement héroïque aux côtés des Ases. Jórunn, elle, ne se distingue pas par ses qualités de combattante car c'est une barde. Elle est là pour chanter les hauts faits des autres. Pour autant, elle fait montre d'une force de caractère et réalise des prouesses juste par amour pour Hervor et démontre ainsi la force des sentiments. Elle porte les chants de l'Edda poétique et nous replonge dans les plus grandes sagas nordiques à l'image de la Völsunga. Sous la plume de Jean-Laurent Del Socorro, elle est à la fois témoin d'une époque et actrice d'un destin légendaire. C'est vraiment un très beau personnage féminin, très bouleversant dans les émotions qu'elle transmet. Enfin, Iarnsaxa est la géante qui a eu un fils avec le dieu Thor. Jean-Laurent Del Socorro a décidé de lui donner un rôle prépondérant dans le Ragnarök. Déjà il insiste sur l'amour indestructible qui la lie à Thor, à tel point qu'elle tente le tout pour le tout pour contrer le destin que les Nornes lui ont tissé. On apprécie cette mise à l'honneur d'une figure féminine très secondaire du mythe, d'autant qu'il nous en brosse un portrait très réussi. 

Pour conclure :

Avec Les Amants du Ragnarök, Jean-Laurent Del Socorro explore un autre héroïsme moins dans la force brute et plus dans la puissance des sentiments qui se révèlent être une arme redoutable. 

Ce retour en territoire viking ne vous laissera clairement pas indemne tant il est chargé d'émotions fortes.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Morgane Pendragon, Du Roi Je Serai L'Assassin, Peines de Mots Perdus, La Guerre des Trois Rois, Royaume de Vent et de Colères et Boudicca

Informations
Jean-Laurent Del Socorro
Les Amants du Ragnarök
9782226495167
304 pages
Editions Albin Michel Imaginaire

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28/03/2025

Scarlett St. Clair, La Reine du Mythe et des Monstres, T. 2, Adrian & Isolde, éditions Hugo

Scarlett St. Clair, La Reine du Mythe et des Monstres, T.2, Adrian & Isolde
éditions Hugo

Après avoir bien apprécié Le Roi de la Guerre et du Sang, j'au profité de la sortie du tome 2 le 5 mars dernier pour enchaîner directement la lecture de La Reine du Mythe et des Monstres qui prend donc la suite de cette saga de romantasy signée Scarlett St. Clair.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je remercie Olivia Debarge pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Maintenant qu'elle est couronnée reine de Revekka, Isolde doit apprendre à déjouer les pièges de la cour du Palais Rouge car les intrigues à son encontre vont bon train. En outre, les menaces arrivent de toutes parts, les villages aux alentours sont attaqués par des monstres et un brouillard cramoisi s'élève ici ou là contaminant les hommes d'un étrange mal mortel, déjà qualifié par certains de peste rouge. L'heure est à la peur et à la méfiance. Pour Isolde et les siens, il est urgent d'arrêter Ravena, la sorcière qu'ils pensent responsables de tous ces maux. Mais face à la vindicte populaire auront-ils seulement le temps d'endiguer la crise avant que cela ne dégénère ?

Mon avis :

Dans La Reine du Mythe et des Monstres, Scarlett St. Clair poursuit l'exploration de son monde. Celui-ci se dévoile à travers le passé de chacun des protagonistes de cette histoire. Ainsi, au fur et à mesure que les souvenirs affluent, on prend conscience que celui-ci est le terrain de jeu des deux déesses Dis et Asha qui l'ont façonné dans le seul but d'en prendre le contrôle par le biais d'êtres incarnés. Aussi, les monstres qui peuplent les pages de ce livre sont une arme puissante, pourvoyeuse de chaos. 

L'autrice emprunte d'ailleurs beaucoup au folklore slave pour nourrir le bestiaire merveilleux qui enrichir son univers. On ne s'étonne donc pas de croiser des Varcolacs (des créatures proches des loups-garous) ou des Appesarts rappelant les Wendigos. Scarlett St. Clair a fait un vrai effort sur le worldbuilding de sa saga, ce qui est fort appréciable. 

En outre, au travers des allers-retours présent et passé, elle nous montre les évolutions de la société qu'elle met en scène. Les sorcières ont disparu au profit des monstres. Derrière cette métaphore se cache la volonté forte de Scarlett St. Clair de critiquer ce patriarcat toxique qui étouffe les femmes et réduisant leur pouvoir à néant. Elle illustre son propos en dénonçant la chasse aux sorcières dont les femmes ont été victimes par le passé et sa résurgence dans la présent, accompagné d'un sentiment d'intolérance qui s'installe progressivement. 

Ce tome 2 est très marqué par la défiance et la suspicion. L'ambiance y est délétère et les trahisons de certains protagonistes n'arrangent rien. C'est aussi ce qui fait le sel de ce récit allègrement piqué de rebondissements et de coups bas. 

Dans La Reine du Mythe et des Monstres, Scarlett St. Clair profite des révélations du passé de ses personnages pour leur donner de la profondeur. Aussi, tous les portraits qu'elle brosse sont bien travaillés. Ceux-ci nous révèlent d'ailleurs toute la complexité des personnalités en présence. Les personnages qui prennent vie sous la plume de Scarlett St. Clair sont toutes en nuances, ni noirs ni blancs. Chacun révélant sa part de lumière ou de ténèbres à un moment de l'histoire.

En nous parlant des sentiments partagés entre d'autres couples, Scarlett St. Clair ne s'intéresse donc pas exclusivement à la relation amoureuse qui unit Isolde et Adrian et s'offre donc la possibilité de mettre en exergue toute les difficultés et l'ambiguïté des relations humaines au sens général. Le texte n'en est que plus bouleversant car on ne reste pas indifférent à certains amours narrés entre ces pages. 

Pour conclure :

Finalement, La Reine du Mythe et des Monstres répond bien à toutes les promesses du début en proposant un univers fouillé habité par des personnages intrigants à la personnalité tortueuse. 

La plume de Scarlett St. Clair est très fluide. Ce tome 2 est à l'image du premier, un vrai page-turner avec lequel on passe un bon moment de lecture.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur : Le Roi de la Guerre et du Sang, A touch of darkness, A touch of ruin, A touch of malice, Game of Fate et Game of Retribution

Informations

Scarlett St. Clair
La Reine du Mythe et des Monstres
T.2
Adrian & Isolde
9782755670332
400 pages
Editions Hugo

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23/03/2025

Scarlett St. Clair, Le Roi de la Guerre et du Sang, T.1, Adrian & Isolde, éditions Hugo New Romance

Scarlett St. Clair, Le Roi de la Guerre et du Sang, T.1, Adrian & Isolde
éditions Hugo New Romance 

Après sa saga à succès, Hadès & Perséphone, vendue à 800 000 exemplaires, Scarlett St. Clair a repris la plume et inaugure une nouvelle série intitulée Adrian & Isolde. Ainsi, elle délaisse la mythologie grecque pour investir un nouvel univers infusé à d'autres mythes, dont celui du vampire.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je remercie Olivia Debarge pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Bien décidée à ne pas se marier, Isolde, princesse de Lara a bien du mal à accepter l'idée de devoir épouser le roi des vampires, Adrian Aleksandr Vasiliev, son pire ennemi. Mais pour sauver son royaume, sa famille et son peuple, elle n'a pas d'autre choix puisque la reddition des siens ne semble pas suffire au Roi de Sang qui a été jusqu'à demander sa main. Seulement, elle était loin d'imaginer qu'en acceptant de devenir sa reine, elle allait découvrir une vérité sur le monde qu'elle pensait pourtant bien connaître et qui va ébranler toutes ses certitudes. Mais sera-t-elle prête le moment venu à en assumer toutes les conséquences ?

Mon avis :

Adrian & Isolde est une romance qui prend cadre dans un univers de fantasy peuplé de vampires et de monstres. Scarlett St. Clair fait débuter son histoire en plein âge sombre dans le monde de Cordova. Le temps est à la guerre à cause des velléités conquérantes du royaume de Revekka, dirigé par l'implacable Roi de Sang. En effet, cette nation vampirique soumet, l'une après l'autre, les neufs éminentes maisons qui dominaient ce monde jusque-là. Or, pour éviter le pire, la maison de Lara a choisi de déposer les armes et scelle, malgré elle, cet accord par l'union entre la princesse héritière et le souverain ennemi. C'est un mariage qui n'est pas au goût de tous et suscite même moult animosités. 

Outre ce fil directeur qui nourrit le texte de nombreuses intrigues, l'autrice s'appuie sur une mythologie solide donnant ainsi une vraie profondeur à son univers. L'ombre de divinités plane donc sur ce récit et on doit même à l'une d'elles l'existence des monstres dont la figure du vampire arrive en tête, en réponse à la cruauté des hommes. 

Dans ce roman, il est également question de sorcières même si toutes semblent avoir disparu au moment où commence cette histoire, toutes brûlées sur le bûcher il y a 200 ans. Pour autant leur héritage demeure très prégnant entre ces lignes.

Le vampire occupe quasiment toute la pace dans le roman de Scarlett St. Clair. Elle nous en brosse d'ailleurs un portrait acéré. Il est une créature aussi cruelle qu'énigmatique. Sa présence suscite la terreur. Elle semble invincible et exerce une terrible menace sur l'ensemble des royaumes victimes de son assujétissement. Pourtant en dépit des apparences, la plume de Scarlett St. Clair n'est pas aussi manichéenne que l'on pourrait croire, au départ car elle aime jouer sur les faux-semblants. Aussi, ce premier volet lui donne l'occasion d'explorer la figure du monstre en questionnant notamment l'humanité de chacun de ses personnages qu'ils soient humains ou non. Elle s'intéresse à ce que l'on est prêt à faire au nom d'une cause qui nous paraît juste. 

Avec Le Roi de la Guerre et du Sang, l'autrice signe un premier tome plein de bruit et de fureur dominé par la notion de vengeance. Il est vrai que la romance occupe une grande place dans ce livre, toutefois elle n'éclipse pas pour autant d'autres thématiques comme la loyauté, la famille ou le poids du passé

18/03/2025

Nicola Griffith, La Lance de Peretur, éditions Argyll

Nicola Griffith, La Lance de Peretur, éditions Argyll 

Autrice anglaise, Nicola Griffith s'est déjà, à moult reprises, distinguée, en recevant certains des plus prestigieux prix littéraires. 

Sa bibliographie est variée. On y retrouve notamment du thriller et de l'imaginaire. Ses récits sont engagés et s'intègrent parfaitement aux problématiques du monde d'aujourd'hui. 

Les éditions Argyll ont eu la judicieuse idée de faire coïncider la publication de son récit arthurien traduit sous le titre de La Lance de Peretur avec le mois de mars au féminin. Hasard de leur calendrier éditorial ou non, ce choix est particulièrement pertinent

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Peretur vit avec sa mère Elen dans une grotte à l'écart des hommes. Un jour, à l'occasion de l'une de ses balades solitaires, la jeune femme rencontre une poignée de chevaliers qui la fascinent au plus haut point. Ils répondent au nom de Cei, de Bedwyr ou encore de Lance et servent le roi Artos de Caer Leon. Or, ce nom l'attire irrémédiablement et elle sent tout au fond d'elle-même qu'elle doit se rendre en ce lieu. C'est ainsi qu'à partir de cet instant, sa vie va prendre une nouvelle tournure l'emmenant au cœur d'un territoire encore inexploré.

Mon avis :

Avec La Lance de Peretur, Nicola Griffith revisite le mythe arthurien à la lumière d'un point de vue féministe et inclusif. C'est donc par l'intermédiaire de la figure de Peretur qui n'est autre que Perceval que l'on pénètre ici dans la Matière de Bretagne. Nicola Griffith s'appuie d'ailleurs sur quelques éléments notables de son mythe comme le fait qu'il est élevé à l'écart par sa mère dans le but de le protéger, qu'il rencontre fortuitement un groupe de chevaliers ou encore que son destin est intimement lié à la quête du Graal. 

Voici autant de détails que l'autrice a repris pour donner un caractère familier au récit tout en conservant une liberté de création nécessaire pour donner à ce texte toute sa modernité. 

Aussi, l'autrice joue sur le genre de son protagoniste principal puisque Peretur est une femme même si peu en ont conscience, surtout pas les hommes qui voient en elle un jouvenceau mal dégrossi. Seul Artos semble percevoir en elle sa double identité sans pour autant mettre un mot sur son ressenti. D'ailleurs, Nicola Griffith insiste beaucoup sur la défiance que le roi ressent à l'égard de Peretur. Il est inquiet se sentant presque menacé dans sa masculinité en sa présence, au point de choisir de l'envoyer au loin dans une quête utopique. En outre, pour renforcer le caractère merveilleux de son roman, l'autrice y introduit les Tuatha Dé Danann, à travers les quatre talismans qui les caractérisent : la  lance de Lug, le chaudron de Dagda, la pierre de Fal et l'épée de Nuada. En effet, elle a choisi de lier ces artefacts au destin de Peretur et ainsi proposer une habile réinterprétation des faits, colorée d'une puissante magie. 

14/03/2025

Jonathan L. Howard, Le Détective, T.2, Johannes Cabal, éditions ActuSF

Jonathan L. Howard, Le Détective
T.2, Johannes Cabal
éditions ActuSF 

S'il y a bien une sortie littéraire que j'attendais et à laquelle je ne croyais plus, c'est bien la série Johannes Cabal de Jonathan L. Howard. 

En effet, le premier tome m'avait bien plu, l'humour grinçant de l'auteur et son imaginaire déjanté ont fait merveille pour rendre cette lecture divertissante. Alors vous pensez bien que j'ai fort apprécié de me replonger dans cette saga. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors qu'il est emprisonné, en attente de son exécution, on vient le trouver au fond de sa geôle pour lui proposer une mission délicate en échange de sa liberté. S'il veut vivre, Johannes Cabal n'a pas d'autre choix que d'accepter de ranimer l'empereur de Mirkavie le temps que ce dernier prononce un discours censé faire basculer le destin du pays. Évidemment rien ne va se passer comme prévu.

Mon avis :

Dans Le Détective, Jonathan L. Howard renoue avec son personnage emblématique Johannes Cabal et son univers décalé. 

Pour sauver sa tête, ce dernier se retrouve mêlé, bien malgré lui, aux affaires d'Etat de la Mirkavie qui l'entraînent dans une succession de mésaventures. 

On est sur un récit très politique où plane l'ombre de la guerre car le territoire de la Mirkavie est véritablement au cœur d'un enjeu de pouvoir. Ainsi, Jonathan L. Howard semble plongé jusqu'au cou dans une multitude de complots dont il n'a cure mais qui ne manquent pas de lui compliquer la vie. L'aventure imaginée par Jonathan L. Howard est ici particulièrement captivante car piquée de nombreux secrets ainsi que d'une ambiance steampunk très à-propos. 

En effet, l'auteur a choisi d'embarquer son personnage principal à bord d'un dirigeable très avant-gardiste le temps d'une virée qui va vite être entachée par une série de meurtres et de mystères.  

03/03/2025

Salomé Han, Le Sabre de Neige, T.1, Les Sabres Sacrés, éditions Albin Michel Imaginaire

Salomé Han, Le Sabre de Neige, T.1, 
Les Sabres Sacrés
éditions Albin Michel Imaginaire 

Scénariste et réalisatrice, Salomé Han est la première étrangère diplômée de la Korean Academy of Films Arts. Elle est également l'autrice de la trilogie, Les Sabres Sacrés, dont le premier tome, Le Sabre de Neige, est sorti le 29 janvier dernier.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Isao est l'unique disciple du Héron Blanc qui n'est autre que l'un des Porteurs de Sabres Sacrés, qui selon la légende, servent la volonté des Kami et procurent une extraordinaire longévité. Leur existence suscite bien des convoitises dont celle de l'Empereur lui-même. A cause de cela, Isao et maître Shiro vivaient dissimulés au cœur d'une forêt sacrée jusqu'au jour où leur refuge est menacé d'être découvert les obligeant à prendre la fuite. Malheureusement leurs routes vont se séparer et pour Isao, cela va marquer le début d'une aventure périlleuse au goût amer de la perte et du manque. Bien que déterminé à le retrouver, y parviendra-t-il ?

Mon avis :

Le Sabre de Neige prend cadre dans un Japon médiéval romantisé et infusé au folklore. Aussi, Salomé Han donne vie à un univers merveilleux peuplé notamment de Yokai, ces démons ou esprits se montrant tantôt menaçants, tantôt malicieux et prenant d'ailleurs moult formes selon les croyances. 

L'intrigue se concentre autour du katana, célèbre sabre japonais, que l'autrice a transformé ici en artefact magique, conférant à son porteur une certaine immortalité au prix du sang de ses ennemis. Ces sabres sacrés, au nombre de quatre, sont l'obsession du chef suprême de ce monde qui se voit déjà régner pour l'éternité. 

Dans son roman, Salomé Han nous attache aux pas d'un apprenti Kenshi qui se forme à l'art de l'épée auprès d'un maître et doit donc se conformer aux préceptes de la Voie, aussi bien dans la technique des arts martiaux que dans les réflexions philosophiques. Tout est donc affaire d'équilibre entre la maîtrise du combat et la méditation dans ce roman. 

Avec Le Sabre de Neige, Salomé Han signe un roman très immersif qui mutualise les ambiances puisque l'on passe d'un récit assez contemplatif à une explosion de péripéties au fil de l'évolution du personnage principal. 

Le Sabre de Neige pose les bases d'un univers ensorcelant riche d'une intrigue qui monte en puissance au fil des pages dissimulant ses secrets jusqu'au bout. 

Il est vrai qu'une certaine langueur se dégage de ce texte qui peut, de prime abord, ennuyer mais celle-ci est nécessaire à l'apprentissage du personnage principal car il passe progressivement d'un état passif à un rôle très actif. En effet, il va lui falloir du temps et bien des épreuves pour révéler sa vraie nature et accepter son destin.