L'influence du "gaming" à la littérature

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30/05/2025

Cyril Lieron & Benoit Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux, volume 2, Dans la tête de Sherlock Holmes, éditions Ankama

Cyril Lieron & Benoit Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux
volume 2, Dans la tête de Sherlock Holmes
éditions Ankama

Après avoir bien apprécié le premier album de L'Affaire du Ticket Scandaleux, je me suis enfin plongée dans la suite avec une certaine délectation.

J'en profite pour remercier à nouveau mon amie Mathilde qui sait toujours  comment me faire plaisir et m'a offert ce second album

Il est signé par Cyril Lieron et Benoît Dahan et répond tellement bien à mon gros faible pour le personnage de Sherlock Holmes. 

Je suis aux anges car j'ai eu un énorme coup de cœur pour le premier album. Les auteurs ont fait un excellent travail sur la construction de cette bande dessinée alors j'avais hâte de lire la suite. 

Résumé :

On y retrouve Sherlock Holmes et le docteur Watson toujours à la poursuite de l'instigateur des disparitions survenues auparavant. Ils remontent la piste du fameux ticket Scandaleux qui les met sur les traces d'un étrange cirque. Seulement l'adversaire est coriace et il ne compte pas se laisser démasquer. Alors qui sera le plus fort ? 

Mon avis :

Dans ce volume 2, les évènements s'accélèrent car Sherlock Holmes met tout en œuvre pour obliger le ou les coupables à se révéler. Lui seul a la clé de cette énigme et il nous entraîne dans les dédales de Londres pour nous en dévoiler tous les secrets. 

L'histoire est passionnante et tient bien en haleine jusque dans les dernières pages de cet album. Il faut dire que l'intrigue est bien ficelée et le dénouement est très intéressant. 

C'est une bande dessinée pleine d'action, très punchy autant dans les rebondissements que dans le visuel des bulles. 

J'apprécie énormément l'esthétique de cette bande dessinée qui met en images le cheminement de pensée de notre illustre détective. Au risque de me répéter je trouve le procédé ingénieux, il sert de fil d'ariane en reliant les bulles entre elles et facilite le sens de la lecture. 

Cette série est superbe et particulièrement immersive. Les auteurs empruntent au mystère des romans d'Arthur Conan Doyle pour nourrir leur série d'une atmosphère très envoûtante. Ici, ils introduisent le "freak show", faisant référence à cette mode d'exhiber des êtres humains aux caractéristiques difformes qui a eu cours entre le milieu du XIXe et le milieu du XXe siècle et le détournent ici pour critiquer l'impérialisme britannique. 

Aussi, le scénario se pare de notes politiques en dénonçant les abus et les dérives du colonialisme. D'ailleurs, quoi de mieux que de choquer les esprits pour tirer des leçons du passé. 

Dans cette série Dans la tête de Sherlock Holmes, on est sensible autant au fond qu'à la forme. 

Il faut dire que les auteurs ont soigné leur écrin qui dégage un réel esthétisme. De plus, ils ont nourri leur scénario de thématiques qui viennent questionner intelligemment la société de l'époque et même éclairer notre propre actualité.

Dans la tête de Sherlock Holmes est une vraie pépite que vous soyez ou non amateur du détective car c'est vraiment du bel ouvrage dont on admire chaque double page avec un certain contentement. 

Pour conclure :

Il n'y a plus qu'à espérer maintenant que l'aventure ne s'arrête pas là car on sait combien l'investissement est important pour réaliser de telles merveilles. Mais quel dommage de ne pas continuer quand même. A suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur le volume 1

Informations

Cyril Lieron
Benoit Dahan
L'Affaire du Ticket Mystérieux
Volume 1
Dans la Tête de Sherlock Holmes
9791033512547
48 pages
Editions Ankama

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27/05/2025

P. Djèli Clark, La Guilde des Queues de Chats Morts, éditions L'Atalante

P. Djèli Clark, La Guilde des Queues de chats morts, éditions L'Atalante 

Pour l'avoir découvert avec Ring Shout, puis Le Mystère du Tramway Hanté, je dois vous avouer que je ne me lasse pas de la plume de P. Djèli Clark.

Il faut dire qu'elle est très talentueuse comme le confirment les nombreux prix décernés pour célébrer, à juste titre, la qualité de chacun de ses textes. 

La Guilde des Queues de Chats Morts est sa toute dernière novella qui vient de paraître aux éditions L'Atalante

Lu dans le cadre d'un partenariat avec eux, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Eveen est une assassin qui œuvre pour le compte de la Guilde des Queues de Chats Morts. Sa particularité est d'être une morte-vivante. En effet, elle a été réanimée après sa mort et depuis lors, sert la déesse Aeril en honorant chacun des contrats pour lesquels elle a été engagée. Enfin c'est ce qu'elle a fait jusqu'à cette dernière mission qui a mal tourné, lui donnant par la même occasion matière à réfléchir quant à son passé et son avenir. Au final, y trouvera-elle son compte ? 

Mon avis :

Avec La Guildes des Queues de Chats Morts, P. Djèli Clark signe, à nouveau, un récit de fantasy fabuleux. L'histoire se déroule cette fois-ci dans la cité de Tal Abisi gouvernée par les Patriarches sous la tutelle d'un panthéon de dieux et de déesses. Mais c'est aussi le fief de la Guilde des Queues de chats morts, un groupe d'assassins qui ont la particularité d'être des morts-vivants. Quasiment invincibles puisqu'ils sont déjà morts, ils sont une arme redoutable lorsqu'ils sont engagés par contrat. Chacun de ces contrats doit être honoré car ils sont liés autant au commanditaire qu'à Aeril, la déesse de la mort et leur sainte patronne. Ne pas aller au bout, c'est s'exposer à des représailles douloureuses voire mortellement définitives. 

Dans sa novella, P. Djèli Clark nous attache aux pas de l'une de ces mercenaires qui vient juste d'être engagée pour mener une nouvelle mission. Seulement celle-ci ne va pas se passer comme prévu et entraîner son héroïne dans une course contre la montre pour tenter de se tirer de ce mauvais pas. 

Ainsi, la fantasy de P. Djèli Clark se pare des atours du polar obligeant son personnage principal à mener des investigations pour démasquer celui où celle qui se cache derrière cette machination dont elle est la première victime. 

Riche en suspense, le récit est particulièrement captivant porté par une plume incroyable qui nous immerge toujours dans des univers époustouflants. 

Manigance, manipulation et pouvoir sont les maîtres-mots de cette nouvelle aventure haute en couleurs. 

L'auteur se plaît à imprégner ses récits d'intrigues politiques qui malmènent et illusionnent bien souvent ses protagonistes. 

Le récit est particulièrement coloré enrichi par l'ambiance survoltée par les dernières nuits du festival du Roi horloger, de la Princesse pirate et du Trophée d'or. Les rues de la cité sont très animées et l'atmosphère qui s'en dégage se met au diapason de la fébrilité de l'héroïne de cette histoire.

En outre, on apprécie Eveen qui se révèle être très vite un personnage particulièrement badass. Elle est puissante, intelligente et frondeuse. En dépit des règles établies, elle suit son propre code si cela s'avère nécessaire et c'est bien là, tout son charme. Elle en a sous la pédale et nous entraîne dans un ballet enivrant car elle virevolte littéralement d'un combat à l'autre jusqu'à tenter le tout pour le tout afin de se donner une chance de garder sa tête sur les épaules. Elle est pour le moins incendiaire et cela réchauffe le cœur de voir évoluer un si beau personnage féminin.

En enchaînant des récits de si grande qualité, P. Djèli Clark s'est naturellement imposé, ces dernières années, dans le paysage des littératures de l'imaginaire comme une signature de référence. 

Pour conclure :

En refermant La Guilde des Queues de chats morts, je sais déjà que d'autres lectures de cet auteur suivront à commencer par Le Maître des Djinns qui m'attend toujours dans ma PAL. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur : Ring Shout et Le Mystère du Tramway Hanté

Informations

P. Djèli Clark
9791036002243
208 pages 
La Guilde des Queues de chats morts
Editions L'Atalante

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21/05/2025

Louise Mey, L'orage qui vient, éditions Pocket Imaginaire

Louise Mey, L'orage qui vient, éditions Pocket Imaginaire 

Féministe engagée, Louise Mey est surtout connue pour ses thrillers et ses romans noirs. En 2022 elle publie L'orage qui vient, un roman de science-fiction et témoigne ainsi de son désir d'explorer d'autres Imaginaire. 

Depuis mars, ce roman est de retour sur les étals des libraires avec la sortie du format poche. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Mila vit avec sa mère au sein d'une petite communauté peuplée de femmes depuis la Rétractation du monde. La vie y est paisible jusqu'à l'arrivée soudaine d'un homme prénommé Nathan se portant volontaire pour les aider. Mila est la seule à se méfier de cet étranger, sentant des mauvaises ondes émanées de lui. Arrivera-t-elle à se faire entendre des siens avant qu'il ne soit trop tard? 

Mon avis :

Dans L'orage qui vient, Louise Mey nous plonge dans un univers postapocalyptique où le monde est soumis à ce que l'on appelle la Rétractation. L'ultra consumérisme, l'économie de marché ont eu raison de la société. Celle-ci a implosé dispersant les humains en îlot de survie ici ou là. Ils tentent de survivre en communauté. Certains y parviennent mieux que d'autres, à l'image de celle de Mila. Leur petite nombre, leur sororité, leur concertation collective pour tous sujets sont autant d'éléments favorables à leur bon fonctionnement. En outre, elles disposent d'une source naturelle miraculeuse qui leur donne un avantage certain mais a la contrepartie d'éveiller la convoitise. 

L'existence de cette Eau si particulière donne au récit son caractère surnaturel. En effet, Louise Mey a choisi de mélanger les genres pour donner à son texte une saveur très particulière. D'autant que les notes ésotériques ne s'arrêtent pas à cette forme de magie puisque l'ombre de créatures fantastiques plane également sur ce récit. 

La force de ce texte est de laisser le doute peser quant aux intentions maléfiques ou protectrices de cette présence fabuleuse. 

L'orage qui vient est un récit court et entraînant. L'autrice y balaie de nombreuses thématiques toutes plus intéressantes les unes que les autres. 

Déjà, elle a choisi de mettre en lumière des portraits de femmes qui se sont libérées par choix ou par accident de la vie de la tutelle des hommes. Ainsi, elles assument leur destin et l'affrontement avec force et courage sans un quelconque commandement masculin. Et lorsqu'elles recroisent la route d'un homme, elles finissent par y voir clair et retrouver leur unité. 

A travers la créature du loup-garou, Louise Mey revisite la figure du monstre. Celle-ci est trompeuse comme peuvent l'être souvent les apparences. Ici, le prédateur prend bien des visages et le plus dangereux n'est pas forcément celui que l'on pense au premier abord. 

Louise Mey met l'âme humaine à nu dans son récit en explorant ses réflexions tortueuses et ses sentiments parfois destructeurs. 

Cette histoire est à la fois sombre et belle. L'ambiance y est plutôt clair-obscur car l'autrice flirte avec les codes de l'horrifique et donne ainsi à son texte une atmosphère lourde et troublante. Le mystère est là, diffus et captivant. 

Les protagonistes sont quant à eux fort intéressants surtout cette jeune Mila qui se dévoile à nous que lentement. Complexe, entière et passionnée, elle est ici autant en quête d'elle-même qu'animée par la volonté farouche de protéger les siens. Natan, lui, incarne l'étranger. Il se présente comme un homme de bonne volonté mais dissimule des désirs plus dérangeants. Tous sont intrigants et se lancent dans une danse dont eux seuls comprennent le rythme. 

Pour conclure :

Avec L'orage qui vient, Louise Mey signe une première incursion en Imaginaire fort réussie. Alors à quand la prochaine ?

Fantasy à la Carte

Informations

Louise Mey
L'orage qui vient
9782266344074
176 pages
Editions Pocket Imaginaire

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17/05/2025

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Après un premier roman intitulé La Machine à Aimer qui lui vaut une entrée remarquée au sein des littératures de l'imaginaire et particulièrement la science-fiction, Lou Jan récidive avec un second récit. 

Toujours dans ses thématiques de prédilection, elle nous brosse avec Un corps d'avance un futur technologique intéressant mais dépouillé de l'essentiel. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce SP. 

Résumé :

Jinseï s'apprête à vivre son premier reset. Il appréhende un peu, non pas de pouvoir garder son apparente jeunesse jusqu'à 10 fois 75 ans mais de couper tout le lien avec chacune de ses vies. Et si l'immortalité n'était pas si enviable ? 

Mon avis :

Un corps d'avance s'inscrit dans un cadre futuriste dans lequel Lou Jan continue de questionner les avenirs possibles à travers les progrès scientifiques et technologiques. 

Elle a d'ailleurs choisi comme point de départ de sa réflexion, la question de l'immortalité. Obsession de notre époque, c'est donc tout naturellement que les avancées tournent ici autour d'elle. Ainsi, l'autrice a imaginé la possibilité aux humains de pouvoir vivre jusqu'à dix reset d'une durée de 75 ans. Grâce à cette prouesse, la mort n'existe quasiment plus. 

Seulement pour être éligible à ce procédé, des conditions sont à respecter. Et celles-ci ne sont pas des moindres puisqu'il faut accepter de renoncer à chacune de ses vies, incluant de ne plus vivre dans son pays initial de résidence et surtout de rompre tous ses liens familiaux. En outre, il est possible d'opter pour l'oubli effaçant, de facto, les souvenirs à chaque remise à zéro. 

Dans ce monde imaginé par Lou Jan, les humains vivent aux côtés des androïdes mais point sur un pied d'égalité car ces derniers sont considérés comme des esclaves, utilisés pour travailler à la place des humains. Pire encore ils ont été créés, à dessein, avec une obsolescence programmée par pure crainte qu'ils détrônent l'humanité et finissent par la dominer. 

Cette mise en valeur à pour but, de ramener l'intelligence artificielle au cœur du débat en insistant sur toute la problématique qu'elle soulève, notamment à travers la méfiance suscitée a son égard. Aujourd'hui, l'IA est surtout présentée comme un danger de remplacement de l'humanité. Or, Lou Jan souhaite ici renverser cette apriori en les intégrant à sa société. Pour cela, elle met en avant leur désir de vivre libre, à l'image de l'un de ses personnages qui vit dans la clandestinité pour tenter de survivre et d'imprimer sa marque dans ce monde en le changeant. 

Avec Un corps d'avance, on est sur un roman collégiale divertissant où chacun des protagonistes de Lou Jan vient nous faire découvrir une facette de ce futur qu'elle nous brosse. Que l'on s'attache ou non à Jinsei, Namaya ou Léan, on est vite captivés par leur destinée atypique où leurs âmes se télescopent à d'autres, et où il est possible de reprogrammer la vie à l'infini. 

Fasciné ou inquiet par ce progrès qui a repoussé les limites du corps humain, il permet surtout à l'autrice de ramener la vie à l'essentiel, à ce qui fait son sel. C'est d'ailleurs le fond de ce récit, l'importance des liens, des attaches et des sentiments, car à quoi bon vivre éternellement si c'est pour perdre à tout bout de champ ceux qui nous sont proches. 

Derrière cette nouvelle aventure très punchy, l'autrice y insère une réflexion philosophique autour du sens de la vie, en soulignant l'amour comme un moteur pour avancer. Soit, c'est un sentiment puissant qui en génère d'autres, à l'image de la jalousie dont certains protagonistes du récit vont d'ailleurs en faire les frais mais c'est un mal nécessaire pour donner du relief au destin. 

Lou Jan louvoie entre présent, passé et futur pour nous entraîner à perdre haleine dans un espace-temps inattendu, source de dangers, mais aussi de belles rencontres. On goûte à un imaginaire fouillé car passionnée par tout ce qui a attrait à ce qui fera demain à travers les innovations, elle se plaît donc à le construire dans ses récits en y mettant en exergue ses forces et ses failles. 

Un corps d'avance est un roman court et percutant qui explore la force des sentiments ainsi que les notions de manque et de vide lorsqu'ils brillent par leur absence. Divertissant !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur La Machine à Aimer.

Informations

Lou Jan
Un corps d'avance
9782375793220
224 pages
Editions Critic

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11/05/2025

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos 

Au fil de ses récits d'imaginaire, Marge Nantel s'impose peu à peu comme une signature incontournable du genre. Le prix Utopiales reçu en 2024 pour récompenser son roman, Code Ardant, ne fait d'ailleurs que confirmer son talent. 

Une plume très qualitative que j'avais remarquée dès ma lecture de La Cité sous les Cimes publié en 2023 par les éditions 1115.

Or, l'annonce d'une nouvelle sortie en avril dernier chez Mnémos a immédiatement suscité mon intérêt.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé : 

Dépourvu du Don, Suèhl est un décasté, autrement dit un paria pour son clan. Contre toute attente, il a réussi à rester en vie en dépit des purges organisées pour le voir lui et ses semblables disparaître. Un jour, il fait la rencontre d'un étranger surnommé Ténèbres sans imaginer qu'il va l'entraîner bien malgré lui au cœur des rivalités de son clan et que leurs destins vont intimement se lier. Mais au plus fort du danger, pourra-t-il réellement compter sur lui ? 

Mon avis :

Avec Hors Caste, Marge Nantel signe un récit de dark fantasy particulièrement immersif. Elle nous propulse dans une société de castes où le pouvoir détermine l'échelle sociale. Celle-ci est facilement reconnaissable par le biais de signes extérieurs comme des tatouages ou le port de certaines pierres. 

Dans ce monde, il n'est pas bon d'appartenir à aucune sous peine de voir sa vie continuellement menacée. A Hemurn, les gens sont répartis par clans. On en distingue quatre : celui du Lynx, du Serpent, de la Tarasque et du Phoenix. Chacun d'entre eux est régulièrement soumis à des luttes internes qui les déstabilisent et vident même leurs rangs à cause des purges. En outre, la particularité de l'univers imaginé par Marge Nantel est qu'elle a choisi de mettre en scène des personnages anthropomorphiques. En effet, les membres de ces clans présentent des caractéristiques physiques propres aux totems auxquels ils appartiennent. 

La magie de ce texte s'exprime autant par ces protagonistes mi humains mi créatures qui, par leurs prédispositions naturelles, disposent de capacités supérieures ainsi que par l'existence de pierres puissantes capables de bien des prodiges comme le contrôle des esprits. 

L'intrigue imaginée par l'autrice est tranchante et se met parfaitement au diapason de son univers âpre. 

La société dans laquelle ce récit prend cadre est sectaire. Ce qui donne l'occasion à l'autrice d'aborder les thématiques d'intolérance et de persécution, notamment ce qui est relatif aux préférences sexuelles. En effet, ses personnages principaux appartiennent à la communauté LGBT et ont bien souvent été victimes d'abus, de sévices et de tortures pour les punir d'aimer des personnes de même sexe. Par leur biais, Marge Nantel explore les traumatismes psychiques et ses conséquences sur l'âme tout en donnant des pistes pour les surmonter. 

En outre, à travers cette société de castes, l'autrice met en exergue le mépris de classes. Elle ponctue ainsi son texte d'une critique politique.

Il est également question de révolte et de liberté conquise au prix fort.

Hors Caste est un roman féroce dans laquelle l'autrice ne mâche pas ses mots, pas plus qu'elle ne ménage ses héros. 

Pour porter cette histoire, elle table sur deux personnages meurtris, deux âmes écorchées par la vie qui ne leur a pas fait de cadeau. 

C'est clairement un roman qui met les émotions à vif. Suèhl et Ténèbres sont les victimes d'un passé traumatisant. Pour autant, ils vont faire de leurs failles une véritable force notamment grâce à leur rencontre qui va leur sceller une nouvelle destinée. Voici deux personnages tous en nuances que l'on apprécie d'emblée et dont on partage sans mal les joies et les peines. Ils forment le duo parfait  pour donner à cette histoire tout son mordant.

Pour conclure :

Avec Hors Caste, Marge Nantel se fait à nouveau l'autrice d'un roman piquant dont on ne sort pas indemne. Implacable !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur La Cité sous les Cimes et Code Ardant.

Informations

Marge Nantel
Hors Caste
9782382671917
336 pages
Editions Mnémos

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06/05/2025

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, T.3, Les Cités Divines, 
éditions Albin Michel Imaginaire 

La Cité des Miracles est le troisième volet qui vient clôturer de façon magistrale la trilogie des Cités Divines de Robert Jackson Bennett. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Avec Les Cités Divines, Robert Jackson Bennett signe une série de haut vol mêlant fantasy et enquête avec une grande virtuosité. 

Personnellement, j'ai eu un énorme coup de cœur pour cette histoire et celui-ci ne s'est d'ailleurs pas démenti tout au long des tomes. Je ne peux donc que vous recommander de la lire à votre tour.

Résumé :

La mort violente de Shara Komayd tuée dans un attentat force Sigrud je Harkvaldsson à sortir de sa clandestinité pour enquêter afin de démasquer le commanditaire de cet assassinat. En tant que Première Ministre, Shara ne manquait pas d'ennemis. Toutefois, au vue de ses premières constatations, il semblerait que ce meurtre soit en lien avec des divinités puisque des miracles semblent encore à l'œuvre en dépit que ces dernières aient soit disant toutes disparues. Et si les apparences étaient une nouvelle fois trompeuses dissimulant une réalité toute autre et un avenir bien sombre ? A moins, bien sûr, que Sigrud réussisse à nouveau à faire pencher la balance !

Mon avis :

Après avoir été le théâtre d'affrontements apocalyptiques avec les divinités Kolkan et Jukov vaincues par Shara et Sigrud, le monde né sous la plume de Robert Jackson Bennett se reconstruit progressivement. Mais alors que tous pensaient être libérés de l'empreinte des dieux, des miracles semblent encore à l'œuvre. Ceux-ci ont notamment servi à éliminer la Première Ministre Shara Komayd. Pour Sigrud sorti des ombres, le doute n'est plus permis quant à la résurgence d'une nouvelle menace divine.

L'univers imaginé par Robert Jackson Bennett repose sur la qualité de sa mythologie. En effet, l'auteur s'est notamment inspiré de la mythologie grecque en y puisant quelques éléments. Ainsi, il emprunte à Cronos son habitude de manger ses enfants pour ne pas être détrôné par eux afin de donner à ses propres dieux une très grande puissance qu'ils acquièrent en consommant, à leur tour, leur propre descendance. La croyance en ces mythes façonne son monde en faisant ou défaisant des éléments. Celui-ci évolue au gré des envies et de l'emprise de ces créatures ancestrales. Leur pouvoir est tel qu'elles peuvent le réinitialiser à l'envi menaçant toutes les âmes qui y résident. Ainsi, leur simple existence est un danger pour le reste de l'humanité et ne peut qu'aboutir à un nouvel affrontement s'annonçant, d'ores et déjà, très spectaculaire. Conclusion oblige, l'auteur a lâché la bride à son imagination pour nous concocter de nombreuses scènes explosives à l'esthétique très cinématographique. Les combats y sont homériques et la tension, à son comble. 

Ce troisième opus est clairement à la hauteur des précédents et l'auteur a mis le paquet pour nous maintenir dans un suspense presque insoutenable. 

Shara n'étant plus là, Robert Jackson Bennett s'est davantage focalisé sur le personnage de Sigrud que l'on découvre plus en profondeur dans ce troisième tome. Il a puisé dans la figure du Berserk pour nourrir son portrait. Aussi, il incarne à sa manière cette image du guerrier fauve entrant dans une fureur sacrée le rendant surpuissant et capable d'affronter des êtres qui lui sont nettement supérieurs. Sigrud se laisse conduire par ses émotions. Il est bien souvent aveuglé par son désir de venger les personnes qui lui sont chères et qu'on lui a pris. Pour autant, la force brute qu'il arbore en permanence dissimule bien les sentiments qui l'animent et qui le rongent de l'intérieur. Lorsque l'on fait sa connaissance, on est loin d'imaginer qu'une sensibilité se cache sous cette armure de glace qui le drape et derrière son regard si pétrifiant pour qui le croise. C'est pourtant l'un des protagonistes le plus attachant de cette série, notamment à cause du passé bouleversant qu'il porte. Il est un héros à sa manière, choisi pour accomplir des actes incroyables et parfois inattendus. Les missions qu'on lui a confiées ou qu'il s'est assignées ont toujours la primeur sur son propre salut. C'est dire son degrés d'abnégation. 

Il fallait bien un tel protagoniste inoubliable pour mettre le point final à ce récit de grande envergure. Tout y est intense et immersif, à l'image de son implacable personnage principal.

Robert Jackson Bennett continue d'instiller dans son livre des réflexions politiques ou sociétales intéressantes. Ici, il questionne pas mal le pouvoir et ses conséquences, notamment lorsque celui-ci grise tellement son détenteur qu'il verse dans la mégalomanie. Il évoque également les traumatismes de l'enfance en mettant en exergue ses répercussions sur l'adulte. 

Comme à son accoutumée, Robert Jackson Bennett nous assure, avec La Cité des Miracles, un pure divertissement grâce à sa fantasy richement construite et à la variété des sujets abordés. 

Pour conclure :

La Cité des Miracles est un roman très qualitatif apportant son lot d'émotions fortes et d'action tout en proposant un décor grandiose complètement déstructuré. Dépaysement garanti !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur La Cité des Marches, La Cité des Lames, Les Maîtres Enlumineurs, Le Retour du Hiérophante et Les Terres Closes

Informations

Robert Jackson Bennett
La Cité des Miracles
Tome 3
Les Cités Divines
9782226485922
576 pages
Editions Albin Michel Imaginaire

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