L'influence du "gaming" à la littérature

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03/07/2025

Fabien Clavel, La Confrérie sans nom, T.2, Légendes des Mondes d'Aria, éditions Nathan

Fabien Clavel, La Confrérie sans nom
T.2, Légendes des Mondes d'Aria
éditions Nathan 

Bien connu des rôlistes, l'univers d'Aria n'a de cesse depuis quelques années de conquérir de nouveaux supports. 

Aussi, après le jeu de rôle, la bande dessinée et même le jeu vidéo, Aria est également transposé au format livre. 

C'est même l'un des fleurons de la fantasy française, Fabien Clavel qui s'est emparé de ce projet éditorial. 

Après avoir bien apprécié Le Serment des runes, j'apprécie de pouvoir avec La Confrérie sans nom, continuer l'aventure. 

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Nathan pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Traqués par les serviteurs du Trined, Vani et ses amis n'ont pour le moment pas d'autre choix que de fuir. Pour autant, ils sont bien décidés à vaincre ce trio de dieux malfaisants qui en veulent à l'humanité cherchant à l'éradiquer par tous les moyens. Seulement ils ne savent pas encore comment s'y prendre mais qu'à cela ne tienne, ils finiront bien par trouver. Vani, Sirane, Azzio et Gunnor en sont, en tout cas, convaincus car dans la vie tout est question de rencontre et d'opportunité, non?

Mon avis :

Dans ce volume 2 des Légendes des Mondes d'Aria, on quitte le royaume d'Aria pour d'autres horizons comme le Pays des Monastères ou Bharat. Fabien Clavel a fait de ce monde son nouveau terrain de jeux. Il y multiplie les rencontres les plus insolites, tantôt merveilleuses tantôt horrifiques pour mieux divertir son lectorat. 

Comme le tome précédent, La Confrérie sans nom est avant tout un roman d'aventure, écrit à la manière du célèbre Club des cinq. C'est riche en rebondissements et l'action s'enchaîne sans temps mort. 

L'auteur maîtrise son sujet pour plaire autant aux plus jeunes qu'aux plus vieux. 

La Confrérie sans nom est aussi un récit de course poursuite au cours duquel les personnages empruntent toutes sortes de moyens de locomotion pour échapper à leurs poursuivants. Or, quoi de mieux que d'ajouter une touche d'extravagance par le truchement d'une ambiance steampunk grâce au vol en zeppelin que les protagonistes de Fabien Clavel ne manquent pas de faire à un moment critique de leur périple. C'est visuellement ébouriffant et très divertissant car il n'y a pas mieux que le spectaculaire pour capter l'attention. 

Fabien Clavel est un conteur hors pair. Il a ce don pour poser un décor très immersif qu'il soit de son invention ou fruit d'une réappropriation, d'ailleurs. 

Le merveilleux qui s'invite entre ces lignes est diffus mais bien présent. Les sorcières existent comme en témoigne Sirane même si dans ce tome 2, ses pouvoirs sont bridés. Elle a tout de même conservé son don pour animer un golem ou tout du moins ce qu'il en reste. 

Cette série Légendes des Mondes d'Aria est un savant mélange entre humour, action et émotions. 

C'est également une belle porte d'entrée sur un univers de jeu de rôle que l'on ne connait pas forcément ou juste de nom. Fabien Clavel y cumule tous les ingrédients qui donnent envie d'y retourner. 

En outre, le texte est très riche car l'auteur l'a, à la fois, ponctué de thématiques très youngadult en s'intéressant, par exemple, aux notions de justice, de vengeance et de rédemption et enrichi de références qui plairont aux adultes. En effet, on va retrouver des mentions de chansons, de répliques de films ou d'hommes politiques. C'est pour le coup très drôle et pimente bien la lecture. 

En outre, il continue de faire mûrir ses personnages ou de nous en dévoiler un peu plus sur leurs secrets et leurs zones d'ombre. Ils forment un quatuor attachant car ils ont des caractères très différents. Cela rend leurs relations parfois très électriques et donne au texte une saveur unique. 

Pour conclure :

Légendes des Mondes d'Aria est le genre de saga que l'on peut lire en famille car finalement quelque soit votre âge, vous y trouverez toujours un petit quelque chose qui vous plaira. Alors rendez-vous au 3e et dernier tome. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Le Serment des runes (tome 1 de Légendes des Mondes d'Aria), Abyss : Le Trône vide, La Niréide, Feuillets de Cuivre et Buffy, baroque épopée.

Informations

Fabien Clavel
La Confrérie sans nom
Tome 2
Légendes des Mondes d'Aria
9782095043308
408 pages
Editions Nathan

Lien vers le suite


12/02/2025

Vincent Mondiot, Les Ceinturions de Cristal, T.4, Les Mondes-Miroirs

Vincent Mondiot, Les Ceinturions de Cristal
T.4, 
Les Mondes-Miroirs 

Côté lectures, ce mois de février est l'occasion pour moi de belles retrouvailles avec le duo de personnages explosif de Vincent Mondiot. En effet, l'auteur vient d'autoéditer le très attendu tome 4 des Mondes-Miroirs. Une saga chère à mon cœur que j'ai eu la joie de découvrir en 2018 chez Mnémos lors de la réédition du premier opus. 

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie une nouvelle fois Vincent Mondiot de sa confiance et de l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Quatre ans déjà qu'Elodianne a disparu  aux côtés du terroriste Eldée Alcion, et qu'Elsy a rejoint le palais central de Mirinèce comme garde du corps du proconsul Damnis. Cela fait également quatre années que les portes d'Auria se sont refermées sur Corbès Salven, le légat d'Aurterre sous le prétexte d'une contamination par les spores. Les évènements auraient pu en rester là si la cité rivale n'avait pas réouvert ses portes et laisser passer une véritable armée marchant sur Mirinèce. L'heure est à la guerre et le combat sera sans pitié. Qui y survivra ?

Mon avis :

Avec Les Ceinturions de Cristal, on renoue avec l'univers sombre des Mondes-Miroirs où s'écoule une puissante magie contrôlant la matière. 

Avec ce quatrième opus, Vincent Mondiot nous immerge dans un monde clivé au bord de la guerre. En effet, les quatre années de paix relative n'ont servi qu'à préparer ce moment historique où Aurterre va tenter de prendre sa revanche sur Mirinèce. Or, Aurterre dispose d'une botte secrète, fruit d'une magie dévoyée et d'expériences scientifiques transformant les hommes en soldats augmentés. On les appelle les ceinturions de cristal et ils semblent invincibles et inarrêtables. Dans ces conditions, les jeux semblent faits et Mirinèce paraît condamnée. Pour autant qui peut savoir quelle tournure prendront les évènements. Dans ce tome 4, le récit est rugueux et la narration plus intense. La tension est à son comble jusqu'aux premiers affrontements, puis l'auteur nous fait virevolter d'un foyer à l'autre. Tout s'embrase, le bâti s'effondre. Tout n'est plus que fureur, cendre et sang. Le récit est palpitant, des hommes et des femmes tombent, les gorges sont serrées et les cœurs sont lourds. Ici hommes et créatures se mêlent dans une valse meurtrière pour nous livrer un spectacle aussi époustouflant qu'effrayant. 

Dès les premières lignes, on sent que ce texte sera décisif pour la suite de l'histoire. Roman charnière qui promet une multitude d'actions et de rebondissements car oui les allégeance changent et les trahisons ne sont jamais loin. 

31/01/2025

Fabien Clavel, Le Serment des runes, T.1, Légendes des Mondes d'Aria, éditions Nathan

Fabien Clavel, Le Serment des Runes, T.1, 
Légendes des Mondes d'Aria
éditions Nathan

Véritable touche-à-tout, Fabien Clavel maîtrise tous les genres et se plaît autant à écrire pour les adultes que pour la jeunesse. 

Aussi imaginer une histoire inédite s'insérant dans l'univers du jeu Les Mondes d'Aria est un défi qu'il relève haut la main comme l'illustre la publication du tome 1 Les Légendes des Mondes d'Aria chez Nathan.

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Nathan pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Réunis au fond d'une geôle, Vani, Azzio, Sirane et Gunnor décident de tenter une évasion. Seulement celle-ci tourne court et tous les quatre se retrouvent condamnés aux galères jusqu'à ce qu'ils en réchappent. Après cet épisode, leur destin est scellé par un serment qui les lie jusqu'à ce qu'ils aient compris les causes de l'étrange épidémie qui ravage Le Pays Blanc et libéré le village de Vik de cette sombre malédiction. Pour y parvenir ils devront affronter une mystérieuse secte dont les membres sont déterminés à les faire disparaître. Parviendront-ils à leurs fins ? 

Mon avis :

Dans Le Serment des Runes, on plonge dans l'univers d'Aria nous faisant voyager d'un monde à l'autre, tantôt d'inspiration scandinave, tantôt plutôt orientale. Ces mondes sont peuplés autant par des humains que par des créatures surnaturelles que l'on découvre au fil des rencontres que fait le quatuor de héros de Fabien Clavel. 

En outre, la magie est également très présente dans ce récit  car certains se révèlent posséder de grands pouvoirs.  Ainsi, fabien Clavel s'est réapproprié avec beaucoup d'habileté cet univers merveilleux de low fantasy qui lui sert de cadre pour embarquer ses personnages dans de nombreuses quêtes, à l'image du jeu crée par FibreTigre. Ici, l'auteur nous entraîne dans une succession d'aventures rocambolesques qui vont pousser ses protagonistes à se dépasser. C'est tout l'intérêt de revisiter le motif de la quête initiatique dans laquelle les héros vont mûrir et en apprendre plus sur eux-mêmes. 

Le Serment des Runes brasse beaucoup de thématiques habituelles en littérature jeunesse, à travers le questionnement sur l'identité par la compréhension de ses racines mais parle aussi beaucoup d'amitié et de solidarité. 

L'auteur a également ponctué son texte d'une belle touche d'humour qui va transparaître dans certaines répliques de ses personnages ou dans les nombreux clins d'œil qu'il a essaimés ici ou là dans son livre. 

Mais, le point fort de ce récit est clairement ses personnages  que l'auteur a voulu très natures porteurs de sacrées personnalités. Il faut bien avouer qu'il a également casser les codes, notamment avec Gunnor. En effet, ce dernier n'incarne pas que le guerrier Viking, il est aussi et surtout un érudit rêvant de devenir bibliothécaire. Vani, elle, est peut-être le protagoniste le plus attachant dans sa  quête de retrouver son père. Quant à Azzio, il est sans doute le personnage le plus drôle de la compagnie. Perpétuellement dans la séduction, il a toujours la répartie pour alléger l'atmosphère ou au moins faire diversion. Tous sont rafraîchissants à leur manière et donne à cette aventure un goût de trop peu. 

Pour conclure :

Mais que l'on se rassure ceci n'est que le tome 1 et une suite sera sans doute à prévoir. D'ailleurs, qui peut dire non à l'un de ces quatre huluberlus ? Vous peut-être ?

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis Abyss : Le Trône Vide, Feuillets de Cuivre, La Niréide et Buffy : Baroque épopée

Informations

Fabien Clavel
Le Serment des runes
T.1
Légendes des Mondes d'Aria
406 pages
9782095036614
Editions Nathan 

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12/12/2024

Arthur Ténor, J'étais Dracula le Maudit, éditions Scrineo

Arthur Ténor, J'étais Dracula le maudit, éditions Scrineo

Arthur Ténor est l'un des auteurs de littérature jeunesse français parmi les plus lus. Sa bibliographie compte pas loin de 200 titres. Il est d'ailleurs lauréat de nombreux prix littéraires, ce qui lui vaut une certaine renommée. 

Son dernier roman s'intitule J'étais Dracula la maudit.

Reçu en service de presse, je remercie l'auteur de m'avoir contacté pour vous faire découvrir son roman.

Résumé :

Perdu dans son château de Valachie depuis des siècles, Vlad, comte de Dracula s'y ennuie ferme. Et ce n'est pas les rares curieux osant franchir ses portes qui lui sont d'un quelconque réconfort car la réjouissance est bien trop fugace. Tout va changer le jour où il décide d'ouvrir sa bibliothèque à un jeune historien pour lui rafraîchir la mémoire sur son passé. Mais plus que de remuer ses souvenirs, découvrir le portrait de la sœur de Jonathan Harker dans les affaires de ce dernier va le bouleverser au plus profond de lui-même. Qui peut dire ce qu'il ressortira de cette nouvelle obsession.

Mon avis :

Avec J'étais Dracula le maudit, Arthur Ténor revisite habilement le mythe de Dracula. Célèbre créature inventée par l'écrivain Bram Stoker qui s'est inspiré de la figure historique de Vlad Tepes, dit l'Empaleur. Arthur Ténor s'est donc réapproprié ce personnage sanguinaire et nous emmène au cœur de son quotidien tissé d'attente et d'une soif insatiable.

Le récit prend cadre à l'ère victorienne nous plongeant dans l'ambiance gothique propice au vampirisme. Celle-ci est d'ailleurs très réussie car teintée de la juste dose de mystère et d'horrifique afin de faire frissonner le lecteur sans pour autant verser dans le gore. C'est toute la finesse et l'élégance de cette plume qui rend ce grand classique de la littérature fantastique finalement très accessible. Ainsi, au fil des pages, on rencontre des protagonistes majeurs du récit originel, à l'image d'Abraham Van Helsing qui nous apparaît une nouvelle fois sous les traits d'un chasseur. 

Arthur Ténor est parti du même postulat de base, à savoir la rencontre avec une femme qui fait basculer le destin d'un homme. Si par amour et chagrin, Vlad a renié Dieu le condamnant à devenir un vampire, que peut-il bien arriver à un vampire maudit qui croise la route d'une autre femme exceptionnelle ? C'est toute la question que soulève Arthur dans son roman.

Mais au-delà de son travail de réécriture, au demeurant, fort intéressant, l'auteur s'intéresse ici beaucoup à la figure du monstre. Il n'édulcore en rien l'image du vampire, décrite telle qu'elle est réellement, créature surnaturelle, cruelle et prédatrice.

Dans son roman, Arthur Ténor s'est beaucoup intéressé à la nature ambivalente du vampire, animal à l'intérieur et humain à l'extérieur. Ce qui lui permet de questionner la notion d'humanité à travers l'ensemble de ses protagonistes qu'ils soient des hommes ou non. Bien qu'il incarne le diable car son existence est vouée à conduire l'humanité à sa perte, Arthur Ténor arrive à nous rendre Dracula particulièrement attachant car on le découvre à travers ses failles et ses contradictions. Sa destinée est pour le moins captivante et il exerce une vraie attirance sur les gens. Sa puissance et son mystère sont irrésistibles. Mina est également un protagoniste fort de ce récit. L'espoir indéfectible qu'elle met dans la rédemption du vampire est très touchant. C'est une femme forte qui arrive à s'imposer à cette société patriarchale. Elle s'affranchit même de la tutelle de son frère pour prendre parti pour celui qui est désigné comme l'ennemi. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié le duo qu'elle forme avec Dracula. 

Pour conclure :

J'étais Dracula le maudit est une belle découverte qui m'a permis de renouer avec un mythe tellement fascinant. L'intrigue est particulièrement bien ficelée et le récit fort divertissant. Il saura ravir plus d'un public, j'en suis convaincue.

Fantasy à la Carte

Arthur Ténor
J'étais Dracula le Maudit
9782381673578
200 pages
Editions Scrineo

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17/04/2024

Frédéric Dupuy, Arborescentes, T.1, éditions Bragelonne

Frédéric Dupuy, Arborescentes, t.1, éditions Bragelonne 

Quand il n'est pas occupé à faire tourner son agence de voyages littéraires (alias les éditions mille cent quinze), Frédéric Dupuy aime prendre la plume pour conter ses propres histoires. Arborescentes est sa première saga qui comptera quatre tomes publiés chez Bragelonne.

Reçu en service de presse, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce premier volet.

Résumé :

A 11 ans, Méline souffre du syndrome de la Belle au bois dormant, une maladie rare qui risque de la condamner au sommeil éternel comme cela a été le cas pour sa mère et sa grand-mère avant elle. C'est pour cela qu'elle a décidé de ne plus jamais dormir. Trimballée de foyer en foyer, on la retrouve à l'orphelinat des sœurs Aniel. C'est d'ailleurs là-bas qu'elle perd connaissance et est transportée à l'hôpital et où elle fait la rencontre d'une étrange infirmière qui va la conduire dans un lieu insolite pour, paraît-il, guérir. Peu convaincue, elle se laisse peu à peu émerveiller par ce monde-serre qui n'a pas fini de lui révéler tous ses secrets. Mais, elle ignore que le temps est compté car quelque part une menace est tapie, incarnée par l'avidité d'hommes, à l'image d'Arès Varkoda qui, au mépris de la vie d'autrui, recherche un remède pour lui-même car lui aussi souffre d'un mal incurable. Chacun engagé dans son contre-la-montre, peuvent-ils seulement espérer la victoire ? 

Mon avis :

Arborescentes est un roman contemporain piqué d'un onirisme subtil. Celui-ci se révèle à travers le regard d'une petite fille qui se retrouve propulsée dans un endroit secret dont l'existence n'est connue que par une poignée d'élus. Appelé la serre, ce lieu nous apparaît comme un petit paradis où s'épanouit une végétation aussi luxuriante qu'improbable au milieu de cascades d'eau et d'animécas qui s'y ébattent joyeusement, autrement dit de drôles d'animaux mécaniques animés par magie. C'est ici que certains maux réputés incurables trouvent un remède après un court séjour d'observation de patients triés sur le volet et de recherche du traitement adéquat. L'environnement est atypique et tire son pouvoir d'une source dont les origines et le fonctionnement demeurent très énigmatiques.

L'univers s'annonce donc très farfelu car drôle d'endroit pour être soigné, vous en conviendrez ! En outre, son existence ne va pas manquer de soulever la convoitise, réveillant la plus vile cupidité ou le plus fol espoir. Ainsi, au fil des pages, la serre devient un véritable enjeu de pouvoir, un monde à conserver pour les uns ou à s'emparer pour les autres. Son existence va enclencher une série d'actions donnant, par la même occasion, au texte tout son rythme. En effet, dans son sillage gravitent aussi bien des scientifiques curieux qu'un groupe pharmaceutique obnubilé par les brevets et le profit. On imagine donc sans mal que tous les coups seront permis pour arriver à ses fins.

Frédéric Dupuy nous livre donc un univers qui est à la fois chatoyant de par cette nature foisonnante et rugueux de par cette société des hommes implacable. 

Or, en mettant l'accent sur les agissements destructeurs d'un groupe pharmaceutique, l'auteur insert son récit dans une problématique de société, à savoir le sacrifice de la vie au bénéfice des capitaux. 

Ainsi, dans son roman, il nous confronte à la violence sociale et à celle du capitalisme. En effet, à travers Méline, on goûte à la froideur des structures sociales d'accueil et à la solitude et l'isolement de cette enfant. On est totalement bouleversé par son destin fort malmené car elle est à la fois confrontée à la maladie et à l'absence de ses parents entre une mère hospitalisée et un père inconnu. Par son entremise, Frédéric Dupuy aborde des thématiques fortes telles les traumatismes psychologiques, fruits du rejet social, du harcèlement ou encore de l'illettrisme.

Arborescentes est donc un récit riche mais aussi très engagé qui nous place face au mépris d'une caste aisée vis-à-vis de la nature. D'ailleurs, les moyens utilisés pour la détruire sont colossaux et les conséquences volontairement ignorées. Néanmoins, celles-ci reviennent tel un boomerang dans la vie de l'un des protagonistes. En effet, en rasant toutes les ressources naturelles pour répondre à une course aux brevets, le patron des laboratoires Varkoda est bien puni puisque le traitement à sa propre maladie n'est pas découvert et les plantes prélevées sont gâchées le renvoyant à la case départ. Ainsi, cette saga d'Arborescentes se lit comme un hommage à la nature car l'auteur y pointe ses merveilles, la beauté de sa régénérescence et surtout l'importance de vivre en symbiose avec elle car elle demeure la clé de la survie. 

15/03/2024

Chantal Robillard, Dentelles des univers de Cendrillon, éditions Astérion

Chantal Robillard, Dentelles des univers de Cendrillon, éditions Astérion 

En février est sorti en librairie le nouveau livre de Chantal Robillard. Il s'agit de Dentelles des univers de Cendrillon qui rejoint ses autres recueils de nouvelles au catalogue des éditions Astérion : Dentelles des reflets de Venise, Dentelles des sirènes de la lagune et Dentelles du ru des troubadours

Grande amatrice des contes de fées, ils semblent être pour elle une source inépuisable d'inspiration. En tout cas, c'est ce que l'on se dit lorsqu'on jette un œil sur sa bibliographie avec des titres aussi évocateurs que Fugue de la fontaines aux fées ou Dimension Fées

Or, parmi les figures les plus emblématiques des contes, il y a une certaine jeune fille maltraitée par sa marâtre et ses filles qui l'ont reléguée au rang de souillon pour laquelle Chantal Robillard semble s'être prise d'affection puisqu'elle lui a consacré tout un livre. 

Ayant reçu Dentelles des univers de Cendrillon en service de presse, je remercie Chantal Robillard pour sa confiance renouvelée. 

Mon avis :

Ce n'est pas moins de 18 nouvelles qui sont au programme de ce nouveau recueil. Qu'elles répondent à un air de déjà vu pour qui connaît bien le travail de Chantal Robillard ou au contraire, est une exploration en terre inconnue, Cendrillon demeure le phare qui éclaire le chemin des lecteurs. 

L'autrice s'appuie donc sur les éléments propres à ce conte, à savoir la marâtre, les deux demi-sœurs tyranniques, le prince et la pantoufle qu'elle va allègrement transposer dans différentes époques et où elle donne même à Cendrillon de nombreux visages. 

Les textes sont variés et plutôt bien réussis.

Tantôt fantasque tantôt poignante, la plume de Chantal Robillard se part de nombreuses couleurs pour nous entraîner dans bien des voyages. Quoi de plus surprenant que de retrouver la figure de Cendrillon dans "La sizaine des Cendreux", au milieu des maquisards pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est une manière pour l'autrice de rendre hommage à tous les résistants du Val d'Allier tout en faisant vibrer la corde sensible de ses lecteurs. 

Le conte de fées, c'est aussi dépeindre la réalité aussi sombre soit-elle. D'ailleurs, Chantal Robillard ne se gêne pas pour le faire comme dans "La Place-aux-sabots" qui nous conte le funeste destin d'une innocente. Les éléments sont si bien amenés que l'on ne voit rien venir jusqu'à la chute qui est plutôt glaçante.

16/01/2024

Mark Lawrence, Sœur Ecarlate, T.1, Le Livre des Anciens, éditions Bragelonne

Mark Lawrence, Sœur Ecarlate
T.1, Le Livre des Anciens
éditions Bragelonne 

Auteur américain de fantasy, Mark Lawrence n'a de cesse, depuis quelques années, d'enchaîner les trilogies pour étoffer son univers de L'Empire Brisé

Après avoir lu sa trilogie de L'Empire Brisé, puis très récemment celle de La Reine Rouge, me voici en pleine découverte du premier volet du Livre des Anciens.

Je remercie à nouveau Mark Lawrence pour l'envoi de ce service de presse qui m'offre l'opportunité de poursuivre l'aventure. 

Résumé :

Vendue par sa mère à un marchand d'esclaves, la jeune Nona échoue au Caltess pour servir dans des arènes de combat comme d'autres jeunes gens. Tout bascule, le jour où en défendant une amie, elle blesse gravement l'héritier d'une puissante famille. Condamnée à mort, elle échappe de peu à la pendaison grâce à l'intervention de l'abbesse Vitrage qui l'emmène au couvent de la Mansuétude pour la former aux arts de la guerre et la faire embrasser son héritage magique. Mais peut-elle réellement espérer échapper indéfiniment à ses poursuivants ?

Mon avis :

Autre ambiance avec Le Livre des Anciens puisque Mark Lawrence nous emmène, cette fois-ci, en Abeth où le sang de quatre tribus coule dans les veines de ses habitants. Or, celui-ci forge leur destin en leur donnant des capacités particulières. Ainsi, les Gerants se distinguent par leur haute stature et les Hunskas par leur vélocité, tandis que les Marjals sont capables de puiser dans les magies mineures, les Quantals, eux, savent arpenter la Voie et maîtriser, de facto, les magies majeures. Certains parmi ces descendants les mieux dotés intègrent, d'ailleurs, des monastères pour y devenir novices. Là-bas, différents cours leur sont dispensés comme l'art des poisons et ses antidotes, la maîtrise des armes et des techniques de combat ou encore le contrôle de la Voie par une totale sérénité, dont la finalité est la manipulation de ses fils. C'est un programme d'études qui se déroule sur quatre années jusqu'à prendre le voile et devenir ainsi moniale. On distingue quatre ordres. Celui des Saintes chargées d'entretenir la foi en l'Ancêtre, celui des Ecarlates, autrement dit des soldates douées pour le combat, celui des Silences qui excellent dans l'art de l'espionnage et celui des Mystiques  qui se révèlent être de vraies sœurcières maîtrisant la Voie. 

En nous attachant aux pas d'une enfant, Mark Lawrence fait le choix du roman d'apprentissage dans lequel Nona apprend à devenir à la fois une lettrée et une guerrière accomplie. Ainsi, amitiés naissantes et rivalités entre novices imprègnent autant ce texte que les intrigues politiques qui agitent l'Empire et l'Eglise. 

A l'image de ses précédentes séries, Le Livre des Anciens partage ce même univers sombre empreint de violence et de dureté et où la magie y est dévastatrice. 

En outre, Mark Lawrence a ponctué son texte de sujets sensibles en nous parlant notamment de commerce d'enfants, d'esclavagisme et de violence. Le décor est donc posé et il est difficile et implacable. Sœur Ecarlate est un récit poignant peuplé de traumatismes familiaux, sociaux et psychologiques. Il est  pas mal question de misère sociale et d'abus mais l'auteur allège aussi le ton en construisant des amitiés fortes et en proposant un épanouissement personnel de ses protagonistes par une lente acceptation de soi. Il y a également une petite incursion de la question écologique, à travers cette ritournelle qui hante l'esprit de l'héroïne. Celle-ci porte sur la fin d'un monde après la chute de la lune. C'est une manière pour l'auteur de rappeler que la préservation de la vie et de la terre demeure bien fragile. 

Dans Le Livre des Anciens, on fait donc la connaissance d'une gamine prénommée Nona. Entre un père absent et une mère détachée, elle cherche à tisser un lien affectif dans chacune de ses rencontres. A ce titre, c'est un personnage particulièrement touchant d'autant que la vie est cruelle avec elle. Elle grandit dans la douleur, perpétuellement mise à l'épreuve. Autour d'elle gravitent de nombreuses moniales et novices parmi lesquelles certaines sont plus attachantes que d'autres comme la jeune Hessa. Avec sa jambe atrophiée, elle ne peut rivaliser avec la force physique de ses consœurs mais elle compense par un enrichissement de son savoir et une meilleure maîtrise de la Voie. Son courage et sa pugnacité font d'elle une vraie héroïne. Quant aux moniales, j'avoue avoir un faible pour sœur Vitrage. C'est une protagoniste particulièrement intrigante qui aime s'entourer de secrets. Mais sous son masque d'autorité se dissimule une personne de cœur qui prend, bien volontiers, sous son aile les oisillons perdus.

Pour conclure :

Avec Le Livre des Anciens, Mark Lawrence maintient encore une fois la barre haute avec une narration toujours aussi nerveuse, des personnages inoubliables et un univers travaillé associé cette fois-ci à une intrigue originale et captivante. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi mes avis sur Le Prince Ecorché, Le Roi Ecorché, L'Empereur Ecorché et La Reine Rouge

Informations

Mark Lawrence
Sœur Ecarlate
T.1
Le Livre des Anciens
Editions Bragelonne

Lien vers le site

02/01/2024

Mark Lawrence, La Reine Rouge, intégrale, éditions Bragelonne

Mark Lawrence, La Reine Rouge, éditions Bragelonne 

La Reine Rouge prend la suite de la trilogie L'Empire Brisé, composé du Prince Ecorché, du Roi Ecorché et de L'Empereur Ecorché que j'avais lue et chroniquée au moment de sa parution. 

Or, Mark Lawrence m'a fait l'honneur de m'envoyer sa seconde saga, me permettant ainsi de continuer l'exploration de son sombre univers. Je le remercie donc très chaleureusement pour cette délicate attention et pour sa confiance.

Résumé :

Le Prince des Fous

Petit fils de la Reine Rouge, le prince Jalan Kendeth est un joueur invétéré et un coureur de jupons patenté. Endetté jusqu'au cou, il est toujours enclin à foncer tête baissée dans les ennuis, sans doute au grand dam de sa terrible grand-mère. C'est ainsi qu'après s'être servi d'un captif censé être libéré, pour gagner un pari dans les arènes, il échappe de peu à un attentat perpétré dans un opéra et se retrouve dans la ligne de mire d'un sort le liant irrémédiablement au ledit prisonnier à qui il a joué un mauvais tour plus tôt dans la journée. Dès lors, il n'a d'autre choix que de suivre Snorri ver Snagason dans sa quête pour libérer sa famille des griffes d'un viking renégat qui a vendu son âme au Roi Mort, sauf s'il trouve le moyen de se libérer avant ? 

La Clé des Menteurs

Après avoir survécu à leurs affrontements avec les séides du Roi Mort et mené à bien sa vengeance contre les vikings rouges responsables de ses malheurs, Snorri en est ressorti très amère. En effet, il a échoué dans sa mission première, à savoir arriver à temps pour sauver sa famille, mais il a récupéré une mystérieuse clé, objet de toutes les convoitises, qui pourrait bien changer la donne. Poursuivi de toutes parts, jusqu'où ira-t-il pour obtenir sa rédemption et Jalan le suivra-t-il dans ce nouveau voyage tortueux ?

La Roue d'Osheim

De retour de son séjour en Enfer après avoir accompagné Snorri dans sa quête ultime, Jalan en est revenu à son tour profondément changé. Il ne rêve d'ailleurs plus que de retrouver la sécurité des murs de son palais rougemarquais, seulement son retour risque de ne pas être conforme à ses aspirations. En effet, sa grand-mère, la Reine Rouge a pris la tête de l'armée pour régler son compte une bonne fois pour toutes à sa rivale, la Dame Bleue, déshabillant ainsi son royaume de sa sécurité militaire. Or, c'est une opportunité que le Roi Mort ne peut pas laisser passer, alors pour Jalan, il s'agira plutôt d'affronter des hordes de morts ranimés pour tenter de sauver les siens d'une fin funeste. Sera-t-il à la hauteur de la tâche?

Mon avis : 

Avec La Reine Rouge, on retrouve l'univers de L'Empire Brisé, précédemment effleuré dans la première trilogie éponyme de Mark Lawrence. Bien que les deux récits soient contemporains, l'action se partage, cette fois-ci, entre le sud de l'empire du côté de Rougemarche et le nord, par-delà les îles Noyées, sur la côte du Nordheim. 

Pour bâtir son monde, l'auteur s'est inspiré du vieux continent en éclatant l'Europe telle qu'on la connaît aujourd'hui en une multitude de petits royaumes où règne la magie. Celle-ci semble être le fruit d'une science pervertie par la mégalomanie d'une humanité égarée. Mark Lawrence nous immerge donc dans une science fantasy, teintée de notes postapocalyptiques et infusée à la mythologie nordique où le Ragnarök tant redoué par les uns pourrait être la conséquence d'une technologie destructrice. 

L'empreinte viking est très présente dans ce récit. Elle s'exprime déjà par la présence de la völva, figure sacrée des tribus claniques scandinaves. Prêtresse ou prophétesse, sa parole est divine. En outre, l'ombre des dieux n'est jamais loin entre les lignes de La Reine Rouge, notamment celle de Loki, le dieu de la ruse, à travers cet artéfact magique qui suscite tant d'émois et dont on lui attribue la propriété. Quant aux autres divinités, elles viennent juste derrière surtout quand il s'agit pour les protagonistes de traverser l'Enfer où règne la déesse Hel ou pour les plus valeureux guerriers de rejoindre le Valhalla en Asgard  et ainsi prêter main-forte à Odin. 

La Magie prend bien des formes sous la plume de Mark Lawrence. Déjà, elle est souvent détenue par des femmes de pouvoir, à l'image de la Reine Rouge qui tire sa puissance de sa sœur. Ombre d'elle-même et âme silencieuse, cette dernière dispose d'un don de préscience bien utile à cette sanglante monarque. Quant à sa rivale, la Dame Bleue, elle puise son pouvoir dans les miroirs lui permettant à la fois de surveiller et d'influencer autrui. En outre, la magie qui s'épanouit au fil des pages de cette trilogie est parfois pervertie et se pare des atours de la nécromancie comme en use le Roi Mort pour lancer sur ses ennemis des hordes de zombies, quasiment indestructibles. 

La Reine Rouge est une trilogie captivante tissée de complots et d'intrigues de cour, d'aventures rocambolesques et de rebondissements dramatiques. Au cœur de ce maelström de manipulations, se débat un duo de personnages aussi improbables qu'attachants. Tantôt pions, tantôt atouts de ce périple ponctué de dangers, Jalan Kendeth et Snorri ver Snagason sont bien souvent ballotés par les événements. Parieur, coureur et menteur, Jalan n'est clairement pas un parangon de vertus. De même, ce n'est pas le courage qui l'étouffe car s'il peut se défiler des situations délicates, il n'hésite pas à prendre ses jambes à son cou. Pourtant, en dépit de tous ses défauts qui font de lui un vrai anti-héros, Jalan est un protagoniste très drôle, piquant, parfois absurde et totalement irrésistible. Bien loin d'incarner la force brute du héros d'heroic fantasy ou la rouerie de celui de dark fantasy, Jalan Kendeth ne rêve que du confort de sa vie princière mais semble incapable de la mener sans se mettre dans la panade. Souvent rattrapé par ses vices, il n'apprend jamais de ses erreurs, ce qui ne manque pas de nous tirer un sourire ou deux. A contrario, Snorri ver Snagason incarne le parfait guerrier viking, pétri de nobles valeurs. Ami fidèle, défenseur des plus faibles, Snorri n'hésite pas à se jeter dans la gueule du loup pour tenter de sauver sa famille. L'amour indéfectible qu'il porte à sa famille en fait un personnage très touchant. Avec son physique d'ours et son cœur d'or, il apparaît comme le compagnon d'aventure idéale. A titre personnel, j'ai eu un gros coup de cœur pour ces deux-là qui apportent à ce récit, selon moi, une vraie valeur ajoutée. 

Plus qu'un roman d'aventure, La Reine Rouge est un texte intéressant à plus d'un titre qui nous parle aussi bien d'handicap que de maladie. Il alerte également sur les dangers des velléités dominatrices destructrices qui vont de pair avec une soif inextinguible de pouvoir.

Pour conclure :

La Reine Rouge est un texte dense, parfois long car trilogie oblige, mais qui ne manque pas de charme dans l'ensemble et n'en demeure pas moins plein de qualités en assurant tout de même un bon divertissement. 

Rendez-vous au prochain épisode puisque Mark Lawrence n'a pas dit son dernier mot sur cet univers.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Le Prince Ecorché, Le Roi Ecorché, L'Empereur Ecorché, et Sœur Ecarlate (T.1 du Livre des Anciens).

Informations

Mark Lawrence
La Reine Rouge
9791028110635
1197 pages
Editions Bragelonne

Lien vers le site

05/11/2023

Vincent Mondiot, Les Rues de Mirinèce, T.3, Les Mondes-Miroirs

Vincent Mondiot, Les Rues de Mirinèce, T.3, Les Mondes-Miroirs 

Après une réédition sous la forme de deux tomes, aux éditions Mnémos intitulés Les Mondes-Miroirs et L'Ombre des Arches, Vincent Mondiot a repris la main sur son projet littéraire. Une aventure enthousiasmante autant pour l'auteur que pour nous, les lecteurices, qui nous sommes passionnés dès le premier texte. 

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie Vincent Mondiot qui a choisi de me faire confiance pour vous parler de ce troisième volet. 

Résumé :

Après avoir participé à l'arrestation de terroristes coordonnés par l'ancien héros de guerre Teliam Vore, puis avoir empêché un coup d'Etat dans la province d'Auterre, Elsy et Elodianne sont de retour à Mirinèce. Mais loin de retrouver leur routine, elles sont placées sous l'étroite surveillance du Palais central. Pour Elodianne, cela signifie de voir son évolution mise sur pause en attendant de convaincre ses supérieurs. Pour Elsy, c'est se conformer à un contrôle administratif hebdomadaire en promettant de se tenir à carreau. Sauf qu'avec un contrat placé sur sa tête, ne pas faire de vague risque d'être difficile pour la mercenaire. Alors qu'Elodianne va employer son temps à chercher à prouver qu'elle est une grande magicienne, Elsy, elle, va tâcher de trouver le moyen de survivre. Mais arriveront-elles réellement à leur fin ? 

Mon avis :

Loin de l'action explosive des deux premiers tomes, Les Rues de Mirinèce est un roman plus intimiste, centré sur les deux personnages principaux en s'intéressant notamment à leur trajectoire respectif. Pour ce faire, Vincent Mondiot entame chaque début de chapitre en explorant un moment crucial de leur passé afin de mieux comprendre leur choix de vie et par la même occasion, leur personnalité. La balade est agréable, largement agrémentée d'émotions fortes. Pour peu que l'on ait un crush pour ces deux héroïnes ou pour assouvir une certaine curiosité, on apprécie de les découvrir en profondeur puisque l'auteur s'est attelé dans ce tome-ci à leur donner une vraie épaisseur. En outre, en tablant sur deux temps de narration, cela a le double intérêt de nous dépeindre un portrait très complet d'Elsy et d'Elodianne et d'en apprendre plus sur certains des protagonistes secondaires croisant leur route. Or, si dans les romans précédents, les deux jeunes filles se retrouvent un peu fortuitement propulsées dans ces aventures politiques, dans ce présent livre, leur implication va prendre une toute autre dimension liant même leurs destins à celui de Mirinar. 

Elodianne et Elsy s'aiment autant qu'elles s'agacent. Il faut dire que Vincent Mondiot ne pouvaient pas choisir des caractères plus opposés que les leurs. Autant Elodianne est studieuse et réservée qu'Elsy est impertinente et volubile. Bien qu'elles aient grandi ensemble, elles vont pourtant suivre des chemins différents. 

18/07/2023

Chloé Garcia, Suivre les Lumières, éditions Cordes de Lune

Chloé Garcia, Suivre les Lumières, éditions Cordes de Lune

Artiste, musicienne et écrivaine, Chloé Garcia alterne les casquettes pour laisser s'exprimer son art. Depuis quelque temps, elle enchaîne les récits, courts ou longs, et y laisse s'épanouir ses idées par l'intermédiaire d'un imaginaire fécond. 

Après deux recueils de nouvelles, Un Grain de Magie et Un Monde pour Demain, ainsi qu'un premier roman, Sous le Regard de Laria, elle inaugure avec Suivre les Lumières, un nouveau cycle de fantasy

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie Chloé Garcia pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Artrera vit sous un dôme magique crée par les dieux pour préserver les humains des attaques des Sansordres. Depuis lors, la société s'est organisée en castes avec d'un côté, les premiers-nés qui doivent rejoindre la Cité Ambrumée pour y développer leurs pouvoirs et seconder les déités dans le maintien du bouclier et de l'autre côté, le reste de la descendance qui participe activement à l'exploitation des terres pour fournir les moyens de subsistance nécessaires à tous. Darna est une seconde-née qui ne supporte plus sa condition, souhaitant de plus en plus en découdre avec les Sansordres pour faire tomber ce bouclier et se libérer de son pesant carcan. Rani, lui, est un premier-né qui a une foi aveugle dans les dieux ne rêvant que de les aider dans leur mission. Leurs chemins vont se croiser, pour autant, cela aura-t-il une quelconque influence sur leurs choix de vie et l'avenir de leur monde? 

Mon avis :

Suivre les Lumières prend cadre dans un univers foisonnant que l'autrice a minutieusement construit. On y retrouve un panthéon de dieux qui veillent jalousement sur la vie des humains, une multitude de créatures à faire pâlir le bestiaire merveilleux traditionnel et une magie qui grandit dans le cœur des élus, premiers-nés des fratries de cette civilisation. 

Pour faire face à la menace que représentent les Sansordres, une barrière magique a été érigée, instituant de facto une lutte entre le Bien et le Mal. De ces créatures, on ne sait que peu de choses si ce n'est qu'elles ne peuvent mourir car elles se reconstituent toujours, même après avoir été découpées en morceaux. Véritables visions d'horreur dont on ne connait pas l'origine et qui demeurent un mystère à explorer. 

Du côté des dieux, leur présence instille un caractère mythologique au texte. Ils sont au nombre de six et forment le Cercle qui s'organise selon une hiérarchie précise avec d'abord, les Premiers-nés divins : Grén et Janil, puis les Seconds-nés divins : Lanfer et Kafri et enfin, les Troisièmes-nés divins : Péral et Hirit. Trois duos qui représentent la Vie et la Mort pour maintenir l'équilibre du monde. En effet, chaque jour, ils unissent leurs pouvoirs pour fournir l'énergie nécessaire au maintien du bouclier. Bien qu'omniscients, leur existence est entourée d'une aura de mystères que seuls les élus percent en partie du fait de leur proximité avec eux. En vérité, ils dissimulent de lourds secrets à la communauté qui les concernent pourtant de très près et dont la révélation pourrait sans doute changer bien des choses. Ils demeurent un élément-clé de l'intrigue qui, d'ailleurs, enrichit grandement l'univers. 

Dans Suivre les Lumières, Chloé Garcia nous dessine un monde de castes qui se veut juste mais se révèle seulement inégalitaire. On y promeut de manière arbitraire les premiers-nés au détriment des autres. En effet, ces élus se destinent à une vie de prestige auprès des divinités. Pour autant, leur destin est-il réellement enviable ? En suivant certains des protagonistes de l'autrice, on prend conscience qu'ils sont des pions nécessaires, au même titre que leurs frères et sœurs. Ils font fonctionner un système dont ils ne perçoivent pas complètement la finalité et pour lequel ils vont jusqu'à se perdre. 

16/11/2022

Guillaume Suzanne, Mort comme au premier jour, éditions Black Rabbit

Guillaume Suzanne, Mort comme au premier jour, éditions Black Rabbit

Romancier et nouvelliste, Guillaume Suzanne signe entre 2008 et 2014 une science-fiction délirante avec sa saga des poubelles.

Appréciant le format court, il se plaît à explorer les littératures de l'Imaginaire au sens large pour mieux poser un regard critique sur la société.

Il compte déjà une quinzaine de nouvelles et trois romans courts à son compteur mais il ne s'est pas arrêté là puisqu'il nous propose un nouveau texte avec Mort comme au premier jour. Celui-ci fait l'objet d'un financement participatif sur la plateforme Ulule, toujours en cours jusqu'au 28 novembre 2022. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Black Rabbit, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Mourir d'une chute dans un escalier, voilà bien une mort idiote ! Or, c'est ce que Guillaume Suzanne a réservé au personnage principal de sa dernière novella, Mort comme au premier jour. Alors si vous êtes curieux de savoir comment cela se passe dans l'au-delà, suivez le guide mais attention ne croyez pas que cela soit un long fleuve tranquille. Bien au contraire, le repos éternel est devenu un concept surfait. Dans ces conditions, tout devient donc possible...

Mon avis :

La mort est une porte d'entrée idéale à tout bon récit fantastique et ça, Guillaume Suzanne l'a bien compris. En tout cas, c'est la réflexion que l'on se fait quand on jette un œil à certains des titres de sa bibliographie comme "Si près du bord", "L'appel de Latombe" ou "La Cuvée du condamné". Alors rien d'étonnant de la retrouver au cœur de sa dernière novella. 

En trois actes, on suit ce défunt dans l'appréciation de son nouvel environnement et de ses compagnons d'infortune. On est donc transporté dans un au-delà où les nouveaux arrivants perdent leur nom au profit d'un numéro provisoire en attendant qu'ils s'en choisissent un autre. De même qu'ils ont le loisir de choisir le lieu où ils souhaitent se rendre, passé la première étape, mais en omettant de leur préciser que certains désirs ont de lourdes contreparties. 

C'est ainsi que le temps de quelques pages, on partage ce séjour mortifère baigné par l'imaginaire déjanté d'un auteur qui n'hésite pas à jouer avec les grandes figures de l'enfer et du paradis en nous en proposant une réincarnation des plus loufoque. 

Diable, faucheuse, les rencontres se succèdent mais ne se ressemblent pas. Guillaume Suzanne puise allègrement son inspiration dans des épisodes célèbres de la Bible, à l'image du combat de David contre Goliath en s'arrangeant avec la version officielle pour mieux l'adapter à son propos. Le tout étant de garder ici cette légèreté de ton associée à la multiplication de situations burlesques pour continuer de satisfaire un public déjà très attaché à son style.

30/10/2022

Dan Simmons, Le Nez-Boussole d'Ulfänt Banderōz, éditions Robert Laffont

Dan Simmons, Le Nez-Boussole d'Ulfänt Banderōz, éditions Robert Laffont 

Romancier et nouvelliste américain, Dan Simmons a marqué la science-fiction avec son cycle Hypérion, multiprimé par les prestigieux prix Hugo et Locus du meilleur roman de science-fiction. 

Mais plus que d'être l'auteur de textes de science-fiction, de polar ou d'horreur, Dan Simmons est aussi un lecteur de fantasy. Conquis par les récits de Jack Vance qui ont bercé son enfance, il a souhaité lui rendre hommage en écrivant sa novella, Le Nez-Boussole d'Ulfänt Banderōz publiée, en 2009, dans le cadre de l'anthologie, Chansons de la Terre Mourante, dirigée par G.R.R. Martin et Gardner R. Dozois. Or, dans sa réédition française, en 2013, celle-ci manquait à l'appel, alors les éditions Robert Laffont viennent d'y remédier en la publiant, en même temps que le collector Hypérion

Lu dans le cadre d'un partenariat avec  les éditions Robert Laffont, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

La nouvelle est tombée, Ulfänt Banderōz, le plus ancien des sorciers est mort. Shrue le diaboliste y voit là le prétexte de prendre possession de la Bibliothèque Ultime que ce dernier gardait jalousement. Lui qui a toujours voulu percer les mystères des livres anciens, l'occasion est trop belle pour la laisser filer. Seulement, il n'est pas le seul sur le coup. Pire encore son homologue a compliqué son accès. Alors arrivera-t-il à ses fins? Si oui, à quel prix? 

Le Nez-Boussole d'Ulfänt Banderōz prend cadre dans la Terre mourante de Jack Vance. Ici, on chasse sur les terres de la fan-fiction d'un auteur qui a pris sa plume pour célébrer un grand classique du genre. Nous voici donc projeté sur cette planète étrange qu'est devenue la Terre où gisent les ruines d'anciens empires et où rôdent d'étonnantes créatures issues parfois d'autres dimensions. La lune a disparu depuis bien longtemps laissant le soleil orphelin et moribond.

De ce récit initial au goût apocalyptique, Dan Simmons en a repris la thématique des magiciens qui rivalisent pour obtenir toujours plus de connaissances. En effet, ici il nous colle aux basques d'un vieux mage qui s'est mis en tête de mettre la main sur des livres anciens, quitte à altérer les différentes dimensions spatio-temporelles et à risquer de détruire définitivement la Terre. Ce Shrue nous embarque donc dans un road-trip mouvementé, accompagné d'une poignée de femmes aux allures d'amazones, et de Kirdrik, un daihak, autrement dit une créature griffue et toute en crocs, lui servant de garde du corps. Ensemble, ils vont affronter plus d'un danger, chevaucher d'invraisemblables montures et embarquer à bord d'un galion volant grâce au nez d'un mage défunt servant ici de boussole. Ainsi, avec sa novella, Dan Simmons signe une odyssée baroque qui emprunte beaucoup d'éléments traditionnels à la fantasy comme des cristaux de pouvoir, des formules incantatoires ou un bestiaire merveilleux. 

27/09/2022

Luvan, Tyst, éditions Scylla

luvan, Tyst, éditions Scylla

Écrivaine et poétesse, luvan publie ses premiers textes en 2001. Dès 2002, sa nouvelle Trolleriet est nominée au prestigieux prix Merlin et en 2014, son recueil de nouvelles, CRU, reçoit le prix Bob Morane

Tyst est une novella, dont la sortie est prévue pour le mois de décembre, publiée aux éditions Scylla

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Scylla pour l'envoi de ce service de presse qui me donne l'occasion de découvrir une plume de l'Imaginaire que je ne connaissais pas. 

Dans Tyst, luvan nous attache aux pas d'une certaine Sauda Le Du, musicienne de profession et éveillée de nature. Ici le monde est divisé en strates et Sauda fait partie de ces rares élus capables de passer d'un monde à l'autre : le pays dormant peuplé de simples humains et le pays vif considéré comme l'antre du petit peuple. On suit donc Sauda dans sa quête d'un monde meilleur affranchi de ses erreurs passées. Pour autant, atteindra-t-elle le noble but qu'elle s'est fixé ? 

Quand on plonge dans Tyst, on se sent autant en terre inconnue qu'en territoire familier. En nous parlant de pays dormant ou vif, d'éveillés et de nœuds, luvan redéfinit les racines de ce merveilleux qui nourrissent les contes et les mythes depuis la nuit des temps. Tyst prend cadre dans cette Bretagne millénaire, bercée par des légendes intemporelles. Retour aux sources pour luvan qui a souhaité, à travers son récit, rendre hommage à la fantasy, mais aussi pour son personnage principal qui rentre chez elle après des années d'errance. Entre ces lignes, Sauda Le Du incarne la figure de la ménestrelle transmettant des histoires par le chant qui lui confère également le pouvoir de voir et de communiquer avec le monde invisible. A sa suite, on plonge ainsi au fond de l'océan à la découverte des abysses et des créatures qui les occupent et on parcourt des forêts enchantées pour y récolter tous ses secrets. 

Sous la plume de luvan, Tyst nous dévoile par soubresauts un univers féerique, à travers le récit décousu de son personnage principal. 

Il est vrai que le style employé et la construction du récit peuvent vite dérouter le lecteur. Mais lorsque l'on s'est habitué à l'écriture de luvan, on se laisse finalement emporté par la poésie de cette remarquable conteuse. 

Tyst est davantage un récit contemplatif qui exhale une certaine quiétude, notamment en pays vif. On se laisse envoûter par l'harmonie des lieux qui contrastent sérieusement avec le sentiment d'urgence que le pays dormant fait naître.

Ode à la nature, luvan argumente aussi son propos autour de la question écologique en pointant les comportements destructeurs. En effet, Tyst endosse les oripeaux du roman post-apocalyptique en pointant ici le spectre d'une troisième guerre et une extraction délétère des ressources. 

23/09/2022

H. Laymore, L'œil du Serpent, tome 3, Lyon des Cendres, éditions L'Alchimiste

H. Laymore, L’œil du Serpent, tome 3, Lyon des Cendres
éditions L'Alchimiste

L'œil du Serpent est le troisième volet qui vient prendre la suite de la tétralogie, Lyon des Cendres, de H. Laymore. 

Ayant appréciée les deux premiers tomes pour l'ingéniosité de l'intrigue qui se coule habilement dans les méandres de l'Histoire, je suis ravie de me plonger enfin dans la suite. 

Mais avant de vous partager mon avis plus en détails, je tiens à remercier H. Laymore de l'intérêt qu'il porte à Fantasy à la Carte et pour l'envoi de ce service de presse.

1794, Lyon est littéralement exsangue. La population est à fleur de peau car lassée des exactions commises par celui que l'on surnomme "Le mitrailleur". Les hussards, aussi, ont un compte à rendre avec ce Fouché, surtout depuis qu'un général de la République est enfermé dans ses geôles. Sans parler des royalistes qui n'ont pas dit leurs derniers mots, malgré leur nombre minoritaire. Dans ce charivari ambiant, qui des hussards, des royalistes, des jacobins ou du peuple lyonnais aura le dernier mot pour extirper Lyon du charnier dans lequel elle est tombée et surtout lui faire cracher tous ses secrets ?

Dans L'œil du Serpent, les tensions se cristallisent et l'intrigue se resserre autour des protagonistes qui portent cette histoire. Au fil des pages, les enjeux se dévoilent et nous laissent entrevoir les forces occultes en présence qui utilisent les personnages comme des pions à avancer ou à sacrifier afin de gagner la partie. 

Dans sa saga, H. Laymore joue beaucoup avec les événements historiques qu'il s'est réappropriés pour servir à dessein son récit. Aussi, il se sert de la mise à sac de la ville de Lyon par Jean-Marie Collot d'Herbois et Joseph Fouché pour lui instiller une aura ésotérique, exacerbée par la présence des membres d'une secte religieuse ou de séides tirant leur pouvoir d'entités agissant dans l'ombre. Ici, la mort et la souffrance infligées à la population dans l'enceinte de la ville viennent nourrir les pouvoirs de divinités déchues ou d'êtres surnaturels qui se disputent l'influence pour asseoir leur puissance. 

Il est fascinant de voir comment dans Lyon des Cendres, H. Laymore a tissé sa toile autour de figures historiques notables comme ce général François Christophe Kellerman, envoyé pour réprimer la révolte lyonnaise contre la Convention qui sera emprisonné treize mois durant et échappera de peu à l'échafaud, et que l'on retrouve ici à commander du fond de sa geôle les Hussards de la Mort de manière plutôt sibylline. En outre, l'auteur s'appuie également sur des acteurs qui ont pesé sur le destin de Lyon, à l'image des Convultionnaires qui interprétèrent la Révolution comme un temps de déchaînement de la colère divine nécessaire à l'accomplissement des desseins de dieu, en leur attribuant notamment ici de grands pouvoirs occultes.  Ainsi, une sombre magie est à l'oeuvre ici et vient s'enrouler autour de l'Histoire pour lui donner un vernis mystérieux. 

15/07/2022

Estelle Faye & Fabien Legeron, Hollywood Monsters, collection Echos, Gulf Stream Editeur

Estelle Faye & Fabien Legeron, Hollywood Monsters
collection Echos, 
Gulf Stream Editeur

Quand ils ne sont pas occupés à réaliser de courts métrages comme le multiprimé, Tout ce qui grouille sous la mer, récompensé par pas moins de douze prix, Estelle Faye et Fabien Legeron se retrouvent pour écrire des romans. D'ailleurs, quoi de mieux que d'avoir deux scénaristes aux commandes pour nous immerger dans l'ambiance d'un tournage des années 30. 

Ensemble, ils signent donc Hollywood Monsters qui est sorti depuis peu chez Gulf Stream Editeur

Mais avant de commencer à vous en parler plus en détails, je tiens à remercier Estelle Faye pour sa gentillesse et l'intérêt bienveillant qu'elle porte à Fantasy à la Carte

A Hollywood, le tournage du Nécromant défraie la chronique. Il semblerait qu'une malédiction se soit abattue dessus car plusieurs personnes travaillant à la réalisation du film ont été zombifiées. Pour l'accessoiriste Malachi et la toute jeune actrice Doris, il est urgent de démasquer le ou les coupables afin de faire cesser ces actes infâmes et si possible, sauver le film. Mais si pour cela, il leur faut aller jusqu'à faire arrêter l'être qu'ils admirent le plus, le feront-ils ? 

Dans Hollywood Monsters, Estelle Faye et Fabien Legeron nous plongent dans un thriller fantastique mâtiné de notes horrifiques. Ce livre est une enquête menée par les deux personnages principaux suite à la succession de zombifications de personnes, survenue sur le tournage d'un film. Ainsi, on retrouve les ressorts du polar à travers les interrogatoires de témoins, la recherche d'indices ou encore la filature menés par les deux héros. 

Quant au surnaturel, on le retrouve à travers la figure du monstre qui, au demeurant, est autant exploité en littérature qu'au cinéma. Rappelons que le film d'épouvante connait son essor dans les années 30 aux Etats-Unis. Or, c'est justement à ce cinéma hollywoodien que les auteurs rendent hommage dans ce livre. 

Ils font d'ailleurs revivre avec beaucoup de réalisme l'ambiance d'un tournage de l'époque à travers les balbutiements des effets spéciaux, l'organisation des prises de vues ou encore l'agencement des plateaux. Estelle Faye et Fabien Legeron ont un vrai souci du détail pour donner à leur histoire un cadre authentique. D'autant, qu'ils mettent également en lumière les difficultés économiques et sociales suite au krach boursier de 1929 et à la Grande Dépression qui a suivi. 

Créatures fantastiques et magie vaudou se mêlent à l'intrigue pour faire autant frissonner le lecteur que l'intéresser aux croyances mystiques évoquées ici. 

Hollywood Monsters est un récit sombre et l'écriture incisive des deux auteurs s'accorde bien à la tension qui monte crescendo entre ces lignes. Les chapitres sont courts et s'enchainent vite pour nous tenir en haleine jusqu'à l'apothéose finale. 

08/07/2022

Guillaume Coulaty, Sœurs Ennemies, tome 3, La Guerre des Maisons, éditions Les Presses Littéraires

Guillaume Coulaty, Sœurs Ennemies, tome 3, 
La Guerre des Maisons
éditions Les Presses Littéraires

La sortie de Sœurs Ennemies, le tome 3 de La Guerre des Maisons, marque la fin de partie des héros de Guillaume Coulaty. Après deux premiers opus, Pirates des Trois Mers et Affaires de Familles, qui ont posé les bases de l'univers, j'étais curieuse de lire la conclusion de ce âpre récit. 

Reçu en service de presse, je remercie Guillaume Coulaty et Les Presses Littéraires pour l'envoi de ce livre. 

Alors que Laurë a pris la tête de la maison Farge, C'Leenë, elle, s'est évaporée dans la nature. Profitant du chaos ambiant, elle espère juste se faire oublier mais il est difficile d'échapper à la ténacité de ses poursuivants qui la veulent morte ou vive, d'ailleurs. Quant à Laurë, pourra-t-elle réellement rester maîtresse du jeu de cette cabale sanglante ? 

La Guerre des Maisons est une saga familiale qui nous immerge au cœur d'un monde impitoyable que l'on découvre surtout à travers le regard de certains membres de l'une des plus influentes familles. De fait, dans ce cycle, on suit tour à tour Karplesch, Laurë et C'Leenë, les héritiers Farge qui écrivent leur destin à l'unisson de celui du Fertoslhon. 

Sœurs Ennemies se recentre autour des deux sœurs Farge qui se retrouvent embarquées volontairement ou non dans le tourbillon des événements qui secouent le Fertoslhon. Si la cadette subit la situation, l'aînée, elle, semble savoir où elle va. En passant de l'une à l'autre, on partage une vision différente de ce que dissimule cette guerre entre les maisons rivales, ce qui nous permet de prendre de la hauteur afin de considérer les événements dans son ensemble et de mieux appréhender leurs finalités. 

Guillaume Coulaty continue sur sa lignée d'écrire un récit dominé par la trahison. Les péripéties se bousculent, les rebondissements sont sanguinaires et l'étau se resserre peu à peu sur ses personnages principaux survivants. L'auteur a toujours un coup d'avance sur nous au point de nous laisser pantois quant à la tournure que prend l'histoire. Tout s'y enchaîne donc en cascade, alors pas le temps de bayer aux corneilles sous peine de manquer un retournement de situation inattendu. 

Avec ce dernier volet, l'auteur a pris le temps de travailler le portrait des deux sœurs Farge qui ne sont finalement pas tout à fait ce qu'elles paraissent être. Si l'on se laisse abuser par le charisme froid de Laurë qui semble insensible à tout, n'hésitant pas à ordonner des meurtres au nom de la grandeur de sa maison, elle cache en réalité une certaine fragilité dissimulée sous un vernis d'autorité et de machiavélisme. Digne descendante de la famille Farge, Laurë est déterminée à imposer sa maison et à la faire rayonner et ce quel qu'en soit le prix. Pourtant Laurë peut se montrer touchante dans la maladresse de l'expression de ses sentiments fraternels.  

C'Leenë, quant à elle, est aux antipodes de son aînée. Du fait de son jeune âge, elle est plus timorée et apeurée. Contrairement à sa sœur qui semble si sûre d'elle, C'Leenë est dépassée par les événements qui lui échappent volontiers. Elle n'a qu'un but, celui de survivre. Bien souvent utilisée par les autres qui ne voient en elle qu'un pion utile, elle subit sa vie. Pourtant C'Leenë a une force de caractère insoupçonnée, elle est débrouillarde et arrive envers et contre tout à retomber sur ses pieds. Même très malmenée, la jeune fille est toujours là et fait courir ses poursuivants à travers tout le Fertoslhon. Totalement perdue, elle est l'un des protagonistes les plus attachants de cette histoire. Foncièrement bonne, elle est l'antithèse de tous les autres personnages de la saga qui sont prêts à toutes les trahisons pour réussir.