L'influence du "gaming" à la littérature

Google console

accueil2

accueil2
Affichage des articles dont le libellé est Mes coups de cœur à partager. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Mes coups de cœur à partager. Afficher tous les articles

30/05/2025

Cyril Lieron & Benoit Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux, volume 2, Dans la tête de Sherlock Holmes, éditions Ankama

Cyril Lieron & Benoit Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux
volume 2, Dans la tête de Sherlock Holmes
éditions Ankama

Après avoir bien apprécié le premier album de L'Affaire du Ticket Scandaleux, je me suis enfin plongée dans la suite avec une certaine délectation.

J'en profite pour remercier à nouveau mon amie Mathilde qui sait toujours  comment me faire plaisir et m'a offert ce second album

Il est signé par Cyril Lieron et Benoît Dahan et répond tellement bien à mon gros faible pour le personnage de Sherlock Holmes. 

Je suis aux anges car j'ai eu un énorme coup de cœur pour le premier album. Les auteurs ont fait un excellent travail sur la construction de cette bande dessinée alors j'avais hâte de lire la suite. 

Résumé :

On y retrouve Sherlock Holmes et le docteur Watson toujours à la poursuite de l'instigateur des disparitions survenues auparavant. Ils remontent la piste du fameux ticket Scandaleux qui les met sur les traces d'un étrange cirque. Seulement l'adversaire est coriace et il ne compte pas se laisser démasquer. Alors qui sera le plus fort ? 

Mon avis :

Dans ce volume 2, les évènements s'accélèrent car Sherlock Holmes met tout en œuvre pour obliger le ou les coupables à se révéler. Lui seul a la clé de cette énigme et il nous entraîne dans les dédales de Londres pour nous en dévoiler tous les secrets. 

L'histoire est passionnante et tient bien en haleine jusque dans les dernières pages de cet album. Il faut dire que l'intrigue est bien ficelée et le dénouement est très intéressant. 

C'est une bande dessinée pleine d'action, très punchy autant dans les rebondissements que dans le visuel des bulles. 

J'apprécie énormément l'esthétique de cette bande dessinée qui met en images le cheminement de pensée de notre illustre détective. Au risque de me répéter je trouve le procédé ingénieux, il sert de fil d'ariane en reliant les bulles entre elles et facilite le sens de la lecture. 

Cette série est superbe et particulièrement immersive. Les auteurs empruntent au mystère des romans d'Arthur Conan Doyle pour nourrir leur série d'une atmosphère très envoûtante. Ici, ils introduisent le "freak show", faisant référence à cette mode d'exhiber des êtres humains aux caractéristiques difformes qui a eu cours entre le milieu du XIXe et le milieu du XXe siècle et le détournent ici pour critiquer l'impérialisme britannique. 

Aussi, le scénario se pare de notes politiques en dénonçant les abus et les dérives du colonialisme. D'ailleurs, quoi de mieux que de choquer les esprits pour tirer des leçons du passé. 

Dans cette série Dans la tête de Sherlock Holmes, on est sensible autant au fond qu'à la forme. 

Il faut dire que les auteurs ont soigné leur écrin qui dégage un réel esthétisme. De plus, ils ont nourri leur scénario de thématiques qui viennent questionner intelligemment la société de l'époque et même éclairer notre propre actualité.

Dans la tête de Sherlock Holmes est une vraie pépite que vous soyez ou non amateur du détective car c'est vraiment du bel ouvrage dont on admire chaque double page avec un certain contentement. 

Pour conclure :

Il n'y a plus qu'à espérer maintenant que l'aventure ne s'arrête pas là car on sait combien l'investissement est important pour réaliser de telles merveilles. Mais quel dommage de ne pas continuer quand même. A suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur le volume 1

Informations

Cyril Lieron
Benoit Dahan
L'Affaire du Ticket Mystérieux
Volume 1
Dans la Tête de Sherlock Holmes
9791033512547
48 pages
Editions Ankama

Lien vers le site

29/12/2024

Cyril Lieron & Benoît Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux, T.1, Dans la tête de Sherlock Holmes, éditions Ankama

Cyril Lieron & Benoît Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux, T.1, 
Dans la tête de Sherlock Holmes
éditions Ankama

Dans la tête de Sherlock Holmes est une excellente bande dessinée composée pour le moment de deux volumes. Elle est le fruit de deux hommes talentueux, Cyril Lieron et Benoît Dahan qui se sont associés pour en écrire le scénario. Quant à la mise en images, seul Benoît Dahan s'y est collé avec beaucoup de talent. 

Le résultat est bluffant car l'intrigue est digne des récits d'Arthur Conan Doyle. On y retrouve bien le mystérieux fort apprécié de cet auteur. Personnages incontournables de la littérature, c'est un réel plaisir que de retrouver Sherlock Holmes et son acolyte le docteur Watson dans une nouvelle aventure.

Je ne peux que remercier très chaleureusement mon amie Mathilde qui a toujours les plus belles attentions pour me faire plaisir.

Résumé :

Dans L'Affaire du Ticket Scandaleux, une nouvelle enquête vient frapper à la porte de Baker Street et prend la forme d'un confrère du docteur Watson répondant au nom d'Herbert Fowler qui s'est retrouvé à errer dans les rues complètement hagard ne se souvenant pas de sa soirée de la veille. Voilà de quoi sortir notre bon vieux Sherlock Holmes de sa léthargie en lui faisant travailler ses méninges.

Mon avis :

Pour cette nouvelle aventure, Cyril Lieron et Benoît Dahan ont eu la bonne idée de nous conter les faits du point de vue de Sherlock Holmes lui-même en suivant son cheminement intérieur pour résoudre les énigmes. C'est d'ailleurs le fil directeur de cette bande dessinée autant du point de vue du script que de la mise en page graphique car on remonte visuellement la piste des indices que relève notre célèbre détective au fil de ses observations ainsi que les déductions qu'il en fait. 

Les auteurs nous entraînent donc ici dans un véritable jeu de pistes des plus passionnants où le mystère et peut-être bien l'ésotérisme s'invitent. C'est tout le but de cette œuvre que de plonger dans la tête de Sherlock Holmes au sens propre du terme et ce dès la couverture de la bande dessinée. Celle-ci est, d'ailleurs, remarquable. Elle attire le regard des lecteurs et capte immédiatement leur attention puisqu'on y voit la silhouette de la tête du détective littéralement découpée dans le cartonné de l'ouvrage. Mieux encore, elle se fond dans le paysage des immeubles londoniens, se découpant même dans la toiture de l'un d'eux. le résultat est remarquablement ingénieux et lui vaut même d'avoir été primé par le BDGest'Arts 2019. 

D'ailleurs, la bande dessinée elle-même a reçu de nombreux prix, parmi lesquels le prix SNCF du polar 2020, le prix du public d'Angoulême, le prix Mor Vran de la BD du Goëlan Masqué à Penmarch ou encore le prix Bédéis causa en 2020 du Festival Québec. C'est peu dire que de répéter que le graphisme autant que l'intrigue ont plu. 

Les auteurs ont su retranscrire toute l'essence de l'univers d'Arthur Conan Doyle et se sont emparés avec beaucoup de virtuosité de son duo de personnages. 

Les dessins sont splendides et illustrent très bien cette époque victorienne pleine d'élégance et de ténèbres. Les silhouettes sont toutes en pointes ou en arrondies et donnent à ces illustres figures de la littératures policières une identité visuelle très reconnaissable et fort à-propos. En outre, rien de criard dans la colorisation des planches, tout est gris, beige, ou cyan pour maintenir une ambiance feutrée propice à l'époque.

Pour conclure :

Dans la tête de Sherlock Holmes, Cyril Lieron et Benoît Dahan vous attachent si habilement aux pas de deux grands noms de l'imaginaire populaire que vous n'avez plus envie de les quitter. Et ce n'est pas avec un tel final que les choses vont s'arranger. Elémentaire, mes chers lecteurs !

Fantasy à la Carte

Informations

Cyril Lieron & Benoît Dahan
L'Affaire du Ticket Scandaleux
Tome 1
Dans la tête de Sherlock Holmes
Editions Ankama

Lien vers le site

16/08/2024

Jeanne Mariem Corrèze, Le Chant des Cavalières, éditions Les Moutons électriques

Jeanne Mariem Corrèze, Le Chant des Cavalières
éditions Les Moutons électriques 

Alors que son nouveau roman, Nous serions l'incendie, vient juste de rejoindre, ce 14 août, les rayonnages des librairies, je me suis dit qu'il était plus que temps d'exhumer de ma PAL, le premier livre de Jeanne Mariem Corrèze, Le Chant des Cavalières.

Comme les deux récits partagent le même univers, autant faire les choses bien en les lisant dans l'ordre. 

Résumé :

La jeune Sophie se rêve écuyère mais pour le devenir, elle doit attendre le premier sang car c'est la condition pour être liée à un dragon. Pendant ce temps, les évènements se précipitent au sein de l'ordre des Cavalières, une nouvelle Matriarche est nommée. Et c'est elle qui va devenir la maîtresse de Sophie. Seulement occupée à ses petites affaires, elle n'a que peu de temps à accorder à la jeune fille qui va pourtant devoir embrasser son destin et bien choisir ses alliés. Alors quel chemin empruntera-t-elle ? 

Mon avis :

Avec Le Chant des Cavalières, Jeanne Mariem Corrèze nous propose un texte de fantasy très soigné. Elle y a bâti un univers solide et envoûtant en empruntant notamment à la mythologie arthurienne. Elle se l'est d'ailleurs réappropriée avec beaucoup d'habileté en l'abordant sous un angle féministe car ici l'héritage des Pendragon échoue aux femmes. De même que l'on croise entre ces lignes le célèbre Myrddyn sous le masque d'un mage puissant et rusé. Il incarne les légendes oubliées et une magie ancestrale qui renaît sous la plume de Jeanne Mariem Corrèze. Celle-ci embrase les pages de ce livre et se mêle à la nature pour mieux la magnifier. Mais, l'onirisme se manifeste de bien des manières au sein de ce roman. Aussi, il peut intervenir à travers les rêves qui habitent les nuits de certains protagonistes cherchant à leur montrer le chemin même si celui-ci paraît obscur. Enfin, il y a également l'omniprésence des dragons, fabuleuses créatures issues du bestiaire merveilleux que la littérature fantasy adopte bien volontiers et que l'autrice a choisi ici d'en faire de fidèles montures à ses cavalières. 

Dans Le Chant des Cavalières, on parcourt donc le royaume de Sarda, essentiellement à dos de dragons. Depuis la Grande Guerre, la défaite de la reine Maude et la réédition du royaume à Sabès, celui-ci vit dans une paix relative. Le pouvoir est entre les mains d'un prince et d'un condottiere. L'Ordre des Cavalières est réparti au sein des quatre citadelles : Nordeau, Estari, Ousterre et Soufeu. Mais, ces guerrières d'antan ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes, davantage rompues aux intrigues de cour qu'aux véritables combats. Seulement une effervescence semble agiter les couloirs du pouvoir. Tandis que certains s'accrochent aux paroles d'une prophétie annonçant le retour des Reines, d'autres ont des velléités d'indépendance ou rêvent d'une autre gouvernance. 

L'autrice donne donc vie à un univers magistral qu'elle a pris le temps d'explorer dans ce premier roman afin d'offrir à son récit un très bel écrin qu'elle pourra au demeurant réutiliser ultérieurement.

Mais c'est aussi le décor idéal pour tisser les nombreuses intrigues politiques qui tapissent les pages de ce livre car Le Chant des Cavalières est avant tout un roman politique. L'action relève davantage de manipulations et de trahisons que de véritables combats en dépit que l'on parle beaucoup de guerre au fil des chapitres. En effet, on découvre les évènements loin du champ de bataille, à l'abri des salons et des cours où circulent les mensonges, les secrets, le fiel et l'amertume. Ils sont propices pour donner à cette intrigue tout son suspense. 

Certains verront sans doute dans l'absence de batailles, un manque de rythme, pour autant cette histoire demeure agréable à lire. Il est vrai que la présence des dragons enflamme notre imaginaire d'affrontements épiques et flamboyants, il n'en est rien ici mais cela ne veut pas dire que cela n'adviendra pas plus tard car au regard de ce livre, Jeanne Mariem Corrèze n'en a clairement pas encore fini avec son univers. 

Dans Le Chant des Cavalières, l'autrice reprend le motif de la quête initiatique, à travers une héroïne qui refuse de n'être que le pièce maîtresse d'une prophétie pilotée par d'autres. En la rencontrant très jeune, on va la suivre dans sa quête d'identité, dans sa compréhension de ses origines et dans ses choix de vie. Bien que ce soit un schéma narratif classique, l'autrice arrive à surprendre en lui faisant emprunter des chemins inattendus. 

Le Chant des Cavalières dégage une grande sororité. L'autrice a articulé son histoire autour de femmes de pouvoir qui cherchent à reprendre pleinement leur indépendance et leur liberté. pour cela, elles vont beaucoup intriguer, chacune derrière le dos de l'autre. Chacune dispose de sa propre puissance sans pour autant faire tout exploser sur son passage. Jeanne Mariem Corrèze nous dépeint des protagonistes féminins forts, sensibles et auxquelles il est facile de s'identifier. Elles sont toutes différentes et apportent sa singularité au texte. Entre Sophie qui va apprendre de son inexpérience pour se tracer le chemin qu'elle aura elle-même choisi, Frêne, l'aïeule herboriste qui n'hésite pas à prendre sous son aile les jeunes pousses afin de leur transmettre force et savoirs et enfin Eliane qui affiche une dureté implacable pour mieux dissimuler le dessein qu'elle vise. 

Pour conclure :

Bien que Le Chant des Cavalières reprenne les motifs habituels de la fantasy à travers la quête et la lutte pour le pouvoir, Jeanne Mariem Corrèze donne à sa geste une puissante singularité. Sa plume très travaillée et pleine de poésie se révèle être un véritable atout pour porter le destin de ses personnages qui n'a pas fini d'être conté. Affaire à suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, les avis de : Le Bibliocosme et Just A Word

Informations

Jeanne Mariem Corrèze
Le Chant des Cavalières
9782361836412
320 pages
Editions Les Moutons électriques

Lien vers le site

13/08/2024

Pierre Pevel & Etienne Willem, Les Artilleuses, éditions Drakoo

Pierre Pevel & Etienne Willem, Les Artilleuses, éditions Drakoo

Avant d'adapter en bande dessinée la saga du Paris des Merveilles, Pierre Pevel et Etienne Willem avaient déjà collaboré ensemble à une autre série en 3 volumes, intitulée Les Artilleuses

Il s'agit ici d'une intrigue inédite qui prend également cadre dans ce fameux Paris des Merveilles, "un Paris qui n'est ni tout à fait le nôtre, ni tout à fait un autre". 

Je ne l'ai pas lu à sa sortie mais j'ai fini par craquer pour son coffret en édition limitée vendu avec trois superbes ex-libris. Il était donc temps que je m'attelle à la lecture. 

Résumé :

Lady Remington, Miss Winchester et Mam'zelle Gatling forment un trio de monte-en-l'air fort explosif. Elles viennent d'accepter une dernière mission avant de raccrocher défectivement et espèrent bien terminer sur un coup de maître. Il s'agit du casse d'une banque afin d'y dérober une précieuse relique, la Sigillaire. Seulement à peine le hold-up accompli, elles se retrouvent avec les Brigades du Tigre et les services secrets du Kaiser aux fesses, sans parler des nombreuses tentatives d'assassinat auxquelles elles tentent d'échapper. Elles ont bien conscience que ce vol risque de leur coûter cher, si elles ne découvrent pas vite le commanditaire. Les voici donc propulsées dans une course contre-la-montre à l'issue incertaine en espérant échapper au sort funeste qui les guette. 

Mon avis :

Avec Les Artilleuses, on retrouve l'univers enchanteur du Paris des Merveilles où l'Outremonde exerce une grande influence sur notre monde. Ainsi, les rencontres oniriques sont devenues monnaie courante, les dragonnets ont envahi le ciel, les elfes tiennent commerces, les gargouilles prennent vie et les faunes sont même à la tête de trafics. C'est dans ce monde cher aux inconditionnels de Pierre Pevel que ce dernier a inséré son histoire de cambriolage mêlé à des affaires d'Etat. L'intrigue s'insère dans le contexte politique houleux de l'époque à travers les relations difficiles entre la France et la Prusse et l'essor d'un réseau d'espionnage sur tout le territoire. 

Entre intrigues politiques, investigations et tirs nourris, le scénario est tout feu, tout flamme. C'est rythmé, drôle et riche en carambolages. Pierre Pevel n'a pas fait dans la dentelle en mettant en scène un trio de donzelles à la gâchette sensible. En effet, il table sur trois héroïnes fort badasses pour porter son histoire. Trois femmes qui sont d'ailleurs bien représentatives de son univers avec notamment une magicienne et une fée dans leur rang. Collé à leurs basques, on n'est pas déçu du voyage car elles nous en font voir de toutes les couleurs. Elles mènent leurs affaires tambour battant et ont plus d'un tour dans leur sac pour se sortir des pires ornières. Très différentes les uns des autres, l'auteur joue sur leurs différences pour pimenter son histoire. Ainsi, Audrey Remington est le cerveau de la bande. Aristocrate, cette magicienne mène son monde à la baguette. Elle sait ce qu'elle veut et ne se laisse pas facilement impressionnée. Sous ses airs de grande dame se cache une puissante magicienne qui n'hésite pas à user de ses pouvoirs lorsque la situation l'exige. Kathryn Winchester, elle, est américaine. Tireuse hors pair, elle joue autant des coups que de son charme. C'est une belle femme qui connaît ses atouts et sait s'en servir en temps utile. Enfin, Louison Gatling est une fée qui ne s'épanouit qu'à Paris. Son péché mignon, les explosifs. Ils lui sont nécessaires pour régler bien des problèmes. Avec son allure de mécanicienne, on la prendrait facilement pour un garçon manqué mais il ne faut pas s'y fier car ce petit bout de fille en a sous le capot pour se sortir des mauvais pas. Ensemble elles font bien souvent tout péter et donnent ainsi à cette série tout son sel. 

Pour mettre en images Les Artilleuses, on retrouve le très talentueux Etienne Willem aux mannettes. Comme à son habitude, il donne vie à ce merveilleux Paris avec beaucoup d'élégance, l'habillant de féérie et de touches steampunk très modernes. Je reste admirative de la qualité du graphisme. Les dessins sont si réussis. Les créatures féériques sont fort bien réalisées. Il a su s'approprier l'univers pour nous livrer un Paris extraordinaire plein de mystères et de raffinement. Le trait est délicat et les couleurs sont chatoyantes. Ca a été un réel plaisir que de se plonger dans cette bande dessinée à l'intrigue bien ficelée. Etienne Willem était un grand artiste. Il avait ce don pour donner à la fantasy toute sa noblesse. Sa disparition laisse un immense vide dans nos cœurs. 

Pour conclure :

Les Artilleuses, c'est une série pleine d'actions dans laquelle l'ennui n'est pas de mise, et à laquelle s'ajoute une petite touche d'humour bienvenu. Je vous la donc recommande chaudement.

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mes avis sur Le Paris des Merveilles, volume 1 et 2

Informations

Pierre Pevel 
Etienne Willem
Les Artilleuses
9782382330203
Editions Drakoo

Lien vers le site

21/01/2024

Sangu Mandanna, La Société très secrète des Sorcières extraordinaires, éditions Lumen

Sangu Mandanna, La Société très secrète des Sorcières extraordinaires
éditions Lumen

Autrice britannique de fantasy, Sangu Mandanna aime parler de magie et de mythes dans ses histoires. Sa bibliographie compte déjà deux cycles et quelques romans isolés. 

La Société très secrète des Sorcières extraordinaires est son premier livre traduit en France. Après l'avoir beaucoup vu passer sur les réseaux sociaux, c'est l'avis de Pikiti Bouquine qui a fini de me convaincre de le lire à mon tour.

Résumé :

Mika Moon est une sorcière, seulement personne ne doit le savoir, si ce n'est ses consœurs bien sûr ! Terriblement frustrée de ne pas se montrer telle qu'elle est aux autres, elle a lancé une chaîne Youtube où elle se fait passer pour une fausse sorcière. Ce n'est pas vraiment enfreindre les règles si personne ne la prend au sérieux, n'est ce pas ? Seulement, un jour elle reçoit une bien étrange offre d'emploi où il est question de devenir la professeure particulière de trois jeunes sorcières domiciliées dans le Norfolk. Or, il est interdit pour les sorcières de vivre sous le même toit sous peine de courir à la catastrophe. Intriguée, elle répond favorablement à l'annonce, se rend sur les lieux et en dépit des risques, elle accepte cette étonnante proposition. Bien entendu, elle n'imagine pas combien sa vie va basculer surtout lorsqu'elle va partager les secrets de ses curieux employeurs.

Mon avis :

Classé feel good, La Société très secrète des Sorcières extraordinaires est un cosy fantasy qui partage l'ambiance réconfortante de ce genre littéraire. Sous la plume de Sangu Mandanna, la magie est entre les mains d'une poignée de sorcières soumises à une malédiction les condamnant à être orphelines. Elles ne peuvent donc pas vivre ensemble et leurs rencontres doivent demeurer épisodiques pour limiter les concentrations de pouvoir qui attireraient obligatoirement l'attention. Le pouvoir se manifeste d'ailleurs par un scintillement qui les irradie. Certaines ont des prédispositions pour l'élaboration de potions tandis que d'autres ont la maîtrise des sorts complexes de protection. Elles vivent selon des règles strictes qui les obligent à maintenir un anonymat. Alors quand l'héroïne débarque dans la Maison de Nulle Part, les codes sont bouleversés puisqu'elle découvre trois jeunes sorcières partageant le même toit et entourées de personnes sans pouvoir ayant connaissance de leurs capacités. 

La Société très secrète des Sorcières extraordinaires nous immerge dans un monde contemporain infusé par une magie secrète. Le récit est extrêmement rafraîchissant, plein des secrets dont s'entoure quasiment chacun des personnages de cette histoire. Il se présente à la fois comme un roman d'apprentissage à travers l'éducation à la magie que le personnage principal doit dispenser aux trois fillettes, mais aussi comme une romance entre certains protagonistes et enfin comme un mystère à résoudre autour des non-dits pour Mika Moon. Il en ressort un roman d'autant plus riche car derrière la légèreté de ton qui transperce entre ces lignes, Sangu Mandanna questionne beaucoup la notion de famille car celle-ci ne se construit pas exclusivement sur la base du partage de gènes. Aucune des personnes vivant dans la Maison de Nulle Part ne possèdent le même sang et pourtant elles se considèrent toutes comme appartenant au même noyau familial. Elles sont même prêtes à enfreindre la loi et à risquer tous les périls pour maintenir leurs liens. Mais, bien d'autres sujets ponctuent ce texte puisque l'autrice nous y parle aussi bien de solitude affective, de deuil, de dépression parentale, d'harcèlement et de brimades que de construction de soi. 

Or, quoi de mieux pour s'exprimer sur toutes ces thématiques que de s'appuyer sur une communauté de personnages aussi hétéroclites qu'attachants. Chacun d'entre eux dégage ce petit quelque chose qui les rend inoubliables. Aussi, chez Mika Moon, on va être sensible à son manque affectif qu'elle va chercher à combler par des interactions sociales. Et que de dire de sa personnalité solaire si ce n'est que ses sourires et sa bonne humeur enchantent littéralement les pages de ce livre. Les jeunes sorcières, quant à elles, sont d'une grade perspicacité, en dépit de leur jeune âge. Si deux d'entre elles sont surtout à la recherche d'une figure maternelle que l'absence de Lillian n'a pas su combler, la troisième, elle, demeure surtout défiante vis à vis de cette nouvelle venue qui est susceptible de perturber leur équilibre familial. Le couple d'octogénaires formé par Ian et Ken est délicieusement charmant. Leur différence de caractère forme un tel contraste qu'on est obligé de fondre en les découvrant. Si Ian est curieux et entremetteur sur les bords, Ken est plutôt discret et joue les tampons plus souvent qu'à son tour. Et enfin Jamie, il est aussi séduisant que détestable. Rabat-joie, critique et méfiant, il est le protagoniste le plus difficile à apprivoiser mais qui mérite sans doute autant notre attention, ne croyez-vous pas ?

Pour conclure :

La Société très secrète des Sorcières extraordinaires m'a fait passer un merveilleux moment de lecture. J'ai adoré retrouver ses personnages à chacun de mes retours dans le roman. C'est clairement le genre de livre qui s'accompagne d'un bon thé pour un parfait moment cocooning. Je vous le recommande, alors le lirez-vous ? 

Fantasy à la Carte

Informations

Sangu Mandanna
La Société très secrète des Sorcières extraordinaires
9782371024137
407 pages
Editions Lumen

Lien vers le site

12/01/2024

Pierre Pevel & Etienne Willem, Les Enchantements d'Ambremer, partie 2, Le Paris des Merveilles, éditions Drakoo

Pierre Pevel & Etienne Willem, 
Les Enchantements d'Ambremer
partie I, Le Paris des Merveilles
éditions Drakoo 

Noël est passé et je dois dire que mes souliers étaient bien garnis. J'ai notamment reçu le très attendu deuxième album du Paris des Merveilles de Pierre Pevel et Etienne Willem, sorti chez Drakoo, le 15 novembre dernier. 

J'en profite pour remercier mon petit lutin du Père Noël personnel qui a toujours le bon goût de me faire plaisir et se reconnaîtra en lisant ces lignes. 

Derrière l'adaptation en bande dessinée du Paris des Merveilles, il y a donc deux hommes : Pierre Pevel et Etienne Willem. Si l'un est aux dialogues, l'autre est aux dessins et au scénario.

Scénariste, journaliste, auteur de jeux de rôle et romancier, Pierre Pevel s'est beaucoup illustré avec ses récits d'uchronie qui n'ont pas manqué de rafler quelques prix littéraires au passage. Parmi ses cycles marquants, on peut citer par exemple Wielstadt (2001-2004), Le Paris des Merveilles (2003-2015), Les Lames du Cardinal (2007-2010) ou encore Haut-Royaume (2013-2021).

Scénariste et dessinateur, Etienne Willem est l'auteur de la série Bruyère et Bas de Soie (2004-2007), L'Epée d'Ardenois (2010-2015), Les Ailes du Singe (2016-2021) et La Fille de l'Exposition Universelle (2018-2021). D'inspiration médiévale ou steampunk, le travail réalisé pour ses précédentes bandes dessinées ne pouvait que l'imposer comme l'homme de la situation pour illustrer l'univers enchanteur du Paris des merveilles, aussi bien pour Les Artilleuses (2020-2021) que pour la série éponyme (2022-2023) à cet univers. 

Résumé :

Dans cette seconde partie de l'album, Les Enchantements d'Ambremer, on retrouve notre célèbre mage tout contusionné après son affrontement avec les terrifiantes gargouilles, envoyées par la Reine Noire Lyssandre. Mais loin d'être découragé, Louis compte bien retrouver son amie Cécile de Brescieux enlevée par cette dernière, en perçant notamment le mystère du livre que ladite mage lui a fait emprunter à la bibliothèque d'Ambremer. Mais plus que de résoudre une énigme, il s'agira plutôt pour Louis et Isabel de mettre la main sur un artefact afin d'empêcher la sombre Lyssandre d'accomplir sa vengeance sur la cour d'Ambremer, suite à son éviction de la couronne. 

Mon avis :

Dans ce second album, les actions s'enchaînent sans temps mort. D'une bulle à l'autre, on est baladé au cœur des investigations palpitantes menées par Louis et Isabel. On y enchaîne les arrêts tantôt du côté de Paris et de ses environs, tantôt à Ambremer. Les rencontres sont parfois surnaturelles ou au contraire très banales. Ici, les truands fréquentent les fées et les flics ne se laissent pas impressionnés par un peu de magie. Ca tire même très souvent tous azimuts et ça se bastonne pas mal pour faire bonne mesure surtout avec Louis et Isabel qui n'hésitent pas à mouiller la chemise et ainsi donner de leur personne pour mener à bien leur périlleuse mission. 

Explosions, rafales de balles ou lancements de sorts, tout est bon pour mettre des étincelles et faire péter les couleurs dans les planches de cette bande dessinée.

Entre légendes oubliées, créatures mythiques, intrigues et soif de vengeance, Les Enchantements d'Ambremer forme le cocktail idéal d'une aventure savoureuse. 

D'autant qu'Etienne Willem y a mis son grain de sel en ajoutant sa touche d'humour toute personnelle à travers de petits ajouts ici ou là à localiser tel un jeu de pistes qui ne manquera pas de faire sourire l'observateur attentif. 

Il faut bien le dire, l'artiste est facétieux et aime jouer avec ses lecteurs, surtout d'imaginaire car comment ne pas réagir à la mention d'une certaine princesse nommée Gala de Riel ou encore ne pas remarquer l'air familier du crapulard avec une autre crapule qui aime autant les trésors précieux, n'est ce pas ! 

Quoi qu'il en soit, voilà de quoi nouer une petite complicité avec les amateurs de fantasy et les autres car croyez-moi, ici, il y a de quoi faire !

Pour conclure :

En attendant, j'ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans les aventures de Louis Denizart Hippolyte Griffont et d'Isabel de Saint-Gil, à renouer avec leurs perpétuelles chamailleries grâce à cette merveilleuse série de bandes dessinées.

Il est vrai que je ne lis pas beaucoup de bandes dessinées, plus par manque d'occasion que par manque d'intérêt, mais je ne pouvais clairement pas passer à côté de celle-ci. Je reste une inconditionnelle des intrigues du Paris des Merveilles, alors les voir sublimer par le crayon d'Etienne Willem, il n'y a pas de mot pour qualifier mon plaisir.  

Clairement tout y est pour enchanter les yeux et émerveiller l'esprit, alors n'hésitez plus et rejoignez  à votre tour Ambremer, vous ne serez pas déçu. Le voyage vaut vraiment le détour !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur la partie I des Enchantements d'Ambremer (Drakoo).

informations

Pierre Pevel & Etienne Willem
Les Enchantements d'Ambremer
Partie II
9782382331026
58 pages
Le Paris des Merveilles
Editions Drakoo

Lien vers le site

08/01/2024

Laure Dargelos, La Voleuse des Toits, éditions Rivka

Laure Dargelos, La Voleuse des Toits, éditions Rivka

Rencontrée à l'occasion de sa dernière tournée promotionnelle de dédicaces, Laure Dargelos est une nouvelle plume de l'Imaginaire qu'il faut absolument lire. 

La Voleuse des Toits est son second roman publié par les éditions Rivka et le premier livre que je lis de cette autrice.

Résumé :

Orme est soumise aux lois Ecarlates, l'art est prohibé sous peine de condamnation à mort. Fille de l'ambassadeur, Eléonore Herrenstein est une aristocrate le jour et la nuit venue, elle aime s'échapper par les toits pour rêver à un monde libre. Un soir, elle surprend un cambrioleur en train de fouiller la bibliothèque d'un membre éminent de la ligue Ecarlate. Et quelle n'est pas sa surprise de le voir mettre la main sur une toile interdite. Or, au lieu de l'emporter, il la repose et quitte la pièce. Pour Eléonore, la tentation est trop forte de ne pas aller admirer l'œuvre de plus près. Seulement, à peine rentrée dans la pièce, le voleur qui n'était finalement pas parti loin l'attrape. Prise de panique, elle réussie à l'assommer et s'enfuit. Le lendemain, alors qu'elle espère oublier cet incident, elle accepte de se rendre à une réception sans se douter qu'elle risque d'y recroiser son fauteur de troubles. Et s'il la dénonçait à la ligue, l'opprobre serait jetée sur sa famille, elle-même serait condamnée à mort et son projet de rejoindre la rébellion tomberait à l'eau. Alors, comment peut-elle se sortir de ce mauvais pas ? 

Mon avis :

Dans La Voleuse des Toits, Laure Dargelos nous brosse le portrait d'une société opprimée, injuste à l'égard des pauvres et où toute forme d'expression artistique est interdite. Le récit se déroule dans le royaume d'Orme où le quotidien de ses habitants est régit par des règles strictes, promulguées par la ligue Ecarlate. A Seräen où vit Eléonore, la ville est cernée de hauts murs et il est interdit d'en sortir même pour les aristocrates sous le prétexte que le royaume est en guerre avec son voisin Valacer. Le pouvoir est entre les mains de l'Oméga, un être insaisissable dont les traits sont dissimulés sous un masque et entre celles des douze puissantes familles appartenant à la ligue Ecarlate. Ceux-ci font régner la terreur et nul n'ose s'élever contre eux, si ce n'est une poignée de pauvres révoltés qui cherchent à renverser le pouvoir au péril de leurs vies. 

Sous la plume de Laure Dargelos, deux mondes vivent côte à côte sans jamais réellement se rencontrer. En effet, il y a donc d'un côté, les riches enfermés dans un luxe et un confort les rendant sourds et aveugles à la souffrance humaine et de l'autre côté, les pauvres écrasés par la misère et vivant dans la peur de la condamnation ou du sacrifice de leurs enfants pour une guerre qui ne les concerne pas.

Au cœur de cet univers sombre et étouffant existe une magie oubliée et pourtant si puissante. Une magie qui pourrait dans les moments les plus critiques faire la différence pour peu que l'on redécouvre son existence. Celle-ci est capable de distordre le temps et ainsi tracer de nouvelles opportunités. Bien loin des manifestations de pouvoir explosives que les récits de fantasy se plaisent à exposer, l'autrice table ici sur un onirisme discret qui permet à son texte d'emprunter des tournures narratives inattendues. 

Si les premières lignes de La Voleuse des Toits laissent supposer la trame classique d'une romance se déroulant dans la bonne société, la réalité de l'Imaginaire fouillé de Laure Dargelos laisse place à un tout autre récit. En effet, ce texte construit en trois parties recèle son lot de surprises, ponctué d'épisodes déroutants et de rebondissements imprévisibles. La lecture n'en est donc que plus passionnante, d'autant que l'autrice nous y parle de lutte des classes et de révoltes populaires contre un pouvoir tyrannique. Elle y met en exergue les techniques de manipulation perverses pour se maintenir en place. En interdisant l'art, c'est la pensée qui est muselée car celle-ci doit être conforme à la propagande officielle. La Voleuse des Toits est un récit engagé qui met en garde contre les dérives d'un trop grand pouvoir conduisant au sacrifice des peuples, à la désignation d'un bouc émissaire toujours étranger, à l'injustice sociale et à la misère. C'est clairement un texte poignant qui s'inspire des régimes politiques despotiques pour mieux les dénoncer car lorsque la liberté d'expression doit se conformer à des interdits et à des règles, cela ne peut qu'être le signe d'une démocratie mourante et d'un malheur général. 

Enfin, l'autrice s'appuie sur un duo de personnages absolument délicieux pour porter son récit, ce qui ne gâche pas le plaisir de lecture, bien au contraire ! Entre Eléonore Herrenstein, alias Plume et Elias d'Aubrey, mon cœur balance ! Voici deux protagonistes aux antipodes, mais ne dit-on pas que les contraires s'attirent! Eléonore est si éprise de justice, c'est une âme révoltée enfermée dans le carcan écrasant de l'aristocratie. Elle se découvre un penchant pour l'interdit mais ne le fait pas pour autant pour le frisson car elle a surtout soif d'un monde meilleur. Faisant fi des règles et des convenances, elle préfère embrasser une cause juste et noble. C'est un personnage qui se découvre une force de caractère insoupçonnée, un passé surprenant et va, de facto, beaucoup évoluer au fil du roman. Quant à Elias d'Aubrey, il est autoritaire, intransigeant et d'humeur versatile. En tout cas, c'est l'image qu'il souhaite renvoyer. En tant, qu'héritier d'un membre de la ligue Ecarlate, il se doit d'être conforme à cette apparence. C'est un personnage plein de secrets qui virevolte à la limite du bien et du mal toujours prêt à basculer d'un côté ou de l'autre. Ce qui lui donne toute sa saveur puisque finalement, on ne sait jamais qui il est vraiment. C'est d'ailleurs le protagoniste le plus ambivalent du roman et à ce titre est donc un véritable atout pour celui-ci. 

Pour conclure :

Personnellement, j'ai beaucoup apprécié ma lecture de La Voleuse des Toits. La plume de Laure Dargelos est très fluide et le livre offre un bon rapport qualité prix entre un texte de qualité glissé dans un très bel écrin, à un prix tout à fait raisonnable par rapport à ce que l'on trouve sur le marché du livre. 

Je vais, bien entendu, continuer de suivre l'autrice en lisant déjà son précédent roman qui m'attend d'ailleurs dans ma PAL, mais aussi la maison d'édition qui mérite que l'on porte une attention particulière à ses publications. A suivre !

Informations

Laure Dargelos
La Voleuse des Toits
9782493897091
648 pages
Editions Rivka

Lien vers le site

03/10/2023

Aurélie Wellenstein, Les Loups chantants, éditions Pocket Imaginaire

Aurélie Wellenstein, Les Loups chantants, éditions Pocket Imaginaire 

Après Le Dieu Oiseau, Mers Mortes et Le Désert des Couleurs, j'ai profité de mon bref passage aux Aventuriales pour craquer pour un autre livre d'Aurélie Wellenstein. Parmi les titres présents sur sa table de dédicace, il y avait quelques exemplaires des Loups chantants, un roman qui me faisait de l'œil depuis un bon moment déjà. L'occasion était donc trop belle pour la laisser passer, n'est-ce pas ?

Mais avant de vous parler en détails de ce roman fort passionnant au demeurant, je tiens à remercier Aurélie Wellenstein pour sa gentillesse, sa dédicace et sa recommandation littéraire pour une autre Aurélie toute aussi sympathique.

Résumé :

Le dieu de l'Hiver règne sur les terres givrées de Sibérie. C'est là-bas, au sein d'une petite bourgade peuplée d'éleveurs de rennes que vit Yuri. A l'abri derrière un Blizzard maintenu par la magie des Gardiens, les habitants se sentent protégés des créatures envoyées par le terrible Korochun, à l'image des loups chantants. Pourtant le danger est bien là, Yuri en sait quelque chose puisque sa fiancée a cédé à l'appel des loups et a disparu dans le Blizzard. Or, un nouveau malheur vient de s'abattre sur lui car sa sœur est atteinte d'une étrange maladie. En effet, sa peau se couvre peu à peu de cristaux de glace. Pour le chaman local, Kira a été maudite et doit être bannie sans plus tarder pour ne pas attirer le courroux divin sur le reste du village. Mais il est impensable pour Yuri de la laisser partir sans lui. Alors au mépris du danger, il attelle ses chiens au traîneau et s'embarque aux côtés de sa sœur dans un périlleux voyage avec l'espoir ténu de trouver une solution. Y en a-t-il seulement une ?

Mon avis :

Les Loups chantants nous plonge dans un conte venu du froid où la beauté glacée des paysages côtoie un onirisme teinté de notes horrifiques. Ainsi, la magie imprègne chacune de ces pages. Elle s'exprime par bien des manières, tantôt par le pouvoir des Gardiens qui aspire les formules inscrites sur les pages des livres de magie afin qu'elles interagissent avec les éléments et maintiennent ainsi en place le Blizzard, tantôt par l'ombre du dieu Korochun entouré de créatures au corps altéré et à la puissance démultipliée ou tantôt par l'alchimie qui unit l'homme à l'animal permettant, au besoin, de fusionner l'âme humaine à celle de la bête.

Comme à son accoutumé, Aurélie Wellenstein a choisi un cadre rude pour ce présent roman où ses personnages doivent faire corps avec une nature hostile et inhospitalière. Les descriptions sont à couper le souffle et les animaux, omniprésents. Ils sont hissée au rang de protagonistes et témoignent de son profond attachement à leurs égards. Entre ces lignes, les loups sont aussi majestueux qu'inquiétants tandis que les chiens sont profondément attachants. 

Avec Les Loups chantants, on retrouve la signature d'un imaginaire singulier, foisonnant et féroce où l'épouvante fraie avec le beau. Aurélie Wellenstein est l'une de ces plumes qui a l'art d'horrifier et d'émerveiller, tout à la fois. Chacun de ses textes se savoure, ne serait-ce pour les ambiances très particulières qu'ils dégagent. Les Loups chantants ne fait donc pas exception et est tout aussi riche que ses autres livres. 

01/09/2023

François Baranger, Sorcier d'empire, T.1, Ars Obscura, éditions Denoël

François Baranger, Sorcier d'empire, T.1, Ars Obscura, éditions Denoël 

Ai-je réellement besoin de vous présenter François Baranger ? C'est un célèbre illustrateur, à qui l'on doit notamment la version illustrée de deux nouvelles de H.P. Lovecraft, L'Appel de Cthulhu (2017) et Les Montagnes Hallucinées (2019). Il est également l'auteur de la duologie de science-fiction, Dominium Mundi (2013-2014), et de deux thrillers, L'Effet domino (2017) et Tepuy (2020). Or, cette année 2023 marque son retour en librairie avec la publication de Sorcier d'empire chez Denoël qui inaugure une nouvelle série littéraire. 

Résumé :

1815, alors que Napoléon est occupé à consolider ses positions en Europe, aidé de son sorcier Élégast qui utilise l'Art Obscur pour lui permettre de triompher lors des batailles, La France, elle, est soumise à la terreur depuis que d'étranges bulles noires apparaissent de nulle part pour engloutir les gens se trouvant malencontreusement au mauvais endroit tout en libérant des hordes de monstres démoniaques. Depuis que sa femme et sa fille ont été englouties par ces anomalies surnaturelles, Ludwig les traque dans l'espoir de trouver le moyen de libérer sa famille qu'il pense toujours en vie, coincée quelque part. Un jour, il croise la route de la naturaliste Éthelinde Ordant qu'il sauve des griffes de soldats chargés, par Élégast en personne, de l'éliminer. En cherchant à en comprendre les raisons, ils vont enquêter sur ce mystérieux sorcier, quitte à se jeter dans la gueule du loup. Pour autant, atteindront-ils le but qu'il se sont fixé ? 

Mon avis :

Ars Obscura est une uchronie qui nous propulse au temps des guerres napoléoniennes. En effet, 1815 inaugure la période des Cent-Jours qui marquent le retour de Napoléon Bonaparte en France après sa première abdication. Déclaré "hors-la-loi" par le Congrès de Vienne, il espère détruire les forces britanniques et prussiennes présentes en Belgique avant qu'elles ne soient renforcées par les contingents autrichiens et russes. François Baranger insère donc son récit dans la période charnière de la septième coalition où l'empereur va tenter le tout pour le tout. Le cadre historique choisi donne au texte une dimension politique et militaire que François Baranger colore de notes ésotériques. Celles-ci se manifestent d'abord par l'Art Obscur dont use le sorcier Élégast  pour notamment soutenir les contingents militaires de Napoléon sur le champs de bataille. De cette sombre magie, on ne sait que peu de choses si ce n'est qu'elle trouve son origine à l'ère d'une ancienne civilisation. En effet, François Baranger a l'ingénieuse idée de faire coïncider les expéditions scientifiques qui ont eu cours pendant la campagne d'Egypte avec l'apparition soudaine de ce sorcier aux côtés de l'empereur. Il faut également ajouter la survenue de ces bulles noires qui ravagent les campagnes françaises et sont la hantise des citoyens. Elles demeurent une énigme autant pour les protagonistes que pour les lecteurs. Sujet d'étude pour les uns, source d'effroi pour les autres, leur existence confère au mystique et nourrit le fil narratif de ce roman. Il ne s'agit pas tant de magie mais plutôt de science occulte entre ces lignes qui donne à ce texte une ambiance touchant à l'horrifique, dégageant d'ailleurs quelque chose de lovecraftien. 

En outre, François Baranger joue beaucoup sur la géopolitique de l'époque à travers la formation des coalitions européennes pour lutter contre l'hégémonie de la France. Sorcier d'empire est un roman choral qui met en scène aussi bien des patriotes que des ennemis d'Etat. Cela permet à l'auteur de ponctuer son récit de complots politiques rendant l'intrigue éminemment intéressante du point de vue des tractations internes des pouvoirs en place. Ainsi, avec Ars Obscura, François Baranger confronte un univers occulte mystérieux à une situation politique, géopolitique et stratégique sensible. Le tout formant un mélange audacieux et réussi qui tient le lecteur en haleine d'un bout à l'autre de ce premier volet. 

Enfin, pour rythmer son roman, l'auteur y multiplie les points de vue des personnages. Ainsi, on suit tantôt une érudite, un chasseur de monstres, un soldat, un mercenaire, une comtesse russe, un espion anglais et même le frère du Tsar. Une pluralité qui va nous permettre de prendre de la hauteur afin de mieux mesurer  l'ensemble des enjeux narratifs de ce livre. De cette communauté, j'ai eu un vrai coup de cœur pour deux d'entre eux qui mêlent leur destin pour faire cause commune. Ainsi, Éthelinde  Ordant incarne la figure de l'intellectuelle intrépide qui cherche à en apprendre plus sur l'Art Obscur afin de mener sa quête de vengeance à son terme. Elle souhaite faire la lumière sur les circonstances du décès de son père survenu en Egypte et dont elle tient le mage Élégast pour responsable. Or, elle veut se donner les moyens de l'affronter sur son terrain et pour cela elle n'hésite pas à se confronter aux bulles noires et aux créatures vomies par ces dernières. A ses côtés, survient de manière inattendue l'énigmatique Ludwig Arcerese qui porte une histoire touchante. Déjà, il est amnésique de tout un pan de son enfance. Il est donc amputé de son passé et ignore qui il est et d'où il vient. Ensuite, alors qu'ils s'était reconstruit une famille, le destin lui a à nouveau enlevé. De cette tragédie, il en a fait une force pour nourrir sa détermination à retrouver les siens et à défendre les plus démunis face à ces abominations venues d'ailleurs. C'est un personnage plein de zones d'ombre que l'on apprécie de suivre dans sa bouleversante quête. 

Pour conclure :

De François Baranger, je ne connaissais jusque là que sa merveilleuse patte artistique mais en lisant Sorcier d'empire, j'ai enfin goûté à sa plume incisive et à son imaginaire particulièrement fertile. Alors, vivement la suite !

Fantasy à la Carte

Sur la blogosphère, vous pouvez lire les avis de : Le nocher des livres, Le Bibliocosme, Etemporel et Dup de Book en stock. 

Information

François Baranger
Sorcier d'empire
Tome 1
Ars Obscura
9782207165805
496 pages
Editions Denoël

Lien vers le site

25/08/2023

Arnaud Cazelles, Nous regrettons la mort, éditions Les Trois Nornes

Arnaud Cazelles, Nous regrettons la mort, éditions Les Trois Nornes 

Parmi les nouvelles signatures de l'Imaginaire francophone, il y a Arnaud Cazelles, à qui l'on doit déjà deux romans publiés en 2022 : Un Certain goût de plomb (éditions Oneiroi) et Nous regrettons la mort (éditions Les Trois Nornes). Or, justement ce second livre m'attendait dans ma pile à livres depuis l'été dernier, alors il était donc plus que temps que je m'y intéresse. 

Résumé :

La mort n'est plus. En effet, à l'expiration de leur dernier souffle, les humains deviennent de dangereux spectres contre lesquels les vivants ne peuvent se prémunir qu'avec du sel. Les sorcières en seraient la cause, ainsi que de l'élévation d'infranchissables barrières de brume. Depuis lors, les prêtres et les sœurs inquisitrices du Culte du Grand Œil traquent toutes les sorcières afin de les éliminer dans l'espoir de faire revenir la mort. Fàinella est l'une de ces sœurs. Elle a été chargée par sa hiérarchie de retrouver celle que l'on surnomme la Corneille Blanche, pendant qu'elle retourne sur sa terre natale pour noyer sa mère devenue une non-morte. C'est accompagnée d'un vieil homme que Fàinella s'engage dans cette nouvelle mission qui pourrait bien ébranler ses certitudes, qui sait ? 

Mon avis :

Dans Nous regrettons la mort, on pose ses valises dans un univers de fantasy remarquable et détaillé dans lequel Arnaud Cazelles a donné à son monde imaginaire un historique et une chronologie précis. Après des années de guerre et de pillages, les quinze clans, installés sur les îles situées au nord du continent d'Aboshàt, ont entériné la paix par le truchement d'un traité. Depuis lors, ils vivent à l'écart avec leurs propres croyances, en dépit de l'hégémonie du Culte du Grand Œil. Néanmoins, celui-ci demeure vivace sur le continent grâce au zèle de ses disciples qui gagnent toujours plus de terrain pour convertir les peuples et éteindre les sources de magie en supprimant les sorcières. On y retrouve ici des influences celtiques, à travers la présence de druides ou par le parallèle que l'on peut faire avec la dissolution progressive de la religion polythéiste celte dans la culture romaine. Sous la plume d'Arnaud Cazelles, la magie se nomme le viviccia et forme des nœuds de pouvoir perceptibles et utilisables que par une poignée d'élues. C'est aussi une source d'énergie utilisée pour ensorceler des armes servant à combattre les spectres et alimenter les navires-cathédrales, une sorte de bateaux volants qui ajoute une touche steampunk à l'ensemble.

Nous regrettons la mort est un roman court mais bien mené qui nous conte le road-trip d'un duo de personnages détonnant. Elle est jeune, lui est un homme vieillissant. Elle s'est convertie au Culte du Grand Œil, lui croit aux anciens dieux. Ils semblent incompatibles pour ce voyage et pourtant ils finiront par se compléter. Fàinella est un personnage plutôt ambivalent. Par sa chevelure rousse et ses racines, elle incarne l'image populaire que l'on se fait de la sorcière. Pourtant, elle s'est destinée plus par opportunité que par réelle conviction à la fonction de chasseuse. Au fil de l'aventure, on découvre donc cette femme dans toute sa complexité. Curieuse et pugnace, elle s'est hissée par sa seule volonté à une position élevée. Mais en retournant chez elle, elle va se confronter à son passé et à une réalité dont elle s'était coupée en partant. Ce voyage est donc l'occasion d'une introspection personnelle qui s'avéra à la fois douloureuse et perturbante. Un parcours qui fait d'elle une protagoniste particulièrement intéressante à suivre, d'autant qu'elle centralise à la fois des forces et des faiblesses. Quant à Callean, il se retrouve embarqué bien malgré lui dans ce périple dans lequel il va prendre part et jouer d'ailleurs un rôle décisif. Arnaud Cazelles nous brosse donc le portrait d'un personnage âgé en mettant en exergue toutes les problématiques liées à l'âge avec d'un côté, les douleurs du corps, la baisse du tonus et le dynamisme amoindri et de l'autre côté, l'expérience et la sagesse qui sont d'indispensables atouts. Sa volonté de protéger et de préserver Fàinella dégage de lui une vision paternelle. C'est vraiment un personnage très attachant, particulièrement dans sa démarche. Personnellement, j'ai eu un vrai coup de cœur pour ces deux protagonistes, autant pour l'évolution que l'auteur leur donne que pour les liens qu'ils tissent entre eux. 

Nous regrettons la mort est un roman d'action qui enchaîne les péripéties sans temps mort. En outre, Arnaud Cazelles a ponctué son récit de complots politiques, ce qui ne gâche en rien au plaisir de lecture. C'est également un texte intéressant du point de vue des thèmes traités puisqu'il nous parle de deuil, de vieillissement et de regret. Or, ce n'est pas forcément la panacée des récits de fantasy. Alors, c'est clairement un bon point pour ce livre qui se démarque. Il met également en lumière les relations intergénérationnelles en soulignant l'importance de se nourrir des expériences de ses aïeux car elles sont très formatrices pour tous. 

Pour conclure: 

Entre un imaginaire fertile et une plume travaillée, Arnaud Cazelles s'inscrit de suite dans la nouvelle génération d'auteurs à lire. Avec Nous regrettons la mort, j'ai passé un très bon moment de lecture, alors je ne peux que vous le recommander. Et puis, c'est aussi l'occasion de soutenir une jeune maison d'édition, alors foncez !

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, l'avis de Etemporel

Informations

Arnaud Cazelles
Nous regrettons la mort
9782492118067
231 pages
Editions Les Trois Nornes

Lien vers le site

05/08/2023

Ariel Holzl, La Princesse sans Visage, T.1, Les Royaumes Immobiles, éditions Slalom

Ariel Holzl, La Princesse sans Visage
T.1, 
Les Royaumes Immobiles, éditions Slalom

Après avoir adoré l'humour grinçant des Sœurs Carmines, j'ai profité de la tournée promotionnelle d'Ariel Holzl, organisée à l'occasion de la sortie de son tome 2, Le Règne des Chimères pour craquer pour cette duologie fort prometteuse des Royaumes Immobiles

Résumé:

Ivalie mène une vie solitaire dans son manoir perdu au milieu de la forêt. Abandonnée par son père le Roi Gris et soumise à une terrible malédiction l'obligeant à porter un masque car elle est une "Belle à Mourir" condamnant quiconque verrait son visage, elle ne sait rien de ce qu'il se passe aux alentours. Ainsi, elle ignore que le Roi Gris n'est plus et que son trône d'Automne est vacant depuis trop longtemps mettant en péril l'équilibre des Royaumes Immobiles. Or, pour y remédier, les autres monarques ont décidé de mettre en compétition des prétendantes au Sacre et elle en est l'héritière de par son statut de fille naturelle, elle se doit d'y participer pour tenter de sauver sa vie car quoi qu'elle décide, elle sera toujours une menace au pouvoir en place. C'est ainsi que l'on va la suivre dans ses épreuves en se demandant à chaque instant si elle va y survivre? 

Mon avis :

Avec La Princesse sans Visage, Ariel Holzl inaugure une duologie de fantasy dans laquelle il a construit un univers merveilleux constitué par quatre royaumes représentant chacun une saison. Ainsi, Radiance est le royaume de l'été, dirigé par la reine Solaire, Titania et qui est peuplé par les Leanans, Khald est le royaume de l'hiver, gouverné par la reine des Frimas, Mab et où résident les Elfyns et Sempervirente est le royaume du printemps occupé par les Sylphes et où règne la reine des Lambeaux, Oona. Enfin, Evergrey est le royaume de l'automne où vivent les Beansidhes et dont le trône est vide depuis la mort de son roi. Or, cette absence est facteur de désordres au sein des royaumes, nécessitant la nomination rapide d'un successeur, d'où l'organisation de cette compétition du Sacre. Un enjeu qui ne va pas manquer de donner lieu à de la rivalité, des coups bas, de la manipulation et des trahisons conférant immédiatement à ce texte une ambiance acrimonieuse et cruelle. 

En outre, l'auteur s'est largement inspiré du folklore européen pour donner corps à son monde. En effet, il met en scène des Sidhes, tirés de la culture gaélique dont il a conservé la nature facétieuse voire maléfique. Ici, ils détiennent le pouvoir et dominent la société bâtie par Ariel Holzl où l'on va retrouver également d'autres créatures du Petit peuple qui vont le plus souvent les servir, à l'image des Pixies, des Phookas, des Selkies ou encore des Ondines. Si les nobles Sidhes maîtrisent le Bel Art, le bas peuple des feys que l'on nomme communément "Bogling", lui, ne maîtrise que le Bas Art. L'Art est donc ici  une magie qui puise dans le Glimmer que l'être féérique modèle à sa guise pour réaliser tel ou tel prodige. 

07/02/2023

Victor Dixen, La Cour des Ouragans, tome 3, Vampyria, collection R, éditions Robert Laffont

Victor Dixen, La Cour des Ouragans, tome 3, Vampyria
collection R, éditions Robert Laffont

Sorti en mai 2022, La Cour des Ouragans conclut ce premier cycle de Vampyria. Après avoir enchaîné La Cour des Ténèbres et La Cour des Miracles, je me devais de plonger dans ce tome 3 qui me tendait les bras du haut de ma PAL. 

Résumé :

Dans La Cour des Ouragans, on embarque à bord de la Fiancée funèbre aux côtés de Jeanne devenue Diane de Gastefriche qui est mandatée par l'Immuable pour accomplir la délicate mission diplomatique d'épouser le mystérieux pirate Pâle Phoebus afin que celui-ci cesse de s'attaquer à la flotte royale et devienne plutôt un allié. Jeanne, elle, espère surtout le rallier à la cause de la fronde afin qu'une nouvelle force s'ajoute dans la lutte contre les Ténèbres. Mais a-t-elle seulement une chance d'y parvenir ? 

Mon avis :

La Cour des Ouragans nous immerge dans un tout autre décor que celui de la cour de Louis XIV. En effet, on quitte Versailles pour partir à l'aventure et se frotter aux pirates qui sévissent dans les Antilles. Pour Victor Dixen, cela a le double intérêt d'élargir l'horizon de son univers en enrichissant la magie qui imprègne ses romans et en ajoutant une dimension encore plus aventureuse à son intrigue. L'image des pirates arraisonnant les vaisseaux pour accroître leur trésor a largement nourri l'imaginaire populaire et inspiré la littérature et le cinéma. Il faut dire que le XVIIe siècle est marquée par de nombreux conflits en Europe. Les alliances se font et se défont entre les grandes puissances et les Antilles sont le théâtre de nombreux affrontements. Ce roman fait donc référence à cette époque où la France est affaiblie par les nombreuses guerres et que Louis XIV engage des corsaires pour renflouer les caisses de l'Etat en faisant main basse sur les navires marchands de ses rivaux. 

De même, qui dit colonie, dit esclavage. Or, Louis XIV a adopté un édit, connu sous le nom de Code Noir, qui visait à légiférer sur les conditions des esclaves et édictait un certain nombre de pratiques non respectées au fil des années. Ce Code Noir est un des symboles forts de la traite négrière reliant l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. Ainsi, le ton de ce troisième opus est donné avec la piraterie et l'esclavage qui accompagnent en filigrane notre lecture. 

Quant au système de magie imaginé par l'auteur, il s'étoffe clairement dans ce tome, notamment à travers le pouvoir de Pâle Phoebus dont les humeurs mélancoliques transmises par l'intermédiaire de mélodies jouées sur un orgue sont capables de soulever de terribles tempêtes. Alors que certains lui prêtent de s'adonner à des rituels alchimiques, sa nature pourrait bien être une clé de compréhension quant au fonctionnement de la ténébrine, à l'origine de la transmutation de Louis XIV et de certains de ses sujets. C'est véritablement un roman charnière qui lève le voile sur certains mystères tout en dessinant de nouvelles pistes à explorer. 

24/01/2023

Pierre Pevel & Etienne Willem, Les Enchantements d'Ambremer, partie 1, éditions Drakoo

Pierre Pevel & Étienne Willem, 
Les Enchantements d'Ambremer
partie 1, 
Le Paris des Merveilles, éditions Drakoo

Après le succès des Artilleuses, une série de trois albums dont les histoires inédites prennent cadre dans l'univers du Paris des Merveilles, Pierre Pevel et Étienne Willem viennent de se lancer dans une nouvelle aventure artistique. 

Il faut croire que ce Paris des Merveilles les inspire ou les obsède puisque c'est le premier volet de cette célèbre saga éponyme, Les Enchantements d'Ambremer, qui a l'honneur aujourd'hui de se voir adapter en bande dessinée. 

Résumé :

Les Enchantements d'Ambremer, ça raconte quoi ? Déjà on y retrouve le mage Louis Denizart Hippolyte Griffont, tout juste chargé d'enquêter sur une sombre histoire de triche dans un cercle de jeu impliquant le recours illégal à la magie. Sans parler de la baronne de Saint-Gil qui réapparaît dans sa vie, comme par hasard, au moment où ses investigations semblent le conduire tout droit vers l'Outre-Monde. Et si tout était lié et que le lièvre levé était un peu trop gros, même pour notre célèbre mage ? 

Mon avis :

Que dire de plus sur l'intrigue que je n'ai déjà dit dans ma précédente chronique du tome 1. Vous rappelez sans doute que le texte est captivant car il cumule moult qualités. On a clairement affaire à un récit d'espionnage mêlant secret d'Etat et magie. La féérie s'installe sous la plume de Pierre Pevel en s'emparant de la capitale, mieux encore ici, elle explose avec le talentueux crayon d'Etienne Willem qui donne aussi bien vie aux chats volants doués de paroles qu'aux terribles gargouilles servant de chiens de garde à une souveraine de l'Outre-Monde, sans oublier la majestueuse Tour Eiffel en bois blanc enchanté. 

Dans ce premier album, Pierre Pevel a su synthétiser les temps forts du début de son roman pour faire tenir dans l'espace imparti toute son essence. Ainsi, après un détour par l'Outre-Monde pour rendre service à son amie Cécile de Brescieux, on suit Griffont dans son enquête au cercle de jeu qui le met sur la piste d'objets magiques et le relie etonnemment aux affaires de la baronne qui vient de revenir dans sa vie tout en invitant le danger jusque dans son domicile. 

Les scènes d'action s'enchainent et sont admirablement bien dessinées jusque dans l'expression des émotions qui passent sur les visages des protagonistes en fonction des circonstances. En outre, l'esthétisme de la Belle Epoque se retrouve beaucoup dans les toilettes des dames, l'élégance des messieurs, ainsi que dans les intérieurs cosy et même le chic des beaux quartiers. Quant à l'Outre-Monde, c'est un savant mélange d'un décor médiéval fantasmé, digne d'un conte de fées où l'on peut admirer un magnifique château trônant au-dessus d'un bourg très propret. Voici une vision fort idyllique même si on se doute bien que ce n'est qu'un décorum qui dissimule son lot d'intrigues et de complots, à n'en pas douter !