Après La Maison aux Pattes de Poulet, une fantasy insolite infusée aux mythologies slaves, GennaRose Nethercott est de retour en librairie avec un recueil de nouvelles qui s'intitule Cinquante fleurs pour te briser le cœur.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse.
Cinquante fleurs pour te briser le cœurs est un très bel ouvrage relié avec signet et pourvu d'une cinquantaine d'illustrations de Bobbi DiTrani. Quant à la sublime couverture, elle est signée par la très talentueuse Anouck Faure que l'on ne présente plus ici tant on apprécie la qualité de son travail et de sa plume. Il fallait bien un tel talent pour souligner la singularité de l'imaginaire de GennaRose Nethercott.
Mélange de genres, poésie baroque, histoires étranges, tels sont les ingrédients que cette autrice aime utiliser dans ses textes. Le voyage est dépaysant car on goûte à des associations parfois étonnantes, et bien souvent fort épicées.
L'amour transcende ses nouvelles, il demeure même le fil directeur de ses histoires car elle l'explore sous tous les angles.
Il se teinte bien souvent du désir qui consume les âmes corps et biens à l'image de celui qui enflamma l'esprit de celle que l'on appela par la suite la mère de la femme chèvre dans "Les prunes de la lisière du monde". Ainsi, lorsque le désir est tabou, qu'il doit resté enfoui, il n'est pas étonnant de perdre le contrôle et de le laisser s'exprimer de manière inattendue voire inappropriée. Quand on voit le résultat, on se dit que trop d'interdits fait plus de mal que de bien.
L'amour tourne parfois au fantasme et la réalité peut finalement décevoir. En tout cas, ce n'est pas Tristan D. Weeber qui viendra dire le contraire dans "Une Lily est une Lily". Lui qui est tombé raide dingue d'amour pour Lily l'étudiante dont il s'est retrouvé rapidement séparé pour une banale histoire de papiers mais dont il a cru retrouvé la réincarnation chez lui sous les traits d'un délicieux fantôme se faisant appeler Lily aux Blanches Mains. GennaRose Nethercott nous propose sa propre réinterprétation du célèbre mythe de Tristan et Yseult. Mais pas question de nous rejouer la tragédie, quoi que la déception pourrait être au bout du chemin et le spectre pourrait bien supplanter la version en chair et en os dans le cœur de Tristan.
L'amour, c'est aussi la rupture et le manque comme en fait les frais Henrietta lorsque Peter l'a quittée pour sa meilleure amie Claire. Scénario terriblement classique sauf l'épilogue lorsqu'elle se venge de ceux qui l'ont trompée. La trahison est amère et la vengeance est un plat qui se mange froid, c'est bien connu.
Dans Cinquante fleurs pour te briser le cœur, GennaRose Nethercott nous offre également de drôles de rencontres avec des créatures tantôt improbables, tantôt burlesques. D'ailleurs, son bestiaire merveilleux est plus près de l'horrifique en passant par l'inquiétant et le dérangeant, à l'image du Sorbis ou la Getly. D'aucuns parleront de monstres en regardant leurs représentations, les poils des bras relevés par la chair de poule.
Justement l'autrice interroge aussi pas mal la figure du monstre dans certaines de ses nouvelles. Celui-ci n'est d'ailleurs pas forcément présent là où on l'attend. Les traits peuvent être trompeur. Ainsi dans "Les prunes de la lisière du monde", le vampire n'apparaît pas comme un être assoiffé de sang comme on pourrait s'y attendre si l'on en croit la légende. Sa sauvagerie a laissé place ici à une vraie bonté d'âme. Drôle de vampire me direz-vous ? En effet. Mais Olivier a décidé de délivrer son prochain de ses tourments uniquement si on lui demande. Ici, les hommes les plus normaux sont souvent les plus redoutables. Le prédateur n'est pas toujours celui que l'on croit. Dans cette nouvelle, GennaRose Nethercott joue avec les codes et renverse les certitudes. Sous sa plume, le vampire devient un objet d'exhibition, un monstre de foire. Il a perdu de sa puissance et avec elle, la crainte ressentie en sa présence s'est dissipée. Ce texte, c'est l'occasion pour l'autrice de rendre hommage au freak show si célèbre au XIXe siècle, et à travers lui, elle démontre sa volonté de redonner vie à toute une esthétique.
Cinquante fleurs pour te briser le cœur réunit un caléidoscope d'histoires décousues et perturbantes où l'étrangeté flirte avec le saugrenu.
GennaRose Nethercott donne vie à un univers pour le moins entêtant qui s'affranchit des normes pour mélanger des éléments issus des différents imaginaires et ainsi nous livrer des aventures baroques et totalement inédites.
Fantasy à la Carte
A lire sur le blog, mon avis sur La Maison aux Pattes de Poulet.
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