L'influence du "gaming" à la littérature

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19/09/2021

Embarquez pour le festival Méditerranéen Polar et Aventure


Pour la cinquième fois, Le Lydia jette l'ancre au Barcarès afin d'accueillir une nouvelle édition du Festival Méditerranéen Polar et Aventure qui met autant à l'honneur la littérature policière que les littératures de l'Imaginaire. 

Fort d'un programme riche et varié, les animations vont se succéder tout au long de ces trois jours du 24 au 26 septembre prochain. 

Aussi quelques très intéressantes tables-rondes vous seront proposées autour desquelles viendront débattre les auteurs invités. Dès le vendredi à 15h, il sera question de réfléchir sur l'engouement pour ces "mauvais genres" avec une première intitulée "Polar et littératures de l'imaginaire : des mauvais genres à succès ". Réservez votre samedi car dès 11h, il sera question de réfléchir à "la géopolitique explorée par la littérature de l'imaginaire" et à 15h, ce sera davantage une réflexion autour du métier d'écrivain avec "Devenir écrivain : Polar et littérature fantastique : même combat ?". Pour finir, le dimanche 26 septembre, la dernière table-ronde portera sur "Le polar nous fait voyager dans d'autres mondes". 

Mais que serait un festival sans distinction à remettre pour récompenser tel ou tel livre. Alors le Festival Méditerranéen Polar et Aventure propose également son prix Méditerranéen Polar. Juste avant la remise du prix 2021, les lauréats de 2020 ainsi que de 2021, respectivement Fabrice Papillon et Fabio Mitchelli, animeront une conférence qui portera sur "l’inspiration pour un polar : s'attacher au quotidien des faits divers ou puiser son inspiration dans l'imaginaire ?" 

En outre, réservez également vos soirées car le vendredi 24 septembre à partir de 20h30, vous pourrez participer à une enquête, "Clap de fin", à bord du Lydia (sur réservation) et pour les amateurs de Jazz, ne manquez pas le concert de Gramophone Stomp, prévu le samedi 25 septembre dès 20h30. 

Bien entendu une trentaine d'auteurs de littérature policière ou d'Imaginaire seront là pour dédicacer leurs romans. Alors n'hésitez pas à aller les rencontrer. Côté SFFF, il y a notamment Lionel Davoust (auteur de l'excellent cycle Les Dieux Sauvages), Franck Ferric (La Loi du Désert), Paul Beorn (Calame, Le Septième Guerrier-Mage, 14-14... ect), Benjamin Lupu (Les Mystères de Kioshe et Le Grand Jeu), Nicolas Texier (le cycle Monts et Merveilles et plus récemment Les Ménades), ou encore Florian Paret (Le Maître Horloger et L'Obsession). 

Voici une nouvelle édition qui se promet déjà passionnante dans un lieu remarquable et insolite. Bon embarquement !

Fantasy à la Carte

Informations

Festival Méditerranéen Polar et Aventure
Paquebot Lydia (sortie 13)
24,25 et 26 septembre 2021
Entrée libre
Horaires : vendredi de 14h à 20h30
samedi et dimanche de 10h à 12h30 et 13h30 à 19h30

17/09/2021

Ellen Klages, Passing Strange, collection Hélios, éditions ActuSF

Ellen Klages, Passing Strange, collection Hélios, éditions ActuSF

Connue pour ses romans historiques, Ellen Klages est également l'autrice de nombreuses novellas fantastiques. Passing Strange est l'une d'entre elles. Après avoir été finaliste du prix Nebula, elle est récompensée, en 2018, par les World et British Fantasy Award, ainsi que par le Gaylactic Spectrum Award

Pour les inconditionnels du poche, il vient de paraître en petit format chez Hélios dans une édition auréolée d'une couverture très graphique, signée Zariel.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce nouveau service de presse. 

Dans le San Francisco de 1940, on croise Helen, Babs, Emily, Franny ou encore Haskel. Toutes sont des esprits libres et indépendants qui tentent de se faire une place au milieu de ce monde dirigé par des hommes et de trouver le bonheur. 

Amoureuse de San Francisco, Ellen Klages s'y installe en 1976. Passing Strange est l'une de ses novellas qui lui est dédié car l'autrice aime ici nous perdre dans le dédale de ses rues et ses ruelles dérobées. Cité très cosmopolite, on la découvre en passant d'un quartier à l'autre. Cités dans la cité, San Francisco incarne le parfait brassage culturel et cultuel. Ellen Klages nous immerge dans ses ambiances variées et nous grise par ses sons, ses couleurs et ses odeurs différents selon les endroits. A la suite de ses héroïnes, l'autrice nous ouvre la porte d'un San Francisco secret et prohibé. Aussi, on pénètre dans l'un des plus célèbres club sulfureux de la ville où les femmes n'hésitaient qu'à peine, à afficher leur homosexualité. Lieu de spectacle, de danse et de jazz, Chez Mona fut le premier bar lesbien ouvert aux Etats-Unis. Une institution qui lui vaut très vite l'intérêt des touristes et l'a beaucoup protégée des descentes de police, fréquentes à cette époque : l'homosexualité étant sanctionnée par la loi. Changement d'ambiance lorsque les pas des héroïnes d'Ellen Klages nous conduisent sur l'île artificielle de Treasure Island qui fut spécialement construite pour la foire internationale de 1939. Cette île incarne les ultimes moments d'insouciance où les gens étaient invités à s'émerveiller devant les dernières découvertes scientifiques et à s'amuser de manière générale. Or, le démantèlement de la Foire à la fin de l'année 1940 pour laisser la place à une base militaire, servant d'avant poste à l'armée américaine, lors de la seconde Guerre Mondiale a mis brutalement fin à cette douce indolence. 

Voici un cadre d'action bien à-propos qui épouse parfaitement la tonalité du récit passant du grain de folie à la gravité. Ce San Francisco uchronique nous fait non seulement fouler des lieux mythiques de la ville mais nous offre quelques belles rencontres, notamment, artistiques comme celle de Diego Rivera ou la mention de sa non moins célèbre épouse Frida Khalo. Bien documentée, Ellen Klages profite de son texte pour donner vie avec beaucoup de sensibilité au San Francisco de l'époque. C'est réussi car on s'y croirait !  

Plus que de prendre plaisir à se promener dans cette ville, érigée ici au rang de personnage à part entière, on apprécie également les héroïnes d'Ellen Klages qui nous étourdissent de leurs histoires. Bien qu'elles soient six, dans Passing Strange, on s'attache surtout à Emily Netterfield et Lorreta Haskel car c'est l'histoire de leur rencontre et de leur amour naissant qui nous est contée ici. L'une est une artiste qui vit de ses couvertures réalisées pour des pulps, l'autre est une chanteuse grimée sous l'identité d'un homme. Deux âmes opposées qui se sont trouvées pour briller ensemble, telles deux étoiles, dans ce monde hostile à l'égard des femmes. Alors qu'au premier abord, on aurait tendance à percevoir Loretta Haskel comme un simple bloc de glace. La vérité est que sous cette carapace qu'elle arbore telle une armure, se cache une très belle femme pleine de fêlures. Rejetée par sa mère, elle s'est construite auprès de rencontres artistiques qui l'ont façonnée en une toute autre personne. Clairement sa rencontre avec Emily va la bouleverser à jamais. Quant à cette dernière, elle n'est finalement pas l'oiseau fragile que son apparence laisse supposer. Renvoyée de l'école pour avoir été prise sur le fait d'aimer une autre fille, elle est reniée par les siens et envoyée au loin. Mais refusant le destin qui lui était réservé, elle a préféré s'en choisir un tout autre en débarquant à San Francisco. 

Ellen Klages nous brosse le portrait de deux êtres courageux qui ne vont pas hésiter de braver les interdits pour trouver le bonheur. 

En filigrane de cet amour, il est aussi question ici d'amitié et de sororité entre ces six femmes qui vont devoir se serrer les coudes pour affronter les dangers qui s'annoncent. 

Passing Strange est un récit plein de poésie. Plus qu'une balade amoureuse, c'est aussi une histoire de mœurs. Ellen Klages aborde avec beaucoup de délicatesse l'homosexualité, la xénophobie, ainsi que les discriminations qu'il en découle dans cette Amérique puritaine de l'Avant Guerre. Cette novella, à la fois tendre et terrible, nous prend au cœur et nous fait complètement perdre pied. 

Élégante et délicate, la plume d'Ellen Klages nous emporte donc sans mal avec elle et nous fait même passer par tout un éventail d'émotions tant la lecture est intense. 

Entre ses lignes, la magie prend corps subtilement par petites allusions ici ou là. Dans ce livre, des sorcières auraient par l'intermédiaire de l'Ori-kami, l'art ancestral du pliage, la capacité de créer des raccourcis spatio-temporels. Un don bien utile pour échapper à la vigilance des uns et des autres. 

Avec Passing Strange, Ellen Klages se fait l'autrice d'un récit bouleversant. Les pages défilent trop vite car on aimerait bien rester un peu plus longtemps en compagnie de ces femmes charmantes. Mais, c'est tout l'enjeu du format court de la novella, cela crée obligatoirement des frustrations. Heureusement elle a écrit d'autres textes partageant ce même univers, alors ce n'est peut-être qu'un simple au revoir. Qui sait !

Fantasy à la Carte

Sur la blogosphère, vous pouvez lire les avis du Bibliocosme, Au Pays des Cave Trolls et La Bibliothèque d'Aelinel.  

Informations
Ellen Klages
Passing Strange
Collection Hélios
978-2-37686-385-4
288 pages
Editions ActuSF

14/09/2021

Thomas C. Durand, Les Quatre Vérités, tome 2, Les Énigmes de L'Aube, éditions ActuSF

Thomas C. Durand, Les Quatre Vérités, tome 2, 
Les Énigmes de L'Aube, éditions ActuSF

Sur Fantasy à la Carte, on continue de parler de la rentrée de la fantasy française en s'intéressant à celle des éditions ActuSF qui propose, à nouveau, un roman de Thomas C. Durand.  

Il s'agit du tome 2 de son cycle, Les Énigmes de L'Aube, intitulé Les Quatre Vérités. Je dois vous avouer que c'est une sortie que j'attendais car j'avais bien apprécié le premier volet. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Les Quatre Vérités marque le début d'une nouvelle année d'apprentissage pour Anyelle. Maintenant qu'elle a intégré la très prestigieuse école d'Ithir, elle a tout intérêt à faire ses preuves. D'autant qu'elle est toujours la seule fille scolarisée, en dépit de l'animosité de certains professeurs et du mépris de quelques élèves. A elle de leur prouver qu'elle a toute sa place parmi eux. Or, comme chaque année, une énigme à résoudre est proposée aux élèves afin qu'ils brillent et se démarquent. Si d'aventure Anyelle était capable de trouver la solution, cela légitimerait, à coup sûr, son passage en deuxième année. Voilà de quoi bien l'occuper pendant cette nouvelle année scolaire, sans compter la rumeur de l'existence d'une certaine Meliandra d'Azur qui aurait été scolarisée avant elle. Un mystère que tout le monde tait et qui, bien évidemment, ne fait qu'attiser sa curiosité. 

Dans Les Énigmes de L'Aube, Thomas C. Durand nous immerge dans l'univers des Troyaumes où l'on trouve la Wirmariche à l'Ouest, le Kaithorn au Sud et l'Effeldie à l'Est. Après des guerres magiques qui ont ravagé une partie du monde, la paix est revenue. La plupart des habitants possèdent un don qu'ils apprennent à maîtriser dans l'une des quatre écoles qui enseignent la magie. Or, justement c'est par le prisme de ces écoles et particulièrement celle d'Ithir qu'intègre Anyelle dans ce tome-ci, que l'on en apprend plus sur l'histoire des Troyaumes. En effet, l'auteur a truffé son récit de notes de bas de page qui éclairent sur l'histoire d'Ithir, sur les différentes sources de pouvoir ou encore sur l'émergence des Troyaumes. Ces annotations constituent une mine d'informations précieuses pour mieux appréhender cet univers minutieusement élaboré. Les dons sont très variés, cela va de l'invisibilité à la capacité de se métamorphoser en passant par le pouvoir de faire dire la vérité. Le but des écoles est non seulement d'apprendre à les maîtriser mais aussi d'enseigner les bases de la magie à travers différentes matières pour que chaque élève dispose d'un socle solide de connaissances, nécessaires à leur vie d'adulte. L'école leur offre l'opportunité de se spécialiser dans tel ou tel domaine. Pour Anyelle, il s'agit, d'ailleurs, de l'Harmancie, autrement dit la maîtrise de la magie par la musique. Même si au départ, elle a choisi cette spécialité pour se rapprocher d'un garçon qui lui plaît beaucoup, il s'avère qu'elle a quelques bonnes prédispositions pour exceller dans ce domaine. 

A travers le regard d'Anyelle, on découvre un monde ensorcelant où l'on s'extasie très facilement du moindre phénomène onirique. On assiste aussi bien à des duels magiques où les duellistes s'affrontent munis de leur baguette, qu'à d'époustouflants matchs des Metamorciens qui rivalisent d’ingéniosité dans leurs transformations végétales ou animales pour marquer des points et emporter la victoire. Sous la plume de Thomas C. Durand naît un monde fascinant et immersif. L'établissement d'Ithir est également un lieu étonnant. Niché dans la montagne, il constitue un vaste terrain de jeu pour Anyelle et ses camarades à travers ses couloirs secrets, ses portes dérobées et ses lieux interdits. Ithir n'a donc rien à envier à Poudlard car ces institutions exercent finalement sur ses résidents et les lecteurs, en général, la même fascination. 

Dans Les Énigmes de L'Aube, Thomas C. Durand agrémente son récit d'une dimension "policière" dans le sens que ses héros mènent toujours des investigations pour résoudre des mystères ou des énigmes. Anyelle et ses amis endossent ici le rôle d'enquêteurs qui traquent les indices nécessaires à la résolution des problèmes posés. Les intrigues nous apparaissent d'autant plus captivantes

En outre, derrière les aventures trépidantes que vit Anyelle, l'auteur aborde également des thématiques intéressantes. Si dans Le Premier Souffle, on a beaucoup parlé de misogynie, on peut ajouter ici les premiers émois  amoureux et son lot de désillusion, mais aussi l'intolérance et le droit à la différence. En mettant en scène des personnages très jeunes et scolarisés, Thomas C. Durand traite avec beaucoup de finesse ces problématiques et les terribles conséquences qu'elles engendrent quand l'enfant ou l'adolescent en est la victime. 

Les Quatre Vérités est un roman très dense aussi bien du point de vue de l'exploration de cet univers que de la richesse des thèmes abordés. 

Si pour ma part, je l'ai trouvé légèrement moins drôle que le précédent, néanmoins, les jeux de mots ne manquent pas et ils sont toujours très bien trouvés. Quant à l'intrigue, elle nous tient en haleine d'un bout à l'autre du livre et rend notre lecture passionnante. J'ai littéralement dévoré ce tome 2 et je dirais même qu'il a ma préférence car j'ai grandement apprécié de me balader dans cet univers fantastique, d'y côtoyer des personnages hauts en couleurs et de me frotter aux questionnements de la jeune Anyelle, déjà bien mature pour son âge. 

Au terme de ma lecture, je n'espère qu'une chose que Thomas C. Durand écrive une suite car il serait dommage que l'aventure s'arrête déjà. La question est donc posée !

Fantasy à la Carte

Sur le blog, vous pouvez aussi trouver mon avis sur Le Premier Souffle. 

Informations

Thomas C. Durand
Les Quatre Vérités
Tome 2
Les Énigmes de L'Aube
978-2-37686-376-2
456 pages
Editions ActuSF

Lien vers le site

10/09/2021

Raphaël Bardas, Le Voyage des Âmes Cabossées, éditions Mnémos

Raphaël Bardas, Le Voyage des Âmes Cabossées, éditions Mnémos

Les éditions Mnémos profitent de la rentrée de la fantasy pour remettre en lumière l'un de leurs auteurs phares, Raphaël Bardas, découvert en 2020, avec son premier roman, Les Chevaliers du Tintamarre

A l'occasion de la sortie de son nouveau livre, Le Voyage des Âmes Cabossées, il est à l'honneur chez Book en Stock pour un nouveau rendez-vous "Mois de". 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Phooka et Dup, ainsi que les éditions Mnémos pour l'invitation à cet événement et l'envoi de ce service de presse.

Bien que leurs chemins s'étaient, quelque peu, séparés depuis leur dernière aventure, Rossignol, Silas et la Morue se retrouvent, par hasard, dans leur rade préféré, le Tintamarre. Cela tombe bien car Rossignol a bien besoin de ses amis pour embarquer aux côtés de la belle horlogère, Margaux afin de retrouver son ami d'enfance, disparu il y a des années. En outre, il semblerait que Morguepierre soit à nouveau menacée par de nouveaux périls après la macabre découverte de cadavres de sel.  Or, la venue du Navire aux Âmes Cabossées n'est sans doute pas étranger à toutes ces bizarreries. Pour nos anciens chevaliers du Tintamarre, il est temps de reprendre leur rôle et de comprendre ce qui se passe. Répondront-ils présents à l'appel de l'aventure ? Si oui, accrochez bien vos ceintures car il va y avoir quelques turbulences. 

Le Voyage des Âmes Cabossées sonne le grand retour du trio infernal de Raphaël Bardas. Comment ne pas craquer devant leur gouaille ? Ils sont le point fort des récits de cet auteur qui prend la fantasy à contre-pied  en dressant le portrait d'anti-héros. Aussi, ses personnages principaux sont péteurs, roteurs et règlent leurs problèmes plus souvent avec leurs poings qu'avec des mots. Ils sont impulsifs et laissent plus volontiers leur spontanéité agir plutôt que leur cerveau réfléchir. Silas, Rossignol et la Morue sont trois amis qui se sont laissés griser par leur statut de chevalier. Ils y ont pris goût alors quand une demoiselle en détresse demande de l'aide auprès de Rossignol, ce dernier y voit là une belle occasion de reprendre du service. Finalement ne plus jouer aux chevaliers du Tintamarre leur avait manqué même si certains ne veulent pas se l'avouer. Mais au vu de l'empressement de chacun à embarquer dans cette nouvelle aventure, il n'y a plus de doute à avoir. 

Si tous trois ont des personnalités bien différentes, ils partagent tout de même la même faiblesse pour la gente féminine et ne résistent jamais bien longtemps à leurs charmes. Alors, on ne s'étonne pas de les voir une nouvelle fois multiplier les conquêtes. Même si dans ce nouveau volet, l'idée de se poser enfin commence à germer dans l'esprit de certains. Aussi, Rossignol qui se pense une énième fois amoureux, se verrait bien s'installer avec la belle Margaux. Quant à Silas, profondément ébranlé depuis sa relation avec Alessa, envisage lui aussi d'entretenir une relation sérieuse. Même la Morue n'est pas contre l'idée de fonder une famille. Bref, on aurait tendance à penser que la fougue de leur jeunesse commence à laisser la place à l'âge de raison mais dans les faits, leur nature revient vite au galop. On ne va pas se mentir, ces doux dingues sont de fieffés coquins. Mais Raphaël Bardas les malmènent bien dans ce nouveau récit et leur en fait même voir des vertes et des pas mûres. 

Dans Le Voyage des Âmes Cabossées, on quitte Morguepierre à bord d'un navire fantôme pour retrouver un enfant disparu. Raphaël Bardas revisite la thématique du navire maudit, tirée des légendes populaires et prisée par la littérature et le cinéma. Aussi, ce navire des âmes cabossées me rappelle le célèbre Black Pearl, piloté par le capitaine Jack Sparrow ou plus récemment le bateau mis en scène dans Mers Mortes par Aurélie Wellenstein. 

Récolteur d'âmes, ce navire donne la chair de poule car quiconque monte à bord n'est pas sûr de retrouver la terre ferme vivant. Dès le début, Raphaël Bardas donne le ton à son livre en promettant à ses lecteurs une chevauchée fantastique à travers des mers déchaînées et des terres hostiles. 

Le Voyage des Âmes Cabossées est un récit très rythmé qui alterne scènes de combat et situations ubuesques. 

Côté univers, l'auteur l'a nourri de mythes et de magie. Celle-ci s'exprime, d'ailleurs, par l'existence des souffleurs de verbe qui ont la capacité d'enchanter l'hallucinium, transformant ce métal en toute sorte d'objets doués de magie. 

Ainsi, nos chevaliers du Tintamarre vont devoir louvoyer ici entre des fantômes, des divinités oubliées et de créatures légendaires. L'aventure promet de ne pas être de tout repos mais qu'à cela ne tienne, ils n'ont peur de rien surtout si la bière coule à flot et qu'elle est servie par de belles donzelles. 

Avec Le Voyage des Âmes Cabossées, Raphaël Bardas nous offre un nouveau récit mêlant humour et action à la juste dose. Personnellement, j'ai adoré retrouver cette plume désopilante qui n'hésite pas à réécrire les règles et les modalités du genre pour se démarquer. Je dois avouer que la magie opère une nouvelle fois car j'ai, pour ma part, beaucoup apprécié ce nouveau roman de Raphaël Bardas et je ne peux que vous le recommander. Ne vous en privez surtout pas car on a trop besoin de rire. A bon entendeur ! 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Les Chevaliers du Tintamarre et Aux traites indomptables.  

Raphaël Bardas
Le Voyage des Âmes Cabossées
978-2-35408-806-4
383 pages
Editions Mnémos
Sur la blogosphère, vous pouvez lire l'avis de L'Ours Inculte

07/09/2021

Jean-Claude Dunyach, L'enfer du Troll, éditions L'Atalante

Jean-Claude Dunyach, L'Enfer du Troll, éditions L'Atalante

Ne vous fiez pas à la mine rébarbative du Troll sur cette couverture, signée Gilles Francescano car le Troll de Jean-Claude Dunyach peut se montrer, quand il le veut, très urbain. Il faut juste savoir bien le prendre, or avec un verre d'eau ferrugineuse, cela devrait faire l'affaire. 

Vous l'avez compris, aujourd'hui, on continue l'excellente série de Jean-Claude Dunyach, en plongeant dans le tome 2, intitulé, L'Enfer du Troll et paru en 2017, aux éditions L'Atalante

Après avoir claqué la porte de la mine, le Troll a décidé de se consacrer exclusivement à sa dulcinée en l'aidant à améliorer son salon de coiffure. Mais quand son ancien patron vient toquer à sa porte pour lui confier une mission, il n'a aucune envie d'accepter, mais c'est sans compter sa très persuasive trollesse. C'est comme ça que, sans crier gare, il embarque sur un paquebot en compagnie de Cédric, de Sheldon, de Brisène et de toute une flopée de chevaliers pour mener une quête dont il n'appréhende pas encore bien la finalité. 

Dans ce deuxième volet, on retrouve les héros de la première heure qui s'apprêtent à vivre de nouvelles aventures. C'est ainsi que le Troll et sa trollesse accompagnent Brisène et Sheldon dans leur voyage de noces. Cela donne l'occasion à Jean-Claude Dunyach d'explorer les aléas de la vie de couple avec un Sheldon soumis, complètement sous la coupe de sa femme. Avec son regard désabusé et sa plume caustique, l'auteur nous promet ici quelques moments choisis de scènes d'amour, parfois vache mais toujours sincère.

Derrière ces relations hautes en couleurs qui nous tirent quelques rires entendus, Jean-Claude Dunyach nous plonge également dans une nouvelle quête car tel est le but de tout héros d'épopée qui se respecte. Bien que toujours louable, la mise en œuvre de celles-ci ne manque jamais de rocambolesque et d'absurdité. C'est la grande qualité des récits de Jean-Claude Dunyach qui se montrent toujours d'une grande finesse et d'une belle perspicacité. Aussi, il revisite les éléments traditionnels du genre fantasy en les interrogeant. Par exemple, il s'intéresse ici à la figure du héros en questionnant sa fonction et son rôle. Pour cela, il utilise celle très usitée du chevalier en soulevant leurs difficultés, notamment celle de trouver le Graal. Raison pour laquelle, Arthur les a inscrit à une formation professionnelle afin qu'ils développent des stratégies à mettre en œuvre pour enfin atteindre leur objectif. Féru de nouvelles technologies, Sheldon a même été plus loin en développant une application GPS capable de détecter la sainte relique, si d'aventure cette dernière se trouvait dans les parages.  

Par le truchement de ces scènes décalées et drôles, on reconnaît, bien entendu, une métaphore de la vie d'entreprise, à travers son carcan protocolaire et ses obligations imposées aux salariés. L'Enfer du Troll cache en réalité une satire de la vie professionnelle dans ce qu'elle peut avoir d'absurde et de pesant. 

Entre un humour grinçant et une vision acérée de notre société, Jean-Claude Dunyach sait toujours trouver les mots pour nous divertir avec la juste dose de dérision. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mes avis sur L'Instinct du Troll et L'Empire du Troll

Informations
Jean-Claude Dunyach
L'Enfer du Troll
9782841727605
208 pages
    Éditions L'Atalante