L'influence du "gaming" à la littérature

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24/06/2015

Richelle Mead

Richelle Mead est née en 1976 dans l’Etat du Michigan. Avant de se lancer dans l’écriture, elle obtient une maîtrise d’histoire des religions et une maîtrise en enseignement afin de se destiner à une carrière dans l’éducation. Elle est l’auteure de plusieurs séries de fantasy urbaine, comme la série Georgina Kincaid où il est question d’anges et de démons, la série du Cygne Noir qui met en scène un univers de Faës, ainsi que L’ère des Miracles où évoluent également des anges. Néanmoins, c’est sa série Vampire Academy qui demeure la plus connue avec en 2013 plus de 8 millions d’exemplaires vendus dans pas moins de 35 pays. Elle se décline en six tomes avec Sœurs de sang, Morsure de glace, Baiser de l’ombre, Promesse de sang,Lien de l’esprit et Sacrifice ultime.                               
Noire alchimie
Du fait de cet engouement, Richelle Mead a décidé d’écrire un autre cycle intitulé Bloodlines qui apparaît comme un préquel à Vampire Academy. Le premier roman qui a pour titre Noire alchimie sortira en France en juillet 2014.

Soeurs de sang
Dans Vampire Academy, il s’agit de la destinée exceptionnelle de Rose Hataway et de sa meilleure amie Lissa. L’action se déroule essentiellement au sein de Saint-Vladimir, un pensionnat atypique qui accueille des Moroï, autrement dit des vampires dits vivants maîtrisant la magie de l’un des cinq éléments : la terre, l’eau, le feu, l’air ou l’esprit et des dhampirs, des êtres mi humains, mi vampires formés à la protection des Moroï. A ces vampires du Bien, s’opposent des Strigoï qui eux, sont maléfiques. Ainsi la trame de cette saga va se cristalliser autour d’une lutte entre le Bien et le Mal incarnée par les Moroï et les dhampirs d’un côté et les Strigoï de l’autre côté.

A partir du vampire, cette créature surnaturelle issue du bestiaire merveilleux, Richelle Mead a su insuffler une originalité à sa saga. En s’inspirant de caractéristiques traditionnelles inhérentes à ces créatures, elle a dressé trois nouveaux portraits aux spécificités propres. Le vampire assoiffé de sang qui tue pour survivre, incarné par le Strigoï ; le vampire irrésistible à tout point de vue possédant des pouvoirs magiques, à savoir le Moroï ; et le sang-mêlé dhampir à la constitution robuste et disposant d’une force surhumaine, nécessaire à la protection des Moroï.
                                            Morsure de glaceBaiser de l'ombre                                                        
promesse de sang
L’ensemble de ces créatures évolue dans leur propre univers en parallèle à celui des humains qui ignorent tout de leur existence. Sauf les humains qui servent de poches de sang volontaires aux Moroï ou involontaires et mortelles aux Strigoï. En effet, pour ces hommes et ces femmes, leur plus cher désir étant de devenir à leur tour des vampires.

Même si au premier contact, cela donne l’impression d’avoir à faire à une simple histoire de lycéens, la réalité est tout autre. Richelle Mead a su développer un monde magique mêlant amour et séduction à magie et combats spectaculaires.
Lien de l'espritSacrifice ultime  
Une saga littéraire qui méritait une adaptation cinématographique, reflet de son succès planétaire. Ainsi, le premier opus est sorti en France le 5 mars 2014 avec seulement 71 757 entrées vendues. C’est un véritable échec aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis et n’est donc pas à la hauteur de cette Bit-lit pourtant de qualité. Raison d’un tel insuccès, peut-être le choix d’un casting inadapté ? Ou la réalisation d’un énième film sur les vampires ? Le public n’a donc pas su apprécier cette fantasy urbaine si prometteuse.



Fantasy à la carte

James Clemens

James Clemens est né à Chicago en 1961, mais a grandi dans le Midwest et au Canada. C’est au fin fond de sa campagne natale, que James rêvait de grandes aventures et où ses histoires ont commencé à germer. En plus d’être un écrivain renommé, il est aussi un spéléologue amateur et un plongeur certifié. Des milieux qui l’ont d’ailleurs fortement inspiré pour ses romans, où l’action se déroule fréquemment sous l’eau ou dans des univers souterrains. C’est aussi bien un auteur de romans d’aventure que de romans de fantasy. Sa saga Les Bannis et les Proscrits, traduite en une dizaine de langues demeure l’un des plus gros succès de la fantasy en France. Il est à noter que les lectures qui ont marqué sa jeunesse contribuent à expliquer ses orientations littéraires.

Ainsi, James Clemens se dit avoir été captivé par Tarzan d’Edgar Rice Burroughs, du Magicien d’Oz de L. Frank Baum ou encore des Chroniques de Narnia de C.S. Lewis.

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Ces œuvres ont sans aucun doute été un puits d’inspiration pour lui, tout comme celles de Jules Verne et de H.G. Wells qui lui ont servi de modèle pour l’écriture de romans contemporains similaires, remplis de ce qu’il appelle « les trois M de la fiction » : Magie, Mutilation et Monstres.

Sa grande œuvre actuelle de fantasy, Les Bannis et les Proscrits se compose de cinq tomes : Le Feu de la Sor'cière, Les Foudres de la Sor'cière, La Guerre de la Sor'cière, Le Portail de la Sor'cière et L'Étoile de la Sor'cière.


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Comme tout cycle de high fantasy, le roman débute par une prophétie qui révèle à la très jeune Elena, après la mort violente de ses parents, qu’elle est la sorc’ière qui sauvera Alaséa de la destruction par le Cœur Noir du Gul’Gotha. A peine cette révélation faite, Elena est propulsée dans cette quête salvatrice, entourée d’une communauté de personnages, tels Er’ril de Standhi, son homme lige, l’El’phe Méric, la Nyphai Nee’lhan ou encore les métamorphes, Mogweed et Fardale. Nous sommes ici dans l’univers imaginaire d’Alasea, mais à la différence de la high fantasy traditionnelle, l’auteur n’a pas pris soin de cartographier son monde. D’autre part, la lutte entre le Bien et le Mal se dessine en filigrane de l’histoire puisque notre jeune sorc’ière va devoir affronter bien des créatures maléfiques envoyées par le Seigneur Noir. Il y aura par exemple Vira’ni et sa Horde, le mage noir Greshym ou encore les Skal’tum, ces créatures ailées à quatre cœurs… Ainsi, James met en scène des créatures chimériques tirées de son imagination ou folkloriques tirées du bestiaire merveilleux. Autant d’éléments qui montrent l’appartenance de la saga à cette mouvance littéraire.

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En écrivant une histoire merveilleuse et magique, James a su captiver son public. Il distille avec soin tous les éléments qui forgent une high fantasy de qualité. Cette saga d’une longueur raisonnable intéresse son lectorat sans le perdre en cours de route. Par le choix de joindre un préambule apparaissant comme une mise en garde quant au contenu sulfureux de ce texte, l’auteur fait du lecteur son complice. Ainsi, ce dernier fait partie des rares élus qui ont l’honneur de lire l’histoire de la sorc’iere car gardons bien à l’esprit que la magie est interdite. Des procédés d’écriture qui suscitent l’intérêt et qui donnent envie de se plonger ou de se replonger dans un texte de high fantasy, d’où le succès retentissant en France de ce roman.

le feu de la sorcièreles foudres de la sorcièrela guerre de la sorcièrele portail de la sorcière
l'étoile de la sorcière

Fantasy à la carte

George Raymond Richard Martin

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De son nom complet, George Raymond Richard Martin est un auteur américain renommé pour ses écrits de science-fiction et de fantasy. Né en 1948 dans le New Jersey, il a grandi dans une famille modeste. Au lycée, il découvre les comics et se met à écrire des fanfiction (des récits écrits par des fans dont le but est de continuer ou de modifier l’histoire d’un roman, d’une série…). En 1965, il obtient même un prix pour l’une de ses nouvelles. Son diplôme de journaliste en poche, il retourne dans sa ville natale en 1971 en pensant y décrocher un emploi. Il n’en trouvera point mais cette année-là, il se découvre un certain talent d’écrivain. Cependant, il faudra attendre 1979 pour qu’il se consacre pleinement à son art. Les premières années, il écrit essentiellement des romans et des nouvelles de science-fiction. Il reçoit de nombreux prix comme en 1980, sa nouvelle Les Roses des Sables remporte trois distinctions : le prix Hugo, le prix Locus et le prix Nebula. Une jolie consécration pour un auteur à succès en devenir. Plus tard, G.R.R. Martin s’essaie à l’horreur avec ses romans : Riverdream en 1982 ou Armageddon Rag en 1983. Au milieu des années 1980, commence pour lui un travail de scénariste pour la télévision. Ainsi, il est l’auteur de séries télévisées comme La Cinquième Dimension ou La Belle et la Bête. Parallèlement à cette activité professionnelle, il se lance dans la rédaction d’une anthologie de nouvelles et de romans de science-fiction, Wild Cards, mettant en scène des super-héros.
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C’est au début des années 1990, qu’il a l’idée d’écrire un cycle de fantasy, A Song of Ice and Fire, traduit en français par Le Trône de Fer. Les trois premiers romans Game of Thrones (édité en France en deux volumes : Le trône de fer et Le donjon rouge), A Clash of Kings (publié en France sous les titres de La bataille des rois, L’ombre maléfique et L’invincible forteresse) et A Storm of Swords (paru en France en quatre parties : Les brigands, L’épée de feu, Les noces pourpres et La loi du régicide) reçoivent le prix Locus du meilleur roman de fantasy. Dès lors le succès est assuré et des millions de lecteurs deviennent addicts de cette nouvelle série de littérature fantasy. Le quatrième roman paraît en 2005 aux Etats-Unis sous le titre de A Feast for Crows mais il faut attendre 2006 et 2007 pour que les éditions Pygmalion le publient en trois livres : Le chaos, Les sables de Dorne et Un festin pour les corbeaux. Quant au cinquième roman A Dance with Dragons, Pygmalion sort en 2012 les deux premières parties : Le bûcher d’un roi et Les Dragons de Meereen et en 2013, la dernière partie : Une danse avec les dragons. Quant à la suite des aventures, elle est en cours d’écriture.
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Pourquoi un tel triomphe littéraire? Sans doute pour plusieurs raisons. Déjà cette saga du Trône de Fer relate le destin parallèle d’une pléthore de héros qu’ils soient bons ou maléfiques. Chaque lecteur y trouve donc son compte. Robert Baratheon règne sur le royaume des Sept Couronnes. Pour certains, il est l’usurpateur car il s’est emparé du pouvoir en faisant assassiner l’ancien monarque Aerys Targaryen, dit le roi fou. En réalité, ce dernier a été tué par sa Main, Jaime Lannister qui a agi de son propre chef. Depuis, la montée sur le trône de l’aîné des Baratheon, la paix règne sur l’ensemble du royaume. Mais en nommant Eddard Stark, Main du Roi, les choses vont changer. En effet, Eddard fait quelques sombres découvertes concernant les Lannister et plus particulièrement Cersei, l’épouse de Robert. Des secrets vont être révélés et ceux-ci pourraient bien présager l’avènement de la guerre au sein même de Westeros. Mais, alors que les grandes familles se déchirent, les prémices de dangers plus importants font leur apparition. Par-delà la mer, l’héritière légitime, la dernière des Targaryen marche lentement vers Westeros à la tête d’une armée et dotée de trois dragons. Et de l’autre côté du Mur du Nord, une invasion de sauvageons et peut-être un danger plus grand encore menacent la survie du royaume. Car, si les morts se mettent à marcher, cela n’augure rien de bon pour les vivants.
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G.R.R. Martin insère son intrigue dans un univers imaginaire de son cru. Déjà, le plus gros de son récit se déroule au sein du royaume de Westeros. Celui-ci occupe un vaste espace avec au nord les bastions importants de Winterfell, Fort-Terreur, Karhold et Motte-la-Forêt. A l’est, au-delà de la Neck se dessinent le Val d’Arryn et Les Eyrié, puis Vivesaigues plus à l’ouest. Ensuite, viennent au sud-ouest les forteresses de Castral-Roc et de Port-Lannis et au sud-est, la capitale, Port-Réal. Enfin, plus au sud encore s’étendent Dorne et toutes les cités libres. Bien entendu, très au nord, séparés par un mur gigantesque, il ne faut pas oublier la Forêt Hantée et l’immense massif montagneux, Les Crocgivre. Ou encore dans le lointain sud, bien plus loin que Westeros même, de l’autre côté de la mer d’Eté se trouvent le pays des Dothrakis, le pays de Ghis ou encore le Désert Rouge.
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C’est l’illustrateur américain James Sinclair qui cartographie les territoires fictifs de Martin. La conception d’un tel monde augure d’ores et déjà le caractère fantasy de cet écrit. Surtout que la magie y est prégnante. Elle se manifeste par l’introduction de créatures fantastiques comme les dragons qui vont occuper une place de plus en plus importante au fil de l’aventure. Egalement, des éléments de nature surnaturelle transparaissent ici ou là, au gré du texte. Certains personnages possèdent des pouvoirs comme l’âme damnée de Stannis Baratheon, Mélisandre d’Asshaï qui use de magie noire pour le seconder dans sa quête du trône. D’autres aussi, se donnent à la magie du dieu R’hllor, le Maître de la Lumière comme Lord Béric Dondarrion qui en est un fervent adepte, ce qui lui permet de ressusciter à maintes reprises. Autres créatures magiques sont les Autres, ces êtres démoniaques qui vivent au-delà du Mur du Nord. Longtemps, les habitants de Westeros pensaient qu’ils n’étaient que des méchants tirés des contes mais d’après les membres de la Garde de Nuit, il n’en est rien. Ceux-ci sont bien réels. Ce qui d’ailleurs ne présage rien de bon pour l'avenir.
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Il est vrai que l’auteur donne vie à une multitude de protagonistes. Chacun d’entre eux suivent une quête propre. Celle de survivre comme Sansa Stark, celle de vérité comme Eddard Stark, celle de vengeance comme Arya ou Robb Stark, celle de protéger comme Jon Snow. Et probablement la plus essentielle de toutes, celle de conquérir le trône et le pouvoir. Cette dernière est menée aussi bien par Stannis et Renly Baratheon, que par les Lannister, les Tyrell, ou encore Daenerys Targaryen. Ici les quêtes sont multiples et propres à chacun des personnages. Ainsi, ils ne forment pas une communauté d’individus unis dans une seule et même quête. D’où la complexité de l’histoire. En tout cas, pas dans un premier temps mais cela changera sans doute lorsque les grandes familles de Westeros arrêteront de se faire la guerre pour le pouvoir et se tourneront vers les dangers venant du Nord. Enfin si, d’ici là, il n’est pas déjà trop tard. A la lumière de tous ces éléments, ce cycle du Trône de Fer relève de high fantasy. D’autant plus qu’ici aussi se dégage une lutte entre le Bien et le Mal. Mais celle-ci revêt plusieurs formes. Il y a déjà les affrontements entre les armées du nord sous la bannière Stark et celles du sud conduites par les Lannister. Ainsi, en réclamant vengeance et réparation les Stark sont du côté du Bien alors que les Lannister ne sont que perfidie et à ce titre sont donc plutôt maléfiques. Ensuite, il y a la voie que suit la dernière héritière des Targaryen. Celle-ci se prépare à affronter les armées des usurpateurs car pour elle, toute personne occupant son trône est un imposteur. C’est donc une lutte en préparation et en attendant d’atteindre Westeros, elle libère toutes les cités sur son passage. Enfin, viennent les batailles menées par la Garde de Nuit contre les sauvageons dans un premier temps, puis les Autres par la suite. Les membres de la Garde de Nuit sont typiquement les gardiens du Bien. D’ailleurs, ils sont liés par un serment lourd de sens :

« La nuit se regroupe, et voici que débute ma garde. Jusqu'à ma mort, je la monterai.

Je ne prendrai femme, ne tiendrai terres, n'engendrerai.

Je ne porterai de couronne, n'acquerrai de gloire.

Je vivrai et mourrai à mon poste.

Je suis l'épée dans les ténèbres.

Je suis le veilleur au rempart. Je suis le feu qui flambe contre le froid, la lumière qui rallume l'aube, le cor qui secoue les dormeurs, le bouclier protecteur des royaumes humains.

Je voue mon existence et mon honneur à la Garde de Nuit, je les lui voue pour cette nuit-ci comme pour toutes les nuits à venir. »

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Si les membres de la Garde de Nuit sont les représentants du Bien, à contrario, les sauvageons, eux, sont donc des envoyés du Mal ? Mais les choses ne sont peut-être pas aussi simples qu’il n’y paraît. Quant aux Autres, ils sont sans doute assurément malfaisants. En effet, tout n’est pas noir ou blanc chez G.R.R. Martin. A dire vrai, chaque héros possède un côté sombre. Le tout étant qu’il est plus développé chez certains. D'autant plus, qu'il ne faut pas oublier l'origine parfois mécréante ou criminelle de certains membres de la Garde de Nuit. En fait, l’auteur a mis un tel soin à façonner ses personnages que certains se révèlent au fil des romans tout autre de ce l’on aurait pu penser à la première rencontre. On ne va pas revenir sur chacun des protagonistes car il y en a bien de trop, mais arrêtons-nous tout de même sur les plus fascinants. Le premier d’entre tous est certainement Tyrion Lannister. Il est décrit comme un monstre, une abomination qui ravit les bébés dans leurs berceaux. La réalité est toute autre. Tyrion est le mal aimé des Lannister. La raison, sa difformité de nain qui suscite dégoût et mépris chez l’autre. En fait, Tyrion est un vrai gentil qui ne cherche qu’une chose : la reconnaissance des siens. Il n’est ni méchant ni cruel. La preuve en est lorsque son père l’oblige à épouser Sansa Stark, il respecte la jeune fille et ne l’oblige pas à consommer le mariage. De même, lorsqu’il est Main du Roi, il n’hésite pas malgré sa taille à aller sur le champ de bataille pour soutenir ses troupes contre les armées de Stannis Baratheon. Tyrion est une preuve de courage à lui-seul faisant de lui un personnage terriblement attachant. D’où sans doute, le lien particulier qui lie le nain à son créateur. Ensuite, citons Jaime Lannister qui, au départ de l’histoire n’est qu’arrogance et morgue. Il incarne le lion Lannister par excellence. Il est aussi beau qu’il est cruel. Mais, Jaime est sans doute le personnage qui va le plus évoluer. Au fil des romans, il devient de plus en plus charmant. En fait, le fait de perdre sa main lui rend tout simplement son humanité. Quant à Eddard Stark, il symbolise le véritable chevalier. Il est droit, honnête et honorable. Il n’hésite pas à se mettre en danger pour faire éclater la vérité ou pour rendre la justice. A ce titre, il personnifie donc le Bien. Du côté du Mal, quelques personnages sont intéressants à mettre en lumière. Cersei Lannister, déjà, qui est aussi belle que venimeuse. Elle a soif de pouvoir. Sa plus grande amertume, ne pas être né en homme pour gouverner. Mais elle n’est pas en reste. Elle est de toutes les cabales. Ainsi, à la mort de son époux, elle s’empare de la régence en attendant la majorité de son fils. Cersei est une figure de traîtrise et de félonie à elle seule. Son fils Joffrey, lui, incarne la couardise, la cruauté et la barbarie. Il se cache derrière les jupes de sa mère au moindre problème, mais n’hésite pas à s’acharner sur les plus faibles. Ainsi, il martyrise Sansa Stark jusqu’à ce qu’elle quitte Port-Réal. Joffrey est juste un être pernicieux et nuisible. Et lorsqu’il doit assumer ses fonctions de monarque et conduire ses troupes à la guerre, il court se mettre à l’abri. Un tel comportement en dit long sur l’homme en devenir qu’il sera. En dressant des portraits aussi hétéroclites, en attribuant des caractéristiques aussi différentes à ses héros, G.R.R. Martin a su s’attacher son lectorat. Finalement, chaque lecteur s’y retrouve et se laisse facilement conquérir par tel ou tel héros.
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En conclusion, G.R.R. Martin nous offre un panel de personnages hauts en couleur qui vivent des aventures exaltantes dans un univers imagé à couper le souffle. Pour toutes ces choses, il est clair que Martin est un digne héritier de J.R.R. Tolkien et il reconnaît d’ailleurs volontiers la dette qu’il doit au maître. Du reste, le royaume de Westeros n’est-il pas un personnage en soi comme l’est la célèbre Terre du Milieu ?


Fantasy à la carte

Pierre Pevel ou l'Histoire à la pointe de sa fantasy

Pierre Pevel
Pierre Pevel né en 1968 est un écrivain français de fantasy et de science-fiction. Titulaire d’une prépa- littéraire, il touche un peu à tout dans l’écriture, en devenant tour à tour scénariste, journaliste, puis écrivain pour les jeux de rôle. Ce n’est qu’après qu’il se tourne véritablement vers l’écriture de romans de littératures de l’Imaginaire.

Ses premiers livres de fantasy, il les signe sous le pseudo de Pierre Jacq. Ainsi, il publie Les chroniques des Sept Cités constituées de quatre volumes : Premiers sangs (1996), La Voie du sang (1996), Le Prix du sang (1997) et In memoriam (1998). Il y invente un monde imaginaire formé par sept cités dont Samarande où vivent quatre voleurs qui vont se retrouver poursuivis et menacés par un tas de créatures surnaturelles et autres magiciens super puissants pour avoir dérober une gemme un peu trop précieuse.
Premiers sangsLa voie du sangle prix du sang 
les ombres de Wielstadt
C’est en 2001 qu’il écrit sous son véritable nom avec Les Ombres de Wielstadt, premier tome de la trilogie, qui reçoit en 2002 le Grand Prix de l’Imaginaire. Ce sont les tomes Les Masques de Wielstadt (2002) et Le Chevalier de Wielstadt (2004) qui concluent cette série. Sur fond de guerre de religion, la cité germanique de Wielstadt se voit menacer par des hordes de goules, de spectres ou encore un très puissant sorcier. Seul le chevalier Kantz semble capable de faire face à tous ces dangers et de rétablir l’ordre et la paix dans la cité.
Les masques de WielstadtLe chevalier de Wielstadt
Lorsqu’il écrit Les Enchantements d’Ambremer (2003), suivi de L’Elixir de l’oubli (2004), Pierre Pevel choisit comme cadre d’action la Belle Epoque dans un Paris fantastique où des sirènes se baignent dans la Seine, où le bois de Vincennes est infesté de farfadets, et la Tour-Eiffel est construite en bois blanc. Ici, ce Paris des Merveilles est une porte d’accès avec l’Outremonde, pays merveilleux dirigé par la reine des fées, elle-même. C’est à Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage de profession qu’est confiée la mission d’élucider la série de meurtres qui secoue Paris. Un dytique rocambolesque à la Arsène Lupin mêlant secret d’Etat et magie noire.
les enchantements d'ambremerL'élixir de l'oubli
Viktoria91
Pour Viktoria 91 publié en 2005, il est plus question d’un univers science-fictionnel où les humains côtoient les robots et autres androïdes. A Londres, en 1891, le reporter Norman Latimer tente de comprendre pourquoi un androïde a été retrouvé le crâne défoncé, dans le quartier de Whitechapel.

En 2007, il publie Les Lames du Cardinal qui reçoit deux récompenses : le Prix Imaginales des lycéens et Morningstar award, suivi en 2009 de L’Alchimiste des ombres et en 2010 du Dragon des arcanes. En 1633, le royaume de France est tenu par deux hommes, Louis XIII et le Cardinal de Richelieu. Or, un grand pouvoir suscite bien des dangers. C’est pourquoi le Cardinal se constitue son équipe de fines lames dont le soldat La Fargue prend la tête. Ce sont d’anciens mousquetaires ou de soldats roturiers ne pouvant revêtir la casaque royale ; six hommes et une femme vont agir dans l’ombre pour déjouer les plans machiavéliques d’une société secrète se faisant appelée la Griffe noire. Les membres de cette dernière s’avèrent être des nobles souvent bien placés à la Cour dont l’esprit cache en réalité l’âme d’un puissant Dragon. Cela leur confère souvent de grands pouvoirs et ils usent de sorcellerie et autre magie noire pour intriguer, manipuler et atteindre leur but ; créer une Grande Loge à Paris, à l’image de celle d’Espagne. Car les dragons veulent à nouveau dominer la race humaine, et ils sont prêts à tout pour ça.
les lames du cardinall'alchimiste des ombresle dragon des arcanes
Haut royaume

Enfin en 2013, Pierre Pevel commence un nouveau cycle, celui de Haut-Royaume dont le premier tome s’intitule Le Chevalier. Le souverain de Haut-Royaume est faible et son royaume se trouve menacé par les territoires frontaliers qui ne désirent qu’une chose : l’asservir. Le roi se voit donc dans l’obligation de relâcher Lorn de ses geôles, et de le nommer chevalier du Trône d’Onyx afin qu’il protège le royaume et fasse appliquer l’autorité royale dans tout le territoire. Le second volet de cette saga : L’Héritier paraîtra en novembre 2014.

Féru d’Histoire, Pierre Pevel démontre à travers tous ses romans que l’on peut associer deux genres littéraires qui au premier abord apparaissent comme étant complètement opposés, et au final se marient parfaitement. En effet, il mêle de l’uchronie, dont le principe consiste à réécrire l’Histoire en modifiant ou en ajoutant un ou plusieurs événements du passé à des éléments purement fantasy.
Les lames
Ainsi Les Lames du Cardinal en est un parfait exemple. L’aventure se situe au début du XVIIe siècle au sein du royaume de France qui a pour roi Louis XIII. Lui-même est secondé dans la gouvernance du pays par le Cardinal de Richelieu. Sombre époque avec son lot de complots et d’intrigues pour discréditer tantôt le roi, tantôt le Cardinal afin de les renverser et de s’emparer ainsi du pouvoir. En tout cas c’est ce que les Grands de cette époque tentent de faire. Pierre Pevel a choisi cette période historique où la reine est quelque peu en disgrâce du fait qu’elle ne puisse pas enfanter, ou tout du moins qu’elle ne donne pas assez vite un héritier au trône de France. C’est donc une période de troubles, et plus particulièrement d’instabilité politique avec d’un côté, l’Espagne qui menace fortement la France, et de l’autre côté les hypothétiques prétendants au trône qui espèrent que Louis XIII, du fait de sa santé fragile, décède sans laisser d’héritier. A cette trame historique réelle, l’auteur invente une société secrète qui agirait dans l’ombre pour s’emparer du pouvoir. Son nom, la Griffe noire, mais il ne s’agit pas d’un vulgaire groupe de nobles assoiffés de pouvoir. En réalité, derrière chaque membre se cache un dragon. Car, dans l’univers imaginé par Pierre Pevel, les dragons existent et même s’ils ont été combattus il y a bien longtemps par de puissantes magiciennes, ils n’ont pas disparu pour autant. Ce sont surtout des dragons de seconde génération car l’espèce a évolué. En effet, ce ne sont plus ces créatures ailées cracheuses de feu, enfin presque plus. Ici, l’âme des dragons a investi le corps d’hommes et de femmes pour faire perpétuer la race et vivre en toute discrétion au côté des humains. Dans cette trilogie, la Griffe noire agit pour le compte de la Grande Loge d’Espagne car les membres dont fait partie la délicieuse mais diabolique duchesse de Malicorne vont tout faire pour instaurer une Grande Loge en France. A côté de cette société secrète, existe un groupe de dragons que l’on appelle les Arcanes, sans doute encore plus puissants et plus fous que les membres de la Griffe noire eux-mêmes. Leur chef l’Hérésiarque, littéralement chef d’une secte hérétique, est prêt à tout pour s’emparer du pouvoir jusqu’à libérer un vrai dragon pour mettre Paris à feu et à sang et détruire ainsi les Sœurs Châtelaines, ces religieuses qui sont les seuls remparts capables de mettre fin aux agissements de ces diaboliques créatures.
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Face à ces différentes menaces, un groupe d’hommes et une femme vont risquer leur vie pour déjouer les plans perfides des dragons. Ce sont les Lames du Cardinal constituées de Ballardieu, Marciac, Leprat, Almadès, Agnès, Laincourt et commandées par le capitaine Lafargue. De fines lames ingénieuses et presque imbattables en combat singulier. Il fallait bien une telle communauté de héros pour se soulever contre les nombreuses menaces qui courent dans tout le royaume car à chaque tome ces représentants du Bien auront une nouvelle quête à mener, celle d’éloigner tout danger de la couronne de France. Ainsi, entre les deux côtés va s’ériger une lutte entre le Bien et le Mal, caractéristique majeure à la littérature fantasy. D’autre part, la magie occupe une place de premier ordre dans cette fresque historique. Elle se manifeste bien évidemment par l’intermédiaire de créatures chimériques tirées du bestiaire merveilleux avec le dragon, le dragonnet ou encore la wyverne. Mais aussi par des objets magiques comme les fameux miroirs ensorcelés capables de révéler la véritable nature de dragon que cachent certaines enveloppes charnelles très humaines. Ainsi que par les pouvoirs magiques que possèdent certains personnages comme les Sœurs de Saint-Georges qui ne sont pas de simples religieuses puisque la possession de lames taillées en draconite d’une part, et de sphère d’âme d’autre part leur permettent de combattre, voire de vaincre de véritables dragons. Pierre Pevel symbolise ici la lutte entre les protestants et les catholiques, par celle des Sœurs Châtelaines contre les dragons. En conclusion de sa saga, il propose même une nouvelle interprétation à la naissance obscure de Louis XIV, pour laquelle la Griffe noire pourrait bien y avoir joué un rôle majeur...
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Avec une bibliographie aussi riche et largement orientée uchronie de fantasy, Pierre Pevel s’inscrit assurément comme un auteur de référence en littérature fantasy. D’autant plus que l’uchronie en fantasy demeure assez méconnue. C’est donc une jolie manière pour cet écrivain de se démarquer des autres et de marquer le genre plus en profondeur. Ainsi, il plonge le lecteur dans une grande fresque historique dans laquelle le merveilleux prend toute sa mesure.


Fantasy à la carte

A lire sur le blog, mes avis sur le cycle Le Paris des Merveilles : Les Enchantements d'Ambremer, L'Elixir d'Oubli et Le Royaume Immobile, sur le cycle des Lames du Cardinal : tome 1, 2 et 3, ainsi que le cycle Haut-Royaume : Le Chevalier et L'Héritier

Terry Brooks

terry brooks
Terry Brooks est né le 8 janvier 1944 dans l’Illinois aux Etats-Unis. Même s’il a toujours souhaité devenir écrivain, il commence d’abord par faire des études de droit et exerce le métier d’avocat dans un petit cabinet de Chicago. C’est en lisant en 1965 Le Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien, que Terry Brooks décide de se consacrer à l’écriture de fantasy.
l'épée de shannara
D’ailleurs pour son premier roman, L’Épée de Shannara, il va même jusqu'à s’inspirer largement des œuvres de JRR Tolkien et de William Faulkner. Mais il ne met pas moins de sept années avant de l’envoyer aux éditions Ballantine. Remarqué par la toute nouvelle directrice de collection fiction/fantasy, et surtout par son époux, l’auteur Lester del Rey, Terry brooks reçoit de ce dernier une lettre d’encouragement lui déclarant que son manuscrit pourrait même « devenir le meilleur roman de fantasy épique depuis Le Seigneur des Anneaux ». Suite à cela, Lester del Rey lui propose de l’aider à retravailler son manuscrit afin de le rendre publiable. Et c’est ainsi que parait en 1977 le premier tome de sa grande saga de Shannara. C’est un véritable succès d’édition et figure même sur la liste des best-sellers du New-York Times.
les pierres elfiques
Face à ce succès, son éditrice Judy-Linn Del Rey lui commande une suite. Terry Brooks écrit donc un roman s’intitulant La chanson de Loreleï qui raconte l’histoire d’une jeune femme capable de créer des enchantements en chantant. Mais le manuscrit ne plaît pas au couple Del Rey. Il reprend donc tout à zéro et en écrit un autre qui va s’intituler cette fois-ci Les pierres elfiques. Ce dernier étant d’ailleurs considéré comme son meilleur roman selon de nombreux lecteurs.
l'enchantement de shannara
Quant à l’ultime tome de sa première trilogie : L’Enchantement de Shannara, il reprend les bases de La chanson de Loreleï en s’inspirant du chant des sirènes de la mythologie qu’il transpose sous la forme d’un pouvoir magique se manifestant à travers le chant de certains de ses personnages pour illusionner ou défendre.
le premier roi de Shannara
Cette saga de Shannara se compose de quatre cycles : La trilogie de Shannara, L’héritage de Shannara, Le voyage du Jerle Shannara, et Le haut druide de Shannara. Auxquels il faut ajouter un préquel : Le premier roi de Shannara. En écrivant quatorze tomes, Terry Brooks développe avec soin son univers de high fantasy dans lequel la famille Shannara, puis leurs descendants les Ohmsford prennent la tête de quêtes afin d’assurer la défense du royaume des Quatre Terres et la survie des races, menacées par des forces maléfiques toujours plus féroces. A l’image de La Terre du Milieu, le royaume des Quatre Terres possède une géographie précise avec au Nord les Terres du Nord peuplées par les gnomes ; au nord-ouest le territoire de Kershalt, refuge des trolls ; à l’ouest les Terres de l’Ouest, royaume des elfes ; au sud les Terres du Sud où vivent les hommes ; et à l’est les Terres de l’Est divisées en deux régions : l’Anar supérieur et l’Anar inférieur occupées par les nains.

La spécificité de Terry Brooks est de faire correspondre à chaque tome l’histoire d’un
membre de la famille Shannara qui se retrouve enrôlé dans une lutte entre le Bien et le Mal afin de préserver leur royaume. Bien qu’il ait été accusé de plagiat à la publication de son premier tome en raison des similitudes avec l’œuvre de JRR Tolkien, Terry Brooks a su par la suite s’affranchir de son modèle. En effet, Les pierres elfiques mettant en scène un jeune Valombrien contraint de partir en quête d’une épée magique pour sauver le royaume des Quatre Terres n’est pas sans rappeler le destin du hobbit Frodon chargé d’emmener l’Anneau Unique au cœur du Mordor afin de le détruire et de sauver ainsi la Terre du Milieu. Néanmoins, en lisant la suite de cette saga de high fantasy, il n’est pas seulement question de lire l’histoire d’un héros malgré lui, mais plutôt de suivre le destin de toute une famille dont la vie est étroitement liée à la protection du royaume, et à la survie des races. D’autre part, comme tout écrit de high fantasy, la magie occupe une place omniprésente. Elle se manifeste de différentes manières, aussi bien à travers le pouvoir des druides, les nombreux objets ensorcelés, les créatures magiques que le pouvoir de l’enchantement de Shannara.

livres-la-sorciere-d-ilse, le voyage du Jerle shannara 1Antrax, le voyage du jerle shannara2Morgawr, le voyage du jerle shannara3Jarka Ruus, le haut druide de Shannara1Tanequil, le haut druide de shannara2Straken, la haut druide de shannara3
Le royaume magique de Landover1

Bien que la saga de Shannara demeure sa plus grande œuvre, Terry Brooks se verra inspirer une autre saga de fantasy par Lester Del Rey. En effet, ce dernier lui souffle l’idée d’écrire un roman racontant l’histoire d’un homme qui achète un royaume magique sur un catalogue de Noël. Pour l’écriture du premier tome, Terry s’inspire de sa propre personne en mettant en scène un avocat désabusé de Chicago, mais aussi de Lester Del Rey à travers le personnage de Meek, le vieux magicien qui vend à l’avocat le fameux royaume magique. Le Royaume magique de Landover correspond plutôt à une fantasy urbaine et se compose de six tomes.

Ainsi, en alliant humour et aventure épique, Terry Brooks donne à sa fantasy tous les ingrédients indispensables à la création de cycles littéraires qui deviennent des œuvres incontournables du genre.