L'influence du "gaming" à la littérature

Google console

accueil2

accueil2

21/05/2022

Lily Davinni, Apprentie, tome 1, La Dernière Sorcière aux Yeux d'Or, éditions Inceptio

Lily Davinni, Apprentie, tome 1, 
La Dernière Sorcière aux Yeux d'Or
éditions Inceptio

Lors de la première édition de Terres d'Imaginaire, Lily Davinni a su me convaincre de lire sa duologie, La Dernière Sorcière aux Yeux d'Or, paru aux éditions Inceptio. Néanmoins, en raison d'une pile de livres à lire démesurée, je n'avais pas encore eu l'occasion de m'y plonger jusqu'à aujourd'hui. Heureusement, je viens de rectifier le tir et j'en suis ravie car j'ai particulièrement apprécié ma lecture. 

A Belle-Rose, la vie d'Elena pourrait s'écouler paisiblement si elle n'était pas la cible perpétuelle des pestes du village, toutes filles de notables de la région. Pourquoi un tel acharnement sur sa personne ? Simplement pour sa différence car elle arbore une paire de yeux d'or qui lui vaut la réputation d'être une maléfique sorcière. Persécutée, harcelée et violentée à chacune de ses sorties au village, Elena n'est pas épargnée et s'enfonce toujours plus profondément dans la solitude. Un jour, alors que la pire mégère du groupe s'attaque violemment à elle, la jeune fille la repousse avec colère, et l'envoie valdinguer au loin par une simple poussée de sa main, auréolée de lumière. Paniquée, elle s'enfuit dans les bois pour se protéger de la vindicte populaire qui ne va pas manquer de s'abattre sur ses frêles épaules maintenant que le doute à son sujet est confirmé. Perdue, elle ne réalise pas ce qui lui arrive jusqu'au moment où celle que l'on appelle La Recousue la recueille et lui révèle la vérité sur ses origines. Elle n'est donc pas la fille de fermiers mais est en réalité la dernière d'une lignée de puissantes sorcières toutes décimées par le terrible Barral. Son destin est de retourner à Alatar afin de sauver les siens du mal qui les menace. L'acceptera-t-elle ? Et surtout sera-t-elle à la hauteur ? 

La Dernière Sorcière aux Yeux d'Or est un récit d'heroic-fantasy qui confronte deux mondes qui s'ignorent. L'un est à l'image du nôtre dépourvu de magie et l'autre est peuplé de créatures oniriques, de sorcières ainsi que de monstres maléfiques. Ce monde s'appelle Alatar et c'est lui qui sert d'écrin à cette histoire. A cause de l'influence néfaste et grandissante de Barral, Alatar a perdu de son éclat. Le mal a commencé à s'infiltrer partout rendant les lieux de moins en moins sûrs. L'équilibre maintenu par le clan des sorcières aux yeux d'or est rompu et les royaumes sont divisés, repliés pour la plupart sur eux-mêmes. C'est un monde déclinant dont le salut dépend de la puissance d'une apprentie sorcière. Sous la plume de Lily Davinni, la magie s'exprime essentiellement par l'entremise de sorcières reconnaissables à la couleur dorée de leurs yeux, qui tirent leurs pouvoirs des quatre éléments de la nature : le feu, l'eau, la terre et l'air. Peu ont survécu au génocide perpétré par Barral, alors on ne mesure pas encore pleinement l'étendu de leur puissance. D'autant que l'on découvre ce monde à travers le regard d'une novice qui vient à peine de se découvrir des pouvoirs. 

L'intrigue de La Dernière Sorcière aux Yeux d'Or repose sur un duo de personnages dont les relations explosives viennent bien pimenter la lecture. En effet, Elena va donner beaucoup de fil à retordre à Even en tentant à plusieurs reprises de lui fausser compagnie pour échapper à ce destin qu'elle ne veut pas. Rejetée par les autres, Elena est une jeune héroïne qui manque de confiance en elle. Néanmoins, de toutes ses attaques subies, elle a su en faire une force et se montre très résiliente au point de s'être forgé un caractère affirmé. Entre ses forces et ses faiblesses, Elena est un personnage dont on se sent proche. C'est une héroïne en devenir qui emprunte le difficile mais nécessaire chemin de l'apprentissage pour lui permettre d'atteindre tout son potentiel. A ses côtés se tient le charismatique Even, un protagoniste qui oscille entre ombre et lumière. Sombre de par son caractère ombrageux, Even incarne la figure du chevalier qui se veut protecteur du plus faible mais fait souvent preuve de maladresse. Even est un héros très beau mais aussi très solitaire, ce qui le rend encore plus fascinant. L'autrice reste parcimonieuse dans les détails à son sujet, ce qui lui confère une aura de mystère que l'on rêve de voir levé. Tous deux forment un tandem explosif plaisant à suivre qui s'accorde finalement très bien à ce récit riche en péripéties. 

18/05/2022

Adrien Tomas, L'Empire des Abysses, tome 2, Vaisseau d'Arcane, éditions Mnémos

Adrien Tomas, L'Empire des Abysses, tome 2, 
Vaisseau d'Arcane, éditons Mnémos

S'il y a bien une sortie des éditions Mnémos que j'attendais en cette année 2022, c'est bien celle du dernier volet de Vaisseau d'Arcane d'Adrien Tomas. Pour avoir eu un gros coup de cœur pour le premier tome, Les Hurleuses, édité en 2020, dans le cadre de la rentrée de la fantasy des Indés de l'Imaginaire, j'avais hâte de découvrir le fin mot de l'histoire. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Nathalie Weil pour l'envoi de ce service de presse. 

Suite au coup d'état perpétré par les Abysses et grâce à une complicité interne, le Grimmark est tombé. Officiellement les Poissons-crânes n'ont agit que dans le but louable de mettre fin à la corruption de l'empire mais en réalité, ils cherchent simplement à s'emparer de l'Arcane. Dissimulée au cœur des Hurleuses, la source de toute magie est en danger. La protection des Orchidiens ne suffit plus et l'urgence est de la déplacer pour éviter qu'elle ne tombe entre de mauvaises mains. Sofena et Solal se sont joints à la poignée de résistants pour tenter le tout pour le tout. Dans cet ultime combat, chacun aura un rôle à jouer et chaque action sera décisive pour faire basculer la situation dans un sens ou l'autre. 

L'Empire des Abysses est une pièce maîtresse du vaste monde imaginé par Adrien Tomas car non seulement ce roman conclut cette duologie de Vaisseau d'Arcane, mais apporte également de nouvelles clés de compréhension quant à ses autres livres qui partagent ce même univers. En effet, en plaçant l'Arcane au cœur des enjeux narratifs de ce roman, Adrien Tomas lève totalement le voile sur la mécano-magie qui imprègne chacun de ses textes. Avec ce roman, on prend de la hauteur pour mieux appréhender le fonctionnement des mondes crées par l'auteur, ainsi que la genèse des peuples et des créatures établis ici ou là. 

Entre Vaisseau d'Arcane, Engrenages et Sortilèges et Dragons et Mécanismes, Adrien Tomas a relevé le défi de bâtir un univers steampunk et merveilleux sous la forme de plusieurs roman-compagnons s'adressant tantôt à la jeunesse, tantôt à un public plus adulte. Même si chacun des livres peut se lire de manière indépendante, je vous recommande tout de même la lecture de tous afin d'apprécier au mieux le travail incroyable réalisé ici. D'autant que la plume d'Adrien Tomas est si immersive qu'il serait dommage de se priver de ses fabuleux récits. 

Dans L'Empire des Abysses, l'auteur conserve ce même rythme d'action qui a fait le succès du premier tome. Si dans Les Hurleuses, on était happé par une quête plus restrictive consistant au sauvetage de Solal par Sofena, L'Empire des Abysses s'ouvre davantage sur une mission plus globale : la sauvegarde des différents royaumes par la mise en sécurité de l'Arcane. Les chapitres sont relativement courts et s'enchaînent très rapidement en nous faisant sauter d'un point de vue à l'autre. Avec ce tome deux, les moments critiques de l'action atteignent leur paroxysme à travers les nombreux rebondissements du récit, du fait notamment des retournements de veste de certains personnages. Le suspense est maintenu jusqu'au bout ne nous dévoilant tous les secrets que dans les dernières lignes. 

16/05/2022

Scarlett St Clair, A touch of darkness, tome 1, Hadès & Perséphone, éditions Hugo

Scarlett St Clair, A Touch of Darkness
tome 1, 
Hadès & Perséphone, éditions Hugo

Gros succès littéraire outre-Atlantique, Hadès & Perséphone débarque dans une quinzaine de pays, dont la France. 

Écrite par l'autrice américaine Scarlett St Clair, cette série connaît d'abord le succès en autoédition avant d'être remarquée par Bloom Books et vendu à 500 000 exemplaires.

Le premier volet, A Touch of Darkness vient juste d'être édité par les éditions Hugo. Or, j'ai eu l'honneur d'être contacté par la maison d'édition pour le lire dans le cadre d'un partenariat, je les remercie donc pour l'envoi de ce service de presse. 

Perséphone a obtenu l'autorisation de sa mère pour vivre parmi les mortels, à Nouvelle-Athènes. Elle y termine des études de journalisme et vient même de décrocher un stage au New Athens News. Pour fêter ça, sa colocataire et meilleure amie Lexa l'entraîne dans la boîte branchée appartenant à Hadès. Peu encline à rencontrer le roi des enfers, elle accepte néanmoins pour faire plaisir à son amie. Bien mal lui en a pris puisqu'elle y fait la connaissance d'un séduisant inconnu qui lui propose un jeu qu'elle ne peut refuser. Mais quand on ne maîtrise pas toutes les règles, il est préférable de ne pas parier. Pourra-t-elle résister à l'interdit ? Et défier durablement sa mère ?

Passionnée par la mythologie grecque, Scarlett St Clair nous donne, avec sa saga, une vision très moderne du mythe d'Hadès et Perséphone. En effet, elle a transposé la Grèce antique dans une version contemporaine où les mythiques cités se voient rebaptisées par l'ajout du préfixe nouvelle devant leur nom et sont de véritables cœurs bouillonnants d'activités diurnes et nocturnes.

Ainsi, les dieux y sont starisés et possèdent, pour certains, des night-clubs où il est bon pour tout mortel de s'y afficher dans l'espoir de taper dans l'œil de l'un d'eux. 

Si certains vivent parmi les humains sous leur véritable apparence, d'autres, à l'image de Perséphone, préservent leur anonymat par des charmes dissimulant leurs attributs divins. 

Dans Hadès & Perséphone, Scarlett St Clair confronte deux mondes, celui très jet-setteur hollywoodien de la jeunesse huppée qui s'affiche dans les soirées branchées et celui plus mystérieux de l'antre des dieux. En effet, ici on explore longuement le monde d'en-bas grâce aux incursions que Perséphone y fait. Contre toute attente, le royaume d'Hadès nous apparaît comme un havre de paix accueillant les âmes avec bienveillance. Grâce au pouvoir illusionniste du seigneur des ténèbres, ces lieux regorgent de vie, notamment végétale. Si l'autrice y introduit des éléments connus comme le fleuve Styx ou le pré de l'Asphodèle, elle dessine également les contours d'un univers grandiose et merveilleux qui ne demande qu'à être exploré. 

Comme l'annonce le titre de cette saga, Perséphone et Hadès y occupent les premiers rôles. D'ailleurs, l'autrice a fait un gros travail sur ses personnages en réussissant le tour de force de créer une proximité avec les lecteurs, en dépit de leur caractère divin. En effet, en explorant la relation qu'ils construisent, Scarlett St Clair  les a déshabillé de leurs atours divins pour nous brosser le portrait de deux êtres qui entrent peu à peu dans un jeu de séduction pour mieux se plaire. 

En adoptant l'identité d'une simple mortelle, on fait la connaissance d'une Perséphone remplie de doute et de contradiction. Elle est une déesse sans pouvoir, écrasée par l'aura d'autorité de sa mère dont elle essaye de s'émanciper. Mais, n'arrivant point à trouver sa place parmi les Olympiens, elle se cherche du côté des mortels. Sous la plume de Scarlett St Clair, elle prend les traits d'une héroïne pleine d'empathie et de ténacité mais qui manque cruellement de confiance en elle. Or, c'est grâce à sa relation avec Hadès qu'elle va se révéler à elle-même et prendre enfin la mesure de sa puissance. 

Quant à Hadès, il nous apparaît sans surprise comme le prince ténébreux décrit dans la mythologie grecque. Irrésistible, séducteur et dangereux sont autant de qualificatifs qui lui vont bien, néanmoins l'autrice lui a, tout de même, ajouté  une certaine fragilité qui se traduit par sa timidité vis-à-vis de Perséphone. Peu familier dans l'expression de ses sentiments, Hadès va devoir concéder son autorité pour laisser la place à la patience et à la prévenance. Il est complexe et énigmatique et on ne découvre ses différentes facettes qu'au fil du roman en même temps que Perséphone elle-même. Mais le moins que l'on puisse dire est qu'il est un être des plus déroutants. 

Hadès & Perséphone est une romance sensuelle et charnelle qui érotise beaucoup ses personnages. Clairement, leurs qualités de divinités facilitent les choses puisqu'ils ne peuvent être que magnifiques et magnétiques. Ce choix de genre est donc bien approprié, d'autant que le récit est d'une grande fluidité et la lecture n'en est d'ailleurs que plus addictive.

13/05/2022

Christophe Guillemain, La Marche de l'Enfant-Saule, éditions Kelach

Christophe Guillemain & Nadia M, La Marche de l'Enfant-Saule, éditions Kelach

Alors que son roman L'Enterrement des Etoiles a été publié par les éditions Mnémos, dans le cadre des pépites de l'Imaginaire des Indés de l'Imaginaire, Christophe Guillemain est également l'auteur d'un roman jeunesse. Il s'agit de La Marche de l'Enfant-Saule qui, lui, a été édité par les éditions Kelach, en décembre 2021. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Kelach, je remercie Frédéric Gobillot pour l'envoi de ce service de presse. 

A Essdonc, Vitor vit paisiblement avec ses parents et ses sœurs jusqu'au jour où l'impensable survient en l'apparition d'une étrange bosse au sommet de son crâne se transformant bien vite en une jeune pousse de saule. Pour le médecin, le diagnostic est sans appel, il souffre de l'errance. Une seule solution s'impose, celle de s'engager sur le sentier de la guérison qui traverse la forêt d'Ulwenn. Mais pour un si jeune garçon, quitter les siens et affronter l'inconnu n'est pas chose aisée d'autant que les dangers ne manqueront pas de survenir. 

La Marche de l'Enfant-Saule est un conte qui nous attache aux pas d'un jeune garçon, propulsé dans une aventure semé d'embûches. Sur le modèle du récit initiatique, Christophe Guillemain en a repris le motif de la quête puisque Vitor, atteint d'un mal terrible, doit affronter mille épreuves au fil de ses pérégrinations sur ce chemin de la guérison. 

Dans ce livre, l'auteur nous plonge dans un univers imaginaire peuplé de créatures et de phénomènes merveilleux. Cette histoire prend cadre dans une forêt mystérieuse dans laquelle les personnages de Christophe Guillemain sont notamment amenés à traverser un labyrinthe, à découvrir une gare qui ne mène nulle part, à visiter une demeure hantée ou encore à mettre la main sur le seigneur des lieux. 

Christophe Guillemain emprunte certains éléments à d'autres contes, glisse ici ou là des références littéraires pour instaurer un jeu de pistes valable autant pour ses protagonistes que pour ses lecteurs. 

Tout comme son roman, L'Enterrement des Etoiles, La Marche de l'Enfant-Saule dégage la même poésie propre à cette plume. En effet, on retrouve ici une musicalité des mots typique des contes. D'ailleurs, ce n'est pas la seule chose que ces deux textes partagent puisque l'on retrouve certains personnages qui passent de l'un à l'autre. De même que l'on avait fait connaissance de l'existence d'enfants atteints du même mal que Vitor même si Christophe Guillemain n'avait que peu expliqué ce phénomène. Au contraire de La Marche de l'Enfant-Saule qui place l'errance au cœur des enjeux narratifs. Pour l'auteur, c'est l'occasion d'explorer la thématique de la maladie, notamment lorsqu'elle touche un enfant. Derrière son histoire, il s'intéresse à la meilleure manière de l'appréhender, de l'accepter et de la vaincre grâce au soutien, à l'espoir et à la foi en soi. Il met également en exergue l'importance du regard que l'autre porte sur ladite maladie, aussi un regard bienveillant est une aide précieuse, contrairement à l'indifférence, l'incompréhension et le rejet. 

09/05/2022

Samantha Shannon, Saison d'Os, tome 1, Bone Seasons, éditions J'ai Lu Imaginaire

Samantha Shannon, Saison d'os, tome 1, 
Bone Season, éditions J'ai Lu Imaginaire

Alors que son roman de fantasy, Le prieuré de l'oranger est un phénomène en librairies, Samantha Shannon est également l'autrice d'un autre cycle. Il s'agit de Bone Season, une dystopie déjà très remarquée et dont une adaptation est prévue prochainement.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse.

A Scion-Londres, Paige a intégré la pègre des clairvoyants. Dans ce monde où les gens comme elle, sont traqués car considérés comme anormaux, elle se sent enfin à sa place et appréhende mieux son don.  Elle est une marcherêve, autrement dit, elle a la capacité de pénétrer dans l'esprit des gens pour y récolter des informations. Un jour, alors qu'elle a l'imprudence d'emprunter le métro pour aller chez son père, son wagon est contrôlé. Très vite, cela dégénère, elle se défend en se servant de son don, tue l'un des contrôleurs et met l'autre hors service. Mais pas le temps de s'appesantir davantage, elle prend la fuite et trouve refuge chez son père. Néanmoins, dans une société de surveillance, on n'échappe pas longtemps aux autorités. Elle est donc arrêtée peu après et transférée dans la colonie pénitentiaire d'Oxford pour y être officiellement rééduquée. Maintenant, elle n'a plus qu'un seul but, celui de s'enfuir. 

Dans Bone Season, Samantha Shannon nous immerge dans le Londres d'un futur proche, en 2056, contrôlé par une organisation tentaculaire nommée Scion qui a également la main mise sur de nombreuses autres capitales européennes.

Dans ce monde technologique, vit également de manière clandestine une communauté de clairvoyants, des hommes et des femmes ayant la capacité d'interagir avec l'éther. Parmi eux, sept catégories se distinguent : les devins, les augures, les médiums, les sensoriels, les gardiens, les furies et les sauteurs. Si les devins et les augures prédisent l'avenir, les sensoriels, eux, peuvent canaliser l'éther et les gardiens sont les mieux placés pour maîtriser les esprits. Quant aux furies, ils rejoignent les rêves par l'entremise de l'éther, tout comme les sauteurs qui peuvent même avoir une grande influence dessus. On les reconnait grâce à la couleur de leur aura qui est propre à leur don. Traqués par les employés de Scion, ils doivent faire profil bas pour échapper à leur vigilance. Or, pour se ménager une plus grande chance de survie, ils peuvent aussi rejoindre le réseau mafieux qui quadrille Scion-Londres et qui recrute les clairvoyants les plus prometteurs. Sous la houlette de son seigneur-mime, Jaxon Hall, Paige y évolue en eaux troubles, flirtant perpétuellement avec le danger, jusqu'à son arrestation. 

Conduite à Oxford, une colonie pénitentiaire où les clairvoyants sont censés être éduqués par des Rephaïms, des individus venus d'ailleurs qui orchestrent chaque année un rapt des anormaux afin d'en faire leurs esclaves, des amuseurs pour certains, des réservoirs à pouvoirs pour d'autres, ainsi que des boucliers chargés de défendre la cité en cas d'attaques émim pour le reste. Sous la plume de Samantha Shannon, Oxford est devenu un lieu terrifiant où cette minorité de personnes aux pouvoirs extraordinaires est exploitée et retenue captifs. Beaucoup y meurent soit des mauvais traitements subis, soit parce que les Rephaïms les vident littéralement de leur substance. C'est là que débarque la jeune Paige. Elle est immédiatement placée sous la surveillance du gouverneur Arcturus qui est en charge de l'aider à développer ses talents. Une considération qui en étonne plus d'un et lui vaut même l'animosité de certains car l'éminent gouverneur n'a pas l'habitude de s'impliquer dans la formation des nouvelles recrues. 

Saison d'os pose les bases d'un univers âpre et sombre qui nous dessine les contours d'un avenir inquiétant. Dans un monde dominé par une caste, la vie des citoyens est réglementée et la différence est traquée afin que jamais elle ne vienne remettre en cause leurs pouvoirs suprêmes. L'autrice a également ajouté à son texte une bonne couche de merveilleux qui s'exprime à travers les dons extraordinaires que possèdent certains de ses personnages. Des pouvoirs que l'autrice a volontairement entouré de mystères quant à leurs origines, tout comme celle des Réphaims, d'ailleurs, censés venir de l'Outre-Monde. 

Saison d'os inaugure un cycle addictif riche d'une intrigue originale et captivante. L'écriture y est ciselée, le style, lui, est d'une grande fluidité. On est happé dès les premières lignes sans jamais y trouver l'ennui.