L'influence du "gaming" à la littérature

Google console

accueil2

accueil2

01/04/2021

Silène Edgar & Paul Beorn, 14-14, éditions Catselmore

Silène Edgar & Paul Beorn, 14-14, éditions Castelmore

Pour fêter la sortie très attendue de la suite de Calame, les blogueuses de Book en Stock ont décidé de redonner la parole à son auteur, Paul Beorn, à l'occasion d'un nouveau "Mois de". Je les remercie de m'avoir invitée à venir participer à l'événement.

Mais je ne vais pas vous parler ici de ce second tome car je ne l'ai pas encore lu. En revanche, je me suis intéressée à l'un de ses livres, destiné à la jeunesse. Il s'agit de 14-14 qu'il a co-écrit avec Silène Edgar. Je remercie les éditions Castelmore pour l'envoi de ce service de presse. 

Dans ce roman épistolaire, on découvre la vie de deux jeunes garçons, à travers les lettres qu'ils s'échangent. Ils se pensent cousins mais en réalité un centenaire les sépare. En effet, Adrien vit en 2014 et comme beaucoup d'adolescents, il connait ses premiers émois même s'il ne sait pas comment avouer ses sentiments à sa meilleure amie, Marion. Quant à Hadrien, en cette année 1914, il est complètement obnubilé par l’obtention de son certificat d'études car c'est le précieux sésame qui lui permettrait d'accéder au petit lycée. Enfin si son père le lui permet et pour le moment ce n'est pas dit qu'il accepte de voir son fils unique suivre une autre voie que celle de reprendre la ferme familiale. Mais ce qu'il ignore, c'est qu'un grand danger le guette, alors pas sûr qu'il puisse réaliser ses rêves, à moins qu'Adrien l'y aide ? 

Deux époques, deux destins, une histoire. 

14-14 nous immerge à tour de rôle dans deux époques distinctes avec beaucoup de crédibilité. Les auteurs ont parfaitement respectés les mentalités et les niveaux de langage que l'on s'attend à trouver en 1914 et en 2014. 

A travers ces échanges épistoliers, on prend conscience des profondes transformations sociétales que la France a connu en cent ans. 

Les auteurs confrontent ici deux mondes où la manière d'écrire et de s'exprimer, au regard du contenu de ces lettres dans leur forme, a bien évolué. Cependant, les préoccupations adolescentes demeurent identiques, à savoir la réussite scolaire, l'amitié et l'amour. 

Paul Beorn et Silène Edgar nous attachent à deux jeunes héros très touchants dans leur histoire personnelle. En effet, ils sont tous les deux pris dans la tourmente de leurs sentiments et de leurs espoirs. Au fil de leurs correspondances, ils s'attachent même l'un à l'autre car chacun voit dans l'autre, le confident dont il a besoin à ce moment de sa vie. Ainsi, ils se conseillent et se soutiennent. Les suivre est un vrai plaisir. 

Les enjeux sont multiples d'autant que l'ombre de la guerre plane sur Hadrien. Dès lors qu'Adrien comprend qu'ils ne vivent pas dans la même époque, il n'aura de cesse de tout mettre en oeuvre pour sauver Hadrien du funeste destin qui l'attend.

C'est toute l'originalité de ce texte qui réunit deux garçons qui n'auraient jamais dû se connaître. A travers cette fantastique boîte aux lettres, apparue comme par enchantement en face du domicile d'Adrien, ils peuvent se parler. La magie opère immédiatement et on adhère pleinement au concept. Bien qu'écrit à quatre mains, la lecture se fait sans heurt, l'histoire est d'une grande fluidité et on demeure totalement sous le charme de ces deux plumes qui se mêlent harmonieusement. Captivés par ces destins ballottés par la vie, 14-14 nous happe jusque dans les dernières lignes. 

Authentique et poignant, 14-14 est une belle entrée dans l'étude de cette période sanglante de l'Histoire. 

Changement de registre réussi pour Paul Beorn qui a délaissé un temps l'écriture d'une fantasy adulte pour s'adresser à un public plus jeune. 

Déjà récompensé pour son premier roman, c'est un vrai plaisir que de renouer avec cette plume incontournable de l'Imaginaire français, ainsi que de découvrir celle, non moins extraordinaire, de Silène Edgar. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Calame (tome 1) et Le Septième Guerrier-Mage

Informations

Silène Edgar & Paul Beorn
14-14
9782362311192
320 pages
Editions Castelmore

30/03/2021

Jean Krug, Le Chant des Glaces, éditions Critic

Jean Krug, Le Chant des Glaces, éditions Critic

En avril, les éditions Critic donnent la parole à une nouvelle voix de l'Imaginaire. Celle de Jean Krug qui signe avec Le Chant des Glaces, un premier roman de science-fiction captivant. 

Dans Le Chant des Glaces, l'auteur nous emmène à Delas, une planète glaciaire où des milliers de prisonniers extraient quotidiennement les ressources alimentant en eau le reste de la galaxie. Seulement l'eau n'est pas le seul enjeu de cette planète car au cœur des glaciers, naît le cryel, une fabuleuse source d'énergie. Seuls les plus agiles des détenus sont capables de le repérer. On les appelle les chanteurs. Justement Bliss et Ferley sont de vrais virtuoses mais ce sont aussi les insurgés les plus acharnés de Delas. Deux vraies épines dans le pied du gouverneur de cette planète qui voit un double intérêt d'envoyer ces deux lascars au casse-pipe, à savoir dénicher un cryel parfait au cœur du plus gros glacier. Accompagnés d'un ancien pilote déchu et d'une scientifique exilée, les deux chanteurs réussiront-ils à trouver ce cryel parfait, objet de toutes les convoitises ? L'enjeu est énorme et la trahison pas loin, alors pourront-ils réellement triompher dans cette quête utopique insensée ? 

Dans Le Chant des Glaces, l'action se déroule à des années lumières de la Terre. Perdue dans la galaxie, Jean Krug a posé ses valises sur une planète qui sert de bagne à des milliers de détenus. Dans l'univers imaginé par l'auteur, les hommes ont gagné leur pari d'aller coloniser d'autres planètes grâce à des vaisseaux spatiaux à la technologie avancée. L'intelligence artificielle étant passée par là, ces puissants véhicules sont capables de distordre l'espace pour se déplacer avec rapidité dans la galaxie.

Jean Krug a fait de Delas, une planète glaciaire car la glace n'a aucun secret pour lui. Il ne compte plus ses nombreuses expéditions en Antarctique, en Alaska ou au Groenland. Il a donc mis sa parfaite connaissance des glaciers au service de sa plume afin de donner une totale crédibilité aux explorations de ces montagnes de glace menées par les fameux "chanteurs". 

A l'image de ses héros qui se servent de leurs piochons avec une belle dextérité, l'auteur fait de même avec sa plume pour nous entraîner dans un staccato très rythmé. 

Le Chant des Glace repose sur une poignée de personnages aux fortes personnalités. Parmi eux, il y a Bliss, une femme écorchée par la vie, frondeuse et grande gueule. Elle ne se laisse dictée sa conduite par personne. Autant se dire qu'elle représente à elle seule, un personnage coup de poing. A ses côtés se trouve Ferley, un homme plus pondéré. Il fait souvent le tampon et incarne le lien qui unit l'équipe envoyée explorer le glacier de Goliath. C'est un protagoniste pivot sur lequel repose la réussite de cette mission. Enfin, il y a Jennah, la scientifique de la bande. Glaciologue émérite, à force de recherches, elle est devenue experte du cryel. Idéaliste, elle y voit une énergie qui servira toute l'humanité. Seulement, elle va vite se retrouver en but aux gouvernements en place qui ne voient, eux, que leurs propres intérêts. 

A travers ses personnages, Jean Krug insuffle à son récit un vent de rébellion et une lutte acharnée pour la liberté. 

"L'indignation, c'est le premier acte de résistance et le dernier acte qui te distingue de l'asservissement total. Réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi !"

Derrière cette fiction, l'auteur met en lumière les accords secrets que peuvent nouer des gouvernants au pouvoir afin de servir leurs intérêts personnels, au détriment de ceux de la collectivité. Ainsi va le monde, aussi bien sur Terre que sur n'importe où dans la galaxie. Il y aura toujours des esprits rusés qui chercheront à s'enrichir sur le dos du plus grand nombre.

Le Chant des Glaces est un roman engagé sur bien des points, et notamment au niveau écologique. En effet, Jean Krug profite de sa parfaite connaissance du terrain pour nous rappeler les terribles conséquences de la fonte des glaciers. 

Pour un premier roman, Jean Krug se fait l'auteur d'une intrigue bien construite, doublée d'un suspense haletant. 

Sans être une grande amatrice des univers de science-fiction, j'avoue mettre laisser porter par cette histoire ambitieuse. 

Nouveau venu dans le monde de l'Imaginaire, Jean Krug est un auteur dont il faudra assurément suivre l'actualité. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mon avis sur La Cité d'Ivoire.

Informations

Jean Krug
Le Chant des Glaces
9782375791882
384 pages
Editions Critic

26/03/2021

Jean-Laurent Del Socorro, Les derniers jours de Boutae, tome 4, Les Chevaliers de la Raclette, éditions La Marmotte

Jean-Laurent Del Socorro, Les derniers jours de Boutae, tome 4, 
Les Chevaliers de la Raclette, éditions La Marmotte

Les Chevaliers de la Raclette sont de retour en librairies. Pour ce quatrième opus, c'est Jean-Laurent Del Socorro qui est aux commandes. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Dans Les derniers jours de Boutae, la bande rencontre la cousine de Mourad, fraîchement débarquée de Saint-Etienne pour vivre avec sa mère à Annecy, maintenant que ses parents ont divorcé. En dépit de cette présence inopinée, ils ne pensent qu'à leur prochain voyage. Or, justement une soirée "raclette" se profile à l'horizon, ils imaginent déjà un plan pour fausser compagnie à la nouvelle et s'éclipser discrètement. Mais c'est mal connaître la débrouillarde Stéphanie qui a très vite compris que quelque chose se tramait. Elle les prend sur le fait et assure vouloir en être. C'est donc en compagnie de Mourad et de Giulia qu'elle traverse, à son tour, le portail spatio-temporel pour se retrouver à Boutae, autrement dit à Annecy. Alors que Boutae s'apprête à subir un déferlement d'Alamans, nos trois jeunes gens espèrent mettre en fuite un maximum d'habitants et les mettre, ainsi, à l'abri. C'est encore une mission périlleuse pour nos aventuriers mais ils savent que plus d'un compte sur eux.

Passionné d'Histoire, l'auteur de Boudicca nous immerge, à nouveau, au temps des Celtes. Comme ce cycle des Chevaliers de la Raclette met en exergue les grands épisodes historiques qui ont marqué la Savoie, c'est tout naturellement que Jean-Laurent Del Socorro nous emmène à Boutae. En effet, quand on remonte dans le temps, on découvre qu'à l'emplacement d'Annecy, il y a eu un vicus, autrement dit une agglomération comprenant un grand et un petit forum, une basilique, des temples, des thermes ainsi que des bâtiments servant à entreposer les marchandises. Boutae disposait également d'une position stratégique qui lui permettait de commercer avec le reste de la Gaule, mais aussi avec l'Italie, l'Espagne et La Mauritanie. Au IIIe siècle, la Gaule romaine subit de nombreuses invasions des peuples barbares. Boutae est même rasée une première fois et sa population est en partie massacrée. Mais c'est au Ve siècle que le vicus est définitivement détruit suite à de nouvelles invasions. C'est dans ce contexte terrible que l'auteur a décidé d'embarquer ses jeunes héros. Période tragique et hostile mais aussi très riche du point de vue de l'Histoire car pour les jeunes lecteurs, il y a matière à étudier. Plus que d'écrire une aventure rocambolesque, Jean-Laurent Del Socorro et Nadia Coste signent des livres à visée didactique. Ils apparaissent clairement comme des supports idéaux pour approfondir les diverses périodes servant de cadre aux multiples récits. 

J'avoue que Jean-Laurent Del Socorro est si à l'aise à relater le passé qu'il rend l'Histoire passionnante. La magie opère pleinement et cette série des Chevaliers de la Raclette devient l'outil parfait pour aborder  en douceur une matière plutôt dénigrée par les élèves car souvent considérée comme étant très rébarbative. Personnellement, j'aurais adoré lire ce genre de livres en classe, alors je recommande aux parents de les proposer à leurs enfants.   

Dans Les derniers jours de Boutae, non seulement on en apprend plus sur les origines gallo-romaines d'Annecy mais l'auteur évoque quelques éléments notables de la région de Saint-Etienne. En effet, il introduit un nouveau personnage, cela lui permet de faire le lien avec les activités minières et particulièrement les fameux terrils. Il ouvre ainsi la porte à d'autres pistes à explorer pour les jeunes lecteurs. 

Plus que d'écrire des romans d'aventure riches en rebondissements, les auteurs agrémentent également leurs textes de valeurs morales omniprésentes comme l'amitié, la générosité ou le courage. Cela enrichit considérablement cette saga.

Chaque histoire offre aux lecteurs un moment récréatif car il y a beaucoup d'humour et de fraîcheur entre ces lignes.

Pour ce nouveau volet, Jean-Laurent Del Socorro a bien travaillé sa copie. On sent les heures de recherche derrière qui donnent à cet univers toute sa crédibilité.

Un quatrième tome qui va encore donner matière à réfléchir à vos enfants. Souhaitons leur donc un bon voyage !

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mes avis sur Le Château en flammes, La Montagne Brisée et Dans les pas de Mandrin

Informations

Jean-Laurent Del Socorro
Les derniers jours de Boutae
Tome 4 
Les Chevaliers de la Raclette
978-2-491708-06-1
176 pages
Editions La Marmotte

23/03/2021

Damien Snyers, Ex Dei, collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF

Damien Snyers, Ex Dei, éditions ActuSF

Après vous avoir parlé des pépites des éditions Mnémos et des éditions Les Moutons électriques qui ont respectivement mis en valeur, Vincent Tassy avec Diamants et Basile Cendre avec La Descente ou la Chute, je m'en viens vous partager mes impressions sur celle des éditions ActuSF

Or, cette année, ils ont redonné la parole à un auteur qui ne m'est pas inconnu, mieux encore car c'est une plume pour laquelle j'avais eu un vrai coup de cœur en lisant La Stratégie des As. J'ai donc été ravie de me plonger dans le nouveau roman de Damien Snyers qui partage, d'ailleurs, le même univers que son précédent livre. 

Avant de commencer, je tiens à remercier Jérôme Vincent et les éditions ActuSF pour l'envoi de ce service de presse.

Dans Ex Dei, on retrouve l'Elfe James. Fidèle à lui-même, il est toujours un monte-en-l'air, continuellement en quête d'adrénaline. Avec Mila pour unique associée, il continue à monter des coups, plus pour se prouver qu'il n'a pas perdu la main que par réelle nécessité financière. C'est comme cela qu'avec sa comparse, ils pensaient tranquillement dévaliser un aisé de la haute, mais qu'ils se sont finalement retrouvés pris en chasse par des assassins, déterminés à les éliminer. Quand on passe son temps à voler et à arnaquer les autres, comment savoir laquelle de ses victimes a décidé de se venger ? Emporté dans une succession d'aventures qui l'amènera à recroiser de vieilles connaissances, des amis chers ou encore des ennemis jurés, James pourra-t-il encore espérer garder la main sur cette partie qui le dépasse ?

Dans Ex Dei, on renoue avec certains des personnages de Damien Snyers, rencontrés dans le tome précédent. Ici, l'auteur alterne les points de vue narratifs en donnant tantôt la parole à James, tantôt à Marion. Tous deux vivent des aventures différentes mais on sent très vite que l'auteur va les réunir à un moment donné de l'intrigue. A travers ses protagonistes, Damien Snyers revisite des clichés en les remaniant largement. Ainsi, James incarne la figure du gentleman cambrioleur. Bluffeur de première, il est passé maître dans l'art d'arnaquer ou de voler son prochain, mais il le fait avec beaucoup de panache. Personnage haut en couleur, l'auteur lui a même ajouter ici un petit côté "Robin des Bois" puisqu'il ne vole plus pour survivre mais juste par plaisir, alors il redistribue, bien volontiers, son butin aux plus démunis. En outre, James a une autre particularité, il s'agit d'un Elfe, car dans l'univers de Damien Snyers, on croise aussi bien des humains que des Trolls ou des Elfes. Il met donc en scène une société très cosmopolite. Il y a également des immortels, à l'image de Marion qui appartiennent au Cercle, une société secrète dont les membres se désignent comme les Historiens. Beaucoup sont des Mages et possèdent de grands pouvoirs, leur permettant d'occuper de confortables positions sociales dans cette société très inégalitaire. Mais, finalement on sait très peu de choses sur eux. Concernant Marion, elle est télépathe. Qualité rare parmi ses pairs qui lui permet de sonder les personnes qu'elle croise. Libre et indépendante, avec elle, Damien Snyers nous brosse le portrait d'une femme forte que l'on apprécie de suivre. L'auteur nous propose donc une palette variée de personnages avec des personnalités bien trempées. Ils constituent un gros point fort de ce livre car ils sont clairement très attachants. 

D'autre part, Ex Dei est une oeuvre foisonnante autant du point de vue des multiples clins d’œil littéraires et cinématographiques que des problématiques que l'auteur soulève. On sent le plaisir qu'il a pris à nourrir son texte de ces éléments qui viennent établir une belle complicité avec ses lecteurs. 

Parmi ses questionnements, il aborde, d'ailleurs, des thématiques importantes comme la xénophobie, l'intolérance ou encore la servitude des minorités. 

De même que l'auteur emprunte ici au roman d'espionnage pour venir nourrir son intrigue, à travers l'infiltration de cette société secrète par un inconnu dont on ne sait rien. Les héros de Damien Snyers vont devoir s'unir pour tenter de percer son identité et de comprendre la raison de ses agissements. Dans ce second volet, le Cercle est en danger et les Historiens sont ébranlés dans leurs certitudes. A travers eux, on touche à quelque chose d'intéressant mais dont il nous manque encore quelques clés de compréhension. Pour moi, c'est la petite faiblesse de ce roman car l'auteur n'a pas levé le voile sur tous les mystères planant autour. De plus, j'ai connu un moment de flottement dans ma lecture, survenu au milieu du récit et il m'a, quand même, fallu avancer de quelques pages pour reprendre le fil. 

A mon sens, cet univers mériterait l'écriture d'un autre livre pour faire jour sur ces non-dits, sans parler de la fin qui m'a juste laissée sans voix. En effet, l'auteur conclut son livre sur une note inattendue mais quelque peu incompréhensible. Avec une telle conclusion, j'espère que cela cache en réalité l'appel à une suite. 

En somme, Ex Dei, c'est un bel univers steampunk qui mêle l'action et l'humour avec beaucoup de finesse. On espère juste y continuer notre exploration afin de balayer nos frustrations des dernières lignes.  A suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur La Stratégie des As du même auteur. 

Informations

Découvrez les avis de L'Ours Inculte, La Bibliothèque d'Aelinel et Au Pays des cave Trolls

Damien Snyers
Ex Dei
Collection Les 3 Souhaits
978-2-37686-342-7
432 pages
Editions ActuSF

20/03/2021

Victor Fleury, La Prêtresse Esclave, tome 1, La Croisade Éternelle, Le Livre de Poche Imaginaire

Victor Fleury, La Prêtresse Esclave, tome 1, 
La Croisade Éternelle, Le Livre de Poche Imaginaire

Après s'être fait remarquer par L'Empire électrique, une uchronie steampunk, Victor Fleury s'est lancé dans l'écriture d'une saga de fantasy, La Croisade Éternelle. Or, le premier volet, La Prêtresse Esclave vient d'être réédité en petit format chez Le Livre de Poche Imaginaire. Une bonne nouvelle qui donne l'occasion à de nouveaux lecteurs de se pencher sur cette très belle plume de l'Imaginaire. 

Je remercie Le Livre de Poche Imaginaire qui, à travers ce partenariat, m'a offert un très beau coup de cœur littéraire. 

Dans La Prêtresse Esclave, on fait la rencontre de Nisaba, une jeune femme liée à l'héritier de l'empire d'Ubuk. En effet, elle est une oblate, reliée magiquement à ce représentant du dieu Enlê. Esclave sacrée, son destin est irrémédiablement lié à cet homme qu'elle déteste. Mais pour le salut de son fils, elle n'a pas d'autre choix que de le suivre partout, y compris dans cette folle croisade qu'il a décidée d'aller mener aux confins de l'empire. Alors que les ennemis semblent surgir de partout, Nisaba sera-t-elle capable de déjouer toutes ces attaques et de garder la vie sauve ? 

Dans La Croisade Éternelle, Victor Fleury s'est largement inspiré de la Mésopotamie antique pour donner un cadre cohérent à son récit. Pour un amateur d'uchronie, rien d'étonnant à ce qu'il ait été puisé dans l'histoire d'une illustre civilisation. Un choix qui donne à sa fantasy une vraie touche d'originalité car personnellement, à part Car Je Suis Légion de Xavier Mauméjean, je ne connais aucun autre auteur du genre qui ait proposé un univers influencé par l'empire babylonien. Outre le patrimoine architectural, à l'image des fameux Ziggourats (temples en forme de pyramide à étages), Victor Fleury a également emprunté au modèle des cultes pratiqués. La religion est un élément prédominant dans son récit comme elle l'était dans la vie des Mésopotamiens. On parle ici de religion polythéiste très hiérarchisée où chaque divinité a un rôle et des responsabilités propres. Dans l'oeuvre de Victor Fleury, Enlê est le dieu principal de l'empire d'Ubuk. Partout des lieux de culte sont érigés en son nom et les membres de la royauté en sont les représentants. Mais il existe d'autres divinités comme Aloq, le Dieu Enseveli ou Anka, le Dieu des eaux nourrissantes. 

Au fil des pages, on prend conscience de la richesse et de la complexité de l'univers que l'auteur a construit ici. Il a finalement donné naissance à une société ordonnée et très crédible. 

En outre, Victor Fleury a nourri son récit de nombreuses conspirations visant à assassiner l'Infant Akurgal. Tout le long de ce premier roman, on a l'esprit focalisé sur ces dernières, afin de comprendre, en même temps que Nisaba, qui se cache derrière toutes ces tentatives d'assassinat. De même, que les secrets et les non-dits ne manquent pas que ce soit du côté de la famille régnante que de celui de Nisaba elle-même, ainsi que de tous les personnages qui ont pris part à cette quête. 

La force de ce cycle repose pour beaucoup sur sa communauté de personnages sacrément tourmentés. A commencer par Nisaba dont on découvre le passé par petits morceaux, glissés ici ou là par l'auteur, au gré des souvenirs de celle-ci. Sous une fausse identité, aveuglée par sa vengeance, elle est la première victime de ses machinations. Or, pour expier ce passé douloureux et fuir son présent, elle succombe régulièrement au charme des drogues dont elle aura beaucoup de mal à se sevrer. Akurgal est un homme de prime abord pompeux qui tyrannise volontiers son entourage. Pourtant sous le vernis, on découvre très vite un être maladroit et fragile. Rongé par son héritage trop encombrant, il n'est pas forcément le plus sombre des héros de Victor Fleury. Sans tous vous les passer en revue, je dirais tout de même un mot sur Yaggid, le dernier arrivé parmi les oblats d'Akurgal. Voilà un personnage solaire qui cache au fond de lui une part d'ombre insoupçonnée se révélant au fil du temps. Avec lui, l'auteur explore les méandres tortueux de l'âme humaine. 

Derrière La Croisade Éternelle, on trouve des héros aux personnalités fouillées qui entretiennent entre eux des relations parfois très conflictuelles. Or, toute à notre attention de leurs états d'âmes, on se laisse complètement surprendre par cette plume qui nous entraîne dans une succession de rebondissements que l'on ne voit pas venir. 

Avec La Princesse Esclave, Victor Fleury signe un roman de fantasy très accrocheur avec un final qui nous laisse juste pantois. 

Fantasy à la Carte

Autres avis sur la blogosphère : Le Culte d'Apophis, Merveilles Livresques.  

Informations

Victor Fleury
La Princesse Esclave
Tome 1
La Croisade Éternelle
978-2-253-24220-8
544 pages
Le Livre de Poche Imaginaire