Après s'être fait remarquer par L'Empire électrique, une uchronie steampunk, Victor Fleury s'est lancé dans l'écriture d'une saga de fantasy, La Croisade Éternelle. Or, le premier volet, La Prêtresse Esclave vient d'être réédité en petit format chez Le Livre de Poche Imaginaire. Une bonne nouvelle qui donne l'occasion à de nouveaux lecteurs de se pencher sur cette très belle plume de l'Imaginaire.
Je remercie Le Livre de Poche Imaginaire qui, à travers ce partenariat, m'a offert un très beau coup de cœur littéraire.
Dans La Prêtresse Esclave, on fait la rencontre de Nisaba, une jeune femme liée à l'héritier de l'empire d'Ubuk. En effet, elle est une oblate, reliée magiquement à ce représentant du dieu Enlê. Esclave sacrée, son destin est irrémédiablement lié à cet homme qu'elle déteste. Mais pour le salut de son fils, elle n'a pas d'autre choix que de le suivre partout, y compris dans cette folle croisade qu'il a décidée d'aller mener aux confins de l'empire. Alors que les ennemis semblent surgir de partout, Nisaba sera-t-elle capable de déjouer toutes ces attaques et de garder la vie sauve ?
Dans La Croisade Éternelle, Victor Fleury s'est largement inspiré de la Mésopotamie antique pour donner un cadre cohérent à son récit. Pour un amateur d'uchronie, rien d'étonnant à ce qu'il ait été puisé dans l'histoire d'une illustre civilisation. Un choix qui donne à sa fantasy une vraie touche d'originalité car personnellement, à part Car Je Suis Légion de Xavier Mauméjean, je ne connais aucun autre auteur du genre qui ait proposé un univers influencé par l'empire babylonien. Outre le patrimoine architectural, à l'image des fameux Ziggourats (temples en forme de pyramide à étages), Victor Fleury a également emprunté au modèle des cultes pratiqués. La religion est un élément prédominant dans son récit comme elle l'était dans la vie des Mésopotamiens. On parle ici de religion polythéiste très hiérarchisée où chaque divinité a un rôle et des responsabilités propres. Dans l'oeuvre de Victor Fleury, Enlê est le dieu principal de l'empire d'Ubuk. Partout des lieux de culte sont érigés en son nom et les membres de la royauté en sont les représentants. Mais il existe d'autres divinités comme Aloq, le Dieu Enseveli ou Anka, le Dieu des eaux nourrissantes.
Au fil des pages, on prend conscience de la richesse et de la complexité de l'univers que l'auteur a construit ici. Il a finalement donné naissance à une société ordonnée et très crédible.
En outre, Victor Fleury a nourri son récit de nombreuses conspirations visant à assassiner l'Infant Akurgal. Tout le long de ce premier roman, on a l'esprit focalisé sur ces dernières, afin de comprendre, en même temps que Nisaba, qui se cache derrière toutes ces tentatives d'assassinat. De même, que les secrets et les non-dits ne manquent pas que ce soit du côté de la famille régnante que de celui de Nisaba elle-même, ainsi que de tous les personnages qui ont pris part à cette quête.
La force de ce cycle repose pour beaucoup sur sa communauté de personnages sacrément tourmentés. A commencer par Nisaba dont on découvre le passé par petits morceaux, glissés ici ou là par l'auteur, au gré des souvenirs de celle-ci. Sous une fausse identité, aveuglée par sa vengeance, elle est la première victime de ses machinations. Or, pour expier ce passé douloureux et fuir son présent, elle succombe régulièrement au charme des drogues dont elle aura beaucoup de mal à se sevrer. Akurgal est un homme de prime abord pompeux qui tyrannise volontiers son entourage. Pourtant sous le vernis, on découvre très vite un être maladroit et fragile. Rongé par son héritage trop encombrant, il n'est pas forcément le plus sombre des héros de Victor Fleury. Sans tous vous les passer en revue, je dirais tout de même un mot sur Yaggid, le dernier arrivé parmi les oblats d'Akurgal. Voilà un personnage solaire qui cache au fond de lui une part d'ombre insoupçonnée se révélant au fil du temps. Avec lui, l'auteur explore les méandres tortueux de l'âme humaine.
Derrière La Croisade Éternelle, on trouve des héros aux personnalités fouillées qui entretiennent entre eux des relations parfois très conflictuelles. Or, toute à notre attention de leurs états d'âmes, on se laisse complètement surprendre par cette plume qui nous entraîne dans une succession de rebondissements que l'on ne voit pas venir.
Avec La Princesse Esclave, Victor Fleury signe un roman de fantasy très accrocheur avec un final qui nous laisse juste pantois.
Fantasy à la Carte
Autres avis sur la blogosphère : Le Culte d'Apophis, Merveilles Livresques.
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Oh chouette! Je ne savais pas que c'était paru en poche! Quelle bonne nouvelle. Merci :)
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