Après la trilogie Testament, Métaphysique du vampire et Eschatologie du vampire, Jeanne A. Debats réinvestit une nouvelle fois son univers vampirique porté par le très flamboyant Navarre.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
Après avoir écumé la terre pendant des siècles, Navarre s'embarque à la conquête de l'espace. Toujours en quête d'aventures pour donner un sens à sa mort, le voici d'abord engagé pour faire ce qu'il fait de mieux : être un assassin aux longues dents. De mission suicide en fuite, Navarre s'engage progressivement dans une course contre la montre pour tenter d'échapper au point final que certains semblent souhaiter lui mettre. Y parviendra-t-il ?
Mon avis :
Le rêve sous le pavillon noir est un recueil de trois nouvelles de science-fiction. Jeanne A. Debats nous y propose des retrouvailles avec son célèbre vampire Navarre. Celui-ci a d'ailleurs quitté la terre ferme pour de nouvelles explorations jusqu'aux confins des étoiles. Vous noterez le cadre surprenant pour retrouver un vampire car, il faut bien le dire, on n'a davantage l'habitude de voir cette créature surnaturelle plutôt évoluer au sein de récits classés en fantastique ou en fantasy urbaine. Voilà donc une manière très originale d'aborder la thématique du vampirisme. Même si personnellement, j'accroche nettement moins au genre space opera.
Nous voici donc propulsé dans l'espace, à bord de vaisseaux spatiaux. Le cosmos est déjà bien occupé avec plus ou moins de réussites ou d'échecs, d'ailleurs. Celui-ci est privatisé car certains ont su y voir l'opportunité d'exporter leur business. Qui dit capitalisme dit concurrence, pas toujours loyal au demeurant. Aussi certains obstacles se règlent parfois de façon définitive. C'est la raison pour laquelle notre Navarre rentre en scène car quoi de mieux que de faire appel à un assassin pour régler le problème.
Le ton de ce livre est ainsi donné d'autant que la plume de Jeanne A. Debats est toujours aussi délicieusement irrévérencieuse et pleine d'esprit.
En outre, le personnage de Navarre est particulièrement drôle dans chacun des textes où il apparaît. Ce qui ne gâche donc en rien le plaisir de se plonger dans les livres de Jeanne A. Debats. C'est le petit plus qui peut donner envie de partir à la découverte de ses nouvelles histoires toujours plus décalées et rocambolesques les unes que les autres.
Toutefois ce recueil ne vient pas détrôner mon énorme coup de cœur pour sa première série Testaments. L'ambiance est trop interstellaire pour me plaire complètement.
Mais, il est vrai que l'autrice a piqué ses récits de thèmes qu'elle apprécie particulièrement. On retrouve, par exemple, un féminisme très ancré. Celui-ci s'exprime notamment à travers cette femme puissante qui domine le monde, à tel point que son existence dérange et que l'on cherche à l'éliminer coûte que coûte. D'autres personnages féminins sont mis en avant ici, même si pour le coup, leurs présences dérangent plus qu'elles ne fascinent. C'est le cas de cette gamine que Navarre a pris sous sa protection, plus par obligation que par choix au début. Protagoniste important pour lequel notre célèbre vampire est presque prêt à se sacrifier.
A travers cette conquête de l'espace et les aberrations qui y sont inhérentes, Jeanne A. Debats critique cette politique colonialiste toujours aussi destructrice, autant pour l'environnement que pour les êtres vivants qui peuplent les lieux. C'est l'éternelle mégalomanie de l'homme dont l'égo est tel qu'il fait plus de mal que de bien.
A travers son personnage de Navarre, l'autrice introduit une réflexion philosophique autour du sens de la vie, de sa cruauté et de son ironie. En effet, entre ces lignes Navarre l'immortel cherche à donner un sens à sa non-vie mais est encore une fois rattrapé par son passé, sa némésis, son créateur.
Pour conclure :
Le rêve sous le pavillon noir est un recueil de nouvelles riche en action et en situations burlesques. Clairement, les inconditionnels de Navarre sauront trouver leur compte dans ces textes. Quant aux autres, ce sera une occasion de faire connaissance mais je les invite tout de même à ne pas faire l'impasse sur la saga Testaments.
Fantasy à la Carte
A lire sur le blog mes avis sur : L'Héritière, Alouettes et Humain.e.s, trop humain.e.s.
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