L'influence du "gaming" à la littérature

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31/12/2024

Pierre Pevel, Stéphane Créty & Jérôme Maffre, L'épéiste, T.1, Gueule Cuir, éditions Drakoo

Pierre Pevel, Stéphane Créty & Jérôme Maffre, L'épéiste, T.1, 
Gueule de Cuir
éditions Drakoo 

Des univers de Pierre Pevel, le plus célèbre est sans aucun doute Le Paris des Merveilles qu'il a décliné en romans, en nouvelles et en bandes dessinées

Toutefois, la Belle Époque n'est pas la seule période historique qui a sa faveur car situer ses intrigues à la cour de Louis XIII ne lui déplaît pas non plus si l'on croit son excellente trilogie, Les Lames du Cardinal.

Or, pour sa nouvelle bande dessinée Gueule de Cuir, il a réinvesti ce siècle pour lui servir de décor.

Reçu en cadeau à mon anniversaire, je remercie à nouveau mon amie Mathilde qui sait toujours comment enchanter mes lectures. 

Résumé :

1633. Un redoutable Nécromant étend son influence sur les bas-fonds de Paris et le seul à même semblant pouvoir arrêter cette menace est celui que l'on appelle l'Épéiste désigné par la Veuve et l'Oiseleur selon le Zodiaque du Diable. Mais acceptera-t-il d'endosser le masque et de combattre les forces du mal ? 

Mon avis :

Dans ce premier volume, on découvre un Paris populaire, celui des bas quartiers, essentiellement de nuit afin de donner corps au mystère et aux ténèbres propices à cet étrange protagoniste se faisant appeler le Nécromant. Assimilé au diable, il laisse derrière lui un sillage de morts parmi les plus modestes et sa présence inquiète jusqu'à la cour du roi. Son existence semble être liée au Zodiaque du Diable autour duquel gravitent des factions et bien d'autres étonnantes figures, à l'image de la Veuve, de l'Oiseleur et de l'Épéiste. 

De toute évidence une sombre magie est à l'œuvre au sein de ces planches et elle est le fruit de puissants alchimistes, à n'en pas douter ! 

Mais toute l'originalité de cet univers est que Pierre Pevel emprunte au mythe du super-héros faisant de ce masque la singularité de cette histoire. Puissant artefact qui confère à son porteur de grands pouvoirs en donnant une grande force, de la rapidité ou encore davantage d'agilité. 

Gueule de Cuir, c'est tout simplement le croisement du mousquetaire avec le super-heros des comics. Voilà qui donne à ce récit se déroulant au 17e siècle autant de répondant que de panache. 

Pierre Pevel y signe un scénario piqué d'actions et de rebondissements où les duels à l'épée s'enchaînent en duo ou à plusieurs sans temps mort. Point de place à l'ennui dans ces bulles car les évènements s'y précipitent sans même laisser le temps au personnage principal de reprendre son souffle. 

Ce premier tome est là pour poser le décor, faire connaissance avec les personnages et identifier les enjeux. 

Intrigues politiques, malédiction et magie noire sont les ingrédients du succès réunis ici par Pierre Pevel pour notre plus grand plaisir. 

Côté personnage, on peut citer le duelliste puisque tout va tourner autour de lui au fil des volumes. Sous les atours du mousquetaire, il en partage clairement les valeurs, au moins pour l'honneur qu'il porte tel un étendard, lui qui s'est juré de défendre les plus faibles. Fin bretteur, sa vie et les missions qu'il s'est assignées répondent bien à un code qui en fait le porteur parfait de ce masque afin d'accomplir de grandes choses et en tentant de tenir au loin les ombres.

Pour illustrer cette incroyable histoire, c'est Stéphane Créty qui est aux manettes et je dois dire qu'il a fait des merveilles pour donner vie à ce Paris si bien connu des lecteurs. En tournant les pages, on se sent en territoire familier au milieu des illustres bâtiments ou en compagnie de certains grands noms de l'Histoire. Les dessins sont très beaux et forts réalistes. Ils exhalent un certain mystère, ainsi que le danger et les rebondissements voulus par l'auteur.  Beaux ou laids, les héros de Pierre Pevel s'animent sous le crayon de Stéphane Créty avec beaucoup d'intelligence car il a un vrai talent pour croquer les émotions et les retransmettre. 

Pour conclure :

Gueule de Cuir est une bande dessinée haute en couleurs très divertissante où les hommes d'influence et les complots politiques croisent le fer avec la ténébreuse alchimie. Voilà de quoi contenter un lectorat en manque d'action. 

Fantasy à la Carte

Sur le blog, vous pouvez notamment retrouver mes avis sur les autres publications de Pierre Pevel chez Drakoo : Les Enchantements d'Ambremer volume 1 et 2, ainsi que Les Artilleuses

Informations 

Pierre Pevel
Stéphane Créty 
Jérôme Maffre 
L'épéiste 
T.1
Gueule de Cuir
9782382331460
68 pages
Editions Drakoo

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29/12/2024

Cyril Lieron & Benoît Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux, T.1, Dans la tête de Sherlock Holmes, éditions Ankama

Cyril Lieron & Benoît Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux, T.1, 
Dans la tête de Sherlock Holmes
éditions Ankama

Dans la tête de Sherlock Holmes est une excellente bande dessinée composée pour le moment de deux volumes. Elle est le fruit de deux hommes talentueux, Cyril Lieron et Benoît Dahan qui se sont associés pour en écrire le scénario. Quant à la mise en images, seul Benoît Dahan s'y est collé avec beaucoup de talent. 

Le résultat est bluffant car l'intrigue est digne des récits d'Arthur Conan Doyle. On y retrouve bien le mystérieux fort apprécié de cet auteur. Personnages incontournables de la littérature, c'est un réel plaisir que de retrouver Sherlock Holmes et son acolyte le docteur Watson dans une nouvelle aventure.

Je ne peux que remercier très chaleureusement mon amie Mathilde qui a toujours les plus belles attentions pour me faire plaisir.

Résumé :

Dans L'Affaire du Ticket Scandaleux, une nouvelle enquête vient frapper à la porte de Baker Street et prend la forme d'un confrère du docteur Watson répondant au nom d'Herbert Fowler qui s'est retrouvé à errer dans les rues complètement hagard ne se souvenant pas de sa soirée de la veille. Voilà de quoi sortir notre bon vieux Sherlock Holmes de sa léthargie en lui faisant travailler ses méninges.

Mon avis :

Pour cette nouvelle aventure, Cyril Lieron et Benoît Dahan ont eu la bonne idée de nous conter les faits du point de vue de Sherlock Holmes lui-même en suivant son cheminement intérieur pour résoudre les énigmes. C'est d'ailleurs le fil directeur de cette bande dessinée autant du point de vue du script que de la mise en page graphique car on remonte visuellement la piste des indices que relève notre célèbre détective au fil de ses observations ainsi que les déductions qu'il en fait. 

Les auteurs nous entraînent donc ici dans un véritable jeu de pistes des plus passionnants où le mystère et peut-être bien l'ésotérisme s'invitent. C'est tout le but de cette œuvre que de plonger dans la tête de Sherlock Holmes au sens propre du terme et ce dès la couverture de la bande dessinée. Celle-ci est, d'ailleurs, remarquable. Elle attire le regard des lecteurs et capte immédiatement leur attention puisqu'on y voit la silhouette de la tête du détective littéralement découpée dans le cartonné de l'ouvrage. Mieux encore, elle se fond dans le paysage des immeubles londoniens, se découpant même dans la toiture de l'un d'eux. le résultat est remarquablement ingénieux et lui vaut même d'avoir été primé par le BDGest'Arts 2019. 

D'ailleurs, la bande dessinée elle-même a reçu de nombreux prix, parmi lesquels le prix SNCF du polar 2020, le prix du public d'Angoulême, le prix Mor Vran de la BD du Goëlan Masqué à Penmarch ou encore le prix Bédéis causa en 2020 du Festival Québec. C'est peu dire que de répéter que le graphisme autant que l'intrigue ont plu. 

Les auteurs ont su retranscrire toute l'essence de l'univers d'Arthur Conan Doyle et se sont emparés avec beaucoup de virtuosité de son duo de personnages. 

Les dessins sont splendides et illustrent très bien cette époque victorienne pleine d'élégance et de ténèbres. Les silhouettes sont toutes en pointes ou en arrondies et donnent à ces illustres figures de la littératures policières une identité visuelle très reconnaissable et fort à-propos. En outre, rien de criard dans la colorisation des planches, tout est gris, beige, ou cyan pour maintenir une ambiance feutrée propice à l'époque.

Pour conclure :

Dans la tête de Sherlock Holmes, Cyril Lieron et Benoît Dahan vous attachent si habilement aux pas de deux grands noms de l'imaginaire populaire que vous n'avez plus envie de les quitter. Et ce n'est pas avec un tel final que les choses vont s'arranger. Elémentaire, mes chers lecteurs !

Fantasy à la Carte

Informations

Cyril Lieron & Benoît Dahan
L'Affaire du Ticket Scandaleux
Tome 1
Dans la tête de Sherlock Holmes
Editions Ankama

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27/12/2024

Robert Jackson Bennett, La Cité des Lames, T.2, Les Cités Divines, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, La Cité des Lames
T.2, Les Cités Divines
éditions Albin Michel Imaginaire 

Pour terminer cette nouvelle année de lectures, j'ai choisi de retourner dans la saga, Les Cités Divines de Robert Jackson Bennett en m'attaquant au tome 2 publié au mois d'octobre. 

Pour rappel, il s'agit du récit préquel à celui des Maîtres Enlumineurs dont on déjà longuement parlé sur ce blog.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Après les horreurs de Bulikov, la générale Turyin Mulaghesh n'aspire qu'à vivre en paix loin des conflits. Mais c'est sans compter la pugnacité de Shara Komayd devenue entre temps Première Ministre qui la somme d'effectuer une dernière mission afin de pouvoir toucher ses émoluments de retraite. Sous couvert d'inspecter des installations militaires, elle est chargée d'enquêter sur la mystérieuse disparition d'une agente qui pourrait potentiellement être liée à un nouveau minerai récemment découvert dans la cité des lames, ancienne demeure de la déesse de la guerre et des massacres. Mais au vu des enjeux, la présence de la générale risque bien d'en gêner plus d'un qui chercheront à la mettre hors jeu par tous les moyens, n'en doutons pas !

Mon avis : 

Dans La Cité des Lames, on retrouve l'univers postapocalyptique marqué par la disparition des dieux de Robert Jackson Bennett. On plonge donc dans un monde en reconstruction fortement meurtri et où demeure un héritage divin très prégnant. Celui-ci est autant vénéré qu'il est honni. Sa puissance en fait une magie dévastatrice fortement convoitée entre ces lignes. A chaque cité explorée, une nouvelle facette est découverte. Ainsi, dans La Cité des Lames, elle s'incarne surtout dans des épées qui renferment les âmes des disparus. Il s'agit ici surtout de guerriers du passé qui refusent que leurs sacrifices soient oubliés. Ceux-ci constituent un formidable réservoir de pouvoir fort utile pour la divinité qui souhaiterait reprendre le pouvoir par le truchement de la guerre et des massacres qu'elle a toujours incarnés.

Robert Jackson Bennett laisse donc s'exprimer une magie envoûtante pour colorer son univers d'un puissant enchantement. Ingénieux et insolite, le pouvoir qui prend cadre dans ce décor est pour le moins explosif. 

Il a également l'intérêt de mettre en lumière des problématiques très actuelles. La première d'entre elles n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de la guerre qui semble totalement inhérente à l'histoire de l'humanité et à la construction des sociétés. 

Robert Jackson Bennett émet une critique acerbe des ravages des conflits influencés par des politiques répondant bien trop souvent à des intérêts individuels. Il évoque également les dangers des conflits mondiaux faisant clairement référence à la Troisième Guerre mondiale qui nous guette. 

En outre, en choisissant de donner la primeur à une haut gradée de l'armée qui reprend du service, l'auteur nous parle autant du sujet des vétérans que de la vieillesse. Il casse volontairement les codes du genre qui se plaît à toujours employer de jeunes et fringants protagonistes pour mener la quête et privilégie plutôt ici des personnages nettement plus expérimentés avec un riche passé. Cela donne une vraie profondeur à l'histoire. Il y est, d'ailleurs, pas mal question de douleur et des limites notamment du corps, mais aussi de maturité et de sagesse. C'est un texte qui fait la part belle aux souvenirs et à l'importance de les transmettre. La mémoire est un savoir précieux qui permet de progresser surtout si on ne répète pas les mêmes erreurs. 

La Cité des Lames nous offre une errance dans le passé pour mieux préparer l'avenir et ne pas se laisser distraire par le chant des sirènes louangeant un soi-disant glorieux passé.

Plus que d'avoir imaginer un monde qui bruisse d'une vraie singularité, Robert Jackson Bennett a parsemé son récit de réflexions sociétales et environnementales fort intéressantes. 

D'autre part, on apprécie bien volontiers cette nouvelle protagoniste très nature et au caractère bien trempé. Elle est rafraîchissante presque malgré elle car sa franchise la rend finalement fort attachante. Pleine de courage et de droiture, elle est une femme à poigne qui sait se faire entendre quand il faut et a suffisamment de ténacité pour mener à bien les missions qu'elle s'est fixées ou qu'on lui a assignées. 

Pour conclure : 

Avec La Cité des Lames, Robert Jackson Bennett continue de nous régaler avec des intrigues tissées de complots ayant pour cadre un monde décadent. C'est une série très réussie !

Fantasy à la Cart

A lire sur le blog mon avis sur La Cité des Marches, Les Maîtres Enlumineurs, Le Retour du Hiérophante et Les Terres Closes

Informations 

Robert Jackson Bennett 
La Cité des Lames
T.2
Les Cités Divines 
9782226485915
575 pages
Éditions Albin Michel Imaginaire 

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21/12/2024

Pascale Quiviger, Courage, T.4, Le Royaume de Pierre d'Angle, éditions FolioSF

Pascale Quiviger, Courage, T.4, Le Royaume de Pierre d'Angle, éditions FolioSF 

Courage est le 4e volet qui vient clôturer Le Royaume de Pierre d'Angle, une exceptionnelle saga de fantasy pour laquelle j'ai eu un énorme coup de cœur.

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions FolioSF pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Le Royaume de Pierre d'Angle est en deuil depuis la disparition soudaine de Thibault. Pour autant le temps n'est pas à l'expression de leur chagrin pour les habitants car l'inquiétant Jacquart vient de monter sur le trône. Un changement de règne qui fait basculer le royaume dans un âge sombre auquel chacun des protagonistes devra survivre. Mais le pourront-ils tous ? Et à quel prix ?  

Mon avis :

Avec ce quatrième tome, le temps est à l'action, aux émotions et aux révélations. Pascale Quiviger nous fait quitter les rivages de l'utopie pour accoster en tyrannie. Nous voici donc sous le règne du tant redouté Jacquart et à travers lui, c'est l'occasion pour l'autrice de donner à sa série une vraie portée politique. Elle y mène notamment une réflexion tournant autour des types de régimes en insistant particulièrement sur les différentes manières de les faire évoluer de l'intérieur. Elle met en exergue la résistance des uns et la collaboration des autres. Elle explore tout simplement le processus pour faire exploser une société de l'intérieur, à coup de mensonges, d'omissions et de petites trahisons. 

Le récit est juste passionnant et répond à toute sa promesse de tenir le lecteur en haleine. 

On est totalement happé par l'intrigue de ce livre qui marque une véritable rupture dans le récit avec la substitution d'une figure majeure de l'histoire par une autre. Pascale Quiviger est plutôt retors avec ses personnages qu'elle malmène plus que de raison dans le seul but de sonder la psychologie de ses protagonistes. 

Ainsi, Le Royaume de Pierre d'Angle est une saga aussi intéressante sur la forme que sur le fond. L'autrice y questionne autant des sujets de société qu'elle signe un écrin d'imaginaire incroyablement envoûtant.

Dans Courage, l'intrigue se ressert autour de ce lieu mystérieux qui cristallise tous les secrets de cette communauté et de son univers. On goûte de plein fouet à cette magie que l'autrice a voulu magnétique qui anime cette nature inextricable. Derrière son aura horrifique, on découvre les merveilles qu'elle dissimule car il y a  une vraie beauté qui bat en son cœur. Il faut juste apprendre à l'apprivoiser car celle-ci est pleine d'épines. C'est une magie qui est intimement liée au regret, aux remords et au désespoir. Teintée d'amertume, elle se révèle être d'une grande puissance pour maintenir tout un royaume dans la crainte des représailles. Son origine ne manque pas d'insolite. On retrouve d'ailleurs des symboles dans sa représentation que l'autrice a détourné pour mieux servir son récit. 

Avec Le Royaume de Pierre d'Angle, Pascale Quiviger signe une grande fresque épique mettant en lumière des destinées tourmentées. Plus que de lever le voile sur tous les mystères qu'elle a essaimés au fil des tomes, l'autrice perturbe volontairement ses lecteurs en donnant la primeur au méchant de l'histoire dans cet ultime roman. Déstabilisant est véritablement le maître-mot de ce livre qui nous brosse un portrait parfois inattendu de ce personnage que l'on a pourtant détesté au premier regard. C'est toujours très intéressant d'explorer la figure du monstre et de voir ce qu'elle cache réellement. La cruauté dissimule bien souvent une forêt de doutes et de faiblesses. 

Pour conclure :

Avec Courage, Pascale Quiviger conclut sa saga en apothéose émotionnelle d'autant qu'elle évoque beaucoup le deuil. Les personnages sont admirablement bien travaillés, l'univers est fouillé et avisé car il est la réponse à la tragédie qui s'est joué en ces lieux. C'est plutôt bien vu. Je ne vous cache pas qu'en lisant Le Royaume de Pierre d'Angle, on y laisse des plumes tant on s'attache fort aux personnages et on pleure leurs drames, mais c'est aussi une véritable pépite pour le genre qui nous hante très longtemps après avoir refermer chacun de ses tomes. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur L'art du naufrage, Les filles de mai et Les adieux

Informations

Pascale Quiviger
Courage
T.4
Le Royaume de Pierre d'Angle
9782072999277
784 pages
Editions FolioSF

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12/12/2024

Arthur Ténor, J'étais Dracula le Maudit, éditions Scrineo

Arthur Ténor, J'étais Dracula le maudit, éditions Scrineo

Arthur Ténor est l'un des auteurs de littérature jeunesse français parmi les plus lus. Sa bibliographie compte pas loin de 200 titres. Il est d'ailleurs lauréat de nombreux prix littéraires, ce qui lui vaut une certaine renommée. 

Son dernier roman s'intitule J'étais Dracula la maudit.

Reçu en service de presse, je remercie l'auteur de m'avoir contacté pour vous faire découvrir son roman.

Résumé :

Perdu dans son château de Valachie depuis des siècles, Vlad, comte de Dracula s'y ennuie ferme. Et ce n'est pas les rares curieux osant franchir ses portes qui lui sont d'un quelconque réconfort car la réjouissance est bien trop fugace. Tout va changer le jour où il décide d'ouvrir sa bibliothèque à un jeune historien pour lui rafraîchir la mémoire sur son passé. Mais plus que de remuer ses souvenirs, découvrir le portrait de la sœur de Jonathan Harker dans les affaires de ce dernier va le bouleverser au plus profond de lui-même. Qui peut dire ce qu'il ressortira de cette nouvelle obsession.

Mon avis :

Avec J'étais Dracula le maudit, Arthur Ténor revisite habilement le mythe de Dracula. Célèbre créature inventée par l'écrivain Bram Stoker qui s'est inspiré de la figure historique de Vlad Tepes, dit l'Empaleur. Arthur Ténor s'est donc réapproprié ce personnage sanguinaire et nous emmène au cœur de son quotidien tissé d'attente et d'une soif insatiable.

Le récit prend cadre à l'ère victorienne nous plongeant dans l'ambiance gothique propice au vampirisme. Celle-ci est d'ailleurs très réussie car teintée de la juste dose de mystère et d'horrifique afin de faire frissonner le lecteur sans pour autant verser dans le gore. C'est toute la finesse et l'élégance de cette plume qui rend ce grand classique de la littérature fantastique finalement très accessible. Ainsi, au fil des pages, on rencontre des protagonistes majeurs du récit originel, à l'image d'Abraham Van Helsing qui nous apparaît une nouvelle fois sous les traits d'un chasseur. 

Arthur Ténor est parti du même postulat de base, à savoir la rencontre avec une femme qui fait basculer le destin d'un homme. Si par amour et chagrin, Vlad a renié Dieu le condamnant à devenir un vampire, que peut-il bien arriver à un vampire maudit qui croise la route d'une autre femme exceptionnelle ? C'est toute la question que soulève Arthur dans son roman.

Mais au-delà de son travail de réécriture, au demeurant, fort intéressant, l'auteur s'intéresse ici beaucoup à la figure du monstre. Il n'édulcore en rien l'image du vampire, décrite telle qu'elle est réellement, créature surnaturelle, cruelle et prédatrice.

Dans son roman, Arthur Ténor s'est beaucoup intéressé à la nature ambivalente du vampire, animal à l'intérieur et humain à l'extérieur. Ce qui lui permet de questionner la notion d'humanité à travers l'ensemble de ses protagonistes qu'ils soient des hommes ou non. Bien qu'il incarne le diable car son existence est vouée à conduire l'humanité à sa perte, Arthur Ténor arrive à nous rendre Dracula particulièrement attachant car on le découvre à travers ses failles et ses contradictions. Sa destinée est pour le moins captivante et il exerce une vraie attirance sur les gens. Sa puissance et son mystère sont irrésistibles. Mina est également un protagoniste fort de ce récit. L'espoir indéfectible qu'elle met dans la rédemption du vampire est très touchant. C'est une femme forte qui arrive à s'imposer à cette société patriarchale. Elle s'affranchit même de la tutelle de son frère pour prendre parti pour celui qui est désigné comme l'ennemi. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié le duo qu'elle forme avec Dracula. 

Pour conclure :

J'étais Dracula le maudit est une belle découverte qui m'a permis de renouer avec un mythe tellement fascinant. L'intrigue est particulièrement bien ficelée et le récit fort divertissant. Il saura ravir plus d'un public, j'en suis convaincue.

Fantasy à la Carte

Arthur Ténor
J'étais Dracula le Maudit
9782381673578
200 pages
Editions Scrineo

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08/12/2024

Martha Wells, Roi Sorcier, éditions L'Atalante

Martha Wells, Roi Sorcier, éditions L'Atalante 

Figure du fandom, Martha Wells s'est beaucoup investie dans les littératures de l'Imaginaire depuis ses années universitaires. On lui doit notamment plusieurs séries sur l'univers Star Wars et Stargate

Elle est d'ailleurs l'autrice de sept séries dont celle du Journal d'un AssaSynth, récompensée plusieurs fois par les plus prestigieux prix Locus, Nebula et Hugo. 

Son roman Roi Sorcier paru chez L'Atalante en septembre dernier a lui aussi remporté le prix Locus du meilleur roman de fantasy 2024.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Elaine pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que le prince démon Kaiisteron sort d'un profond sommeil, il se découvre inhumé au sein d'une tombe aux côtés de celui de son amie, la sorcière Ziede. N'ayant plus aucun souvenir de ce qu'il s'est passé pour que tous deux atterrissent dans cette sépulture au milieu de l'océan, ils réussissent à s'en échapper et découvrent d'autres disparitions inquiétantes, dont l'épouse de Ziede. Pour eux, cela marque le début d'une quête de vérité aux conséquences politiques retentissantes. 

Mon avis  :

Dans Roi Sorcier, Martha Wells nous plonge dans un univers incroyable et fort original. Dans ce monde, les démons et les sorcières voient leur vie menacée suite à des changements d'alliances politiques. Ainsi, coupés de leurs liens avec l'inframonde, les démons sont vulnérables aux attaques et se laissent facilement emprisonnés. En effet, séparés de leurs enveloppes originelles, ils se meurent dans leurs corps d'emprunt.

En outre, la magie imaginée par Martha Wells ne manque pas de singularité car elle prête des intentions aux éléments de la nature dont les détenteurs de pouvoir se servent et détournent à leur profit. 

L'univers créé est indéniablement le point fort de ce livre car il y a une vraie réflexion de la part de l'autrice à proposer un cadre recherché et novateur. 

Martha Wells a pris le parti de mettre les démons à l'honneur en les choisissant comme héros de son histoire. Ainsi, ceux que l'on a toujours vus comme les méchants sont ici les victimes. C'est un choix fort intéressant qui permet à l'autrice de changer de paradigme en mettant en exergue la tromperie que peuvent revêtir les aprioris. La surprise est donc totale. 

De plus, pour parfaire l'adhésion de ses lecteurs, Martha Wells a largement agrémenté son texte d'intrigues politiques nourries de manipulations et de trahisons. Le but étant de multiplier les rebondissements et les retournements de situation pour maintenir un suspense complet. Pour cela, l'autrice joue beaucoup sur l'amnésie de son personnage principal dont les souvenirs remontent que très lentement à la surface pour nous dévoiler l'envers de décor. 

Côté personnages, Martha Wells n'est pas en reste puisqu'elle s'appuie sur une petite communauté fort riche. Hormis ce prince démon qui a la trempe du meneur capable de fédérer une foule autour d'une cause commune juste, il y a surtout de très beaux protagonistes féminins, à l'image de Ziede. Elle incarne la figure de la femme forte nous apparaissant comme la seule arme capable de triompher de l'adversité. Tous s'en remettent à elle car elle est la clé de la réussite de cette quête.

Pour conclure :

Roi Sorcier est un roman ambitieux qui dégage une vraie originalité. Toutefois, même si la plume est indéniablement de grande qualité, je n'ai pour autant pas réussi à m'attacher complètement aux personnages. C'est pour moi un regret car le pitch envoie réellement du lourd sans oublier la beauté de l'ouvrage car les éditions L'Atalante ont sorti une édition de très belle facture qui mérite que l'on en parle. Enfin, ce n'est pas parce que l'alchimie n'a pas complètement pris pour moi, qu'elle ne prendra pas pour vous, n'est ce pas !

Fantasy à la Carte

Martha Wells
Roi Sorcier
9791036001987
464 pages
Editions L'Atalante

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24/11/2024

Pat Murphy, Nadya, éditions Mnémos

Pat Murphy, Nadya, éditions Mnémos 

Autrice de science-fiction et de fantasy, Pat Murphy s'est distinguée à plusieurs reprises en recevant les plus prestigieux prix de l'Imaginaire tels le Locus et le Nebula, notamment pour son roman La Cité des ombres et sa nouvelles, Rachel amoureuse

Son roman Nadya est à l'honneur chez Mnémos qui nous en proposent une réédition parue en octobre dernier.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Au cœur de l'Ouest, Nadya vit paisiblement avec ses parents jusqu'au jour où leurs vies se retrouvent menacées. En effet, à chaque pleine lune, ils vivent le Changement les mettant en danger si leur nature de loup-garou est découverte. Or justement lors de l'une de ces nuits, ils ont tué du bétail, ce qui leur vaut la colère des colons qui se sont mis en tête de chasser coûte que coûte les loups pour les éradiquer. Devenue orpheline, Nadya n'a pas d'autre choix que de prendre la route pour trouver un refuge où sa vraie nature serait acceptée. Mais est-ce qu'un tel endroit existe seulement ?

Mon avis :

Dans son roman Nadya, Pat Murphy nous entraîne en Amérique au temps des Indiens et des premiers colons. Elle nous y décrit ce Nouveau Monde comme étant à la fois l'espoir pour certains de trouver un refuge pour accueillir la différence ou pour les autres qui se pensent supérieurs de répondre à leur soif de conquête. C'est une terre de contrastes tantôt pays de cocagne, tantôt terre hostile et inhospitalière. 

L'autrice exploite les légendes indiennes tournant autour de la figure du loup pour donner une touche d'onirisme à son univers. Aussi, on croise entre ces lignes des humains qui, les nuits de pleine lune, embrassent leur nature de loup et retrouvent ainsi le vrai goût de la liberté. 

A travers la noblesse et la majesté de ces créatures surnaturelles ou non, Pat Murphy pose un regard sans concession sur cette Amérique dont le destin s'est forgé dans le sang. Les descriptions sont particulièrement immersives. Elles nous emmènent au cœur d'un voyage incroyable riche de dangers mais aussi de belles rencontres. 

Ce texte est juste fabuleux. Il nous parle avec beaucoup d'intelligence de cette période-clé pour l'Amérique. Ici, on découvre cette colonisation autant du point de vue des colons que de celui des Indiens. 

Il est d'ailleurs beaucoup d'intolérance, d'incompréhension, de rejet, de haine mais aussi d'amour dans ce livre. C'est un texte qui dégage beaucoup d'émotions. Celles-ci nous traversent au fil de la quête de l'héroïne de Pat Murphy qui se cherche un foyer, un havre de paix où trouver refuge et vivre pleinement avec sa particularité. Nadya cherche juste à être acceptée telle qu'elle est. Elle est une fille simple qui se contente de peu, appréciant juste de faire  corps avec la nature. Sauvage, libre et altière, Nadya est loin d'être une femme ordinaire. A travers son regard, on découvre cet Ouest féroce et grandiose à la fois. 

En outre, c'est un protagoniste qui permet à l'autrice d'agrémenter son récit d'une pointe de féminisme. En effet, Nadya incarne la femme forte, la femme de pouvoir qui s'émancipe de cette société patriarcale pour vivre la vie qui semble le mieux lui correspondre. Elle mène d'ailleurs une quête multiple car plus que de se trouver l'endroit idéal où vivre, elle cherche également à affirmer son identité. C'est un processus qui passe, notamment, par l'expérience sexuelle. Ce roman dégage également un soupçon d'érotisme nécessaire pour la pleine compréhension de soi.  

C'est un livre envoûtant car la plume de Pat Murphy est très élégante et pleine de sensibilité. L'autrice est pleine de respect pour la faune et la flore. La nature y est juste sublimée. 

L'ambiance de cette conquête de l'Ouest mêlant odeur de poudre et vastes panoramas est très réussie.

Le récit est prenant jusque dans ses dernières lignes car Pat Murphy nous tient totalement en haleine quant à la réussite de la mission que son héroïne s'est assignée à elle-même. 

Pour conclure :

En publiant Nadya de Pat Murphy, les éditions Mnémos offrent à leurs lecteurices l'opportunité de redécouvrir un texte engagé et sacrément bien écrit. C'est la rencontre entre un monde sauvage et la poésie d'une femme qui nous propulse au cœur d'une fresque aussi impitoyable qu'inoubliable. 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, l'avis de : Les histoires de Lullaby

Informations

Pat Murphy
Nadya
9782382671573
432 pages
Editions Mnémos

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15/11/2024

Aurélie Wellenstein, La Harpistes des terres rouges, éditions Outrefleuve

Aurélie Wellenstein, La Harpiste des terres rouges, éditions Outrefleuve 

Nul besoin de présenter Aurélie Wellenstein entre ces lignes tant les romans de cette autrice sont toujours très appréciés ici. Or, cela tombe bien, son nouveau livre est paru cet automne chez Outrefleuve. Il s'agit de La Harpiste des terres rouges qui nous entraine cette fois-ci à la conquête de l'Ouest.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Fleuve, je remercie Estelle Revelant pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors qu'Abraham est au chevet de sa mère qui vit ses derniers instants, la lettre d'une femme donnant des nouvelles de son frère, parti dans l'Ouest il y a longtemps, est arrivée au domaine des Kessel. Celui-ci serait le prisonnier d'un drôle d'endroit, à moins qu'il ne soit déjà mort. Bien qu'il demeure sans certitudes, Abraham décide de s'embarquer dans ce voyage peut-être sans retour mais avec l'espoir ténu de retrouver Jarod et de le sauver, qui sait ! 

Mon avis :

Dans La Harpiste des terres rouges, Aurélie Wellenstein nous entraîne à nouveau dans un univers singulier et horrifique. Cette fois-ci, elle a pris pour décor l'ouest américain, ses immensités arides, ses saloons ou encore ses pistoleros à la gâchette sensible qu'elle accommode à un merveilleux monstrueux fort original. 

C'est tout le talent de cette plume qui explore des imaginaires toujours très surprenants. Ainsi, au cœur de cet Ouest sauvage existe un lieu sinistre qui fascine autant qu'il terrifie. Il s'agit de Symphonie, un territoire secret, une geôle pour les âmes égarées tombées dans les rets de la Harpiste. Cette énigmatique créature incarne le mal que les plus téméraires ou les plus fous cherchent à abattre. Son nom est sur toutes les lèvres, son ombre plane sur ce monde tourmenté. Et pourtant elle semble inaccessible. Silhouette de femme avec une tête de harpe, elle soulève des armées pour se tenir hors de portée et protéger ainsi son territoire. Son existence nourrit les légendes les plus folles mais nul ne peut se targuer de l'avoir approché sans tomber en esclavage. Même en étant greffé et disposant donc d'un certain pouvoir, rien ne prouve que l'affrontement sera triomphant. 

La magie qui coule entre ces pages repose donc sur la réussite des greffes qui changent à jamais les receveurs, soit en les tuant suite à un rejet, soit en les rendant plus fort tout en les modifiant profondément dans leur chair. C'est une magie qui flirte avec une expérimentation scientifique glauque et non maîtrisée. En effet, les chances de réussite sont minces et les revers sont violents. Le prix à payer pour devenir un humain augmenté et posséder cette puissance tant désirée est grand. Certains le font par choix mais beaucoup y sont contraints. Aussi au fil des chapitres, on croise aussi bien des humains avec des instruments de musique ou des armes greffés à la place des membres quand ce n'est carrément pas des extensions animales ou végétales comme par exemple une mâchoire de grand félin. Clairement, Aurélie Wellenstein a emprunté à l'ambiance du freak show  pour nourrir son monde d'une aura d'étrangeté et de frissons. 

Un emprunt qui lui permet d'explorer une thématique récurrente dans ses textes, à savoir la monstruosité. Elle aime confronter les humains à leur part d'ombre. Celle-ci est bien souvent dissimulée sous une apparence trompeuse. C'est tout le questionnement de l'autrice qui tourne autour de la figure du monstre, à travers le jugement hâtif souvent fait vis-à-vis de la différence. 

Elle en profite également pour s'intéresser aux relations familiales et parler de violences conjugales. Son texte est une nouvelle fois très engagé à propos de la protection de la nature et du respect dû à la faune et à la flore. Elle évoque beaucoup la maltraitance animale, un sujet qui lui tient à cœur. Ici, il s'agit de dénoncer l'exploitation des chevaux ainsi que le traitement réservé aux mustangs, ces montures sauvages capturées et exploitées. 

Le récit dégage une réelle émotion forte portée par sa communauté de personnages. Si l'on prend Abraham dans sa volonté farouche de retrouver son frère au détriment de sa propre survie ou l'abnégation d'Amy qui fait fi de ses plus grandes terreurs pour accompagner celle qu'elle considère comme sa seule famille dans une dangereuse mais néanmoins nécessaire quête. 

Dans son roman, Aurélie Wellenstein s'est attelée à nous brosser le portrait de protagonistes à vif tous plus attachants les uns que les autres.

Pour conclure :

Avec La Harpistes des terres rouges, elle signe une fantasy âpre au goût de poudre qui nous transporte au cœur d'un ouest féroce et impitoyable. Elle revisite avec talent ce Far West cinématographique et nous en livre une fresque incroyable. Alors, vous reprendriez bien un peu d'Aurélie Wellenstein, non ?

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Mers Mortes, Le Dieu Oiseau, Le Désert des Couleurs, Les Loups Chantants et les tomes 1 et 2 de L'Epée, la Famine et la Peste

Informations

Aurélie Wellenstein
La Harpiste des terres rouges
9782265158207
352 pages
Editions Outrefleuve

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09/11/2024

Brandon Sanderson, La Voie des Rois, T.1, Les Archives de Roshar, éditions Le Livre de Poche

Brandon Sanderson, La Voie des Rois
T.1, 
Les Archives de Roshar
éditions Le Livre de Poche

Au fil de ses romans, Brandon Sanderson s'est hissé au rang des auteurs classiques des littératures de l'Imaginaire anglophone reprenant ainsi avec brio le flambeau de ses prédécesseurs. 

Comme d'autres avant lui, il a l'ambition de développer un vaste univers que l'on retrouve dans certaines de ses séries ou de ses romans isolés. 

Avec ses 20 millions d'exemplaires vendus, Brandon Sanderson est vite devenu un auteur à succès. C'est donc tout naturellement que son nom s'est imposé lorsque la librairie en ligne Dolpo m'a proposé de mettre en valeur trois grands noms de l'Imaginaire.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Dolpo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Pendant que des seigneurs de guerre luttent contre les Parshendis et intriguent pour s'attirer les faveurs du roi, d'autres, à l'image de Kaladin se battent pour survivre. Cet ancien soldat devenu un esclave se retrouve à prendre part à ce conflit à la plus ignoble des places. De son côté, Shallan s'est débrouillée pour devenir la pupille d'une noble érudite afin de lui dérober quelque chose qui, elle l'espère, sauvera sa famille mais au final trouvera un tout autre savoir. 

Mon avis :

Dans Les Archives de Roshar, on entre d'emblée dans un univers fouillé riche d'un passé fastueux. Bien qu'ils aient disparu depuis des siècles, l'ombre des Chevaliers Radieux plane sur les terres des Plaines Brisées et s'incarnent sous la forme de Lames d'Eclat et d'armures magiques conférant à leurs nouveaux porteurs une invincibilité. Ces divinités d'un autre âge continuent d'être vénérées même si elles appartiennent au passé. Leur héritage est fait de Fulgiflamme qui anime les gemmes et fait apparaître les Cuirasses et les Lames d'Eclat. C'est la magie qui habite les pages de cette série. Elle n'est entre les mains que d'une poignée d'élus et dessine la géopolitique de ce monde. 

Ainsi, par soif de conquête de cette puissance, par convoitise des gemmes de pouvoir, une guerre a été déclarée et des vies sont sacrifiées. Aussi, La Voie des Rois nous entraîne au cœur de terribles batailles et d'affrontements sanglants au cours desquels beaucoup trouvent la mort, notamment les esclaves qui sont envoyés en tête de cortège. C'est donc un texte plein de bruit et de fureur où les complots et les trahisons prennent place. En effet, le contexte belliqueux est propice à la duperie et à la manipulation. Brandon Sanderson se la joue ici fin stratège afin de donner au récit tout son piquant et happer ainsi les lecteurs. 

Toutefois ce roman ne constitue que la première partie de La Voie des Rois. Brandon Sanderson n'y fait donc qu'y poser le décor et les acteurs. Ce premier roman est clairement un tome d'exposition qui ne fait qu'effleurer le vaste univers imaginé par l'auteur sans trop dévoiler ses enjeux. De suite, on prend la mesure du travail minutieux réalisé par Brandon Sanderson pour construire une telle œuvre. Que l'on parle de l'historique de ce monde, du système de magie ou du fonctionnement de cette société, tout est pensé pour proposer un récit très immersif.

En outre, l'auteur a ponctué  son livre de réflexions intéressantes notamment autour de la place de la femme. Il tient un propos plutôt féministe à travers l'érudition des femmes qui sont les seules gardiennes du savoir pendant que les hommes s'attèlent à d'autres tâches comme la guerre. Brandon Sanderson nous dresse donc le portrait de femmes fortes et indépendantes qui incarnent la connaissance, ce qui leur permet de s'élever dans la société. 

L'auteur émet également  une critique de la guerre dans le sens qu'elle sacrifie toujours les plus pauvres au profit des plus nantis de la société. Il rappelle que les décideurs des conflits n'y participent jamais réellement et n'en subissent donc pas les conséquences. Il met en exergue l'impunité d'une certaine caste. 

Bien des personnages se pressent entre les pages de ce livre. Parmi eux, Kaladin est l'un des plus notables. On le suit dans son présent mais aussi dans son passé. Promis à une brillante carrière de chirurgien, on le retrouve soldat puis esclave. C'est un protagoniste qui est hanté par son passé et les choix qu'il a faits. Empli d'une certaine fierté, il a son propre code d'honneur qui le guide dans les dédales de cette vie semée d'embûches que le Tout-Puissant lui a réservée. En dépit du risque de représailles, il reste fidèle à la promesse qu'il s'est faite de maintenir sains et saufs les hommes qu'il a sous ses ordres. C'est un personnage ambivalent, à la fois dur et tendre. Un cœur bat sous cette carapace de guerrier le rendant pour le moins assez attachant. Shallan, elle, est une jeune fille de bonne famille qui a connu de terribles revers l'obligeant à quitter les siens pour partir en quête de ce qui les sauvera. Bien que très jeune, elle ne manque pas d'audace ni de témérité. Sa pugnacité a le mérite d'attirer l'attention et de la mettre sur le chemin qu'elle s'est fixé. Maline et machiavélique à la fois, elle est un personnage tout en nuances que l'on a toujours envie de retrouver. Elle est la clé de compréhension de cet univers tortueux. 

Pour conclure :

Avec La Voie des Rois, Brandon Sanderson jette les bases d'un récit ambitieux mêlant épique et intrigue. Après cette première incursion qui n'est qu'un avant-goût de ce que l'auteur nous réserve. Il me tarde de poursuivre l'aventure afin d'apprécier à sa juste valeur cette plume tant plébiscitée.

Fantasy à la carte

Brandon Sanderson
La Voie des Rois
T.1
Les Archives de Roshar
9782253132905
990 pages
Editions Le Livre de Poche

Lien vers la librairie Dolpo  

31/10/2024

J.R.R. Tolkien, Les Étymologies, éditions Pocket Imaginaire

J.R.R. Tolkien, Les Étymologies, éditions Pocket Imaginaire 

Alors que les éditions Pocket Imaginaire sont en pleine refonte de leur chartre graphique, ils en profitent pour rééditer l'intégralité de l'œuvre de J.R.R. Tolkien

Ainsi toutes les couvertures sont signées par Nicolas Carminade et le rendu est juste magnifique.

Après les très belles éditions du Silmarillion et du Hobbit en 2023, ils poursuivent, notamment, cette année avec Les Étymologies. C'est un ouvrage qui va intéresser les grands amateurs de l'univers de J.R.R. Tolkien, particulièrement ceux qui sont sensibles à la linguistique, d'autant que celle-ci a une grande influence sur la construction de la Terre du Milieu. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse.

Il est à noter que Les Étymologies correspond à un extrait du cinquième volume de L'Histoire de La Terre du Milieu qui regroupe Les Contes Perdus, Les Lais de Bélériand, La Formation de La Terre du Milieu et La Route Perdue. Toutefois, cette version est plus complète que celle publiée au Royaume-Unis grâce à Christopher Tolkien qui a accepté de voir cet ouvrage être réédité de manière indépendante avec l'insertion de quelques corrections.

En outre, cet ouvrage a pu voir le jour grâce au travail minutieux de Christopher Tolkien dont on retrouve d'ailleurs un long texte introductif en début de livre. Il revient notamment sur la genèse des langues inventées par son père, initialement conçues pour incarner une histoire, celle des Elfes. Toutefois, il ne prétend pas ici créer un dictionnaire listant tout le vocabulaire imaginé par J.R.R. Tolkien mais propose plutôt un dictionnaire étymologique traitant des relations avec les mots car c'est ainsi que son père voyait les choses.

Les Étymologies est un ouvrage pensé comme un complément utile à l'étude des textes narratifs de J.R.R. Tolkien. 

Clairement, Les Étymologies nous apparait comme un outil très intéressant pour qui porterait une attention particulière à l'évolution des noms et des langues utilisés par J.R.R. Tolkien au fil des versions de ses différentes histoires. 

Avec Les Étymologies, on touche au cœur de la création de La Terre du Milieu, à la matière qui animait le philologue qu'était J.R.R. Tolkien. 

Ce livre ne plaira sans doute pas à tout le monde, pour autant il demeure un formidable élément de compréhension de l'œuvre de J.R.R. Tolkien. 

Avec les fêtes de fin d'année qui approchent, il pourra donc être glissé sous le sapin des admirateurs les plus curieux du maître de la fantasy.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur : Le Silmarillion, Le Hobbit, Les Enfants de Hurin, La Chute de Gondolin et Beren et Luthien.

Informations

J.R.R. Tolkien
Les Étymologies
9782266341417
160 pages
Editions Pocket Imaginaire

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27/10/2024

Emmanuel Chastellière, Souveraine du Coronado, éditions Critic

Emmanuel Chastellière, Souveraine du Coronado, éditions Critic

Au fil de ses publications, Emmanuel Chastellière s'est imposé comme un nom incontournable des littératures de l'imaginaire francophone. 

Après avoir eu un coup de cœur pour L'Empire du Léopard et particulièrement, La Piste des Cendres, le voir signer un nouvel opus prenant cadre dans cet univers m'enchante énormément. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Éric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que le Nouveau-Coronado  s'apprête à être vendu aux enchères, une série de meurtres sanglants visant les plus nantis secoue la colonie. C'est à Ferran et à son équipier de mener cette délicate enquête d'autant que les esprits s'échauffent vite. Pendant ce temps, le juge-mage Ochozias emprunte des chemins de traverse pour mener sa propre quête. Séduit par les propos d'un prisonnier promettant l'accès à la vie éternelle, le voici embarqué dans une expédition sur la trace des anciens dieux et à l'issue incertaine. Dans un monde au bord du chaos, nul ne peut donc présager de l'avenir. 

Mon avis :

Avec Souveraine du Coronado, Emmanuel Chastellière nous propose une dernière incursion au cœur de son univers de la Lune d'Or. Il a choisi pour cadre la colonie du Nouveau-Coronado au moment où celle-ci est mise aux enchères. Le climat avec les locaux est donc tendu et la moindre étincelle risque de mettre le feu aux poudres. Or, une série d'assassinats rituels est perpétrée menaçant de faire voler en éclats la paix apparente des lieux en suscitant la peur et la colère. Emmanuel Chastellière a donc introduit des meurtres sacrificiels à caractère ésotérique afin de renouer avec les créatures féériques rencontrées dans les livres précédents. Le temps a passé depuis la première aventure puisque nous sommes au XXe siècle. En dépit d'une évangélisation forcée visant à étouffer les anciennes croyances, celles-ci reviennent en force et sont même le moteur de la rébellion contre le colon qui non content d'avoir investi la terre des autres, se permet d'en disposer à sa guise et de souhaiter la vendre. 

Ainsi, Souveraine du Coronado se pare des couleurs de la fantasy auquel l'auteur a ajouté une pointe de thriller à travers cette vague de crimes à élucider.

En outre, vu le caractère innommable des meurtres, on peut également parler d'ambiance horrifique d'autant que la terreur règne en ces lieux. Emmanuel Chastellière poursuit l'exploration de son riche univers en jouant sur les émotions de ses lecteurs. L'intrigue est une nouvelle fois très riche. Il est notamment question de révolte populaire en réponse à la spoliation de leur terre et à l'intolérance religieuse subie. L'auteur introduit dans son texte des thématiques tournant autour de l'amitié, de la force des liens familiaux mais aussi du deuil, notamment celui de la perte d'un enfant. 

Comme pour chaque roman d'Emmanuel Chastellière, le récit est très soigné. Il faut dire qu'il a toujours à cœur de porter des univers fouillés et des histoires prenantes. 

L'autre atout de cette plume est de créer des personnages féminins de grande qualité. Souveraine du Coronado ne fait d'ailleurs pas exception car pour ma part, ce n'est ni Ferran ni Ochozias qui emportent ma préférence mais plutôt Coré, Denna et Aitana. En effet, on est à nouveau face à trois portraits de femmes fortes qui se révèlent être les vraies héroïnes de cet opus. Badasses, courageuses et frondeuses, elles rendent l'histoire plus intense.

Pour conclure :

Emmanuel Chastellière sait y faire pour nous livrer un texte très qualitatif autant du point de vue de l'action que de la complexité de ses protagonistes. Toutefois Souveraine du Coronado ne détrône pas La Piste des Cendres, un roman qui demeure cher à mon cœur. Pour autant, c'est un très bon livre qui vous emmène dans l'exploration d'un autre rivage et j'en suis sûre, il saura vous captiver.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur L'Empire du Léopard, La Piste des Cendres, Céléstopol, Céléstopol 1922

Informations

Emmanuel Chastellière
Souveraine du Coronado
9782375793107
560 pages
Editions Critic

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16/10/2024

Liz E. Myers, Quiches, Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society

Liz E. Myers, Quiches, Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society 

Autrice d'Imaginaire, Liz E. Myers enchaîne les titres d'urban fantasy  mêlant le contemporain à des notes fantastiques pour réenchanter notre présent. 

Elle est l'invitée du prochain "Mois de" de Book en Stock, ce qui me donne l'occasion de faire connaissance avec cette signature que je ne connaissais pas encore.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Dupinette et Emma Phooka d'avoir accepté ma candidature, ainsi que Liz E. Myers pour l'envoi de ce service de presse dédicacé. 

Au milieu de sa bibliographie qui commence à bien se remplir, mon choix s'est porté sur son dernier roman, The Art of Flowers car le pitch m'a de suite attiré.

Résumé :

Cela fait 3 ans que Capucine est retournée vivre dans sa ville natale. Elle y a ouvert un café librairie. Avec le printemps, c'est le retour du festival des fleurs, un grand évènement qui attire beaucoup de touristes et est l'occasion pour les commerçants locaux d'améliorer leur chiffre d'affaires. Justement cette année Capucine a embauché un apprenti pour l'aider. Elle compte  notamment sur son physique avenant pour tripler sa clientèle, notamment féminine. Une stratégie qui aurait pu fonctionner si tout n'était pas mal partie dès le départ avec son employé. Or, comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'un crime est perpétré. Rien ne va donc plus à Flowers. 

Mon avis :

Avec Quiches, Acrylique et Fantômes butés, Liz E. Myers signe un premier tome d'une saga de cosy mystery teintée de fantastique. On y retrouve les éléments incontournables du genre, le cadre idyllique d'une petite bourgade, le décor d'un café librairie ou salon de thé, une série de meurtres non sanglants à laquelle le ou la protagoniste principal est associé bien involontairement et une petite romance qui se dessine en filigrane de l'intrigue.

A cela Liz E. Myers a ajouté une dimension onirique qui prend la forme du don de divination de son héroïne qui voit et communique avec les défunts. Dès le début du récit, elle est parasitée par un esprit qui la supplie de faire ouvrir une enquête sur son décès. En effet, celui-ci a trouvé la mort lors de l'incendie criminel de la grange d'un notable. Puis, un second meurtre est perpétré perturbant le bon déroulé des festivités et la tranquillité de Capucine. Voilà qui donne un ton ubuesque à l'aventure promettant d'être quelque peu rocambolesque. 

Aussi, on est autant titillé par l'aspect mystérieux des meurtres que par les joutes verbales entre certains personnages. 

Liz E. Myers nous emmène progressivement vers un triangle amoureux dans lequel l'héroïne est propulsée bien malgré elle. Entre les non-dits du passé, la révélation de personnalités plus complexes et le danger qui rôde dans la ville, tout se met en place pour créer une tension et qui sait, peut-être faire surgir la passion. 

Au-delà du ton léger à travers certaines situations désopilantes, The Art of Flowers nous parle de famille et d'amitié en explorant le relationnel dans ses difficultés ainsi que les traumatismes familiaux. 

C'est un texte drôle et bien écrit qui fait le job car on passe un excellent moment en le lisant. De plus, l'autrice a soigné autant le fond que la forme puisqu'elle nous le propose dans le très bel écrin d'un relié à la mise en page bien faite et auréolée d'en-têtes de chapitres fort à-propos. L'objet livre est une vraie réussite et c'est un vrai plaisir que de l'avoir entre les mains. 

Liz E. Myers s'appuie sur un excellent trio de protagonistes pour porter son intrigue. Il y a Capucine. Jeune femme indépendante, entrepreneuse qui a mis toutes les chances de son côté pour réussir sa saison. Bien qu'elle entretient une relation houleuse avec sa mère, elle demeure très pétillante et se révèle pleine d'audace pour surmonter les difficultés que la vie lui a réservées. Elle va vite se retrouver dépassée par son petit stratagème commercial et se retrouver confrontée à un jeu de séduction plus engageant que prévu. A ses côtés se tiennent deux hommes bien différent l'un de l'autre. Il y a d'abord Asher qui cache derrière son physique avantageux une vraie profondeur. Il se révèle être un véritable ami, une épaule solide sur laquelle se reposer, pour Capucine même si cela n'était pas flagrant au début de leur histoire. Quant à Tim, derrière son caractère ombrageux et renfrogné du fait de son passif avec Capucine se cache un esprit chevaleresque qui promet quelques situations savoureuses. 

Pour conclure :

Avec The Art of Flowers, Liz E. Myers signe un texte drôle, tendre et captivant. C'est clairement un coup de cœur pour moi car j'attends déjà la suite avec grande impatience. Retenez bien ce nom car c'est une signature qui mérite qu'on s'y intéresse de très près. Merci à Dup et Phooka pour la découverte, je suis aux anges.

Fantasy à la Carte

Informations

Liz E. Myers
Quiches, Acrylique et Fantômes butés
T.1
The Art of Flowers
Phenix Society

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