Autrice et artiste canadienne, Pascale Quiviger se plaît à virevolter entre les genres. Parmi sa bibliographie qui s'étoffe d'année en année, on découvre un vrai trésor littéraire, à savoir Le Royaume de Pierre d 'Angle, une série de fantasy en quatre tomes.
Lu dans le cadre de la Masse Critique mauvais genres organisée par Babelio, je remercie les éditions FolioSF pour l'envoi de ce livre.
Résumé :
Après deux ans de navigation à bord de l'Isabelle, Thibault, le prince héritier du royaume de Pierre d'Angle sait qu'il devra bientôt rentrer au bercail. Or, sa décision s'accélère lors de leur dernière escale au cours de laquelle une passagère clandestine s'est réfugiée à bord. Elle serait à la recherche de sa sœur kidnappée et envoyée dans les royaumes du Nord. Alors que son amiral insiste pour la débarquer, Thibault n'en fait rien et accepte de l'emmener. Une rencontre inattendue qui va donner à sa vie un tournant surprenant même s'il l'ignore encore.
Mon avis :
Dans Le Royaume de Pierre d'Angle, Pascale Quiviger nous immerge dans un univers de fantasy d'inspiration médiévale que l'on découvre d'abord à bord d'un navire. Dès lors le récit prend de suite un goût d'aventure drainant l'image populaire de la piraterie.
D'escale en escale, on séjourne rapidement dans les différentes cours des royaumes voisins, ce qui nous fait prendre la mesure de la futilité et de la perfidie de la noblesse qui y siège. Le peuple y est mal traité, parfois asservi et les complots s'y épanouissent posant une chape de plomb malsaine sur l'ambiance générale. Il en va bien différemment à Pierre d'Angle où les roturiers vivent avec les notables sur un pied d'égalité. C'est un royaume qui se veut neutre, considéré par beaucoup comme un havre de paix. Mais cette sécurité et cet équilibre dépendent surtout du monarque qui monte sur le trône. Or, la transmission du pouvoir répond à des règles strictes menaçant ici de voir le royaume tombé aux mains du cadet si d'aventure l'aîné n'était pas là dans les temps pour recevoir la couronne. Voilà déjà une première menace encourue mais ce n'est pas la seule car derrière l'image idyllique, une malédiction accable également les lieux qui prend sa source dans ses origines et fait même peser un risque sur la dynastie royale.
Aussi, il existe des endroits mystérieux et interdits où nul n'y met le pied sous peine d'être condamné à une mort certaine. C'est le cas de la forêt bordant la région, baptisée La Catastrophe. Inextricable et infranchissable, on l'a dit hantée. Rare sont ceux qui acceptent d'en parler. Un lourd secret plane au-dessus, une sombre magie y semble à l'œuvre. Seulement, l'autrice demeure avare en détails à son sujet dans ce premier volet laissant les lecteurs mariner, à réfléchir à tout ce que cette légende cache. Magie noire et magie blanche semblent être au cœur d'une lutte au sein de cette saga mais la lecture de la suite sera nécessaire pour en comprendre tous les tenants et les aboutissants car Pascale Quiviger ne fait qu'effleurer la question.
Le Royaume de Pierre d'Angle esquisse les contours d'une utopie en mettant en exergue ici le modèle d'une société égalitaire et respectueuse. Ici, liberté, égalité et fraternité ne sont pas de vains mots car les relations que les gens entretiennent affichent de l'égard et de la déférence quelque soit leur niveau social. Pour autant, ce fonctionnement tient surtout à la personnalité du roi car l'image qu'il renvoie ici fait tout. Or, si celui-ci devait arborer un visage plus hargneux, doublé d'un comportement hostile et despote, il en irait clairement autrement.
A travers la diversité de ses personnages, Le Royaume de Pierre d'Angle nous parle de discrimination, d'intolérance mais aussi de misogynie notamment par cette défiance des marins de voir une femme monter à bord d'un navire. C'est un texte riche qui aborde donc avec beaucoup de subtilité des faits de société.
Derrière Le Royaume de Pierre d'Angle se cache un duo de personnages qui fonctionne excellement bien. Il y a déjà le prince Thibault que l'on apprécie d'emblée pour sa bonhomie, sa droiture, son élégance et sa finesse. Héritier du trône, il se rêve davantage comme un aventurier préférant courir les mers qu'avoir la charge de tout un royaume. Et pourtant, quand le moment vient pour lui d'assumer son rôle, il ne rechigne pas à la tâche même s'il est très vite dépassé. Il dégage une légèreté et a un tel sens de la répartie qu'on s'attache de suite à lui. A ses côtés se tient la discrète Ema. Courageuse, insoumise et un tantinet rêveuse, elle est prête à affronter mille dangers dans l'espoir d'un lendemain qui chante. Âme fière, elle incarne cette minorité sacrifiée qui manifeste une telle force intérieure nécessaire pour continuer à se relever et à avancer. C'est un personnage solaire qui exhale un charme fou et brille par sa délicatesse et sa douceur. La rencontre des deux est un enchantement autant pour eux-mêmes que pour les lecteurices qui les suivent dans leurs aventures.
En conclusion :
Lecture fortuite par la hasard d'une Masse Critique mais véritable alchimie entre le premier tome d'une saga fort prometteuse et mon cœur de lectrice. Est-ce que cela tient à la fluidité du style ou à la sensibilité de la plume, je ne saurai dire si ce n'est que ce tome 1 est un vrai coup de cœur et qu'il me tarde déjà de lire la suite ! C'est donc avec impatience que j'attends mon prochain naufrage au royaume de Pierre d'Angle. A tout bientôt.
Fantasy à la Carte
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Informations
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