On constate depuis quelques
années maintenant que l’Imaginaire inspire le cinéma et la télévision. En
effet, de plus en plus de livres sont adaptés. Confirmé par le succès
interplanétaire de Game of Thrones, les producteurs et les scénaristes travaillant sur grand ou petit écran se
laissent peu à peu charmer par ces univers oniriques qui plaisent à de plus en plus de monde. En attendant, des
créations télévisuelles comme Le
Seigneur des Anneaux, Dune ou
encore La Roue du Temps, certains se
sont pris au jeu d’écrire leur propre synopsis sans aucune influence littéraire.
C’est le cas avec la série
américaine Carnival Row, créée par
René Echevarria et Travis Beacham, et exclusivement diffusée sur Prime Video.
La concurrence fait rage entre les chaînes qui rivalisent pour fournir aux
téléspectateurs toujours plus de nouveautés.
Production originale, Carnival Row nous plonge dans le
quotidien d’un policier du nom de Rycroft Philostrate et d'une fée, Vignette
Stonemoss. Suite à la guerre, de nombreuses créatures féeriques ont fui leur
terre pour se réfugier au Burgue, dans le quartier de Carnival Row, une sorte de "Whitechapel" fantastique. C’est dans cette ville à l’étrange
ressemblance avec le Londres victorien, que Philo s’est établi. Depuis quelques
temps, une série d’odieux crimes visant des créatures surnaturelles est
perpétrée. Alors que sa hiérarchie se moque bien de démasquer le ou les
coupables, Philo, lui, refuse de fermer les yeux. Ancien soldat, il a servi aux
côté des fées dans la guerre contre le Pacte : il est donc lié à ce monde et ne
peut laisser ces meurtres impunis. Au cours de ses investigations, il va
retrouver Vignette, son ancien amour. Ensemble ils vont combattre les forces
obscures qui sont à l’œuvre. Mais dans une société de plus en plus intolérante,
pourront-ils réellement se retrouver ?
L’ambiance de Carnival Row est volontairement sombre
et violente. On retrouve l’esthétisme victorien dans cette fantasy où la bonne société côtoie le monde d’en bas, peuplé de
créatures merveilleuses et déchues. Les êtres féeriques, en exil, se retrouvent
les esclaves des mondains. Certains sont des domestiques, à l’image de Vignette
lorsqu’elle débarque au Burgue, d’autres se prostituent comme la meilleure amie
de cette dernière, Tourmaline. Peu ont réussi à s’élever socialement si ce
n’est Agreus Astrayon qui brave les mentalités en venant s’installer dans les
beaux quartiers. Autant dire que cet emménagement ne sera pas au goût de
tous. Un bel univers empreint de féerie
à travers la présence de tous ces êtres surnaturels mais aussi de noirceur. La
série est obscure aussi bien visuellement que du point de vue de l’intrigue. Le
meurtre et la violence sont les maîtres-mots de cette production. Les costumes
et les maquillages sont une réussite et nous offrent une immersion plus vraie
que nature dans ce bestiaire merveilleux. Les créatures y sont légion. Ainsi,
on côtoie aussi bien des fées sombres et dangereuses, des centaures, des
kobolds à l’allure d’elfes de maison que
d’effrayants loups garous.
Au casting, on retrouve l’acteur
Orlando Bloom. Fidèle du cinéma fantastique, on ne s’étonne donc pas de le découvrir à l’affiche de cette série. Après Le
Seigneur des Anneaux, Le Hobbit
ou Pirate des Caraïbes, il a déjà
démontré son attachement au genre. Plus mature, il incarne ici un héros fatigué
qui a bien bourlingué. Dans un monde perverti par le vice et l’argent, il est
un homme intègre. Il n’a pas perdu ses valeurs et son honneur de soldat, et les
met au service des victimes qu’il cherche à honorer en traquant les coupables. Bien loin du fringuant guerrier de sa
jeunesse, incarner Philo lui donne l’occasion de démontrer ses talents dans un
rôle de composition. Parallèlement à la mission de défenseur qu’il s’est
lui-même attribuée, il est en quête de ses origines. De fait, il aura encore
beaucoup à nous dire au cours de cette première saison. C’est le mannequin Cara
Delevingne qui joue sa partenaire et maîtresse à l’écran. Pour ma part, je la découvre
pour la première fois en tant qu’actrice. C’est une bonne surprise. Elle
incarne une figure de liberté pour son peuple. Pleine de colère et de rancœur,
elle est une héroïne aussi forte que fragile. Elle forme avec Orlando Bloom un
duo dynamique. Les amours contrariés qui
se nouent entre ces deux êtres apportent la touche de douceur à cette série
finalement très sombre.
Les seconds rôles ne manquent pas dans cette production. Mais, je retiens surtout l’écervelée Imogen Spumrose interprétée par la pétillante Tamzin Merchant qui forme avec Agreus Astrayon, (David Gyasi) un couple improbable mais non moins intéressant. Diamétralement opposé de par leurs origines, l’évolution de leur relation promet d’être intéressante dans l’avenir.
Les seconds rôles ne manquent pas dans cette production. Mais, je retiens surtout l’écervelée Imogen Spumrose interprétée par la pétillante Tamzin Merchant qui forme avec Agreus Astrayon, (David Gyasi) un couple improbable mais non moins intéressant. Diamétralement opposé de par leurs origines, l’évolution de leur relation promet d’être intéressante dans l’avenir.
Plus qu’un univers immersif, le
succès de Carnival Row repose sur le
climat angoissant qu’il y règne. La peur monte crescendo. Le meurtrier sème des
cadavres dépecés tel le petit Poucet. Le résultat est juste effrayant et
sinistre, tout en poussant les téléspectateurs à toutes les interrogations possibles.
L’autre thématique explorée ici est celle du colonialisme et ses conséquences
sur les peuples. Cette exploitation des populations et des terres est un thème
récurrent en fantasy qui permet l'épanouissement de tout un panel de sentiments et d’émotions. Intolérance et défiance gouvernent ce monde.
Entre une intrigue prenante, des
personnages attachants et du merveilleux, on apprécie cette nouvelle série qui
met la fantasy à l’honneur.
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