Les Brigades du Steam est le fruit de deux plumes de talent qui se sont associées pour proposer ce récit d'imaginaire. Si Etienne Barillier est un auteur de référence en steampunk pour avoir notamment écrit avec Arthur Morgan, Le Guide Steampunk (publié chez ActuSF en 2013), ainsi que La France Steampunk (publié chez Mnémos, en 2015), Cécile Duquenne, elle, n'est pas non plus en reste comme l'illustrent ses séries, Les Foulards rouges mêlant steampunk et space opera, ainsi que Penny Cambriole.
La sortie prochaine d'un second volet des aventures de la sémillante Solange Chardon de Tonnerre m'a donnée envie de sortir de ma PAL ce premier tome pour m'atteler enfin à sa lecture.
1910. Solange Chardon de Tonnerre se réveille sur un lit d'hôpital, l'esprit embrumé par les calmants, avec un bras en moins et des souvenirs confus quant à la raison de sa présence ici. Peu à peu, la mémoire lui revient et avec elle, le chagrin insoutenable d'avoir perdu son coéquipier et ami, Pierre, ainsi que l'incompréhension de cet attentat survenu au quai des Orfèvres. Parallèlement, Auguste Genovesi rejoint la 13e brigade. Et pour sa première mission, il est affecté au chevet de Solange car en tant que nouvel équipier, il se doit de l'aider à remonter la pente. Passés les premiers échanges houleux entre eux, ils n'auront bientôt pas d'autre choix que de trouver un terrain d'entente pour affronter ensemble des dangers qui menacent à nouveau Solange et même la France.
Les Brigades du Steam est une uchronie teintée de steampunk dans laquelle les auteurs ont imaginé l'existence d'une treizième brigade mobile qui vient s'ajouter aux douze déjà connues, créées par Georges Clemenceau en 1907. Celle-ci étant basée ici à Aix-en-Provence, ville natale des deux héros mis en scène par Etienne Barillier et Cécile Duquenne. Aussi, on ne s'étonne pas d'assister à un chassé-croisé de personnages fictifs et historiques qui ne cessent de se rencontrer entre ces lignes. La plus remarquable intervention est bien entendu celle de l'illustre Georges Clemenceau qui ne va pas manquer de venir inspecter les rangs de l'une de ses brigades. Clin d’œil à la célèbre série "Les Brigades du Tigre", diffusée de 1974 à 1983, le roman d'Etienne Barillier et de Cécile Duquenne y ajoute une dimension steampunk, conférant au texte ses notes d'élégance et de modernité. En outre, la référence ne s'arrête pas là puisque le supérieur de nos deux mobilards est un certain commissaire Desailly, portant le même nom que le créateur de la série Claude Desailly.
Ici la vapeur et le cuivre s'expriment tous azimuts à travers des hippomobiles, autrement dit des véhicules fonctionnant à l'aide de chaudière à charbon, ou encore des cerveaux mécanographiques permettant la centralisation et la diffusion d'informations par voie télégraphique ou téléphonique. Sans parler des membres artificiels articulés et constitués de tuyaux, de pistons et autres rouages afin de remplacer ceux faits de chair et de sang qui sont endommagés. Des greffes qui modifient à jamais celui ou celle qui les reçoivent en faisant d'eux des êtres physiquement supérieurs, autrement dit des humains améliorés.
Outre cette atmosphère mécanique, les auteurs ont laissé leur imagination dériver vers cette notion d'expériences scientifiques secrètes menées sous le sceau du secret d'Etat. Une orientation du récit qui se mêle parfaitement à la menace prussienne qui plane sur la France. Ici, la sécurité nationale est en jeu car les hautes sphères du pouvoir semblent infiltrées par des agents prussiens alors pour celui que l'on surnommera plus tard le "père de la victoire", il n'y a pas d'autres choix que de mettre son meilleur homme, enfin plutôt sa meilleure femme sur l'affaire afin de démasquer les traites.