L'influence du "gaming" à la littérature

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08/08/2022

Pierre Grimbert, Le Sang des Parangons, éditions Mnémos

Pierre Grimbert, Le Sang des Parangons, éditions Mnémos

Célèbre depuis son cycle de Ji, Pierre Grimbert s'est très vite imposé comme un auteur de référence pour la fantasy francophone. Il écrit autant pour la jeunesse que pour un public adulte et a enchaîné de nombreuses séries depuis ses premier succès comme Gonelore, 21 lames ou Dragonia

Il signe aujourd'hui un nouveau titre plutôt orienté dark fantasy aux éditions Mnémos qui fait d'ailleurs partie de la rentrée de la fantasy

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Le monde des hommes s'effondre, la terre se meurt. Ils sont savants, chevaliers, mercenaires ou monarques, tous ont été désignés comme les champions par leurs pairs pour mener à bien la quête de la dernière chance. Il s'agira pour eux de se rendre au sein de la montagne sacrée afin d'aller trouver les dieux en leur palais souterrain et de les prier de les sauver en empêchant le monde de se disloquer. Fous, désespérés ou superstitieux, ils sont beaucoup à tenter l'aventure mais combien arriveront-ils au bout et surtout combien ressortiront-ils vivants ? 

Le Sang des Parangons nous plonge dans une fantasy très sombre qui donne le ton dès les premières pages du roman de par l'univers et l'aventure décrits. En effet, on retrouve l'ensemble des acteurs de la quête au pied de cette montagne où des centaines et des centaines de corps s'amoncellent comme vomis par ce mont sacré. Or, ce décor mortifère qui sert de cadre unique de l'action ne peut augurer qu'une entreprise funeste quant à la suite des événements au sein même du repaire des dieux. 

Qui dit exploration souterraine, dit obscurité, passages étroits, parcours labyrinthique infini ou encore hostilité des lieux si déjà occupés, soit autant d’éléments dont Pierre Grimbert se sert pour nourrir l'ambiance angoissante de son roman. D'autant qu'il a même donné à sa montagne une caractéristique fantastique qui donne l'impression aux aventuriers et aux lecteurs qu'un cœur pulse à travers ses parois. Elle exhale une certaine malfaisance qui pèse sur chacun des protagonistes de cette histoire exerçant même des changements sur eux. Plus qu'un simple lieu, cette montagne sacrée dégage une puissante aura à la fois oppressante et fascinante qui en fait une présence omniprésente pour tous ceux qui l'approchent. Ainsi, l'univers décrit touche à l'horrifique interagissant autant avec les peurs les plus profondes qu'avec les plus bas instincts. 

Dans Le Sang des Parangons, Pierre Grimbert a fait le choix de chapitres courts où quelques-uns de ses nombreux protagonistes y prennent la parole chacun à leur tour pour nous conter un bout de cette aventure. Ainsi, grâce à ces multiples points de vue exprimés, on apprécie au mieux l'intégralité des enjeux motivant cette quête insensée. Néanmoins, il est difficile de s'appesantir sur un destin en particulier car les personnages sont trop nombreux et certains sont même très fugaces dans l'intrigue pour même espérer retenir leur nom. 

03/08/2022

Hannu Rajaniemi, Summerland, collection Perles d’Épice, éditions ActuSF

Hannu Rajaniemi, Summerland, éditions ActuSF

Auteur finlandais de science-fiction et de fantasy, Hannu Rajaniemi s'est d'abord illustré avec sa série d'hard science-fiction, Jean le Flambeur, avant de nous proposer, en 2018, un roman indépendant titré Summerland et que les éditions ActuSF ont décidé de publier cet été. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce nouveau service de presse. 

Summerland accueille les âmes des défunts, si et seulement si, ceux-ci ont obtenu un Ticket avant leur mort. La mort n'est donc plus une fin en soi mais est devenue un enjeu de rivalités pour les puissances de ce monde. Et ce n'est pas l'agente gouvernementale Rachel White qui dira le contraire, elle, qui vient de découvrir l'existence d'une taupe soviétique au sein même de Summerland, et que, sous prétexte que celle-ci dispose d'appuis hauts placés, se voit mise sur la touche. Pour autant, acceptera-t-elle cette situation ou au contraire risquera-t-elle sa carrière pour aller au bout de ses convictions ?

Summerland est une uchronie de science-fiction, imprégnée par l'ambiance du roman d'espionnage. 

Influencé par sa propre expérience universitaire en physique mathématiques, Hannu Rajaniemi a mis dans son livre la science et la technologie au service de l'au-delà afin de rendre possible une interaction entre les vivants et les morts. Aussi, des outils techniques interagissant avec l'éther sont mis à disposition des vivants pour communiquer avec les âmes peuplant Summerland ou à contrario, permettre à certains défunts de revenir parmi les vivants en empruntant notamment le corps d'un médium. Sans en dévoiler toutes les subtilités, il est bon de noter qu'Hannu Rajaniemi se fait l'inventeur de toute une technologie complexe qui vient habilement donner du crédit à son uchronie. 

D'ailleurs, celle-ci repose sur un postulat de la Première Guerre mondiale sensiblement différent avec l'usage d'un armement encore plus redoutable et une finalité autre où les empires britannique et soviétique semblent les seuls grands vainqueurs de ce conflit. Sans surprise, il en découle donc une géopolitique dissemblable avec deux acteurs qui s'engagent sur une autre voie politique : la conquête de l'immortalité. 

Or, ce questionnement autour de la vie après la mort fait à la fois écho au spiritisme qui a imprégné la société d'après-guerre qu'au transhumanisme qui s'invite dans la débat moderne, reflétant l'éternelle peur de mourir des humains. 

D'autre part, cette tension qui habite ces deux empires rivaux est intéressante du fait qu'elle permet d'introduire la notion d'espionnage, soit une réalité historique et politique, fort à propos ici car elle vient entourer l'intrigue d'une aura de mystère tout en impulsant du rythme à notre lecture. Outre, l'ingéniosité du cadre uchronique imaginé, la force de ce texte réside beaucoup dans l'investigation menée par cette agente secret au sein même du pouvoir et des agences gouvernementales. 

29/07/2022

Shannon A. Chakraborty, La Cité de Laiton, tome 1, Daevabad, éditions J'ai Lu Imaginaire

Shannon A. Chakraborty, La Cité de Laiton, tome 1, 
Daevabad, éditions J'ai Lu Imaginaire

Écrivaine américaine, Shannon A. Chakraborty a réussi à charmer son public avec sa toute première trilogie qui s'intitule Daevabad. Or, après un gros succès en grand format chez De Saxus, le tome 1, La Cité de Laiton vient d'être publié par les éditions J'ai Lu

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu, je remercie Chaïma pour l'envoi de ce service de presse. 

Le Caire, XVIIIe siècle, Nahri se rêve médecin. Mais en attendant d'avoir réuni suffisamment d'argent pour financer ses études de médecine, elle escroque les crédules en leur promettant de les libérer de l'ensorcellement d'esprits facétieux. Un jour, lors de l'une de ses fausses cérémonies de désenvoûtements, elle libère un esprit maléfique qui la poursuit dans les rues du Caire, déchaînant même une horde de goules à ses trousses. Mais alors qu'elle croit sa dernière heure arrivée, elle invoque involontairement un djinn guerrier qui, contre toute attente, lui vient en aide pour s'échapper de la ville. De là, il lui propose de rejoindre une mystérieuse cité où selon ses dires, elle trouvera toutes les réponses à ses interrogations. Pour autant, suivra-t-elle cet être péremptoire pour affronter l'inconnu et le danger qui va avec ? 

Avec La Cité de Laiton, Shannon A. Chakraborty inaugure une trilogie de fantasy orientale de haute volée. Dès ce premier tome, elle pose les bases d'un univers fouillé qui puise son inspiration dans différents mythes : arabes, iraniens ou mésopotamiens. Aussi, elle a peuplé les pages de son livre de nombreuses figures ou créatures issues de divers bestiaires merveilleux pour venir nourrir un imaginaire méconnu des lecteurs de fantasy anglophone ou francophone. 

Entité prédominante du folklore orientaliste, le Djinn est également le pilier central de cette saga. En effet, l'autrice a imaginé ici plusieurs tribus rivales ou alliées qui empruntent à l'existant ou relèvent de la pure fiction. Six tribus se distinguent entre ces lignes avec les Geziris, les Anyaanles, les Daevas, les Sahrayns, les Agnivanshis et les Tukharistanais. Toutes ont des caractéristiques propres et des lieux de vie différents. Néanmoins, ce sont les Daevas qui nous intéressent plus particulièrement ici puisque l'essentiel de l'action se déroule au sein de leur capitale, Daevabad. Autrefois très puissants, les Daevas se sont vus restreints dans leurs pouvoirs par le prophète Souleymane en personne en représailles du mal qu'ils ont fait à l'humanité. Terre de rébellion, le Daevastana a été également marqué par le renversement de pouvoir par Zaydi al Qahtani qui a éteint la puissante lignée des guérisseurs Nahids. 

22/07/2022

Scarlett St. Clair, A touch of malice, tome 3, Hadès & Perséphone, éditions Hugo New Romance

Scarlett St. Clair, A touch of malice, tome 3, 
Hadès & Perséphone
éditions Hugo New Romance

La série Hadès & Perséphone de Scarlett St. Clair fait son chemin chez Hugo New Romance qui nous propose en ce mois de juillet la publication du tome 3. 

Lu dans le cadre d'un nouveau partenariat avec les éditions Hugo New Romance, je remercie Olivia pour l'envoi de ce service presse. 

L'officialisation des fiançailles d'Hadès et de Perséphone n'est pas du goût de Déméter qui déclenche, en représailles, une tempête de neige, paralysant ainsi la Nouvelle-Grèce. Et comme si cela ne suffisait pas à mettre les nerfs de tous à vif, une secte d'Impies semble vouloir en découdre avec les dieux au point de s'en prendre directement à leurs proches. La tension monte au sein de la population comme chez les Olympiens. Au milieu de ce chaos ambiant, Hadès et Perséphone arriveront ils, pour autant, à faire triompher leur amour et à se marier ? 

Passé la séduction de A touch of darkness, puis l'acceptation de A touch of ruin, le temps est venu pour Hadès et Perséphone dans A touch of malice, de mettre leur couple à l'épreuve du regard des autres, et notamment de celui des dieux. Ainsi, dans ce troisième volet, Scarlett St. Clair met en exergue l'un des éléments fondateurs du mythe d'Hadès et Perséphone, la vengeance de Déméter qui, dans la version originelle prend la forme d'une sécheresse et que l'autrice a transformé dans sa saga en blizzard estival. 

En introduisant le dérèglement climatique qui agit sur les nerfs de tout le monde, y compris ceux des dieux, l'autrice instaure un climat de tension propice à l'avènement d'une nouvelle ère de titanomachie. D'autant que cette situation critique va profiter aux membres d'une secte qui cherchent à attirer l'attention sur eux et à déstabiliser les dieux. 

Dans A touch of malice, Scarlett St. Clair joue beaucoup sur ces deux facettes mythologiques pour venir nourrir son intrigue et bien entendu, complexifier la relation qu'Hadès et Perséphone entretienne. 

C'est vraiment un tome intéressant autant du point de vue de la réécriture du mythe d'Hadès et Perséphone à proprement parlé, que de la réappropriation d'épisodes phares de la mythologie grecque, sans parler du récit rythmé par le danger  que nous offre ce troisième volet. 

D'ailleurs, j'ai particulièrement apprécié ma lecture pour toutes ces raisons qui viennent considérablement enrichir l'intrigue. Mon seul regret est que finalement la guerre qui éclate entre les dieux tarde à venir car elle est longtemps éclipsée par les très nombreuses scènes érotiques qui parsèment les 3/4 du roman et concentrent les deux personnages principaux sur ces instants charnels plutôt que de se préoccuper des enjeux guerriers qui jalonnent le livre.

19/07/2022

Elie Soheen, L'Ombre des Songes, tome 2, A la Croisée des Rêves, éditions Inceptio

Elie Soheen, L'Ombre des Songes, tome 2, 
A la Croisée des Rêves
éditions Inceptio

Après avoir été emballée par ma lecture du premier tome d'A la Croisée des Rêves, j'ai pas eu envie de traîner trop longtemps pour enchaîner la suite afin de ne pas perdre le fil. D'autant que j'ai eu le plaisir de rencontrer Élie Soheen qui m'a gentiment dédicacée ses romans. 

Maintenant que c'est chose faite, je m'en viens vous partager mon avis sur L'Ombre des Songes, plus en détails.

Suite à sa confrontation avec Abigaël, Isobel en est ressortie meurtrie mais avec des pouvoirs plus développés. En effet, maintenant elle peut directement agir sur la matière dans le réel et ne se contente donc plus de faire apparaître de simples illusions. Un nouveau potentiel qui l'inquiète autant qui l'intrigue car elle ne voudrait surtout pas tomber dans la démesure comme sa Némésis. Heureusement, elle peut compter sur Sakae, la rêveuse japonaise qui l'aide à maîtriser ses nouveaux dons et surtout à empêcher le pire d'advenir car la disparition d'Abigaël n'a finalement pas marqué la fin du danger et les nouvelles menaces qui s'annoncent pourraient bien mettre en péril toute l'humanité. Pour autant, Isobel est-elle réellement prête à y faire face ? 

Dans L'Ombre des Songes, on goûte à toute l'originalité de l'univers merveilleux inventé par Élie Soheen. Ici, le rêve fait office de magie et nous ouvre les portes de dimensions parallèles où la vie s'écoule pareillement ou différemment  à notre monde. Il est à noter que même si certaines sont peuplées par des personnes à l'apparence identique, ces occurrences sont néanmoins en tous points différentes et ne suivent pas le même destin. 

Seuls les rêveurs et les rêveuses ont la capacité de pénétrer dans ces mondes parallèles mais ils doivent avoir la précaution de ne pas les altérer sous peine de les voir se désagréger et disparaître. L'équilibre entre présent, passé et futur doit être maintenu pour éviter au monde de s'autodétruire et à l'humanité de s'éteindre. Or, une légende raconte l'existence d'une arme absolue, un artefact capable de modifier des événements et ferait donc de son détenteur quasiment un dieu. C'est le fantasme de bien des rêveurs et des rêveuses mais le chercher peut conduire à s'y brûler les ailes car un grand pouvoir implique une grande responsabilité.

Élie Soheen signe donc un univers complexe et fascinant qui donne à son texte son ambiance pré-apocalyptique où son personnage principal s'engage dans une course contre la montre pour empêcher, rien de moins, qu'un Armageddon.