L'influence du "gaming" à la littérature

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08/10/2019

Lionel Davoust, Contes Hybrides, Les Editions Mille Cent Quinze

Il n'y a pas de plus grand plaisir pour un blogueur que d'être sollicité par un auteur, d'autant plus si ce dernier est un grand  nom des littératures de l'Imaginaire. Je remercie donc Lionel Davoust, rencontré à l'occasion de la dernière édition de Cidre et Dragon, de l'intérêt qu'il porte à Fantasy à la Carte ainsi que les éditions 1115 pour l'envoi de ce service de presse. 

Contes Hybrides est donc son dernier ouvrage publié. Avec ce nouveau recueil, composé de trois novellas, notre auteur repousse encore plus loin les frontières de l'Imaginaire. Il explore autant, ici, les futurs fantasmés de l'humanité qu'il part en quête de merveilleux. Deux histoires sont orientées fantasy, une davantage science-fiction. 

"Le Sang du Large" ouvre cette courte anthologie sur un monde prosaïque dans lequel vit un auteur à succès désabusé dont l'inspiration a foutu le camp. Lui qui a toujours cherché la magie, il semble avoir perdu l'étincelle, jusqu'au jour où l'impensable survient... Derrière la trivialité du syndrome de la page blanche de l'écrivain, Lionel Davoust fait jaillir l'émerveillement. En évoquant un sujet qui le touche de très près, en tant qu'auteur, il réussit à nous ouvrir de nouvelles perspectives sur notre environnement. C'est sa manière à lui de nous faire appréhender le monde de manière différente. 

Pour "Point de Sauvegarde", il faut imaginer un futur proche dans lequel la technologie a fait évoluer l'espèce humaine. L'armée compte dans ses rangs des cyborgs, mi-hommes mi-robots, autrement dit des soldats surpuissants qui, même s'ils représentent une prouesse technologique, ils n'en demeurent pas moins des êtres dangereux qu'il est difficile d'abattre. N'est-ce pas effrayant ? Avouez que l'imagination délirante de Lionel Davoust a de quoi donner quelques suées, car après tout, ne dit-on pas que les auteurs de science-fiction sont des visionnaires ? 

Mais laissons derrière nous ces expériences "Secret-Défense" de l'armée pour repartir en féerie avec "Bienvenue à Magicland". L'auteur puise à nouveau dans le bestiaire merveilleux en donnant le premier rôle aux licornes, ces créatures légendaires à corne unique. Dans cette novella, elles sont l'attraction principale d'un parc animalier. Les voici donc devenues des bêtes de foire dans un monde où l'humanité a disparu pour laisser la place aux trolls. Ecrit comme un signal d'alarme quant à la surexploitation du monde animal et de la nature en général, Lionel Davoust continue sur sa lignée de rédiger des textes qui poussent au questionnement. 

Fidèle à lui-même, l'auteur nous délivre donc trois nouvelles superbement écrites qui nous entraînent dans de fantasques explorations. 

Suivant la devise de la maison d'édition, qui se veut, "une agence de voyages littéraires", Contes Hybrides se conforme parfaitement à cette ligne éditoriale en nous offrant un intermède des plus dépaysant. 

Fantasy à la Carte


Retrouvez sur le blog mes avis sur Port d'Âmes, La Messagère du Ciel et Les Questions Dangereuses.
Lionel Davoust
Contes Hybrides
Editions Mille Cent Quinze
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04/10/2019

Breth Harken, La Trahison des Alchimistes, La Trilogie de l'Eugord, tome 1, éditions Baudelaire

Breth Harken est un amateur d'Imaginaire. Inspiré par le jeu de rôle et la littérature, il publie son premier roman de fantasy, La Trahison des Alchimistes, aux éditions Baudelaire. Je le remercie d'avoir sollicité l'avis de Fantasy à la Carte, et pour l'envoi de ce service de presse. 

Cet auteur a l'ambition d'écrire une trilogie. La Trahison des Alchimistes n'est donc que le premier volet. 

Ici, il nous met en présence d'une communauté de héros importante et nous fait, tour à tour, suivre chacune de leurs aventures. Au fil des pages, on côtoie un vieux magicien et son apprenti, deux lémures au caractère irascible, une courtisane peu scrupuleuse, un aventurier téméraire ou encore un elfe éconduit qui voient, malgré eux, leur chemin se croiser. En effet, devant l'hégémonie d'un empereur mégalomane, ils n'auront pas d'autres choix que de s'unir pour se lancer dans la quête du seul artefact capable de mettre fin à cette menace. 

Breth Harken tisse son récit autour d'une intrigue très classique en fantasy. A l'image des maîtres anglo-saxons du genre, il emprunte les codes propres à la high fantasy. Aussi, on retrouve bien la figure de la compagnie de héros qui s'engage dans une quête pour vaincre la personnification du Mal au sein d'un royaume imaginaire. 

Il fait preuve d'un vrai souci du détail en cartographiant son univers. Ainsi, une carte est placée en préambule du livre facilitant la lecture. 

Bien qu'il n'y ait rien d'original dans cette intrigue, on apprécie la fluidité du texte, la ribambelle de héros hauts en couleur et le riche univers qui mêle créatures fantastiques au bestiaire merveilleux. 

L'auteur joue beaucoup sur l'antagonisme de ses héros accentuant volontairement leurs travers afin de pimenter son histoire. Aventure et humour partagent donc l'affiche de ce livre.

Passionné du genre, il n'a pas manqué d'insérer quelques clins d’œil à de célèbres personnages de fantasy que les inconditionnels ne manqueront pas de reconnaître.

La Trahison des Alchimistes, c'est un premier roman qui réunit tous les ingrédients d'une bonne fantasy. Il s'inscrit davantage dans la lignée des auteurs anglo-saxons que français. 

Fantasy à la Carte

Breth Harken
La Trahison des Alchimistes
Tome 1
Laa Trilogie de l'Eugord
Editions Baudelaire

01/10/2019

Jérôme Nédélec, Les Forêts Combattantes, tome 2, L'Armée des Veilleurs, Tri Nox Editions

La sortie des Forêts Combattantes de Jérôme Nédélec est notable à plus d'un titre. Déjà, c'est l'occasion de retrouver la plume d'un incroyable conteur qui, avec son second volet, continue de nous captiver. 

Mais cela marque aussi la naissance d'une nouvelle maison d'édition car Les Forêts Combattantes vient inaugurer avec Remugles de Benjamin Desmares, le catalogue de Tri Nox Editions, filiale de Stéphane Batigne Éditeur. Un label qui fera la part belle aux littératures populaires et à l'imaginaire breton. Polar, fantastique, science-fiction et autre fantasy s'y épanouiront à leur aise. 

Mais revenons au cycle de L'Armée des Veilleurs dont je vous faisais découvrir le premier tome il y a peu. L'attente pour la suite n'aura donc pas été longue et c'est tant mieux. Je remercie Jérôme Nédélec et son éditeur pour l'envoi de ce deuxième service de presse. 

Littéralement passionnée par Les Frontières Liquides, je vous avoue qu'il me tardait de lire la suite. 

Les Forêts Combattantes s'ouvre sur un autre décor. En effet, notre communauté de héros, enfin ceux qui ont survécu à la bataille de la Visnonia, est amenée à reprendre la route, missionnée par l'énigmatique homme d'église Golven. Ils doivent s'enfoncer dans la mythique Brocéliande pour retrouver un mystérieux forgeron. Une tâche, qui malgré les apparences, ne sera pas si aisée. Même si l'ennemi du Nord a été repoussé, les dangers demeurent. Le comte Alan n'est toujours pas roi, et la menace franque est très présente. Le territoire n'est donc pas sûr, comme en feront les frais nos soldats. Plus que de se frotter à la belligérance des petits seigneurs locaux, ils devront aussi affronter un péril sans doute encore plus grand. Le mal rôde en ses lieux et il semble venir des temps anciens. Ceux qui sont appelés à devenir les Veilleurs doivent se préparer, la bataille est proche...

Avec le tome 1, Jérôme Nédélec, avait déjà mis la barre haut, le second, lui, rehausse encore le niveau. 

Avec une prose maîtrisée, l'auteur nous plonge dans une uchronie historique dont il a retricoté les fils pour faire jaillir le surnaturel au détour du bois. 

Il insère son intrigue au cœur d'un territoire qui déchaîne toutes les passions aussi bien pour les protagonistes de l'époque que pour nous, les lecteurs d'aujourd'hui. Il faut dire que Jérôme Nédélec est à l'aise pour nous raconter ces hauts faits historiques. 

Dans ce roman, on commence seulement à percevoir ses desseins, c'est-à-dire à comprendre qui est réellement cette armée de veilleurs. Mais en bon maître du suspense, le peu que Jérôme Nédélec nous dévoile juste ce qu'il faut pour nous mettre l'eau à la bouche. On a beau faire défiler les pages, on en est pour nos frais quant à deviner ce qu'il nous réserve. 

Les Forêts Combattantes est un roman d'action qui mêle habilement une Histoire bretonne forte à des éléments fantastiques plus accentués que dans le tome précédent. Le lieu y est sans doute pour quelque chose car, après tout, Brocéliande est le berceau de nombreuses légendes. 

C'est un récit historico-fantastique bluffant de maîtrise, marqué par des personnages qui vous hantent une fois le livre refermé. La lecture y est jubilatoire même si l'auteur laisse encore planer beaucoup trop de mystères pour que l'on se sente pleinement rassasié. Personnellement, j'attends le final avec impatience. 


Fantasy à la Carte
Retrouvez mon avis sur Les Frontières Liquides sur le blog.

Jérôme Nédélec
Les Forêts Combattantes
Tome 2
L'Armée des Veilleurs
Tri Nox Editions


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27/09/2019

Jeanne-A Debats, L'Héritière, Testaments, tome 1, collection Hélios, éditions ActuSF

Jeanne-A Debats est une belle plume féminine de l'Imaginaire français qu'il était temps de connaître. La sortie chez Hélios du troisième volet de sa trilogie Testaments est la bonne occasion pour faire connaissance.

Mais avant de vous parler de Humain.e.s, trop humain.e.s, arrêtons-nous quelque temps, si vous le voulez bien, sur L'Héritière. Je remercie au passage les éditions ActuSF pour l'envoi de ce service de presse qui me donne le prétexte de me plonger dans l'univers de cette autrice. 

Maintes fois récompensée par les prix les plus prestigieux, tels le Grand Prix de l'Imaginaire et le prix Julia Verlanger en 2008 ou encore le prix Rosny aîné et le prix Bob Morane en 2009, Jeanne-A Debats affiche visiblement un style remarquable

L'Héritière ouvre un cycle composé de trois tomes qui partage le même univers que son roman Métaphysique du vampire

Ici, Jeanne-A Debats nous colle dans les pattes d'Agnès Cleyre, une héroïne pas comme les autres. Il faut dire que la jeune femme a un don (enfin pour elle, c'est plutôt une malédiction !) : elle voit les morts. Pire : elle absorbe leur souffrance et leur désespoir sans réussir à les contenir. Un pouvoir redoutable qui la met en danger à chaque fois qu'elle sort de chez elle. Mais avec le décès brutal de sa famille dans un accident de voiture, sa vie risque de se compliquer davantage. Comment aller se recueillir sur leurs tombes, si ce n'est en sortant de nuit et fortement alcoolisée ? Apparemment, l’ébriété lui sert de barrière contre les invasions d'outre-tombe, mais pas de protection contre les condés. Le retour de son "oncle", qu'elle n'a pas revu depuis plusieurs années va bousculer un peu plus sa vie d'orpheline esseulée. Sorcier comme sa mère, l'oncle Géraud est un notaire d'un genre particulier. Enfin, c'est surtout sa clientèle constituée de vampires, loups-garou et autres sirènes d'eau douce, qui sort de l'ordinaire. C'est tout naturellement qu'il invite Agnès à rejoindre son étude, persuadé que l'érudition et les compétences linguistiques de sa nièce y feront des merveilles. D'ailleurs, un cénacle de vampires vient les charger d'une mission délicate, retrouver une héritière afin que leur lignée ne s'éteigne pas. Cernée de vampires et de loups-garou de toutes parts, l'avenir d'Agnès s'annonce d'ores et déjà très mouvementé. 

Voici un premier roman, riche d'une intrigue déjantée qui me donne la mesure de l'imagination sans borne de cette autrice.

Elle a construit son "AlterMonde" sur notre culture populaire et a donné aux créatures fantastiques les premiers rôles. Point de mièvrerie ni d’excès de violence pour ces créatures immortelles et intemporelles. Elle rompt avec les codes habituels largement usités au cinéma consistant à nous présenter le vampire sous son aspect de séducteur en voie de rédemption ou d'animal sauvage, et lui attribue quant à elle beaucoup de travers très humains. Ainsi, ne vous étonnez pas de rencontrer un éphèbe dévoreur de comics ou un assassin aux dents longues cynique et drôle. 

Jeanne-A Debats nous régale avec ses personnages improbables qui nous entraînent dans des situations mi-burlesques, mi-dramatiques. C'est un peu la marque de fabrique de cette autrice qui réussit à nous faire rire même dans les situations les plus tragiques. Son récit est truffé de traits d'humour et de clins d’œil rendant la lecture parfois hilarante, voire même ahurissante. 

Certains parlent de pépites lorsqu'ils évoquent les livres de cette série, je ne peux encore juger de l'ensemble mais L'Héritière est clairement un bijou. Voici une fantasy urbaine enlevée qui déménage. Mon seul regret est que la lecture du livre soit déjà terminée. Heureusement pour moi, il me reste encore la suite pour me délecter. 

Fantasy à la Carte

Jeanne-A Debats
L'Héritière
Tome 1
Testaments
Collection Hélios
368 pages
978-2-36629-808-6
Editions ActuSF

Retrouvez les avis de Chut... Maman lit ! et Book en Stock.

24/09/2019

Morgan of Glencoe, Dans L'Ombre de Paris, La Dernière Geste, Premier Chant, collection Naos, éditions ActuSF

Morgan of Glencoe, Dans L'Ombre de Paris, Premier Chant, 
La Dernière Geste, collection Naos, 
éditions ActuSF

On continue de vous parler des nouvelles sorties aux éditions ActuSF sur Fantasy à la carte, avec Dans L'Ombre de Paris de Morgan of Glencoe. Je vous le dis, ce mois de septembre est riche en pépites et en coups de cœur. 

Musicienne et barde, Morgan of Glencoe a un peu délaissé ses partitions pour prendre la plume qu'elle manie avec tout autant de talent. Cette enchanteresse des mots nous emporte ici dans un Paris uchronique des plus étonnants. Elle fait honneur à ses origines bretonnes en invitant les fées, avec lesquelles elle a grandi, à venir égayer son récit. 

Dans L'Ombre de Paris est une dystopie qui nous attache aux pas de Yuri-hime Nekohaima, la fille de l'ambassadeur de l'Empire japonais, qui est destinée à épouser le dauphin de France. C'est à bord de l'Orient-Express qu'elle débarque à Paris et apprend l'avenir que son père lui a tracé. En bonne princesse japonaise, elle doit se conformer au désir de ce dernier qui reste son tuteur jusqu'à son mariage. Mais, même si elle ne montre rien, elle vit comme une trahison de ne pas avoir été prévenue avant de ce qui l'attendait. La voici qui se retrouve donc au Louvre à devoir se laisser courtiser par un prince qui ne l'intéresse pas sans même pouvoir demander des explications à son père. Son salut viendra de là où elle ne l'attend pas mais sera-t-elle capable d'écrire sa propre histoire ? 

Morgan of Glencoe nous ouvre les portes d'un Paris déconcertant où la splendeur n'est pas là où on l'imagine. Ici, le lustre et le faste des rois et de leurs pairs sont aussi factices qu'illusoires. Pour la jeune princesse, ce ne sont que les murs d'une nouvelle prison dorée qui va bientôt refermer ses portes sur elle. 

Dans l'imaginaire de cette autrice, il y a le Paris d'en haut et le Paris d'en bas. Alors que celui d'en haut sonne comme un faux-semblant, celui d'en bas, lui, carillonne de féerie. C'est ici, au cœur des égouts de la capitale que se sont réfugiés les fées, les rejetés, les incompris de ce monde étroit et sectaire. C'est là que l'on rencontre, par exemple, certaines figures de la geste arthurienne comme Taliesin le barde. L'autrice s'est amusée à peupler ces lieux inattendus de créatures tout droit sorties du folklore celtique. Maltraitées et haïes par les hommes, qui ne les comprennent pas, ces fées ont su se rassembler pour former une communauté hétéroclite et joyeuse. C'est dans ce royaume que Yuri va faire ses vrais premiers pas dans la société. En abandonnant peu à peu ses préjugés, elle découvre un monde insoupçonné, peuplé d'êtres de qualité, tolérants, bienveillants et enrichissants. Une rencontre bouleversante pour une princesse appelée à devenir une grande dame. 

Dans L'Ombre de Paris n'est qu'un prélude à une saga de fantasy déjà éblouissante qui redéfinit notre conception du merveilleux. Cette nouvelle plume a su se nourrir de son héritage, constitué de récits populaires et teinté d'une forte tradition orale, pour construire un univers fabuleux, sombre et lumineux à la fois, fait de larmes et de joie. 

La fantasy de cette artiste, c'est la rencontre de plusieurs cultures, japonaise et celtique, qui se mêlent harmonieusement pour offrir un texte aux intonations bouleversantes. 

Avec une écriture soignée, elle nous transporte dans une aventure ébouriffante qui nous émerveille autant qu'elle nous fait pleurer. 

Dans ce premier roman, Morgan of Glencoe lâche bien volontiers la bride à ses personnages, alors qui peut savoir ce que la suite de l'aventure va nous réserver ? 

Fantasy à la carte

A lire sur le blog, mes avis sur L'Héritage du Rail (tome 2) et Ordalie (tome 3).

Morgan of Glencoe
Dans L'Ombre de Paris
La Dernière Geste
Premier Chant
Collection Naos
456 pages
978-2-36629-475-0
Editions ActuSF


Retrouvez les avis des Chroniques de l'Imaginaire et du blog Le monde d'Elhyandra.