L'influence du "gaming" à la littérature

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14/06/2024

Alex Nikolavitch, Le garçon avait grandi en un gast pays, éditions Les Moutons électriques

Alex Nikolavitch, Le Garçon avait grandi en un gast pays
éditions Les Moutons électriques 

Après Trois coracles cinglaient vers le couchant et L'ancelot avançait en armes, Alex Nikolavitch est de retour avec Le garçon avait grandi en un gast pays pour conclure son triptyque arthurien.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Maxime pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Elevé en plein cœur de la forêt et à l'écart des autres par sa mère, Perceval décide un jour de s'enfuir pour découvrir le monde. Chemin faisant, le jeune homme multiplie les rencontres, notamment de chevaliers sans connaître leur identité ni leur historique au sein de la cour qui vont le pousser dans des quêtes le rapprochant peu à peu du roi et de la bataille finale. Comment s'en sortira-t-il ?

Mon avis :

C'est donc toujours avec le même pas de côté qu'Alex Nikolavitch nous replonge dans les légendes arthuriennes en mettant en lumière un destin en particulier. Ici, il a porté son dévolu sur Perceval en débutant son récit au sein des bois où il grandit dans l'ignorance de ses origines et des événements décisifs de son époque. 

L'auteur est donc parti du même postulat de départ que le mythe à travers cette enfance esseulée et sa rencontre cruciale avec certains des chevaliers de la Table Ronde. Néanmoins, passés ces éléments, on rentre de plein pied dans la réécriture puisqu'Alex Nikolavitch n'envoie pas directement Perceval à la cour du roi Arthur s'illustrer dans des hauts faits, mais choisit plutôt de l'entraîner dans des pérégrinations qui vont l'aider à apprivoiser son environnement, à murir et à trouver sa place dans le monde. En cela, Le garçon avait grandi en un gast pays est une véritable ballade  dans laquelle on rencontre des figures légendaires, à l'image de Karadoc, un fidèle d'Uther qui finira par accepter la prise de pouvoir d'Arthur en devenant à son tour l'un de ses alliés. Ici, il prend les traits d'un mentor pour le jeune Perceval en l'aiguillonnant à emprunter un chemin héroïque. Mais les plus notables apparitions demeurent Gawain et L'ancelot qui l'accompagnent dans l'écriture de sa destinée car certaines de ses actions sont motivées sur la suggestion de l'un ou de l'autre. 

C'est également comme cela que les portes de la féérie lui sont ouvertes et qu'il va participer à des missions teintées d'onirisme. La magie imprègne pleinement les pages de ce roman et s'exprime au travers d'entrevues surnaturelles. Ainsi, la fée Morgane intervient tout naturellement à plusieurs reprises dans ce récit puisqu'elle est intimement liée au trépas du roi. Il est à noter, le choix orthographique privilégié par Alex Nikolavitch, "Morrigane" faisant directement référence à l'une des trois déesses guerrières des Tuatha Dé Danann puisque c'est exactement ce que la sœur d'Arthur incarne ici. 

11/06/2024

Eva Martin, Miska, éditions Critic

Eva Martin, Miska, éditions Critic

En 2023, les éditions Critic ont accueilli en grandes pompes une nouvelle voix de l'Imaginaire, Eva Martin, pour ne pas la nommer, au sein de leur catalogue. 

Il est vrai que la sortie de son premier roman, Miska, n'était pas passée inaperçue, en suscitant moult réactions au sein de la communauté des amateurs du genre.

Repéré à l'époque mais point encore lu, je viens de rectifier le tir en rencontrant l'autrice aux Imaginales et en me procurant ledit ouvrage. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour sa confiance renouvelée et ce service de presse.

Résumé :

En Calcédie, la rumeur court autour de l'existence de voiles blanches qui auraient été aperçues ici ou là. Illusion d'optique ou réalité, c'est au capitaine Dacien qu'incombe la mission d'aller vérifier sur place ce qu'il en est. Peu emballé, il s'y soumet de mauvaise grâce sans savoir que ce n'est que le début des ennuis...

Mon avis :

Miska est un roman de fantasy dans lequel deux civilisations vont s'opposer. Si l'une stagne à une ère moyenâgeuse, l'autre, au contraire, affiche un progrès insolent marqué par la technologie. Celle-ci s'exprime, par exemple, par la possession d'armes à poudre, pendant que les autres se battent encore à l'épée et à l'arc. Mais le plus notable demeure cette flotte de bateaux volants appelés "mostarkis" qui leur permet de parcourir le monde et accessoirement de le coloniser. Leur présence ajoute clairement une touche steampunk à l'univers. Ce modernisme, ils le doivent à leur maîtrise de l'épure car si les Kinoshs et les Calcédiens disposent bien de cette magie, ils ne la contrôlent pas pour autant de la même manière. On a donc une magie qui sert la technique et est également une arme létale de grande envergure capable de souffler toute vie sur son passage. Sa mise en œuvre colore ce texte d'un ésotérisme aussi visuel que spectaculaire. 

Miska, ça parle de quoi ? Avant tout, c'est une histoire de colonisation que l'on découvre aussi bien du point de vue du colonisé que de celui du colonisateur. Eva Martin y met en lumière d'un côté, les mensonges et la manipulation politique pour justifier cet acte expansionniste et de l'autre côté, la résilience des peuples ou au contraire, son esprit de revanche face à l'oppresseur. 

Miska est un roman psychologique dans lequel l'autrice nous propose une analyse très pertinente des comportements humains lorsqu'ils sont en but à des situations inextricables. Ainsi, si certains versent dans la violence et le calcul, d'autres demeurent plus pragmatiques et pondérés.

Miska, c'est d'abord un symbole de liberté qui se retrouve petit à petit dévoyé pour sombrer dans les ténèbres. Avec ce roman, on est sur des thématiques très ancrées dans notre réalité car le colonialisme demeure, à bien des égards, très actuel surtout lorsqu'il se mêle à des notions de modèles économiques, environnementales et sociétales. C'est vraiment le tour de force de cette plume qui sous couvert d'aventure en territoire fantasy nous parle surtout d'épuisement des ressources naturelles, de survie et de sacrifice ainsi que des choix à faire et du prix à payer. En outre, Il est également beaucoup question de liberté qui sous la plume d'Eva Martin, prend bien des significations. Ainsi, dans ce livre, on parle aussi bien de se libérer du joug de l'oppresseur que de se défaire du carcan imposé par la société, particulièrement pour les femmes qui, en rencontrant un autre peuple, vont découvrir une autre manière de vivre, notamment en occupant une place différente dans la société. Ainsi, au fil des pages on va avoir le plaisir de voir des femmes ou des jeunes filles prendre le pouvoir, non pas pour dominer l'autre mais simplement pour rétablir l'équilibre au sein de cette structure sociale défaillante. Ce livre ne manque donc pas de protagonistes badass aussi bien masculins que féminins. 

Miska est un récit d'action au ton mordant. Eva Martin a structuré son récit autour de deux points de vue masculins diamétralement opposés qui nous donnent la vision des deux camps en présence. Or, il n'y a pas plus différent que ces deux personnages principaux. Si Dacien est haut en couleurs de par sa verve et sa nature quelque peu bagarreuse, Azalon, lui, est plus mesuré, voir même flegmatique. Leur point commun est de devoir endosser un costume trop grand pour eux, celui de sauveur de la situation. Ainsi, Dacien en compagnie de sa poignée d'hommes va tout faire pour renverser les évènements et préserver les siens tandis qu'Azalon, lui, va être pris en tenaille entre sa conscience et ses obligations vis à vis de son peuple. Dans leurs diversités et leurs convergences, ils sont tous les deux très attachants. Finalement, en dépit de la gravité des évènements, on n'arrive pas à décider de quel côté notre cœur va pencher.  Leurs destins s'écrivent à l'encre de sang pour nous émouvoir autant que nous subjuguer.

Pour conclure :

Avec Miska, Eva Martin signe un premier roman engagé aussi divertissant qu'intelligent. A ne surtout pas rater !

Fantasy à la Carte

Sur la blogosphère, retrouvez les avis de : Just a Word et Le Bibliocosme.

Informations

Eva Martin
Miska
9782375792834
494 pages
Editions Critic

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04/06/2024

Fabien Clavel, Abyss : Le Trône vide, éditions Mnémos

Fabien Clavel, Abyss : Le Trône vide, éditions Mnémos 

Après une réécriture mythologique avec La Niréide en 2022 et un essai avec Buffy, Baroque Epopée en 2023, Fabien Clavel signe un nouveau titre au catalogue des éditions Mnémos.

Il s'agit d'Abyss : Le Trône vide, un récit complètement inspiré du jeu de plateau Abyss.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Abyss est en ébullition. La rumeur court que le roi est mort, une autre affirme qu'il se remet doucement d'une grave blessure. Certains voient dans cette défection du trône, l'occasion de prendre le pouvoir et multiplient les déstabilisations pour y arriver, notamment en agitant le spectre de la famine. Dans ce contexte tendu débarquent bien malgré eux Zée, Moire, Nourrain, Salyne et Ström qui n'auront pas d'autre choix que d'agir avec finesse pour espérer se sortir de ce marasme. Mais vont-ils y arriver au final ? 

Mon avis :

Abyss : Le Trône vide nous immerge dans l'univers aquatique du jeu de société éponyme où l'on part aussi à la rencontre des fameux peuples marins composés par les Cultivateurs, les Militaires, les Marchands, les Mages et les Politiciens. Ainsi, le royaume d'Abyss s'organise ici selon des castes qui gravitent autour du roi. Certains sont préposés à la défense pendant que d'autres fournissent les denrées alimentaires. Bien qu'Abyss soit un royaume gouverné par un roi, ce n'est pas pour autant une monarchie absolue puisque les lois sont votées par l'Assemblée Océanique du Sénat constituée du Parlement et de la Chambre des Alliés. Le pouvoir n'est donc pas unilatéral et une représentation populaire existe au sein de cette société même si celle-ci, comme partout ailleurs, est parfois tronquée. 

Dans son roman, Fabien Clavel propose une représentation anthropomorphique de ces créatures marines qui évoluent dans une société miroir de la nôtre par son mode de fonctionnement. 

A cela s'ajoute une dimension ésotérique puisqu'une magie existe entre ces lignes. Elle est l'apanage de quelques élus qui disposent du delwi, autrement dit un potentiel magique prenant la forme d'une lumière brillante. Ils sont un atout indéniable d'autant que certains forment des troupes de combat appelés Filaments et peuvent vite devenir redoutables en plongeant notamment leurs adversaires dans des illusions d'horreur. 

Abyss : Le Trône vide est un récit tissé par de nombreuses intrigues politiques motivées par la vacance du trône. En cela, on retrouve bien le motif initial du jeu centré sur un qui ceindra la couronne. Une soif de pouvoir qui génère sans surprise de la convoitise et met en place des stratégies basées sur le mensonge et la manipulation. Voilà qui donne au récit toute sa saveur sans compter que l'auteur y évoque également l'enjeu de la souveraineté alimentaire et questionne aussi des modèles de société, notamment dans leurs failles de la représentation politique chargée de porter la voix populaire. 

Le texte demeure riche et fort intéressant. Il est porté par de nombreux protagonistes qui nous apparaissent comme autant de pions servant un dessein dont ils ne sont clairement pas les instigateurs. En effet, chacun d'entre eux débarque inopinément au milieu de ce sac de nœuds sans savoir qu'ils vont y jouer un rôle crucial. Si Nourrain espère juste échapper à la prison et Ström souhaite devenir un grand Mage, Salyne, elle, s'est engagée sur la voie très honorable de chercher par tous les moyens à alerter le roi du danger qui touche leur principal source alimentaire. Ainsi, certains brillent par leur altruisme pendant que d'autres servent surtout leurs intérêts personnels. Pour autant, échapperont-ils à leurs destins ? Rien n'est moins sûre surtout quand celui-ci est manipulé par une grande puissance.

Pour conclure :

Que l'on soit un habitué d'Abyss ou non, on a aucun mal à se laisser charmer par cet univers marin peu habituel en littérature fantasy. L'intrigue est redoutablement efficace et tient parfaitement le lecteur captif de sa lecture. Côté personnages, j'avoue ne pas m'y être attaché plus que cela, l'alchimie n'a donc pas pris. Néanmoins, cela n'enlève en rien à la qualité du livre qui demeure très bon sans être un coup de cœur pour moi. En écrivant ce récit, Fabien Clavel nous rappelle combien l'Imaginaire est transmédia. Alors, répondrez-vous à l'appel des abysses ? Si oui, rendez-vous en librairie le 5 juin.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur : La Niréide, Buffy, Baroque Epopée et Feuillets de Cuivre

Informations

Fabien Clavel
Abyss : Le Trône vide
9782382671436
336 pages
Editions Mnémos

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