Après Trois coracles cinglaient vers le couchant et L'ancelot avançait en armes, Alex Nikolavitch est de retour avec Le garçon avait grandi en un gast pays pour conclure son triptyque arthurien.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Maxime pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
Elevé en plein cœur de la forêt et à l'écart des autres par sa mère, Perceval décide un jour de s'enfuir pour découvrir le monde. Chemin faisant, le jeune homme multiplie les rencontres, notamment de chevaliers sans connaître leur identité ni leur historique au sein de la cour qui vont le pousser dans des quêtes le rapprochant peu à peu du roi et de la bataille finale. Comment s'en sortira-t-il ?
Mon avis :
C'est donc toujours avec le même pas de côté qu'Alex Nikolavitch nous replonge dans les légendes arthuriennes en mettant en lumière un destin en particulier. Ici, il a porté son dévolu sur Perceval en débutant son récit au sein des bois où il grandit dans l'ignorance de ses origines et des événements décisifs de son époque.
L'auteur est donc parti du même postulat de départ que le mythe à travers cette enfance esseulée et sa rencontre cruciale avec certains des chevaliers de la Table Ronde. Néanmoins, passés ces éléments, on rentre de plein pied dans la réécriture puisqu'Alex Nikolavitch n'envoie pas directement Perceval à la cour du roi Arthur s'illustrer dans des hauts faits, mais choisit plutôt de l'entraîner dans des pérégrinations qui vont l'aider à apprivoiser son environnement, à murir et à trouver sa place dans le monde. En cela, Le garçon avait grandi en un gast pays est une véritable ballade dans laquelle on rencontre des figures légendaires, à l'image de Karadoc, un fidèle d'Uther qui finira par accepter la prise de pouvoir d'Arthur en devenant à son tour l'un de ses alliés. Ici, il prend les traits d'un mentor pour le jeune Perceval en l'aiguillonnant à emprunter un chemin héroïque. Mais les plus notables apparitions demeurent Gawain et L'ancelot qui l'accompagnent dans l'écriture de sa destinée car certaines de ses actions sont motivées sur la suggestion de l'un ou de l'autre.
C'est également comme cela que les portes de la féérie lui sont ouvertes et qu'il va participer à des missions teintées d'onirisme. La magie imprègne pleinement les pages de ce roman et s'exprime au travers d'entrevues surnaturelles. Ainsi, la fée Morgane intervient tout naturellement à plusieurs reprises dans ce récit puisqu'elle est intimement liée au trépas du roi. Il est à noter, le choix orthographique privilégié par Alex Nikolavitch, "Morrigane" faisant directement référence à l'une des trois déesses guerrières des Tuatha Dé Danann puisque c'est exactement ce que la sœur d'Arthur incarne ici.
Dans ce troisième volet, Alex Nikolavitch reprend tout le motif de la quête avec ce désir de Perceval de réparer le monde. Volonté vaine ou non, celle-ci peut s'interpréter comme la personnification du Saint Graal, non mentionné ici mais qui s'apparente bien à un baume réparateur pour les plaies de l'humanité. Le récit est très épique d'autant qu'il se conclut sur la bataille de Camlann où Medrawt et Arthur trouvent la mort. Les scènes se succèdent et sont spectaculaires. Ca ferraille à tout va pour livrer un combat sans merci. L'ambiance est lourde et sombre comme on peut s'y attendre puisqu'on en connait déjà l'issue. Néanmoins, même si l'on sait comment le triptyque va se terminer, ce roman n'est pas pour autant crépusculaire. C'est tout le parti de l'auteur de s'être réapproprier le mythe d'Arthur sans nous partager directement son point de vue puisque l'on suit les événements par d'autres biais. Perceval ne trouvant pas la mort à cette bataille, l'aventure continue donc après celle-ci. Cela attenue donc grandement la tristesse de voir ce monde s'éteindre.
En nous dressant un portrait très intime de L'ancelot puis de Perceval, Alex Nikolavitch instaure une vraie proximité entre ses protagonistes et ses lecteurs. Sous sa plume, ces héros légendaires deviennent très humains arborant autant de forces que de failles. L'attachement nous semble plus aisé car on s'y identifie plus facilement. Dans ce roman, Perceval est un héros qui s'ignore. Il ne souhaite pas devenir chevalier mais seulement aller où le vent l'emporte afin de s'enrichir au contact des autres pour mieux se trouver. C'est vraiment un protagoniste important du mythe que l'on prend plaisir à voir s'épanouir. On le dit naïf, il est surtout très solaire et la plume d'Alex Nikolavitch lui rend bien.
Pour conclure :
C'est presque avec regret que je referme ce livre qui sonne la fin des aventures arthuriennes tant l'écriture d'Alex Nikolavitch y est tout bonnement enchanteresse. Je ne peux que vous recommander de goûter à cet imaginaire intemporel mais qui ne manquera pas de vous surprendre.
Fantasy à la Carte
A lire sur le blog, mon avis sur L'ancelot avançait en armes.
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