L'influence du "gaming" à la littérature

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19/10/2025

Cécile Guillot & Nora Lake, Les Filles de Witch Hazel House, collection Naos, éditions Mnémos

Cécile Guillot & Nora Lake, 
Les Filles de Witch Hazel House
collection Naos, 
éditions Mnémos 

A l'heure où les feuilles des arbres se parent de chaudes couleurs orangées, il est temps de mettre mes lectures au diapason de cette ambiance automnale. Voilà pourquoi j'ai sorti de ma PAL le sublime roman, Les Filles de Witch Hazel House, signé à 4 mains par Cécile Guillot et Nora Lake. 

Ce roman est de bon ton, vous en conviendrez rien qu'en admirant sa très belle couverture que l'on doit à Selcha Uni. 

Résumé :

Après avoir été exclue de son ancien lycée suite à quelques difficultés, Lark espère un nouveau départ en intégrant Witch Hazel House pour suivre un programme spécial dédié à la littérature. Elle y rencontre trois autres filles avec lesquelles le courant semble bien passer tout de suite. En tout cas, elle l'espère fortement d'autant que Violette avec qui elle partage sa chambre ne semble pas lui reprocher ses petites manies qui la rassurent tant. Lark souffre de TOC, ce qui lui a valu d'être rejeté par le passé, y compris par sa propre famille qui a du mal à la comprendre. Très vite une routine réconfortante s'installe dans cette belle demeure jusqu'à cette étrange soirée au cours de laquelle Violette a décidé d'organiser une séance de spiritisme. Malheureusement la situation va vite déraper car les filles semblent avoir dérangé une entité qui n'a rien de bienveillant. Aussi après cette soirée des phénomènes étranges se produisent mettant les filles de plus en plus danger. Pour elles, il est temps de choisir de partir ou de rester afin d'enquêter pour comprendre ce qui hante la maison. Alors, que vont-elles décider? 

Mon avis :

Les Filles de Witch Hazel House est un récit contemporain teinté d'ésotérisme. Cécile Guillot et Nora Lake posent un décor de maison hantée obligeant les protagonistes à investiguer pour comprendre les drames survenus entre ses murs par le passé. Pourtant la maison n'avait rien d'inquiétant au début du roman. En effet, elle était plutôt décrite comme un refuge, un lieu réconfortant où l'on se sent bien jusqu'à  ce qu'une séance de spiritisme dérange les fantômes prisonniers des murs et attisent leur colère. 

Les manifestations violentes se succèdent avec toujours plus d'ampleur et une pesanteur s'installe progressivement alourdissant ainsi l'ambiance. 

Dans Les Filles de Witch Hazel House, le cosy mystery se dispute donc à l'horrifique

Cécile Guillot et Nora Lake introduisent d'ailleurs fort habilement la figure de la sorcière. Ses pouvoirs se manifestent de manière inattendue mais qui s'accordent tellement bien à la société d'aujourd'hui et reflètent fort judicieusement ses condamnations hâtives.

Les Filles de Witch Hazel House est un roman court mais efficace. Les autrices y abordent des thématiques très actuelles. Elles évoquent notamment les troubles obsessionnels compulsifs. C'est vraiment intéressant de voir ce sujet être abordé entre ces lignes pour mettre en lumière les conséquences de l'anxiété. La société d'aujourd'hui peut vite être toxique dans ce qu'elle génère de stress. Cécile Guillot et Nora Lake insistent sur la nécessité de la confiance dans les autres qui passe par la bienveillance, l'écoute, l'entraide et le non jugement.

Dans Les Filles de Witch Hazel House, la notion d'amitié est donc centrale au roman. Il en va de même pour l'aspect apprentissage avec des personnages qui en plus d'élucider des mystères cherchent aussi à se comprendre elles-mêmes et à trouver leur place. 

Quête d'identité et sororité sont donc les deux éléments forts à ce roman. 

Bien que jeunes, ces adolescentes sont remplies de courage car elles affrontent finalement autant leurs démons intérieurs que les mauvais esprits qui hantent la maison. Chacune représente une force pour les autres car ce n'est qu'ensemble qu'elles pourront venir à bout de ce qui les menace. 

En choisissant de l'écrire à deux, Cécile Guillot et Nora Lake nous immergent dans leur intrigue au travers de deux points de vue différents, celui de Lark pour commencer, puis enchaîne sur celui de Violette. C'est à la fois une manière pour les deux autrices de faire découvrir sa vision de l'intrigue tout en nous attachant plus particulièrement à ces deux personnages-ci. 

On les découvre plus intimement, partage leurs forces et leurs faiblesses. Au final, on ne résiste pas à leur charme mais n'en va-t-il pas toujours ainsi avec des sorcières ? 

Les Filles de Witch Hazel House est à la fois une lecture réconfortante et intrigante. De nombreux mystères sont à résoudre, ce qui en fait un livre passionnant. Mais on retrouve aussi beaucoup d'éléments qui font du bien. Les autrices ont ponctué leur récit de nombreux rituels tournant autour du thé, de lectures ou de loisirs créatifs nécessaires à l'équilibre psychique. 

Pour conclure :

C'est donc une excellente lecture qui s'impose idéalement pour la saison. Alors, foncez vite en librairie, je vous garantis que vous ne serez pas déçu surtout si vous aimez l'onirisme lorsqu'il s'invite dans notre monde. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur : La Voie de la Sorcière, Le Parfum du Mal et Le Chant de la Lune de Cécile Guillot. 

Informations 

Cécile Guillot 
Nora Lake 
Les Filles de Witch Hazel House 
Collection Naos
9782382671580
272 pages
Éditions Mnémos

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14/10/2025

GennaRose Nethercott, Cinquante fleurs pour te briser le cœur, éditions Albin Michel Imaginaire

GennaRose Nethercott, Cinquante fleurs pour te briser le cœur
éditions Albin Michel Imaginaire

Après La Maison aux Pattes de Poulet, une fantasy insolite infusée aux mythologies slaves, GennaRose Nethercott est de retour en librairie avec un recueil de nouvelles qui s'intitule Cinquante fleurs pour te briser le cœur.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Cinquante fleurs pour te briser le cœur est un très bel ouvrage relié avec signet et pourvu d'une cinquantaine d'illustrations de Bobbi DiTrani. Quant à la sublime couverture, elle est signée par la très talentueuse Anouck Faure que l'on ne présente plus ici tant on apprécie la qualité de son travail et de sa plume. Il fallait bien un tel talent pour souligner la singularité de l'imaginaire de GennaRose Nethercott. 

Mélange de genres, poésie baroque, histoires étranges, tels sont les ingrédients que cette autrice aime utiliser dans ses textes. Le voyage est dépaysant car on goûte à des associations parfois étonnantes, et bien souvent fort épicées. 

L'amour transcende ses nouvelles, il demeure même le fil directeur de ses histoires car elle l'explore sous tous les angles. 

Il se teinte bien souvent du désir qui consume les âmes corps et biens à l'image de celui qui enflamma l'esprit de celle que l'on appela par la suite la mère de la femme chèvre dans "Les prunes de la lisière du monde". Ainsi, lorsque le désir est tabou, qu'il doit resté enfoui, il n'est pas étonnant de perdre le contrôle et de le laisser s'exprimer de manière inattendue voire inappropriée. Quand on voit le résultat, on se dit que trop d'interdits fait plus de mal que de bien. 

L'amour tourne parfois au fantasme et la réalité peut finalement décevoir. En tout cas, ce n'est pas Tristan D. Weeber qui viendra dire le contraire dans "Une Lily est une Lily". Lui qui est tombé raide dingue d'amour pour Lily l'étudiante dont il s'est retrouvé rapidement séparé pour une banale histoire de papiers mais dont il a cru retrouvé la réincarnation chez lui sous les traits d'un délicieux fantôme se faisant appeler Lily aux Blanches Mains. GennaRose Nethercott nous propose sa propre réinterprétation du célèbre mythe de Tristan et Yseult. Mais pas question de nous rejouer la tragédie, quoi que la déception pourrait être au bout du chemin et le spectre pourrait bien supplanter la version en chair et en os dans le cœur de Tristan. 

L'amour, c'est aussi la rupture et le manque comme en fait les frais Henrietta lorsque Peter l'a quittée pour sa meilleure amie Claire. Scénario terriblement classique sauf l'épilogue lorsqu'elle se venge de ceux qui l'ont trompée. La trahison est amère et la vengeance est un plat qui se mange froid, c'est bien connu. 

Dans Cinquante fleurs pour te briser le cœur, GennaRose Nethercott nous offre également de drôles de rencontres avec des créatures tantôt improbables, tantôt burlesques. D'ailleurs, son bestiaire merveilleux est plus près de l'horrifique en passant par l'inquiétant et le dérangeant, à l'image du Sorbis ou la Getly. D'aucuns parleront de monstres en regardant leurs représentations, les poils des bras relevés par la chair de poule. 

Justement l'autrice interroge aussi pas mal la figure du monstre dans certaines de ses nouvelles. Celui-ci n'est d'ailleurs pas forcément présent là où on l'attend. Les traits peuvent être trompeur. Ainsi dans "Les prunes de la lisière du monde", le vampire n'apparaît pas comme un être assoiffé de sang comme on pourrait s'y attendre si l'on en croit la légende. Sa sauvagerie a laissé place ici à une vraie bonté d'âme. Drôle de vampire me direz-vous ? En effet. Mais Olivier a décidé de délivrer son prochain de ses tourments uniquement si on lui demande. Ici, les hommes les plus normaux sont souvent les plus redoutables. Le prédateur n'est pas toujours celui que l'on croit. Dans cette nouvelle, GennaRose Nethercott joue avec les codes et renverse les certitudes. Sous sa plume, le vampire devient un objet d'exhibition, un monstre de foire. Il a perdu de sa puissance et avec elle, la crainte ressentie en sa présence s'est dissipée. Ce texte, c'est l'occasion pour l'autrice de rendre hommage au freak show si célèbre au XIXe siècle, et à travers lui, elle démontre sa volonté de redonner vie à toute une esthétique. 

Cinquante fleurs pour te briser le cœur réunit un caléidoscope d'histoires décousues et perturbantes où l'étrangeté flirte avec le saugrenu. 

GennaRose Nethercott donne vie à un univers pour le moins entêtant qui s'affranchit des normes pour mélanger des éléments issus des différents imaginaires et ainsi nous livrer des aventures baroques et totalement perchées.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur La Maison aux Pattes de Poulet

Informations

GennaRose Nethercott
Cinquante fleurs pour te briser le cœur
270 pages
9782226495549
Editions Albin Michel Imaginaire 

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10/10/2025

J.R.R. Tolkien La Chute d'Arthur, éditions Pocket Imaginaire

J.R.R.Tolkien, La Chute d'Arthur, éditions Pocket Imaginaire 

En août, les éditions Pocket Imaginaire ont continué sur leur lancée de publier les œuvres de J.R.R. Tolkien. 

Après Beowulf, c'est donc le tour au cycle arthurien d'être mis en valeur à travers le travail réalisé par le maître de la fantasy sur le long poème La Chute d'Arthur

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

La Chute d'Arthur est un poème allitératif inachevé de J.R.R. Tolkien qui parle de la fin du roi Arthur. Il est construit en 5 chants. Le premier évoque la campagne menée par Arthur contre les rois de l'Est alliés à Rome. Le deuxième se focalise sur Mordret en mettant en lumière ses ambitions et son désir tournant à l'obsession pour Guenièvre. Le troisième s'intéresse à Lancelot qui est exilé à Benwick. Il retrace son adultère avec la reine et les conséquences néfastes sur le royaume avec l'apparition de dissensions entre les chevaliers, chacun prenant le parti de Lancelot ou d'Arthur. Le cinquième lui traite des doutes d'Arthur quant à son retour chez lui. 

Mon avis :

Rédigé dans les années 30, ce magnifique poème témoigne de l'intérêt que l'auteur portait aux légendes arthuriennes. Bien que certains le pressaient de le terminer afin de le publier, J.R.R. Tolkien ne s'y ait pas attelé. Pour son fils Christopher, c'est davantage par manque temps que par réel désintérêt. En effet, à l'époque il était également occupé à la rédaction de son ouvrage, La Route Perdue tandis que Le Hobbit, lui, était pour la première fois publié. 

La Chute d'Arthur s'ouvre donc sur le magnifique poème de J.R.R. Tolkien qui nous livre une version plutôt crépusculaire de l'histoire du roi Arthur. Il a pris le parti d'y mettre en valeur la fidélité de Gauvain, la trahison de Mordret, l'infidélité de Guenièvre et de Lancelot. 

Puis, Christopher Tolkien enchaîne sur les sources sur lesquelles reposent les légendes arthuriennes. Il y est notamment question des premières mentions d'Arthur et de son règne à travers L'Histoire des Rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth. L'intérêt est de montrer combien son père s'éloigne de l'histoire de la dernière campagne d'Arthur tel que Geoffroy de Monmouth la raconte. 

En revanche, J.R.R. Tolkien a bien conservé la tradition héroïque des chroniques inaugurée par Monmouth. Dans cette partie, Christopher Tolkien prend le temps d'analyser certains passages-clés du poèmes afin d'en tirer une meilleure compréhension. Il y remet d'ailleurs en perspective certains événements. 

Ensuite, Christopher Tolkien s'intéresse à la partie non écrite du poème en s'appuyant sur les nombreuses notes manuscrites laissées par son père. Il nous donne un aperçu des intentions de J.R.R Tolkien quant à la fin qu'il souhaitait donner à son texte. Il y est bien entendu fait mention d'Avallon puisqu'il s'agit de la fin d'Arthur. Mais, pour J.R.R.Tolkien, c'est aussi le moment de faire le lien avec Le Silmarillion puisqu'Avallon lui a inspiré une autre île devenue célèbre pour les lecteurs du maître de la fantasy, Tol Eressëa

Christopher Tolkien prend ainsi le temps de nous montrer comment les récits de la Terre du Milieu dialoguent avec la Matière de Bretagne et particulièrement La Chute d'Arthur. C'est très éclairant de voir comment les légendes arthuriennes ont nourri l'imaginaire de Tolkien. 

Enfin, Christopher Tolkien conclut longuement sur le long travail réalisé par son père en analysant les évolutions que ce dernier a données aux différents chants de son poème. Cette partie est assez longue et reflète bien la complexité de la tâche. Aussi, grâce à l'investissement de Christopher Tolkien, on pénètre dans la tête de J.R.R Tolkien. On fait notamment face à ses difficultés, à ses revirements, à ses ratures et à ses avancées tout au long de son processus d'écriture. C'est une autre manière de découvrir l'œuvre de J.R.R.Tolkien qui s'avère fort intéressante au demeurant. 

Pour conclure :

La publication de La Chute d'Arthur, c'est l'occasion de découvrir une nouvelle facette de l'écriture de J.R.R Tolkien tout en renouant avec l'un des plus incontournables mythes qui a tant marqué la littérature.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Beowulf, Les Étymologies, Le Silmarillion, Le Hobbit, Les Enfants de Hurin, La Chute de Gondolin et Beren et Luthien.  

Informations

J.R.R. Tolkien
La Chute d'Arthur
244 pages
9782266344876
Editions Pocket Imaginaire

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07/10/2025

Estelle Faye, L'Héritier des Fées, éditions Nathan

Estelle Faye, L'Hériter des Fées, éditions Nathan

Estelle Faye est une autrice très prolifique des littératures de l'imaginaire. Elle écrit autant pour la jeunesse que pour un public adulte. Fantasy, fantastique, postapocalyptique, science-fiction, elle maîtrise tous les genres. Elle est de retour cette année avec un roman de fantasy historique intitulé L'Héritier des Fées

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Nathan pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Tristan vit paisiblement dans le castel de son père le chevalier d'Arpégeac avec son frère Aymeric, perché au cœur de la Montagne Noire en Occitanie. Sauvageon il préfère se perdre dans la nature et partager la compagnie des petits êtres féériques qu'il perçoit grâce à sa nature. En effet, il est aussi le fils d'une fée, une Hadè. Il l'ignore encore mais une grande menace pèse sur la région car le roi de France, par l'intermédiaire de son bras armé, l'ordre des Cisterciens, compte étendre son influence sur l'Occitanie en usant de la force si nécessaire. Au vu de cette montée de violence, son frère aîné décide de s'engager à la défense de leur terre natale et quitte le castel. Ce départ laisse un vide immense dans le cœur de Tristan et quand une nouvelle menace vient frapper à la porte du domaine sous la forme de deux moines cisterciens désirant faire main basse sur leurs terres, cela en est trop pour le jeune garçon. Il décide de partir à la recherche de son frère afin qu'il vienne défendre leur héritage familial. Mais le retrouvera-t-il dans ce contexte de plus en plus tendu ?

Mon avis :

L'Héritier des Fées prend cadre aux heures sombres de la Croisade Albigeoise. Celle-ci a été lancée par l'Église catholique contre le catharisme considéré comme de l'hérésie. Le catharisme se localisait surtout en Languedoc qui, à l'époque, était dominé par deux familles, la maison de Toulouse et la maison Trencavel. Malheureusement faute d'entente entre les deux, Raymond VI de Toulouse a accepté de se croiser tandis que Raimond-Roger Trencavel, lui, a choisi la lutte. Cette croisade s'est déroulée de 1209 à 1229. Elle a vite évolué en guerre de conquête, d'abord menée par les évêques locaux, puis reprise par l'inquisition elle-même. 

Ce schisme est né du rejet de la religion catholique pour cette foi croyant à l'existence du bon dieu et du mal, à travers la figure de Satan. Pour les Cathares, la création du monde est imparfaite et relève du mal, d'où leur souhait de faire vœu de pauvreté et leur volonté de s'extraire de leur prison charnelle pour rejoindre Dieu. 

Voilà qui pose le décor de ce roman avec un contexte politique et religieux propice à une intrigue remplie de tension et de mystères. 

D'autant qu'Estelle Faye n'hésite pas à puiser dans le folklore local pour nourrir son récit. Ainsi, entre ses lignes, la figure de la fée prend les traits de l'Hadè, connue aussi sous le nom d'Hada dans les Pyrénées désignant tout simplement une fée des montagnes. Il est aussi question d'un Tartaro se promenant dans les montagnes occitanes et faisant clairement référence à ce personnage aussi inquiétant qu'énigmatique de la mythologie Basque se délectant de la chair des chrétiens. Sans oublier, les petits dracs des rivières qui accompagnent souvent le jeune Tristan dans ses virées là-haut dans la montagne et dont l'origine régionale l'a naturellement imposé comme créature surnaturelle. 

La magie se mêle harmonieusement à l'Histoire. Celle-ci est très éthérée se manifestant par petites touches. Elle accompagne le texte sans pour autant éclipser l'histoire de ses personnages. L'intérêt étant ici de mettre en lumière ce terrible épisode qui a endeuillé cette région du sud au 13e siècle et de rappeler les ravages que les croyances peuvent susciter, notamment lorsqu'elle prédomine et qu'elle craint d'être supplantée. 

L'Héritier des Fées est un récit puissant qui parle de persécutions et d'intolérance. Il met en scène un jeune garçon naïf qui découvre un monde violent où des gens se font massacrer pour leurs croyances. La paix de ses montagnes a laissé la place au feu au sang. La peur s'accompagne souvent de trahison d'autant qu'un climat de suspicion s'est peu à peu abattu sur sa terre natale. L'histoire est prenante et le destin de ce gamin est poignant. 

Estelle Faye se fait à nouveau l'autrice d'un texte rempli d'émotions car il nous est impossible de rester indifférent à la détresse de Tristan parti sur les routes pour retrouver son frère disparu. C'est donc aussi un roman d'apprentissage puisqu'on y retrouve un jeune héros en quête d'identité. En effet, à défaut de retrouver son frère, le long chemin parcouru va lui forger une personnalité et lui donner la maturité nécessaire au passage de l'enfance à l'âge adulte. 

Comme souvent en littérature jeunesse, l'importance de l'amitié est mise en avant. Ici, c'est d'ailleurs un bien précieux qui va servir Tristan pour aller au bout de sa mission. C'est clairement un personnage attachant. L'autrice le malmène bien, notamment pour le faire grandir. L'amour qu'il voue à son frère est particulièrement touchant. Il est bien travaillé et intéressant à suivre. 

Avec L'Héritier des Fées, Estelle Faye nous offre une inoubliable incursion en pays cathare tissée de mystères et de fureur. L'écrin proposé par les éditions Nathan est juste fabuleux auréolé d'un très beau jaspage sur la tranche du livre. 

Pour conclure :

Alors, quoi de mieux qu'un si beau livre-objet pour porter une histoire que l'on n'est pas prêt d'oublier. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mes avis sur : Les Ombres de Willowthorne, Widjigo, Hollywood Monsters, Un Reflet de Lune, Un Eclat de Givre, Les Seigneurs de Bohen et Les Révoltés de Bohen

informations

Estelle Faye
L'Héritier des Fées
9782095037949
400 pages
Editions Nathan

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01/10/2025

John Crowley, Petit, Grand ou Le Parlement des Fées, éditions L'Atalante

John Crowley, Petit, Grand ou Le Parlement des Fées, éditions L'Atalante 

John Crowley est un auteur américain science-fiction et de fantasy. Sa bibliographie est déjà riche d'une quinzaine de romans sans  oublier ses nombreuses nouvelles et autres essais également parus. 

Son roman de fantasy, Le Parlement des Fées, paru initialement en 1981, a remporté le prix World Fantasy du meilleur roman et lui confère ainsi la célébrité.

Alors que certains de ses illustres titres sont déjà parus chez eux, les éditions L'Atalante continuent sur leur lancée et nous proposent, depuis le 28 août, la réédition de cet éminent titre sous l'intitulé de Petit, Grand ou Le Parlement des Fées et dans une très belle version reliée et illustrée par Thibault Daumain

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Il existe un lieu caché, une demeure ancestrale qui ne peut être rejointe qu'à pied en suivant une série d'indications précises. C'est là que doit se rendre Fumy Granger s'il espère pouvoir épouser sa future femme, Daily Alice. Le protocole est bien étrange mais le jeune Fumy s'y conforme bien car il ne désespère pas d'épouser sa belle. Seulement il en ignore encore toutes les conséquences et finalement ne va-t-il pas regretter d'avoir pénétré dans ce monde étrange ? 

Mon avis :

Petit, Grand ou Le Parlement des Fées est un roman de fantasy où l'on foule une terre hors du temps, appelée L'Orée du Bois. C'est un lieu magique rempli de mystères. On y trouve une grande demeure construite par un célèbre architecte. Immense, elle dissimule de nombreuses pièces. Certaines sont secrètes, d'autres non. Elle est un refuge pour une poignée d'élus et un rempart pour une nature préservée. Son existence fascine tous ceux qui y pénètrent. C'est également le premier élément singulier de ce récit lui conférant d'emblée son caractère surnaturel car n'y a t-il pas une magie à l'œuvre derrière sa présence ? En tout cas la question se pose. 

En outre, elle abrite une très grande famille dont on retrouve l'arbre généalogique magnifiquement illustré en début et fin d'ouvrage. Petit, Grand ou Le Parlement des Fées, c'est avant tout une histoire familiale où chaque membre a ses propres secrets sans pour autant avoir prise sur son destin car celui-ci est décidé par le Conte. En effet, c'est bien là l'originalité de cette histoire car les décisions prises par les personnages semblent toutes influencées par ce que les anciens appellent le Conte. Ainsi, tout est déjà écrit d'avance et la destinée de chacun des membres de cette étrange famille n'est là que pour nourrir son existence et lui conférer le pouvoir nécessaire pour perdurer dans le temps. Chaque évènement est donc prédit par l'intermédiaire de cartes de tarot qui semblent ensorcelées pour annoncer la marche à suivre. 

John Crowley donne, par conséquent, vie de manière magistrale à ce "il était une fois" propre à ce genre littéraire. Son récit redonne au merveilleux toutes ses lettres de noblesse car on touche ici à l'authenticité des mythes des légendes qui servent de berceau nourricier à la fantasy

C'est un récit qui prend son temps. L'auteur nous offre une véritable balade littéraire très contemplative qui tend davantage vers l'ode à la nature plutôt qu'à la grande épopée. Pour autant, le texte reste beau et ensorcelant. La plume de John Crowley est si poétique. Il aime jouer avec les frontières entre l'onirisme et la réalité. Avec lui, on ne sait jamais quelle créature va-t-on rencontrer au détour du chemin.  

L'auteur y confronte une nature menacée face une urbanisation dévorante. La grisaille s'oppose au verdoyant pour mieux alerter sur les dangers d'un excès de trop de modernité. John Crowley porte ici le même propos que J. R. R. Tolkien sur les ravages de l'industrialisation. 

Petit, Grand ou Le Parlement des Fées est un récit politique qui traite de la question écologique et climatique. 

L'auteur joue également beaucoup sur les émotions en mettant notamment en scène des personnages entiers, animés par de puissants sentiments. Aussi, les relations familiales occupent le cœur de cette intrigue car l'auteur y explore leurs complexités et leurs ambiguïtés, voire leurs dérives. 

Ce texte est d'une grande richesse qui va même jusqu'à aborder les abus perpétrés par certaines âmes tourmentées ainsi que les traumatismes enfouis. 

Les protagonistes ne manquent pas entre ces lignes et chacun d'entre eux y va de ses forces et ses failles. Leurs destins donnent vie au Conte au point de les rendre tous très intéressants à nos yeux. Ainsi, on ne résiste pas à ce jeune Fumy prêt à se plier aux exigences farfelues de l'entourage de celle qu'il aime. Il va tout donner à cette demeure et à cette famille et ainsi faire perdurer la tradition en commençant par renoncer à son libre arbitre. Il incarne une certaine loyauté. 

Pour conclure :

Petit, Grand ou Le Parlement des Fées est un roman dense, immersif qui nous conte une histoire calquée sur la grande Histoire. En effet, derrière cette banale aventure, John Crowley se fait le critique d'une société soumise à ses démons privilégiant la destruction et la facilité. Avec ce roman, il signe une fantasy à la saveur d'antan. Ensorcelant, tout simplement.

Fantasy à la Carte

Informations
John Crowley
Petit, Grand ou Le Parlement des Fées
9791036002359
768 pages
Editions L'Atalante

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19/09/2025

Víctor Santos, Fahrenheit 451, collection Ithaque, Les Nouvelles éditions ActuSF

Víctor Santos, Fahrenheit 451
collection Ithaque, 
éditions Les Nouvelles éditions ActuSF 

Les Nouvelles éditions ActuSF se lancent dans la bande dessinée et pour l'occasion inaugure une nouvelle collection intitulée Ithaque

Le premier titre à paraître n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de l'un des chefs de la science-fiction, Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, paru initialement en 1953. 

L'adaptation de cette célèbre dystopie nous est proposée par le dessinateur et scénariste espagnol Víctor Santos. 

Il a débuté dans la bande dessinée avec Gajin en 1999 parodiant les films d'action made in Hong-Kong, puis s'est fait connaître grâce à sa série d'heroic fantasy, Los reyes elfos, et a dernièrement collaboré avec des franchises telles Marvel ou DC comics

Il est de retour aujourd'hui avec une excellente adaptation qui met en lumière tout son talent. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Guy Montag est pompier au sein de l'unité Fahrenheit 451. Maintenant que tous les logements sont ignifugés, les pompiers n'interviennent plus pour éteindre les incendies des bâtiments mais plutôt pour les allumer afin de détruire les livres qui sont aujourd'hui proscrits afin de protéger le monde de leurs méfaits. Seulement face à l'acharnement de certains à vouloir sauver leurs livres de la destruction au risque de perdre la vie, Guy s'interroge de plus en plus sur les raisons de tels agissements. Or, c'est en voulant comprendre qu'il va se mettre lui-même en danger. Pour autant, ira-t-il jusqu'au bout de sa démarche ? 

Mon avis :

Fahrenheit 451 se déroule dans une Amérique du futur où les gens se sont progressivement désintéressés de la culture au point de la voir disparaître. Le livre est même devenu l'ennemi public numéro 1 à traquer et détruire. Ainsi, le rôle du pompier a été dévoyé pour servir un système qui pour garder son pouvoir, doit maintenir la population loin de la connaissance. Or, celle-ci se transmet principalement par la lecture, d'où ce crime d'autodafé qui est perpétré tout au long de ce récit. Le savoir est une arme dont veulent se prémunir à tous prix les élites qui gouvernent. C'est la raison pour laquelle les livres et leurs enseignements sont en voie d'extinction au profit des écrans diffusant des programmes calibrés pour transmettre une pensée unique. 

Ainsi, le très avant-gardiste Ray Bradbury avait pressenti les dangers qui guettaient les peuples et alertaient déjà en son temps sur les dangers d'une société uniformisée, sans esprit critique, sans mémoire maintenant le monde dans un esclavage technologique.

Au regard des évolutions de notre société, la publication d'une telle œuvre est particulièrement à-propos. 

En outre, le choix de proposer Fahrenheit 451 au format illustré a le double intérêt de mettre en exergue une œuvre majeure de science-fiction que les jeunes générations ne connaissent pas forcément tout en la faisant re-découvrir à un public averti sous un regard neuf. 

Fahrenheit 451 est un récit engagé d'une grande pertinence. Mettre des images sur les mots si percutants de Ray Bradbury est très bien vu. 

D'autant que Víctor Santos a su donner vie à ce monde crépusculaire avec beaucoup de talent dans le choix des couleurs et dans le design des personnages. 

Toute l'essence du roman de Ray Bradbury est parfaitement retranscrite dans cette bande dessinée. L'atmosphère oppressante est là. Elle transparait aussi bien par les collègues intrusifs du personnage principal que par la délation des voisines mais aussi par ces effrayantes machines chargées de traquer les dissidents. 

Tous les temps forts du roman apparaissent bien ici. C'est une bande dessinée tournée vers l'action. La lecture est très dynamique et bien immersive. Elle m'a fait re-découvrir une œuvre que je n'avais pas su apprécier à sa juste valeur à ma première lecture du roman. 

C'est du très bel ouvrage, de grande qualité autant du point de vue du fond au vu des choix faits par Víctor Santos que de la forme car cette bande dessinée est belle et généreuse puisqu'elle compte 160 pages. 

Les Nouvelles éditions Actusf ont opté pour un ouvrage très qualitatif aux très nombreuses planches. Il fallait bien un tel format pour rendre hommage à ce roman exceptionnel de science-fiction. Le produit fini est très réussi riche de belles pages bien épaisses et rend bien hommage à ce récit intemporel de science-fiction. 

Pour conclure :

Glaçante et palpitante, cette bande dessinée saura vous happer que vous soyez un amateur de Ray Bradbury ou non car Víctor Santos y a réunit tous les ingrédients visuels et narratifs qui font de cette bande dessinée un véritable succès. Préparez-vous, il sort en librairie le 23 septembre. 

Fantasy à la Carte

Informations

Víctor Santos
Fahrenheit 451 
Collection Ithaque 
160 pages
9782376867067
Les Nouvelles éditions ActuSF

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15/09/2025

Thomas C. Durand, Empouvoirement, T.3, Les Énigmes de L'Aube, éditions Actusf

Thomas C. Durand, Empouvoirement, T.3, 
Les Énigmes de L'Aube
Les Nouvelles éditions ActuSF

En août, Les Nouvelles éditions ActuSF ont republié le tome 3 des Énigmes de L'Aube de Thomas C. Durand. Il prend la suite du Premier Souffle et des Quatre Vérités, deux premiers tomes que j'avais appréciés de lire

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé:

A Ithir, c'est la fin de l'année scolaire pour Anyelle et ses camarades. Le temps des vacances est venu et pour notre apprentie sorcière, c'est le moment de faire un crochet par la Wirmariche et de passer du temps auprès de sa mère, la reine de ce royaume. Seulement elle n'en a pas très envie mais heureusement pour elle, elle ne s'y rend pas seule car ses deux amis Gavide et Maxton l'accompagnent. Ils ne seront d'ailleurs pas trop de trois pour déjouer les plans machiavéliques que certains esprits maléfiques ont ourdi à son encontre, sans compter les difficultés d'évoluer à la cour où règnent les hypocrites et les traîtres. Alors que les menaces arrivent de toutes parts, s'en sortiront-ils, pour autant, à la fin ? 

Mon avis : 

Dans Empouvoirement, on retrouve avec plaisir l'univers des Troyaumes où règne la magie. Celle-ci est enseignée telle une science, dans des institutions très sélectes, à l'image d'Ithir où évolue l'héroïne de Thomas C. Durand. 

Dans ce troisième volet, on quitte l'ambiance green academy qui se dégage des murs d'Ithir pour partir en exploration de ce monde tissé de sortilèges. 

Aux côtés d'Anyelle et de ses amis, on goûte à la vie de cour, à l'étiquette et au calcul politique. 

Peut-être plus encore que les tomes précédents, Empouvoirement est un récit politique qui nous plonge dans les secrets d'État d'un royaume et dans les mensonges et les conspirations de certains individus refusant le changement tout en briguant le pouvoir. 

Dans ce roman, on suit tour à tour Anyelle dans ses pérégrinations, les malfrats qui sont à ses trousses et un groupe d'illuminés rêvant de conquête. L'existence de ces derniers permet à l'auteur de mettre son récit en parallèle avec notre actualité. En effet, à travers ce petit groupe d'envahisseurs, pétris de bonnes intentions, l'auteur met en exergue l'obsession de certains à vouloir apporter la bonne parole aux autres peuples, quitte à nier ce qui fait leur essence sous le couvert d'un dieu tutélaire. Pourtant au milieu de ces ouailles aveuglés par la parole divine, un jeune homme s'interroge sur la légitimité de cette démarche. Par son questionnement sans cesse qui dérange les investigateurs de cette mission, l'auteur met en lumière les manipulations dont peut user une nation dont le seul but est de prendre le pouvoir sur le reste du monde. 

Ainsi, par le biais de ses jeux de mots, Thomas C. Durand critique ouvertement la politique agressive menée par les États-Unis d'Amérique qui depuis leur naissance n'ont de cesse de chercher à s'agrandir et à étendre leur influence. Une politique colonialiste qui a, d'ailleurs, cours depuis des millénaires sous la forme d'actions évangéliques ou militaires et qui se fait toujours au prix du sang. 

Avec Empouvoirement, Thomas C. Durand signe une nouvelle aventure récréative qui plaira autant aux plus jeunes pour l'odyssée palpitante menée par Anyelle afin de comprendre les choix de sa mère à son égard et à celle de son père ainsi qu'aux plus grands, notamment pour la double lecture que l'on peut faire de ce texte.

Empouvoirement est un récit engagé portant des réflexions intéressantes qui font parfaitement écho à notre présent. 

Toutefois, même si je comprends le choix de l'auteur, je ne me suis pas pour autant attachée à certains narrateurs, pas plus que je n'ai été touché par leurs histoires. En revanche, j'apprécie l'impertinence et la fraîcheur d'Anyelle. J'aime suivre ses aventures. Elle concentre à elle seule tout l'intérêt de ce texte et fait de cette saga, une bonne série de littérature jeunesse. 

Il est à noter que l'action met du temps à réellement se mettre en place dans ce livre. Alors armez-vous de patience car le final est explosif et vaut le détour.

La plume de Thomas C. Durand est drôle et mordante. Ses récits sont débordants d'esprit et d'humour. 

Il nous rappelle que l'intérêt est toujours de garder un esprit critique sur les évènements et les actes de soi et d'autrui. 

Pour conclure :

Avec Empouvoirement, Thomas C. Durand poursuit l'écriture d'une saga de qualité très punchy qui ensorcèle grâce à cette gamine hors norme. Il faut dire qu'elle a plus d'un tour dans son sac. N'hésitez donc plus et venez découvrir ses aventures car vous allez vous régaler. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Premier Souffle et Les Quatre Vérités

Informations

Thomas C. Durand
Empouvoirement
Tome 3
Les Enigmes de L'Aube
978-2-37686-699-2
450 pages
Les Nouvelles Editions ActuSF

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12/09/2025

Melinda Taub, Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière, Orgueuil, Préjugés et Sorcellerie, éditions Elder Craft

Melinda Taub, Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, 
Sorcière, Orgueuil, Préjugés et Sorcellerie
éditions Elder-Craft 

Melinda Taub est une autrice et une scénariste américaine. Son premier livre, Stiller, star-crossed est une suite de Roméo et Juliette.

En 2024, son deuxième roman Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière paraît en français chez les éditions Elder-Craft

Or, ce dernier a rejoint ma pile à lire il y a peu et comme vous le voyez, je n'ai pas résisté bien longtemps pour me plonger dedans. 

Résumé :

Lydia est la cadette des célèbres sœurs Bennet. Fantasque et impulsive, elle aime tout particulièrement danser lors des soirées mondaines. Peu en ont conscience, même pas sa propre famille, mais Lydia est également une sorcière. Elle a hérité de ce don par sa tante Philips qui lui prodigue un enseignement sommaire mais nécessaire à la maîtrise de son pouvoir. Suite à la rencontre malencontreuse d'un dragon endormi du nom de Wormenheart, elle n'a pas d'autre choix que de céder à ses caprices si elle espère sauver sa vie et celle de sa sœur Kitty qui s'avère être aussi son familier prenant la forme d'un chat sans que personne en ait réellement conscience. L'été s'annonce d'ores et déjà tumultueux. Elle le passera du côté de Brighton où les rencontres avec ses pairs ne manqueront pas même si celles-ci se feront à ses risques et périls parfois. 

Mon avis :

Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière est un véritable hommage à Jane Austen et à son illustre roman, Orgueuil et Préjugés car elle ne cache pas son immense attachement à Élisabeth Bennet et à Mr Darcy. Toutefois, ici elle a choisi de revisiter cette histoire du point de vue de l'inconséquente Lydia en nous en dressant un portrait totalement différent. En effet, nous la retrouvons sous un jour nouveau, déshabillée de son égocentrisme et de son inconséquence. Elle prend donc les traits d'une jeune sorcière qui, même si elle apprécie de s'amuser, se retrouve à devoir mener une quête très lourde pour ses frêles épaules.

Sous la plume de Melinda Taub, on redécouvre la gentry imaginée par Jane Austen. On goûte à leurs petites mesquineries, à leurs jalousies, à leurs rivalités ainsi qu'à leurs péchés. La petite particularité de ce récit est que certains dissimulent des secrets touchant à la magie. La jeune Lydia n'est pas la seule sorcière à œuvrer entre ces pages, loin de là. C'est ainsi que l'on rencontre ici tout un bataillon de sorcières appartenant à un ordre très puissant et fort dangereux pour qui voudrait leur tenir tête.

On l'a vite compris en lisant le titre de ce livre, il y est surtout question de sorcellerie. Fortement inspirée par les légendes et le folklore, Melinda Taub a piqué son récit de sorts, de créatures fantastiques et autres démons peu fréquentables. 

L'histoire n'en est que plus divertissante surtout quand Lydia s'est donnée pour mission d'affronter le ténébreux Wormenheart, une créature directement empruntée à un mythe local du Hertfordshire, afin de s'en libérer une bonne fois pour toutes. 

Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière est un cosy fantasy très réussi qui plaira aux amateurs de Jane Austen mais pas que car Melinda Taub y mêle tous les ingrédients qui font le succès du genre. 

Aussi, il n'y a point de quête épique ici mais plutôt le destin tourmenté d'une jeune fille tiraillée entre le carcan de la société, le respect de l'étiquette et le monde magique qui coexiste en parallèle. 

Vous l'aurez donc compris, pas de batailles sanglantes ici mais plutôt une succession de tracas auxquels est confrontée l'héroïne et qu'elle va devoir surmonter. 

Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière est un récit très réconfortant qui dégage une atmosphère chaleureuse teintée de magie. 

Melinda Taub y traite beaucoup de féminisme comme Jane Austen en son temps même si ici les idées ne sont pas portées par Élisabeth mais plutôt par Lydia. Cette dernière ne cherche pas à se marier à tout prix entre ces lignes. Il est vrai qu'elle se laisse séduire par Wickham sans pour autant réellement tomber dans ses filets car elle a conscience de sa nature démoniaque et de son passé de roué. Toutefois il est un compagnon d'aventure fort utile et son physique avantageux ne gâche en rien le plaisir de l'expédition. 

Par le truchement de Lydia, un protagoniste mal aimé de l'œuvre de Jane Austen, Melinda Taub met également en lumière le poids de la famille et du carcan social conditionnant les femmes au mariage. Par son désir de liberté et son statut de sorcière lui conférant une certaine puissance, Lydia fait fi des obligations de son sexe pour tenter de se libérer des chaînes du dragon Wormenheart et accessoirement sauver les êtres qui lui sont chers

L'autrice nous parle aussi des difficultés dans les relations fraternels, à travers les mésententes et les incompréhensions mais insiste aussi sur l'importance de la réconciliation et le besoin de reconnaissance des siens. 

C'est un récit particulièrement riche en émotions car il est très centré sur ses protagonistes et leurs ressentis. 

Retrouver l'univers de Jane Austen est très plaisant d'autant que la plume de Mélinda Taub est belle. Toutefois, le récit s'étire quelque peu en longueur, il n'aurait pas été choquant d'hâter certains événements. Néanmoins cela n'enlève en rien à la qualité et à l'intérêt de cette histoire que j'ai trouvé, pour ma part, fort divertissante.

Lydia est un protagoniste intéressant. Bien loin de la jeune écervelée à laquelle on pourrait s'attendre de rencontrer lorsque l'on a lu Orgueuil et Préjugés, elle est beaucoup plus complexe. Aventurière, elle l'est très certainement mais son tempérament vif dissimule une belle personne ivre d'équité et de justice. En outre, elle ne manque pas d'humour et s'avère tout à fait charmante. 

Quant à Wickham, tout démon qu'il est, il n'est finalement pas complètement détestable. A travers le regard de Lydia, on lui découvre une humanité dissimulée sous une couche de bas calculs qui nous fait changer notre regard sur lui. 

Notez que les suivre dans leurs péripéties est particulièrement divertissant et ne manquera pas de vous envoûter à votre tour. 

Pour conclure :

Avec Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière, Melinda Taub nous livre une très belle réappropriation de l'univers de Jane Austen. La touche de magie qu'elle y a ajouté lui va comme un gant et rend la relecture de cette histoire juste passionnante. Une très belle lecture que je vous recommande chaleureusement. 

Fantasy à la Carte

Informations 

Melinda Taub
Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière 
Orgueuil, Préjugés  et Sorcellerie 
9782380240559
528 pages
Éditions Elder-Craft 

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05/09/2025

Éric Fouassier, Le Bureau des Affaires Occultes, éditions Le Livre de Poche

Éric Fouassier, Le Bureau des Affaires Occultes, éditions Le Livre de Poche

Docteur en droit et en pharmacie et professeur à l'université, Éric Fouassier est également un auteur de romans policiers historiques. 

Sa bibliographie compte une quinzaine de romans et de nombreuses nouvelles. Ses récits ont pour beaucoup déjà été primés, à l'image du Bureau des Affaires Occultes, premier titre de sa série éponyme qui a raflé cinq prix dont le Prix Griffe noire du meilleur roman historique de l'année

Or, de tous ses romans, c'est le premier que j'avais envie de lire et qui m'attendait depuis un bon moment dans ma PAL. Il était donc temps de le sortir. 

Résumé :

Fraîchement muté à la brigade de la sûreté, le jeune inspecteur Valentin Verne est chargé de résoudre une affaire délicate, celle de l'étrange décès du fils du député Charles-Marie Dauvergne. Tous s'accordent à conclure au suicide mais les circonstances de sa mort demeurent troublantes et interpellent notre fringant policier. Tout en investiguant du côté de la bonne société, il continue de pister un dangereux criminel connu sous le nom du Vicaire qui s'en prend aux jeunes enfants. Mais arrivera-t-il à le mettre hors d'état de nuire une bonne fois pour toutes ? Et résoudra-t-il son énigme sans se mettre à dos les hauts placés du pays ? Cela reste à voir. 

Mon avis :

Le Bureau des Affaires Occultes prend cadre en 1830 juste après les journées révolutionnaires de juillet poussant le peuple de Paris à l'insurrection suite aux décisions liberticides prises par le roi Charles X. Contraint à abdiquer, il est remplacé par Louis-Philippe jusqu'en 1848. Or, ce dernier doit faire face aux nombreuses oppositions politiques qui secouent la France et déstabilisent le pouvoir entre les Républicains, les Bonapartistes, les Légitimistes et les Socialistes. C'est donc dans ce Paris fortement troublé et propice aux complots qu'investigue l'inspecteur Verne. 

En outre, ce XIXe siècle est également marqué par un essor scientifique grâce au développement de nombreuses techniques bouleversant le modèle économique de l'époque. S'ensuivent d'ailleurs des grèves pour contester l'industrialisation qui marque ce siècle transformant la société en profondeur et donnant, par la même occasion naissance au paupérisme à cause de la précarité induite. 

Mais ce siècle connaît aussi un véritable engouement pour les sciences occultes comme le spiritisme. Voilà qui dégage une atmosphère toute particulière permettant à Éric Fouassier de jouer sur la frontière entre le fantastique et l'ordinaire. Toute l'habileté de l'auteur est de s'appuyer sur les progrès scientifiques et médicales pour expliquer ici l'étrange. L'ambiance est à l'ésotérisme et au mystère donnant à ce récit une saveur singulière. 

Le Bureau des Affaires Occultes est une uchronie policière très réussie. L'auteur maîtrise bien les codes du genre pour nous entraîner dans un Paris agité, tantôt crasseux, tantôt feutré sur les traces de plusieurs assassins. 

Plus que de nous plonger dans la tête de tueurs, Éric Fouassier nous parle aussi et surtout des victimes. Le témoignage est terriblement glaçant. Le récit est très psychologique et s'intéresse beaucoup à la reconstruction mentale après des abus et des sévices. Il est notamment question dans ce livre de rapts d'enfants, de séquestrations et de viols. C'est un texte émotionnel très dur car il touche à l'enfant, aux traumatismes physiques et mentaux et à la perte de l'innocence. 

En outre, le pédophile mis en scène dans cette série se fait appeler le Vicaire, ce qui permet à l'auteur de dénoncer les abus perpétrés par les hommes d'Église et la complaisance dont ils bénéficient. 

C'est une histoire prenante dont on ne sort clairement pas indemne. 

A côté de ces horreurs, l'auteur a également inséré dans son roman des meurtres à visée politique. On est propulsé en plein complot qui vient servir des idéaux politiques. C'est fort bien amené et s'intègre habilement au contexte historique. 

Ce récit est immersif et troublant. On est happé dès les premières pages et tenu en haleine jusque dans les dernières lignes. C'est le tour de force de cet auteur de faire monter la tension crescendo jusqu'à l'insoutenable. 

Enfin il nous attache aux pas d'un personnage atypique et particulièrement attachant. De prime abord on le prend pour un fringant inspecteur, bel homme et si sûr de lui que l'on trouverait presque antipathique. Pourtant il n'en est rien car il est tellement plus que ça ce Valentin Verne. C'est un ténébreux qui cache de profondes blessures et un passé tragique et poignant. Avec lui, on n'est pas au bout de nos surprises. Il porte brillamment cette histoire incroyable et inquiétante. 

Pour conclure :

Le Bureau des Affaires Occultes est un roman particulièrement palpitant rempli de mystères qui vous met la chair de poule tant l'auteur y met à nu l'âme humaine dans toute sa complexité et sa férocité. Très belle découverte que ce roman et cette plume. Je vais continuer à le lire, c'est certain !

Fantasy à la Carte

Informations

Eric Fouassier
Le Bureau des Affaires Occultes
9782253107729
448 pages
Editions Le Livre de Poche

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31/08/2025

Eva Martin, De l'or dans les mains, éditions Critic

Eva Martin, De l'or dans les mains, éditions Critic

Après Miska, un premier roman de fantasy qui a su envoûter son lectorat, Eva Martin récidive. En effet, le 24 septembre prochain paraît De l'or dans les mains, son deuxième roman, toujours chez Critic

Ayant reçu ce service de presse en épreuves non corrigées, j'ai donc eu la chance de pouvoir le lire en avant première et je remercie très chaleureusement Eric Marcelin pour cet envoi. 

Résumé :

A Blanchevue, Artane est une monte-en-l'air bien connue de la pègre locale. Son charme lui a donné certaines capacités bien utiles pour mener à bien ses petites combines. Seulement elle ne dupe personne et va vite l'apprendre à ses dépens puisqu'on la charge d'une mission suicidaire en échange de sa liberté. Un marché tentant mais finalement difficile à tenir car comment peut-elle, ne serait-ce qu'imaginer de pouvoir s'emparer d'une pierre d'épure alors que celle-ci est l'objet le plus convoité et à ce titre, est tenu sous bonne garde. Infaisable, dites-vous, mais en êtes-vous si sûre ?

Mon avis :

De l'or dans les mains s'inscrit dans le même univers que Miska. Ainsi, dans ce roman on retourne en Calcédie où l'on continue à être baigné par les légendes Kinoshs.  

Ici, les relations diplomatiques sont menacées par des complots qui cherchent à déstabiliser la paix. 

La magie y est d'ailleurs très présente. Elle s'exprime à travers les charmes que possèdent certaines personnes. Qualifiés de charmines, ces élus sont mal perçus et pas intégrés à la société. D'ailleurs, beaucoup dissimulent leurs dons pour éviter d'être mis au ban. Pour autant la magie demeure un gros enjeu de pouvoir comme en témoigne l'agitation que suscite l'existence de pierres aux propriétés ésotériques puissantes car beaucoup cherchent à s'en emparer. C'est en tout cas ce que génère la pierre d'épure entre ces lignes. Elle est au cœur de toutes les quêtes dont celle menée par le personnage principal de cette histoire. Pas toujours très maîtrisées, les manifestations surnaturelles sont parfois aussi spectaculaires que dévastatrices. 

L'univers construit par Eva Martin est à nouveau très immersif et s'associe habilement à une intrigue nourrie de secrets et de trahisons. 

En outre, elle a piqué son texte de thématiques familières propres notamment au roman d'apprentissage, à travers la quête de soi bien souvent inhérente à la mise en scène de jeunes héros. Ainsi Naël cherche à trouver sa place et à se dessiner un destin. En outre, en mettant l'accent sur une communauté de personnages proscrits, Eva Martin aborde la question de l'intolérance et de l'ostracisme. Pour autant ce texte est également porteur d'espoir à travers cette utopie d'un monde meilleur toujours possible pour qui en a le pouvoir. 

De l'or dans les mains est autant un récit politique qu'un roman d'aventure. L'autrice y réunit tous les ingrédients qui font la force de cette littérature : action, machination et danger. 

Eva Martin s'appuie essentiellement sur un duo de personnages pour porter son histoire. On retrouve la voleuse Artane qui n'a pas une vie facile, bien qu'elle soit née charmine lui donnant une avantage certain pour commettre ses larcins. C'est une jeune femme forte et indépendante qui rêve d'évasion et d'une vie meilleure. Elle cherche à s'affranchir de ses chaînes pour être enfin libre. Aussi sa froideur apparente cache en réalité un cœur qui ne demande juste qu'à s'épanouir. Bien malgré elle, elle s'attache à cet adolescent qui lui colle aux basques sans qu'elle sache bien comment faire pour s'en débarrasser. 

Naël est un être cabossé qui dissimule un grand pouvoir dont il ne sait que faire. Il s'accroche désespérément à Artane cherchant sa protection et son partage d'expérience. Fort malmené mais possédant une générosité et une empathie telles qu'on ne peut que s'attacher à lui. 

Voilà un couple de personnages des plus improbables mais qui donne à ce livre un vrai goût d'humanité. 

Pour conclure :

Avec De l'or dans les mains, Eva Martin continue de tracer sa route au cœur d'univers de fantasy toujours plus foisonnant. C'est définitivement un nom à retenir !

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mon avis sur Miska

Informations

Eva Martin
De l'or dans les mains
9782375793404
322 pages
éditions Critic

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25/08/2025

Pierre Grimbert, La Souche Perdue, T.2, Les Chemins de Ji, éditions Mnémos

Pierre Grimbert, La Souche Perdue, T.2, 
éditions Mnémos 

L'année 2025 aura été marquée par le retour de Pierre Grimbert à Ji

Après l'immense succès de sa première série déclinée en trois trilogies : Le Secret de Ji, Les Enfants de Ji et Les Gardiens de Ji, il a repris la plume pour continuer l'exploration de ce monde foisonnant. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

En voulant échapper aux sorciers de Wul Melinem, Liéronim et ses compagnons d'infortune se retrouvent piégés dans un monde inconnu sans savoir comment trouver le moyen d'en sortir. Mais à peine arrivés dans cet étrange endroit, le jeune Danel se volatilise mystérieusement obligeant l'équipée à parcourir cet univers de fond en comble sans grand espoir de le retrouver vivant. Alors que le danger survient de toutes parts, arriveront-ils à se défaire de leurs ennemis et à retrouver le chemin de leur salut ? 

Mon avis :

Dans La Souche Perdue, on retourne à Ji et plus particulièrement vers les mondes parallèles dont l'île semble garder les accès. Ainsi, l'univers qui voit le jour sous la plume de Pierre Grimbert semble se renouveler à l'infini. Il multiplie donc les terrains de jeux dans lesquels évoluent ses personnages. Tantôt hostiles, tantôt incertains, les lieux que traversent les héros de cette trilogie ne manquent pas de réserver bien des surprises et des déconfitures. 

Récit épique oblige, Pierre Grimbert continue sur sa lancée de nous proposer une aventure parsemée d'embûches qui ne manque pas de mettre régulièrement à mal notre confrérie de personnages.

Les ingrédients choisis demeurent identiques : exploration, quête, lutte et magie se mêlent donc habilement ici. Il en ressort un texte riche en action et en retournements de situation, typique de la littérature fantasy

Dans Les Chemins de Ji, Pierre Grimbert a mis le pouvoir au cœur de l'enjeu narratif de sa nouvelle série. On ne s'étonne donc pas de voir celui-ci monter à la tête de certains au point de les griser et de leur faire perdre tout sens des réalités. Ainsi dans ce tome 2, Pierre Grimbert questionne beaucoup cette notion de pouvoir en confrontant les sentiments qu'il suscite. Il met, notamment, en lumière la grande responsabilité que celui-ci engendre. Si certains y voient le moyen de dominer le monde, d'autres, au contraire, cherchent à protéger pour préserver l'équilibre. 

Dans ce volet, on commence à prendre conscience de la puissance que dissimule Danel. Il est loin d'être le fragile petit garçon que tous se plaisent à penser. Au cœur de l'intrigue de cette nouvelle saga, il incarne à la fois une arme très convoitée et un trésor à protéger. A lui seul il concentre tous les secrets de ce monde, il semble même en être la clé. Il n'y a donc plus qu'à découvrir où se situe la serrure pour en connaître toutes les révélations. 

Au fil des pages, les personnages évoluent, en apprennent plus sur eux-mêmes et sur ce qu'ils pensaient comme être la seule vérité. Ainsi, Tristan revient peu à peu sur ses croyances, notamment à propos de sa mère, Bessanis. A travers lui, Pierre Grimbert explore les difficultés que peuvent rencontrer les relations entre parent et enfants. Les émotions et les sentiments mis à jour donnent une vraie humanité à ses personnages les rendant sans doute plus attachants aux yeux des lecteurs. 

Pour conclure :

Avec La Souche Perdue, Pierre Grimbert signe un nouveau roman efficace entraînant les lecteurs dans une succession de situations insolites. Le rythme y est soutenu nous offrant un grand divertissement comme seule la fantasy en a le secret. Il n'y a donc plus qu'à attendre jusqu'à la sortie du dernier volet qui nous dévoilera ses ultimes mystères. Patience !

Fantasy à la Carte

A retrouver sur le blog, mes avis sur : Six Héritiers, Le serment orphelin, L'ombre des anciens, Le doyen éternel, Le Sang des Parangons, L'Âme des Parangons, Le Lanternier et La Branche Romine

Informations 

Pierre Grimbert 
La Souche Perdue
T.2
9782382672112
304 pages
Éditions Mnémos 

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