Grand amateur de littératures de l'Imaginaire, Emmanuel Quentin a fini par céder aux sirènes de l'écriture. Sa bibliographie compte déjà quelques titres comme Dormeurs, Où s'imposent les silences ou La faculté des idées noirs.
Son nouveau roman est sorti depuis peu aux éditions Critic et s'intitule Vent Rouge.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
Sophis est soumise au vent rouge, un phénomène météorologique inexplicable qui emporte, disperse et mélange les souvenirs des personnes se retrouvant sur son passage. Ce n'est d'ailleurs pas la seule menace qui sévit sur cette planète. En effet, alors qu'Anat pensait faire ses adieux aux 3 corps plongés dans des cuves depuis fort longtemps, l'un d'eux est revenu à la vie. Il s'agit d'une dénommée Satia Layre missionnée il y a plus de 400 ans par les siens pour mener à bien un objectif contraire aux intérêts de Sophis et même plus menaçant que l'oubli lui-même.
Mon avis :
Vent Rouge est un planet opera dans lequel Emmanuel Quentin confronte deux sociétés antagonistes dans leur état d'avancement. Ainsi, on a d'un côté, l'Ordocratie qui bénéficie d'un progrès technologique sans commune mesure lui permettant d'asseoir sa domination sur la galaxie et de l'autre côté, Sophis qui demeure encore sous l'emprise d'un certain archaïsme dû à des bouleversements écologiques et sociaux.
Emmanuel Quentin donne vie à un univers complexe nourri à la nanotechnologie et piloté par une intelligence artificielle déclinante.
Nous sommes face à d'un côté, une civilisation avancée qui maîtrise l'usage de corps d'emprunt assurant une longévité remarquable même si elle a ses limites comme l'illustre les difficultés de l'un des protagonistes de cette histoire et de l'autre côté, un peuple traumatisé par une oppression forte et menacé par un dérèglement inarrêtable.
C'est donc dans ce décor futuriste que l'auteur a décidé de bâtir son intrigue où il est beaucoup question de colonialisme et de rapt des ressources locales. Vent Rouge critique cette politique expansionniste qui se fait toujours au nom du bien collectif mais se révèle surtout très destructrice pour les locaux.
En outre, à travers cette manifestation climatique qu'est le vent rouge, Emmanuel Quentin aborde de manière très original la thématique de la mémoire à travers ces souvenirs qui se mélangent et disparaissent. Ainsi, le vent rouge est craint car son passage est synonyme d'oubli. En faisant des souvenirs un enjeu narratif de son livre, l'auteur met en lumière le poids du passé et l'importance de ne pas l'oublier pour aller de l'avant car c'est en regardant en arrière que l'on sait où l'on va. En perdant leurs souvenirs, les protagonistes d'Emmanuel Quentin perdent une part d'eux-mêmes.
Vent Rouge n'est pas un roman si facile d'accès car l'univers est dense et l'intrigue est tortueuse.
En outre, c'est un roman choral qui donne la parole à pléthores de personnages remplis de secrets et de zones d'ombre. Personnellement, je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher à eux. En revanche, leurs destins croisés contribuent grandement à donner du suspense à ce texte puisque chacun à sa quête, ils nous entraînent à perdre haleine dans ce monde déclinant où subsistent les ruines d'une technologie avancée.
Pour conclure :
La plume d'Emmanuel Quentin est fluide et nous emporte sans mal dans son histoire. Ce texte ne manque ni de rythme ni d'action. Il fallait bien ça pour nous dévoiler ce monde âpre et inquiétant qui sert d'écrin à l'auteur pour questionner la société dans ses failles.
Fantasy à la Carte
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