L'influence du "gaming" à la littérature

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15/09/2025

Thomas C. Durand, Empouvoirement, T.3, Les Énigmes de L'Aube, éditions Actusf

Thomas C. Durand, Empouvoirement, T.3, 
Les Énigmes de L'Aube
Les Nouvelles éditions ActuSF

En août, Les Nouvelles éditions ActuSF ont republié le tome 3 des Énigmes de L'Aube de Thomas C. Durand. Il prend la suite du Premier Souffle et des Quatre Vérités, deux premiers tomes que j'avais appréciés de lire

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé:

A Ithir, c'est la fin de l'année scolaire pour Anyelle et ses camarades. Le temps des vacances est venu et pour notre apprentie sorcière, c'est le moment de faire un crochet par la Wirmariche et de passer du temps auprès de sa mère, la reine de ce royaume. Seulement elle n'en a pas très envie mais heureusement pour elle, elle ne s'y rend pas seule car ses deux amis Gavide et Maxton l'accompagnent. Ils ne seront d'ailleurs pas trop de trois pour déjouer les plans machiavéliques que certains esprits maléfiques ont ourdi à son encontre, sans compter les difficultés d'évoluer à la cour où règnent les hypocrites et les traîtres. Alors que les menaces arrivent de toutes parts, s'en sortiront-ils, pour autant, à la fin ? 

Mon avis : 

Dans Empouvoirement, on retrouve avec plaisir l'univers des Troyaumes où règne la magie. Celle-ci est enseignée telle une science, dans des institutions très sélectes, à l'image d'Ithir où évolue l'héroïne de Thomas C. Durand. 

Dans ce troisième volet, on quitte l'ambiance green academy qui se dégage des murs d'Ithir pour partir en exploration de ce monde tissé de sortilèges. 

Aux côtés d'Anyelle et de ses amis, on goûte à la vie de cour, à l'étiquette et au calcul politique. 

Peut-être plus encore que les tomes précédents, Empouvoirement est un récit politique qui nous plonge dans les secrets d'État d'un royaume et dans les mensonges et les conspirations de certains individus refusant le changement tout en briguant le pouvoir. 

Dans ce roman, on suit tour à tour Anyelle dans ses pérégrinations, les malfrats qui sont à ses trousses et un groupe d'illuminés rêvant de conquête. L'existence de ces derniers permet à l'auteur de mettre son récit en parallèle avec notre actualité. En effet, à travers ce petit groupe d'envahisseurs, pétris de bonnes intentions, l'auteur met en exergue l'obsession de certains à vouloir apporter la bonne parole aux autres peuples, quitte à nier ce qui fait leur essence sous le couvert d'un dieu tutélaire. Pourtant au milieu de ces ouailles aveuglés par la parole divine, un jeune homme s'interroge sur la légitimité de cette démarche. Par son questionnement sans cesse qui dérange les investigateurs de cette mission, l'auteur met en lumière les manipulations dont peut user une nation dont le seul but est de prendre le pouvoir sur le reste du monde. 

Ainsi, par le biais de ses jeux de mots, Thomas C. Durand critique ouvertement la politique agressive menée par les États-Unis d'Amérique qui depuis leur naissance n'ont de cesse de chercher à s'agrandir et à étendre leur influence. Une politique colonialiste qui a, d'ailleurs, cours depuis des millénaires sous la forme d'actions évangéliques ou militaires et qui se fait toujours au prix du sang. 

Avec Empouvoirement, Thomas C. Durand signe une nouvelle aventure récréative qui plaira autant aux plus jeunes pour l'odyssée palpitante menée par Anyelle afin de comprendre les choix de sa mère à son égard et à celle de son père ainsi qu'aux plus grands, notamment pour la double lecture que l'on peut faire de ce texte.

Empouvoirement est un récit engagé portant des réflexions intéressantes qui font parfaitement écho à notre présent. 

Toutefois, même si je comprends le choix de l'auteur, je ne me suis pas pour autant attachée à certains narrateurs, pas plus que je n'ai été touché par leurs histoires. En revanche, j'apprécie l'impertinence et la fraîcheur d'Anyelle. J'aime suivre ses aventures. Elle concentre à elle seule tout l'intérêt de ce texte et fait de cette saga, une bonne série de littérature jeunesse. 

Il est à noter que l'action met du temps à réellement se mettre en place dans ce livre. Alors armez-vous de patience car le final est explosif et vaut le détour.

La plume de Thomas C. Durand est drôle et mordante. Ses récits sont débordants d'esprit et d'humour. 

Il nous rappelle que l'intérêt est toujours de garder un esprit critique sur les évènements et les actes de soi et d'autrui. 

Pour conclure :

Avec Empouvoirement, Thomas C. Durand poursuit l'écriture d'une saga de qualité très punchy qui ensorcèle grâce à cette gamine hors norme. Il faut dire qu'elle a plus d'un tour dans son sac. N'hésitez donc plus et venez découvrir ses aventures car vous allez vous régaler. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Premier Souffle et Les Quatre Vérités

Informations

Thomas C. Durand
Empouvoirement
Tome 3
Les Enigmes de L'Aube
978-2-37686-699-2
450 pages
Les Nouvelles Editions ActuSF

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12/09/2025

Melinda Taub, Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière, Orgueuil, Préjugés et Sorcellerie, éditions Elder Craft

Melinda Taub, Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, 
Sorcière, Orgueuil, Préjugés et Sorcellerie
éditions Elder-Craft 

Melinda Taub est une autrice et une scénariste américaine. Son premier livre, Stiller, star-crossed est une suite de Roméo et Juliette.

En 2024, son deuxième roman Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière paraît en français chez les éditions Elder-Craft

Or, ce dernier a rejoint ma pile à lire il y a peu et comme vous le voyez, je n'ai pas résisté bien longtemps pour me plonger dedans. 

Résumé :

Lydia est la cadette des célèbres sœurs Bennet. Fantasque et impulsive, elle aime tout particulièrement danser lors des soirées mondaines. Peu en ont conscience, même pas sa propre famille, mais Lydia est également une sorcière. Elle a hérité de ce don par sa tante Philips qui lui prodigue un enseignement sommaire mais nécessaire à la maîtrise de son pouvoir. Suite à la rencontre malencontreuse d'un dragon endormi du nom de Wormenheart, elle n'a pas d'autre choix que de céder à ses caprices si elle espère sauver sa vie et celle de sa sœur Kitty qui s'avère être aussi son familier prenant la forme d'un chat sans que personne en ait réellement conscience. L'été s'annonce d'ores et déjà tumultueux. Elle le passera du côté de Brighton où les rencontres avec ses pairs ne manqueront pas même si celles-ci se feront à ses risques et périls parfois. 

Mon avis :

Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière est un véritable hommage à Jane Austen et à son illustre roman, Orgueuil et Préjugés car elle ne cache pas son immense attachement à Élisabeth Bennet et à Mr Darcy. Toutefois, ici elle a choisi de revisiter cette histoire du point de vue de l'inconséquente Lydia en nous en dressant un portrait totalement différent. En effet, nous la retrouvons sous un jour nouveau, déshabillée de son égocentrisme et de son inconséquence. Elle prend donc les traits d'une jeune sorcière qui, même si elle apprécie de s'amuser, se retrouve à devoir mener une quête très lourde pour ses frêles épaules.

Sous la plume de Melinda Taub, on redécouvre la gentry imaginée par Jane Austen. On goûte à leurs petites mesquineries, à leurs jalousies, à leurs rivalités ainsi qu'à leurs péchés. La petite particularité de ce récit est que certains dissimulent des secrets touchant à la magie. La jeune Lydia n'est pas la seule sorcière à œuvrer entre ces pages, loin de là. C'est ainsi que l'on rencontre ici tout un bataillon de sorcières appartenant à un ordre très puissant et fort dangereux pour qui voudrait leur tenir tête.

On l'a vite compris en lisant le titre de ce livre, il y est surtout question de sorcellerie. Fortement inspirée par les légendes et le folklore, Melinda Taub a piqué son récit de sorts, de créatures fantastiques et autres démons peu fréquentables. 

L'histoire n'en est que plus divertissante surtout quand Lydia s'est donnée pour mission d'affronter le ténébreux Wormenheart, une créature directement empruntée à un mythe local du Hertfordshire, afin de s'en libérer une bonne fois pour toutes. 

Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière est un cosy fantasy très réussi qui plaira aux amateurs de Jane Austen mais pas que car Melinda Taub y mêle tous les ingrédients qui font le succès du genre. 

Aussi, il n'y a point de quête épique ici mais plutôt le destin tourmenté d'une jeune fille tiraillée entre le carcan de la société, le respect de l'étiquette et le monde magique qui coexiste en parallèle. 

Vous l'aurez donc compris, pas de batailles sanglantes ici mais plutôt une succession de tracas auxquels est confrontée l'héroïne et qu'elle va devoir surmonter. 

Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière est un récit très réconfortant qui dégage une atmosphère chaleureuse teintée de magie. 

Melinda Taub y traite beaucoup de féminisme comme Jane Austen en son temps même si ici les idées ne sont pas portées par Élisabeth mais plutôt par Lydia. Cette dernière ne cherche pas à se marier à tout prix entre ces lignes. Il est vrai qu'elle se laisse séduire par Wickham sans pour autant réellement tomber dans ses filets car elle a conscience de sa nature démoniaque et de son passé de roué. Toutefois il est un compagnon d'aventure fort utile et son physique avantageux ne gâche en rien le plaisir de l'expédition. 

Par le truchement de Lydia, un protagoniste mal aimé de l'œuvre de Jane Austen, Melinda Taub met également en lumière le poids de la famille et du carcan social conditionnant les femmes au mariage. Par son désir de liberté et son statut de sorcière lui conférant une certaine puissance, Lydia fait fi des obligations de son sexe pour tenter de se libérer des chaînes du dragon Wormenheart et accessoirement sauver les êtres qui lui sont chers

L'autrice nous parle aussi des difficultés dans les relations fraternels, à travers les mésententes et les incompréhensions mais insiste aussi sur l'importance de la réconciliation et le besoin de reconnaissance des siens. 

C'est un récit particulièrement riche en émotions car il est très centré sur ses protagonistes et leurs ressentis. 

Retrouver l'univers de Jane Austen est très plaisant d'autant que la plume de Mélinda Taub est belle. Toutefois, le récit s'étire quelque peu en longueur, il n'aurait pas été choquant d'hâter certains événements. Néanmoins cela n'enlève en rien à la qualité et à l'intérêt de cette histoire que j'ai trouvé, pour ma part, fort divertissante.

Lydia est un protagoniste intéressant. Bien loin de la jeune écervelée à laquelle on pourrait s'attendre de rencontrer lorsque l'on a lu Orgueuil et Préjugés, elle est beaucoup plus complexe. Aventurière, elle l'est très certainement mais son tempérament vif dissimule une belle personne ivre d'équité et de justice. En outre, elle ne manque pas d'humour et s'avère tout à fait charmante. 

Quant à Wickham, tout démon qu'il est, il n'est finalement pas complètement détestable. A travers le regard de Lydia, on lui découvre une humanité dissimulée sous une couche de bas calculs qui nous fait changer notre regard sur lui. 

Notez que les suivre dans leurs péripéties est particulièrement divertissant et ne manquera pas de vous envoûter à votre tour. 

Pour conclure :

Avec Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière, Melinda Taub nous livre une très belle réappropriation de l'univers de Jane Austen. La touche de magie qu'elle y a ajouté lui va comme un gant et rend la relecture de cette histoire juste passionnante. Une très belle lecture que je vous recommande chaleureusement. 

Fantasy à la Carte

Informations 

Melinda Taub
Les Confessions Scandaleuses de Lydia Bennet, Sorcière 
Orgueuil, Préjugés  et Sorcellerie 
9782380240559
528 pages
Éditions Elder-Craft 

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05/09/2025

Éric Fouassier, Le Bureau des Affaires Occultes, éditions Le Livre de Poche

Éric Fouassier, Le Bureau des Affaires Occultes, éditions Le Livre de Poche

Docteur en droit et en pharmacie et professeur à l'université, Éric Fouassier est également un auteur de romans policiers historiques. 

Sa bibliographie compte une quinzaine de romans et de nombreuses nouvelles. Ses récits ont pour beaucoup déjà été primés, à l'image du Bureau des Affaires Occultes, premier titre de sa série éponyme qui a raflé cinq prix dont le Prix Griffe noire du meilleur roman historique de l'année

Or, de tous ses romans, c'est le premier que j'avais envie de lire et qui m'attendait depuis un bon moment dans ma PAL. Il était donc temps de le sortir. 

Résumé :

Fraîchement muté à la brigade de la sûreté, le jeune inspecteur Valentin Verne est chargé de résoudre une affaire délicate, celle de l'étrange décès du fils du député Charles-Marie Dauvergne. Tous s'accordent à conclure au suicide mais les circonstances de sa mort demeurent troublantes et interpellent notre fringant policier. Tout en investiguant du côté de la bonne société, il continue de pister un dangereux criminel connu sous le nom du Vicaire qui s'en prend aux jeunes enfants. Mais arrivera-t-il à le mettre hors d'état de nuire une bonne fois pour toutes ? Et résoudra-t-il son énigme sans se mettre à dos les hauts placés du pays ? Cela reste à voir. 

Mon avis :

Le Bureau des Affaires Occultes prend cadre en 1830 juste après les journées révolutionnaires de juillet poussant le peuple de Paris à l'insurrection suite aux décisions liberticides prises par le roi Charles X. Contraint à abdiquer, il est remplacé par Louis-Philippe jusqu'en 1848. Or, ce dernier doit faire face aux nombreuses oppositions politiques qui secouent la France et déstabilisent le pouvoir entre les Républicains, les Bonapartistes, les Légitimistes et les Socialistes. C'est donc dans ce Paris fortement troublé et propice aux complots qu'investigue l'inspecteur Verne. 

En outre, ce XIXe siècle est également marqué par un essor scientifique grâce au développement de nombreuses techniques bouleversant le modèle économique de l'époque. S'ensuivent d'ailleurs des grèves pour contester l'industrialisation qui marque ce siècle transformant la société en profondeur et donnant, par la même occasion naissance au paupérisme à cause de la précarité induite. 

Mais ce siècle connaît aussi un véritable engouement pour les sciences occultes comme le spiritisme. Voilà qui dégage une atmosphère toute particulière permettant à Éric Fouassier de jouer sur la frontière entre le fantastique et l'ordinaire. Toute l'habileté de l'auteur est de s'appuyer sur les progrès scientifiques et médicales pour expliquer ici l'étrange. L'ambiance est à l'ésotérisme et au mystère donnant à ce récit une saveur singulière. 

Le Bureau des Affaires Occultes est une uchronie policière très réussie. L'auteur maîtrise bien les codes du genre pour nous entraîner dans un Paris agité, tantôt crasseux, tantôt feutré sur les traces de plusieurs assassins. 

Plus que de nous plonger dans la tête de tueurs, Éric Fouassier nous parle aussi et surtout des victimes. Le témoignage est terriblement glaçant. Le récit est très psychologique et s'intéresse beaucoup à la reconstruction mentale après des abus et des sévices. Il est notamment question dans ce livre de rapts d'enfants, de séquestrations et de viols. C'est un texte émotionnel très dur car il touche à l'enfant, aux traumatismes physiques et mentaux et à la perte de l'innocence. 

En outre, le pédophile mis en scène dans cette série se fait appeler le Vicaire, ce qui permet à l'auteur de dénoncer les abus perpétrés par les hommes d'Église et la complaisance dont ils bénéficient. 

C'est une histoire prenante dont on ne sort clairement pas indemne. 

A côté de ces horreurs, l'auteur a également inséré dans son roman des meurtres à visée politique. On est propulsé en plein complot qui vient servir des idéaux politiques. C'est fort bien amené et s'intègre habilement au contexte historique. 

Ce récit est immersif et troublant. On est happé dès les premières pages et tenu en haleine jusque dans les dernières lignes. C'est le tour de force de cet auteur de faire monter la tension crescendo jusqu'à l'insoutenable. 

Enfin il nous attache aux pas d'un personnage atypique et particulièrement attachant. De prime abord on le prend pour un fringant inspecteur, bel homme et si sûr de lui que l'on trouverait presque antipathique. Pourtant il n'en est rien car il est tellement plus que ça ce Valentin Verne. C'est un ténébreux qui cache de profondes blessures et un passé tragique et poignant. Avec lui, on n'est pas au bout de nos surprises. Il porte brillamment cette histoire incroyable et inquiétante. 

Pour conclure :

Le Bureau des Affaires Occultes est un roman particulièrement palpitant rempli de mystères qui vous met la chair de poule tant l'auteur y met à nu l'âme humaine dans toute sa complexité et sa férocité. Très belle découverte que ce roman et cette plume. Je vais continuer à le lire, c'est certain !

Fantasy à la Carte

Informations

Eric Fouassier
Le Bureau des Affaires Occultes
9782253107729
448 pages
Editions Le Livre de Poche

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31/08/2025

Eva Martin, De l'or dans les mains, éditions Critic

Eva Martin, De l'or dans les mains, éditions Critic

Après Miska, un premier roman de fantasy qui a su envoûter son lectorat, Eva Martin récidive. En effet, le 24 septembre prochain paraît De l'or dans les mains, son deuxième roman, toujours chez Critic

Ayant reçu ce service de presse en épreuves non corrigées, j'ai donc eu la chance de pouvoir le lire en avant première et je remercie très chaleureusement Eric Marcelin pour cet envoi. 

Résumé :

A Blanchevue, Artane est une monte-en-l'air bien connue de la pègre locale. Son charme lui a donné certaines capacités bien utiles pour mener à bien ses petites combines. Seulement elle ne dupe personne et va vite l'apprendre à ses dépens puisqu'on la charge d'une mission suicidaire en échange de sa liberté. Un marché tentant mais finalement difficile à tenir car comment peut-elle, ne serait-ce qu'imaginer de pouvoir s'emparer d'une pierre d'épure alors que celle-ci est l'objet le plus convoité et à ce titre, est tenu sous bonne garde. Infaisable, dites-vous, mais en êtes-vous si sûre ?

Mon avis :

De l'or dans les mains s'inscrit dans le même univers que Miska. Ainsi, dans ce roman on retourne en Calcédie où l'on continue à être baigné par les légendes Kinoshs.  

Ici, les relations diplomatiques sont menacées par des complots qui cherchent à déstabiliser la paix. 

La magie y est d'ailleurs très présente. Elle s'exprime à travers les charmes que possèdent certaines personnes. Qualifiés de charmines, ces élus sont mal perçus et pas intégrés à la société. D'ailleurs, beaucoup dissimulent leurs dons pour éviter d'être mis au ban. Pour autant la magie demeure un gros enjeu de pouvoir comme en témoigne l'agitation que suscite l'existence de pierres aux propriétés ésotériques puissantes car beaucoup cherchent à s'en emparer. C'est en tout cas ce que génère la pierre d'épure entre ces lignes. Elle est au cœur de toutes les quêtes dont celle menée par le personnage principal de cette histoire. Pas toujours très maîtrisées, les manifestations surnaturelles sont parfois aussi spectaculaires que dévastatrices. 

L'univers construit par Eva Martin est à nouveau très immersif et s'associe habilement à une intrigue nourrie de secrets et de trahisons. 

En outre, elle a piqué son texte de thématiques familières propres notamment au roman d'apprentissage, à travers la quête de soi bien souvent inhérente à la mise en scène de jeunes héros. Ainsi Naël cherche à trouver sa place et à se dessiner un destin. En outre, en mettant l'accent sur une communauté de personnages proscrits, Eva Martin aborde la question de l'intolérance et de l'ostracisme. Pour autant ce texte est également porteur d'espoir à travers cette utopie d'un monde meilleur toujours possible pour qui en a le pouvoir. 

De l'or dans les mains est autant un récit politique qu'un roman d'aventure. L'autrice y réunit tous les ingrédients qui font la force de cette littérature : action, machination et danger. 

Eva Martin s'appuie essentiellement sur un duo de personnages pour porter son histoire. On retrouve la voleuse Artane qui n'a pas une vie facile, bien qu'elle soit née charmine lui donnant une avantage certain pour commettre ses larcins. C'est une jeune femme forte et indépendante qui rêve d'évasion et d'une vie meilleure. Elle cherche à s'affranchir de ses chaînes pour être enfin libre. Aussi sa froideur apparente cache en réalité un cœur qui ne demande juste qu'à s'épanouir. Bien malgré elle, elle s'attache à cet adolescent qui lui colle aux basques sans qu'elle sache bien comment faire pour s'en débarrasser. 

Naël est un être cabossé qui dissimule un grand pouvoir dont il ne sait que faire. Il s'accroche désespérément à Artane cherchant sa protection et son partage d'expérience. Fort malmené mais possédant une générosité et une empathie telles qu'on ne peut que s'attacher à lui. 

Voilà un couple de personnages des plus improbables mais qui donne à ce livre un vrai goût d'humanité. 

Pour conclure :

Avec De l'or dans les mains, Eva Martin continue de tracer sa route au cœur d'univers de fantasy toujours plus foisonnant. C'est définitivement un nom à retenir !

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mon avis sur Miska

Informations

Eva Martin
De l'or dans les mains
9782375793404
322 pages
éditions Critic

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25/08/2025

Pierre Grimbert, La Souche Perdue, T.2, Les Chemins de Ji, éditions Mnémos

Pierre Grimbert, La Souche Perdue, T.2, 
éditions Mnémos 

L'année 2025 aura été marquée par le retour de Pierre Grimbert à Ji

Après l'immense succès de sa première série déclinée en trois trilogies : Le Secret de Ji, Les Enfants de Ji et Les Gardiens de Ji, il a repris la plume pour continuer l'exploration de ce monde foisonnant. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

En voulant échapper aux sorciers de Wul Melinem, Liéronim et ses compagnons d'infortune se retrouvent piégés dans un monde inconnu sans savoir comment trouver le moyen d'en sortir. Mais à peine arrivés dans cet étrange endroit, le jeune Danel se volatilise mystérieusement obligeant l'équipée à parcourir cet univers de fond en comble sans grand espoir de le retrouver vivant. Alors que le danger survient de toutes parts, arriveront-ils à se défaire de leurs ennemis et à retrouver le chemin de leur salut ? 

Mon avis :

Dans La Souche Perdue, on retourne à Ji et plus particulièrement vers les mondes parallèles dont l'île semble garder les accès. Ainsi, l'univers qui voit le jour sous la plume de Pierre Grimbert semble se renouveler à l'infini. Il multiplie donc les terrains de jeux dans lesquels évoluent ses personnages. Tantôt hostiles, tantôt incertains, les lieux que traversent les héros de cette trilogie ne manquent pas de réserver bien des surprises et des déconfitures. 

Récit épique oblige, Pierre Grimbert continue sur sa lancée de nous proposer une aventure parsemée d'embûches qui ne manque pas de mettre régulièrement à mal notre confrérie de personnages.

Les ingrédients choisis demeurent identiques : exploration, quête, lutte et magie se mêlent donc habilement ici. Il en ressort un texte riche en action et en retournements de situation, typique de la littérature fantasy

Dans Les Chemins de Ji, Pierre Grimbert a mis le pouvoir au cœur de l'enjeu narratif de sa nouvelle série. On ne s'étonne donc pas de voir celui-ci monter à la tête de certains au point de les griser et de leur faire perdre tout sens des réalités. Ainsi dans ce tome 2, Pierre Grimbert questionne beaucoup cette notion de pouvoir en confrontant les sentiments qu'il suscite. Il met, notamment, en lumière la grande responsabilité que celui-ci engendre. Si certains y voient le moyen de dominer le monde, d'autres, au contraire, cherchent à protéger pour préserver l'équilibre. 

Dans ce volet, on commence à prendre conscience de la puissance que dissimule Danel. Il est loin d'être le fragile petit garçon que tous se plaisent à penser. Au cœur de l'intrigue de cette nouvelle saga, il incarne à la fois une arme très convoitée et un trésor à protéger. A lui seul il concentre tous les secrets de ce monde, il semble même en être la clé. Il n'y a donc plus qu'à découvrir où se situe la serrure pour en connaître toutes les révélations. 

Au fil des pages, les personnages évoluent, en apprennent plus sur eux-mêmes et sur ce qu'ils pensaient comme être la seule vérité. Ainsi, Tristan revient peu à peu sur ses croyances, notamment à propos de sa mère, Bessanis. A travers lui, Pierre Grimbert explore les difficultés que peuvent rencontrer les relations entre parent et enfants. Les émotions et les sentiments mis à jour donnent une vraie humanité à ses personnages les rendant sans doute plus attachants aux yeux des lecteurs. 

Pour conclure :

Avec La Souche Perdue, Pierre Grimbert signe un nouveau roman efficace entraînant les lecteurs dans une succession de situations insolites. Le rythme y est soutenu nous offrant un grand divertissement comme seule la fantasy en a le secret. Il n'y a donc plus qu'à attendre jusqu'à la sortie du dernier volet qui nous dévoilera ses ultimes mystères. Patience !

Fantasy à la Carte

A retrouver sur le blog, mes avis sur : Six Héritiers, Le serment orphelin, L'ombre des anciens, Le doyen éternel, Le Sang des Parangons, L'Âme des Parangons, Le Lanternier et La Branche Romine

Informations 

Pierre Grimbert 
La Souche Perdue
T.2
9782382672112
304 pages
Éditions Mnémos 

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19/08/2025

Guy Gavriel Kay, Le Feu Vagabond, T.2, La Tapisserie de Fionavar, collection Neptune, éditions L'Atalante

Guy Gavriel Kay, Le Feu VagabondT.2, 
La Tapisserie de Fionavar
collection Neptune, 
éditions L'Atalante

Au programme des 10 titres prévus par les éditions L'Atalante pour rejoindre leur nouvelle collection de poches, Neptune, il y a la célèbre saga de fantasy de Guy Gavriel Kay, La Tapisserie de Fionavar

Après avoir eu un gros coup de cœur pour le tome 1, L'Arbre de l'Été, je ne vous cache pas ma hâte d'enchaîner sur la suite. Or, cela tombe bien car la sortie du Feu Vagabond est prévue pour le 21 août prochain. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Maintenant que Rakoth Maugrim s'est libéré de ses chaînes, le pire est à craindre. Pour nos aventuriers le temps est venu de reprendre la route car des solutions doivent être trouvées pour combattre le Mal. Celui-ci se manifeste déjà sous la forme d'un hiver permanent qui vient effacer l'été en cours. Or, Fionavar n'est pas le seul univers victime de ce terrible phénomène car aucun ne semble épargné. Paul, Kim, Jennifer, Kévin et Dave doivent donc parcourir les mondes et se trouver de nouveaux alliés pour arrêter les plans diaboliques des engeances de Rakoth Maugrim. 

Mon avis :

Dans Le Feu Vagabond, Guy Gavriel Kay continue de nous faire explorer son univers tissé par les fils de nombreuses destinées car telle est l'originalité du monde qui prend vie sous la plume de cet auteur. Aussi, on ne s'étonne donc pas de voir d'illustres figures du passé se mêler au combat mené par les personnages de Guy Gavriel Kay. Celles-ci incarnent d'ailleurs la clé de la réussite de cette quête insensée. L'héritage celtique est bien là et s'incarne dans la présence du mythique seigneur de la Table Ronde et de son plus éminent chevalier. L'auteur se plaît d'ailleurs à réécrire l'une des plus tragiques histoires d'amour ajoutant ainsi de la complexité à son récit, notamment dans le relationnel des protagonistes. 

La Tapisserie de Fionavar est avant tout un récit épique. Celui-ci se manifeste surtout grâce aux différents emprunts de Guy Gavriel Kay aux mythologies et particulièrement les mythes nordiques. 

Dans ce tome 2, l'auteur fait, par exemple, référence à la chasse fantastique, issue d'un mythe populaire européen impliquant un groupe fantomatique composé de rois défunts ou de créatures surnaturelles engagés dans une poursuite sauvage sous l'égide d'Odin. Un épisode que l'on retrouve autant dans Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien que dans La Roue du Temps de Robert Jordan. Et pour cause, c'est un temps fort très visuel et spectaculaire que la littérature fantasy apprécie de mettre en scène. 

Les éléments magiques ne manquent pas entre ces lignes. C'est le cas du chaudron que Guy Gavriel Kay réutilise allègrement ici pour concocter une nouvelle menace sur le monde. 

La Tapisserie de Fionavar est à la croisée de nombreuses influences donnant l'impression aux lecteurs de cette saga de fouler une terre connue. Seulement il n'en est rien car cet air de déjà vu est bien trompeur. L'auteur se joue surtout de nous pour nous embarquer dans une aventure aux multiples rebondissements plutôt inattendus. 

La plume de Guy Gavriel Kay est indéniablement qualitative comme j'ai déjà pu le constater en lisant Tigane, La Mosaïque Sarantine ou encore Comme un diamant dans ma mémoire

En véritable conteur, il ne se contente pas ici de nous raconter une grande aventure mais pique aussi son récit de sujets de réflexion de société intéressants. Il nous parle notamment du viol et de ses conséquences dévastatrices, ainsi que de l'importance de la reconstruction de soi. C'est particulièrement douloureux et donne au texte toute son émotion. 

En outre, l'auteur questionne la notion de l'héroïsme à travers le chemin qu'emprunte certains de ses protagonistes. Celle-ci passe notamment par le sacrifice de soi pour une cause supérieure. Dans ce tome 2, les larmes sont au rendez-vous car Guy Gavriel Kay n'épargne aucun de ses personnages. Aussi, il n'hésite pas à en supprimer au passage pour les besoins de son intrigue et nous laisse pantelant face à ces drames qui s'enchaînent de manière inévitable. 

On apprécie de plus en plus cette communauté de personnages qui évolue entre ces lignes, d'autant que des liens forts se tissent. Le récit se retrouve ainsi ponctué de belles amitiés et d'histoires d'amour naissantes ou ravivées pour notre plus grand plaisir. 

Pour conclure :

Avec Le Feu Vagabond, Guy Gavriel Kay a continué sur sa lancée de nous proposer une saga de haut vol teintée des éléments chers à la fantasy épique : la lutte contre le mal, la magie et des héros exceptionnels. 

Rendez-vous au mois de novembre pour découvrir le dernier volet. Patience !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur : Tigane, Voile vers Sarance, Le Seigneur des Empereurs, Les Derniers Feux du Soleil, Comme un diamant dans ma mémoire et L'Arbre de l'Été

Informations

Guy Gavriel Kay
Le Feu Vagabond
T.2
La Tapisserie de Fionavar
9791036002274
400 pages
Collection Neptune
Editions L'Atalante

Lien vers le site

15/08/2025

Marion Obry, ÂmeSang, éditions Plume Blanche

Marion Obry, ÂmeSang, éditions Plume Blanche

Marion Obry fait partie de la nouvelle garde d'autrices des littératures de l'imaginaire. Elle compte déjà quelques titres à son actif dont certains ont même été plusieurs fois réédités suite à la cessation d'activité des maisons d'édition. 

C'est par exemple le cas de sa trilogie, L'Ange Déchu, dernièrement parue aux éditions Plume Blanche. Mais c'est avec son roman, ÂmeSang, sorti chez ce même éditeur en tout début d'année, que je découvre cette jolie plume. 

Reçu dans le cadre d'une mystery box l'année dernière, il était temps que je sorte ce titre de ma PAL. 

Résumé :

Héritier du Royaume Souterrain, Kyhaël est une fée d'un genre particulier car au-delà de posséder de magnifiques ailes translucides, il possède également de belles canines fort pointues. Tandis qu'il lutte contre sa nature sauvage et cruelle, Yaëlle mène son propre combat au cœur de la jungle qu'est le lycée. Elle est le souffre-douleur de certaines camarades toujours plus violentes à son égard, elle a de plus en plus de mal à dissimuler la vérité aux yeux de tous. Rien ne présageait leur rencontre, si ce n'est un secret bien gardé sur leurs origines. Pour autant, est-ce que Yaëlle acceptera d'embrasser pleinement son héritage ? 

Mon avis :

Avec ÂmeSang, Marion Obry signe un roman de fantasy urbaine court et efficace. 

En effet, l'autrice met en scène notre monde et en parallèle le monde souterrain. Si le première ignore l'existence de l'autre, ce n'est pas le cas du second qui voit en lui une ressource inépuisable ou un avenir plus harmonieux.

Pour nourrir son univers, Marion Obry emprunte au bestiaire merveilleux le plus éminent prédateur de la nuit. Toutefois elle nous en propose un portrait revisité puisqu'il est ici assimilé à une fée aux canines aiguisées et se nourrissent accessoirement de sang. Ce royaume d'en bas a connu par le passé un coup d'état renversant les souverains en place au profit d'une vile créature rusée qui ne cesse de mentir pour conserver le pouvoir. C'est la raison pour laquelle la résistance se rassemble dans l'ombre afin de rétablir la vérité et l'ancienne gouvernance. Voilà qui pose les décors de ce récit mêlant la magie à des jeux de pouvoir. 

En outre, ÂmeSang est également un roman d'apprentissage puisque les deux personnages principaux sont âgés d'à peine 17 ans et se cherchent une identité et un destin.

Bien que ce livre soit court, il n'en demeure pas moins riche en action et en thématiques abordées. Aussi, l'autrice aborde la notion d'harcèlement en milieu scolaire à travers le sadisme de certains adolescents. 

Elle questionne également les relations familiales et notamment la gémellité. Au regard du choix des créatures mises en scène le texte exsude beaucoup d'émotions fortes avec des ressentis qui s'en trouvent décuplés. 

Le texte est aussi politique car les renversements de pouvoir impliquent beaucoup de mensonges et de manipulations. 

Enfin qui dit grand pouvoir dit grande responsabilité, c'est aussi ce que Marion Obry a cherché a démontré dans son récit à travers le poids du destin que portent sur leurs épaules ses personnages. 

ÂmeSang, c'est donc l'histoire de Yaëlle et Kyhaël qui semblent de prime abord si différents. L'un est l'ombre et l'autre, la lumière. Yaëlle paraît être une banale adolescente aux prises avec la jalousie et la méchanceté de certains de ses camarades. A travers elle, on goûte à la solitude et au manque. Kyhaël, lui, est un peu l'enfant sacrifié. Abandonné aux mains de gens mal attentionné, il grandit avec des mensonges pleins la tête qui lui forgent un caractère torturé. En effet, c'est un être tout en contradictions, tiraillée entre deux natures, celle inculquée par son éducation et celle transmise par un parent aimant. Ils forment avec Yaëlle les deux faces d'une même pièce, s'attirent comme des aimants en dépit de leurs différences. 

Pour conclure :

Avec ÂmeSang, j'ai pu découvrir une plume d'une grande fluidité qui ne manque pas de piquant car qu'on se le dise, de suite, Marion Obry, a du mal avec les vrais happy ends.

Fantasy à la Carte

Informations

Marion Obry
ÂmeSang
978-2381991429
264 pages
Editions Plume Blanche

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12/08/2025

Guy Gavriel Kay, L'Arbre de l'Été, T.1, La Tapisserie de Fionavar, collection Neptune, éditions L'Atalante

Guy Gavriel Kay, L'Arbre de l'Été, T.1, 
La Tapisserie de Fionavar
collection Neptune, 
éditions L'Atalante 

L'Arbre de l'Été est le tout premier roman de Guy Gavriel Kay. Il inaugure, d'ailleurs, sa trilogie de fantasy, La Tapisserie de Fionavar qui l'intronise comme un auteur de référence du genre et un digne héritier de J.R.R Tolkien

Paru initialement en 1984 au Canada et traduit en France en 1996, ce premier volet a fait l'objet en mars dernier d'une réédition chez L'Atalante dans leur très récente collection, Neptune, dédiée au format poche, et dont l'intitulé rend clairement hommage à la devise de la ville de Nantes, Favet Neptunus Eunti. On notera le choix fort à propos puisqu'il invite au voyage comme l'imaginaire sait si bien le faire. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Paul, Kévin, Jennifer, Kim et Dave sont  amis de longue date et tous étudiants. Un soir alors qu'ils assistaient à une conférence dispensée au sein de leur université, ils font la connaissance d'un certain  Loren Mantel qui va vite se révéler être autre chose qu'un simple conférencier. En effet, c'est un mage venu les chercher pour les emmener dans le Grand Royaume du Brennin qui court un grand danger et dont le salut dépendrait de ces jeunes gens même s'ils l'ignorent encore. Mais est-ce véritablement en leur pouvoir que de sauver le monde de Fionavar ? 

Mon avis :

Dans L'Arbre de l'Été, on quitte notre monde pour accoster sur les rivages d'un univers parallèle du nom de Fionavar. Celui-ci est magnifique mais crépusculaire car il est sous le joug d'une grande menace marquant la fin d'un âge. Or, de par sa position de monde originel, sa disparition aurait de terribles conséquences partout y compris sur la Terre, d'où l'implication de  ces cinq terriens dont le destin se révèle être intimement lié à Fionavar. 

Guy Gavriel Kay a donc imaginé un vaste territoire composé du Grand Royaume de Brennin, de Cathal aussi appelé le pays des jardins, de la forêt de Pendarane, hostile aux humains, des montagnes de l'Eridu, fief des nains, du Daniloth, terre des Lios Alfar ou encore du mont Rangat où est emprisonné le ténébreux Rakoth Maugrim

Ici, l'auteur met en scène des lieux et des créatures qui rappellent les récits de J.R.R. Tolkien. Ainsi on ne peut s'empêcher de voir des Elfes à travers les fameux Lios Alfar ou encore la personnification du Morgoth dans les terres désolées du mont Rangat

Mais quoi de plus normal que de trouver des similitudes dans ces récits qui empruntent aux mêmes légendes nordiques et celtes. 

Il est à noter que le quotidien à Fionavar s'écoule sous l'égide protecteur des dieux puisque Guy Gavriel Kay y a érigé tout un panthéon dominé par le Tisserand, qui est à l'origine de la création de cet univers. Mais bien d'autres divinités existent à l'image Mörnir du Tonerre à qui l'arbre de l'été rend hommage ou encore la déesse des bois, Cenwèn dont il est préférable de ne pas croiser le chemin au cœur de la forêt. 

La magie imprègne donc bien les lignes de ce texte et nous envoûte complètement. Magiciens, prophétesses et démons se croisent entre ces pages et nous entraînent dans une aventure au long cours rempli de danger et de mystère. 

L'Arbre de l'Été est un premier tome de très grande qualité qui inaugure une trilogie de fantasy exceptionnelle. 

Personnellement, j'ai été captivée dès le début de ma lecture autant par la richesse de l'univers que par la multitude des destinées proposées. 

Ce récit est particulièrement foisonnant et chacun peut y trouver chaussure à son pied en s'attachant à tel ou tel protagoniste. 

Que ce soit Paul Schafer qui, par culpabilité, est prêt à sacrifier sa vie pour une cause qui ne le concerne même pas de prime abord, Kimberly Ford qui doit embrasser un destin lourd de conséquences autant pour elle-même que pour les autres ou encore Kevin Laine qui se révèle particulièrement attachant, notamment dans ses amitiés. 

La Tapisserie de Fionavar est riche de thématiques qui tournent autour du pouvoir et de la responsabilité que celui-ci incombe à son porteur. Bien entendu comme dans tout récit de fantasy épique se dessine la traditionnelle lutte entre le Bien et le Mal. Dans cette trilogie, on goûte aux ténèbres qu'il faut combattre. Mais l'auteur démontre que ce combat ne se fait pas sans y laisser une part de soi au profit d'une noirceur entachant peu à peu les âmes si nobles soient-elles. Le prix à payer pour triompher est donc très lourd comme Guy Gavriel Kay aime nous le rappeler dans sa série. 

L'environnement se retrouve également au cœur des préoccupations de ce texte puisqu'on pénètre peu à peu une nature pervertie et exsangue de sa substance. Les conséquences sur le vivant sont sans surprise désastreuses. Bien qu'ancien, ce texte alerte donc déjà sur l'importance de la préservation du vivant passant par un respect de l'environnement. 

La Tapisserie de Fionavar est un classique de la littérature fantasy qu'il faut avoir lu. 

Pour conclure :

Par cette très jolie réédition auréolée d'une magnifique illustration de couverture signée par Fortifem et rappelant le style de la gravure, les éditions L'Atalante remettent à l'honneur cette œuvre incroyable que les jeunes générations apprécieront de découvrir. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur : Voile vers Sarance, Le Seigneur des Empereurs, Tigane, Comme un diamant dans ma mémoire et Les Derniers Feux du Soleil

Informations

Guy Gavriel Kay
L'Arbre de l'Été
Tome 1
La Tapisserie de Fionavar
9791036002168
464 pages
Editions L'Atalante

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05/08/2025

J.R.R. Tolkien, Beowulf, éditions Pocket

J.R.R. Tolkien, Beowulf, éditions Pocket Imaginaire 

Beowulf est le plus long poème germanique connu datant du haut Moyen Âge dont l'unique copie existante provient du codex Nowell. C'est un manuscrit rédigé en Angleterre aux alentours de l'an mille.

Il est à noter que beaucoup se sont essayés à traduire ce texte. C'est notamment le cas de J.R.R. Tolkien qui s'y est même attelé dès sa jeunesse et a pratiqué ce texte durant toute sa carrière de philologue et professeur de littérature anglaise et d'anglo-saxon. 

Son fils, Christopher Tolkien a d'ailleurs réuni tout son travail sur ce poème dans un livre intitulé Beowulf que les éditions Pocket viennent juste de rééditer au format poche.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service presse.

Résumé :

Beowulf raconte les hauts faits d'un héros issu de la tribu des Goths du nom de Beowulf, venu au secours du roi danois Hrothgar en tuant, d'abord, un monstre du nom de Grendel puis sa mère qui a cherché à se venger de ceux qui lui ont ravi son fils. Victorieux Beowulf est retourné chez lui, auprès des siens, où il a été couronné roi. Cinquante ans plus tard, à l'aube de sa vie, il réitère l'exploit en tuant, cette fois-ci, un dragon mais trouve également la mort.

Mon avis :

Telle est l'histoire de ce mythique personnage qui a intrigué bien des hommes de lettres. 

Avec ce livre, Christopher Tolkien nous immerge dans le travail de fourmi réalisé par son père autour de ce poème. 

Ce livre s'articule, d'ailleurs, en plusieurs parties. Ainsi, passée l'introduction, on plonge dans la traduction en prose proposée par J.R.R. Tolkien, puis on enchaîne sur ses commentaires autour de certains mots ou passages précis du poème, ensuite on passe à sa version de cette célèbre histoire qu'il a intitulée Sellic Spell pour terminer par le lai dédié à Beowulf. 

Tout au long des 453 pages de ce livre, on étudie donc en profondeur ce texte poétique afin d'en comprendre pleinement le sens. C'est d'une très grande précision. Les analyses et comparaisons qui y sont faites sont très intéressantes. 

Toutefois, c'est plutôt un ouvrage à destination des linguistes qui veulent, par exemple, en apprendre plus sur l'étymologie des mots issus des langues anciennes ou des historiens en quête de savoir sur la riche période du haut Moyen Âge et ses heures sombres. 

Les amoureux de J.R.R. Tolkien apprécieront également de glisser cette œuvre au sein de leur bibliothèque dédiée au maître de la fantasy. Je n'en doute pas. 

Pour autant, qu'on se le dise, ce livre n'est pas facile d'accès. Clairement se plonger dans l'histoire de Beowulf est passionnant car le récit est particulièrement épique rempli de combats et de monstres à abattre. 

Néanmoins, on y trouve surtout des pages et des pages de commentaires analysant chaque mot, réfléchissant à leurs différents sens possibles. 

Mais, si vous êtes plutôt du genre à vous émerveiller devant des récits au long cours où seule l'action prime, passez votre chemin.

En revanche, si vous vous intéressez aux procédés d'écriture, ce livre va vous intéresser tout particulièrement car Christopher Tolkien y met beaucoup en valeur les évolutions que son père a apporté au fil du temps, à sa réappropriation du texte originel. On est littéralement propulsé dans la tête de J.R.R. Tolkien, dans ses difficultés, ses recherches et ses modifications jusqu'à nous délivrer ses versions finales en prose et en vers. 

Pour qui se passionne pour la langue, ce livre est juste incontournable.

Pour conclure :

Beowulf, c'est aussi l'histoire d'un homme passionné par la langue et les mots qui a consacré sa vie à la compréhension des textes fondamentaux qui ont fait l'Histoire de l'Europe.

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mes avis sur : Le Silmarillion, Le Hobbit, Les Etymologies, Les Enfants de Hurin, Beren et Luthien et La Chute de Gondolin.

Informations

Beowulf
9782266344869
453 pages
Editions Pocket Imaginaire

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01/08/2025

Jeanne A. Debats, Le rêve sous le pavillon noir, collection Hélios, éditions Actusf

Jeanne A. Debats, Le rêve sous le pavillon noir
collection Hélios, 
éditions Actusf 

Après la trilogie Testament, Métaphysique du vampire et Eschatologie du vampire, Jeanne A. Debats réinvestit une nouvelle fois son univers vampirique porté par le très flamboyant Navarre. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Après avoir écumé la terre pendant des siècles, Navarre s'embarque à la conquête de l'espace. Toujours en quête d'aventures pour donner un sens à sa mort, le voici d'abord engagé pour faire ce qu'il fait de mieux : être un assassin aux longues dents. De mission suicide en fuite, Navarre s'engage progressivement dans une course contre la montre pour tenter d'échapper au point final que certains semblent souhaiter lui mettre. Y parviendra-t-il ? 

Mon avis :

Le rêve sous le pavillon noir est un recueil de trois nouvelles de science-fiction. Jeanne A. Debats nous y propose des retrouvailles avec son célèbre vampire Navarre. Celui-ci a d'ailleurs quitté la terre ferme pour de nouvelles explorations jusqu'aux confins des étoiles. Vous noterez le cadre surprenant pour retrouver un vampire car, il faut bien le dire, on n'a davantage l'habitude de voir cette créature surnaturelle plutôt évoluer au sein de récits classés en fantastique ou en fantasy urbaine. Voilà donc une manière très originale d'aborder la thématique du vampirisme. Même si personnellement, j'accroche nettement moins au genre space opera. 

Nous voici donc propulsé dans l'espace, à bord de vaisseaux spatiaux. Le cosmos est déjà bien occupé avec plus ou moins de réussites ou d'échecs, d'ailleurs. Celui-ci est privatisé car certains ont su y voir l'opportunité d'exporter leur business. Qui dit capitalisme dit concurrence, pas toujours loyal au demeurant. Aussi certains obstacles se règlent parfois de façon définitive. C'est la raison pour laquelle notre Navarre rentre en scène car quoi de mieux que de faire appel à un assassin pour régler le problème. 

Le ton de ce livre est ainsi donné d'autant que la plume de Jeanne A. Debats est toujours aussi délicieusement irrévérencieuse et pleine d'esprit. 

En outre, le personnage de Navarre est particulièrement drôle dans chacun des textes où il apparaît. Ce qui ne gâche donc en rien le plaisir de se plonger dans les livres de Jeanne A. Debats. C'est le petit plus qui peut donner envie de partir à la découverte de ses nouvelles histoires toujours plus décalées et rocambolesques les unes que les autres. 

Toutefois ce recueil ne vient pas détrôner mon énorme coup de cœur pour sa première série Testaments. L'ambiance est trop interstellaire pour me plaire complètement. 

Mais, il est vrai que l'autrice a piqué ses récits de thèmes qu'elle apprécie particulièrement. On retrouve, par exemple, un féminisme très ancré. Celui-ci s'exprime notamment à travers cette femme puissante qui domine le monde, à tel point que son existence dérange et que l'on cherche à l'éliminer coûte que coûte. D'autres personnages féminins sont mis en avant ici, même si pour le coup, leurs présences dérangent plus qu'elles ne fascinent. C'est le cas de cette gamine que Navarre a pris sous sa protection, plus par obligation que par choix au début. Protagoniste important pour lequel notre célèbre vampire est presque prêt à se sacrifier. 

A travers cette conquête de l'espace et les aberrations qui y sont inhérentes, Jeanne A. Debats critique cette politique colonialiste toujours aussi destructrice, autant pour l'environnement que pour les êtres vivants qui peuplent les lieux. C'est l'éternelle mégalomanie de l'homme dont l'égo est tel qu'il fait plus de mal que de bien. 

A travers son personnage de Navarre, l'autrice introduit une réflexion philosophique autour du sens de la vie, de sa cruauté et de son ironie. En effet, entre ces lignes Navarre l'immortel cherche à donner un sens à sa non-vie mais est encore une fois rattrapé par son passé, sa némésis, son créateur. 

Pour conclure :

Le rêve sous le pavillon noir est un recueil de nouvelles riche en action et en situations burlesques. Clairement, les inconditionnels de Navarre sauront trouver leur compte dans ces textes. Quant aux autres, ce sera une occasion de faire connaissance mais je les invite tout de même à ne pas faire l'impasse sur la saga Testaments.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur : L'Héritière, Alouettes et Humain.e.s, trop humain.e.s.

Informations

Jeanne A. Debats
Le rêve sous le pavillon noir
Collection Hélios
Editions ActuSF

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23/07/2025

Estelle Faye, Les Ombres de Willowthorne, éditions Rageot

Estelle Faye, Les Ombres de Willowthorne, éditions Rageot

Les Ombres de Willowthorne est le dernier roman d'Estelle Faye. Sorti chez Rageot il y a quelque temps, je l'ai enfin sorti de ma pile à lire et je ne regrette pas mon choix. 

En effet, comme souvent avec les livres de cette autrice, je ne suis pas déçue car la plume est toujours aussi belle et le récit est encore une fois très immersif. 

Résumé :

Liam O'Connor a grandi dans le quartier défavorisé de Whitechapel avec sa mère et ses deux sœurs d'adoption. Tout change, le jour où il est attaqué et sauvé par un sorcier sorti de nulle part venu lui annoncer qu'il est le fils illégitime du duc d'Harbone et que celui-ci a décidé de lui léguer une part de son héritage à la seule condition de ressortir diplômé de la très aristocrate université de magie. Arrivé sur place, les mystères ne manquent pas tout comme l'hostilité à son égard. Alors que tout semble joué d'avance, peut-il seulement triompher de ce défi et mettre définitivement ses proches à l'abri du besoin? 

Mon avis :

Les Ombres de Willowthorne est un roman de fantasy qui prend cadre dans l'Angleterre du XIXe siècle. La magie existe, elle est l'apanage des classes aisées et est même enseignée à l'école. C'est d'ailleurs à la faculté de Willowthorne que cette histoire se déroule. C'est un lieu emblématique et mystérieux. Au-delà des enseignements à caractère ésotérique qui y sont dispensés, l'université est soumis à un puissant enchantement faisant régner en ce lieu un automne permanent. 

En outre, les secrets ne manquent pas par ici. Il y a même des endroits interdits, à l'image de cette aile condamnée à l'hiver où il ne faut pas aller sous peine d'y trouver la mort. 

L'univers dépeint est plein de charme et dégage un vrai standing. Ici, la beauté et l'émerveillement côtoient le meurtre et l'horrifique. En effet, des crimes ont été perpétrés entre ces murs et des âmes en peine continuent d'errer en attendant de trouver le repos éternel. 

L'ambiance des Ombres de Willowthorne est également très scolaire puisqu'on suit l'intégration d'un jeune homme dans une prestigieuse école qui n'est pas de son milieu. Dès l'instant où ses origines sont découvertes, il y subit mépris et moqueries par certains de ses camarades, mais aussi soutien et solidarité de la part d'autres. Des cours de magie y sont dispensés mais celle-ci s'exprime surtout autour des saisons et également à travers ce glamour, faisant référence à ce lointain héritage laissé par les fées. Entre ces murs l'automne se dispute donc à l'hiver et donne à ce texte une saveur toute particulière, fort ensorcelante. 

En plus de cet univers immersif, Estelle Faye nous attache aux pas de personnages particulièrement intéressants. Clairement, on apprécie autant de suivre Liam, Jade que Wendy. Leurs portraits sont bien travaillés, on découvre au fil des pages leur force et leurs faiblesses. On les suit dans leur cheminement de vie, leur apprentissage, leur quête d'identité. Ils permettent à l'autrice de balayer de nombreuses thématiques propres au Young-Adult à travers l'affirmation de soi, la recherche de vérité, la liberté d'être et de penser. En outre, Estelle Faye démontre une nouvelle fois son soucis de représentation en introduisant des personnages LGBT. De même que ses protagonistes plus sombres lui permettent d'aborder le harcèlement. Elle joue sur des personnages qui oscillent entre ombre et lumière et donnent à son récit une vraie profondeur propre aux histoires inoubliables. 

Forte de sa plume de qualité, Estelle Faye a su s'imposer dans le paysage des littératures de l'imaginaire pour un public adulte ou jeune adulte. Elle est pour moi une valeur sûre qui nous offre à chacun de ses romans un véritable voyage littéraire. 

Pour conclure :

Apres Les Seigneurs de Bohen et Widjigo, Les Ombres de Willowthorne rejoint mon top 3 des romans de cette autrice que je préfère. 

Je vous le recommande chaudement surtout si vous aimez les ambiances mystérieuses mêlant secrets et meurtres. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur : Les Seigneurs de Bohen, Les Révoltés de Bohen, Widjigo, Un Eclat de Givre, Un Reflet de Givre et Hollywood Monsters

Informations

Estelle Faye
Les Ombres de Willowthorne
9782700282672
528 pages
Editions Rageot