Les Canaux du Mitan d'Alex Nikolavitch est un roman qui a été édité dans le cadre de la rentrée de la fantasy des Indés de L'Imaginaire. Ayant lu Le Vaisseau d'Arcane d'Adrien Tomas (éditions Mnémos) et Les Énigmes de L'Aube de Thomas C. Durand (éditions ActuSF), lire la sélection des Moutons Électriques s'est donc naturellement imposé.
Essayiste et bédéiste, Alex Nikolavitch est également l'auteur de quelques romans.
Dans Les Canaux du Mitan, on part à la rencontre de Gabriel. Orphelin, il a été recueilli par le prêtre de Salvi. Dans cette bourgade perdue au milieu de nulle part, il s'ennuie ferme jusqu'au jour où un bateau-carnaval accoste. Ni une ni deux, il décide de se joindre à cette joyeuse troupe de saltimbanques qui navigue sur les canaux et vit des représentations qu'elle donne à chaque jetée d'encre. Des années plus tard, Suzanne, l'ami d'enfance de Gabriel est de retour dans le Mitan. Agent de la Prévôté, elle enquête sur une série de meurtres perpétrée sur sa terre natale. Mais toute à ses investigations, elle n'en oublie pas moins son ami disparu et se demande encore si elle le reverra un jour...
Dans Les Canaux du Mitan, Alex Nikolavitch nous immerge dans un univers singulier. Nous voici dans le Mitan, une terre sauvage traversée par de grands fleuves et parcheminée de canaux, construits, il y a bien longtemps, par les indigènes. C'est un paysage marqué par l'empreinte des colons. Au fil des héliographes leur servant de moyen de communication, des villes voient le jour ici ou là. C'est également une terre exploitée pour ses mines qui a fait l'objet d'une conquête acharnée. Pour nourrir son univers, l'auteur s'est donc clairement inspiré de la conquête de l'Ouest, conférant ainsi au récit son caractère Western fantasy. C'est un sous-genre de plus en plus plébiscité par les auteurs français comme en témoignent les sorties récentes du cycle de Bans et Barricades de Clément Bouhélier ou de La Piste des Cendres d'Emmanuel Chastellière. D'autre part, comme une partie de l'action se déroule à bord d'un bateau, cela ajoute une dimension à cet univers, celle d'être en perpétuel mouvement car il suit le cours de l'eau. C'est un cadre d'action qui me rappelle d'ailleurs le cycle des Sentiers des Astres de Stefan Platteau.
La magie qui habite ces lieux et certains de ses personnages prend sa source dans les mythes et les croyances du peuple indigène. En effet, l'esprit de leurs divinités plane sur ce roman lui conférant une aura de mystère, renforcé par ces rites relevant presque du chamanisme.
Les Canaux du Mitan, c'est aussi les destins entremêlées de héros hauts en couleurs quand on regarde du côté de l'équipage du bateau-carnaval entre son capitaine loyal, la femme à barbe ou encore le nain Mi-Portion. Mais il y a aussi des personnages attachants comme Gabriel, ce jeune garçon qui avait tant soif d'aventures ou encore Suzanne, cette femme émancipée devenue, contre vents et marées, une représentante de la loi qui arrive à s'imposer dans une société sexiste.
Ce roman, c'est un kaléidoscope de micro-récits qui dessinent au final l'histoire d'un territoire riche de légendes.
Avec ce livre, Alex Nikolavitch se fait l'auteur d'un récit étonnant qui mutualise les genres car la fantasy vient à la rencontre ici du roman policier pour nous entraîner dans une enquête captivante.
Inattendu et magique, ce roman est une belle promesse d'évasion.
Fantasy à la Carte
D'autres avis sur la blogosphère : La Geekosophe, De l'autre côté des livres et Les chroniques du chroniqueur.
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