L'influence du "gaming" à la littérature

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10/01/2020

John Howe, L'Artbook, éditions Nestiveqnen

En cette fin d'année 2019, les éditions Nestiveqnen ont réédité L'Artbook de John Howe dans une version augmentée de 16 pages. Dès lors, il m'est apparu intéressant de le commander au Père Noël afin que mes souliers d'enfant sage soient garnis de fantasy

John Howe est un grand nom de la fantasy au même titre que des J.R.R. Tolkien, des  Raymond Feist ou encore des Robin Hobb. Seulement, lui, il donne vie à cet imaginaire avec un crayon ou un pinceau. 

A maintes reprises, j'ai pu voir ce talentueux artiste à l'oeuvre, notamment à travers mes explorations de ses ouvrages, Un Voyageur en Terre du Milieu (éditions Christian Bourgois) et Sur les Terres de Tolkien (éditions L'Atalante). 

Amoureux de la nature, admirateur des vieilles pierres, John Howe est un rêveur qui aime nous emmener à la découverte de mondes oniriques. 

Cet artbook retrace les temps forts de sa carrière, et ne se contente donc pas de nous présenter quelques illustrations du Hobbit ou du Seigneur des Anneaux

John Howe est un artiste accompli qui emporte son public à l'assaut de bien des univers. Cet artbook est une vraie balade guidée par d'autres figures artistiques issues tantôt du cinéma, tantôt de la littérature. Des personnalités avec lesquelles il a travaillées ou qui ont été marquées par son immense talent. 

C'est Viggo Mortensen qui ouvre la porte de cet imaginaire fabuleux. Il nous confie sa première rencontre avec les œuvres de l'illustrateur lorsqu'il s'est retrouvé, par hasard, seul dans l'atelier que John Howe partageait avec Alan Lee à Miramar. Il nous parle de la claque visuelle qu'il a pris ce jour-là. 

Passés les éléments biographiques, on revisite avec ce beau-livre certaines thématiques qu'il a traitées au cours de sa carrière. Ainsi, on peut admirer ses représentations de Merlin (1983, p 30), d'Avalon (1984, p 31) ou encore de Lancelot (1983, p 32) car bien évidemment, il n'a pas résisté à l'appel des légendes arthuriennes

La nature est une grande source d'inspiration pour cet artiste. Des êtres féeriques y sont souvent dissimulées à l'image de son "Elf Fantastic" (1996, p 43). Il aime dessiner les éléments qui se déchaînent,  comme en témoignent ses propositions, malheureusement, rejetées, de The Amber Spyglass de Philip Pullman (2000, p 52-53). Et pourtant, visuellement, elles sont très saisissantes

Le dragon, on le sait, le fascine. Il lui a d'ailleurs consacré de nombreuses planches. Beaucoup sont inspirées des œuvres de J.R.R. Tolkien comme sa vision de "La Mort de Smaug" (1985, p 97), mais il en a également dessiné pour d'autres romans comme le cycle de L'Assassin Royal de Robin Hobb. D'ailleurs, avec cet ouvrage, je réalise tout le travail qu'il a fait pour les romans de cette grande dame de la fantasy qui m'a donné le goût du genre. Je ne peux donc m'empêcher de toutes les admirer. Il y a même Parangon et Vivacia, les navires enchantés des Vestrit tirés des Aventuriers de la Mer (1998-1999, p 146-147). C'est un enchantement visuel d'autant plus quand on lu les livres

De son passage en Alsace, il aura été de toute évidence très marqué par les édifices religieux. La cathédrale de Strasbourg a été pour lui un immense terrain de jeu. En croquant ses gargouilles, ses arcades, ses tourelles, ses couloirs, il nous offre de nouvelles perspectives sur ce lieu chargé de secrets. 

Tous ces témoignages disséminés ici ou là à travers ce livre instaurent une vraie complicité avec le lecteur. On prend plaisir à lire ces petites anecdotes qui reflètent bien notre admiration commune pour les œuvres de John Howe.  

Cet artbook est un précieux témoignage du talent d'un homme qui a passé son temps à donner vie à l'invisible. 

Sombres ou lumineux, esquissés ou peints, tous ses dessins nous offrent la part de rêverie dont on a tant besoin dans nos vies si routinières. 


John Howe
L'Artbook
Editions Nestiveqnen

07/01/2020

Lionel Davoust, La Fureur de la Terre, Les Dieux Sauvages, tome 3, éditions Critic

On démarre l'année avec le troisième opus des Dieux Sauvages de Lionel Davoust. Un roman qui se distingue par son nombre de pages autant que par son intrigue, qui accélère singulièrement le récit de son cycle.  

Pour commencer, un mot pour l'auteur et les éditions Critic, déjà pour les remercier de l'envoi de ce service de presse, ainsi que pour leur soutien renouvelé à Fantasy à la Carte. Avec ce livre, ils m'offrent un vrai moment de plaisir de pouvoir partager avec vous mes impressions sur ce nouveau coup de cœur. 

La Fureur de la Terre s'ouvre sur le siège de Loered qui se poursuit. La cité n'a pas cessé d'être harcelée par l'armée innombrable des Askalites. Bien que fatigué par les privations et la maladie, le peuple de Loered tient bon sous la férule de Mériane qui continue de leur prodiguer espoir et courage. Avec l'aide de Néhyr, la Messagère du Ciel a endossé une armure askalite, repeinte en blanc, pour incarner davantage un symbole. Ainsi revêtue, elle est plus à même d'affronter sur un pied d'égalité cette horde de démons. Seulement l'endosser exige un lourd tribut qu'elle n'est pas sûre de pouvoir fournir jusqu'au bout. Alors que le Verrou du Fleuve se voit rogner ses dernières forces, le prince Erwel, lui, est parti chercher du renfort du côté de la Saracie et des Deux-Sources. Avec l'espoir chevillé au corps de pouvoir ramener à temps les troupes nécessaires pour renvoyer le Pandémonium d'où il vient, le jeune Erwel sera-t-il capable d'imposer sa volonté ? 

Peu importe le front sur lequel ils se battent, les héros de Lionel Davoust sont pris dans un tourbillon de violence et de danger dont il sera difficile de sortir indemne...

Lionel Davoust a choisi de donner deux temps forts à l'action dans son récit. En effet, il nous conte d'un côté les affrontements fracassants entre Askalites et Loerediens, et de l'autre côté, la démarche diplomatique dans laquelle s'est lancé le prince de Rhovelle. En alternant ces deux points de vue, il donne une réelle dynamique à son livre. 

La Fureur de la Terre est un livre pivot à ce cycle des Dieux Sauvages. L'auteur y accélère les événements. Déjà, on sent que Loered arrive à son point de rupture. Le siège vit ses derniers instants. Funeste ou non, on boit littéralement chacun des mots de l'auteur tant on est captivé par cette aventure. De plus, il commence à distiller ici ou là quelques menues révélations sur l'existence de ces dieux sauvages et notamment sur leur passé, ainsi que sur l'empire d'Asrethia. Au fur et à mesure des tomes, on prend conscience que pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter le temps, à l'époque de l'empire justement car c'est là que tout a commencé. Cela va également nous éclairer sur cette étrange magie. 

Bien que très épais, on ne voit pas le temps passé en compagnie de cette plume montante de l'Imaginaire français. 

Les rebondissements se succèdent sans qu'on les voit venir pour autant. Avec La Fureur de la Terre, Lionel Davoust continue de tenir ses promesses de se faire l'auteur d'une grande saga de fantasy

Lionel Davoust
Découvrez l'avis des Chroniques du Chroniqueur
La Fureur de la Terre
Tome 3
Les Dieux Sauvages

27/12/2019

Jeanne-A Debats, Humain.e.s, trop humain.e.s, tome 3, collection Hélios, éditions ActuSF

Alors que 2019 vit ses derniers instants, je voulais conclure cette belle année de lectures, de découvertes littéraires et autres coups de cœur avec un grand cru de l'Imaginaire français

Reçu en service de presse, je me plonge enfin dans le final de cette saga vendue à 10 000 exemplaires. Mais avant toute chose, je remercie encore une fois Jérôme Vincent et les éditions ActuSF pour ce nouveau partenariat. 

Ainsi, Humain.e.s, trop humain.e.s conclut dans un joyeux bazar ce cycle de fantasy urbaine d'une autre trempe.

Un mystérieux coffre est arrivé à l'Etude de l'oncle Géraud. Le cénacle de dame Bathilde charge notre équipe de choc de veiller dessus en attendant de déterminer s'il en héritera maintenant que le Cénacle Majeur a été décimé par un attentat. Au même moment, une pieuvre géante, semblant venir de l'espace, fait irruption dans les locaux pour solliciter leur aide. Il semblerait que tout l'AlterMonde ait décidé de mettre le quotidien d'Agnès sens dessus-dessous comme si sa vie n'était pas déjà assez compliquée. 

Avec Humain.e.s, trop humain.e.s, Jeanne-A Debats signe un ultime tome à la mesure de son cycle. Rebondissements, révélations, retournements égrainent les chapitres de ce tome. 

Ses deux premiers volets ont semé suffisamment de petits cailloux intrigants pour achever cette trilogie en apothéose. Rappelons que la plus grande énigme ici reste le personnage d'Agnès, la narratrice de Jeanne-A Debats ou plutôt ses origines. Après tout à chaque aventure, on ne sait pas si elle est réellement la fille de son père, puis celle de sa mère. C'est même à se demander si elle est vraiment humaine. Finalement qui est Agnès ? Que de mystères autour de cette héroïne. Point de mire de notre attention, elle focalise tout notre intérêt. Mais au-delà de suivre ses péripéties toutes plus loufoques les unes des autres, partager le quotidien des autres héros de Jeanne-A Debats n'est pas mal non plus. Pensons à Navarre, par exemple. Voici également un personnage pivot que l'on apprécie. Alors, les extraits de ses mémoires glissés par l'autrice pour venir égayer les chapitres de ce roman sont bienvenues. Des passages qui nous éclairent sur le passé du vampire. Aimable distraction qui sert d’entracte mais qui aussi très révélateur, alors soyez attentifs ! 

Quelle magnifique découverte ! Testaments est une saga de fantasy urbaine innovante qui m'a autant tenue en haleine que fait rire. 

Somptueux bijou de l'Imaginaire français avec pour écrin une superbe écriture, ce cycle est assurément un incontournable du genre qu'il faut avoir lu.

Fantasy à la Carte
Lire aussi mes avis sur L'Héritière et Alouettes.  

Jeanne-A Debats
Humain.e.s, trop humain.e.s
Tome 3
Testaments
Collection Hélios
978-2-36629-476-7
Editions ActuSF

20/12/2019

Mathieu Guibé, Lorsque nous étions morts, collection Naos, éditions ActuSF

Mathieu Guibé est un auteur qui a construit des univers teintés de fantastique, de vampirisme et de gothique. Avec des romans tantôt destinés aux adultes, tantôt aux adolescents, il a déjà laissé sa marque dans le paysage de l'Imaginaire français. 

Edité dans la collection Naos, son nouveau livre, Lorsque nous étions morts s'adresse à la jeune génération avertie, tant sa plume y est impitoyable. 

Je remercie Jérôme Vincent et les éditions ActuSF pour l'envoi de ce service de presse qui m'a fait rentrer à pieds joints dans un monde inconnu. 

Préfacé par Georgia Caldera, elle incarne avec ses sagas Les Larmes Rouges et Victorian Fantasy, ce romantisme victorien que Mathieu Guibé laisse s'épanouir ici. Ainsi, elle a su trouver les mots justes pour donner envie de nous immerger dans ce roman. 

Lord Josiah Scarcewillow est un vampire désabusé par son éternité. Son quotidien est pavé de meurtres sordides et sans saveur, même pour le prédateur qu'il est. Lasse de sa vie de patachon londonienne, il décide de retourner dans son domaine familiale du Gloucestershire pour retrouver un peu de calme et se soustraire à la vigilance des chasseurs de vampires. Contre toute attente, Josiah va y trouver un intérêt. Disons qu'une rencontre va lui tourner la tête et bouleverser sa vie à jamais. En effet, à peine arrivé, il fait la connaissance de la candide Abigale. Sensible et fragile, elle aurait dû éveiller chez lui ses plus bas instincts de chasseur. Solaire, elle l'attire inexorablement et réveille même en lui son humanité depuis longtemps oubliée. Mais, un vampire peut-il réellement trouver l'âme sœur et se voir accorder la rédemption ?  

Dans Lorsque nous étions morts, Mathieu Guibé s'est réapproprié le mythe originel du vampire en lui donnant les traits de caractère du prédateur né au XIXe siècle.

A huis clos, on suit les amours contrariés de ce vampire amer. Des premiers émois qui font rebattre son cœur sec aux affres inévitables de l'amour, Mathieu Guibé nous entraîne sur les chemins tortueux des beaux sentiments. 

Sombre et intense, le récit se met au diapason de cette histoire d'amour compliquée. 

Il met en scène deux héros qui représentent les deux faces d'une même pièce, avec côté pile, la flamboyante Abigale et côté face, le ténébreux Josiah. Deux être opposés condamnés par un amour impossible. 

Mathieu Guibé se fait l'auteur d'un texte plein de sauvagerie et de romantisme victorien. Personnellement, j'ai apprécié de retrouver la désuétude de cette époque. 

Sensible, romantique et fougueuse, la plume de cet écrivain ne laisse pas indifférent.

Néanmoins, âme sensible, je vous mets en garde, ne vous attendez pas à trouver entre ces lignes de gentils vampires car son image n'est en aucun cas dénaturé ici. 

Bien écrit, Lorsque nous étions morts se laisse lire sans mal. Amateur de vrais vampires et de fruit défendu, ce livre est pour vous. 

Fantasy à la Carte

Mathieu Guibé
Lorsque nous étions morts
Collection Naos
256 pages
978-2-36629-481-1
Editions ActuSF