L'influence du "gaming" à la littérature

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27/12/2019

Jeanne-A Debats, Humain.e.s, trop humain.e.s, tome 3, collection Hélios, éditions ActuSF

Alors que 2019 vit ses derniers instants, je voulais conclure cette belle année de lectures, de découvertes littéraires et autres coups de cœur avec un grand cru de l'Imaginaire français

Reçu en service de presse, je me plonge enfin dans le final de cette saga vendue à 10 000 exemplaires. Mais avant toute chose, je remercie encore une fois Jérôme Vincent et les éditions ActuSF pour ce nouveau partenariat. 

Ainsi, Humain.e.s, trop humain.e.s conclut dans un joyeux bazar ce cycle de fantasy urbaine d'une autre trempe.

Un mystérieux coffre est arrivé à l'Etude de l'oncle Géraud. Le cénacle de dame Bathilde charge notre équipe de choc de veiller dessus en attendant de déterminer s'il en héritera maintenant que le Cénacle Majeur a été décimé par un attentat. Au même moment, une pieuvre géante, semblant venir de l'espace, fait irruption dans les locaux pour solliciter leur aide. Il semblerait que tout l'AlterMonde ait décidé de mettre le quotidien d'Agnès sens dessus-dessous comme si sa vie n'était pas déjà assez compliquée. 

Avec Humain.e.s, trop humain.e.s, Jeanne-A Debats signe un ultime tome à la mesure de son cycle. Rebondissements, révélations, retournements égrainent les chapitres de ce tome. 

Ses deux premiers volets ont semé suffisamment de petits cailloux intrigants pour achever cette trilogie en apothéose. Rappelons que la plus grande énigme ici reste le personnage d'Agnès, la narratrice de Jeanne-A Debats ou plutôt ses origines. Après tout à chaque aventure, on ne sait pas si elle est réellement la fille de son père, puis celle de sa mère. C'est même à se demander si elle est vraiment humaine. Finalement qui est Agnès ? Que de mystères autour de cette héroïne. Point de mire de notre attention, elle focalise tout notre intérêt. Mais au-delà de suivre ses péripéties toutes plus loufoques les unes des autres, partager le quotidien des autres héros de Jeanne-A Debats n'est pas mal non plus. Pensons à Navarre, par exemple. Voici également un personnage pivot que l'on apprécie. Alors, les extraits de ses mémoires glissés par l'autrice pour venir égayer les chapitres de ce roman sont bienvenues. Des passages qui nous éclairent sur le passé du vampire. Aimable distraction qui sert d’entracte mais qui aussi très révélateur, alors soyez attentifs ! 

Quelle magnifique découverte ! Testaments est une saga de fantasy urbaine innovante qui m'a autant tenue en haleine que fait rire. 

Somptueux bijou de l'Imaginaire français avec pour écrin une superbe écriture, ce cycle est assurément un incontournable du genre qu'il faut avoir lu.

Fantasy à la Carte
Lire aussi mes avis sur L'Héritière et Alouettes.  

Jeanne-A Debats
Humain.e.s, trop humain.e.s
Tome 3
Testaments
Collection Hélios
978-2-36629-476-7
Editions ActuSF

20/12/2019

Mathieu Guibé, Lorsque nous étions morts, collection Naos, éditions ActuSF

Mathieu Guibé est un auteur qui a construit des univers teintés de fantastique, de vampirisme et de gothique. Avec des romans tantôt destinés aux adultes, tantôt aux adolescents, il a déjà laissé sa marque dans le paysage de l'Imaginaire français. 

Edité dans la collection Naos, son nouveau livre, Lorsque nous étions morts s'adresse à la jeune génération avertie, tant sa plume y est impitoyable. 

Je remercie Jérôme Vincent et les éditions ActuSF pour l'envoi de ce service de presse qui m'a fait rentrer à pieds joints dans un monde inconnu. 

Préfacé par Georgia Caldera, elle incarne avec ses sagas Les Larmes Rouges et Victorian Fantasy, ce romantisme victorien que Mathieu Guibé laisse s'épanouir ici. Ainsi, elle a su trouver les mots justes pour donner envie de nous immerger dans ce roman. 

Lord Josiah Scarcewillow est un vampire désabusé par son éternité. Son quotidien est pavé de meurtres sordides et sans saveur, même pour le prédateur qu'il est. Lasse de sa vie de patachon londonienne, il décide de retourner dans son domaine familiale du Gloucestershire pour retrouver un peu de calme et se soustraire à la vigilance des chasseurs de vampires. Contre toute attente, Josiah va y trouver un intérêt. Disons qu'une rencontre va lui tourner la tête et bouleverser sa vie à jamais. En effet, à peine arrivé, il fait la connaissance de la candide Abigale. Sensible et fragile, elle aurait dû éveiller chez lui ses plus bas instincts de chasseur. Solaire, elle l'attire inexorablement et réveille même en lui son humanité depuis longtemps oubliée. Mais, un vampire peut-il réellement trouver l'âme sœur et se voir accorder la rédemption ?  

Dans Lorsque nous étions morts, Mathieu Guibé s'est réapproprié le mythe originel du vampire en lui donnant les traits de caractère du prédateur né au XIXe siècle.

A huis clos, on suit les amours contrariés de ce vampire amer. Des premiers émois qui font rebattre son cœur sec aux affres inévitables de l'amour, Mathieu Guibé nous entraîne sur les chemins tortueux des beaux sentiments. 

Sombre et intense, le récit se met au diapason de cette histoire d'amour compliquée. 

Il met en scène deux héros qui représentent les deux faces d'une même pièce, avec côté pile, la flamboyante Abigale et côté face, le ténébreux Josiah. Deux être opposés condamnés par un amour impossible. 

Mathieu Guibé se fait l'auteur d'un texte plein de sauvagerie et de romantisme victorien. Personnellement, j'ai apprécié de retrouver la désuétude de cette époque. 

Sensible, romantique et fougueuse, la plume de cet écrivain ne laisse pas indifférent.

Néanmoins, âme sensible, je vous mets en garde, ne vous attendez pas à trouver entre ces lignes de gentils vampires car son image n'est en aucun cas dénaturé ici. 

Bien écrit, Lorsque nous étions morts se laisse lire sans mal. Amateur de vrais vampires et de fruit défendu, ce livre est pour vous. 

Fantasy à la Carte

Mathieu Guibé
Lorsque nous étions morts
Collection Naos
256 pages
978-2-36629-481-1
Editions ActuSF

17/12/2019

Lionel Davoust, La Volonté du Dragon, éditions Critic

Pour celui ou celle qui a envie de prolonger le séjour à Evanégyre, le choix de lire La Volonté du Dragon s'impose. Avant de se lancer dans l'écriture de sa grande saga, Lionel Davoust avait déjà tâté le terrain en proposant des textes plus courts. Des récits postérieurs qui donnent une chronologie historique à son univers, tout en lui conférant une légitimité. 

Connaissant mon coup de cœur pour La Messagère du Ciel et Le Verrou du Fleuve, Lionel Davoust m'a offert l'opportunité de poursuivre le voyage. Je le remercie, ainsi que les éditions Critic, pour l'envoi de ce service de presse. 

La Volonté du Dragon est donc un court récit qui s'inscrit en amont des Dieux Sauvages, dans l'Ancien Temps. 

Conduite par le généralissime D'éolus Vastech, l'armada impériale arrive aux portes de Qhmarr. Ils s'imaginent une reddition immédiate des Qhmarri qui semblent sans défense face à leur puissance de feu. Pour l'empire d'Asreth, c'est la première étape pour conquérir le Sud. Imbu de lui-même, Vastech pense avoir déjà gagné face à ce très jeune souverain. Car comment un roi qui n'a même pas dix ans, pourrait lui voler la victoire, à lui, l'homme d'expérience. Or, le Qasul lui propose un étrange défi, celui de jouer la bataille aux échecs. En effet, la puissance du lâh a ensorcelé les pièces représentant les deux camps. Chaque pièce jouée aura donc une conséquence sur le terrain. Sensible au challenge, le généralissime accepte de jouer la partie mais aurait-il pu réellement faire un autre choix ? 

Dans ce roman, l'auteur a misé sur un élément fort en littérature fantasy, la conquête. Seulement, il a pris des libertés dans la narration des combats inhérents à cette thématique. Bien entendu, on retrouve des descriptions de batailles avec les deux armées qui s'affrontent sur l'eau. Entre la flotte de voiliers Qhmarri, d'un côté, et l'armada impériale, de l'autre, on imagine l'affrontement vite réglé. Mais avec Lionel Davoust aux commandes, n'en soyez pas si sûr ! Il a ajouté une donnée qui pourrait faire la différence. N'oubliez pas qu'il nous relate les événements par le prisme d'une partie d'échecs. Or, si la victoire dépend du meilleur stratège, qui peut savoir qui va l'emporter. 

L'auteur donne ainsi une autre dimension à son récit qui n'a plus rien de conventionnel. Voilà une manière bien originale de nous conter les minutes d'une bataille. Le récit n'en est que plus dynamique et trépident. 

Quant aux personnages qui habitent les pages de ce livre, Lionel Davoust nous brosse toutes sortes de portraits. Les plus singuliers reviennent surtout à ce généralissime, sûr de lui qui vient se frotter à au très jeune souverain Qhmarri, semblant être continuellement dans la lune.Taiseux, les yeux fixes, le Qasul est le héro le plus énigmatique de ce roman. Ainsi, avec tous ses protagonistes, l'auteur donne la matière aux lecteurs pour s'interroger et/ou s'attacher. 

Avec La Volonté du Dragon, il signe un roman court sans aucun temps mort. L'intérêt de ce livre quand on a commencé à rentrer dans son univers par une autre porte est qu'il donne une clé de compréhension sur cette puissance mystique dont se sert l'armée d'Aska pour raser tout sur son passage.

La Volonté du Dragon peut être une belle entrée en matière dans l'univers de Lionel Davoust, ou offrir une petite pause entre deux copieux tomes de son cycle des Dieux Sauvages

Finalement peu importe dans quel sens on lit ses livres, ils méritent tous notre attention pour assouvir la soif de curiosité que l'auteur a semé chez tous ses lecteurs.  

Fantasy à la Carte

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Lionel Davoust
La Volonté du Dragon
Editions Critic 

Retrouvez mes avis sur La Messagère du Ciel et Le Verrou du Fleuve.