L'influence du "gaming" à la littérature

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28/09/2018

Bertrand Crapez, L'héritier du roi Arthur, tome 3, Livr'S éditions

Bertrand Crapez, L'Héritier du roi Arthur, tome 3, Livr'S éditions

La sortie du tome 3 de L'héritier du roi Arthur était autant attendu par l'auteur que par ses lecteurs. 

Un an après la lecture du tome 2 qui nous laissait avec bien des questions en suspens, Fantasy à la carte ne cachait plus son impatience d'obtenir toutes les clés de cette intrigue au long court.

Enlevée par Loki lors de la chute de l'Atlantide, Aelyne court un grave danger. Nul ne sait les raisons de cet enlèvement, mais tous se doutent de la gravité des conséquences d'un tel acte. Kadfael ne peut se résoudre à abandonner sa fille entre les griffes de ce dieu fourbe. Ni une ni deux, il s'enrôle avec ses amis Dargo, Merlin et Marwan dans la quête de la sauver. Attachés à leurs pas, ils nous font voyager dans certains des neuf mondes qui forment l'Yddrasil afin de découvrir où Loki se cache et surtout ce qu'il cherche à faire. Plus que de sauver une vie, cette aventure va mettre au jour un vaste complot ourdit par des dieux traîtres et avides. Mais tous grands héros qu'ils sont, seront-ils capables ici de mettre fin à la folie des Dieux? Rien n'est moins sûr car face à une force divine, le courage apparaît comme un simple grain de poussière qui peut vite être balayé. 

Ce troisième tome de L'Héritier du roi Arthur place encore une fois nos héros au cœur de la mêlée. Mais cette fois-ci la charge héroïque promet son lot de morts sanglantes car il ne s'agit pas moins que d'intervenir dans la guerre que les dieux se font. Affaibli le dieu des Dieux, Odin est menacé et trahi par les siens qui lui envient sa place. Comme chacun des romans de cet auteur, une prophétie est à l'origine de ce récit. Ici, on l'a bien compris, elle concerne la succession à la tête du royaume d'Asgard. Elle met clairement en danger Odin et les charognards ne vont pas manquer de sortir du bois pour se jeter sur leur proie. Le titre du roman est suffisamment évocateur pour que l'on se doute qu'un successeur est attendu. La question est de savoir qui sera cet héritier? Les candidats sont nombreux. Et l'enjeu est d'autant plus grand que le mal est à l'oeuvre et il risque d'accoucher du chaos. 

Pour son dernier volet, Bertrand Crapez a cherché à taper fort en faisant courir mille dangers à ses héros. Il les malmène, les blesse, les laisse sur le carreau parfois. Ce roman nous offre sa part de batailles titanesques qui en éclipseraient presque celles menées dans les précédents tomes les faisant passer pour de simples escarmouches. Rompu aux scènes de combat, le récit de Bertrand Crapez prend une tournure de chevauchée fantastique avec toutes ces créatures ailées qu'il met en scène. Le spectacle en ressort grandiose. 

Le troisième opus de L'héritier du roi Arthur met le panthéon scandinave à l'honneur. L'auteur truffe son récit de héros de la mythologie nordique. Il fait souvent référence à certains de leurs hauts faits comme la fameuse partie de pêche de Thor et du géant Hymir. Ici ils se battent aux côtés ou contre le camp du roi de Logres. Il a encore réussi son challenge audacieux de mêler avec talent les vieux mythes à une histoire inédite. 

Ce dernier tome apporte le mot de la fin d'une saga de fantasy bien écrite. Une trilogie qui a permis à une belle plume de sortir de l'ombre. Un auteur qui nous ouvre d'ailleurs la perspective de le retrouver pour un autre cycle arthurien dans les prochains mois. On se réjouit donc d'avance de continuer à lire sa fantasy

Fantasy à la carte
A lire aussi sur le blog mes avis sur les tomes 1 et 2

Bertrand Crapez
L'Héritier du roi Arthur
 tome 3
Livr'S éditions

13/05/2018

Abel D'Halluin, Les reines de Brocéliande, Avalon, reliquaire premier

Abel D'Halluin, professeur et passionné de légendes celtiques fait revivre sous sa plume la mythique Avalon. 

Avec l'idée en tête d'en faire une préquelle à une comédie musicale, Avalon a en réalité donné naissance à un premier roman réussi. 

Nourri par sa culture et ses recherches, l'auteur démarre son cycle de quatre tomes en s'attachant aux pas d'un célèbre barde des légendes arthuriennes, Taliésin. Bien que le choix de ce héros fasse clairement référence au mythique personnage, Abel D'Halluin a pris la liberté d'en faire finalement un ménestrel du roi Uther côtoyant certaines des personnalités les plus marquantes du mythe arthurien. 

Au cœur de la forêt de Brocéliande, le jeune Taliésin assiste à sa première fête de Beltane où sa mère Keridwenn l'a traîné de force dans l'espoir de le remettre à Morgause. Seulement les fées Viviane et Morgause sont préoccupées par un événement bien plus grave. En effet, au vu de la poussée du christianisme, l'île d'Avalon a refermé ses portes menaçant d'éteindre définitivement la magie des êtres issus des anciens rites. Pour inverser la tendance chacun des peuples doit remettre son trésor aux fées. Mais la dernière représentante des magiciens, Kéridwenn a troqué le sien auprès de l'empereur Constant en échange de la vie sauve. Elle est donc chargée par les fées de le retrouver pour que la magie soit préservée. Mais échouant lourdement, elle disparaît en ayant failli à sa mission. Ainsi, Taliésin demeure l'ultime héritier de cet ordre ancestral. Bien loin de ces considérations, il grandit à l'abris, protégé par son ami, le nain Gwyon jusqu'à ce qu'il rencontre Ygerne, la duchesse de Cornouailles. En la suivant à Tintagel, il n'imaginait pas vivre une vie d'aventures et rencontrer les grandes figures de la Matière de Bretagne. 

A travers ses mémoires, Taliésin est le témoin idéal de l'émergence de la Bretagne. Initié par Uther Pendragon, les territoires finiront par être unifiés par son héritier Arthur. 

En s'inspirant des anciens textes, Abel D'Halluin retrace les destins entrecroisés de Taliesin, d'Ygerne, de Gorlois, d'Uther et de Merlin dans un style très romanesque. Il a pris le parti d'insister sur la magie dont usent allègrement Merlin et Taliésin. Par ce choix, il revendique l'héritage fantasy de son récit. Les combats sont ainsi magnifiés et prennent une autre dimension. A travers le regard de son héros, l'auteur met l'accent sur les relations qu'entretiennent les personnes entre elles afin de mieux comprendre comment on en est arrivé là. Il 'appesantit beaucoup sur la psychologie de chacun d'entre eux en mettant en exergue leurs forces et leurs faiblesses. Abel D'Halluin ne s'est donc pas contenté de survoler ce mythe, il y mène une vraie réflexion. 

Soucieux des détails, l'auteur a pris le temps de décrire chaque créature et chaque lieu pour donner corps à son univers et assurer une pleine immersion à ses lecteurs. L'enchantement est total
Conteur exceptionnel, on en viendrait presque à le confondre avec ce célèbre barde qui lui a, pour l'occasion, prêté sa voix pour nous raconter ce folklore qui nous est si familier. 

On ne se lasse pas du mythe d'Avalon surtout quand il est si merveilleusement bien conté par la plume inspirée d'un passionné qui fait ses premières armes avec une belle virtuosité.

Fantasy à la carte

06/05/2018

Ruberto Sanquer, L'Aura Noire, Terre Arcane, tome 1

Ruberto Sanquer est une nouvelle autrice qui s'est illustrée dès son premier roman, L'Aura Noire avec une nomination pour le prestigieux prix Elbakin.net en 2017 dans la catégorie meilleur roman de fantasy jeunesse. Une récompense qui n'aurait pas été volée tant la qualité de ce premier récit est grande. Les éditions Scrineo ont eu donc du flair en éditant ce présent récit. 

Bien que ses romans m'avaient tapé dans l’œil depuis un certain temps, Ruberto Sanquer m'a donné l'occasion de plonger dans son univers en m'offrant son second tome. Pour cela, je la remercie car le voyage n'est pas décevant. 

Il y avait longtemps que je n'avais pas ressenti autant de papillons d'excitation en lisant un roman jeunesse. Pas depuis la saga Harry Potter de Joanne K. Rowling en tout cas. Il faut dire que je suis sensible à cette thématique d'apprenti-sorcier ou sorcière formés dans une école de magie. C'est un thème qui fonctionne bien. 

Dans L'Aura Noire, Ruberto Sanquer démontre une imagination fourmillante. Elle y a construit un univers merveilleux et assez enchanteur. 

Elle nous y raconte le destin d'une jeune orpheline prénommée Louyse qui s'apprête à passer son épreuve d'aspirante lors du solstice d'été. Louyse comme toutes ses camarades n'a qu'un seul but, qu'un seul rêve, celui de devenir une sorcière-guérisseuse. 
Pour obtenir ce statut, elles doivent suivre des cours dans différentes matières et passer plusieurs Sabbats afin de gravir les échelons et devenir ainsi des sorcières à part entière. Leur but ultime est d'obtenir des Ringtree, des anneaux de pouvoir qui viennent auréoler leurs poignets et symboliser leur magie. 
Louyse est une jeune fille têtue et acharnée qui devrait réussir ses épreuves haut la main. Sauf que les choses tournent mal dans la forêt interdite et elle échoue à son épreuve en faisant recaler ses douze camarades de promotion par la même occasion. Soulevant la colère de ses amies, elle se retrouve mise au ban, dénigrée par toutes, qui la tiennent pour seule responsable de devoir repasser l'épreuve au prochain solstice et gâcher ainsi leurs grandes vacances dans de nouvelles révisions. 
Seulement ce que notre novice ignore encore est qu'elle est victime d'un maléfice la condamnant à voir mourir toutes les personnes autour d'elle. En effet, une aura noire lui colle aux basques qu'elle va devoir éliminer coûte que coûte si elle veut accomplir son incroyable destin. Car l'ombre menace d'éteindre la lumière d'Isafjur, le dernier bastion magique du royaume Sylve. En fait, ces sorcières représentent l'ultime rempart pour préserver la nature et la vie contre une nouvelle apocalypse, créée par un démon majeur, qui viendra anéantir à nouveau la terre Arcane. 
Les enjeux sont grands. Peut-être trop pour les frêles épaules d'une héroïne d'apparence si fragile? 

Ruberto Sanquer fait un retour aux sources pour nourrir sa fantasy. Elle met essentiellement en scène une communauté de sorcières pratiquant une magie en connexion avec la terre. Elles célèbrent les saisons par l'intermédiaire de Sabbats. En faisant de tels choix, l'autrice affirme ainsi ses inspirations celtiques et arthuriennes. Elle redonne à la femme sa supériorité. Ici, elle y est vecteur de connaissances et prodigue les soins nécessaires pour préserver la vie. Derrière cette histoire destinée au premier abord à un jeune public, se cache la plume acérée d'une écrivaine féministe qui redore le blason de sorcières qui furent trop longtemps persécutées dans le passé. Clairement, Ruberto Sanquer fait partie de la nouvelle garde d'autrices, dignes héritières de Marion Zimmer-Bradley. Ecrire ce roman est également l'occasion pour elle d'aborder des thèmes forts et très actuels comme la sauvegarde de la planète qui est de plus en plus malmenée. C'est sa manière de tirer le signal d'alarme. On ne peut vivre bien qu'en bonne intelligence avec son environnement. A bon entendeur...

C'est un premier roman qui envoie du lourd et s'assure ainsi de suite toute l'attention de ses lecteurs. Bien que classée en littérature jeunesse, ce récit est intergénérationnel, et trouvera sans mal une belle place dans le cœur de tous les amateurs du genre.   


Fantasy à la carte

15/04/2018

Sigride Lucas, Daya ou la destinée, La tribu de Sailor, tome 1

Fantasy à la carte vous faisait découvrir, il y a peu, la plume d'une passionnée de bit-lit, Sigride Lucas à travers son roman Amalia. 

Pourtant avant de succomber au charme des vampires, elle a entamé un cycle d'une fantasy urbaine d'un autre genre: La tribu de Sailor. Bien loin de l'univers vampirique, cette première saga met à l'honneur une communauté de magiciens vivant dans des mondes parallèles. 

Comme le titre du premier roman l'indique, on va suivre ici le destin de Daya, une working girl des temps modernes qui ignore tout de son héritage familiale. En aucune façon, elle ne s'attendait à découvrir l'existence de ce monde incroyable et encore moins à en devenir actrice. 

Trompée par son mari, Daya décide de partir faire une croisière sur un paquebot de luxe pour noyer ses désillusions et oublier son chagrin. Sur place, elle fait la connaissance d'un homme mystérieux qui l'attire immédiatement et de manière presque incompréhensible. Plus étonnant encore est qu'il semble tout savoir d'elle. Alors qu'elle aurait dû mettre une distance avec cet effrayant inconnu, elle choisit d'écouter ses propos. Il est là pour lever le voile sur ses véritables origines. Elle est la descendante de la reine Mayga et son monde est en danger, menacé par la mégalomanie de l'un de ses frères. En fait, la reine a besoin d'elle pour sauver sa dimension. Seulement aura-t-elle l'audace de croire à sa destinée? 

Sigride Lucas signe un premier roman à l'intrigue cohérente. Elle nous embarque sans mal dans son histoire. Cette guerre entre frère et sœur pour étendre son hégémonie est un élément récurrent en littérature fantasy.  

Elle dote ses personnages de grands pouvoirs magiques pour être raccord avec le genre et offrir ainsi quelques belles scènes de combats que les amateurs sauront apprécier. 

Pour les amatrices de romance, elle donne à son récit une belle dose de sentiments et de sensualité qui combleront sans mal certains appétits. 

Nourrie par ses lectures, cette autrice a su fusionner tous les éléments fondamentaux du genre pour donner naissance à un récit qui ne déparaîtra pas de ses homologues. Seulement elle utilise peut-être trop de raccourcis dans son roman avec un enchaînement d’événements qui est parfois très rapide. Prenons l'exemple de son héroïne Daya qui accepte sans doute bien trop rapidement sa destinée. Il en va de même avec l'affrontement final, la capitulation n'est-elle pas trop facile ici? Il est de notoriété que les livres de fantasy sont des pavés. Sans écrire une bible, il est bon de prendre son temps pour poser les décors, pour apporter par exemple une touche de contradiction à ses personnages. Je dirais que ce qu'on apprécie d'un récit de fantasy, c'est l'accent mis sur les difficultés que les héros rencontrent. Ceux de Sigride Lucas ont grandement besoin d'un peu plus de bâtons dans leurs roues pour donner davantage de suspense à l'intrigue.

Au final, c'est un récit qui se lit sans aucune difficultés mais qui mériterait une petite révision pour atteindre sa pleine puissance. 

Fantasy à la carte

18/02/2018

Sigride Lucas, Amalia

Auteure de bit-lit, Sigride Lucas signe un nouveau roman, Amalia. Plus que le titre de son livre, Amalia, c'est aussi le prénom de sa nouvelle héroïne. Dès lors, on sait que l'on va s'attacher aux pas de cette dernière. 

Jeune mariée Amalia part en voyage de noces avec son époux en Roumanie. On est en 1950. La jeune femme resplendit de bonheur. De plus, c'est la grande aventure que de rejoindre ce pays par l'Orient-Express. Un pays peuplé de légendes où ils ne manquent pas d'ailleurs de visiter le célèbre château de Dracula. Tout va pour le mieux jusqu'à cette fameuse soirée d'anniversaire d'Amalia. En effet, alors qu'ils rentraient du restaurant, Marc et Amalia sont attaqués par quelqu'un ou quelque chose. Marc est tué sur le coup. Quant à Amalia, elle essaye désespérément d'échapper à son agresseur lorsqu'un homme sort de l'ombre pour la sauver. Mais pas le temps de s'interroger sur sa présence, ni de pleurer l'assassinat de son mari, il lui faut fuir pour sauver sa vie... ainsi commence le surprenant destin de cette femme. 

Amalia, c'est un récit convenu de bit-lit qui fait une belle place aux vampires. Que l'on soit lecteur ou spectateur, on est tous familiers de cette créature de la nuit. En effet, qui aujourd'hui peut se targuer d'avoir échapper au phénomène? Entre la télévision, le cinéma et la littérature, le vampire s'étale à toutes les sauces. Comme toute bonne autrice de bit-lit, Sigride Lucas a, elle aussi, succombé au charme du vampire. Dans son récit, elle prend le parti de le dépeindre dans toute sa vérité. Un prédateur. Mais ne vous y trompez pas, vous ne retrouverez pas le côté "hémoglobine" et "très crû" de True Blood.  Même si son roman ne manque pas de noirceur et de violence, elle épargne le lecteur sur les détails sanguinolents de leurs tueries. Au-delà de mettre en scène des vampires, cette autrice fait un bel hommage aux femmes. En choisissant des femmes fortes comme héroïnes, elle affirme son féminisme. Ses héroïnes sont donc maîtresses de leur destin et clament leur indépendance. C'est le cas d'Amalia qui malgré les drames qui jalonnent sa vie, se relève toujours plus forte. Dans son roman, Sigride Lucas montre son soucis de nourrir ses personnages, de leur donner de l'épaisseur. La preuve avec son personnage principal qui nous dévoile toute une facette de sentiments et d'émotions. Ainsi, plus le temps passe, plus elle prend de l'assurance et de la maturité. Ce qui la rend d'autant plus intéressante à suivre. Sigride Lucas pourrait même explorer un peu plus la psychologie de ses autres personnages. Son récit est également l'occasion de mettre l'accent sur une thématique très forte en littérature fantasy, la vengeance. C'est un moyen pour cette autrice de faire monter la tension et d'apporter une note de suspense à son histoire.  

La bit-lit est un genre qui plaît et retrouver cet univers est donc un vrai plaisir. Amalia c'est un roman qui se lit bien, mais sans doute trop court pour les addicts que nous sommes. L'univers crée par Sigride Lucas nécessiterait même, selon moi, un plus grand développement. Qu'on se le dise, à la fin du livre l'envie de s'y immerger davantage se fait bien sentir. 

Fantasy à la carte

04/02/2018

Alexandre Ségur, Les chroniques d'un terrien en Tetrasomia, 1er recueil

Quel joueur en ligne, amateur de Warcraft & co, n'a pas déjà rêvé de se retrouver propulsé au cœur de ces univers féeriques typiques de ces jeux? Comme en témoigne le succès grandissant des jeux de rôle, beaucoup y ont sans doute songé, Alexandre Ségur, lui, l'a réalisé pour eux. 

Les chroniques d'un terrien en Tetrasomia est un témoignage de ce qu'il pourrait se passer si un groupe d'humains se retrouvaient du jour au lendemain projeter en plein territoire fantasy. Rêve ou cauchemar? Cela dépend de ce qu'on laisse derrière soi et bien évidemment de ce que l'on va y découvrir. Ne nous leurrons pas, ce n'est pas une sinécure de se retrouver en terre inconnue à devoir combattre de dangereux ennemis. En tout cas, Loïc et sa femme Elodie vont en faire les frais. 

Sous la forme d'un journal intime, Alexandre Ségur nous raconte l'aventure incroyable que vont vivre Loïc et ses six autres compagnons en Tetrasomia. Une épopée aussi invraisemblable qu'effrayante dans laquelle les héros vont devoir s'adapter à un environnement hostile et apprendre à survivre. 

C'est un roman extrêmement dense que nous transmet Alexandre Ségur. Il a fait preuve d'une imagination débordante pour écrire un pavé de près de 500 pages qui n'est que la première partie de son histoire. D'office, on est donc prévenus qu'il faudra tenir la distance pour connaître le fin mot de l'histoire. 

D'une idée originale, l'auteur nous plonge dans une fantasy coutumière. On ne sera donc pas surpris d'y retrouver la lutte entre le Bien et le Mal où les héros devront combattre des entités démoniaques.

Scénariste de jeux de rôles et créateur de jeux vidéo, Alexandre Ségur a nourri son texte de ses propres expériences professionnelles pour donner vie à une cité imaginaire avec des créatures étonnantes. 
Malgré un affrontement qui tarde à venir, d'où certaines longueurs dans le récit, l'auteur a su mêler les éléments qui plaisent dans ce genre littéraire.

En outre, les différents petits clins d’œil aux joueurs en ligne apparaissent comme autant de bons points pour s'attirer sans mal un public d'amateurs pour ce nouveau cycle de fantasy

Fantasy à la carte

28/01/2018

Florent Bainier, Namathée, tome 1, Le cycle des Acmènes

Cette semaine Fantasy à la carte donne la parole à un autre jeune auteur qui a choisi la fantasy comme contexte d'écriture pour donner vie à son premier roman. 

Lorsque Florent Bainier m'a soumis son communiqué sur Namathée, le résumé m'a tout de suite accroché et donné envie de lire son livre. 

Voici quelques éléments sur l'histoire qui vous laisseront juge de son intérêt.

Découvert au cœur du désert par une troupe de Namathéens, Arcan est amnésique. Il n'a aucun souvenir de son passé, ni même de qui il est. Sa seule certitude est qu'il se trouve bien parmi ce peuple qui l'a recueilli. Il y est en confiance, comme à sa place.  

Alors lorsque des ennemis commencent à s'amonceler de toutes parts, autour de la cité, il lui paraît normal de participer à cette guerre devenue la sienne. Ce qu'il ignore encore, c'est que sa présence n'est pas due au hasard. Elle a été prédite il y a bien longtemps. La prêtresse du temps, Forourgh l'a vu dans ses rêves prémonitoires. Arcan est le Grand Migrateur et avec lui c'est le chaos qui est annoncé mais aussi un renouveau pour Namathée. Comme la prophétie l'indique, il est le sauveur envoyé par les dieux pour protéger la cité de ses ennemis.  

Une prophétie, un héros solitaire, de la magie, la lutte contre le Mal, voici les éléments avec lesquels joue l'auteur afin de créer un contexte propre à l'heroic fantasy

Florent Bainier est l'auteur d'un récit parfaitement bien maîtrisé où l'action est rondement menée. 

Passionnée d'Histoire et d'archéologie, il a donné vie à une grande civilisation vivant selon un culte et des rituels précis. A l'image de l'Histoire de l'humanité, cette civilisation est menacée par d'autres qui poussent toujours plus loin leurs hégémonies sur elle. C'est la raison pour laquelle Namathée se bat afin de ne pas tomber sous la domination des Sarthes, des Lorestiens ou des Oughares qui, pour la première fois, ont su trouver un terrain d'entente pour la conquérir. 

Ici, Florent Bainier ne lésine pas sur les détails pour nous conter avec un grand réalisme le déroulement du siège suivi de la grande bataille. Tout y est minutieusement décrit pour nous faire vivre l'affrontement minute par minute. Il s'est inspiré des stratégies de guerre, des tactiques militaires du passé pour coller au plus près de la réalité.

Bien que dense, ce premier roman se lit pourtant avec une grande fluidité. L'histoire est claire, les personnages intéressants. De plus, l'auteur ponctue son texte de quelques trahisons afin de rendre la lecture encore plus attrayante. Un approfondissement des sentiments et du ressenti des personnages en ces temps troublés seraient néanmoins les bienvenus.

Namathée, c'est une porte ouverte sur un cycle de fantasy d'une grande envergure dans lequel la conquête est la clé.

Fantasy à la carte

Florent Bainier
Namathée
Tome 1
Le cycle des Acmènes

07/01/2018

Tim Kesseler, Esprits de Corps, Napoca, tome 1

Avec Esprits de Corps, Tim Kesseler fait une entrée remarquée au sein des littératures de l'Imaginaire. Il a pris le parti d'inscrire son histoire au sein d'un univers à tendance steampunk. Pour le nourrir, il s'est inspiré de la Révolution Industrielle et de la naissance de l'Union Européenne qui émergea après les deux conflits mondiaux. Esprits de Corps est une transposition de notre Histoire contemporaine dans un monde fantasy

Le cœur même de son récit nous conte les destins entremêlés de deux hommes qui n'étaient pas destinés à se rencontrer et que pourtant la vie va les réunir. D'un côté, il y a le jeune noble William de Wencel qui quitte sa terre natale de Luclin pour tenter sa chance à Mydgar, et de l'autre côté, le rustre Ruben qui vient trouver refuge dans l'anonymat de la grande ville. Malgré des difficultés, Will réussit à entrer au Congrès en obtenant un poste d'assistant de diplomate. C'est l'occasion qu'il attendait pour comprendre les rouages du pouvoir et maîtriser toutes les ficelles de la diplomatie. C'est aussi une manière de prouver à son père, même par delà la mort, tout ce dont il est capable. Un début dans ses nouvelles fonctions qui s'annoncent très prometteur enfin jusqu'à ce qu'il déchante face à des tâches administratives ennuyeuses et répétitives. Mais alors qu'il pense tout perdu, il croise le chemin d'une intrigante qui va le mettre sur une mission secrète concernant l'avenir du monde et notamment le rôle que va y jouer la Fédération. Pour mettre toutes les chances de son côté et ne pas faillir à sa charge, il sera accompagné de son nouvel ami Ruben. Bien qu'irascible, Will ne peut s'empêcher de ressentir une profonde amitié pour le jeune homme. Tous deux forment un duo détonnant qui dynamise habilement ce récit. 

En se servant de  ses propres expériences de diplomate, Tim Kesseler donne une vraie crédibilité au contexte de son histoire. Les tractations et les pourparlers qui sont menés dans cet écrit n'en sont donc que plus empreints de réalisme. Comme tout bon auteur de fantasy, Tim Kesseler n'oublie pas d'imprégner ses lignes de magie. 


En effet, il ne se contente pas d'avoir imaginé un monde onirique, des lieux utopiques avec leur propre Histoire, leur propre culture. Certains hommes qui peuplent ce vaste monde sont doués d'un certain pouvoir. Disons qu'ils ont une sensibilité plus aiguë à leur environnement. Ils ressentent et perçoivent les âmes des vivants et des défunts et sont capables de se projeter dans ce monde astral. Un monde encore plus dangereux que celui de Mydgar dans lequel Will va devoir survivre. 

Une première aventure qui ne manque pas de nous faire voyager dans un passé ressuscité et imagé. 

Bien que le français ne soit pas sa langue natale, Tim Kesseler manie la langue avec dextérité et nous propulse dans un roman bien construit aux références solides. 

Fantasy à la carte

19/11/2017

Valentin Frété, Le Sombre Dieu, Les chroniques du Nord, tome 5


Avec la sortie du Sombre Dieu, c'est la fin des aventures de Torfa qui s'annonce. Un final que l'on attend autant avec fébrilité, curiosité que nostalgie. Il est clair que lorsque l'on a bien apprécié un cycle, cela fait mal au cœur de le terminer et pourtant on trépigne de savoir comment l'histoire va se conclure. 

Il est temps de tout savoir, de tout comprendre. A la lecture de ce cinquième tome, on saisit l'utilité de chacun des romans écrit par Valentin Frété. Chaque aventure vécue par Torfa n'avait qu'un seul but, celui de faire de lui le héros qu'il est aujourd'hui. Chaque combat mené a fait de lui un homme fort, implacable et dangereux. C'est ce qui a forgé sa légende et lui a permis de nouer des amitiés qui lui seront nécessaires pour l'ultime combat à venir. Car cela va sans dire que dans Le Sombre Dieu, la guerre sera encore au cœur du récit. Pire encore c'est le Ragnarök qui est annoncé. L'auteur ne pouvait faire autrement que de conclure son cycle sur une note de fin du monde. D'ailleurs, tous ont bien conscience qu'ils n'en reviendront sans doute pas, même le grand Torfa y songe. 

En effet, le Mirslark, la terre natale de Torfa se voit recouvrir d'une ombre menaçante. Il est donc tout naturel pour notre Viking de retourner chez lui afin de libérer son pays de cette nouvelle menace. Gobelins, Orcs, Trolls et autres créatures sorties tout droit des enfers sèment la panique et la mort dans le Mirslark. Ils tracent un sillon sanglant sur leur passage. Bien que Torfa et ses alliés les combattent, ils semblent toujours plus nombreux et plus dangereux. Même les Nains sont défaits et la montagne du Resh'an Mith est tombée. C'est la débandade dans les rangs des alliés et la victoire semble s'éloigner d'eux à grands pas. L'heure n'a jamais été aussi grave et c'est dans un état d'extrême fatigue que Torfa arrive au dernier bastion de liberté: la ville de Thyrra. C'est là que va se jouer le destin de tous même si c'est Torfa qui est le chef d'orchestre de cette dernière partition. En tant que fils du Tonnerre, ce rôle ne pouvait que lui incomber. Mais il ne sera pas seul car même les dieux nordiques se mêleront au combat lorsque le vrai visage de l'ennemi sera dévoilé. 

Des éléments qui promettent des scènes de combats aussi grandioses que celles de la célèbre bataille des cinq armées du Hobbit de J.R.R. Tolkien. Soyez assurés que vous en aurez le souffle coupé. 

Avec cet ultime tome, Valentin Frété a gagné son pari d'écrire une fantasy nordique bluffante et inédite. Il a su habiter son récit d'une étincelle captivante qui tient ses lecteurs en haleine d'un bout à l'autre de la saga. Sous le feu des combats, on est scotché tant les scènes y sont spectaculaires. Les personnages y sont tous plus attachants les uns que les autres. 

En écrivant les dernières lignes de son roman, c'est un véritable appel du pied qu'il nous fait pour une suite à venir que nous attendrons avec tout autant d'impatience. 

Fantasy à la carte

22/10/2017

Bertrand Crapez, L'Héritier du roi Arthur, tome 2, Livr'S éditions

Bertrand Crapez, L'Héritier du roi Arthur, tome 2, Livr'S éditions

Nominé pour le prix des Halliennales 2017, Bertrand Crapez est un auteur qui s'impose peu à peu dans la paysage littéraire fantasy

Il avait marqué les esprits avec un premier tome audacieux. Le voici qui nous embarque à nouveau dans une folle aventure. 

Ne changeons pas une équipe qui gagne. Pour son second tome, l'auteur redonne la parole à ses grands héros. Vingt ans ont passé depuis la défaite de Galaad, vingt ans de paix et de vie paisible pour le roi de Logres et les Terres de l'Ouest. Seulement comme chacun le sait, les bonnes choses ont toujours une fin. Justement une nouvelle menace se profile à l'horizon. Cette fois-ci, le danger provient d'un puissant efle de la nuit. Longtemps plongé dans un sommeil éternel, Dorne s'est réveillé et avec lui, c'est sa soif de domination qui risque de mettre le monde à feu et à sang. Marionnette du maléfique dieu nordique Loki, rien ne semble pouvoir l'arrêter. Si ce n'est notre célèbre tandem de héros. Ces deux-là s'assignent la mission de retrouver coûte que coûte cet elfe de malheur, quitte à courir après une chimère puisqu'ils ont ouïe dire que ce dernier œuvrait depuis la cité de l'Atlantide. Élucubration ou réalité, ils n'ont pas d'autres choix que de résoudre pas à pas les énigmes qu'ils trouvent sur leur chemin et à déjouer au passage les embûches qui ne manqueront pas de se présenter. 

Après un crochet par les terres du Sud où ils se frotteront aux dieux de l'Egypte antique, Kadfael, Aelyne et Dargo exploreront les terres glacées des Vikings pour débusquer le malin. 

A l'image de la quête du Graal, cette nouvelle épopée apparaît comme une promesse de mille dangers. Les révélations vont se bousculer en pagaille et elles ne seront pas toujours au goût de tous. Mais peut-on réellement échapper à son destin?

Pour ce second tome de L'Héritier du roi Arthur, Bertrand Crapez revisite la mythologie nordique en intégrant par exemple dieux et déesses à son récit. Ceux-ci deviennent ainsi acteurs de son histoire. Il fait également référence à des lieux ou des héros des célèbres Eddas scandinaves. Il a bien travaillé sa copie et sa réappropriation de ces mythes est efficace.


Tantôt facétieuse, tantôt complice avec son lecteur, la plume de Bertrand Crapez est loin d'être monotone tant elle nous emporte avec facilité au cœur de l'aventure.
Dès le préambule qui correspond à un résumé concis et drôle du premier tome, on retrouve avec plaisir le bagou de l'auteur. Il joue avec les mots et truffe son récit de clins d’œil à de célèbres films, livres ou encore à des répliques mémorables. L'atout numéro un de ce cycle de fantasy est la force de ses personnages. Les échanges entre Kadfael et Dargo sont juste savoureux et promettent des scènes hilarantes. Et Bertrand Crapez a donné une touche féminine à son récit en faisant une belle place à la fille de Kadfael et d'Adélice. A mi-chemin entre l'innocente Alice au pays des merveilles et la puissante fée Morgane, la jeune Aelyne a la lourde tâche de maîtriser ses grands pouvoirs. Descendante d'une grande lignée, la chose ne sera pas aisée. Mais n'ayez crainte, la belle saura trouver sa place et tenir tête même au plus fort ego masculin. 

Une écriture soignée, de solides références, un humour débordant, voilà les points forts de cet auteur qui font qu'on en redemande bien volontiers

Fantasy à la carte
A lire aussi sur le blog mes avis sur les tomes 1 et 3

Bertrand Crapez
L'Héritier du roi Arthur
Tome 2
Livr'S éditions

15/10/2017

Margot Aguerre, Brieg, La Dynastie du Royaume de Floss, tome 3

Pour le dernier volet de sa trilogie, Margot Aguerre fait faire à son récit un virage à 180 degrés. Elle chamboule totalement les codes qu'elle a établi dans les deux premiers tomes et crée une vraie surprise aux lecteurs.

Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis la disparition de Sarina. Les cartes ont même été redistribuées. Le Royaume de Floss, l'Altarine et le Niofran n'existent plus. La magie a disparu. Même les Dieux se font discrets et ne semblent plus s'immiscer dans la vie des hommes. En fait, il n'y a plus qu'un vaste empire tenu d'une main de fer par Milthian. Survivant du terrible affrontement qui opposa les Dieux et Sarina à Veinar, Milthian alias Timoté a vu là, l'occasion pour lui de s'emparer du pouvoir. Despote, il a plongé le monde dans ses heures les plus sombres et l'a modelé à son image. les populations y sont muselées et dociles sous peine d'être assassinées. 

Pour contrer ce nouveau tyran, un groupe de résistants s'est constitué au fur et à mesure des années. Des commandos s'assignent la mission de torpiller le pouvoir de l'empereur en détruisant ses équipements afin de le fragiliser. Ils ont même réussi le tour de force d'infiltrer des espions afin de connaître ses projets machiavéliques. Seulement sans puissance magique, il leur sera difficile de vaincre cet être maléfique. Mais c'est sans compter les descendants du Royaume de Floss et du Niofran. Élevés dans le plus grand secret, eux-mêmes ignorent tout de leur héritage jusque-là. Se mêlant à la résistance, ils devront unir leur force pour mettre un terme à cette nouvelle tyrannie. Seront-ils retrouver le chemin de la magie et enterrer les anciennes animosités pour triompher?

Brieg est un vrai coup de théâtre. Le décor change du tout au tout. On est plus dans une société médiévale teintée de merveilleux. Margot Aguerre a donné une touche steampunk à son nouvel univers. Ici, les héros ne se déplacent pas à cheval mais en véline, des véhicules volants. L'humanité est sous la surveillance de drone espion et l'empereur s'est entouré de machines pour se protéger. Il s'est servi de son génie malsain pour façonner un monde futuriste sous son entière dévotion. En proposant un tel univers, l'auteure renouvelle l'intérêt de ses lecteurs. On ne s'enlise pas dans du déjà vu même si on retrouve certains protagonistes. L'ambiance y est toute autre et même si on sent la fin de l'histoire approcher à grands pas, on ignore comment le dénouement va se passer surtout avec Margot Aguerre aux commandes. Le suspense y est pleinement à son comble. 

La Dynastie du Royaume de Floss est une trilogie de fantasy bien construite. Clairement cette jeune auteure s'est nourrie des plus grands qui lui ont inspiré un cycle original et magnifiquement écrit. On prend plaisir à enchaîner ses romans. C'est une fantasy française qui se défend et mérite donc largement d'être lu par le plus grand nombre.

Fantasy à la carte

08/10/2017

Margot Aguerre, Sarina, La Dynastie du Royaume de Floss, tome 2

Après avoir vaincu Jaliorga, Kahena a rétabli la paix en Altarine et au sein du royaume de Floss. C'est dans ce climat paisible qu'évolue la nouvelle héroïne de Margot Aguerre, Sarina, la fille de Kahena et Robin. 

Sarina est une jeune adolescente sans histoires qui a toujours été surprotégée par ses parents au point de lui avoir caché une partie de son héritage magique. En effet, il faut garder à l'esprit qu'elle est issue de deux lignées et porte donc en elle le sang de son terrible grand-père. Par crainte des réactions des autres, Kahena a choisi de briguer les pouvoirs de sa fille pour cacher à tout le monde qu'elle détient le pouvoir de feu et ainsi n'effrayer personne. 

Seulement Sarina n'est plus une petite fille. Elle présente déjà les mêmes dispositions que son père, notamment en ce qui concerne les dragons. Or tout bascule le jour où elle réussit le tour de force de créer magiquement l'un de ses magnifiques êtres ailés. Robin et Kahena se sentent contraints d'inventer un mensonge pour dissimuler les capacités de leur fille. Après cela les choses vont aller de mal en pis. Le paroxysme est atteint lorsque Sarina disparaît, enlevée par des inconnus dont le but réel restera longtemps dans le flou. 

Fous de douleur, Kahena et Robin vont retourner tout le royaume pour récupérer leur fille unique. Mais bien des mois vont passer avant de retrouver sa trace. Délaissant le pouvoir au profit de recherches acharnées, certains opportunistes voient là leur chance de renverser la reine. Comme on dit le malheur des uns fait le bonheur des autres. 

Alors que les comploteurs s'agitent dans l'ombre du pouvoir, un danger bien plus grand menace le monde de Kahena. Car si sa fille a été enlevée, ce n'est pas pour rien. C'est une machination orchestrée par les cousins et la sœur de Jaliorga, les héritiers de la couronne du Niofran. Adorateurs du dieu du chaos, Veinar, ils ont le plan machiavélique de libérer ce dieu déchu afin qu'il revienne régner sur terre. Pour y parvenir ils ont besoin de la descendance de Jaliorga et espérait manipuler sans mal la jeune Sarina.

Levant le voile sur l'étendu des pouvoirs de la jeune magicienne, cette dernière va vite maîtriser sa puissance et démasquer ses ravisseurs. Alors lorsque ses parents la retrouvent enfin, elle ne faillit pas et retourne dans le camps du Bien. 

Cependant pas le temps de se réjouir à la cour car au vu des funestes projets du Niofran, une nouvelle guerre semble inévitable. Il est temps pour le royaume de Floss de rappeler les alliés de jadis et d'en trouver des nouveaux car si Veinar devait se réincarner, ce serait la fin de toute vie. 

Avec ce second volet, Margot Aguerre donne de la maturité à sa plume. Au premier tome, on avait été émerveillé de découvrir cette auteure si prometteuse, le second tome, lui, ne fait que confirmer ses qualités. 

Même si les ingrédients sont les mêmes, à savoir un méchant à combattre, la manière de mener son récit est différente et sa finalité, surprenante. Margot Aguerre a su se renouveler pour cette nouvelle histoire, ce qui n'est pas chose aisée surtout dans un genre très en vogue depuis Le Seigneur des Anneaux

Déjà elle s'attarde sur ses personnages et notamment sur son héroïne Sarina. Plus explosive que Kahena, elle manie deux magies qui font d'elle un personnage ambigu. On se demande parfois si cette princesse guerrière ne va pas tomber du côté obscur de la force. Plus les héros sont ambivalents, plus ils sont intéressants à suivre. Cela rend la lecture encore plus inattendue. 

Pour son roman, Margot Aguerre se réserve le loisir de donner une fin que certains qualifieront de frustrante, alors que d'autres, au contraire, s'en réjouiront. Une conclusion à son récit qui laisse sans voix, cela je vous le garantie.

Avec La Dynastie du Royaume de Floss, la magie prend et le destin exceptionnel de ses héros nous prend tout simplement aux tripes. 

Fantasy à la carte

29/08/2017

Chloé Chevalier, Les Terres de l'Est, Récits du Demi-Loup, tome 2

Les Terres de l'Est font suite aux aventures des héros de Chloé Chevalier.

Souvenez-vous, on les avait laissés en délicates positions. A force de dissensions et de désaccords, le noyau dure que formait la cour de Véridienne a fini par céder et les protagonistes, à se séparer.

Deux années se sont écoulées depuis les derniers événements survenus à Véridienne, et dans le royaume du Demi-Loup en général. Rien n'y est plus pareil comme on pouvait si attendre. Les héros se sont séparés dans des conditions, pour le moins, dramatiques. Calvina est retournée aux Eponas avec sa suivante Luftilde. Aldemor a été chassé par son père pour un désaccord et une mésentente latente. Humiliée, Cathelle s'est même enfuie avec ce dernier. Seule Malvane est restée à la cour avec Nerses qui demeure sa seule suivante. 

C'est donc à ce moment crucial de l'histoire que Chloé Chevalier a décidé de reprendre la plume pour nous partager les dernières informations. Comme à son habitude le récit se construit de la même manière sous la forme de correspondances épistolaires. Mais alors que le premier roman posait les décors et les bases de l'intrigue, le second tome, lui, entre plus profondément dans le vif du sujet. Il multiplie les révélations fracassantes. Et on comprend mieux d'où viennent les relations conflictuelles entre le Demi-Loup et l'Empire grâce aux révélations d'Aldemor.

Le royaume est menacé. La perfidie de l'Empire qui rend sournoisement la pareille au Demi-Loup n'arrange pas les luttes intestines. La Preste Mort touche de plus en plus de contrées. La peur se propage aussi vite que la maladie. Et avec elle, les problèmes s'accumulent. En temps de paix sur les terres du royaume, le gouvernement laxiste d'Aldemar pouvait fonctionner mais maintenant que la mort rôde, un chef à poigne est indispensable. Le retour d'Aldemor aurait pu être l'occasion au roi de passer la main et d'arranger la situation. Seulement de profonds désaccords entre père et fils vont enterrer le Demi-Loup. 

C'est dans cet état d'esprit de vengeance que l'on retrouve Aldemor. Il veut reprendre le royaume et le sauver. Il a cette folle idée avec Cathelle d'aller chercher le remède au cœur même de l'ennemi. C'est ainsi que tous deux échafaudent un plan aussi fou que machiavélique pour répondre à leur désir de revanche. D'ailleurs, ils n'auront pas besoin de pousser très loin face à l'incompétence ou à la crédulité des deux princesses qui, en très peu de temps, ont dû abandonner la futilité de leur vie à la gestion très sérieuse de deux royaumes. On imagine sans mal la catastrophe vers laquelle s'engagent le Demi-Loup et les Eponas. 

Entre manipulation et machination, ce volet de l'histoire promet de sacrés rebondissements. Chloé Chevalier essaime ici ou là quelques belles révélations aussi bien sur certains de ses personnages que sur l'histoire propre. Un roman qui nous fait entrevoir les pions qu'elle a placé depuis le tout début du récit et qui nous ouvre les yeux sur la finalité vers laquelle elle veut nous mener. 

Avec Les Terres de l'Est, on sort des frontières. On découvre les us et coutumes d'autres lieux. On se laisse charmer par l'exotisme de l'inconnu. C'est essentiellement à travers les souvenirs du prince héritier que cela est possible. Une manière pour l'auteure de donner de nouvelles perspectives à son univers. 

Un tome qui confirme la fantasy envoûtante dont nous enivre Chloé Chevalier depuis sa toute première ligne. 


Fantasy à la carte

Chloé Chevalier
Les Terres de l'Est
Tome 2
Récits du Demi-Loup
Les Moutons électriques

12/08/2017

Charline Rose, Edwenn, Le Monde des Faës, tome 1

Edwenn, Le Monde des Faës est un titre qui en dit long sur le récit. Dès lors, on sait que l'on sera en présence d'êtres féeriques. Fées, Elfes, Dryades, Ondines sont autant de créatures qui invitent au songe et à la rêverie. Voici le décor planté par Charline Rose, un univers ponctué de chimères et poudré de féerie. 

Dans cette histoire, il est question d'une humaine qui va connaître un destin peu commun car par un concours de circonstance et une rencontre fortuite, elle va traverser le voile séparant le monde des humains de celui des Faës. C'est par l'intermédiaire de l'Elfe Kadvael que tout va basculer pour Edwenn. En voulant le soigner et le mettre à l’abri dans son village, la jeune femme se retrouve bien vite à devoir fuir en sa compagnie. Persécuté par des Chimères pour avoir braver l'interdit de pénétrer leurs terres, Kadvael court un grave danger et met, de ce fait, la vie de la jeune humaine en péril. Au cœur d'un conflit ancestral, ravivé par une histoire d'amour proscrite entre Kadvael et la fille du roi des Chimères, Edwenn se retrouve prise à partie et devient également la cible de ces terrifiantes créatures. Voici comment tout a commencé...

En traversant la frontière, Edwenn pénètre en territoires elfiques. Ainsi comme elle, on découvre l'univers crée par Charline Rose. Il est riche de plusieurs royaumes elfiques comme celui des Dames de Pierre, des Terres de Nuit, ou encore les Iles Cendrées. Chacun d'entre eux revêt un aspect différent. Ils arborent des us et coutumes propres. Les peuples eux-mêmes y sont très diversifiés avec des caractéristiques et des pouvoirs qui varient selon les origines. Grâce à Edwenn, on en côtoie tout un échantillon. Et on se rend compte que tout comme les humains, les Elfes sont animés par les mêmes sentiments ou ressentiments. Les royaumes dépeints nous éblouissent tour à tour tant leur magnificence est grande. Et, il faut bien le dire, on est tout aussi émerveillé que l’héroïne de Charline Rose. 

A côté des territoires elfiques, il y a celui des Chimères qui nous illusionne et nous effraie tant leur fourberie est considérable. Ainsi que celui que l'on nomme le Royaume Pourpre plus sombre encore où réside l'effrayante Impératrice. 

Charline Rose décrit tout un monde fait de beauté et de violence car ne croyez pas que les Elfes et les Fées incarnent la bonté même. Ils savent se montrer cruels et demeurent une menace pour les simples mortels dénués de pouvoirs magiques, comme Edwenn en fera elle-même les frais avec certains et certaines. 

De son récit se dégagent de fortes personnalités, des personnages attachants ou au contraire détestables. 

L’héroïne, bien sûr. Edwenn est une jeune humaine au caractère farouche et à l'esprit aventureux. Ce qui lui permettra de survivre parmi les Elfes. 

Le pompeux Kadvael qu'on ne voit finalement que très peu mais dont le rôle joué dans cette histoire demeure majeur puisque c'est à cause de lui qu'Edwenn traverse le voile. 

Jezekael, le roi d'Alwena et frère de Kadvael est un Elfe puissant et pourtant sa bienveillance à l'égard de l'humaine, est sans commune mesure. Tous deux apprendront à bien se connaître au fil de l'histoire. Ce qui ne gâche rien est qu'il est extrêmement séduisant comme le regard envoûté d'Edwenn nous le confirme. 

Maenowen est un soldat de la Grande Nébuleuse du Royaume Sous le Vent qui va très vite se lier à Edwenn. Il voit en elle le courage et la force qui coulent dans ses veines et va la perfectionner dans le maniement des armes.

Enya, la belle reine des Iles Cendrées est une Eflfe qui tire ses pouvoirs de la terre et font d'elle une grande puissance. Elle devient de suite l'amie d'Edwenn car elle retrouve en cette dernière un peu de son caractère. Différente des autres Faërys, elle sait voir des qualités chez les humains et prône la paix entre les races.

Les héritiers du Royaume Sous le Vent, Luner et Maël sont deux Elfes qui vont vite s'attirer l'amitié de la jeune femme. Le premier lui fera faire ses premiers pas à la cour de Nuit, le second, quant à lui, lui enseignera les lettres. Deux êtres qui sont d'une extrême gentillesse et parfaitement à l'opposé de leurs quatre sœurs Lueur, Éclat, Crépuscule et Soupir qui s'avèrent être de vraies pestes. La pire étant ici, Lueur, à qui revient le rôle de la garce poussée à l’extrême. Il faut bien un pendant au Bien, et dans Edwenn, Le Monde des Faës, il se manifeste par la présence de plusieurs protagonistes. 

Lueur représente la perfection faite Elfe. Elle est d'une beauté incandescente mais également d'une méchanceté crue. Égocentrique à souhait, elle perçoit très vite Edwenn comme une menace surtout quand elle prend conscience des liens qui unissent l'humaine au roi d'Alwena. Pourrie, gâtée, Lueur est une ennemie à ne pas négliger.
Les deux grandes figures du Malin sont incarnées ici en Camall, le roi des Chimères. Fourbe, dangereux, avide de pouvoir, il est un ennemi redoutable pour la communauté des Elfes. Il se sert de l'amour qui liait sa fille Dredre à Kadvael pour déclarer la guerre aux Elfes et justifier l'invasion de leurs royaumes. Son but avoué étant plutôt ici de noyer le monde de ses Illusions afin de mieux le contrôler. 
Il sera aidé dans sa quête de pouvoir par celle que l'on surnomme l'Impératrice, une Elfe aliénée qui est juste aveuglées par sa propre vengeance. 

En mettant en scène tous ces héros, Charline Rose inscrit son récit dans une fantasy traditionnelle où la lutte du Bien et du Mal est omniprésente. Des ingrédients qui ont fait leur preuve et qui lui vaut la belle récompense du Prix de l'Imaginaire 2016. Une distinction qui fait rentrer cette nouvelle plume dans la catégorie des bons auteurs du genre. 

Une écriture puissante dont on garde le charme longtemps après avoir refermé le livre. 


Fantasy à la carte


30/07/2017

Gregory Da Rosa, Sénéchal

La sortie en librairie de Sénéchal n'est pas passé inaperçu. En effet, les éditions Mnemos avaient bien assuré la promotion de leur nouveau poulain, Grégory Da Rosa afin d'inciter les lecteurs du genre à se ruer sur ce nouveau roman. Moi-même, je n'étais pas insensible à ce livre et je peux vous dire qu'il s'est très vite ajouter à ma liste de livres à acheter.

Aussitôt acheté, aussitôt placé en haut de ma PAL de l'été d'ailleurs. Sénéchal est un livre contre lequel on ne résiste pas longtemps.

Résumé

Tiré du lit en pleine nuit, le sénéchal Philippe Gardeval a du mal à comprendre, encore noyé dans les brumes du sommeil, que la ville est assiégée. L'heure est critique pour Lysimaque qui se voit entourer par une armée s'étendant à perte de vue dont on ignore la provenance ni même les raisons d'un tel siège. Surpris par cette aberration, Philippe s'empresse de rejoindre le roi en craignant, quelque peu, la réaction de ce monarque si soupe au lait. C'est un conseil de guerre qui se tient à la cour de Lysimaque, le roi est entouré des nobles du royaume afin de déterminer la marche à suivre face à cette menace. 

En tant que sénéchal, Philippe Gardeval devra jouer un rôle important pour sortir la ville de  ce marasme. Seulement plus les jours vont passer, plus la situation va se compliquer, notamment lorsque l'épouse d'un haut dignitaire meurt empoisonnée. Le traître est donc déjà infiltré, à l'intérieur même du palais. Et pour débusquer ce ver, il faudra à Philippe Gardeval user de toute son ingéniosité.

Gregory Da Rosa donne la parole à Philippe Gardeval, sénéchal du roi, ce qui fait de lui le deuxième homme le plus influent du royaume. Un tel statut laisse penser que l'on a affaire à un héros puissant. Avec Sénéchal, Gregory Da Rosa sait nous surprendre car Philippe Gardeval est un homme vieillissant et fatigué. On est loin du fringuant chevalier à l'armure étincelante. C'est un homme dont la vie est plus derrière que devant lui. Pondéré, réfléchi Philippe est un homme d'expériences qui demeure une carte maîtresse dans la manche du roi. En dressant le portrait d'un tel héros, l'auteur distribue les cartes de son jeu différemment et donne à son récit de fantasy une toute autre orientation. 

Tout se passe à l'intérieur des murs fortifiées de la ville. Ici on est loin des grands espaces, des chevauchées épiques au cœur de paysages grandioses. Sénéchal se présente à la manière d'un cluedo dans lequel on cherche à résoudre le crime. L'enjeu est grand et d'autres têtes pourraient bien tomber si Philippe ne résout pas rapidement ces mystères. Après tout la vie du roi, et la destinée du royaume sont en jeu.

C'est une immersion complète dans une société féodale que nous dépeint Gregory Da Rosa. Tout y est pour faire revivre le Moyen-Âge jusqu'au langage employé. Ainsi, il donne une ambiance particulière à sa fantasy qui se coule bien avec l'époque du récit.

Toute jeune plume qu'il est Gregory Da Rosa révèle avec ce premier tome tout son talent. Il sait poser ses décors et mener l'action à tambour battant quand il le faut.

La magie noire qui infiltre ses lignes nous donne la chair de poule car c'est avec le diable que Gregory Da Rosa nous fait flirter. Contre lui, la lutte entre le Bien et le Mal semble perdu d'avance. Seul le dénouement sera à même de nous dire qui remportera la partie de cette joute mortelle. Enfin on l'espère!

Un premier récit puissant, dérangeant parfois, mais qui sait tenir son lecteur en haleine tant on veut savoir où l'auteur veut nous emmener. 

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