Il y a des sorties littéraires que l'on attend avec impatience et fébrilité. Le dernier volet de la série Olangar de Clément Bouhélier est clairement de celle-ci.
Emportée par sa fantasy coup de poing et envoûtée par son univers féroce, je me suis replongée dans son cycle avec beaucoup de plaisir.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse.
Malgré tous ses efforts, Evyna d'Enguerrand n'a pas pu empêcher l'invasion d'Olangar. La ville est tombée sous le joug des duchés, maintenant dirigée par le colérique Lec Rossio, depuis la fuite du chancelier Ransard d'Alverny. Le quotidien des Olangardais s'est nettement dégradé. Des miliciens maintiennent l'ordre avec force et violence. Toute forme de rébellion est tuée dans l’œuf. Les habitants rasent les murs et détournent le regard face aux abus et aux excès de violence. Tous semblent résignés à leur dort. Pourtant les héros d'hier ne sont pas loin, ils se préparent à l'ombre des regards pour tenter une action et libérer la cité de ses chaînes. La dame du Sud n'a pas dit son dernier mot et elle ne compte pas revenir seule. Mais arriveront-ils à triompher à nouveau de leurs ennemis qui semblent toujours plus nombreux ?
Avec Le Combat des Ombres, Clément Bouhélier nous accorde une dernière halte à Olangar avant de mettre un point final à sa série explosive.
Cadre principal de l'action et refuge pour les protagonistes de Clément Bouhélier, Olangar incarne bien des visages dont celui de cité-personnage car son omniprésence entre ces lignes en fait parfois une héroïne à part entière. En effet, derrière la multitude d'histoires tissées par l'auteur, il y a également celle de cette ville dont le destin s'est écrit par le fer et le sang. Elle est un enjeu de pouvoir pour les plus aisés qui voient en elle, un moyen d'enrichissement toujours plus important, mais elle est également une chance de s'élever vers une certaine égalité pour les moins fortunés. A Olangar, on lutte pour une égalité de droits, pour le progrès social et pour la liberté de paroles pour tous. En un mot, Olangar est un symbole.
Or, dans Le Combat des Ombres, tout ce que cette cité représente est complètement mis à mal. La liberté est dévoyée, la discrimination a libre court et les représailles sanglantes sont devenues le quotidien des habitants. Clément Bouhélier a fait basculer sa ville sous un régime autoritaire où toutes les aberrations sont devenues monnaie courante. Exécutions, exactions, emprisonnements abusifs égrènent les pages de ce nouveau roman. Il en ressort un récit implacable et sombre qui prend aux tripes et fait saigner nos cœurs devant tant d'injustice et l’impuissance qui l'accompagne. Dans la lignée de ses précédents romans, Clément Bouhélier continue de se faire l'auteur d'une fantasy engagée et militante, totalement déshabillée de ses atours féeriques, pour délivrer une critique au vitriole de nos sociétés ultra-capitalistes.
Chaque roman est riche d'une intrigue indépendante qui s'articule autour d'un même modèle mêlant suspense et action. L'auteur se fait fort de surprendre ses lecteurs en leur proposant de mettre à jour des conspirations impliquant corruption politique et coup d'état dans chacun de ses livres. Aussi, dans Le Combat des Ombres, tout porte à croire que le pouvoir a basculé aux mains d'un despote coléreux et avide de suprématie. Entre une totale liberté et une absence de garde-fou, tout semble perdu pour Olangar et ses habitants. Alors que certains enquêtent dans l'ombre sur d'odieux assassinats, d'autres organisent la résistance entre les murs de la cité et même au-delà car chacun des protagonistes de Clément Bouhélier espèrent être celui ou celle qui fera la différence dans ce combat qui s'annonce d'ores et déjà très inégale.
Il est vrai que Clément Bouhélier respecte une certaine parité dans la galerie de personnages qu'il nous propose au fil des tomes. Néanmoins, on notera qu'il accorde aux femmes un rôle très important. Loin de l'image de la femme fatale ou de l'héroïne badasse, on retrouve sous les traits de ses personnages féminins, un courage indiscutable et une force de caractère manifeste. Il n'y a d'ailleurs pas que la dame du Sud, Evyna d'Enguerrand qui s'illustre entre ses lignes car d'autres femmes vont occuper une position décisive dans cette lutte pour la liberté. Elles font la différence par les stratégies qu'elles mettent en place et la ruse dont elles abusent, ce qui les rend finalement d'autant plus crédibles et attachantes.
Avec Olangar, l'auteur nous rappelle que malgré les difficultés de renverser l'ordre établi, chacun d'entre nous, en se réunissant, peut changer la donne. Il ne faut donc pas oublier les fondamentaux pour rendre le changement possible car l'union fait toujours la force. Avec Le Combat des Ombres, il démontre finalement que la démocratie peut toujours éloigner les ombres de la tyrannie lorsque la volonté du plus grand nombre est réunie.
Avec cet ultime opus, il se fait l'auteur d'un récit âpre mais pas dénué d'un certain espoir.
Alors que la dernière page est tournée, il nous laisse malgré tout avec un petit pincement au cœur d'en avoir fini avec ses récits plein de fougue et de morgue d'autant que certains de ses héros vont continuer à écrire leur destin à l'abri de nos regards de lecteurs indiscrets.
Fantasy à la Carte
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A lire aussi mes avis sur Bans et Barricades (partie 1 et 2) et Une Cité en Flammes.
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