L'influence du "gaming" à la littérature

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16/01/2024

Mark Lawrence, Sœur Ecarlate, T.1, Le Livre des Anciens, éditions Bragelonne

Mark Lawrence, Sœur Ecarlate
T.1, Le Livre des Anciens
éditions Bragelonne 

Auteur américain de fantasy, Mark Lawrence n'a de cesse, depuis quelques années, d'enchaîner les trilogies pour étoffer son univers de L'Empire Brisé

Après avoir lu sa trilogie de L'Empire Brisé, puis très récemment celle de La Reine Rouge, me voici en pleine découverte du premier volet du Livre des Anciens.

Je remercie à nouveau Mark Lawrence pour l'envoi de ce service de presse qui m'offre l'opportunité de poursuivre l'aventure. 

Résumé :

Vendue par sa mère à un marchand d'esclaves, la jeune Nona échoue au Caltess pour servir dans des arènes de combat comme d'autres jeunes gens. Tout bascule, le jour où en défendant une amie, elle blesse gravement l'héritier d'une puissante famille. Condamnée à mort, elle échappe de peu à la pendaison grâce à l'intervention de l'abbesse Vitrage qui l'emmène au couvent de la Mansuétude pour la former aux arts de la guerre et la faire embrasser son héritage magique. Mais peut-elle réellement espérer échapper indéfiniment à ses poursuivants ?

Mon avis :

Autre ambiance avec Le Livre des Anciens puisque Mark Lawrence nous emmène, cette fois-ci, en Abeth où le sang de quatre tribus coule dans les veines de ses habitants. Or, celui-ci forge leur destin en leur donnant des capacités particulières. Ainsi, les Gerants se distinguent par leur haute stature et les Hunskas par leur vélocité, tandis que les Marjals sont capables de puiser dans les magies mineures, les Quantals, eux, savent arpenter la Voie et maîtriser, de facto, les magies majeures. Certains parmi ces descendants les mieux dotés intègrent, d'ailleurs, des monastères pour y devenir novices. Là-bas, différents cours leur sont dispensés comme l'art des poisons et ses antidotes, la maîtrise des armes et des techniques de combat ou encore le contrôle de la Voie par une totale sérénité, dont la finalité est la manipulation de ses fils. C'est un programme d'études qui se déroule sur quatre années jusqu'à prendre le voile et devenir ainsi moniale. On distingue quatre ordres. Celui des Saintes chargées d'entretenir la foi en l'Ancêtre, celui des Ecarlates, autrement dit des soldates douées pour le combat, celui des Silences qui excellent dans l'art de l'espionnage et celui des Mystiques  qui se révèlent être de vraies sœurcières maîtrisant la Voie. 

En nous attachant aux pas d'une enfant, Mark Lawrence fait le choix du roman d'apprentissage dans lequel Nona apprend à devenir à la fois une lettrée et une guerrière accomplie. Ainsi, amitiés naissantes et rivalités entre novices imprègnent autant ce texte que les intrigues politiques qui agitent l'Empire et l'Eglise. 

A l'image de ses précédentes séries, Le Livre des Anciens partage ce même univers sombre empreint de violence et de dureté et où la magie y est dévastatrice. 

En outre, Mark Lawrence a ponctué son texte de sujets sensibles en nous parlant notamment de commerce d'enfants, d'esclavagisme et de violence. Le décor est donc posé et il est difficile et implacable. Sœur Ecarlate est un récit poignant peuplé de traumatismes familiaux, sociaux et psychologiques. Il est  pas mal question de misère sociale et d'abus mais l'auteur allège aussi le ton en construisant des amitiés fortes et en proposant un épanouissement personnel de ses protagonistes par une lente acceptation de soi. Il y a également une petite incursion de la question écologique, à travers cette ritournelle qui hante l'esprit de l'héroïne. Celle-ci porte sur la fin d'un monde après la chute de la lune. C'est une manière pour l'auteur de rappeler que la préservation de la vie et de la terre demeure bien fragile. 

Dans Le Livre des Anciens, on fait donc la connaissance d'une gamine prénommée Nona. Entre un père absent et une mère détachée, elle cherche à tisser un lien affectif dans chacune de ses rencontres. A ce titre, c'est un personnage particulièrement touchant d'autant que la vie est cruelle avec elle. Elle grandit dans la douleur, perpétuellement mise à l'épreuve. Autour d'elle gravitent de nombreuses moniales et novices parmi lesquelles certaines sont plus attachantes que d'autres comme la jeune Hessa. Avec sa jambe atrophiée, elle ne peut rivaliser avec la force physique de ses consœurs mais elle compense par un enrichissement de son savoir et une meilleure maîtrise de la Voie. Son courage et sa pugnacité font d'elle une vraie héroïne. Quant aux moniales, j'avoue avoir un faible pour sœur Vitrage. C'est une protagoniste particulièrement intrigante qui aime s'entourer de secrets. Mais sous son masque d'autorité se dissimule une personne de cœur qui prend, bien volontiers, sous son aile les oisillons perdus.

Pour conclure :

Avec Le Livre des Anciens, Mark Lawrence maintient encore une fois la barre haute avec une narration toujours aussi nerveuse, des personnages inoubliables et un univers travaillé associé cette fois-ci à une intrigue originale et captivante. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi mes avis sur Le Prince Ecorché, Le Roi Ecorché, L'Empereur Ecorché et La Reine Rouge

Informations

Mark Lawrence
Sœur Ecarlate
T.1
Le Livre des Anciens
Editions Bragelonne

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12/01/2024

Pierre Pevel & Etienne Willem, Les Enchantements d'Ambremer, partie 2, Le Paris des Merveilles, éditions Drakoo

Pierre Pevel & Etienne Willem, 
Les Enchantements d'Ambremer
partie I, Le Paris des Merveilles
éditions Drakoo 

Noël est passé et je dois dire que mes souliers étaient bien garnis. J'ai notamment reçu le très attendu deuxième album du Paris des Merveilles de Pierre Pevel et Etienne Willem, sorti chez Drakoo, le 15 novembre dernier. 

J'en profite pour remercier mon petit lutin du Père Noël personnel qui a toujours le bon goût de me faire plaisir et se reconnaîtra en lisant ces lignes. 

Derrière l'adaptation en bande dessinée du Paris des Merveilles, il y a donc deux hommes : Pierre Pevel et Etienne Willem. Si l'un est aux dialogues, l'autre est aux dessins et au scénario.

Scénariste, journaliste, auteur de jeux de rôle et romancier, Pierre Pevel s'est beaucoup illustré avec ses récits d'uchronie qui n'ont pas manqué de rafler quelques prix littéraires au passage. Parmi ses cycles marquants, on peut citer par exemple Wielstadt (2001-2004), Le Paris des Merveilles (2003-2015), Les Lames du Cardinal (2007-2010) ou encore Haut-Royaume (2013-2021).

Scénariste et dessinateur, Etienne Willem est l'auteur de la série Bruyère et Bas de Soie (2004-2007), L'Epée d'Ardenois (2010-2015), Les Ailes du Singe (2016-2021) et La Fille de l'Exposition Universelle (2018-2021). D'inspiration médiévale ou steampunk, le travail réalisé pour ses précédentes bandes dessinées ne pouvait que l'imposer comme l'homme de la situation pour illustrer l'univers enchanteur du Paris des merveilles, aussi bien pour Les Artilleuses (2020-2021) que pour la série éponyme (2022-2023) à cet univers. 

Résumé :

Dans cette seconde partie de l'album, Les Enchantements d'Ambremer, on retrouve notre célèbre mage tout contusionné après son affrontement avec les terrifiantes gargouilles, envoyées par la Reine Noire Lyssandre. Mais loin d'être découragé, Louis compte bien retrouver son amie Cécile de Brescieux enlevée par cette dernière, en perçant notamment le mystère du livre que ladite mage lui a fait emprunter à la bibliothèque d'Ambremer. Mais plus que de résoudre une énigme, il s'agira plutôt pour Louis et Isabel de mettre la main sur un artefact afin d'empêcher la sombre Lyssandre d'accomplir sa vengeance sur la cour d'Ambremer, suite à son éviction de la couronne. 

Mon avis :

Dans ce second album, les actions s'enchaînent sans temps mort. D'une bulle à l'autre, on est baladé au cœur des investigations palpitantes menées par Louis et Isabel. On y enchaîne les arrêts tantôt du côté de Paris et de ses environs, tantôt à Ambremer. Les rencontres sont parfois surnaturelles ou au contraire très banales. Ici, les truands fréquentent les fées et les flics ne se laissent pas impressionnés par un peu de magie. Ca tire même très souvent tous azimuts et ça se bastonne pas mal pour faire bonne mesure surtout avec Louis et Isabel qui n'hésitent pas à mouiller la chemise et ainsi donner de leur personne pour mener à bien leur périlleuse mission. 

Explosions, rafales de balles ou lancements de sorts, tout est bon pour mettre des étincelles et faire péter les couleurs dans les planches de cette bande dessinée.

Entre légendes oubliées, créatures mythiques, intrigues et soif de vengeance, Les Enchantements d'Ambremer forme le cocktail idéal d'une aventure savoureuse. 

D'autant qu'Etienne Willem y a mis son grain de sel en ajoutant sa touche d'humour toute personnelle à travers de petits ajouts ici ou là à localiser tel un jeu de pistes qui ne manquera pas de faire sourire l'observateur attentif. 

Il faut bien le dire, l'artiste est facétieux et aime jouer avec ses lecteurs, surtout d'imaginaire car comment ne pas réagir à la mention d'une certaine princesse nommée Gala de Riel ou encore ne pas remarquer l'air familier du crapulard avec une autre crapule qui aime autant les trésors précieux, n'est ce pas ! 

Quoi qu'il en soit, voilà de quoi nouer une petite complicité avec les amateurs de fantasy et les autres car croyez-moi, ici, il y a de quoi faire !

Pour conclure :

En attendant, j'ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans les aventures de Louis Denizart Hippolyte Griffont et d'Isabel de Saint-Gil, à renouer avec leurs perpétuelles chamailleries grâce à cette merveilleuse série de bandes dessinées.

Il est vrai que je ne lis pas beaucoup de bandes dessinées, plus par manque d'occasion que par manque d'intérêt, mais je ne pouvais clairement pas passer à côté de celle-ci. Je reste une inconditionnelle des intrigues du Paris des Merveilles, alors les voir sublimer par le crayon d'Etienne Willem, il n'y a pas de mot pour qualifier mon plaisir.  

Clairement tout y est pour enchanter les yeux et émerveiller l'esprit, alors n'hésitez plus et rejoignez  à votre tour Ambremer, vous ne serez pas déçu. Le voyage vaut vraiment le détour !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur la partie I des Enchantements d'Ambremer (Drakoo).

informations

Pierre Pevel & Etienne Willem
Les Enchantements d'Ambremer
Partie II
9782382331026
58 pages
Le Paris des Merveilles
Editions Drakoo

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08/01/2024

Laure Dargelos, La Voleuse des Toits, éditions Rivka

Laure Dargelos, La Voleuse des Toits, éditions Rivka

Rencontrée à l'occasion de sa dernière tournée promotionnelle de dédicaces, Laure Dargelos est une nouvelle plume de l'Imaginaire qu'il faut absolument lire. 

La Voleuse des Toits est son second roman publié par les éditions Rivka et le premier livre que je lis de cette autrice.

Résumé :

Orme est soumise aux lois Ecarlates, l'art est prohibé sous peine de condamnation à mort. Fille de l'ambassadeur, Eléonore Herrenstein est une aristocrate le jour et la nuit venue, elle aime s'échapper par les toits pour rêver à un monde libre. Un soir, elle surprend un cambrioleur en train de fouiller la bibliothèque d'un membre éminent de la ligue Ecarlate. Et quelle n'est pas sa surprise de le voir mettre la main sur une toile interdite. Or, au lieu de l'emporter, il la repose et quitte la pièce. Pour Eléonore, la tentation est trop forte de ne pas aller admirer l'œuvre de plus près. Seulement, à peine rentrée dans la pièce, le voleur qui n'était finalement pas parti loin l'attrape. Prise de panique, elle réussie à l'assommer et s'enfuit. Le lendemain, alors qu'elle espère oublier cet incident, elle accepte de se rendre à une réception sans se douter qu'elle risque d'y recroiser son fauteur de troubles. Et s'il la dénonçait à la ligue, l'opprobre serait jetée sur sa famille, elle-même serait condamnée à mort et son projet de rejoindre la rébellion tomberait à l'eau. Alors, comment peut-elle se sortir de ce mauvais pas ? 

Mon avis :

Dans La Voleuse des Toits, Laure Dargelos nous brosse le portrait d'une société opprimée, injuste à l'égard des pauvres et où toute forme d'expression artistique est interdite. Le récit se déroule dans le royaume d'Orme où le quotidien de ses habitants est régit par des règles strictes, promulguées par la ligue Ecarlate. A Seräen où vit Eléonore, la ville est cernée de hauts murs et il est interdit d'en sortir même pour les aristocrates sous le prétexte que le royaume est en guerre avec son voisin Valacer. Le pouvoir est entre les mains de l'Oméga, un être insaisissable dont les traits sont dissimulés sous un masque et entre celles des douze puissantes familles appartenant à la ligue Ecarlate. Ceux-ci font régner la terreur et nul n'ose s'élever contre eux, si ce n'est une poignée de pauvres révoltés qui cherchent à renverser le pouvoir au péril de leurs vies. 

Sous la plume de Laure Dargelos, deux mondes vivent côte à côte sans jamais réellement se rencontrer. En effet, il y a donc d'un côté, les riches enfermés dans un luxe et un confort les rendant sourds et aveugles à la souffrance humaine et de l'autre côté, les pauvres écrasés par la misère et vivant dans la peur de la condamnation ou du sacrifice de leurs enfants pour une guerre qui ne les concerne pas.

Au cœur de cet univers sombre et étouffant existe une magie oubliée et pourtant si puissante. Une magie qui pourrait dans les moments les plus critiques faire la différence pour peu que l'on redécouvre son existence. Celle-ci est capable de distordre le temps et ainsi tracer de nouvelles opportunités. Bien loin des manifestations de pouvoir explosives que les récits de fantasy se plaisent à exposer, l'autrice table ici sur un onirisme discret qui permet à son texte d'emprunter des tournures narratives inattendues. 

Si les premières lignes de La Voleuse des Toits laissent supposer la trame classique d'une romance se déroulant dans la bonne société, la réalité de l'Imaginaire fouillé de Laure Dargelos laisse place à un tout autre récit. En effet, ce texte construit en trois parties recèle son lot de surprises, ponctué d'épisodes déroutants et de rebondissements imprévisibles. La lecture n'en est donc que plus passionnante, d'autant que l'autrice nous y parle de lutte des classes et de révoltes populaires contre un pouvoir tyrannique. Elle y met en exergue les techniques de manipulation perverses pour se maintenir en place. En interdisant l'art, c'est la pensée qui est muselée car celle-ci doit être conforme à la propagande officielle. La Voleuse des Toits est un récit engagé qui met en garde contre les dérives d'un trop grand pouvoir conduisant au sacrifice des peuples, à la désignation d'un bouc émissaire toujours étranger, à l'injustice sociale et à la misère. C'est clairement un texte poignant qui s'inspire des régimes politiques despotiques pour mieux les dénoncer car lorsque la liberté d'expression doit se conformer à des interdits et à des règles, cela ne peut qu'être le signe d'une démocratie mourante et d'un malheur général. 

Enfin, l'autrice s'appuie sur un duo de personnages absolument délicieux pour porter son récit, ce qui ne gâche pas le plaisir de lecture, bien au contraire ! Entre Eléonore Herrenstein, alias Plume et Elias d'Aubrey, mon cœur balance ! Voici deux protagonistes aux antipodes, mais ne dit-on pas que les contraires s'attirent! Eléonore est si éprise de justice, c'est une âme révoltée enfermée dans le carcan écrasant de l'aristocratie. Elle se découvre un penchant pour l'interdit mais ne le fait pas pour autant pour le frisson car elle a surtout soif d'un monde meilleur. Faisant fi des règles et des convenances, elle préfère embrasser une cause juste et noble. C'est un personnage qui se découvre une force de caractère insoupçonnée, un passé surprenant et va, de facto, beaucoup évoluer au fil du roman. Quant à Elias d'Aubrey, il est autoritaire, intransigeant et d'humeur versatile. En tout cas, c'est l'image qu'il souhaite renvoyer. En tant, qu'héritier d'un membre de la ligue Ecarlate, il se doit d'être conforme à cette apparence. C'est un personnage plein de secrets qui virevolte à la limite du bien et du mal toujours prêt à basculer d'un côté ou de l'autre. Ce qui lui donne toute sa saveur puisque finalement, on ne sait jamais qui il est vraiment. C'est d'ailleurs le protagoniste le plus ambivalent du roman et à ce titre est donc un véritable atout pour celui-ci. 

Pour conclure :

Personnellement, j'ai beaucoup apprécié ma lecture de La Voleuse des Toits. La plume de Laure Dargelos est très fluide et le livre offre un bon rapport qualité prix entre un texte de qualité glissé dans un très bel écrin, à un prix tout à fait raisonnable par rapport à ce que l'on trouve sur le marché du livre. 

Je vais, bien entendu, continuer de suivre l'autrice en lisant déjà son précédent roman qui m'attend d'ailleurs dans ma PAL, mais aussi la maison d'édition qui mérite que l'on porte une attention particulière à ses publications. A suivre !

Informations

Laure Dargelos
La Voleuse des Toits
9782493897091
648 pages
Editions Rivka

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02/01/2024

Mark Lawrence, La Reine Rouge, intégrale, éditions Bragelonne

Mark Lawrence, La Reine Rouge, éditions Bragelonne 

La Reine Rouge prend la suite de la trilogie L'Empire Brisé, composé du Prince Ecorché, du Roi Ecorché et de L'Empereur Ecorché que j'avais lue et chroniquée au moment de sa parution. 

Or, Mark Lawrence m'a fait l'honneur de m'envoyer sa seconde saga, me permettant ainsi de continuer l'exploration de son sombre univers. Je le remercie donc très chaleureusement pour cette délicate attention et pour sa confiance.

Résumé :

Le Prince des Fous

Petit fils de la Reine Rouge, le prince Jalan Kendeth est un joueur invétéré et un coureur de jupons patenté. Endetté jusqu'au cou, il est toujours enclin à foncer tête baissée dans les ennuis, sans doute au grand dam de sa terrible grand-mère. C'est ainsi qu'après s'être servi d'un captif censé être libéré, pour gagner un pari dans les arènes, il échappe de peu à un attentat perpétré dans un opéra et se retrouve dans la ligne de mire d'un sort le liant irrémédiablement au ledit prisonnier à qui il a joué un mauvais tour plus tôt dans la journée. Dès lors, il n'a d'autre choix que de suivre Snorri ver Snagason dans sa quête pour libérer sa famille des griffes d'un viking renégat qui a vendu son âme au Roi Mort, sauf s'il trouve le moyen de se libérer avant ? 

La Clé des Menteurs

Après avoir survécu à leurs affrontements avec les séides du Roi Mort et mené à bien sa vengeance contre les vikings rouges responsables de ses malheurs, Snorri en est ressorti très amère. En effet, il a échoué dans sa mission première, à savoir arriver à temps pour sauver sa famille, mais il a récupéré une mystérieuse clé, objet de toutes les convoitises, qui pourrait bien changer la donne. Poursuivi de toutes parts, jusqu'où ira-t-il pour obtenir sa rédemption et Jalan le suivra-t-il dans ce nouveau voyage tortueux ?

La Roue d'Osheim

De retour de son séjour en Enfer après avoir accompagné Snorri dans sa quête ultime, Jalan en est revenu à son tour profondément changé. Il ne rêve d'ailleurs plus que de retrouver la sécurité des murs de son palais rougemarquais, seulement son retour risque de ne pas être conforme à ses aspirations. En effet, sa grand-mère, la Reine Rouge a pris la tête de l'armée pour régler son compte une bonne fois pour toutes à sa rivale, la Dame Bleue, déshabillant ainsi son royaume de sa sécurité militaire. Or, c'est une opportunité que le Roi Mort ne peut pas laisser passer, alors pour Jalan, il s'agira plutôt d'affronter des hordes de morts ranimés pour tenter de sauver les siens d'une fin funeste. Sera-t-il à la hauteur de la tâche?

Mon avis : 

Avec La Reine Rouge, on retrouve l'univers de L'Empire Brisé, précédemment effleuré dans la première trilogie éponyme de Mark Lawrence. Bien que les deux récits soient contemporains, l'action se partage, cette fois-ci, entre le sud de l'empire du côté de Rougemarche et le nord, par-delà les îles Noyées, sur la côte du Nordheim. 

Pour bâtir son monde, l'auteur s'est inspiré du vieux continent en éclatant l'Europe telle qu'on la connaît aujourd'hui en une multitude de petits royaumes où règne la magie. Celle-ci semble être le fruit d'une science pervertie par la mégalomanie d'une humanité égarée. Mark Lawrence nous immerge donc dans une science fantasy, teintée de notes postapocalyptiques et infusée à la mythologie nordique où le Ragnarök tant redoué par les uns pourrait être la conséquence d'une technologie destructrice. 

L'empreinte viking est très présente dans ce récit. Elle s'exprime déjà par la présence de la völva, figure sacrée des tribus claniques scandinaves. Prêtresse ou prophétesse, sa parole est divine. En outre, l'ombre des dieux n'est jamais loin entre les lignes de La Reine Rouge, notamment celle de Loki, le dieu de la ruse, à travers cet artéfact magique qui suscite tant d'émois et dont on lui attribue la propriété. Quant aux autres divinités, elles viennent juste derrière surtout quand il s'agit pour les protagonistes de traverser l'Enfer où règne la déesse Hel ou pour les plus valeureux guerriers de rejoindre le Valhalla en Asgard  et ainsi prêter main-forte à Odin. 

La Magie prend bien des formes sous la plume de Mark Lawrence. Déjà, elle est souvent détenue par des femmes de pouvoir, à l'image de la Reine Rouge qui tire sa puissance de sa sœur. Ombre d'elle-même et âme silencieuse, cette dernière dispose d'un don de préscience bien utile à cette sanglante monarque. Quant à sa rivale, la Dame Bleue, elle puise son pouvoir dans les miroirs lui permettant à la fois de surveiller et d'influencer autrui. En outre, la magie qui s'épanouit au fil des pages de cette trilogie est parfois pervertie et se pare des atours de la nécromancie comme en use le Roi Mort pour lancer sur ses ennemis des hordes de zombies, quasiment indestructibles. 

La Reine Rouge est une trilogie captivante tissée de complots et d'intrigues de cour, d'aventures rocambolesques et de rebondissements dramatiques. Au cœur de ce maelström de manipulations, se débat un duo de personnages aussi improbables qu'attachants. Tantôt pions, tantôt atouts de ce périple ponctué de dangers, Jalan Kendeth et Snorri ver Snagason sont bien souvent ballotés par les événements. Parieur, coureur et menteur, Jalan n'est clairement pas un parangon de vertus. De même, ce n'est pas le courage qui l'étouffe car s'il peut se défiler des situations délicates, il n'hésite pas à prendre ses jambes à son cou. Pourtant, en dépit de tous ses défauts qui font de lui un vrai anti-héros, Jalan est un protagoniste très drôle, piquant, parfois absurde et totalement irrésistible. Bien loin d'incarner la force brute du héros d'heroic fantasy ou la rouerie de celui de dark fantasy, Jalan Kendeth ne rêve que du confort de sa vie princière mais semble incapable de la mener sans se mettre dans la panade. Souvent rattrapé par ses vices, il n'apprend jamais de ses erreurs, ce qui ne manque pas de nous tirer un sourire ou deux. A contrario, Snorri ver Snagason incarne le parfait guerrier viking, pétri de nobles valeurs. Ami fidèle, défenseur des plus faibles, Snorri n'hésite pas à se jeter dans la gueule du loup pour tenter de sauver sa famille. L'amour indéfectible qu'il porte à sa famille en fait un personnage très touchant. Avec son physique d'ours et son cœur d'or, il apparaît comme le compagnon d'aventure idéale. A titre personnel, j'ai eu un gros coup de cœur pour ces deux-là qui apportent à ce récit, selon moi, une vraie valeur ajoutée. 

Plus qu'un roman d'aventure, La Reine Rouge est un texte intéressant à plus d'un titre qui nous parle aussi bien d'handicap que de maladie. Il alerte également sur les dangers des velléités dominatrices destructrices qui vont de pair avec une soif inextinguible de pouvoir.

Pour conclure :

La Reine Rouge est un texte dense, parfois long car trilogie oblige, mais qui ne manque pas de charme dans l'ensemble et n'en demeure pas moins plein de qualités en assurant tout de même un bon divertissement. 

Rendez-vous au prochain épisode puisque Mark Lawrence n'a pas dit son dernier mot sur cet univers.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Le Prince Ecorché, Le Roi Ecorché, L'Empereur Ecorché, et Sœur Ecarlate (T.1 du Livre des Anciens).

Informations

Mark Lawrence
La Reine Rouge
9791028110635
1197 pages
Editions Bragelonne

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16/12/2023

J.R.R. Tolkien, Le Silmarillion, éditions Pocket Imaginaire

J.R.R. Tolkien, Le Silmarillion, éditions Pocket Imaginaire 

A l'instar du Hobbit, Le Silmarillion a également revêtu ses plus beaux atours pour rejoindre la collection collector des classiques de l'Imaginaire, publiés aux éditions Pocket Imaginaire

La genèse de cet ouvrage remonte aux années 1910 mais, malgré la volonté farouche de J.R.R. Tolkien de le faire publier concomitamment avec Le Seigneur des Anneaux, il essuie un refus de la part de l'éditeur. 

Il faudra donc attendre 1977 et un travail acharné de Christopher Tolkien, épaulé par Guy Gavriel Kay pour pouvoir lire Le Silmarillion

En cette fin d'année 2023, il est donc à nouveau à l'honneur chez Pocket et arbore fièrement une couverture représentant Ered Luin, les Montagnes Bleues qui séparaient au Premier Âge, le Beleriand de l'Eriador. C'est une vraie beauté que l'on doit encore à Nicolas Caminade. 

Lu dans le cadre d'un nouveau partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse.

Pour commencer, je dois vous dire que Le Silmarillion, je n'avais pas encore eu l'occasion de le lire dans son entier, juste trois épisodes fondamentaux extraits par Christopher Tolkien et publiés chez Christian Bourgois. En outre, en dépit d'une bibliothèque bien fournie en littérature fantasy, je ne possédais même pas un exemplaire jusqu'à aujourd'hui, alors je suis bien aise d'avoir pu me plonger dans ce long récit et ainsi remettre en perspective Les Enfants de Húrin, Beren et Lúthien et La Chute de Gondolin lus précédemment. 

En effet, Le Silmarillion s'attache à retracer la genèse et les Premiers Âges de la Terre du Milieu. 

Résumé :

Le livre commence par une présentation de sa mythologie à travers L'Ainulindalë nous présentant la création d'Eä par le dieu Ilúvatar qui, par l'intermédiaire des Ainur et de leurs chants ont donné forme au monde et préparé l'arrivée des Elfes et des Hommes. Parmi ces Ainur, certains ont choisi de rester sur Arda pour en devenir les gardiens. Ils se nomment les Valar et les Maïar. Les premiers sont au nombre de quatorze même s'il en existe un autre répondant au nom de Melkor, rebaptisé Morgoth par les Elfes et dont la sombre destinée sert de fil narratif à l'ensemble des récits constituants Le Silmarillion. Ainsi, le plus gros du livre est occupé par le Quenta Silmarillion qui correspond au long récit des malheurs et des exploits des Elfes autour des précieux joyaux Silmarils jusqu'à la chute de Morgoth. Dans cette partie, les péripéties s'y enchaînent et le ton est nettement plus épique, mobilisant davantage notre attention. On goûte ainsi aux hauts faits de certains et aux méfaits des autres. L'ensemble est aussi passionnant que déroutant. Pour qui a lu Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux, c'est clairement enthousiasmant d'en apprendre plus sur le passé de la Terre du Milieu. Pour autant, ce monde est si foisonnant que l'on s'y perd facilement. On se heurte fréquemment aux trop nombreux protagonistes des différentes histoires et à la difficulté de retenir tous leurs noms. Il faut dire que ces derniers sont parfois complexes. 

Mon avis :

Le Silmarillion est le genre d'ouvrage pour lequel il faut revenir dessus à plusieurs reprises. Le lire d'une traite peut être hasardeux pour sa pleine compréhension. Il ne faut donc pas hésiter à se ménager des pauses entre chaque chapitre pour se laisser le temps de l'apprécier pleinement. Certains choisissent d'y picorer des morceaux ici ou là et ils ont sans doute raison. D'ailleurs, cette méthode n'est pas sans rappeler la découpe éditoriale du Silmarillion proposée par Christopher Tolkien pour mettre en lumière certaines histoires.