L'influence du "gaming" à la littérature

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20/06/2023

Scarlett St. Clair, Game of Retribution, T.2, Hadès, éditions Hugo

Scarlett St. Clair, Game of Retribution, t.2, 
Hadès la saga, éditions Hugo

Après avoir lu Game of Fate, on enchaîne sur Fantasy à la Carte avec le tome 2 de la saga d'Hadès. Publié le 7 juin dernier, Scarlett St. Clair y poursuit sa réécriture du mythe d'Hadès et Perséphone en relatant les faits du point de vue du dieu des Enfers.

Lu dans le cadre d'un nouveau partenariat avec les éditions Hugo, je remercie Olivia pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Maintenant que sa relation avec Perséphone est officialisée au déplaisir de Déméter, Hadès ne rêve plus que d'en faire sa reine des Enfers. Mais alors que sa bien-aimée hésite, cherchant d'abord à s'affirmer dans son nouveau rôle de déesse, lui-même est aux prises avec des affaires de plus en plus préoccupantes. Surtout depuis qu'Héra s'est mise en tête de renverser Zeus et qu'Hadès lui est refusé son concours, ne voulant pas déstabiliser l'Olympe. Pour autant se la mettre à dos alors qu'il souhaite se marier n'est peut-être pas l'idée du siècle. D'ailleurs, elle le met au défi de réaliser douze travaux pour elle en échange de sa bénédiction sur sa future union. Mais est-il bien raisonnable de rentrer dans le jeu d'une déesse bafouée et en colère ? 

Mon avis :

Réécrire l'histoire d'Hadès et Perséphone à travers le regard d'Hadès donne l'opportunité à Scarlett St. Clair de se réapproprier d'autres mythes afin qu'ils servent habilement les intérêts de son récit. Si dans sa première saga, on se frotte de très près aux principaux dieux et déesses du panthéon grecque, notamment à leurs personnalités et à leurs comportements parfois abjectes vis-à-vis des mortels, ce second cycle lui laisse davantage le loisir de jouer avec les mythes en leur donnant une nouvelle orientation. Ainsi, Game of Retribution va tourner autour d'un célèbre épisode mythologique, celui des douze travaux d'Héraclès que l'autrice a détourné pour mettre ici à l'épreuve le dieu des Enfers. Tout comme Héraclès, Hadès subit lui aussi les foudres d'Héra même s'il ne s'agit pas pour lui d'expier sa faute sur ordre d'Eurysthée pour avoir assassiner femme et enfants mais plutôt de complaire à une déesse majeure pour obtenir une faveur. Aussi, au programme des épreuves, il doit notamment affronter l'hydre sans faire usage de ses pouvoirs, bien entendu, histoire de pimenter le jeu, d'autant que le venin demeure une arme mortelle pour les dieux. Scarlett St. Clair nous entraîne ainsi au cœur de l'arène pour vivre de spectaculaires combats dignes des grands péplums. 

Ainsi, la romance est entrecoupée de passages épiques et sanglants qui sont là pour mettre à mal la destinée d'Hadès, pourtant déjà décidée par les Moires. 

En sus de l'histoire d'amour qui se construit en filigrane dans ces romans, la saga d'Hadès laisse les complots prendre davantage le pas sur le reste. Des trahisons sont à l'œuvre et une nouvelle titanomachie est en pleine genèse même si le vent de rébellion n'est pas menée cette fois-ci par les titans mais plutôt par les demi-dieux sous la houlette de Thésée et d'Héra en personne. Fiers de leurs personnes, les puissants Zeus et Poséidon ne voient rien revenir en dépit des avertissements d'Hadès. Lui seul cherche à comprendre ce qui se trame et se cherche des alliés pour venir prendre part à ses côtés lorsque la guerre sera officiellement déclarée.

16/06/2023

Etienne Cunge, Antarcticas, éditions Critic

Etienne Cunge, Antarcticas, éditions Critic 

Après une première version publiée aux éditions Rivière Blanche, Etienne Cunge a décidé de retravailler son roman Antarcticas pour nous en délivrer une nouvelle mouture améliorée. 

Coutumier des récits coups-de-poing sur fond écologiste, à l'image de Synmphonie Atomique, à son tour Antarcticas n'échappe pas à sa marotte d'écrivain. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

2050, les aléas climatiques malmènent de plus en plus l'humanité et l'économie en général. Or, avec le réchauffement, l'Antarctique dégèle libérant peu à peu l'accès à des ressources très convoitées. Aussi, le Grand Blanc est devenu un enjeu majeur, disputé par les écologistes utopistes d'un côté et les industriels opportunistes de l'autre côté. Loin de ces préoccupations, Mike braconne les minerais que recèlent les sous-sols de l'Antarctique, tout en évitant autant que faire se peut, la vigilance des drones et des gardiens écologiques qui veillent à la protection des lieux. Mais sa vie est perturbée par la découverte d'un jeune homme évanoui sur la glace sur le point de se faire tuer par les gardiens mécaniques et pilotés par l'intelligence artificielle. Il n'est pas question pour Mike de ne pas lui porter secours. Seulement, il l'ignore encore mais son acte va changer irrémédiablement sa vie. En effet, Jérémy est un scientifique, porteur d'une découverte que certains veulent voir disparaître alors que d'autres rêvent de s'emparer. Face à la pression grandissante d'un pouvoir politique et économique qui les dépasse, arriveront-ils à faire connaître cette invention révolutionnaire et à donner à l'humanité un second souffle. 

Mon avis :

Avec Antarcticas, Etienne Cunge signe un roman d'anticipation réussi qui nous propulse en 2050. Pour donner un cadre crédible à son récit, il s'est tout simplement inspiré des grandes orientations politiques, économiques, sociales et géopolitiques actuelles pour les projeter dans leurs aboutissements probables. Aussi, l'intelligence artificielle s'est infiltrée dans toutes les strates de la société pour accompagner l'humanité dans sa vie quotidienne jusque dans sa chair, sous la forme d'implants régénérants connectant les humains les uns aux autres. Plus de téléphone dans le futur imaginé par Etienne Cunge avec des gens qui ne communiquent plus que par neurcom, reçus via leurs puces implantées. 

Un progressisme qui induit une société de surveillance généralisée dans laquelle les humains sont traqués et contrôlés en permanence avec des drones et des robots présents partout. 

Sous sa plume naît une Union européenne élargie qui se cache derrière la Grande Barrière nanotechnologique s'étendant de Tallinn au plateau du Golan servant à la fois de douane garantissant l'embargo avec les Califats, de ligne de défense militaire, tout en empêchant l'immigration clandestine. 

Par impuissance ou inertie, le climat n'a eu de cesse de se dérégler multipliant les épisodes de sécheresses, d'inondations et de tempêtes. Les ressources se sont raréfiées au point de rendre stérile les sols provoquant de nombreuses famines. Sans parler de la santé mise à mal par une dégénérescence précoce affectant les organismes humains dont seuls les plus riches peuvent se targuer de pouvoir échapper et allonger la durée de leurs vies grâce à la biologie moléculaire, les nanotechnologies et la génétique associées à l'informatique et à l'électronique. 

10/06/2023

Sue Lynn Tan, La Fille de la Déesse de la Lune, éditions Hugo Stardust

Sue Lynn Tan, La Fille de la Déesse de la Lune, tome 1, Le Royaume Céleste
éditions Hugo Stardust

Après Une Magie Teintée de Poison de Judy I Lin, les éditions Hugo Stardust nous régalent encore une fois avec un nouveau titre de fantasy asiatique. Il est signé par une jeune plume de l'Imaginaire qui se nomme Sue Lynn Tan. 

La Fille de la Déesse de la Lune est le premier tome d'une duologie qui inaugure un cycle fort prometteur pour un premier roman. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo Stardust, je les remercie pour l'envoi surprise de ce service de presse. 

Résumé

Xingyin vit avec sa mère sur la lune sous le sceau du secret car son existence doit rester ignorée de tous et surtout de l'empereur céleste. C'est lui qui a condamné sa mère à rester recluse sur la lune après qu'elle est avalée l'élixir d'immortalité, destiné à son mari en récompense de ses hauts faits. Mais face à la puissance grandissante de ses pouvoirs, Chang'e sait qu'il lui faudra trouver bientôt un autre abris pour sa fille. Or, tout se précipite le jour où l'impératrice débarque avec son ministre pour lui demander des comptes sur l'activité magique anormale détectée dans ce lieu. Mais, les évènements déraillent séparant la suivante de l'adolescente. Sans le savoir Xingyin a rejoint le royaume céleste et fait la connaissance d'un charmant jeune homme qui lui vient en aide. Seulement, Liwei est le fils de son pire ennemi alors peut-elle réellement accepter sa proximité sans risquer de se mettre en danger. Et si la solution pour libérer sa mère de cette malédiction n'est elle pas de naviguer en eux troubles dans ce panier de crabes pour contraindre l'empereur d'intercéder en sa faveur ?  

Mon avis :

Avec La Fille de la Déesse de la Lune, on pousse la porte d'un univers fouillé inspiré de la Chine impériale, et plus particulièrement d'un conte chinois très populaire intitulé, Chang'e s'envole dans la lune. Dans sa première version, l'héroïne Chang'e s'échappe sur la lune après avoir avalé à tort un élixir d'immortalité et d'où elle ne redescend plus. 

Ici, le monde qui naît sous la plume de Sue Lynn Tan se divise en deux avec d'un côté, des royaumes peuplés d'immortels et de l'autre côté, ceux occupés par les mortels. Au fil des pages, on parcourt aussi bien le royaume céleste, le royaume du Phénix que le royaume des démons. On y rencontre de puissants immortels considérés, d'ailleurs, par les mortels comme des divinités. Pour passer de l'un à l'autre, on emprunte des nuages. La lune elle-même est éclairée par une allumeuse de bougies qui y vit recluse depuis qu'elle y a été exilée par l'empereur. Chaque immortel possède une puissante magie qui prend sa source dans son énergie vitale et dans les éléments qui l'entourent. En outre, on y croise également de mythiques créatures à chasser ou à protéger selon le danger qu'elles représentent. 

L'ensemble forme un cadre onirique très envoûtant dans lequel l'intrigue s'insère à la manière d'un conte car l'autrice nous y narre le destin épique d'une jeune fille en mettant notamment en exergue ses hauts faits. 

En effet, elle y affronte mille dangers dont le courroux impérial qui s'avère sans doute être le plus mortel de tous. Il faut dire que l'empereur et l'impératrice célestes gouvernent avec férocité et ne pardonnent aucun écart ni omission. Ils imposent un pouvoir qui appelle un respect teinté de crainte aux habitants du royaume céleste, ainsi qu'aux royaumes voisins. En se retrouvant à leur service bien malgré elle, Xingyin va les côtoyer de très près. Or, leur proximité va alourdir l'ambiance par un sentiment d'oppression, enfermant peu à peu le personnage principal.

Si le début du roman adopte un rythme lent car Sue Lynn Tan a choisi de prendre son temps pour poser le décor de son récit, elle accélère nettement les évènements par la suite poussant son héroïne à combattre des monstres ou à rivaliser d'ingéniosité pour déjouer les plans machiavéliques d'ennemis insoupçonnés. 

Au fil des chapitres, l'intrigue se complexifie car l'autrice introduit des éléments captivants, provoquant moult rebondissements, dont certains demeurent tout de même prévisibles pour un lecteur confirmé. 

La Fille de la Déesse de la Lune est un récit fluide fort plaisant à lire. L'intrigue s'enroule autour d'un trio de personnages dont on apprécie la compagnie. 

02/06/2023

Emmanuel Chastellière, Himilce, éditions Argyll

Emmanuel Chastellière, Himilce, éditions Argyll 

Avec déjà huit livres au compteur, Emmanuel Chastellière a prouvé qu'il n'est pas la voix d'un genre unique car ses romans adorent faire rayonner l'Imaginaire au sens large.

A ce titre, vous les retrouverez classés dans des rayons différents en fonction du libraire ou du bibliothécaire, contentant ainsi bien des lecteurs. 

Après deux excursions aux accents uchroniques sur la lune avec Célestopol et Célestopol 1922 et deux chevauchées à la saveur âcre de la poudre au cœur du Coronado avec L'Empire du Léopard et La Piste des Cendres, j'étais très curieuse de me plonger dans son nouveau roman, Himilce où l'on remonte le temps pour rejoindre la fière Carthage.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Himilce, princesse ibère est donnée en mariage au général Hannibal Barca pour consolider une alliance entre son père, le roi de Castilo et Carthage afin de lutter contre l'hégémonie romaine. Après l'avoir suivi pendant un an dans ses campagnes militaires, Hannibal préfère envoyer son épouse auprès des siens pour la mettre à l'abri de toute forme de représailles. C'est ainsi qu'elle débarque dans la cité carthaginoise, seulement accompagnée d'un garde numide prénommé Aspar, où elle va devoir tant bien que mal trouver sa place. Mais y arrivera-t-elle seulement ?

Mon avis :

Avec Himilce, Emmanuel Chastellière a posé ses valises à Carthage, en 218 av. J.-C., alors que la deuxième guerre punique opposant Carthage à Rome est engagée. Or, pour s'assurer de la loyauté du peuple ibère et bénéficier du positionnement stratégique de la capitale de l'Oretania, le général Hannibal Barca qui a pris la tête des troupes carthaginoises, épouse la princesse Himilce et l'envoie pour sa sécurité dans sa famille où l'on va la suivre pas à pas. 

On ne va donc pas escorter ici ce célèbre général dans ses conquêtes et ses défaites mais plutôt s'intéresser à son épouse qui se retrouve propulsée en terre inconnue au milieu de personnes indifférentes, voire hostiles. Néanmoins, même sans être sur le front, on goûte entre ces lignes aux répercussions du conflit qui pèsent sur la capitale et ses habitants. Cela est d'ailleurs propice aux rivalités politiques où des factions cherchent à destabiliser le pouvoir pour mieux s'en emparer. Ici, deux clans s'affrontent avec d'un côté, les conservateurs menés par l'illustre homme politique et fin stratège Hannon le Grand qui sont contre la guerre et de l'autre côté, les réformateurs qui soutiennent la famille Barca dans leur bras de fer contre Rome. Un contexte politique qui sert l'intrigue d'Emmanuel Chastellière car il y voit là l'occasion de laisser proliférer des machinations ponctuées de trahisons inattendues. 

Finalement, on est vite happé par la tournure que prend l'intrigue portée par de nombreux rebondissements qui, il faut le dire, nous tiennent complètement en haleine. L'auteur se sert de réalités historiques ou de pratiques cultuelles pour paver son récit de mystères à résoudre, auréolé d'un sentiment d'inquiétude diffuse. 

29/05/2023

Johan Heliot, Guerre & Peur, éditions Mnémos

Johan Heliot, Guerre & Peur, éditions Mnémos 

Considéré par beaucoup comme le maître de l'uchronie française, Johan Heliot cumule déjà au compteur plus de 80 titres. 

Pour ma part, ce n'est que très récemment que l'occasion m'ait été donnée de lire deux de ses romans : La Fureur des Siècles (éditions Critic) et Bloodsilver (éditions Mnémos) et je dois dire que l'alchimie a pris instantanément avec cette plume qui se joue habilement de l'Histoire. 

Après la Conquête de l'Ouest et la Renaissance, le voici qui m'entraîne, avec son nouveau roman Guerre & Peur, dans le XXe siècle dévasté. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

1923, le jeune Jean Valmont s'apprête à rejoindre le front car la guerre opposant les Français aux Allemands perdure depuis dix ans. C'est le cœur déchiré de devoir quitter les siens et enserré par une peur panique de mourir que Jean débarque dans les tranchées pour participer à son premier affrontement. Mais alors qu'il pense sa derrière heure arrivée, il est le seul survivant au massacre de son bataillon. Doit-il ce miracle à un coup de chance ? Il n'y croit plus lorsqu'il voit débarquer un haut gradé lui demandant de le suivre. En effet, celui-ci lui confirme qu'il est devenu un être particulier en développant une capacité l'empêchant de mourir et lui propose de rejoindre son escouade afin de participer à une mission de la plus haute importance, à savoir mettre fin à la guerre. Seulement des forces obscures sont à l'œuvre, alors arriveront-ils à leur fin ? 

Mon avis :

Sous la plume de Johan Heliot, la Première Guerre Mondiale joue les prolongations et s'étire en longueur au point d'avoir quasiment essoré les deux camps. Or, face à cette impasse, les chefs d'Etat-Major eux-mêmes souhaitent trouver une sortie à ce conflit insensé. Mais, c'est sans compter l'intervention d'un inquiétant personnage se faisant appeler le Maître de la Terreur. C'est un véritable fauteur de troubles qui ne souhaite absolument pas le retour de la paix. 

Comme dans tout récit uchronique, on assiste donc à un défilé de personnages historiques qui viennent habilement prendre place entre ces lignes pour connaître un tout autre destin. 

Comme à son habitude, Johan Heliot a mis sa créativité au service de son imaginaire en insufflant une bonne dose d'onirisme à son texte. Celui-ci s'exprime par les dons particuliers que certains élus ont pu développer à travers la peur qui fait office ici de moteur. Il est de notoriété que cette dernière est un excellent outil pour influencer l'opinion, alors transformer son ascendance sur les esprits en pouvoir est une trouvaille plutôt ingénieuse. Clairement cela fonctionne bien ici pour donner naissance à une poignée de supers-héros qui n'ont pas à rougir de ceux tirés des premiers comics. Poigne d'acier, invisibilité ou immortalité, vous remarquerez que leurs dons n'ont rien de novateur mais pourtant s'avèrent bien utiles pour remplir les missions assignées. Elle n'est pas des moindres d'ailleurs puisqu'il s'agit de sauver l'Europe de l'extinction si ce conflit meurtrier devait encore continuer.