Gilberto Villarroel est un scénariste et un producteur chilien pour la télévision et le cinéma. En 2016, il produit une série documentaire sur Thomas Cochrane, un célèbre amiral qui s'est notamment illustré dans les luttes pour l'indépendance du Chili et du Pérou. Or, fasciné par ce destin hors du commun, Gilberto Villarroel s'est lancé dans l'écriture d'une fiction uchronique agrémentée de notes fantastiques.
Publié comme un tome 3, Lord Cochrane et le trésor de Selkirk prend la suite de Cochrane vs Cthulhu et Lord Cochrane vs l'Ordre des Catacombes même si chronologiquement, il peut se lire avant ce dernier.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi surprise de ce service de presse qui m'a donné une bonne occasion de goûter à cette plume aventureuse.
Résumé :
Chili, 1822. On retrouve Lord Cochrane et son équipage à bord du Rising Star, amarré dans la baie de Valparaiso, peu de temps avant le tremblement de terre suivi du tsunami qui a dévasté la ville. Après avoir aidé à la recherche des survivants et sauver le général O'Higgins en le sortant des décombres de sa maison, ce dernier lui a confié un secret à propos du corsaire Alexander Selkirk qui aurait caché un trésor sur l'île Robinson Crusoe. Il n'en faut pas plus à l'amiral pour éveiller sa curiosité et projeter d'y faire escale avant de rejoindre sa nouvelle affectation auprès de Pierre Ier en servant dans la marine brésilienne. Que découvrira-t-il sur cette mystérieuse île et quel sombre danger va encore le guetter dans cette nouvelle aventure ?
Mon avis :
Dans sa saga, Gilberto Villarroel s'est attaché à suivre chronologiquement la carrière, émaillée de coups d'éclat, de Thomas Cochrane. En effet, celle-ci donne à son récit un cadre d'action solide auquel il a ajouté une dimension fantastique à travers l'introduction d'éléments de la mythologie horrifique de H.P. Lovecraft. Chaque tome se lit comme un roman d'aventure maritime qui s'ancre autour de la figure charismatique de l'amiral Thomas Cochrane.
Fils d'un comte écossais, il entre très jeune dans la marine britannique et monte rapidement en grade. Dès son premier commandement, il capture une cinquantaine de navires ennemis en un peu plus d'un an. Bon tacticien, il marque les esprits à la bataille de l'île d'Aix et l'utilisation des brûlots qui a failli détruire l'escadre française. En 1818, il participe aux guerres d'indépendance hispano-américaines en rejoignant la marine chilienne et s'est également joint à l'expédition pour libérer le Pérou entre 1820 et 1821, permettant à José de San Martin d'en proclamer l'indépendance. Mais plutôt que de prendre part à la guerre civile qui s'ensuivit après ces événements, Thomas Cochrane a préféré quitter le Chili pour le Brésil. Or, c'est dans ce contexte de ces années cruciales pour Lord Cochrane que Gilberto Villarroel a choisi d'introduire l'intrigue de ce présent roman. En effet, l'auteur a profité de son départ de Valparaiso en compagnie de l'écrivaine Maria Graham et de leur escale à l'archipel Juan Fernandez pour nourrir une nouvelle intrigue mêlant chasse au trésor et piraterie. N'y a-t-il pas, d'ailleurs, de lieu plus propice pour dissimuler des mystères à exhumer, laissés par le plus célèbre des naufragés inspirant Daniel Defoe pour l'écriture de son livre Robinson Crusoe. Le procédé est habile car il permet à la fois de rendre hommage à une œuvre majeure de la littérature anglaise et de préparer le terrain en disposant les éléments introductifs de son prochain volet.
Derrière son récit uchronique mettant en valeur une figure controversée mais non moins marquante pour le destin de sa patrie, Gilberto Villarroel virevolte avec une certaine ingéniosité entre fiction et réalité pour inviter un certain H.P. Lovecraft à prendre part aux festivités. A son tour, il a voulu célébrer l'héritage lovecraftien en faisant de Cthulhu une obsession de son personnage principal.