Février marque le retour des pépites de l'Imaginaire des Indés de l'Imaginaire. Pour les éditions Mnémos, cette année est encore l'occasion de mettre en lumière une nouvelle plume. Il s'agit de Louise Jouveshomme qui signe avec Neighian un premier roman fort ambitieux.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
Depuis l'instauration du Conseil de l'Union, une paix relative s'est installée sur le Continent mettant fin aux luttes intestines. Chaque représentant des différents Etats y siège pour maintenir les relations diplomatiques au beau fixe, tandis que la compagnie des Neighians assure le maintien de l'ordre, notamment face à la menace toujours plus grande de l'Ombre et de ses Pervertis. Mais, tout vacille le jour où l'héritier du royaume des Elfes assassine le dominant de la Meute. Alors que la guerre menace à nouveau d'éclater, la Neighian Heltia est chargée d'accompagner un Elfe dans une mission de la dernière chance pour tenter d'innocenter le peuple elfique quant à l'orchestration de cet assassinat. Pour autant, leur action pèsera-t-elle dans la balance ?
Mon avis :
Dans Neighian, Louise Jouveshomme donne vie à un univers très riche peuplé en partie par des créatures issues du bestiaire merveilleux, affranchies ou non de leur archétype. Ainsi, les vampires qui naissent sous sa plume n'ont pas besoin de sang pour se substanter, pas plus qu'ils sont incommodés par le jour. En revanche, les nains exploitent toujours les filons de minerai au cœur de la montagne et les Elfes sont fidèles à eux-mêmes, à savoir des êtres fiers et éthérés. Mieux encore, l'autrice y a même ajouté quelques inventions de son cru pour étoffer son univers en lui donnant notamment une plus grande diversité. Ainsi, dix peuples vivent ici sous le patronage des fées.
Mais le merveilleux ne s'exprime pas uniquement par cette cosmogonie opulente. En effet, la magie s'installe également au fil des chapitres même si elle soulève surtout la méfiance. Le pouvoir y est malvenu à cause de l'image négative véhiculée par les Pervertis à travers la menace qu'ils constituent. Louise Jouveshomme pose donc les bases d'un système de magie intéressant, renforcé par une perception inédite qui questionne les lecteurs avides d'en comprendre tous les mécanismes.
Clairement, l'autrice a fait un gros travail pour donner de la cohérence à son roman. Elle fait, d'ailleurs, preuve d'un vrai souci du détail pour bâtir une société cohérente, basée sur le modèle d'Etats rivaux ou alliés dans laquelle la traitrise s'invite pour manipuler à qui mieux mieux. Plus qu'un cadre d'action, le monde imaginé par Louise Jouveshomme sert véritablement d'écrin pour accueillir ses intrigues politiques. En effet, le point fort de ce récit réside bien dans l'enchevêtrement de complots ourdis dans l'ombre. Ainsi, entre ces lignes une machination est à l'œuvre et utilise allègrement les personnages comme des pions pour atteindre son objectif. Dès lors, on est de suite happé par ces renversements de pouvoir qui nous tiennent littéralement en haleine, d'autant que le rythme y est soutenu et la narration très fluide.
En outre, Louise Jouveshomme s'appuie sur une poignée de protagonistes à la personnalité plutôt secrète. Complexes, ils ne se révèlent que par petites touches parcimonieuses, à coup de déclarations impromptues ou de souvenirs inattendus. Heltia incarne sans surprise une dure à cuir. Après tout, elle est une mercenaire. Résistante à la douleur, elle l'est, au vu des souffrances corporelles et morales qu'elle va devoir surmonter. Pourtant sous une impassibilité de façade et une détermination sans faille se cache une femme qui commence par douter, puis qui réclame vengeance. Elle s'avère donc être pleine de surprises, d'autant qu'elle dissimule sa vraie nature au regard de tous ceux qui manquent de perspicacité. Elle demeure donc une énigme que l'on a juste envie de percer à jour. Tout comme Melion de Fadren qui représente un peu son pendant masculin dans le sens qu'il est tout aussi taiseux qu'elle sur son passé et même sur ses réelles intentions. Finalement, on sait peu de choses sur cet être qui demeure à nos yeux fort insaisissable, si ce n'est qu'il ne manque pas d'héroïsme. En effet, pour peu qu'il ait une chance de sauver les siens et d'empêcher la guerre, il est prêt à se sacrifier lui-même s'il le faut. Honorable et courageux sont les deux qualificatifs qui nous viennent spontanément à l'esprit pour qualifier cet Elfe. Mais avec ce premier tome, Louise Jouveshomme ne fait qu'effleurer le portrait de ses personnages qui ne demandent qu'à s'émanciper pour mieux se révéler au prochain volet.
En conclusion :
Avec Neighian, Louise Jouveshomme a utilisé tous les ressorts narratifs qui font le succès d'un livre : conspiration, duperie et tension. Entre un imaginaire fouillé et une intrigue bien ficelée, on ne décroche pas un seul instant de notre lecture et on demeure même frustré quand le point final de ce tome 1 se profile à l'horizon. Vivement la suite !
Fantasy à la Carte
A lire sur le blog, mon avis sur le tome 2.
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