L'influence du "gaming" à la littérature

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08/09/2022

Tracy Deonn, Légendes-vives, tome 1, Legend Born, éditions J'ai Lu Imaginaire

Tracy Deonn, Légendes-vives,
 tome 1, Legend Born
éditions J'ai Lu Imaginaire 

Best-seller du New York Times, Indie Bestseller, lauréat du Coretta Scott King Award et du Ignyte Award, et finaliste des prix Hugo et Nebula, le premier volet de Legend Born fait donc une entrée remarquée dans le paysage littéraire de l'Imaginaire. Son autrice Tracy Deonn y propose une fantasy contemporaine qui interroge la société américaine en la confrontant au passé. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu Imaginaire, je remercie Chaïma pour l'envoi de ce service presse. 

Dévastée par la mort prématurée de sa mère, Bree Mathews intègre le programme anticipé de l'université de Chapel Hill, en Caroline du Nord, pour tenter de mettre de la distance avec son chagrin. Or, quelques jours après son installation sur le campus, elle assiste, bien inopinément, à une attaque magique lui révélant, de facto, l'existence d'un monde parallèle et secret qu'elle ne soupçonnait pas. Mais alors qu'elle devrait s'en tenir éloignée, elle est, au contraire, irrémédiablement attirée comme si ce monde l'appelait. Et si tout ce en quoi elle croyait n'était qu'illusion ? 

Legend Born prend cadre dans une Amérique contemporaine, baignant même le lecteur dans une ambiance universitaire. En effet, l'intrigue du premier tome se déroule exclusivement sur le campus de Chapel Hill car non seulement les lieux sont familiers à l'autrice qui y a fait ses études mais servent également pleinement son récit de par son héritage historique et l'existence de ses nombreuses sociétés secrètes. 

Aussi, Tracy Deonn a fait de Chapel Hill un environnement idéal pour donner naissance à la confrérie qui nous occupe ici, l'Ordre de la Table Ronde. Marquée par ses propres lectures de fantasy et notamment les légendes arthuriennes qui ont servi de berceau au genre, Tracy Deonn s'est habilement réappropriée le mythe pour questionner la société sur ses problématiques actuelles. 

Dans son imaginaire, la magie existe mais seuls quelques élus en sont les dépositaires. Il s'agit des simples-vives qui sont appelés ou non à devenir des légendes-vives suite à l'appel du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde, disparus il y a quinze siècles. En effet, lorsque le monde est menacé par des ombres-vives, autrement dit des créatures démoniaques, annonçant ainsi un nouveau Calamm, Arthur bat le rappel de ses preux qui se réincarnent dans leurs héritiers pour empêcher le monde de sombrer. 

Mais, à côté de cette magie plutôt agressive car elle prend plutôt qu'elle n'emprunte pour nourrir l'æther, existe une autre plus douce que l'autrice qualifie de racinart, directement inspiré par le hoodoo dans certains de ses rites comme la vénération et la communion avec les ancêtres ou la prédominance des prières de protection. Ce choix narratif permet de rattacher le récit à une réalité historique et spirituelle qui a forgé l'Amérique donnant ainsi à ce système de magie une vraie crédibilité. 

Tracy Deonn nous attache aux pas d'une héroïne afro-américaine qui, en rejoignant l'université, va vite être confrontée au racisme et au mépris de classe, empoisonnant la société en général, et particulièrement ce conservatisme américain qui prône la domination de l'homme blanc. En mettant en exergue l'héritage de l'esclavage, l'autrice met notamment l'accent sur l'importance de la transmission de génération en génération afin de ne pas oublier le passé car il explique le présent comme ici elle nous rappelle que l'Amérique s'est ainsi construite sur le sang de nombreux noirs, sacrifiés sur l'autel de l'enrichissement de riches propriétaires. 

Ici, l'université se fait le miroir de la société, à travers ses nombreuses confréries qui réunissent des gens selon certains critères tout en excluant les autres. Le ségrégationnisme a la dent dure comme en témoigne l'Ordre de la Table où certains membres se crispent à l'idée  d'accueillir des gens de couleur ou se considérant comme non binaire. Ainsi, les conditions sont idéales pour aborder cette épineuse question de l'intolérance ayant toujours cours dans la société vis à vis des normes édictées par une certaine élite. 

Finalement, Legend Born est un cycle très riche qui analyse avec beaucoup d'intelligence des thématiques fondamentales à la littérature Young-Adult telles la diversité, la tolérance ou la transmission pour aider la jeune génération à forger une société plus juste. 

02/09/2022

Élisabeth Ebory, La Famille de l'Hiver et le Roi-Fée, éditions Les Moutons électriques

Élisabeth Ebory, La Famille de l'Hiver et le Roi-Fée, éditions Les Moutons électriques

Cette année, Les Moutons électriques mettent de la féerie dans la rentrée de la fantasy en conviant la sublime plume d'Élisabeth Ebory.

Comme en témoigne son premier roman, La Fée, la pie et le printemps, le monde des fées est un univers de prédilection où elle excelle. Alors la découvrir à l'affiche de cette rentrée des Indes de l'imaginaire porte déjà le goût d'une merveilleuse retrouvaille.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Erwan pour l'envoi de ce service de presse. 

Orégane et Marcus sont liés par une belle amitié. Alors qu'elle est une fée exilée sur la terre des hommes, lui est un simple humain rejeté par les siens, à commencer par sa propre famille. Tous deux se mettent en quête du Sidh pour notamment y retrouver un mystérieux héros qui visite les rêves de Marcus. Arrivés sur les lieux, ils sont vite pris dans le tumulte des événements qui bousculent la paix du territoire des fées. En effet, un être se faisant appeler le brouillard-qui-rit accompagné d'une horde de spectres sèment la panique dans les rues tout en critiquant le pouvoir du Roi-Fée. Pourront-ils aider à clarifier la situation, tout en affrontant leurs propres démons du passé ? 

La Famille de l'Hiver et le Roi-Fée nous immerge dans un cadre fabuleux inspiré particulièrement par la mythologie irlandaise. En effet, Elisabeth Ebory nous entraîne dans l'Autre-Monde, communément appelé Sidh, où naguère les Tuatha de Danann ont trouvé refuge après que l'Irlande ait été conquise par les Milésiens. C'est ainsi que ces dieux déchus sont devenus des fées régnant sur de vastes royaumes sous la terre. 

L'autrice s'est donc nourrie de différents mythes pour construire son propre univers comme lorsqu'elle emprunte à la mythologie slave une certaine déesse associée à l'hiver du nom de Morana ou encore du folklore breton à travers la figure de l'Ankou, pour ne citer que ces deux références. 

En outre, si elle a conservé des éléments notables tirés de la mythologie celtique comme le fait que le Sidh ne soit accessible que sur invitation d'une Bansidh, Élisabeth Ebory a surtout imaginé ici un Sidh meurtri par le lourd tribut payé aux dieux qui ont traqué les fées et même tué leurs enfants. Or, sous l'impulsion du Roi-Fée qui, à coup de manigances et d'omissions, tente de guérir son peuple de ses traumatismes et recherche même par tous les moyens à faire renaître leur puissante magie disparue. Seulement, on n'efface pas de profondes blessures aussi facilement et les fantômes de ces vies volées sont de retour pour demander des comptes. 

Ainsi, la plume d'Élisabeth Ebory donne ici vie à une féerie toute en clair obscur qui émerveille autant qu'elle rend triste. Emprunte d'ombre et de lumière,  l'intrigue de La Famille de l'Hiver et le Roi-Fée confronte finalement les fées à des drames très actuels comme la montée de la haine entre les peuples, l'instauration d'une vive intolérance, l'escalade de la violence allant jusqu'à des représailles sanglantes et mortelles. Tourmenté par ces mêmes affres, le peuple des fées réclame justice sous peine de laisser l'ire collective s'emparer de leur cœur et de s'abattre sur le monde. A travers son roman, Élisabeth Ebory met clairement en exergue les failles de notre société qui emprisonne les gens dans un modèle sociale étouffant tout en les empêchant d'être eux-mêmes dans toutes leurs différences.

27/08/2022

Jean-Philippe Jaworski, Le Chevalier aux Épines, volume 1, Récits du Vieux Royaume, éditions Les Moutons électriques

Jean-Philippe Jaworski, Le Chevaliers aux Épines, Volume 1, 
Récits du Vieux Royaume
éditions Les Moutons électriques

Oyez, oyez , Gentes Dames et Nobles Damoiseau, je me fais le héraut d'une grande nouvelle qui ravira les amateurs de la plume de Jean-Philippe Jaworski. 

En effet, en janvier 2023, le célèbre auteur de fantasy française repose ses valises au Vieux Royaume pour nous entraîner dans une nouvelle aventure épique portée par votre serviteur du Service des dames et où un illustre spadassin de votre connaissance pourrait y faire quelques apparitions.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Erwan pour l'envoi de ce service de presse. 

Après avoir fait faux bond à la duchesse Audéarde de Bromael lors de son procès, le chevalier Ædan de Vaumacel semble bien décidé, un an après les faits, à vouloir restaurer son honneur et celui de la dame. Or, cela tombe bien car un tournoi est organisé par les fils de la duchesse déchue afin de confronter les partisans du duc de Bromael, alors notre célèbre chevalier va donc pouvoir y défendre les couleurs d'Audéarde. Seulement, il semble encore une fois accaparé par une affaire des plus pressantes, la disparition de quelques enfants de manants. Toutes à ses préoccupations, arrivera-t-il à temps pour honorer ses joutes ? D'autant que l'instant n'est pas tellement à la liesse avec des esprits qui s'échauffent vite et menacent même la fragile paix instaurée. 

Changement d'ambiance avec Le Chevalier aux Épines où Jean-Philippe Jaworski nous immerge dans un récit épique qui prend la suite de son roman, Le Service des dames. Pour n'avoir lu, pour le moment, que Gagner la Guerre, lire cette fantasy chevaleresque a été une nouvelle expérience littéraire pour moi. Clairement, Le Chevalier aux Épines se nourrie autant de la matière de Bretagne que de la Chanson de Geste. Sur le modèle du cycle arthurien qui nous conte les aventures de la classe noble et guerrière à l'époque du légendaire roi Arthur, Jean-Philippe Jaworski s'en est inspiré pour tisser son intrigue autour des rivalités des puissants du Vieux Royaume. A coup de tournois ou de quête héroïque, les protagonistes de cette histoire nous transportent dans un tourbillon de péripéties à l'issue belliqueuse inéluctable. Par ces descriptions très précises du déroulement des tournois, le respect des règles de la chevalerie ou encore la notion d'amour courtois, on ressent pleinement l'influence des textes de tradition celtique. Une appréciation renforcée ici par l'irruption du merveilleux trahissant ainsi le mysticisme propre à l'héritage celte. 

Une touche fabuleuse qui surgit de manière inattendue pour venir influencer les événements en prenant, par exemple, la forme d'une enchanteresse. Dans son récit, l'auteur démontre son attachement au cycle arthurien en parsemant notamment son texte de clins d’œil ou d'emprunts au mythe, à l'image de ce Méléagant qui, lui aussi, se fait le ravisseur d'une dame. A grand renfort de longs poèmes dignes des plus belles Chansons de Geste, la plume de Jean-Philippe Jaworski se montre une nouvelle fois très stylisée pour nous conter des hauts faits qui ont marqué la Léomance. 

23/08/2022

Jean-Philippe Jaworski, Gagner la Guerre, editions Les Moutons électriques

Jean-Philippe Jaworski, Gagner la Guerre, éditions Les Moutons électriques

De la nouvelle au roman, Jean-Philippe Jaworski s'est très vite imposé comme un auteur phare de la fantasy française. 

Avec ses 230 000 exemplaires vendus, son roman Gagner la Guerre caracole en tête des classiques du genre. 

Il était donc temps que je le lise, d'autant que je l'ai dans son édition limitée, tirée à seulement 3000 exemplaires que les Moutons électriques ont publié en 2020. Or, il fallait bien un si luxueux écrin pour accueillir les récits du Vieux Royaume. 

Dans Gagner la Guerre, on retrouve Benvenuto Gesufal chargé d'une mission secrète pour le compte du Podestat auprès du Chah Eurymaxas afin de mettre un terme à la guerre opposant la République à Ressine au profit exclusif de Léonide Ducatore lui-même. Voilà une tâche bien ingrate pour l'homme de main qui va d'ailleurs le conduire à commettre un acte de trahison et finalement lui coûter fort cher, y compris dans sa propre chair. Mais peut-on réellement dire non à l'homme le plus puissant de Ciudalia. 

Pour nourrir l'univers qui sert d'écrin à son roman Gagner la Guerre, Jean-Philippe Jaworski s'est inspiré de la Renaissance italienne du XVe siècle. En effet, sa cité Ciudalia qui sert de cadre d'action principal au récit n'est pas sans rappeler Florence sous la coupe des Médicis. D'autant qu'on y retrouve également des familles praticiennes rivales qui luttent pour conserver le pouvoir comme les Médicis le firent pour contrer l'influence des Albizzi, des Alberti et des Strozzi. Ciudalia est donc en but aux mêmes problématiques et voit ses quartiers être aux mains de factions partisanes. De même, les familles praticiennes siégeant au Sénat sont également adeptes du mécénat artistique pour asseoir le prestige social et politique de leur lignée comme cela est de mise depuis la Renaissance. 

Le Vieux Royaume pose donc les bases d'un monde miroir à l'Europe de l'époque moderne, habité par un soupçon de magie. Celle-ci se dessine en filigrane de l'histoire lorsque le narrateur y est confronté. Ces manifestations ésotériques tiennent beaucoup à la nécromancie et sont réservées aux initiés. Pour y être le témoin autant que la victime, Benvenuto Gesufal conserve une méfiance à son égard et s'en tient éloigné autant que faire se peut. 

Gagner la Guerre repose sur une intrigue tissée de complots politiques au cœur desquels Benvenuto Gesufal tente de mettre son esprit et son épée au service de sa survie. Plus souvent ballotté par les événements que maître d'eux,  l'homme de main du Podestat incarne le parfait témoin du jeu de dupes qui anime les puissants de Ciudalia. Entre cabales, trahisons et chausse-trappes, Gagner la Guerre nous dévoile les coulisses d'un pouvoir dévoyé par l'ambition. Sous la plume de Jean-Philippe Jaworski, le récit se déroule comme une partie d'échecs dans laquelle Benvenuto Gesufal n'est pas maître de son jeu promettant ainsi aux lecteurs moult rebondissements très intrigants. 

La force de ce texte tient également au caractère fourbe et parfois fort détestable de son personnage principal. Assassin et joueur invétéré, Jean-Philippe Jaworski n'a pas hésité à lui forcer le trait. Qu'on l'aime ou le déteste, on n'y est juste pas indifférent. Rustre, fieffé et gouailleur, Benvenuto Gesufal est tout en coups d'éclats, capable du pire comme du meilleur. On apprend à le découvrir au fil des pages de ce roman, notamment en prenant connaissance de son passé, ce qui fatalement influe sur notre première impression plutôt entachée par ses odieux et inacceptables comportements.  Benvenuto Gesufal est un être ambivalent et retors que l'auteur se plaît à malmener. Mais tel le chat avec ses neuf vies, le mercenaire semble toujours retomber sur ses pieds. Je dois avouer que l'on se prend vite au jeu de le suivre dans les aventures qui menacent sa vie à tour de bras et finissent immanquablement par nous attacher à lui. 

Bien sûr, je pourrais vous parler également du rusé Podestat et de son insupportable fille, mais je n'en ferais rien, préférant vous laisser le loisir d'apprécier par vous-même ces deux personnalités bien atypiques. 

16/08/2022

Nicolas Texier & Melchior Ascaride, Fumée, collection La Bibliothèque Dessinée, éditions Les Moutons électriques

Nicolas Texier & Melchior Ascaride, Fumée
collection La Bibliothèque Dessinée, 
éditions Les Moutons électriques

La plume de Nicolas Texier, je l'ai découverte avec son roman de fantasy antique, Les Ménades. Mais changement de décor pour son dernier livre qui investit le terrain d'une fantasy plus urbaine. Mieux encore, il a embarqué le talentueux Melchior Ascaride dans son aventure car Fumée a la particularité d'être un roman graphique

Au regard du produit fini, on peut se dire que le mariage entre les deux a bien pris pour nous embarquer dans un road trip fantasmagorique et un tantinet brumeux. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Erwan pour l'envoi de ce service de presse. 

Dans Fumée, on suit les investigations d'un inspecteur de la Sûreté chargé d'enquêter sur la disparition d'une certaine Nicotine. En remontant la piste de cette mystérieuse fée, un faisceau d'indices va le conduire à investiguer du côté d'un trafiquant d'armes et à fréquenter les quartiers les plus chauds. L'affaire s'annonce donc épineuse, d'autant que se frotter à un gros poisson n'est pas exempt de danger. Mais notre inspecteur est trop têtu pour abandonner en cours de route, n'est-ce-pas !

Fumée prend cadre dans le Paris des années 50 que l'on arpente aux côtés de cet inspecteur qui nous balade des locaux du 38 quai des Orfèvres aux quartiers les plus glauques de la capitale en faisant quelques détours de l'autre côté du périphérique. 

De ce Paris sombre et cru surgit le merveilleux sous la forme de créatures féeriques ou mythologiques qui apparaissent comme autant de chimères après lesquelles court le personnage principal de ce livre. Le caractère surnaturel s'harmonise bien ici aux codes du roman noir qui nous plonge dans la réalité sociétale d'une France traumatisée et précaire sous la coupe du crime organisé. 

Sous la plume de Nicolas Texier, l'onirisme se pare d'atours improbables avec une fée de la cigarette aux prises avec les mafieux du coin et pourchassée par une bande de djinns chevauchant des canassons qui semblent sortis tout droit de l'enfer. Éthérée comme la fumée qu'elle dégage, elle demeure longtemps insaisissable autant pour l'inspecteur de la Sûreté que pour ses mythiques poursuivants. Mystérieuse et envoûtante, Nicotine est comme ces drogues dures dont on ne peut se sevrer que dans la douleur. Ainsi, la retrouver tourne à l'obsession pour notre inspecteur, quitte à se faire tabasser par des truands sans scrupules ou à risquer sa carrière auprès d'une hiérarchie sceptique. 

En outre, cette enquête prend vite le goût d'une descente aux enfers pour notre inspecteur qui ne peut s'empêcher d'avoir des réminiscences de cette expérience traumatisante que fut la guerre d'Algérie. En effet, chacune de ses avancées le conduit à faire remonter à la surface de douloureux souvenirs à propos de sa jeunesse perdue qui lui promettait un doux mariage pour laisser place à l'horreur implacable de la violence des combats et aux exactions inhérentes à la guerre, perpétrées sur des peuples innocents. Comme pour conjurer le sort, et peut-être trouver sa rédemption, il ne peut ici abandonner l'idée de sauver Nicotine des griffes du danger qui la menace. 

Fumée dessine les contours d'un univers sombre et violent que l'on découvre à travers le regard tragique et pessimiste que le personnage principal porte sur la société.