L'influence du "gaming" à la littérature

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12/08/2022

Laurène Beles, Les Voix de L'Oporum, tome 1, La Gardienne du Chardon, éditions Les Trois Nornes

Laurène Beles, Les Voix de l'Oporum
tome 1, La Gardienne du Chardon
éditions Les Trois Nornes

Nouvelle venue dans le paysage éditorial de l'Imaginaire français, Les  Trois Nornes a fait le choix d'une ligne éditoriale consacrée aux auteurs et autrices français. 

Rencontrée à l'occasion de la fête médiévale, Fantastorique de Vauréal, en mars 2022, la fondatrice m'a parlée du concept de sa maison d'édition et a su me convaincre de m'intéresser à ses deux premiers romans édités. 

Bien que très curieuse de me plonger dans ces récits forts prometteurs, je n'avais pas encore eu l'occasion de le faire jusqu'à aujourd'hui. Maintenant, c'est chose faite avec le premier tome de La Gardienne du Chardon, signée par Laurène Beles elle-même. 

Londinium, 1887, Isobel Galloway est totalement dévastée, sa sœur vient de mourir. La version officielle est qu'elle s'est suicidée, mais pour Isobel, il est impossible que Blair ait choisi de l'abandonner. Alors qu'elle se promet à elle-même de comprendre ce qui s'est passé, elle doit faire profil bas à la cour de la reine Victoria. Otage de cette immortelle despote comme tous les héritiers des puissances européennes, elle est contrainte d'y faire ses classes afin d'apprendre à maîtriser ses dons. Peu encline à faire des efforts, elle attend son heure pour démasquer les coupables. Mais Victoria a plus d'un ennemi et quand une série d'attentats secoue la capitale, cela pourrait bien mettre à mal les projets de la jeune fille ou au contraire, lui faire voir les choses sous un autre angle, qui sait ? 

Dans La Gardienne du Chardon, Laurène Beles propose une uchronie mêlée à de la fantasy nous plongeant dans un Londres du XIXe siècle totalement revisité. En effet, la découverte de mystérieuses pierres sur le continent africain, au XVe siècle, a considérablement bouleversé la géopolitique du monde. Ainsi, la plume de Laurène Beles donne vie à un découpage géographique et une redistribution du pouvoir sensiblement différents car l'Europe devient ici les Terres Occidentales et est sous le joug de la couronne britannique, l'empire russe, lui, est rebaptisé par le qualificatif de Terres Froides, l'Afrique devient la Confrérie Africaine, les Terres de l'Orient désignent l'empire ottoman, la Chine et l'Inde, également contrôlées par la reine Victoria sont qualifiées de Terres de l'Est, enfin pour l'Amérique, on parle de Confédération de l'Union marquée par la révolte d'indépendantistes qui occupent déjà un territoire, baptisé les Terres Libres

Cette disposition donne la prédominance du monde à la reine Victoria et fait de Londinium et surtout du palais de Buckingham , un enjeu de pouvoir majeur. 

Ce monde uchronique est donc façonné par ces pierres, habitées par des êtres éthérés que l'on appelle sources et qui s'éveillent au contact de certains humains, pouvant également leur servir d'hôtes. Or, ces sources ont offert leurs dons aux hommes à la condition qu'un Gardien soit nommé dans chaque pays pour y garantir la sécurité et la paix. A ce titre, le Gardien exerce donc une bien plus grande influence que les monarques sur leur territoire et même au-delà. Ces pouvoirs conférés par les sources relèvent de la maîtrise de la nécromancie et du contrôle des éléments, et se transmettent de manière héréditaire à travers les descendants des familles régnantes des différents pays. Ils nécessitent un apprentissage qui est dispensé au palais de la reine Victoria afin qu'elle est un parfait contrôle sur la totalité des territoires appartenant aux Terres Occidentales. La magie imprègne donc les pages de ce livre et l'inscrit de fait dans la littérature fantasy, d'autant que l'on y suit Isobel Galloway dans son rattrapage de cours ésotériques afin d'obtenir son examen de Passage. 

08/08/2022

Pierre Grimbert, Le Sang des Parangons, éditions Mnémos

Pierre Grimbert, Le Sang des Parangons, éditions Mnémos

Célèbre depuis son cycle de Ji, Pierre Grimbert s'est très vite imposé comme un auteur de référence pour la fantasy francophone. Il écrit autant pour la jeunesse que pour un public adulte et a enchaîné de nombreuses séries depuis ses premier succès comme Gonelore, 21 lames ou Dragonia

Il signe aujourd'hui un nouveau titre plutôt orienté dark fantasy aux éditions Mnémos qui fait d'ailleurs partie de la rentrée de la fantasy

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Le monde des hommes s'effondre, la terre se meurt. Ils sont savants, chevaliers, mercenaires ou monarques, tous ont été désignés comme les champions par leurs pairs pour mener à bien la quête de la dernière chance. Il s'agira pour eux de se rendre au sein de la montagne sacrée afin d'aller trouver les dieux en leur palais souterrain et de les prier de les sauver en empêchant le monde de se disloquer. Fous, désespérés ou superstitieux, ils sont beaucoup à tenter l'aventure mais combien arriveront-ils au bout et surtout combien ressortiront-ils vivants ? 

Le Sang des Parangons nous plonge dans une fantasy très sombre qui donne le ton dès les premières pages du roman de par l'univers et l'aventure décrits. En effet, on retrouve l'ensemble des acteurs de la quête au pied de cette montagne où des centaines et des centaines de corps s'amoncellent comme vomis par ce mont sacré. Or, ce décor mortifère qui sert de cadre unique de l'action ne peut augurer qu'une entreprise funeste quant à la suite des événements au sein même du repaire des dieux. 

Qui dit exploration souterraine, dit obscurité, passages étroits, parcours labyrinthique infini ou encore hostilité des lieux si déjà occupés, soit autant d’éléments dont Pierre Grimbert se sert pour nourrir l'ambiance angoissante de son roman. D'autant qu'il a même donné à sa montagne une caractéristique fantastique qui donne l'impression aux aventuriers et aux lecteurs qu'un cœur pulse à travers ses parois. Elle exhale une certaine malfaisance qui pèse sur chacun des protagonistes de cette histoire exerçant même des changements sur eux. Plus qu'un simple lieu, cette montagne sacrée dégage une puissante aura à la fois oppressante et fascinante qui en fait une présence omniprésente pour tous ceux qui l'approchent. Ainsi, l'univers décrit touche à l'horrifique interagissant autant avec les peurs les plus profondes qu'avec les plus bas instincts. 

Dans Le Sang des Parangons, Pierre Grimbert a fait le choix de chapitres courts où quelques-uns de ses nombreux protagonistes y prennent la parole chacun à leur tour pour nous conter un bout de cette aventure. Ainsi, grâce à ces multiples points de vue exprimés, on apprécie au mieux l'intégralité des enjeux motivant cette quête insensée. Néanmoins, il est difficile de s'appesantir sur un destin en particulier car les personnages sont trop nombreux et certains sont même très fugaces dans l'intrigue pour même espérer retenir leur nom. 

03/08/2022

Hannu Rajaniemi, Summerland, collection Perles d’Épice, éditions ActuSF

Hannu Rajaniemi, Summerland, éditions ActuSF

Auteur finlandais de science-fiction et de fantasy, Hannu Rajaniemi s'est d'abord illustré avec sa série d'hard science-fiction, Jean le Flambeur, avant de nous proposer, en 2018, un roman indépendant titré Summerland et que les éditions ActuSF ont décidé de publier cet été. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce nouveau service de presse. 

Summerland accueille les âmes des défunts, si et seulement si, ceux-ci ont obtenu un Ticket avant leur mort. La mort n'est donc plus une fin en soi mais est devenue un enjeu de rivalités pour les puissances de ce monde. Et ce n'est pas l'agente gouvernementale Rachel White qui dira le contraire, elle, qui vient de découvrir l'existence d'une taupe soviétique au sein même de Summerland, et que, sous prétexte que celle-ci dispose d'appuis hauts placés, se voit mise sur la touche. Pour autant, acceptera-t-elle cette situation ou au contraire risquera-t-elle sa carrière pour aller au bout de ses convictions ?

Summerland est une uchronie de science-fiction, imprégnée par l'ambiance du roman d'espionnage. 

Influencé par sa propre expérience universitaire en physique mathématiques, Hannu Rajaniemi a mis dans son livre la science et la technologie au service de l'au-delà afin de rendre possible une interaction entre les vivants et les morts. Aussi, des outils techniques interagissant avec l'éther sont mis à disposition des vivants pour communiquer avec les âmes peuplant Summerland ou à contrario, permettre à certains défunts de revenir parmi les vivants en empruntant notamment le corps d'un médium. Sans en dévoiler toutes les subtilités, il est bon de noter qu'Hannu Rajaniemi se fait l'inventeur de toute une technologie complexe qui vient habilement donner du crédit à son uchronie. 

D'ailleurs, celle-ci repose sur un postulat de la Première Guerre mondiale sensiblement différent avec l'usage d'un armement encore plus redoutable et une finalité autre où les empires britannique et soviétique semblent les seuls grands vainqueurs de ce conflit. Sans surprise, il en découle donc une géopolitique dissemblable avec deux acteurs qui s'engagent sur une autre voie politique : la conquête de l'immortalité. 

Or, ce questionnement autour de la vie après la mort fait à la fois écho au spiritisme qui a imprégné la société d'après-guerre qu'au transhumanisme qui s'invite dans la débat moderne, reflétant l'éternelle peur de mourir des humains. 

D'autre part, cette tension qui habite ces deux empires rivaux est intéressante du fait qu'elle permet d'introduire la notion d'espionnage, soit une réalité historique et politique, fort à propos ici car elle vient entourer l'intrigue d'une aura de mystère tout en impulsant du rythme à notre lecture. Outre, l'ingéniosité du cadre uchronique imaginé, la force de ce texte réside beaucoup dans l'investigation menée par cette agente secret au sein même du pouvoir et des agences gouvernementales. 

29/07/2022

Shannon A. Chakraborty, La Cité de Laiton, tome 1, Daevabad, éditions J'ai Lu Imaginaire

Shannon A. Chakraborty, La Cité de Laiton, tome 1, 
Daevabad, éditions J'ai Lu Imaginaire

Écrivaine américaine, Shannon A. Chakraborty a réussi à charmer son public avec sa toute première trilogie qui s'intitule Daevabad. Or, après un gros succès en grand format chez De Saxus, le tome 1, La Cité de Laiton vient d'être publié par les éditions J'ai Lu

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu, je remercie Chaïma pour l'envoi de ce service de presse. 

Le Caire, XVIIIe siècle, Nahri se rêve médecin. Mais en attendant d'avoir réuni suffisamment d'argent pour financer ses études de médecine, elle escroque les crédules en leur promettant de les libérer de l'ensorcellement d'esprits facétieux. Un jour, lors de l'une de ses fausses cérémonies de désenvoûtements, elle libère un esprit maléfique qui la poursuit dans les rues du Caire, déchaînant même une horde de goules à ses trousses. Mais alors qu'elle croit sa dernière heure arrivée, elle invoque involontairement un djinn guerrier qui, contre toute attente, lui vient en aide pour s'échapper de la ville. De là, il lui propose de rejoindre une mystérieuse cité où selon ses dires, elle trouvera toutes les réponses à ses interrogations. Pour autant, suivra-t-elle cet être péremptoire pour affronter l'inconnu et le danger qui va avec ? 

Avec La Cité de Laiton, Shannon A. Chakraborty inaugure une trilogie de fantasy orientale de haute volée. Dès ce premier tome, elle pose les bases d'un univers fouillé qui puise son inspiration dans différents mythes : arabes, iraniens ou mésopotamiens. Aussi, elle a peuplé les pages de son livre de nombreuses figures ou créatures issues de divers bestiaires merveilleux pour venir nourrir un imaginaire méconnu des lecteurs de fantasy anglophone ou francophone. 

Entité prédominante du folklore orientaliste, le Djinn est également le pilier central de cette saga. En effet, l'autrice a imaginé ici plusieurs tribus rivales ou alliées qui empruntent à l'existant ou relèvent de la pure fiction. Six tribus se distinguent entre ces lignes avec les Geziris, les Anyaanles, les Daevas, les Sahrayns, les Agnivanshis et les Tukharistanais. Toutes ont des caractéristiques propres et des lieux de vie différents. Néanmoins, ce sont les Daevas qui nous intéressent plus particulièrement ici puisque l'essentiel de l'action se déroule au sein de leur capitale, Daevabad. Autrefois très puissants, les Daevas se sont vus restreints dans leurs pouvoirs par le prophète Souleymane en personne en représailles du mal qu'ils ont fait à l'humanité. Terre de rébellion, le Daevastana a été également marqué par le renversement de pouvoir par Zaydi al Qahtani qui a éteint la puissante lignée des guérisseurs Nahids. 

22/07/2022

Scarlett St. Clair, A touch of malice, tome 3, Hadès & Perséphone, éditions Hugo New Romance

Scarlett St. Clair, A touch of malice, tome 3, 
Hadès & Perséphone
éditions Hugo New Romance

La série Hadès & Perséphone de Scarlett St. Clair fait son chemin chez Hugo New Romance qui nous propose en ce mois de juillet la publication du tome 3. 

Lu dans le cadre d'un nouveau partenariat avec les éditions Hugo New Romance, je remercie Olivia pour l'envoi de ce service presse. 

L'officialisation des fiançailles d'Hadès et de Perséphone n'est pas du goût de Déméter qui déclenche, en représailles, une tempête de neige, paralysant ainsi la Nouvelle-Grèce. Et comme si cela ne suffisait pas à mettre les nerfs de tous à vif, une secte d'Impies semble vouloir en découdre avec les dieux au point de s'en prendre directement à leurs proches. La tension monte au sein de la population comme chez les Olympiens. Au milieu de ce chaos ambiant, Hadès et Perséphone arriveront ils, pour autant, à faire triompher leur amour et à se marier ? 

Passé la séduction de A touch of darkness, puis l'acceptation de A touch of ruin, le temps est venu pour Hadès et Perséphone dans A touch of malice, de mettre leur couple à l'épreuve du regard des autres, et notamment de celui des dieux. Ainsi, dans ce troisième volet, Scarlett St. Clair met en exergue l'un des éléments fondateurs du mythe d'Hadès et Perséphone, la vengeance de Déméter qui, dans la version originelle prend la forme d'une sécheresse et que l'autrice a transformé dans sa saga en blizzard estival. 

En introduisant le dérèglement climatique qui agit sur les nerfs de tout le monde, y compris ceux des dieux, l'autrice instaure un climat de tension propice à l'avènement d'une nouvelle ère de titanomachie. D'autant que cette situation critique va profiter aux membres d'une secte qui cherchent à attirer l'attention sur eux et à déstabiliser les dieux. 

Dans A touch of malice, Scarlett St. Clair joue beaucoup sur ces deux facettes mythologiques pour venir nourrir son intrigue et bien entendu, complexifier la relation qu'Hadès et Perséphone entretienne. 

C'est vraiment un tome intéressant autant du point de vue de la réécriture du mythe d'Hadès et Perséphone à proprement parlé, que de la réappropriation d'épisodes phares de la mythologie grecque, sans parler du récit rythmé par le danger  que nous offre ce troisième volet. 

D'ailleurs, j'ai particulièrement apprécié ma lecture pour toutes ces raisons qui viennent considérablement enrichir l'intrigue. Mon seul regret est que finalement la guerre qui éclate entre les dieux tarde à venir car elle est longtemps éclipsée par les très nombreuses scènes érotiques qui parsèment les 3/4 du roman et concentrent les deux personnages principaux sur ces instants charnels plutôt que de se préoccuper des enjeux guerriers qui jalonnent le livre.