L'influence du "gaming" à la littérature

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28/09/2018

Bertrand Crapez, L'héritier du roi Arthur, tome 3, Livr'S éditions

Bertrand Crapez, L'Héritier du roi Arthur, tome 3, Livr'S éditions

La sortie du tome 3 de L'héritier du roi Arthur était autant attendu par l'auteur que par ses lecteurs. 

Un an après la lecture du tome 2 qui nous laissait avec bien des questions en suspens, Fantasy à la carte ne cachait plus son impatience d'obtenir toutes les clés de cette intrigue au long court.

Enlevée par Loki lors de la chute de l'Atlantide, Aelyne court un grave danger. Nul ne sait les raisons de cet enlèvement, mais tous se doutent de la gravité des conséquences d'un tel acte. Kadfael ne peut se résoudre à abandonner sa fille entre les griffes de ce dieu fourbe. Ni une ni deux, il s'enrôle avec ses amis Dargo, Merlin et Marwan dans la quête de la sauver. Attachés à leurs pas, ils nous font voyager dans certains des neuf mondes qui forment l'Yddrasil afin de découvrir où Loki se cache et surtout ce qu'il cherche à faire. Plus que de sauver une vie, cette aventure va mettre au jour un vaste complot ourdit par des dieux traîtres et avides. Mais tous grands héros qu'ils sont, seront-ils capables ici de mettre fin à la folie des Dieux? Rien n'est moins sûr car face à une force divine, le courage apparaît comme un simple grain de poussière qui peut vite être balayé. 

Ce troisième tome de L'Héritier du roi Arthur place encore une fois nos héros au cœur de la mêlée. Mais cette fois-ci la charge héroïque promet son lot de morts sanglantes car il ne s'agit pas moins que d'intervenir dans la guerre que les dieux se font. Affaibli le dieu des Dieux, Odin est menacé et trahi par les siens qui lui envient sa place. Comme chacun des romans de cet auteur, une prophétie est à l'origine de ce récit. Ici, on l'a bien compris, elle concerne la succession à la tête du royaume d'Asgard. Elle met clairement en danger Odin et les charognards ne vont pas manquer de sortir du bois pour se jeter sur leur proie. Le titre du roman est suffisamment évocateur pour que l'on se doute qu'un successeur est attendu. La question est de savoir qui sera cet héritier? Les candidats sont nombreux. Et l'enjeu est d'autant plus grand que le mal est à l'oeuvre et il risque d'accoucher du chaos. 

Pour son dernier volet, Bertrand Crapez a cherché à taper fort en faisant courir mille dangers à ses héros. Il les malmène, les blesse, les laisse sur le carreau parfois. Ce roman nous offre sa part de batailles titanesques qui en éclipseraient presque celles menées dans les précédents tomes les faisant passer pour de simples escarmouches. Rompu aux scènes de combat, le récit de Bertrand Crapez prend une tournure de chevauchée fantastique avec toutes ces créatures ailées qu'il met en scène. Le spectacle en ressort grandiose. 

Le troisième opus de L'héritier du roi Arthur met le panthéon scandinave à l'honneur. L'auteur truffe son récit de héros de la mythologie nordique. Il fait souvent référence à certains de leurs hauts faits comme la fameuse partie de pêche de Thor et du géant Hymir. Ici ils se battent aux côtés ou contre le camp du roi de Logres. Il a encore réussi son challenge audacieux de mêler avec talent les vieux mythes à une histoire inédite. 

Ce dernier tome apporte le mot de la fin d'une saga de fantasy bien écrite. Une trilogie qui a permis à une belle plume de sortir de l'ombre. Un auteur qui nous ouvre d'ailleurs la perspective de le retrouver pour un autre cycle arthurien dans les prochains mois. On se réjouit donc d'avance de continuer à lire sa fantasy

Fantasy à la carte
A lire aussi sur le blog mes avis sur les tomes 1 et 2

Bertrand Crapez
L'Héritier du roi Arthur
 tome 3
Livr'S éditions

23/09/2018

Lionel Davoust, Port d'Âmes, éditions Critic

A l'heure d'aujourd'hui, Lionel Davoust est devenu un nom incontournable de la fantasy française. Régulièrement présent aux nombreux festivals du genre, il est impossible de faire l'impasse sur cette plume quand on cherche à faire l'état des lieux de cette littérature. C'est d'ailleurs à l'occasion du festival Cidre et Dragon que Fantasy à la carte a pu le rencontrer. 

Ses romans étant nombreux, il a fallu faire un choix pour commencer à faire connaissance. Le mien s'est arrêté sur Port d'Âmes. En effet il m'a semblé judicieux comme entrée en matière dans l'imaginaire foisonnant de cet auteur. Bien qu'appartenant à un vaste projet d'écriture cherchant à nourrir un univers copieux, Port d'Âmes peut également se lire individuellement. 

D'un simple roman, l'auteur a fait de Port d'Âmes (éditions Critic) une oeuvre magistrale aussi bien du point de vue de sa richesse que de sa subtilité. A travers la trépidante vie d'un jeune noble désargenté, Lionel Davoust nous fait explorer l'incroyable cité franche d'Aniagrad. 

Condamné à huit ans de servitude dans la Marine, Rhuys ap Kaledan débarque contre toute attente à Aniagrad. En vie, plus fringuant que jamais le petit noble devenu le matelot Levant ne rêve que de prendre sa revanche en récupérant son titre de baron et en faisant revivre son domaine. Mais cette ville aussi belle soit-elle n'en demeure pas moins remplie de chausse-trappes. Un retour qui ne sera pas indolore. Au fil des rencontres, il va devoir vite apprendre à jouer sa partition aux notes amères et calculatrices. Car on ne peut survivre en ces lieux sans devenir un bon stratège. Sera-t-il pour autant à la hauteur de son père pour atteindre son but ? 

Lionel Davoust est l'auteur ici d'un roman tout en ambivalence. Tantôt intimiste avec un héros solitaire qui y mène une introspection personnelle grâce à certaines de ses rencontres qui lui ouvrent notamment les yeux et l'amènent à réfléchir. Tantôt de grande envergure à travers cette course menée par le personnage principal pour redorer le blason familial et étancher sa soif de vérité. L'auteur lui-même incarne un peu l'alter-ego de son héros en se faisant parfois poète, parfois intriguant. L'histoire démarre sur une cause noble menée par un protagoniste pétri de bonnes intentions arborant même une grandeur d'âme pour évoluer vers une intrigue menée par un personnage calculateur et froid. 

Un récit qui nous promet de sacrés revirements tout au long du livre. Ainsi, il offre sa dose de suspense de par l’enquête menée par Rhuys tout en délivrant sa part de rêverie poétique grâce au panel de sentiments que va goûter ce héros hors-norme. 

Evanégyre est le challenge incroyable dans lequel cet auteur s'est lancé. Celui d'écrire une série de romans aux intrigues indépendantes mais gravitant dans un monde commun. Un univers coloré et flamboyant qui nous emporte au cœur d'une fantasy fabuleuse. Soutenu par les éditions Critic, Lionel Davoust est l'écrivain français de fantasy à ne pas rater. Son écriture est dotée d'une telle sensibilité et d'un esthétisme qui fait vivre et s'égailler les émotions. Ce qui donne à sa fantasy un autre relief et la met à la portée de tous. 

Fantasy à la carte

Lionel Davoust
Port d'âmes
Editions Critic

17/09/2018

Claire Krust, L'Envolée des Enges, tome 1, éditions ActuSF

L'Envolée des Enges (ActuSF) est la première partie d'un diptyque qui rehausse d'une touche d'originalité cette rentrée littéraire 2018 de la fantasy chez Les Indés de l'Imaginaire. Après un premier essai réussi, Claire Krust a repris sa plume pour nous transporter à nouveau en terres imaginaires peuplées de créatures fantastiques. Cependant point d'univers japonisant comme dans son roman, Les Neiges de l’Éternel, L'Envolée des Enges propose plutôt un monde médiéval riche et dépaysant. 

Ce premier volet se divise en deux parties. La première s'ouvre sur Céléno, une Enge adolescente rejetée par les siens qui vit en marge des autres jusqu'au jour où l'impensable survient. Le pilier sur lequel vit sa communauté d'Enges est attaqué par des hommes. Trop tournés vers le ciel, ils n'ont pas vu venir le coup. Beaucoup sont tués et quelques-uns sont faits prisonniers. Céléno, elle, a profité de la confusion ambiante pour s'emparer des ailes d'un autre Enge en passant à travers sa toile. C'est ainsi qu'elle se retrouve seule, désorientée au pied de son pilier, projetée dans le monde cruel des hommes. Elle va croiser la route d'un Être de l'eau qui va la protéger et l'aider dans sa quête de vengeance. Car un tel crime ne peut rester impuni. D'autant plus qu'il y a des Enges à sauver. La seconde partie, quant à elle, se déroule vingt ans plus tard et se concentre sur Arhan, un jeune servant travaillant comme apprenti-artificier dans l'espoir de racheter sa dette et de retrouver sa liberté. Une situation inconfortable qui le pousse à commettre quelques illégalités afin de se faire de l'argent sous le manteau. Des activités qui vont le mettre en fâcheuse posture tout en lui permettant de faire des découvertes sur lui-même. 

Plusieurs destins sont en jeu dans ce récit. Sauront-ils pour autant capables de trouver la voie de la communication pour vaincre l’adversité qui se dresse devant eux? 

Voici un grand roman de fantasy porté par des personnages forts, auréolés de lourds destins. Des héros en demi-teinte qui cachent une obscurité intérieure, fruit de leur triste passé. Difficile de se faire une place dans une société froide et égoïste sans écorcher son âme et prendre quelques vies au passage. Mais le jeu n'en vaut-il pas la chandelle ? Car se donner pour mission de sauver tout un peuple, n'y a-t-il pas de cause plus noble ? 

L'Envolée des Enges donne la parole aux enfants d'Hélias parmi lesquels on distingue trois races: les Elbes, les Êtres de l'eau et les Enges. Tous disposent de pouvoirs qui atteignent leur pleine maturité à l'âge adulte et leur confèrent une belle longévité. Face à eux, il y a les hommes qui voient leur nombre grossir d'année en année au point d'éclipser les autres races. Claire Krust se sert de son livre pour explorer le cheminement mené par les uns et les autres, s'avérant uniquement motivés par leurs intérêts personnels. En jouant sur différents points de vues, l'autrice chamboule perpétuellement l'avis que les lecteurs se font de son histoire. Elle signe un récit à plusieurs sens et offre une réflexion approfondie sur les comportements humains et non-humains. Finalement la finalité en est la même. Rien n'est ni blanc ni noir, ici ou ailleurs. Mais tout n'est pas dit avec ce premier tome. L'Affaire est donc à suivre avec la seconde partie à venir de ce beau diptyque qui stimule bien la fantasy française. 

Avec une intrigue aussi passionnante, L'Envolée des Enges promet de faire un carton pour cette rentrée des éditions ActuSF. 

Fantasy à la carte
A lire sur le blog, mon avis sur le tome 2, Les Secrets d'Eole

Informations

Claire Krust
L'Envolée des Enges, tome 1
488 pages
978-2-36629-903-8
Editions ActuSF

31/08/2018

Margot Delorme, Le Dompteur d'Avalanches, éditions Les Moutons électriques

La rentrée de la fantasy chez Les moutons électriques rime avec nouveauté. Cette année elle sera marquée par l'entrée au catalogue d'une nouvelle plume qui s'exerce avec charme à la fantasy. Margot Delorme est donc la petite nouvelle des Indés de L'Imaginaire. Elle signe un premier roman brillant qui est à la hauteur des promesses annoncées. 

Écrite à la manière d'un conte, cette fantasy d'un genre différent est une bouffée rafraîchissante. 

Cet esprit avide de liberté, épris de grands espaces et de nature sauvage a nourri son récit de ces paysages montagnards donnant ainsi une atmosphère vertigineuse à son roman. Ce sont d'ailleurs les nombreuses légendes locales qui lui ont insufflé les premières idées de son livre. 

Ditto est un jeune paysan montagnard qui occupe parfois la fonction de guide de montagne lorsque des clients se présentent. C'est justement en attendant l'un de ces groupes en compagnie de son troupeau d'ânes qu'un dragon-cristal, sorti de nulle part, semble décidé de faire de lui et de ses baudets son prochain repas. Alors que l'adolescent croit vivre ses derniers instants, le dragon est emporté par une coulée de neige laissant le garçon miraculeusement indemne. Placés plus haut dans la montagne, les fameux excursionnistes ont assisté à l'étrange scène. Survivre à une avalanche relève un peu de l'impossible sauf si on est un écouleur, un dompteur d'avalanches. Or, Ditto n'y croit pas une seconde d'autant que ce serait jeter l'opprobre sur lui et sa famille. Si c'était le cas il deviendrait ainsi un paria. De retour au village, il est détaillé avec suspicion. La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre. Mais Ditto a décidé d'ignorer l'hostilité et la méfiance ambiantes. Plus tard, curieux de vérifier cette théorie, il teste son soit-disant don. Quelle ne fut pas sa surprise de constater qu'il peut faire écouler les éléments. Seulement il a été négligent et sa grand-mère a assisté à sa petite démonstration. Le criant sur tous les toits illico, il n'a pas d'autre choix que de prendre la fuite pour échapper aux hommes de son village très en colère. Livré à lui-même avec pour seule compagnie la marmotte qu'il a recueilli et qui s'avère être douée de paroles et bonne conseillère, Ditto se lance dans la quête de trouver la Lorlaeï, la nymphe des glaces afin qu'elle le débarrasse de son don. C'est le début d'une grande aventure et un voyage qui promet d'être mouvementé.  

Dans Le Dompteur d'Avalanches (éditions Les Moutons électriques), on retrouve la quête initiatique du jeune garçon à la recherche de son identité, de sa place dans le monde. Difficile pour un adolescent de se retrouver banni par les siens alors qu'il est en pleine transformation. En plus de devoir apprendre à maîtriser ses pouvoirs, il doit appréhender la solitude, l'exclusion et survivre dans un milieu hostile. Il se frotte de plein fouet à une xénophobie rurale. Vivant dans un lieu reculé, il y a un total rejet de l'inconnu. Il doit donc faire face à l'ignorance et se faire de nouveaux repères. Heureusement pour lui, il est accompagné par une petite ménagerie qui s'avère être de sacrés trublions. Dans ce livre, Ditto s'apparente un peu à une Alice aux Pays des Merveilles de la montagne. Comme elle, il va devoir affronter mille dangers, rencontrer de drôles de créatures parlantes et faire face à une horde de fous furieux qui en veulent à sa peau. Non pas pour lui couper la tête mais plutôt pour "éteindre" son pouvoir. 

Dans l'univers magique de Margot Delorme, les détenteurs de pouvoir sont désignés comme des Ardents pour les plus modérés et comme des Incandescents pour les plus puissants. Ditto fait d'ailleurs partie de cette seconde catégorie. En effet, depuis que son pouvoir s'est éveillé, il ne cesse de croître. A l'affût du moindre conseil, il va vite prendre conscience qu'il ne pourra pas se fier à n'importe qui. Car comme dans tout monde où la magie existe, les anti-magies sont légions. Dans Le Dompteur d'Avalanches, ces fanatiques religieux qualifiés d’Éteigneurs sont pour le moins virulents. Ils traquent leurs cibles et les torturent jusqu'à ce que plus une once de pouvoir ne coule dans leurs veines. C'est à ce funeste destin que notre jeune apprenti tente d'échapper. 

Proche du style de C.S. Lewis avec son célèbre Monde de Narnia, Margot Delorme donne également la parole aux animaux. Ainsi, la plupart des compagnons de Ditto marchent à quatre pattes, parlent et ironisent beaucoup. Ce qui donne une touche de burlesque à un roman qui cache en réalité une profonde réflexion sur des thématiques d'actualité. 

Avec Le Dompteur d'Avalanches, Margot Delorme fait une entrée pleinement réussie dans les littératures de l'Imaginaire. Longuement mûri, son texte est un petit bijou d'émotion, de drôlerie, d'absurdité parfois et d'aventure.


Fantasy à la carte

Margot Delorme
Le Dompteur d'Avalanches
Editions Les Moutons électriques

26/08/2018

Xavier Mauméjean, Car Je Suis Légion, éditions Mnemos

Grâce au grand concours de l'été organisé par les éditions Mnemos, le roman Car Je Suis Légion de Xavier Mauméjean est arrivé entre mes mains. Une chance pour Fantasy à la carte de découvrir et/ou de faire découvrir une plume qui était encore inconnue pour moi jusque là. Avant toute chose je souhaite donc remercier la maison d'édition pour ce généreux concours.

Pour son roman, Xavier Mauméjean a choisi pour décor la mythique Babylone inscrivant ainsi d'office son récit dans une grande fresque historique. 

Dans Car Je Suis Légion (éditions Mnemos), on suit les péripéties de l'accusateur Sarban, un fils de paysan devenu magistrat qui exerce dans la cité de Babylone. Au commencement de l'histoire, la ville s'apprête à connaître une période de grands troubles. En effet, les oracles l'ont prédit. Le dieu Marduk s'est endormi pour une durée indéterminée laissant la place à Tiamat, déesse du chaos. Une annonce qui va rendre fou les habitants qui sont pris de frénésie meurtrière n'hésitant pas à s'en prendre aux uns et aux autres sans raison particulière. Face à cette montée de violence, les accusateurs sont réquisitionnés pour protéger les lieux de pouvoir et n'interviennent plus dans les conflits populaires. Tout comme ses confrères, Sarban suit les ordres jusqu'à ce qu'il assiste en direct au meurtre prémédité d'un homme commis par un groupe d'individus masqués. La préméditation sort ici du cadre de la violence ambiante tolérée. Or, en tant qu'accusateur, il ne peut fermer les yeux et obtient de ses supérieurs l'autorisation de mener l'enquête afin de punir les responsables. Une investigation qui va l'amener sur les chemins dangereux de la vérité. Mais saura-t-il y faire face pour autant?

La qualité de ce récit réside déjà dans son héros qui prend une grande place dans l'histoire. Sarban y apparaît comme un champion de la vérité. Impartial, droit, intègre, il incarne véritablement sa fonction. Il est prêt à aller au bout même si cela doit le mettre en danger et le compromettre, même s'il risque sa place. Or, l'enchaînement des événements dont il perd vite le contrôle vont le conduire à user lui-même de violence pour arriver à ses fins. Ce qui vient entacher sa belle image du juste. Il devient à son tour un héros torturé, aveuglé par son propre désir de vengeance. Il perd son côté lissé, et nous dévoile sa part d'ombre. Ce qui le rend encore plus attachant à nos yeux. Après tout, il n'est qu'un homme comme les autres. Xavier Mauméjean a tout misé sur son personnage qui devient le seul vrai maître de ce huit-clos. 

Il est à noter que dans son roman, l'auteur fait une belle place aux dieux qui occupent ici un rang de personnages comme souvent c'est le cas dans les univers fantasy. Il est vrai que les divinités y ont régulièrement un rôle important à jouer. Xavier Mauméjean ne pouvait pas passer à côté de cela d'autant que dans la cosmogonie babylonienne, les dieux sont primordiaux à l'image de Marduk qui tranche la mère des dieux Tiamat, également déesse du chaos et des mers afin de faire de sa tête et de son torse, les cieux et de ses jambes, la terre. Et de ses larmes naîtront le Tigre et l'Euphrate, le fameux Entre deux-fleuves cité dans le récit qui désigne les provinces autour de Babylone entourés de ces fameux cours d'eau. L'auteur s'inspire donc de cette mythologie forte pour intégrer ces dieux à sa prose avec par exemple Tiamat qui se réincarne afin de faire régner le chaos sur la cité. 

Pour nourrir son univers, Xavier Mauméjean fait revivre l'orgueilleuse Babylone. Il nous fait parcourir ses rues animées, nous promène dans les fameux mais introuvables jardins suspendus et nous fait même gravir l'Etemenanki, plus connu sous le nom de Tour de Babel. Autant de lieux historiques qui deviennent le terrain de jeu de cet écrivain qui allie avec talent réalité et fiction. 

Car Je Suis Légion se présente comme une enquête à la Sherlock Holmes tout en mariant des hauts faits historiques apparentant ainsi le récit à de l'uchronie. Le résultat aboutit à un texte à l'action palpitante qui nous harponne immédiatement. Pour sa belle réédition, il fait donc toujours son petit effet.  

Un premier essai de lecture réussi pour Fantasy à la carte qui vient ajouter avec plaisir Xavier Mauméjean parmi ses auteurs à suivre. 

Fantasy à la carte

Xavier Mauméjean
Car Je Suis Légion
Editions Mnemos