L'influence du "gaming" à la littérature

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10/06/2023

Sue Lynn Tan, La Fille de la Déesse de la Lune, éditions Hugo Stardust

Sue Lynn Tan, La Fille de la Déesse de la Lune, tome 1, Le Royaume Céleste
éditions Hugo Stardust

Après Une Magie Teintée de Poison de Judy I Lin, les éditions Hugo Stardust nous régalent encore une fois avec un nouveau titre de fantasy asiatique. Il est signé par une jeune plume de l'Imaginaire qui se nomme Sue Lynn Tan. 

La Fille de la Déesse de la Lune est le premier tome d'une duologie qui inaugure un cycle fort prometteur pour un premier roman. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo Stardust, je les remercie pour l'envoi surprise de ce service de presse. 

Résumé

Xingyin vit avec sa mère sur la lune sous le sceau du secret car son existence doit rester ignorée de tous et surtout de l'empereur céleste. C'est lui qui a condamné sa mère à rester recluse sur la lune après qu'elle est avalée l'élixir d'immortalité, destiné à son mari en récompense de ses hauts faits. Mais face à la puissance grandissante de ses pouvoirs, Chang'e sait qu'il lui faudra trouver bientôt un autre abris pour sa fille. Or, tout se précipite le jour où l'impératrice débarque avec son ministre pour lui demander des comptes sur l'activité magique anormale détectée dans ce lieu. Mais, les évènements déraillent séparant la suivante de l'adolescente. Sans le savoir Xingyin a rejoint le royaume céleste et fait la connaissance d'un charmant jeune homme qui lui vient en aide. Seulement, Liwei est le fils de son pire ennemi alors peut-elle réellement accepter sa proximité sans risquer de se mettre en danger. Et si la solution pour libérer sa mère de cette malédiction n'est elle pas de naviguer en eux troubles dans ce panier de crabes pour contraindre l'empereur d'intercéder en sa faveur ?  

Mon avis :

Avec La Fille de la Déesse de la Lune, on pousse la porte d'un univers fouillé inspiré de la Chine impériale, et plus particulièrement d'un conte chinois très populaire intitulé, Chang'e s'envole dans la lune. Dans sa première version, l'héroïne Chang'e s'échappe sur la lune après avoir avalé à tort un élixir d'immortalité et d'où elle ne redescend plus. 

Ici, le monde qui naît sous la plume de Sue Lynn Tan se divise en deux avec d'un côté, des royaumes peuplés d'immortels et de l'autre côté, ceux occupés par les mortels. Au fil des pages, on parcourt aussi bien le royaume céleste, le royaume du Phénix que le royaume des démons. On y rencontre de puissants immortels considérés, d'ailleurs, par les mortels comme des divinités. Pour passer de l'un à l'autre, on emprunte des nuages. La lune elle-même est éclairée par une allumeuse de bougies qui y vit recluse depuis qu'elle y a été exilée par l'empereur. Chaque immortel possède une puissante magie qui prend sa source dans son énergie vitale et dans les éléments qui l'entourent. En outre, on y croise également de mythiques créatures à chasser ou à protéger selon le danger qu'elles représentent. 

L'ensemble forme un cadre onirique très envoûtant dans lequel l'intrigue s'insère à la manière d'un conte car l'autrice nous y narre le destin épique d'une jeune fille en mettant notamment en exergue ses hauts faits. 

En effet, elle y affronte mille dangers dont le courroux impérial qui s'avère sans doute être le plus mortel de tous. Il faut dire que l'empereur et l'impératrice célestes gouvernent avec férocité et ne pardonnent aucun écart ni omission. Ils imposent un pouvoir qui appelle un respect teinté de crainte aux habitants du royaume céleste, ainsi qu'aux royaumes voisins. En se retrouvant à leur service bien malgré elle, Xingyin va les côtoyer de très près. Or, leur proximité va alourdir l'ambiance par un sentiment d'oppression, enfermant peu à peu le personnage principal.

Si le début du roman adopte un rythme lent car Sue Lynn Tan a choisi de prendre son temps pour poser le décor de son récit, elle accélère nettement les évènements par la suite poussant son héroïne à combattre des monstres ou à rivaliser d'ingéniosité pour déjouer les plans machiavéliques d'ennemis insoupçonnés. 

Au fil des chapitres, l'intrigue se complexifie car l'autrice introduit des éléments captivants, provoquant moult rebondissements, dont certains demeurent tout de même prévisibles pour un lecteur confirmé. 

La Fille de la Déesse de la Lune est un récit fluide fort plaisant à lire. L'intrigue s'enroule autour d'un trio de personnages dont on apprécie la compagnie. 

02/06/2023

Emmanuel Chastellière, Himilce, éditions Argyll

Emmanuel Chastellière, Himilce, éditions Argyll 

Avec déjà huit livres au compteur, Emmanuel Chastellière a prouvé qu'il n'est pas la voix d'un genre unique car ses romans adorent faire rayonner l'Imaginaire au sens large.

A ce titre, vous les retrouverez classés dans des rayons différents en fonction du libraire ou du bibliothécaire, contentant ainsi bien des lecteurs. 

Après deux excursions aux accents uchroniques sur la lune avec Célestopol et Célestopol 1922 et deux chevauchées à la saveur âcre de la poudre au cœur du Coronado avec L'Empire du Léopard et La Piste des Cendres, j'étais très curieuse de me plonger dans son nouveau roman, Himilce où l'on remonte le temps pour rejoindre la fière Carthage.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Himilce, princesse ibère est donnée en mariage au général Hannibal Barca pour consolider une alliance entre son père, le roi de Castilo et Carthage afin de lutter contre l'hégémonie romaine. Après l'avoir suivi pendant un an dans ses campagnes militaires, Hannibal préfère envoyer son épouse auprès des siens pour la mettre à l'abri de toute forme de représailles. C'est ainsi qu'elle débarque dans la cité carthaginoise, seulement accompagnée d'un garde numide prénommé Aspar, où elle va devoir tant bien que mal trouver sa place. Mais y arrivera-t-elle seulement ?

Mon avis :

Avec Himilce, Emmanuel Chastellière a posé ses valises à Carthage, en 218 av. J.-C., alors que la deuxième guerre punique opposant Carthage à Rome est engagée. Or, pour s'assurer de la loyauté du peuple ibère et bénéficier du positionnement stratégique de la capitale de l'Oretania, le général Hannibal Barca qui a pris la tête des troupes carthaginoises, épouse la princesse Himilce et l'envoie pour sa sécurité dans sa famille où l'on va la suivre pas à pas. 

On ne va donc pas escorter ici ce célèbre général dans ses conquêtes et ses défaites mais plutôt s'intéresser à son épouse qui se retrouve propulsée en terre inconnue au milieu de personnes indifférentes, voire hostiles. Néanmoins, même sans être sur le front, on goûte entre ces lignes aux répercussions du conflit qui pèsent sur la capitale et ses habitants. Cela est d'ailleurs propice aux rivalités politiques où des factions cherchent à destabiliser le pouvoir pour mieux s'en emparer. Ici, deux clans s'affrontent avec d'un côté, les conservateurs menés par l'illustre homme politique et fin stratège Hannon le Grand qui sont contre la guerre et de l'autre côté, les réformateurs qui soutiennent la famille Barca dans leur bras de fer contre Rome. Un contexte politique qui sert l'intrigue d'Emmanuel Chastellière car il y voit là l'occasion de laisser proliférer des machinations ponctuées de trahisons inattendues. 

Finalement, on est vite happé par la tournure que prend l'intrigue portée par de nombreux rebondissements qui, il faut le dire, nous tiennent complètement en haleine. L'auteur se sert de réalités historiques ou de pratiques cultuelles pour paver son récit de mystères à résoudre, auréolé d'un sentiment d'inquiétude diffuse. 

29/05/2023

Johan Heliot, Guerre & Peur, éditions Mnémos

Johan Heliot, Guerre & Peur, éditions Mnémos 

Considéré par beaucoup comme le maître de l'uchronie française, Johan Heliot cumule déjà au compteur plus de 80 titres. 

Pour ma part, ce n'est que très récemment que l'occasion m'ait été donnée de lire deux de ses romans : La Fureur des Siècles (éditions Critic) et Bloodsilver (éditions Mnémos) et je dois dire que l'alchimie a pris instantanément avec cette plume qui se joue habilement de l'Histoire. 

Après la Conquête de l'Ouest et la Renaissance, le voici qui m'entraîne, avec son nouveau roman Guerre & Peur, dans le XXe siècle dévasté. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

1923, le jeune Jean Valmont s'apprête à rejoindre le front car la guerre opposant les Français aux Allemands perdure depuis dix ans. C'est le cœur déchiré de devoir quitter les siens et enserré par une peur panique de mourir que Jean débarque dans les tranchées pour participer à son premier affrontement. Mais alors qu'il pense sa derrière heure arrivée, il est le seul survivant au massacre de son bataillon. Doit-il ce miracle à un coup de chance ? Il n'y croit plus lorsqu'il voit débarquer un haut gradé lui demandant de le suivre. En effet, celui-ci lui confirme qu'il est devenu un être particulier en développant une capacité l'empêchant de mourir et lui propose de rejoindre son escouade afin de participer à une mission de la plus haute importance, à savoir mettre fin à la guerre. Seulement des forces obscures sont à l'œuvre, alors arriveront-ils à leur fin ? 

Mon avis :

Sous la plume de Johan Heliot, la Première Guerre Mondiale joue les prolongations et s'étire en longueur au point d'avoir quasiment essoré les deux camps. Or, face à cette impasse, les chefs d'Etat-Major eux-mêmes souhaitent trouver une sortie à ce conflit insensé. Mais, c'est sans compter l'intervention d'un inquiétant personnage se faisant appeler le Maître de la Terreur. C'est un véritable fauteur de troubles qui ne souhaite absolument pas le retour de la paix. 

Comme dans tout récit uchronique, on assiste donc à un défilé de personnages historiques qui viennent habilement prendre place entre ces lignes pour connaître un tout autre destin. 

Comme à son habitude, Johan Heliot a mis sa créativité au service de son imaginaire en insufflant une bonne dose d'onirisme à son texte. Celui-ci s'exprime par les dons particuliers que certains élus ont pu développer à travers la peur qui fait office ici de moteur. Il est de notoriété que cette dernière est un excellent outil pour influencer l'opinion, alors transformer son ascendance sur les esprits en pouvoir est une trouvaille plutôt ingénieuse. Clairement cela fonctionne bien ici pour donner naissance à une poignée de supers-héros qui n'ont pas à rougir de ceux tirés des premiers comics. Poigne d'acier, invisibilité ou immortalité, vous remarquerez que leurs dons n'ont rien de novateur mais pourtant s'avèrent bien utiles pour remplir les missions assignées. Elle n'est pas des moindres d'ailleurs puisqu'il s'agit de sauver l'Europe de l'extinction si ce conflit meurtrier devait encore continuer. 

26/05/2023

Tricia Levenseller, La Fille du Roi Pirate, éditions Hugo Stardust

Tricia Levenseller, La Fille du Roi Pirateéditions Hugo Stardust 

Après le succès de La Reine des Ombres, vendu à plus de 20 000 exemplaires, Tricia Levenseller est de retour au catalogue des éditions Hugo Stardust avec La Fille du Roi Pirate.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse qui m'a donné l'occasion parfaite de découvrir cette plume de l'imaginaire que je ne connaissais point encore.  

Résumé :

Alosa Kalligan est la fille du redoutable Roi Pirate. Or, maintenant qu'elle est devenue une pirate à son tour, il a décidé de la mettre au défi de s'infiltrer sur le bateau d'un équipage rival pour leur subtiliser une carte et les lui livrer pieds et poings liés. C'est ainsi qu'elle organise l'abordage de son propre navire et qu'elle se laisse volontairement emprisonnée par l'ennemi. Mais alors qu'ils la pensent inoffensive car enfermée à double tour dans une cellule à fond de cale, Alosa trouve le moyen de s'éclipser chaque nuit afin de fouiller le gréement de fond en comble. Seulement, c'est sans compter le séduisant second, Riden, qui n'est jamais bien loin d'elle et dont la présence la perturbe plus qu'elle ne veut se l'avouer à elle-même. Alors réussira-t-elle à éblouir une nouvelle fois son père en menant à bien cette périlleuse mission ? 

Mon avis :

Comme mentionné dans le titre, La Fille du Roi Pirate nous immerge dans l'univers de la piraterie nourrie d'arraisonnages et de chasses aux trésors. Dans ce premier volet, les trois quart de l'action se déroulent à bord d'un navire pirate où la narratrice est confinée. A part suivre ses expéditions nocturnes émaillées d'escarmouches verbales ou physiques, il ne se passe pas grand chose. En tout cas, l'autrice est plutôt avare en détails concernant son monde imaginaire. La clé de celui-ci réside dans cette carte à reconstituer, censée indiquer l'emplacement de la légendaire Isla de Canta, une île mystérieuse remplie de richesses et gardée par des sirènes. 

Mythe ou réalité, la question se pose au début du roman. Cela a tout de même l'intérêt d'introduire la figure de la sirène et de donner ainsi au récit sa dimension onirique. L'autrice s'inspire, d'ailleurs, du folklore médiéval nord européen pour nourrir sa représentation de cette créature marine qui est donc ici mi-femme mi-poisson. Elle lui attribue cette même capacité d'ensorceler les humains par le chant et une beauté irrésistible. En outre, elle lui accorde également une sensibilité émotionnelle lui permettant de percevoir les sentiments des autres grâce au dégradé de couleurs qui se dégage de leurs auras. 

23/05/2023

Lucie Thomasson, Le Monde des Premiers, tome 2, collection Naos, éditions Mnémos

Lucie Thomasson, Le Monde des Premiers
tome 2, 
collection Naos, éditions Mnémos 

En 2022, une nouvelle signature de l'Imaginaire a rejoint le catalogue des éditions Mnémos. Bluffée par la richesse de l'univers de Lucie Thomasson imaginé dans son premier roman, il me tardait d'y retourner. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Si Victoire a réussi à se rapprocher de la famille Hamilcar pour assouvir sa vengeance, Guilhem, lui, se retrouve piégé par les machinations des Litréans. Quant à Dimitri, il suit son propre chemin tout en veillant à la bonne marche des choses. Seulement, face à tous ces requins sans état d'âme, ont-ils le moindre espoir de triompher de leurs ennemis ? Rien n'est moins certain. 

Mon avis :

Avec ce tome 2 du Monde des Premiers, Lucie Thomasson conclut magistralement sa duologie. Ce récit dégage une vraie maturité digne des plus grandes plumes du genre. L'ingéniosité du système de magie mis en scène et la qualité des intrigues sont de réels atouts pour ce premier roman. 

Dans ce second volet, les événements s'accélèrent et prennent un tour critique. Le temps est venu pour les protagonistes de Lucie Thomasson de dévoiler leurs jeux et de faire tomber les masques. 

Bien que classé en Young Adult, l'autrice n'est pas pour autant tendre avec les personnages de sa duologie. En effet, elle en sacrifie au besoin car on ne peut pas défier les puissants sans y laisser des plumes. Alors par souci de crédibilité et pour être  en accord avec les ambitions de cet univers implacable, les têtes tombent sous sa plume et la vengeance prend un goût amer. La force de ce texte réside aussi dans l'inattendu que chaque nouveau chapitre réserve à ses lecteurs. Rien de convenu dans Le Monde des Premiers où l'autrice s'affranchit des clichés et des archétypes pour signer un page-turner des plus haletant. Il faut dire qu'elle a concocté à ses personnages des destins surprenants qui nous tiennent littéralement en haleine jusque dans les dernières lignes de ce récit. Elle n'est pas là pour faire plaisir aux lecteurs mais plutôt pour leur soutirer quelques émotions, ainsi qu'une certaine impatience et je dois dire qu'à ce jeu,, elle y excelle très bien. Maintenant, vous êtes prévenus !