L'influence du "gaming" à la littérature

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04/10/2022

Samantha Shannon, L'Ordre des Mimes, tome 2, Bone Season, éditions J'ai Lu Imaginaire

Samantha Shannon, L'Ordre des Mimes
tome 2,
Bone Season, éditions J'ai Lu Imaginaire 

Le 14 septembre dernier est sorti en librairie le tome 2 de Bone Season, publié par les éditions J'ai Lu. Une sortie qui était très attendue pour les lecteurices du format poche de la saga dystopique de Samantha Shannon. D'ailleurs, moi aussi, je l'attendais avec une certaine impatience. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu, je remercie Lucie pour l'envoi de ce service de presse. 

Après son évasion de la colonie pénitentiaire de Sheol I, Paige est devenue l'ennemie public n°1 et est traquée par Scion. Elle doit donc faire profil bas et attendre le bon moment pour révéler à l'assemblée des anormaux ce dont elle a été témoin. Mais alors qu'elle souhaite mettre tout en œuvre pour faire échouer le projet mortifère des Rephaïms, elle est ralentie par des dissensions internes qui viennent troubler l'équilibre de la pègre. Dans ces conditions, pourra-t-elle réellement empêcher le pire d'advenir,  surtout quand la trahison s'invite dans la partie ? 

Dans L'Ordre des Mimes, on retrouve le décor des premières lignes du tome 1, à savoir le Londres dystopique de Samantha Shannon, présentant un découpage sectorisé et réparti selon les différents clans de la pègre. Au fil des pages, l'autrice nous confronte à la dureté de cet univers qui exploite la misère humaine afin d'en tirer profit. Cet organisme mafieux qu'elle qualifie ici d'ordre des mimes répond à une hiérarchisation précise. Ainsi, chaque gang est dirigé par un roi ou une reine-mime dont le bras droit est désigné comme un malonet ou une malonette. De même que chaque membre voit son don exploité afin de faire vivre sa faction et recevoir en contrepartie une protection. 

Ce tome 2 explore avec beaucoup de minutie la complexité des relations qui lient les pègristes entre eux et met en exergue les rivalités et les trahisons qui sont intrinsèques à ce genre de cénacle. Le récit n'en est donc que plus palpitant, d'autant que la tension narrative y monte crescendo. 

Entre ces lignes, Samantha Shannon confronte ses personnages aussi bien à faire face à des situations critiques qui mettent régulièrement leur vie en danger qu'à de grands moments poignants où ils sont submergés par l'émotion. En dépit du danger mortel qui guette chacun d'entre eux, l'autrice a pris le temps de développer leur relationnel. Ainsi, Paige et Nick ont noué une amitié très fusionnelle. De même que la jeune femme s'est également rapprochée d'Ivy et d'Eliza qu'elle a, d'ailleurs, un peu pris sous son aile. Touchée par leur fragilité, elle se sent responsable d'elles et les protège autant qu'elle peut. A contrario, elle entretient des relations plutôt conflictuelles avec certains membres d'autres gangs, à l'image d'une autre malonette répondant au surnom de Sourire d'ange qui lui cherche continuellement des ennuis. La solidarité n'est pas de mise partout et les protagonistes de Samantha Shannon sont régulièrement en but à de nombreux ennemis. Ce qui fait bien évidemment la force de Scion car quoi de mieux pour s'assurer un pouvoir absolu que de diviser pour mieux régner.

30/09/2022

Johan Heliot, La Fureur des Siècles, éditions Critic

Johan Heliot, La Fureur des Siècles, éditions Critic

Auteur d'une soixantaine de romans, Johan Heliot se plaît à explorer les littératures de l'Imaginaire : de l'uchronie à la fantasy urbaine, en passant par l'anticipation, le polar ou le steampunk. Signature incontournable de sa génération, il signe aujourd'hui un nouveau titre, La Fureur des Siècles, publié aux éditions Critic

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

XVIe siècle, Léonard de Vinci est aux services de François Ier. Peintre, sculpteur et inventeur de génie, Léonard a construit une machine capable d’interagir avec le temps et de modifier l'Histoire afin d'aider le roi de France à maintenir son royaume face à l'influence grandissante du futur Charles Quint. Dans le même temps, à Florence, le jeune clerc Réginus se fait enlever par un groupe de mercenaires, chargés de voler ladite machine, afin de les guider à travers les âges, grâce à sa mémoire exceptionnelle des langues et de l'histoire des civilisations. Embarqué bien malgré lui dans cette aventure qui dépasse l'entendement Réginus aura-t-il la moindre prise sur les événements qui semblent écrire inexorablement son destin ? 

La publication de La Fureur des Siècles s'inscrit dans la thématique éditoriale du voyage dans le temps lancée cette année par les éditions Critic et qui vient prendre la suite des Naufragés de l'Institut Fermi d'André David. 

Avec La Fureur des Siècles, Johan Heliot signe une uchronie nous propulsant au début d'un XVIe siècle marqué par les premières années de règne du jeune roi, François qui cherchera par tous les moyens à s'imposer face à son rival, Charles d'Autriche, devenu roi d'Espagne, puis sacré empereur des Romains sous le nom de Charles Quint. Ici, le récit de Johan Heliot s'inscrit dans le contexte de la conquête du Milanais pour laquelle François Ier a fait valoir ses droits dynastiques et a lancé une expédition militaire afin d'en prendre possession. 

Si dans les faits, François Ier sort vainqueur à la bataille décisive de Marignan après avoir affronté son cousin Maximilien Sforza, le duc de Milan et ses alliés, les fantassins des cantons suisses, l'auteur, lui, nous propose dans son roman une toute autre version impliquant ici l'ingénierie de Léonard de Vinci. En effet, face aux tourments de ce jeune souverain qu'il considère un peu comme son fils, le vieil artiste a l'idée de créer une machine capable de protéger les frontières du royaume de France. Conduite par le chevalier Bayard, cette machine infernale émet des fumées qui ont le pouvoir d'ouvrir d'autres espace-temps et de modifier le cours des événements. Ainsi, Johan Heliot nous embarque au fil des pages de son roman dans un voyage où les époques se télescopent. On ne s'étonne donc pas de rencontrer des Gaulois ou d'affronter des dinosaures confondus ici avec des dragons en pleine Renaissance, pas plus que de voir l'Al-Andalus s'étendre jusqu'au duché de Milan. C'est tout l'intérêt du caractère uchronique du texte laissant l'auteur libre de jouer avec l'Histoire et de montrer aux lecteurs que celle-ci est sensible à la moindre variable. 

En outre, au vu de l'individu fantasque et visionnaire qu'était Léonard de Vinci comme en témoignent ses nombreuses inventions et son intérêt poussé pour l'anatomie, lui accorder la paternité d'une création interférant sur la temporalité n'a rien de saugrenue. Au  contraire, on accorde bien volontiers à cette théorie toute sa crédibilité, d'autant que l'auteur donne un rôle fort plausible à certaines figures historiques.

27/09/2022

Luvan, Tyst, éditions Scylla

luvan, Tyst, éditions Scylla

Écrivaine et poétesse, luvan publie ses premiers textes en 2001. Dès 2002, sa nouvelle Trolleriet est nominée au prestigieux prix Merlin et en 2014, son recueil de nouvelles, CRU, reçoit le prix Bob Morane

Tyst est une novella, dont la sortie est prévue pour le mois de décembre, publiée aux éditions Scylla

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Scylla pour l'envoi de ce service de presse qui me donne l'occasion de découvrir une plume de l'Imaginaire que je ne connaissais pas. 

Dans Tyst, luvan nous attache aux pas d'une certaine Sauda Le Du, musicienne de profession et éveillée de nature. Ici le monde est divisé en strates et Sauda fait partie de ces rares élus capables de passer d'un monde à l'autre : le pays dormant peuplé de simples humains et le pays vif considéré comme l'antre du petit peuple. On suit donc Sauda dans sa quête d'un monde meilleur affranchi de ses erreurs passées. Pour autant, atteindra-t-elle le noble but qu'elle s'est fixé ? 

Quand on plonge dans Tyst, on se sent autant en terre inconnue qu'en territoire familier. En nous parlant de pays dormant ou vif, d'éveillés et de nœuds, luvan redéfinit les racines de ce merveilleux qui nourrissent les contes et les mythes depuis la nuit des temps. Tyst prend cadre dans cette Bretagne millénaire, bercée par des légendes intemporelles. Retour aux sources pour luvan qui a souhaité, à travers son récit, rendre hommage à la fantasy, mais aussi pour son personnage principal qui rentre chez elle après des années d'errance. Entre ces lignes, Sauda Le Du incarne la figure de la ménestrelle transmettant des histoires par le chant qui lui confère également le pouvoir de voir et de communiquer avec le monde invisible. A sa suite, on plonge ainsi au fond de l'océan à la découverte des abysses et des créatures qui les occupent et on parcourt des forêts enchantées pour y récolter tous ses secrets. 

Sous la plume de luvan, Tyst nous dévoile par soubresauts un univers féerique, à travers le récit décousu de son personnage principal. 

Il est vrai que le style employé et la construction du récit peuvent vite dérouter le lecteur. Mais lorsque l'on s'est habitué à l'écriture de luvan, on se laisse finalement emporté par la poésie de cette remarquable conteuse. 

Tyst est davantage un récit contemplatif qui exhale une certaine quiétude, notamment en pays vif. On se laisse envoûter par l'harmonie des lieux qui contrastent sérieusement avec le sentiment d'urgence que le pays dormant fait naître.

Ode à la nature, luvan argumente aussi son propos autour de la question écologique en pointant les comportements destructeurs. En effet, Tyst endosse les oripeaux du roman post-apocalyptique en pointant ici le spectre d'une troisième guerre et une extraction délétère des ressources. 

23/09/2022

H. Laymore, L'œil du Serpent, tome 3, Lyon des Cendres, éditions L'Alchimiste

H. Laymore, L’œil du Serpent, tome 3, Lyon des Cendres
éditions L'Alchimiste

L'œil du Serpent est le troisième volet qui vient prendre la suite de la tétralogie, Lyon des Cendres, de H. Laymore. 

Ayant appréciée les deux premiers tomes pour l'ingéniosité de l'intrigue qui se coule habilement dans les méandres de l'Histoire, je suis ravie de me plonger enfin dans la suite. 

Mais avant de vous partager mon avis plus en détails, je tiens à remercier H. Laymore de l'intérêt qu'il porte à Fantasy à la Carte et pour l'envoi de ce service de presse.

1794, Lyon est littéralement exsangue. La population est à fleur de peau car lassée des exactions commises par celui que l'on surnomme "Le mitrailleur". Les hussards, aussi, ont un compte à rendre avec ce Fouché, surtout depuis qu'un général de la République est enfermé dans ses geôles. Sans parler des royalistes qui n'ont pas dit leurs derniers mots, malgré leur nombre minoritaire. Dans ce charivari ambiant, qui des hussards, des royalistes, des jacobins ou du peuple lyonnais aura le dernier mot pour extirper Lyon du charnier dans lequel elle est tombée et surtout lui faire cracher tous ses secrets ?

Dans L'œil du Serpent, les tensions se cristallisent et l'intrigue se resserre autour des protagonistes qui portent cette histoire. Au fil des pages, les enjeux se dévoilent et nous laissent entrevoir les forces occultes en présence qui utilisent les personnages comme des pions à avancer ou à sacrifier afin de gagner la partie. 

Dans sa saga, H. Laymore joue beaucoup avec les événements historiques qu'il s'est réappropriés pour servir à dessein son récit. Aussi, il se sert de la mise à sac de la ville de Lyon par Jean-Marie Collot d'Herbois et Joseph Fouché pour lui instiller une aura ésotérique, exacerbée par la présence des membres d'une secte religieuse ou de séides tirant leur pouvoir d'entités agissant dans l'ombre. Ici, la mort et la souffrance infligées à la population dans l'enceinte de la ville viennent nourrir les pouvoirs de divinités déchues ou d'êtres surnaturels qui se disputent l'influence pour asseoir leur puissance. 

Il est fascinant de voir comment dans Lyon des Cendres, H. Laymore a tissé sa toile autour de figures historiques notables comme ce général François Christophe Kellerman, envoyé pour réprimer la révolte lyonnaise contre la Convention qui sera emprisonné treize mois durant et échappera de peu à l'échafaud, et que l'on retrouve ici à commander du fond de sa geôle les Hussards de la Mort de manière plutôt sibylline. En outre, l'auteur s'appuie également sur des acteurs qui ont pesé sur le destin de Lyon, à l'image des Convultionnaires qui interprétèrent la Révolution comme un temps de déchaînement de la colère divine nécessaire à l'accomplissement des desseins de dieu, en leur attribuant notamment ici de grands pouvoirs occultes.  Ainsi, une sombre magie est à l'oeuvre ici et vient s'enrouler autour de l'Histoire pour lui donner un vernis mystérieux. 

20/09/2022

Yannick Chazareng, Le Guide Tolkien, collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF

Yannick Chazareng, Le Guide Tolkien, collection Les 3 Souhaits, 
éditions ActuSF

A l'heure de la série Les Anneaux de Pouvoir, diffusée sur la plateforme Prime Vidéo et de notables rééditions, à l'image de L'Atlas de la Terre du Milieu, les éditions ActuSF, quant à elles, dégainent un petit guide consacré à l'œuvre de J.R.R. Tolkien.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Il prend la suite de Philippe K. Dick, de Robert E. Howard, de H.P. Lovecraft, de Stephen King et d'Alan Moore et rejoint leur collection dédiée aux grands noms de l'Imaginaire. 

Oui, l'œuvre de Tolkien est bien vivante. Indéniablement, son Légendaire continue de faire parler de lui. Pour preuve, les nombreux ouvrages analysant l'héritage laissé par l'auteur.

Intéressé par le sujet comme en témoigne son mooc, Hommage à J.R.R. Tolkien, publié en 2020 et familier des éditions ActuSF pour sa contribution au Guide Stephen King, Yannick Chazareng s'est imposé comme l'auteur de la situation pour nous donner un bref aperçu, mais non moins précis, de l'homme et de son œuvre. 

Le Guide Tolkien est un livre court mais qui fourmille d'informations et d'anecdotes inattendues. 

Yannick Chazareng revient aussi bien sur des éléments biographiques que sur des données factuelles concernant l'aventure éditoriale, en passant par le tournant cinématographique. 

Aussi, il nous rappelle l'amour que J.R.R. Tolkien éprouvait pour la nature verdoyante. D'ailleurs, c'est sa petite enfance passée dans la campagne des Midlands qui lui a inspiré le décor du Comté. De même qu'il avait une sainte horreur de l'industrialisation massive, dénaturant le paysage, et qu'il associait dans son esprit à la mort puisque c'est peu après leur emménagement dans la ville industrielle et polluée de Birmingham que sa mère est décédée. Or, on retrouve cette ambiance industrielle mortifère dans certains des lieux décrits dans ses récits comme par exemple, l'usine souterraine d'Orthanc. 

Dans son guide, Yannick Chazareng n'est pas avare en détails et ne se contente donc pas de parler seulement des récits majeurs qui ont fait le succès de Tolkien. Il n'est donc pas question de parler exclusivement ici du Hobbit, du Seigneur des Anneaux, des Enfants de Húrin, de La Chute du Gondolin ou encore de Beren et Lúthien car Yannick Chazareng n'oublie pas de mettre en lumière les autres textes moins connus du grand public. Ainsi, il me rappelle qu'il me faudra impérativement lire les contes inventés pour ses enfants comme Monsieur Merveille ou Le Fermier Gilles de Ham. Sans parler de ses contributions autour du merveilleux, imaginées dans le but de réenchanter le présent comme Faëries ou Feuille, de Niggle

L'œuvre de J.R.R. Tolkien est si conséquente que presque chaque membre de sa famille, femme et enfants compris, ont mis, à un moment ou à un autre, la main à la pâte pour contribuer à mettre en forme ses écrits afin de les rendre publics. Mais, c'est grâce au travail acharné de Christopher Tolkien que l'ensemble des textes qui ont construit le Légendaire ont progressivement été édités. 

En outre, si la trilogie du Seigneur des Anneaux, réalisée par Peter Jackson a constitué un véritable point d'orgue pour remettre au goût du jour et faire connaître aux jeunes générations ce maître de la fantasy, Yannick Chazareng attire notre attention sur les nombreuses autres tentatives plus ou moins heureuses d'adapter à l'écran certains des chefs d'œuvres de J.R.R. Tolkien. Les initiatives ont été nombreuses, certaines plus farfelues que d'autres. Peu ont vu le jour même si on peut noter, par exemple, le long métrage d'animation de The Hobbit d'Arthur Rankin et de Jules Bass, en 1977.

Les écrits de J.R.R. Tolkien attirent, intriguent et inspirent comme en témoigne l'engouement pour le cosplay à l'effigie des personnages des livres ou encore vis à vis l'industrie du jeu de rôle et du jeu vidéo.