L'influence du "gaming" à la littérature

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18/06/2022

David Bry, Le Chant des Géants, éditions de L'Homme Sans Nom

David Bry, Le Chant des Géants, éditions de L'Homme Sans Nom

Auteur de fantasy, d'anticipation et d'uchronie, David Bry est une plume de l'imaginaire que l'on aime beaucoup sur Fantasy à la Carte.

Envoûtée par Que Passe L'hiver, Le Garçon ou la ville qui ne souriait plus ou encore La Princesse au Visage de Nuit, ces trois textes m'ont déjà permis d'apprécier pleinement toutes les nuances de cette belle écriture.

Pour son dernier roman, Le Chant des Géants, les éditions de L'homme Sans Nom ont mis les petits plats dans les grands en éditant un très bel hardback aux en-tête de chapitres illustrés et agrémenté d'un signet.  

Résumé :

L'île d'Oestant est en paix. Depuis longtemps, l'entente règne entre les clans mais tout change le jour où Ianto manque de se faire empoisonner au château de Ler du roi Lothar. Ce crime ne pouvant pas rester impuni, un nouveau conflit armé éclate faisant beaucoup de victimes dont Arthus, le père de Ianto et de Bran. Après une ultime bataille sanglante, Lothar est défait et fait prisonnier. Comme il est l'aîné, Ianto prend la place de son père et souhaite entériner la paix en épousant Sile, la fille de Lothar et ce, malgré l'intérêt que son frère pouvait porter à cette dernière. A Oestant, une nouvelle ère s'ouvre, déjà imprégnée par le sang et les larmes. Grisé par le pouvoir, Ianto change sous les yeux d'un Bran de plus en plus impuissant, alors pourra-t-il réellement y changer quelque chose ? 

Mon avis :

Le Chant des Géants nous plonge dans une fantasy épique marquée par le complot et la trahison.

Bercé par les légendes celtiques et nordiques, ce texte s'en est clairement inspiré. 

L'histoire prend cadre sur une île où se sont établis plusieurs seigneurs et leur peuple. David Bry a d'ailleurs emprunté quelques éléments de la société féodale comme l'hommage lige, l’allégeance ou la vassalité pour parfaire l'ambiance historique de son livre. Il nous entraîne au cœur des rivalités entre clans, et même au sein d'une famille pour nourrir son texte de péripéties aussi inattendues que dramatiques. 

De plus, en nous transmettant cette histoire par le biais d'un conteur, David Bry la sacralise en la faisant rentrer dans le domaine de la légende et du mythe. 

Un caractère sacré qui est renforcé ici par l'omniprésence des Géants veillant sur l'île d'Oestant avec Baile, Leborcham et Fraech dont l'antre est jalousement gardé par les immortels. Ils sont dépositaires d'une magie dont on sait que peu de choses. Ils semblent avoir une influence sur l'espace-temps et la destinée des hommes et des femmes qu'ils modèlent à leur guise. Ce sont des êtres insaisissables qui apparaissent et disparaissent au gré de leurs envies. Leur présence dans ce texte lui donne sa dimension onirique. La magie dispensée par David Bry dans ses romans est toujours éthérée, et s'exprime par touches discrètes en apportant juste ce qu'il faut pour émerveiller le lecteur. 

Avec Le Chant des Géants, il signe encore un texte bouleversant car empreint d'émotions fortes. 

Il nous y conte le destin de deux frères qui, à la suite d'une succession d'événements, vont se déchirer lentement jusqu'au point de rupture. Ici, David Bry s'intéresse beaucoup au relationnel qu'entretiennent ses personnages, et met notamment l'accent sur la relation fraternelle lorsqu'elle est soumise à la jalousie et à la frustration la faisant basculer de l'amour à la haine. 

14/06/2022

Karim Berrouka & Zariel, Pam Pam au Pays des Merveilles, éditions ActuSF

Karim Berrouka & Zariel, Pam Pam au Pays des Merveilles, éditions ActuSF

Quand l'auteur du Club des Punks contre l'Apocalypse Zombie retrouve le graphiste Zariel pour travailler sur un nouveau projet, on sait déjà que le livre sera dément. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Alors qu'il était bien peinard à buller à l'ombre d'un arbre, voilà que Pam Pam est dérangé par une fille, un poils dépenaillée, qui, après lui avoir fait un bras d'honneur, disparaît dans un arbre. Outré par cette grossièreté, le lapin décide de la suivre afin de lui dire tout le bien qu'il pense d'un tel comportement. Une décision spontanée qu'il va d'ailleurs vite regretté au vu du déferlement d'ennuis qu'il va se manger. Mais au pays merveilleux, n'entre pas qui veut et surtout comment fait-on pour en sortir ? 

Épaulé par son complice Zariel, ce doux dingue de Karim Berrouka nous entraîne encore une fois dans une aventure surréaliste dont lui seul a le secret. 

Avec Pam Pam au Pays des Merveilles, il s'attaque cette fois-ci au célèbre conte de Lewis Carroll, Alice au Pays des Merveilles qu'il a d'ailleurs bien déconstruit pour nous servir une version déjantée dans laquelle c'est le lapin qui ne cesse de courir après une Alice insaisissable. En outre, bien loin de la vision ingénue du dessin animée de Walt Disney, la Alice de Karim Berrouka a quand même bien morflé, sans compter que c'est une vraie peste qui prend plaisir à rendre les autres chèvres, un comble pour un lapin, me direz-vous ! 

Tout à son obsession de mettre la patte sur cette foldingue, Pam Pam est contraint de passer un certain nombre d'épreuves dont il a cure et finit même par s'en lasser au point de désirer juste quitter au plus vite ce pays merveilleux qui a tout de l'enfer. Malheureusement pour lui, Karim Berrouka va le torturer pendant douze épisodes ne lui laissant pas le moindre répit. 

Quand il n'est pas persécuté par un sphinx du Chechire à coup d'énigmes à résoudre sous peine d'être croqué, il est parachuté dans un labyrinthe dont le ticket de sortie dépend de la création d'un profil bafouant toute notion de vie privée, doublée d'une frénésie acheteuse, pour terminer sur le banc des accusés d'un tribunal qui l'imagine déjà en civet ou la tête roulant au sol. 

Tantôt cocasse, tantôt ironique, la plume de Karim Berrouka n'épargne personne et surtout pas notre société qu'elle égratigne, bien volontiers, au passage en braquant notre attention sur ses dysfonctionnement dans sa vision consumériste poussée à l'excès ou dans le dévoiement politique au nom d'une écologie surpuissante.

12/06/2022

Lily Davinni, Saëcerin, tome 2, La Dernière Sorcière aux Yeux d'Or, éditions Inceptio

Lily Davinni, Saëcerin, tome 2, La Dernière Sorcière aux Yeux d'Or, éditions Inceptio

Le mois dernier, j'ai eu le plaisir de lire le premier tome de La Dernière Sorcière aux Yeux d'Or de Lily Davinni, et je dois vous avouer que cela a été un vrai coup de cœur livresque. Alors la suite en mains, je n'ai pas résisté bien longtemps pour me replonger dans cette merveilleuse histoire. Me voici donc de retour pour venir vous en parler plus en détails. 

Le moment d'affronter Barral n'est plus très loin, pourtant Elena sait qu'elle n'est pas prête, elle doit encore apprendre. Sur les conseils de la Recousue, elle part à la tour d'Odréon, dans l'espoir de libérer la Saëcerin et d'obtenir des réponses quant à ses doutes et ses interrogations. Dans cette ultime quête, la jeune sorcière ne sera pas seule car ses compagnons d'hier seront encore du voyage mais pourront-ils faire la différence pour l'aider à triompher du mal ? 

Avec Saëcerin, Lily Davinni conclut magistralement sa duologie. La fin étant proche, les événements s'accélèrent à un rythme effréné nous faisant perdre toute notion du temps qui passe, tellement on est captivé par l'évolution de l'histoire. 

Si dans son premier tome, l'autrice conservait une certaine légèreté de ton, notamment à travers les chamailleries perpétuelles entre Elena et Even, le second volet, lui, adopte immédiatement une note plus grave. En effet, parasitée par ses visions mortifères qui lui montrent en permanence une fin tragique pour Even et elle, Elena est découragée et surtout obnubilée par l'idée d'empêcher que le pire advienne à son amant. D'ailleurs, pour y réussir, elle est prête à toutes les folies, quitte à se sacrifier elle-même. Or, cette angoisse diffuse accompagne notre propre lecture et nous fait même trembler à chaque page tournée de peur d'y voir disparaître nos personnages chouchous. 

08/06/2022

Lucie Thomasson, Le Monde des Premiers, tome 1, collection Naos, éditions Mnémos

Lucie Thomasson, Le Monde des Premiers, tome 1, collection Naos, éditions Mnémos

Depuis avril, les éditions Mnémos comptent sur une nouvelle voix pour faire rayonner l'Imaginaire francophone. Il s'agit de Lucie Thomasson qui signe avec Le Monde des Premiers, un premier récit de fantasy fort qualitatif. 

Lu dans le cadre d'un nouveau partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Nathalie Weil pour l'envoi de ce service presse. 

A Enathon se trouve l'Académie chargée de la formation des domestiques d'élite qui rejoindront le service de l'une des six familles dirigeantes du Continent. Ces futurs serviteurs sont des Terciers, des garçons et des filles pauvres et sans magie. Parmi eux se trouvent Guilhem, Victoire et Dimitri qui viennent juste de terminer leurs classes et s'apprêtent à rejoindre leur poste respectif : serviteur personnel de l'héritière des Litréans pour Guilhem, jardinier des Hamilcar pour Dimitri et dresseuse de griffons pour Victoire. Mais le voyage ne débute pas sous les meilleurs auspices puisqu’une jeune domestique est assassinée. Voilà qui jette un froid à l'ambiance mais ce que nos trois jeunes gens ignorent, c'est que le pire est encore à venir. 

Le Monde des Premiers met en exergue un univers particulièrement abouti. En effet, Lucie Thomasson a imaginé un Continent divisé en six royaumes avec à leur tête six maisons qui se caractérisent par un pouvoir spécial. 

Ainsi, les membres de la maison Eristène sont des créateurs, c'est à dire qu'ils perçoivent la vie autour d'eux et peuvent l'améliorer ou la guérir. Les Litréans, eux, sont des devins qui prédisent des futurs possibles en fonction de l'évolution de la situation. Les Hamilcars sont des horlogers qui altèrent la perception du temps, quitte à le manipuler à leur guise. Les Hafferyns sont des clairvoyants et à ce titre sont capables de manipuler objets et personnes pour leur faire faire ce que bon leur semble. Les Blustrodes sont des illusionnistes qui sont doués pour insuffler des hallucinations sensorielles indissociables de la réalité. Enfin, les Herjafols sont des empathes qui perçoivent les émotions des autres faisant d'eux d'excellents négociateurs. 

Ils forment la caste des Premiers et sont les puissants de ce monde. 

A leurs côtés se trouvent les Seconds parmi lesquels on distingue les Herboristes (maison Ladran) qui enchantent les onguents pour modifier leurs propriétés et leurs effets, les Chuchoteurs (maison Jonasson) qui communiquent avec les animaux par l'échange de leurs émotions, les Allumeurs (maison Solts) qui contrôlent toute source de lumière artificielle, les Chaudronniers (maison Stoja) qui modèlent les métaux par leur simple volonté, les Peintres (maison Jonasson) qui sont des artistes gauches car ils subissent l'effet pervers de la magie en déformant leur perception de l'espace, et enfin les Passeurs (maison Giene) qui peuvent traverser tous les obstacles physiques. En outre, deux familles ne sont pas classées  parmi les Premiers ni les Seconds. Les Senseurs (maison Boileau) qui perçoivent l'affiliation magique des autres et les Immiscés (maison Domitia) qui peuvent lire dans les pensées

D'ailleurs, l'autrice a glissé de nombreux inserts dans son livre sous la forme d'extraits de journaux ou de pages de l'encyclopédie complète des affiliations magiques que compulse, d'ailleurs, régulièrement Victoire afin de permettre aux lecteurs de mieux s'imprégner de ce monde onirique. 

Néanmoins, même si la magie est omnisciente dans cette société, elle ne touche pas la basse couche populaire qui en est dépourvue comme c'est le cas des trois personnages principaux de cette histoire. 

Dans son roman, Lucie Thomassona a articulé son récit autour des six maisons régnantes qui, malgré la paix signée, continuent de fomenter des complots pour s'emparer toujours plus de pouvoirs. D'ailleurs, on découvre l'étendu des rivalités à travers les regards candides des trois narrateurs de l'autrice qui ignorent tout de ce qui se trame sous leurs yeux. 

05/06/2022

Scarlett St Clair, A touch of ruin, tome 2, Hadès & Perséphone, éditions Hugo

Scarlett St Clair, A touch of ruin, tome 2, Hadès & Perséphone, éditions Hugo

Juin, c'est aussi la sortie très attendue du tome 2 de la série Hadès & Perséphone dans sa traduction française aux éditions Hugo. Scarlett St Clair nous y propose une réinterprétation réussie du mythe grecque. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je remercie Olivia pour l'envoi de ce service de presse. 

Depuis la médiatisation de sa relation avec Hadès, Perséphone craint plus que tout que sa nature divine soit également révélée au grand public. Alors qu'elle tente de vivre le plus normalement possible, tous semblent s'être donnés le mot pour l'éloigner du roi des enfers. Ainsi, quand une ancienne relation refait surface, la jalousie s'empare du cœur de Perséphone qui prend conscience de ses maigres connaissances concernant le passé de son amant. Pourra-t-elle surmonter tous les obstacles et accepter Hadès tel qu'il est avec ses secrets et ses zones d'ombre ? 

Si dans A touch of darkness, Scarlett St Clair nous proposait surtout une romance sensuelle mettant en scène deux êtres qui se charment et se séduisent, A touch of ruin explore plutôt la difficile construction d'une relation amoureuse. Changement de registre pour ce second tome qui adopte un ton plus grave en raison des nombreuses épreuves que les protagonistes vont devoir affronter. Alors qu'Hadès veut faire de Perséphone son épouse, elle s'y refuse pour le moment car elle est en quête d'elle-même. En effet, en se libérant de l'influence de sa mère, elle refuse de se perdre dans celle d'Hadès et finalement de n'être aux yeux de tous que la simple épouse du seigneur des ténèbres. En outre, sa relation avec ce dernier va être mise à rude épreuve dans ce second volet, autant par des gens extérieurs que par Hadès lui-même. Dans ce livre, ils vont faire la pesante expérience du poids des non-dits, et vont devoir apprendre à mettre leur ego de côté pour se parler en toute franchise, quitte à se blesser. 

A touch of ruin est un roman bouleversant d'émotions car Scarlett St Clair nous frotte au tranchant des sentiments les plus dévastateurs : la jalousie, la traîtrise ou encore la déception. De même qu'elle confronte Perséphone à plus d'une souffrance, la malmenant énormément en la plaçant notamment dans les positions les plus délicates, lui faisant vivre les drames les plus extrêmes. 

Par l'intermédiaire de son héroïne, l'autrice s'intéresse donc beaucoup à la psychologie humaine lorsque celle-ci doit se reconstruire après des traumatismes tel l'outrage et le deuil.