L'influence du "gaming" à la littérature

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09/11/2021

John Lang, Le Bouclier Obscur, collection Hélios, éditions ActuSF

John Lang, Le Bouclier Obscur, collection Hélios, éditions ActuSF

Auteur, compositeur et musicien, John Lang est surtout connu pour sa saga humoristique : Le Donjon de Naheulbeuk, dont les deux premières saisons ont été exclusivement diffusées sur internet sous forme de fichiers audio.  Mais  face au succès grandissant, cette saga est publiée par la suite au format de romans entre 2008 et 2011. 

Pourtant, Le Donjon du Naheulbeuk n'est pas son premier essai d'écriture puisqu'en 2006, les éditions Rivière Blanche publient son premier roman, Le Bouclier Obscur qui sera maintes fois réédité. 

D'ailleurs, il ressort aujourd'hui en poche dans la collection Hélios dont le but est de redonner de la visibilité à ce texte atypique. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Jeune professeur d'informatique, Uther s'ennuie ferme dans son quotidien, seulement égayé par de bonnes parties de jeux vidéo ou de mémorables livres tirés des littératures de l'Imaginaire. En allant dépanner l'ordinateur de l'ami curé d'un collègue, il était loin d'imaginer ce que cachait le coriace virus qui infectait la machine. Mais la mort violente de l’ecclésiastique ne lui laisse que peu de doutes sur le monstre qu'il a malencontreusement laissé échapper du programme informatique. Sans réellement bien réaliser dans quelle folie il s'embarque, Uther accepte de traquer ce démon afin de sauver le monde d'une probable apocalypse. Mais est-ce qu'un simple humain peut-il faire la différence quant le démoniaque est à l'oeuvre ? 

Dans Le Bouclier Obscur, John Lang emprunte autant au thriller, au post-apo qu'au fantastique pour livrer un texte sombre et singulier. 

Ici, la figure du tueur en série prend les traits d'un démon qui laisse derrière lui un sillage sanglant et funèbre. 

Dès les premières pages, l'auteur ne laisse donc aucun doute au lecteur quant au type de récit qu'il est en train de lire. Aussi, le ton est donné immédiatement et le cœur devra être bien accroché car le livre s'annonce d'emblée violent et sordide. Le Bouclier Obscur nous plonge dans une chasse aux démons qui vire au cauchemar. Au fil de l'enquête, on découvre l'existence d'une société secrète, religieuse et ésotérique dont les origines remontent au Moyen-Âge. Cela laisse planer une vraie aura de mystère sur ces investigations peu ordinaires qui peuvent d'ailleurs rappeler l'ambiance de certains romans de Dan Brown. 

Cependant, malgré la gravité des enjeux, l'auteur n'a pas manqué de ponctuer son roman de notes d'un humour noir qui s'expriment essentiellement  par l'entremise de ses personnages, comme notamment le narrateur, Uther Lelance. John Lang a choisi de miser sur des anti-héros pour mener l'aventure. Volontaires mais volontiers dépassés par les événements, Uther et son élève et compagnon d'infortune ici, James ne sont là que par le fruit du hasard et on ne peut pas dire qu'ils incarnent la figure du sauveur de manière très crédible. Parfois désabusé, souvent étourdi, Uther décroche de temps en temps pour s'accorder des moments de jeux avec son comparse James pour lâcher la pression. Le comportement de ces héros est si imprévisible qu'ils donnent au texte son côté décalé et détonnant. 

Avec Le Bouclier Obscur, John Lang signe un post-apo qui ne manque pas d'originalité même s'il est un tantinet trop glauque à mon goût. 

Fantasy à la Carte

John Lang
Le Bouclier Obscur
Collection Hélios
978-2-37686-392-2
312 pages
Editions ActuSF

05/11/2021

P. Djèli Clark, Ring Shout : Cantique Rituel, éditions L'Atalante

P. Djèli Clark, Ring Shout : Cantique Rituel, éditions L'Atalante

Historien et romancier américain, P. Djèli Clark s'est illustré en écrivant des romans ou novellas de science-fiction, de fantasy et d'horreur. Parmi ses nouvelles, on peut déjà signaler L’étrange affaire du djinn du Caire, ainsi que Le mystère du tramway hanté

Côté romans, il est l'auteur des Tambours du dieu noir, puis de Ring Shout : Cantique Rituel. Ce dernier lui vaut d'ailleurs pléthore de récompenses : le prix Nebula du meilleur roman court 2020, le prix Locus du meilleur roman court 2021 et le prix British Fantasy du meilleur roman court 2021. Enfin, il est même en lice pour le prix Hugo 2021. Or, autant de distinctions forcent le respect et ne peut qu'attirer l'attention. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Depuis la sortie du film, Naissance d'une Nation, les rangs du Ku Klux Klan ne font que grossir de blancs en mal de suprématie qui persécutent impitoyablement les gens de couleur. A Mâcon, en 1922, un groupuscule de ces zélotes sectaires vont croiser la route d'une certaine Maryse Boudreaux, un peu sorcière sur les bords, accompagnée d'une poignée de femmes résistantes qui se sont données pour mission de traquer cette engeance maléfique pour les mettre hors d'état de nuire. A ce jeu, ces pourfendeuses, amatrices d'explosifs et pros de la gâchette se débrouillent plutôt pas mal et ça tombe bien car quelque chose de pas net s'en vient mais seront-elles réellement capables de l'arrêter ? 

Ring Shout : Cantique Rituel s'adosse à un cadre historique uchronique faisant référence à la renaissance du Klan qui fait suite à la projection du film de D.W. Griffith, Naissance d'une Nation. Un film controversé dès sa sortie pour son discours raciste et son apologie au Ku Klux Klan. En effet, ici l'auteur s'est beaucoup intéressé à la psychologie de ses membres en faisant d'eux des monstres au sens littéral du terme. Aussi, ces Ku Klux nous apparaissent entre ces lignes comme des créatures diaboliques et surnaturelles qui déchiquettent et démembrent leurs victimes. Néanmoins, tous les adeptes ne sont pas encore tous des êtres transformés, certains sont simplement hypnotisés par cette idéologie extrémiste et terroriste. Ils incarnent donc le mal que doivent combattre Maryse et ses amies. 

Avec Ring Shout : Cantique Rituel, P. Djèli Clark propose une fantasy envoûtante qui renverse le postulat originel du genre dans ses codes classiques en proposant un récit où le merveilleux tutoie l'horreur. En mettant en lumière cette société secrète prônant la suprématie blanche, il porte le regard sur les heures sombres qui ont marqué l'histoire des Etats-Unis d'Amérique après la guerre de Sécession sans perdre de vue ses résurgences sur l'Amérique actuelle. En sa qualité de chercheur, ses études sur l'esclavage et l'émancipation ont clairement nourri ce texte. Il replace au centre de sa réflexion des thématiques importantes traitant aussi bien des persécutions des minorités, du désir de libération des peuples ou de la défense de l'égalité entre les hommes. L'amour de la vie se dispute à la haine d'autrui dans ce livre. 

Avec Ring Shout : Cantique Rituel, P. Djèli Clark signe un roman bouleversant qui dégage une puissante sagesse. Il puise dans les rituels pratiqués par les esclaves pour conjurer la pesanteur de leur condition pour donner à son texte une vraie poésie. Aussi, les chants deviennent la magie pour repousser la noirceur du mal dans les limbes de l'oubli. 

Le récit n'en est que plus prenant et la fantasy, ensorcelante. En outre, dans Ring Shout : Cantique Rituel, P Djèli Clark donne la parole aux femmes car ce sont bien Maryse, Chef et Sadie qui détiennent le pouvoir ou en tout cas manient les armes pour traquer et éliminer la menace. 

C'est d'ailleurs en compagnie de Maryse Boudreaux que l'on passe le plus de temps dans ce livre. Son héroïne principale, P. Djèli Clark l'a voulu courageuse mais pas infaillible. Persécutée par ses propres démons intérieurs, il lui faudra mesurer chacune de ses décisions, et peser chacun de ses actes avec circonspection pour espérer mener cette bataille jusqu'au bout. Clairement, on se plaît à marcher dans les pas de cette femme touchante qui nous emporte au cœur d'un juste combat. 

En quelques mots, Ring Shout : Cantique Rituel nous happe dans un conte fabuleux qui résonne d'une vérité toujours d'actualité. C'est un texte troublant, un coup de cœur littéraire et émotionnel pour lequel on ne souhaite que le meilleur. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mon avis sur Le Mystère du Tramway Hanté

Informations

P. Djèli Clark
Ring Shout : Cantique Rituel
9791036000928
176 pages
Editions L'Atalante

02/11/2021

Pauline Andreani, Un Murmure de Voix, tome 1, Camden, les éditions du Petit Caveau

Pauline Andreani, Un Murmure de Voix
tome 1, Camden
éditions du Petit Caveau

Autrice et scénariste, Pauline Andreani a fait son entrée dans les littératures de l'Imaginaire en écrivant une série littéraire intitulée Camden et publiée aux éditions du Petit Caveau

Reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique "Mauvais Genres", je remercie l'équipe de Babelio, ainsi que les éditions du Petit Caveau pour l'envoi de ce service de presse qui me donne l'occasion de découvrir une nouvelle voix du genre. 

Humphrey était loin d'imaginer, lorsqu'il vit le jeune Camden entrer dans le bar où il travaillait que sa vie était sur le point de basculer. S'il l'avait su, peut-être qu'il ne lui serait pas venu en aide. Pourtant quand l'un de ses collègues menace de tabasser le jeune homme, Humphrey s'interpose. Mais, cela lui vaut un renvoi immédiat. Éberlué par la situation, il se laisse sans mal convaincre de suivre Camden dans ses aventures de spirite. En effet, le garçon, en sa qualité de parapraticien, peut communiquer avec l'au-delà. Or, un drame vient de survenir à la demeure des Flemington : leur bonne a été assassinée et leur enfant est introuvable. Quoi de mieux pour résoudre un crime que de faire parler la victime. Il n'y a pas meilleur témoin, vous en conviendrez ! Ni une ni deux, Camden décrète qu'Humphrey lui fera un assistant parfait et l'embarque dans la résolution d'une énigme très rocambolesque. 

Dans Un Murmure de Voix, on file le train à un duo de héros improbable formé par Humphrey Glasgow et Camden Elmore. Aux antipodes l'un de l'autre, Humphrey est d'un caractère taciturne alors que Camden est solaire et extraverti. Tous deux nous entraînent dans une enquête où le fantastique flirte avec le crime. On retrouve un peu de Sherlock Holmes et du docteur Watson dans leur manière de fonctionner avec un Humphrey, narrateur de cette histoire qui se laisse surprendre par la tournure des investigations, incapable de deviner ce que le jeune Camden mijote. Clairement, on apprécie l'extravagance de l'un et la pondération de l'autre. 

Néanmoins, on en apprend finalement peu sur eux, l'autrice ne s'est pas attardée sur l'histoire personnelle de chacun d'eux, préférant plonger le lecteur bille en tête au cœur de l'action. En effet, le format court oblige à faire fi d'un préambule d'exposition pour rentrer directement dans le vif du sujet. Cela a l'avantage de proposer une intrigue sans temps mort et l'inconvénient de priver le lecteur de détails importants pour l'attacher pleinement à l'histoire. Mais si l'on garde à l'esprit que Camden est une série, on peut imaginer que ce premier tome se présente surtout comme une invitation à lire la suite pour enfin combler notre curiosité de lecteurs. 

Avec Un Murmure de Voix, Pauline Andreani nous plonge dans un polar ésotérique qui, de fil en aiguille, nous conduit à mettre à jour des drames humains où le sordide et le tragique vous prennent au cœur. Au-delà du folklore de la fonction de spirite, l'autrice signe un texte assez prenant. Le rythme et l'émotion sont bien au rendez-vous. 

Un Murmure de Voix m'a non seulement offert l'opportunité de m'intéresser à une nouvelle signature de l'imaginaire tout en me permettant de lire un premier roman édité par Le Petit Caveau. Un voyage plaisant qu'il faudra clairement renouveler. 

Fantasy à la Carte

Informations 

Pauline Andreani 
Un Murmure de Voix
Tome 1
Camden
978237420180
160 pages
Editions du Petit Caveau 

Lien vers le site

29/10/2021

Robert Jackson Bennett, Le Retour du Hiérophante, tome 2, Les Maîtres Enlumineurs, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, Le Retour du Hiérophante
tome 2, Les Maîtres Enlumineurs
éditions Albin Michel Imaginaire

Après un premier tome qui a beaucoup agité la communauté de l'Imaginaire, Robert Jackson Bennett a donné une suite à son très intriguant premier tome des Maîtres Enlumineurs

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Dans ce tome 2, on retrouve Sancia, Bérénice, Orso et Grégor qui sont engagés dans une nouvelle mission, celle de démocratiser la création et l'usage des enluminures à tout le monde, tout en cherchant à mettre à mal l'hégémonie des maisons commerciales. Tout à leurs occupations délicates, ils mettent à jour une nouvelle cabale orchestrée par le camp Dandolo qui vise à ramener à la vie un hiérophante. Mais seront-ils capables d'empêcher le pire d'arriver car l'avenir même de Tevanne et de ses habitants est compromis ?

Avec Le Retour du Hiérophante, on foule à nouveau les rues de Tevanne, cette cité érigée au rang de personnage tant elle est omnisciente dans ce récit. En servant de cadre d'action des deux premiers volets des Maîtres Enlumineurs, elle incarne à elle-seule l'univers dans lequel Robert Jackson Bennett fait se dérouler son intrigue. A ce titre, elle joue un rôle important car son édification et son fonctionnement servent un dessein précis. Les descriptions nous révèlent immédiatement la nette séparation entre les quartiers aisés et les quartiers pauvres. Deux mondes qui s'évitent et qui s'opposent. La fracture sociale y est palpable. Or, dans Le Retour du Hiérophante, l'auteur a à cœur de nous dépeindre cette société clivante au moment où elle est sur le point de s'effondrer. Dans ce roman, on arrive à ce point de bascule civilisationnelle avec d'un côté, les puissants qui s'autodétruisent, grisés par un trop plein de pouvoirs et de l'autre côté, le réveil des consciences d'une population avide de se libérer de ses chaînes et de bénéficier d'un traitement plus égalitaire. 

Sous un vernis mâtiné de fantasy, Robert Jackson Bennett signe un cycle sociétal et social où il aborde finalement des problématiques qui agitent toute civilisation au bord du chaos. Avec Les Maîtres Enlumineurs, il se fait l'auteur d'une fantasy engagée, presque militante, portée par un groupe de héros qui se bat pour un monde plus juste et équitable. D'autant, qu'il est également question d'esclavagisme même si cette thématique demeure en arrière-plan dans ces deux premiers volets pour sans doute être traité de manière plus approfondie dans le prochain tome. Entre ces lignes, on ressent clairement le poids de l'Histoire des Etats-Unis d'Amérique et les combats menés par les esclaves pour gagner leur liberté. 

En outre, ce cycle dégage une vraie singularité car derrière les mécanismes de cette magie minutieusement élaborés se dessinent les contours d'un transhumanisme assumé où certains personnages de l'histoire dont l'héroïne principale elle-même ont été altérés dans le but d'une amélioration de leurs capacités. Sur le principe, ce procédé s'apparente à un progrès technologique intéressant et utile, à la condition de l'obtention du consentement des personnes concernées. Or, Sancia comme tant d'autres n'ont pas eu voie au chapitre sur la question et n'accepte pas d'en payer les conséquences. Ainsi, Robert Jackson Bennett alerte clairement sur les dangers de telles pratiques lorsque le libre-arbitre est ignoré. 

Fort de toutes ces thématiques, Le Retour du Hiérophante dégage une vraie maturité dans l'écriture et une belle avancée de l'histoire rendant ce récit d'aventure très captivant. 

Avec Les Maîtres Enlumineurs, Robert Jackson Bennett harponne très rapidement ses lecteurs pour leur faire emprunter des chemins inattendus pour le genre mais qui ne manquent pas d'intérêt.  Autant vous dire que j'attends la suite de pied ferme. 

Fantasy à la Carte

Sur la blogosphère, lisez les avis de La Geekosophe, de Dup de Book en Stock, du Culte d'Apophis, du Chien Critique, et de La Bibliothèque d'Aelinel

Informations

A lire aussi mon avis sur le tome 1

Robert Jackson Bennett
Le Retour du Hiérophante
Tome 2
Les Maîtres Enlumineurs
9782226441522
625 pages
Editions Albin Michel Imaginaire

23/10/2021

Morgan of Glencoe, Ordalie, troisième chant, La Dernière Geste, éditions ActuSF

Morgan of Glencoe, Ordalie, Troisième Chant, 
La Dernière Geste
collection Naos, éditions ActuSF

A l'occasion de cette nouvelle édition du Mois de l'Imaginaire, les éditeurs du genre ne sont pas avares en animations et en publications de qualité. 

D'ailleurs, chez ActuSF, ils ont profité de l’événement pour faire paraître, dans la collection Naos, le très attendu troisième volet de La Dernière Geste. Mieux encore, son autrice, Morgan of Glencoe, est l'invitée du "Mois de" chez Book en Stock. Aussi, elle va nous donner l'occasion d'en apprendre plus sur elle et sur son fabuleux cycle de fantasy.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Dupinette et Phooka pour l'invitation, ainsi que les éditions ActuSF pour l'envoi de ce service de presse. 

Suite à l'agression de l'Aeling Mistral par des soldats français, les relations diplomatiques entre Keltia et la France se sont nettement dégradées. En effet, entre les velléités du jeune roi Louis-Philippe II et les représailles commerciales des Keltiens, les ambassadeurs japonais et ottoman ont bien du mal à faire tampon. La guerre semble inéluctable. Pour Yuri, une seule solution s'impose à elle, à savoir, retourner à la cour de France afin de défendre au mieux les intérêts de Keltia, d'obtenir le soutien des autres membres de la Triade et peut-être de faire fléchir ce pompeux et bien présomptueux roi de France... 

Avec Ordalie, Morgan of Glencoe signe un tome charnière qui marque un tournant dans ce cycle. Véritable point de bascule narratif, ce livre cristallise toutes les tensions faisant monter la pression crescendo. C'est le roman de tous les dangers autant pour les personnages dans leur histoire personnelle que pour les royaumes dans leur destin. 

Ecrire une pentalogie est un challenge ambitieux qui nécessite à la fois de construire un univers fouillé et de dérouler une intrigue principale cohérente. C'est un travail au long cours qui doit tenir la distance tout en évitant les écueils des longueurs narratives pour garder son lectorat captif tout au long du récit. 

Avec Ordalie, on a atteint la moitié du cycle de La Dernière Geste et on arrive donc à ce moment de lecture où l'on peut légitimement juger la valeur de ce texte. En effet, maintenant que l'on est parfaitement bien immergé dans les enjeux de l'intrigue et que l'on a fait connaissance avec tous les protagonistes, on peut s'abandonner pleinement à l'histoire et l'apprécier jusque dans les moindres détails. 

Toute jeune plume qu'elle est, Morgan of Glencoe nous impressionne par la profondeur de son écrit, la pertinence de ses mots et son indéniable qualité de conteuse. 

J'ai particulièrement apprécié ce troisième volet où elle explore avec beaucoup de justesse la psychologie de ses personnages, en les poussant dans leur retranchement, et en les plaçant face à leurs contradictions pour en faire sortir le meilleur comme le pire.