L'influence du "gaming" à la littérature

Google console

accueil2

accueil2

24/05/2019

Manon Kolanek, La Résurrection d'Azrael, Les Gardiens des Mondes, tome 2, Booksfactory

Il y a peu, Le Livre d'Orgond de Manon Kolanek était à la Une sur Fantasy à la carte. L'occasion pour le blog de mettre en valeur la jeune génération d'auteurs de fantasy

Elle revient aujourd'hui avec le deuxième tome de sa trilogie Les Gardiens des Mondes car souvenez-vous, je vous avais dit que son premier tome n'était qu'un avant-goût de l'aventure qu'elle nous réserve dans l'ensemble de son cycle. 

Or justement dans La Résurrection d'Azrael, Manon Kolanek reprend les choses exactement où elle les avait laissées. Sa communauté de héros qui avait rétabli la paix et était rentrée dans ses foyers va vite reprendre du service. En effet, bien que séparés, les héros d'hier vont devoir repartir en campagne pour sauver leurs royaumes de nouvelles menaces. Dans ce tome, l'autrice sépare l'action entre trois groupes de personnages. Ainsi, on suit tantôt Théobald, bientôt rejoint par Gabrielle et Vadko dans la lutte contre les géants, tantôt on se retrouve aux côtés d'Assar qui s'est arrogé la dangereuse mission de traquer et d'éliminer les Bangishes et tantôt, c'est Tibert et Moïra qui nous entraînent au cœur du pays des fées pour répondre à une dernière mission, confiée par les seigneurs d'En Bas, en échange de l'âme de leur fils sacrifié. Trois aventures en un seul roman qui promet aux lecteurs aucun temps mort dans leur lecture. 

Manon Kolanek met un point d'honneur à développer un univers multiple. Ici, on va notamment passer pas mal de temps au sein du royaume des fées. Celui-ci s'inscrit dans une nature très verdoyante, peuplée par une faune et une flore très riches. Effectivement, mêlés aux êtres féeriques, les personnages de Manon Kolanek vont devoir côtoyer toute une foule d'insectes, pas toujours bien disposés à leur égard, d'ailleurs. Elle brosse ici un univers à la 1001 pattes qui me rappelle celui de Jivana de Nadia Coste, découvert il y a quelques semaines. Comme quoi cette faune et cette flore qui nous entourent inspirent plus d'une plume de fantasy, particulièrement le monde miniature des insectes. Il devient un parfait terrain de jeu pour ces auteurs en quête de nouveaux territoires à explorer. 

Plus assurée dans son écriture, Manon Kolanek maîtrise parfaitement les tenants et aboutissants des histoires qu'elle conte simultanément dans sa trilogie. Devenue familière de ses héros, j'avoue avoir pris un certain plaisir à les retrouver. J'étais par ailleurs curieuse de découvrir comment certains honoreraient leurs paroles données aux seigneurs d'En Bas à la fin du premier tome. Et tout aussi intriguée quant à la direction qu'elle allait donner en général à son aventure. Car qui dit trilogie, dit fil directeur solide, accompagné d'une imagination suffisamment fertile pour alimenter un long récit riche en complots, trahisons et autres menaces. Finalement, c'est un pari plutôt bien réussi pour cette nouvelle venue en fantasy. En plus, jetez un œil à la couverture du livre signé par le très talentueux Lou Ardan. Avouez qu'elle donne envie de se jeter sur l'ouvrage quand même ! 

Fantasy à la carte

Manon Kolanek
La résurrection d'Azrael
Tome 2
Les Gardiens des Mondes

21/05/2019

Ariel Holzl, Le Complot des Corbeaux, Les Sœurs Carmines, tome 1, collection Naos, éditions Mnemos

Bien vendu sur les réseaux sociaux, pas mal chroniqué par les blogueurs, le cycle des Sœurs Carmines est vite devenu un phénomène très apprécié des amateurs du genre. Le Complot des Corbeaux, lauréat du prix Imaginales Jeunesse 2018, a sans doute fini par convaincre les plus réticents. En tout cas, moi, j'avais très envie de plonger dans cet univers proche de celui de Tim Burton comme Mnémos l'annonce sur la quatrième de couverture. 

Alors lorsque j'ai eu la chance d'être la gagnante de leur concours des 6000 abonnés sur la page facebook, je n'ai pas hésité longtemps sur mon choix. 

Les Sœurs Carmines plonge dans le quotidien de trois sœurs à la vie mouvementée. A chaque tome, une sœur y est mise plus particulièrement à l'honneur. Ainsi, Le Complot des Corbeaux nous attache surtout aux pas de Merryvère Carmine, la cadette de cette fratrie féminine, qui a pour fâcheuse manie d'avoir les mains baladeuses pour escamoter ici ou là ce qu'elle juge monnayable. Quand on est orpheline sans le sous, la fin justifie souvent les moyens. Cambrioler les plus aisés, c'est un peu rétablir une équité sociale perdue, non ? En tout cas, elle n'avait pas imaginé qu'en volant une insignifiante boîte au patriarche Oswald Sépulcre, elle se retrouverait mêlée aux comploteurs aristocrates qui convoitent le trône. 

Ariel Holzl signe un premier roman passionnant dont vous ne pourrez lever les yeux avant de l'avoir terminé, même si vous n'êtes plus un adolescent. Si, je vous l'assure ! Pas de temps mort pour le lecteur qui est emporté au cœur d'une aventure baroque pleine d'escarmouches, de rebondissements et de traits d'humour noir.

Plongez-vous dans cet univers mêlant les genres avec brio : fantastique, épouvante, humour. Ariel Holzl se plaît à jouer avec les mots autant qu'avec ses lecteurs. Il s'amuse beaucoup avec les contrastes aussi bien dans son écriture que dans la description de ses personnages. Ainsi, il alterne ici des extraits du journal intime de la benjamine des Carmines avec les événements que vit directement Merryvère. L'auteur oppose l'urgence de ce que vit la monte-en-l'air à l'innocence de Dolorine qui, du haut de ses huit ans, n'en est pas moins une nécromancienne que tout le monde ignore. Il y a un pragmatisme chez les héroïnes d'Ariel Holzl auquel on ne résiste pas. 

Les premières pages du Complot des Corbeaux dégagent immédiatement un rythme de lecture fluide et contemporain très appréciable.

Personnellement, j'ai dévoré chaque page, tremblé à chaque chapitre pour ces héroïnes d'une autre trempe et même oublié de respirer à plusieurs reprises. Finalement, mon seul conseil est de vous ruer, si vous ne l'avez pas déjà fait, sur cette délicieuse saga de fantasy décalée qui décoiffe le genre. A découvrir absolument ! 

Fantasy à la carte
Ariel Holzl
Le Complot des Corbeaux
Les Sœurs Carmines
tome 1
Collection Naos
Editions Mnemos

17/05/2019

Manon Kolanek, Le livre d'Orgond, Les Gardiens des Mondes, tome 1, Mon Petit Editeur

Manon Kolanek est une plume de fantasy française qui écrit depuis l'enfance. Après avoir noirci des pages de poésies et de nouvelles, la voici qui se tourne vers le roman et signe un premier livre avec Le livre d'Orgond. Sollicitée par elle, il y a quelques semaines, pour lire et chroniquer ledit roman, il est grand temps que je vous en parle.

Dans Le livre d'Orgond, Manon Kolanek reprend les motifs habituels propres à la fantasy. Ainsi, elle axe son récit autour d'une quête à mener, déclenchée par une prophétie. Elle fait un usage conventionnel d'un procédé qui a fait ses preuves dans cette littérature. 

Dans le royaume D'Emrias, le jeune Théobald assiste, impuissant, à la mort de sa mère, brûlée vive sur le bûcher pour sorcellerie. Sorcière, elle ne l'était point. Mais elle était devenue un obstacle à la mégalomanie de son époux qui ne souhaite qu'une chose : étendre son royaume en nouant une nouvelle alliance. Au risque de se voir condamner à son tour, Théobald n'a pas d'autre choix que d'accepter la mission dangereuse d'aller conquérir le mystérieux royaume orgondique pour le compte de son père. Épaulé par son ami Tibert du royaume voisin de Trideus, ils seront rejoints dans leur périlleuse quête par d'autres compagnons d'infortune. Ensemble, ils devront affronter mille dangers, traverser de nombreux territoires hostiles et rencontrer des peuples pas toujours amicaux pour arriver à leurs fins. Courageux, ils le sont tous, mais survivront-ils pour autant à l'adversité ? 

Fort d'une écriture soignée, ce roman emmène avec une certaine fluidité, ses lecteurs au cœur d'une épopée de fantasy qui ravira autant un public jeune qu'adulte. 

L'autrice met la lumière sur une communauté de héros aux caractères bien trempés qui promet d'ajouter de nombreuses turbulences à une mission déjà très complexe. Manon Kolanek a pris le temps de travailler ses personnages en insistant sur leur part d'ombre afin de pimenter le récit. Ainsi, on prendra plaisir à détester certains héros au premier abord pour mieux les apprécier par la suite, ou pas. 

Pour Le livre d'Orgond, elle manifeste une belle imagination donnant corps à un univers riche, agrémenté d'une cartographie précise, comme on sait l'apprécier en fantasy

Ecrit avec l'idée en tête d'une oeuvre finale plus ambitieuse, on sent dès les premiers chapitres que ce roman ne dévoilera pas toutes les clés de ce monde onirique. L'idée étant ici de ménager le suspense d'une suite à venir. Sur le modèle d'une fantasy traditionnelle, Manon Kolanek table sur le format d'une trilogie dans laquelle elle compte bien dévoiler parcimonieusement toutes ses cartouches. 

Amateur des classiques du genre, ce récit saura sans doute vous séduire. 

Fantasy à la carte

Manon Kolanek
Le livre d'Orgond
Tome 1
Les Gardiens des Mondes
Mon Petit Éditeur

10/05/2019

Elisabeth Ebory, La Fée, la pie et le printemps, collection Hélios, éditions ActuSF

La Fée, la pie et le printemps fait son grand retour en ce mois de mai, chez Hélios, au format poche. Ça tombe bien, j'avais très envie de le lire. Je remercie donc les éditions ActuSF pour l'envoi de ce service de presse. 

Autrice de nouvelles et de novella, Elisabeth Ebory signe là son premier roman.

Dans La Fée, la pie et le printemps, on retrouve l'esthétisme du merveilleux propre aux vieilles légendes et aux contes d'antan. 

Sa plume nous entraîne à la suite d'une collection de personnages hauts en couleurs. 

Nous voici, tantôt attachés aux pas de Philomène, une fée qui ne peut s'empêcher de dérober tout ce qui brille, telle une pie. Âme solitaire, la voilà qui croise la route d'un drôle d'équipage, composé d'un bellâtre à qui elle ne résiste pas, d'une jeune fille sans doute trop gâtée, d'un garçon fantasque et d'un vieux ronchon. Ceux-là sont assurément des voleurs, mais cela ne dissuade pas Philomène de les accompagner sur un bout de chemin puisqu'ils vont dans la même direction. Facétieuse, Elisabeth Ebory nous met également sur les traces d'une autre fée qui a un bien vilain projet, qu'elle a élaboré presque dix-huit ans plus tôt lorsqu'elle a placé un bébé-fée, tel un coucou, dans le berceau royal. En infiltrant le pouvoir, elle espère réinstaurer les lois des fées lorsqu'elle les aura libérées de leur prison afin qu'elles règnent à nouveau sur le monde. Mission diabolique qui va vite se corser quand elle devra remettre la main sur son coucou envolé car démasqué par la Régente. Chemin faisant, ce petit monde a de grandes chances de se retrouver à la croisée des chemins, en provoquant un certain grabuge dans Londres et même Kensington. 

Pour La Fée, la pie et le printemps, Elisabeth Ebory fait entendre l'originalité d'un texte ambitieux tout en s'inscrivant dans une filiation de réécriture du conte. Ici, elle joue avec les motifs traditionnels du genre qu'elle a insérés avec talent dans son récit. Elle reprend, par exemple, la figure du chasseur et de Blanche-Neige qui s'incarnent à travers les personnages de Vik et Clem. Belle réappropriation d'un imaginaire collectif mis en valeur par une écriture rayonnante.

La Fée, la pie et le printemps est un récit plein de fougue et de magie. Avec sa plume solaire, elle nous émerveille avec son "bazar féerique" comme elle le désigne. 

Avec des personnages aussi tonitruants, cette fantasy à l'accent uchronique nous garantit une aventure épique. 

Ce roman nous offre une lecture enivrante au parfum d'enfance et de nostalgie.  C'est un vrai coup de cœur que je me dois de vous recommander. 

Fantasy à la carte

Informations

Elisabeth Ebory
La Fée, la pie et le printemps
Collection Hélios
978-2-36629-465-1
Editions ActuSF

07/05/2019

Catherine Michoux, Le Sculpteur des Âmes, Victor le Brun éditions

Paru à l'occasion du salon du livre de Paris, Le Sculpteur des Âmes est une nouvelle preuve de la fertilité de la fantasy en France. 

Fascinée par les mondes imaginaires, Catherine Michoux a laissé libre cours à son inspiration pour écrire un roman jeunesse ambitieux. 

Lorsque l'on se promène dans son univers, on ne peut s'empêcher de penser à J.R.R. Tolkien, tant on sent son influence sur Le Sculpteur des Âmes. Elle y met en scène une communauté de héros à l'image de celle du Seigneur des Anneaux. Ainsi, on y retrouve des représentants des différentes races qui s'engagent dans une quête d'un artefact pour sauver le monde. 

Tous l'ignorent encore mais une guerre est sur le point d'éclater entre les sorciers de l'Andamie et les autres peuples. Le dernier espoir de l'empêcher réside dans la réussite d'un petit groupe aussi hétéroclite que disparate. Seront-ils pour autant capables de mettre leurs différends de côté pour mener à bien leur mission ? Cela est moins sûr surtout quand dès le départ, on sait qu'un ou plusieurs traîtres se cachent dans leur rang. Cela promet de générer une certaine confusion tout en menaçant la pérennité de leurs actions.  

Catherine Michoux a émaillé son récit de secrets qu'elle dévoile au fur et à mesure de l'histoire afin de tenir en haleine son lecteur d'un bout à l'autre de son livre. En fait, chacun de ses personnages est auréolé d'une aura de mystères. Ils ont finalement tous quelque chose à cacher. Certains le font volontairement tandis que d'autres n'en ont pas conscience. Dès lors, ce roman apparaît comme un véritable jeu de pistes dans lequel on cherche aussi bien à découvrir ce qu'est le dernier vestige du peuple des Derkômasiens que de démasquer le ou les coupables intriguant contre le groupe. Ainsi, la lecture en est que plus passionnante avec cette interrogation perpétuelle sur ces personnages auxquels on s'attache à tort ou à raison. 

La force de ce texte repose également sur le fait d'avoir brossé le portrait de héros aux personnalités complexes et très différentes. Que ce soient le haut-elfe narcissique et égocentrique, le géant guerrier et désopilant, la Khâlynn énigmatique et sagace ou encore le demi-elfe chevaleresque et amoureux, ils forment une assemblée d'aventuriers surprenante à laquelle il est difficile de résister, surtout face à certains échanges qui sont pour le moins savoureux. Catherine Michoux joue beaucoup sur les contrastes afin de nourrir le conflit entre eux, rendant ainsi la quête périlleuse. La nécessité d'être cinq va très vite poser problème car le temps passant, les animosités vont se multiplier. Cela promet de rendre l'aventure fort intéressante.  

Le Sculpteur des Âmes nous immerge dans un univers onirique assez féerique. On retrouve par exemple le côté sacré du royaume des elfes où la nature y est chatoyante. Ce dernier entretient une vraie osmose avec elle. Ils vivent dans un grand respect de l'environnement qui lui rend bien. Ode à la nature et à la vie, ce roman procure un certain ravissement de renouer avec la magie d'un imaginaire familier. 

Parsemé de belles illustrations, ce livre jeunesse est une invitation à la rêverie et à l'évasion. Bien écrit, ce récit ne manquera pas de vous emporter dans un tourbillon de rebondissements sans vous laisser le temps de reprendre votre souffle. 

Fantasy à la carte

Catherine Michoux
Le Sculpteur des Âmes
Victor le Brun éditions