L'influence du "gaming" à la littérature

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05/06/2016

Pierre Grimbert, Six Héritiers, Le Secret de Ji, tome 1

En 2015, les éditions Mnémos décident de rééditer en un somptueux intégrale, le célèbre Secret de Ji de Pierre Grimbert. Le précieux livre en mains, il était temps pour moi de lire le cycle qui a permis à la fantasy française de prendre son envol vers le succès

Six Héritiers s'ouvre sur un préambule nous faisant remonter le temps cent-dix huit ans en arrière à l'époque où tout a commencé. Pierre Grimbert pose ainsi son décor. Un singulier personnage prénommé Nol, l’Étrange embarqua à sa suite tous les rois et les reines parmi les plus sages de tous les royaumes, pour un voyage mystérieux vers l'île de Ji. Ce qu'ils firent ou virent, nul ne le sut, pas même leurs descendants. Certains en revinrent et d'autres non. Depuis lors, les héritiers des membres de cette expédition se réunissent pour célébrer cette funeste date d'anniversaire sans vraiment percer le secret de leurs ancêtres. 

Pour les héritiers, cette réunion est une occasion de se retrouver et de faire la fête, un moment chaleureux et convivial en somme. Jusqu'au jour où l'impensable survient, plusieurs bandes d'assassins tantôt fanatiques, tantôt cupides se lancent aux trousses de tous les descendants pour les tuer les uns après les autres.

Par chance, ingéniosité ou simple bon réflexe, au moins six d'entre eux évitent de peu les lames empoisonnées de leurs bourreaux et arrivent à prendre la fuite.

En suivant les destins croisés de Corenn, Léti, Grigan, Yan, Rey et Bowbaq, Le Secret de Ji nous plonge immédiatement au cœur d'une quête que doivent mener ces six héros afin de lever le voile sur les mystères que renferme l'île de Ji, seul espoir de salut pour eux.

Avec une plume envolée, Pierre Grimbert signe un premier roman juste époustouflant. Il mène sa première aventure à tambour battant jusqu'au cœur de l'île de Ji où à l'image de ses six héros, on espère percer tous les secrets de ce lieu sacré.  

Bien entendu Six Héritiers n'est que la première pierre de cet extraordinaire cycle de high fantasy. Il faudra donc lire cette saga jusqu'à sa dernière ligne car en bon auteur qu'il est, Pierre Grimbert compte bien ménager le suspense jusqu'au bout

Fantasy à la carte

01/06/2016

Les Imaginales: le festival international de tous les imaginaires

Chaque année des milliers de lecteurs de l’Imaginaire se réunissent lors de festivals annuels de littérature et d’art. C’est le moment pour les écrivains, les artistes, les éditeurs de venir parler de leurs œuvres. Ce sont de vrais instants d’échanges et de convivialités.

Le plus renommé de ces salons littéraires est le festival des Imaginales qui se déroule chaque année à Épinal le dernier weekend du mois de mai. C’est en 2002 que la ville accueille cet événement pour la première fois. Un choix de ville qui n'est pas dû au hasard puisque rappelons-le Épinal est la capitale de l'Image et au vu de l'importance du graphisme dans l'Imaginaire, le choix du lieu s'est naturellement imposé. D'autant qu'une nouvelle affiche est réalisée chaque année pour représenter au mieux l'événement. Et cette année, c'est à Hélène Larbaigt qu'est confiée cette tâche. Une belle affiche qui mêle tous les thèmes de l'imaginaire chers au festival. Ainsi sur quatre jours les conférences, les cafés-littéraires, les dîners insolites, les petits-déjeuners ou les déjeuners avec les auteurs, les expositions éphémères, les instants « dédicaces » se succèdent à tambour battant.

Nichés dans un parc arboré près duquel serpente la Moselle, les lieux inspirent à l’imagination et à la rêverie. Le temps de ce weekend, les conversations vont bon train entre lecteurs, auteurs, artistes et artisans.

Trois lieux différents sont installés pour accueillir les nombreux cafés littéraires et autres conférences du festival : l’Espace Cours, et les deux Magic Mirror. Des antres ésotériques propices à la révélation de secrets, au partage d’anecdotes sur les romans qui ont marqué l’actualité littéraire de ces dernières années. Ici on fait place à toutes les formes de l’Imaginaire : Science-fiction, Anticipation, Steampunk, Fantasy, Fantastique, Roman historique. Tout le monde y trouve ainsi son compte.  

C’est également l’occasion de remettre le prix prestigieux des Imaginales qui récompense les romans fantasy dans six catégories différentes : roman francophone, roman étranger traduit, illustration jeunesse, nouvelle et prix spécial. Ainsi Manon Fargetton pour L'Héritage des Rois Passeurs reçoit le prix Imaginales du roman francophone. Le prix Imaginales du roman étranger traduit revient à Marie Brennan pour le premier tome de son Histoire naturelle des dragons - Mémoire de Lady Trent. Quant au prix Imaginales du meilleur roman jeunesse, il est dévolu à La fille qui navigua autour de Féerie dans un bateau construit de ses propres mains. Le prix Imaginales de l'illustration est accordé à Melchior Ascaride pour l'identité graphique des Moutons électriques. Enfin le prix Imaginales de la nouvelle échoit à Estelle Faye pour Une robe couleur d'océan. Concernant le prix spécial du Jury, il incombe aux éditions Callidor pour leurs traductions inédites de classiques de l'imaginaire, collection L'âge d'or de la fantasy.
En outre, trois prix de lecteurs sont également décernés par une trentaine de classes niveau primaire, collège et lycée de toute la région. C’est l’occasion de donner la parole aux jeunes générations afin de mettre ces littératures de l’Imaginaire à l’honneur et la lecture en avant. D'illustres distinctions qui permettent aux auteurs d’assurer un excellent rayonnement à leur roman.

Pour la cuvée 2016, c’est Le Septième Guerrier Mage de Paul Béorn qui reçoit le prix Imaginales des lycéens, Phobos de Victor Dixen pour le prix Imaginales des collégiens, et Le Lutin du cabinet noir de Jean-François Chabas pour le prix Imaginales des écoliers.

La tradition des Imaginales est de désigner chaque année un thème spécifique qui sera au cœur des débats. Pour cette édition 2016, c'est l'Histoire de France, et celle des États-Unis, pays invité qui sont donc mis en avant. 

Mais tout l'intérêt de ce festival n'est pas seulement d'écouter les auteurs nous parler de leurs romans selon un certain angle. Les Imaginales, c'est aussi l'occasion de balades dans le parc du Cours pour partir à la rencontre des artistes et des artisans présents, de monter à bord d'une voiture des années 1900, ou encore de retourner sur les bancs de l'école d'antan. Également de la nouveauté pour cette édition 2016 avec l'inauguration de trois nouveaux lieux: un dôme consacré aux sciences et aux fictions afin d'en apprendre plus sur les sources de la science-fiction et autres genres; un pôle sur l'Histoire et une bulle destinée aux contes et aux légendes. Tout au long de ce long weekend, la ville vous invite à parcourir ses rues afin de visiter ses nombreux lieux d'expositions, et ce jusqu'à la fin du mois de juin. Ainsi à la galerie du Bailli, il est possible d'admirer les nombreux dessins d'Hélène Larbaigt issus de son célèbre Cabaret des fées désenchantées primé en 2015. La BMI nous propose quant à elle Légendes de Brucéro où s'égaillent fées, elfes, korrigans, trolls, dragons... tirés de son imaginaire farfelue. La librairie Quai des mots propose une exposition sur un ensemble de photographies d'Anthony Cools, et l'espace EDF expose quant à lui les œuvres de Philippe Jozelon sur le thème de "Hantises". Mais ceci n'est qu'un petit échantillon de ce qu'Épinal vous réserve ce weekend et au-delà si le cœur vous en dit. 
En brassant un public et des invités issus de tous les horizons, Les Imaginales constituent une vitrine internationale incontestable des littératures de l’Imaginaire du monde entier. Celles-ci reçoivent enfin la distinction qu’elles méritent et deviennent une littérature à part entière

Fantasy à la carte

28/05/2016

Margot Aguerre, Kahena,La Dynastie du Royaume de Floss, tome 1

Une barrière magique qui s'amenuise, des fées, une magie proscrite, un livre de prophéties, des créatures ténébreuses effrayantes... voici des éléments qui ne laisseront pas le lecteur indifférent. Certains ne sont d'ailleurs pas sans rappeler une incontournable saga de high fantasy anglo-saxonne: L'Epée de vérité de Terry Goodkind. Mais la ressemblance s'arrête là car Margot Aguerre a su s'affranchir de ses inspirateurs pour proposer son propre univers imaginaire et construire une intrigue bien emmenée. 

Justement quelques mots sur cette fameuse intrigue. 

La Dynastie du Royaume de Floss est une trilogie de fantasy dont le premier tome conte le destin malmené d'une jeune fille prénommée Kahena. En effet, alors qu'elle vivait en paix avec ses parents adoptifs en Altarine, de terribles créatures surviennent et manquent de peu de tuer son meilleur ami Robin au cœur de la forêt. Celles-ci sont en fait le signe de l’affaiblissement de la barrière magique qui protégeait jusque là Altarine du royaume de Floss où s’est installé le terrible Jaliorga, un puissant et maléfique sorcier. 

Dans le monde inventé par Margot Aguerre, la magie existe mais est interdite dans le royaume où vit Kahena. Pourquoi ? Déjà parce qu’elle effraie. Qui dit grand pouvoir, dit grande responsabilité et vu que certains magiciens, à l’image de Jaliorga ont plutôt mal tourné, la population a de quoi s’inquiéter et préfère en prohiber l’usage. Seulement au vu des graves dangers qui menacent la paix du royaume, il est temps pour tous de réagir et de s’unir pour mettre un terme aux agissements malfaisants de ce sorcier. 

C'est dans ces circonstances que la jeune Kahena et ses compagnons d'aventure vont devoir se démener pour vaincre. Une lutte acharnée va donc s'engager où le Bien va encore tout faire pour prendre le dessus sur le Mal. 

Jeune auteure, Margot Aguerre signe ici un premier roman d'une fantasy française pour le moins remarquable. Elle n'a absolument aucun mal à embarquer son lecteur et ce, dès les premières lignes de son récit. Cela est pour moi assez épatant surtout pour un premier roman. L'intrigue est cohérente, son panel de personnages est bien fourni, la magie est là. Elle enrichit son monde d'une multitude d'êtres détenteurs de pouvoirs qu'elle fait vivre dans différents royaumes. Tous sont décrits de manière détaillée afin de donner des repères aux lecteurs qui suivent cette aventure. C'est un bon compromis entre action et description pour donner de la vitalité à son texte. Ainsi, tout s'enchaîne avec une grande minutie et l'ennui n'a clairement pas lieu d'être ici. 

Sans doute encore inconnue pour vous comme elle l'était pour moi jusqu'à ce fameux Salon Fantastique 2016, je vous invite fortement à venir découvrir l'univers merveilleux à l'imaginaire si entraînant de Margot Aguerre. 


Fantasy à la carte 


22/05/2016

Pierre Pevel, Les enchantements d'Ambremer, Le Paris des Merveilles, tome 1

Pierre Pevel est un auteur qu'on ne présente plus car on l'aime bien sur Fantasy à la carte. D'autant qu'on a déjà longuement parlé de lui. Après Les lames du Cardinal et Haut-Royaume, il était naturel de faire une place à son Paris des Merveilles dans ce blog. 

C'est en 2003 qu'est publié pour la première fois Les Enchantements d'Ambremer par les éditions du Pré aux Clercs, puis en 2004 sa suite avec L'Elixir d'Oubli. Dans sa première version, ce cycle n'est qu'un diptyque. Mais lorsque les éditions Bragelonne le dépoussièrent, Pierre Pevel écrit un troisième tome, Le Royaume Immobile pour compléter sa trilogie. La nouvelle réédition est juste fabuleuse avec des couvertures steampunk de Xavier Collette qui en jettent. Un soupçon de modernité pour une fantasy steampunk de la Belle Epoque. 

Quand on ouvre Les Enchantements d'Ambremer, c'est comme lire du H.G. Wells avec sa fameuse "Machine à explorer le temps" (référence à son roman éponyme). Ainsi on remonte le temps pour se retrouver plongé en plein Paris, mais le Paris de la Belle Epoque où les hommes et les femmes déambulent avec élégance, où les fiacres commencent à côtoyer les premières automobiles, où les rues sont éclairées par des lampes à gaz, autrement dit un Paris moderne. Comme à l'accoutumée, Pierre Pevel ne s'est pas contenté de ce cadre pour poser son histoire, il a encore laissé son imagination galopante prendre le pas sur son récit. Ainsi, son Paris se teinte d'éléments pour le moins fantasy. Pour sûr, ici vous découvrirez que la seine est infestée de sirènes, qu'une nymphe peuple chacune des fontaines de la capitale, et que même la Tour Eiffel est enchantée. En effet, construite de bois blanc ensorcelé, elle émet un doux chant lorsque l'on passe près d'elle. Quel enchantement! Vous ne croyez pas si bien dire. 

Et pour cause, la capitale se trouve être une porte sur l'Outre-Monde, le pays des fées. Un royaume dont la magie s'échappe et contamine peu à peu la cité parisienne. Pour se rendre dans ce royaume merveilleux, rien de plus simple, il vous suffit de prendre le métro. Banal hein ? sauf qu'il faut avoir ses entrées pour y être accueilli. 

Dans cet univers fantasmagorique, on fait connaissance avec Louis Denizart Hippolyte Griffont, un mage qui met ses talents surnaturels au service des autres. Il est de notoriété dans la bonne société parisienne que Griffont peut donner un coup de pouce afin de régler certaines difficultés. Ainsi lorsqu'un directeur de casino le contacte pour vérifier si l'un de ses clients triche à ses tables de jeux et si oui, par quel moyen, Louis n'hésite pas à se mêler aux joueurs afin de le constater par lui-même. 

Et quelle surprise de découvrir que la chance insolente de ce joueur n'était pas dû au hasard mais plutôt au port de lunettes ensorcelées qui lui permettait de voir les cartes. Son enquête va donc l'obliger à remonter la piste de ce trafic d'objets magiques, véritable fléau dans la ville. Seulement les morts et les disparitions inquiétantes vont se multiplier au fur et à mesure des ses investigations, il va vite devenir évident pour Griffont que de terribles choses se trament entre Paris et l'Outre-Monde


C'est encore une fantasy uchronique à la sauce steampunk que signe ici Pierre Pevel mêlant réalités historiques, personnalités disparues et pure fiction. Il ne cesse de jouer avec nous en nous interpellant ici ou là afin d'instaurer une vraie complicité avec son lecteur. En outre, il agrémente son récit de clins d’œil en multipliant les références à d'autres auteurs par exemple. L'humour se mêle clairement à l'action dans Les Enchantements d'Ambremer, notamment à travers le personnage d'Azincourt, un chat ailé qui se donne des airs de Britannique. Complètement désopilant. Ou encore les nombreuses joutes verbales entre les deux héros qui ne manquent pas de pimenter le récit. 

Le Paris des Merveilles de Pierre Pevel porte bien son intitulé car c'est clairement fantastique, extraordinaire, merveilleux... Vous trouvez qu'il y a beaucoup trop de qualificatifs peut-être ? Ne vous en déplaise, lisez-plutôt. 


Fantasy à la carte

15/05/2016

Kristen Britain, Un éclat d'argent, Cavalier Vert, tome 5

Je m’appelle Karigan G’ladheon, je suis un cavalier vert, une messagère du roi. Depuis quelques-temps le royaume est en danger, menacé par le terrible Mornhavon. Pour la sauvegarde de celui-ci et de mon roi, j’ai accepté de participer à une mission d’exploration du Voile noir, le refuge du démon. Seulement au vu des périls, l’expédition se passe mal, la mort et la souffrance rôdent tout autour de moi. Je me retrouve séparée de mes amis. Finalement cette croisade n’est qu’un piège pour m’assassiner car je suis une menace pour Mornhavon. De cette confrontation avec le mal incarné, j’aurais dû mourir. Or grâce à une intervention divine, ce n’est pas la mort qui m’attend au bout du tunnel mais plutôt un réveil en sursaut et angoissant. Piégée dans un sarcophage, il me faut vite m’extraire de cette tombe sous peine qu’elle devienne ma demeure éternelle. Ainsi, commence la nouvelle aventure de Karigan G’ladheon, cavalier vert royal. 

Se réveiller enterrée vivante il y a de quoi paniquer ! Et pourtant le pire pourrait être à venir pour notre jeune cavalière. Plus que d’être piégée dans un cercueil, Karigan est également coincée dans un espace-temps qui n’est pas le sien. Elle a fait un bond de 200 ans et ce qu’elle va découvrir de l’avenir risque bien de lui glacer le sang. Le futur de sa chère Sacoridie n’est qu’un champ de ruines où l’air est perverti. Finalement Mornhavon pourrait bien avoir gagné le combat.

Dans cette nouvelle aventure, Karigan s’engage dans une course contre la montre pour regagner au plus vite son époque. Un tome riche en émotions aussi bien pour notre héroïne que pour nous. Un long périple où les obstacles seront nombreux. Kristen Britain imprègne peu à peu son récit d’une noirceur pour symboliser la corruption de plus en plus prégnante dans l’histoire.

En montrant un possible avenir à Karigan, c’est le moyen de donner une ultime occasion à la jeune femme de sortir victorieuse de cette lutte entre le Bien et le Mal.

C’est une chance accordée par les Dieux pour lui permettre d’accomplir son destin de sauver son royaume.

Voici un cinquième tome à la fois surprenant et frustrant parce qu’en définitif on n’a pas trop avancé dans l’histoire. Kristen Britain nous a montré un futur possible mais dont on n’a pas envie. Pourquoi ? Parce que nous les lecteurs de fantasy, on ne souhaite pas voir le mal triompher, enfin en théorie. Mais une chose est sûre, c’est que Kristen Britain sait ménager son suspense et à la fermeture de ce tome, on en est à attendre la suite avec impatience. Alors est-ce au prochain tome qu’aura lieu l’affrontement final ?



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