L'influence du "gaming" à la littérature

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24/08/2016

Tristan Kalan, Son histoire, Chroniques Edwo, tome 1

Il y a des livres dont on fait la connaissance grâce à l'implication pour ne pas dire l'acharnement de leurs auteurs. C'est le cas du premier tome de Chroniques Edwo que Tristan Kalan m'a fait découvrir. Je commencerai donc cette chronique par le remercier de sa confiance et de l'intérêt qu'il a porté à Fantasy à la carte

Le moins que l'on puisse dire après la lecture des premiers chapitres est que l'auteur a voulu se démarquer de ses confrères en proposant une fantasy un peu inédite. En effet, l'univers qu'il a imaginé se détache de ce que l'on trouve en fantasy classique, à savoir l'introduction de créatures issues du bestiaire merveilleux. Ici, il a bien travaillé son monde en créant des peuples originaux. A chacun d'eux, il leur a attribué des critères physiques, des coutumes et des langues propres. Ce qui apporte un certain charme à son récit. 

Pour l'intrigue en elle-même, on retrouve le terreau fantasy traditionnel puisque Chroniques Edwo se concentrent sur la destinée d'un quatuor de héros dont les prouesses sont connues de tous. Ce ne sont pas des guerriers mais plutôt des jouteurs, en tout cas pour certains. Ils se déplacent à travers le pays d'Ushi au grès des joutes ou si on fait appel à leurs services pour déjouer certaines situations délicates et se débarrasser de problèmes épineux. Leur bienveillance est légendaire, et fait d'eux de vrais héros du Bien. 

L'histoire démarre lorsque le quatuor regagne le village natal d'Arast pour la fête du Printemps. Un grand moment festif qui va également être l'occasion pour certains membres de la compagnie de s'unir. Ainsi, Clénia et Grem d'une part, et Ositis et Mélissa d'autre part vont se dire "oui" sous le regard paternel d'Arast, le chef de cette célèbre équipée. Pour ces joyeux drilles, c'est le moment de la détente et de l'amusement sauf que le lendemain de ces grandes agapes pourraient bien être rude surtout lorsqu'Arast trouve une étrange enfant à la peau bleue et aux fines ailes diaphanes. Cette étonnante trouvaille risque fort de sonner la fin des festivités et annoncer de nouvelles aventures en perspective... La quête est ainsi dite.

C'est un récit dense que nous offre Tristan Kalan, sans doute généré par son choix de le raconter sous forme de chroniques. Cela lui permet de multiplier les anecdotes sur l'histoire de ces compagnons de voyage. Ainsi au fur et à mesure des chapitres, on en apprend plus sur eux, sur leur mode de vie, sur leur passé...ect Il en dresse un portrait très exhaustif. Mais pour le coup c'est un risque à en perdre le fil directeur. Car il faut toujours garder à l'esprit que c'est bien la quête de ramener l'enfant chez elle qui est au cœur du récit. Ce qui est une grande aventure en soit, riche en péripéties et en combats de haut vol. C'est également une manière de parcourir l'univers imaginé par l'auteur. Néanmoins, petit regret que celui-ci ne soit pas cartographié car cela facilite nettement son appropriation. 

Un roman de fantasy auquel il ne faut pas hésiter à s'accrocher car il est prometteur, d'autant que Tristan Kalan amorce quelques pistes qui, on l'espère, seront plus amplement développées dans le prochain opus. 
Fantasy à la carte

21/08/2016

Valentin Frété, Sous les brumes de Arren'Harn, Les Chroniques du Nord, tome 3

Pour ce troisième tome, Torfa et ses amis ont mis le cap vers un royaume secret: Arren'Harn. La légende nordique raconte que le dieu Hemn lorsqu'il créa le monde de Groelf, fut ennuyé de confier le vaste territoire du Sud aux seuls humains. Alors son fils Sleipn proposa d'y placer ses propres enfants dont l'existence était entourée de mystères, même pour les autres dieux. Nul ne savait à quoi ils ressemblaient ni ce qu'ils étaient. Hemn accepta la proposition et c'est ainsi que le Sud fut peuplé de Svadilfars dont les cieux demeurèrent embrumés afin que personne n'en perça le secret. 

Arren'Harn aurait pu être un paradis perdu, un refuge, un lieu de paix éternelle sauf que Valentin Frété aime bien pimenter ses récits et rudoyer ses héros. C'est pourquoi ce territoire est tombé sous le joug des Ogres, des brutes épaisses qui ne communiquent que par la violence, la domination et le sang. C'est dans ce contexte propice à la fantasy avec une lutte entre le Bien et le Mal largement marquée que ce nouvel opus démarre.  

Notre héros Viking, toujours à l'affût de nouvelles missions, entraîne ses compagnons sur cet étrange territoire et très vite s'assigne le rôle d'aider les Svadilfars à se libérer du joug des Ogres. Bien entendu, ce ne sera pas une mince affaire et qui dit quête périlleuse, dit grand danger. 

Pour Sous les brumes de Arren'Harn, Valentin Frété s'est appliqué à développer son univers. On en découvre chaque fois un peu plus. La nature y est parfois enchanteresse, parfois effrayante avec une dégradation marquée de certains lieux pour témoigner de l'emprise du Mal. Les créatures fantastiques ne manquent pas de venir ponctuer son récit et celles-ci ne sont pas toujours maléfiques. Le bestiaire merveilleux s'en trouve largement enrichit, ce qui constitue pour un texte de fantasy, un élément important et agréable à retrouver. De plus, il alterne description et action, ce qui équilibre le roman et rend la lecture plaisante. 
Croquis de Jurq le Svadilfar de Valentin Frété

Comme à l'accoutumée, Valentin Frété met en lumière certains éléments caractéristiques des légendes nordiques. Ici, il fait une grande place aux Svadilfars, littéralement "Seigneurs Chevaux" (une sorte de centaures) en nous confiant qu'ils sont les fils de Sleipn. Or, Sleipn n'est autre que Sleipnir qui, dans la mythologie nordique, est un cheval fabuleux à huit pattes capable de se déplacer dans les airs. Ce cheval ailé est communément reconnu comme monture pour Odin. Il est à noter également que les Ogres sont très présents dans ce roman. Un choix qui n'est sans doute pas dû au hasard puisque que ce sont ces créatures apparentées aux Géants que combat Thor à l'aide de son marteau Mjöllnir.  

Sous la houlette de sympathiques héros, Valentin Frété nous fait vivre une grande épopée de fantasy nordique. Chaque roman s'inscrit dans un cycle de grande envergure qui a su très vite s'attacher un public fidèle.


Fantasy à la carte

14/08/2016

Valentin Frété, Le Roi des Sables, Les Chroniques du Nord, tome 2

Le Roi des Sables nous entraîne à nouveau sur les traces de Torfa et de ses amis. Toujours en quête d'aventures, les voici traversant les Territoires de l'Ouest, déserts arides par-delà les montagnes réputés pour leurs multiples dangers.

Or justement le roman à peine entamé, une première menace pointe son nez obligeant les héros à se séparer bien malgré eux.

Valentin Frété choisit donc de nous raconter son récit à deux voix puisque tantôt on suit Torfa, et tantôt on suit Ard. Le texte en est donc que plus dynamisé. Livrés à eux-mêmes, les deux compères séparés vont devoir apprendre à survivre seuls. Car même si ce sont deux forces de la nature, on l'aura déjà remarqué qu'en agissant ensemble, ils sont nettement plus forts.

Ce roman se révèle peu à peu comme un roman d'initiation où les personnages en apprennent plus sur eux en tâtant leurs forces et leurs faiblesses. Une aventure dont ils ressortiront changés. Valentin Frété signe ici un roman plus intimiste, plus psychologique puisqu'il explore les couloirs de la conscience humaine, de la force du mental et même de la folie à travers des mises à l'épreuve pour ses héros aussi bien physiques que morales. 
Croquis d'Ard de Valentin Frété
C'est encore une fois un récit rédigé dans la tradition des textes de mythologie nordique puisque l'on retrouve la mise en scène de divinités, de créatures fabuleuses et de héros. En effet, Torfa s'illustre bien comme le héros nordique par excellence qui va devoir affronter dans ce tome de nombreuses créatures fantasmagoriques afin de prouver sa valeur. Il est suivi de loin en loin par son protecteur divin Thor, dieu du Tonnerre qui fait en sorte que son protégé reste sur la bonne voie. Guerrier brutal avec son célèbre marteau Mjollnir, Torfa pourrait presque être son reflet. 

Le Roi des Sables ancre bien Les Chroniques du Nord dans de l'Heroic fantasy pure, où les héros y sont malmenés par des combats violents. Ainsi, qu'elle soit anglo-saxonne ou française, on ne voit pas la différence car la qualité est bien au rendez-vous.

Qu'on se rassure les dernières lignes de ce tome ne nous conduisent pas encore au Walhalla car Valentin Frété ne nous a pas encore tout dévoilé sur ses héros.

Fantasy à la carte

07/08/2016

Pierre Grimbert, Le doyen éternel, Le Secret de Ji, tome 4

Le doyen éternel sonne la fin des aventures pour nos héritiers. La confrontation avec leur pire ennemi, le malfaisant Saat approche. Plus qu’une menace pour eux, c’est toute l’humanité qui risque de pâtir de l’hégémonie de cet être démoniaque. Et tous en sont douloureusement conscients.

Au cœur du Jal’Dara puis du Jal’Karu, ils ont pris connaissance de certains éléments, seulement seront-ils suffisants pour vaincre ? Finalement la rencontre avec Nol l’Etrange sera-t-elle à la hauteur de leurs espérances pour mener à bien la mission qu’ils se sont assignés. Mais rien n’est moins sûr car leur adversaire est puissant. Pire même, il est fou à lier. Or comment ramener un fou à la raison ? Cela est sans doute impossible d’autant que les pouvoirs du mal ont l’air inépuisables, imbattables, inaltérables.

C’est donc bien désemparés que nos aventuriers se lancent dans leur ultime combat. Ce roman, c’est aussi le moment de la séparation où finalement chacun va devoir affronter seul son destin.

Dans Le doyen éternel les évènements s’accélèrent, les péripéties s’enchaînent et emportent avec elles le lecteur dans un tourbillon d’émotions : désir, crainte, tristesse et joie.

Pierre Grimbert conclut son Secret de Ji avec une grande habileté en se ménageant une ouverture sur d’autres romans. Ce qu’il réalise de 2004 à 2012 puisque deux nouveaux cycles viennent compléter la saga, Les Enfants de Ji et Les Gardiens de Ji. Un récit de high fantasy d’une grande finesse. Tout y est, l’épopée épique, la magie, les complots, la romance. Un cycle d’une fantasy à la hauteur des meilleurs auteurs anglo-saxons. Une tétralogie qui révèle une fantasy française dont on est tous fiers.

Fantasy à la carte