L'influence du "gaming" à la littérature

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23/11/2022

Nicolas Texier, L'Ombre à Berlin, éditions Les Moutons électriques

Nicolas Texier, L'Ombre à Berlin, éditions Les Moutons électriques 

Après avoir collaboré au roman graphique, Fumée, publié en août dernier, Nicolas Texier n'a pas quitté sa plume car il signe en septembre, L'Ombre à Berlin, magnifiquement illustré par Melchior Ascaride

Lu dans le cadre d'un nouveau partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Erwan Cherel pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Été 1932, Jakob Blumen est accusé du meurtre d'un jeune SS. Sa fille, Adèle n'arrive pas à croire à sa culpabilité et est bien décidée à prouver son innocence, en dépit des milices nazies qui ne vont pas manquer de la traquer. Avec l'aide de sa logeuse ex-bosseuse et lesbienne extralucide et de son ami, soigneur dans un zoo, ils vont s'engager dans une enquête dangereuse plongeant à pieds joints dans le surnaturel auquel le NSDAP semble intiment lié. Pour autant, arriveront-ils à faire éclater la vérité sans y perdre eux-mêmes la liberté et même la vie ? 

Mon avis :

L'Ombre à Berlin est un récit uchronique qui prend cadre dans la République de Weimar moribonde puisqu'on est propulsé au moment où le pouvoir politique est progressivement confisqué par le NSDAP. La montée du nazisme marque le début des persécutions juives. L'ambiance est donc à la suspicion et à l'accusation. Or, elle sert parfaitement l'intrigue de Nicolas Texier qui prend comme point de départ le meurtre d'un SS et que la police veut faire endosser à un Juif. Il nous embarque dans les méandres d'une enquête : celle d'une jeune fille prête à braver le danger pour innocenter son père. D'ailleurs, ses investigations la conduisent à explorer l'envers du décor de l'idéologie nazie. Sous la plume de Nicolas Texier, l'obsession d'une race aryenne supérieure est ici liée à une résurgence de la mythologie germanique. En effet, les Nazis interprètent les nombreux malheurs qui se sont abattus sur l'Allemagne depuis la Grande Guerre comme étant le signe d'un prochain Ragnarök, autrement une apocalypse dont ils imaginent pouvoir s'extraire grâce au mythique navire Naglfar. Ainsi, l'auteur emprunte avec beaucoup d'ingéniosité des éléments notables des mythes pour servir à dessein son intrigue qui repose allègrement sur le complot. 

L'univers imaginé par Nicolas Texier est donc très immersif car il mêle les heures sombres de l'Histoire à un ésotérisme marqué par du spiritisme et des expériences scientifiques fort étranges. 

19/11/2022

Pierre Léauté, Trilogie du Singe, éditions 1115

Pierre Léauté, Trilogie du Singe, éditions 1115

Après un premier roman d'anticipation, Les Négriers de Babylone, Pierre Léauté pose ses valises en territoire uchronique et enchaîne les récits du genre. 

Ainsi, en 2015, il signe chez Le Peuple de Mü, Mort aux grands dont le héros principal fera son retour en 2020 dans Je n'aime pas les grands. Puis, entre 2016 et 2019, il publie sa trilogie Les Temps Assassins. Enfin, en 2022, il multiplie les publications et nous propose pas moins de trois livres : Retour à Malataverne en janvier, The 8 list en octobre et enfin, Trilogie du Singe, en ce mois de novembre. Or, c'est justement de celui-ci dont il va être question dans cette chronique. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Mon avis :

Qu'il soit compagnon d'aventure, personnage emblématique du cinéma hollywoodien ou simple métaphore, le singe occupe sans surprise le premier rôle dans ce recueil de nouvelles

Réécrire l'Histoire est un exercice de style difficile mais pour lequel Pierre Léauté est bien rôdé. D'ailleurs, avec son triptyque Trilogie du Singe, on est clairement dans le concept du trois salles, trois ambiances. 

Trois récits qui nous font remonter le temps et dessinent de nouvelles perspectives. 

Dans "La grande brisure", nous voici propulsé dans une Bretagne du XVIIIe siècle qui a échappé au giron du roi de France et conservé jalousement son indépendance, notamment grâce au bouleversement géologique qui l'a détachée du continent. Mais le royaume de Bretagne est menacé, son roi vieillissant n'est plus à la hauteur et la conspiration s'est glissée entre ses murs. Or, c'est dans ce contexte houleux qu'il charge un vieil armateur malouin de lui ramener une étrange cargaison. Pour autant, est-ce que cela infléchira le destin des Bretons ? Nul ne le sait car qui vivra verra. Dans ce récit, Pierre Léauté chatouille un sujet qui fait toujours débat en Bretagne, à savoir son indépendance. En s'appuyant sur la fierté et le courage d'un peuple, il lui redessine habilement un autre destin qui s'écrit au son des canons et d'un abordage tout en panache. 

16/11/2022

Guillaume Suzanne, Mort comme au premier jour, éditions Black Rabbit

Guillaume Suzanne, Mort comme au premier jour, éditions Black Rabbit

Romancier et nouvelliste, Guillaume Suzanne signe entre 2008 et 2014 une science-fiction délirante avec sa saga des poubelles.

Appréciant le format court, il se plaît à explorer les littératures de l'Imaginaire au sens large pour mieux poser un regard critique sur la société.

Il compte déjà une quinzaine de nouvelles et trois romans courts à son compteur mais il ne s'est pas arrêté là puisqu'il nous propose un nouveau texte avec Mort comme au premier jour. Celui-ci fait l'objet d'un financement participatif sur la plateforme Ulule, toujours en cours jusqu'au 28 novembre 2022. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Black Rabbit, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Mourir d'une chute dans un escalier, voilà bien une mort idiote ! Or, c'est ce que Guillaume Suzanne a réservé au personnage principal de sa dernière novella, Mort comme au premier jour. Alors si vous êtes curieux de savoir comment cela se passe dans l'au-delà, suivez le guide mais attention ne croyez pas que cela soit un long fleuve tranquille. Bien au contraire, le repos éternel est devenu un concept surfait. Dans ces conditions, tout devient donc possible...

Mon avis :

La mort est une porte d'entrée idéale à tout bon récit fantastique et ça, Guillaume Suzanne l'a bien compris. En tout cas, c'est la réflexion que l'on se fait quand on jette un œil à certains des titres de sa bibliographie comme "Si près du bord", "L'appel de Latombe" ou "La Cuvée du condamné". Alors rien d'étonnant de la retrouver au cœur de sa dernière novella. 

En trois actes, on suit ce défunt dans l'appréciation de son nouvel environnement et de ses compagnons d'infortune. On est donc transporté dans un au-delà où les nouveaux arrivants perdent leur nom au profit d'un numéro provisoire en attendant qu'ils s'en choisissent un autre. De même qu'ils ont le loisir de choisir le lieu où ils souhaitent se rendre, passé la première étape, mais en omettant de leur préciser que certains désirs ont de lourdes contreparties. 

C'est ainsi que le temps de quelques pages, on partage ce séjour mortifère baigné par l'imaginaire déjanté d'un auteur qui n'hésite pas à jouer avec les grandes figures de l'enfer et du paradis en nous en proposant une réincarnation des plus loufoque. 

Diable, faucheuse, les rencontres se succèdent mais ne se ressemblent pas. Guillaume Suzanne puise allègrement son inspiration dans des épisodes célèbres de la Bible, à l'image du combat de David contre Goliath en s'arrangeant avec la version officielle pour mieux l'adapter à son propos. Le tout étant de garder ici cette légèreté de ton associée à la multiplication de situations burlesques pour continuer de satisfaire un public déjà très attaché à son style.