L'influence du "gaming" à la littérature

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07/02/2016

Harry Potter, un succès indétrônable

Le triomphe de la publication du quatrième roman de la saga Harry Potter a été décisif pour donner l’envie à l’une des plus grandes sociétés de production cinématographique, Warner Bros Pictures, d’adapter les romans de J.K. Rowling. De 2001 à 2011, huit films vont sortir. Chacun d’entre eux correspond à un roman sauf le dernier qui sera adapté en deux opus, sans doute pour augmenter leurs bénéfices. 

Pour l’anecdote, dès 1997 le producteur David Heyman avait reçu une copie du livre d’Harry Potter à l’école des sorciers. Mais ce dernier, peu intéressé à l’époque, a préféré le ranger dans un tiroir jusqu’à ce qu’une secrétaire l’y découvre fortuitement et en apprécie la lecture au point d’en reparler à David Heyman plus tard. Très enthousiaste après sa propre lecture du roman, ce dernier réussit à convaincre J.K. Rowling de vendre les droits d’adaptation des quatre premiers tomes de la série à Warner Bros, en 1999. 

J.K. Rowling apportera d’ailleurs son étroite collaboration à la réalisation de ces films afin de maintenir une cohérence entre les films et ses romans. De plus, elle fut même productrice des deux derniers volets. 

Le choix d’adapter cette saga en huit films a donc nécessité un travail intense et colossal. C’est pourquoi, quatre réalisateurs vont se succéder pour donner vie aux aventures d’Harry Potter. La réalisation des deux premiers films est confiée à Chris Colombus, puis Alfonso Cuaron se charge du troisième opus, Mike Newell du quatrième et enfin David Yates s’occupera des quatre derniers puisque l'ultime roman sera scindé en deux films.
Mais le succès de cette production cinématographique repose sur plusieurs éléments. Le premier est la sélection du casting. Une première donnée pas négligeable car le choix de chaque acteur pour endosser tel ou tel rôle est crucial. Déjà, il faut que chaque comédien corresponde bien à l’image que se font les lecteurs de tel ou tel personnage. Ensuite, ils se doivent d’être bien dans leur rôle, qu’ils soient bons ou méchants car J.K. Rowling a soigné chacun de ses personnages en leur donnant une personnalité et des caractéristiques bien spécifiques que les artistes vont devoir bien s’approprier. 
Le trio le plus emblématique de cette histoire est bien évidemment le triumvirat formé par Harry Potter, Hermione Granger et Ronald Weasley et joué respectivement par Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint. Trois jeunes talents encore inconnus à l’époque mais qui vont être révélés par ces films. Non seulement physiquement ils ressemblent plutôt bien aux personnages qu’ils incarnent mais ils ont ce talent de capter l’attention du public dès leurs premières minutes de jeu. Très jeunes, ils grandissent avec leurs personnages et prennent de la maturité au fur et à mesure des années de tournage. Ainsi Daniel Radcliffe passe de l’enfant réservé au jeune homme de plus en plus grave au vu de la délicate mission qui l’attend, à savoir sauver le monde. De par sa gaucherie et ses maladresses, Rupert Grint apporte une vraie touche d’humour aux films. Quant à Emma Watson, elle passe de son rôle de petite peste qui sait tout mieux que tout le monde à celui de conseillère et de guide pour Daniel Radcliffe. Il était vital pour les producteurs de ne pas se tromper en sélectionnant ces trois acteurs pour jouer les premiers rôles. Etant les héros de l’histoire, c’est donc d’abord sur eux que repose le succès des films. Challenge réussi car ce trio n’a pas fini de nous faire rire, ou pleurer d’un bout à l’autre des longs métrages. 
Néanmoins, la difficulté d’adapter les romans de J.K. Rowling a été de trouver et de faire jouer un nombre très important de jeunes enfants qui viennent tour à tour donner la réplique à Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint. Au vu de leur jeune âge, la plupart vont interpréter ici leur premier rôle au cinéma sauf Tom Felton qui incarne Drago Malfoy et qui a déjà une petite filmographie grâce à ses rôles dans Anna et le Roi et Le petit monde des Borrowers. La distribution étant gigantesque, on ne va pas revenir sur chacun des acteurs mais parlons des jumeaux Weasley, James et Oliver Phelps car ils sont remarquables dans leur rôle. Chacune de leur apparition apporte un souffle de légèreté aux films. Ils incarnent ici à la perfection leur personnage d’incorrigibles polissons. 

Quant aux adultes, ils sont interprétés par de grandes stars de cinéma, des acteurs et des actrices à la carrière confirmée. Ainsi, on peut évoquer la présence de la célèbre Maggie Smith qui va jouer le rôle du professeure Minerva McGonagall dont la filmographie est très impressionnante. Gary Oldman qui est célèbre pour ses rôles de méchants et qui interprétera dans Harry Potter, Sirius Black. Les acteurs irlandais Richard Harris et Michael Gambon qui vont occuper chacun à leur tour le rôle d’Albus Dumbledor. Ce sont deux pointures du cinéma qui ont marqué leur temps pour avoir joué dans un nombre important de films. D’autres grands acteurs se succèdent dans ces films comme John Cleese, mondialement connu pour ses prestations avec les Monty Python et qui joue ici Nick Quasi-Sans-Tête, Emma Thompson et sa remarquable interprétation du professeure Sybille Trelawney, Ralph Fiennes qui incarne le plus grand méchant de tous les temps, Lord Voldemort ou encore le très regretté Alan Rickman qui fut grandiose sous les traits du professeur Severus Rogue. 

Sans les citer tous, on peut dire que les producteurs ont recruté une distribution prestigieuse sans doute pour assurer une certaine sécurité car avoir de belles têtes d’affiche est déjà un bon argument pour inciter le spectateur à regarder le film.
Néanmoins, un bon casting ne suffit pas ici pour s’assurer un succès cinématographique car l’univers inventé par J.K. Rowling est magique. Pour cela, il a fallu multiplier les effets spéciaux en faisant appel aux prouesses techniques modernes afin de rendre les scènes toutes plus saisissantes les unes que les autres. Parmi les moments spectaculaires, on peut citer les matches de Quidditch, les combats entre sorciers et mangemorts, les épreuves de la Coupe de Feu, les vols à bord de la voiture des Weasley… et bien d’autres encore car les films comme les livres débordent de magie. Les lieux de tournage furent nombreux mais tous furent tournés en Grande-Bretagne. Parmi les hauts-lieux, on peut citer le viaduc de Glenfinnan en Ecosse au-dessus duquel on peut apercevoir le Poudlard Express filant à toute vitesse vers l’école. Les paysages de Poudlard ont été filmés à Glencoe dans les highlands. Certains lieux à l’intérieur de Poudlard ont été filmés dans l’une des plus belles cathédrales d’Angleterre à Durham. Quant au site des leçons de vol de madame Bibine, il se trouve à Alnwick Castle dans le Northumberland. Des lieux emblématiques du patrimoine anglais qui viennent donner de la crédibilité aux films et transportent les spectateurs dans des paysages grandioses. 
Avec un Box Office mondial de 7 726 174 542 entrées vendues, c’est un véritable raz-de-marée cinématographique et constitue donc pour la Warner Bros Pictures un excellent investissement. Ainsi grâce à la Warner, l’univers du sorcier préféré de toute une génération d’enfants et d’adultes a pu prendre vie pour le plus grand plaisir de tous.

Fantasy à la carte

31/01/2016

John Howe, le faiseur de rêves

John Howe est un illustrateur canadien né le 21 aout 1957 à Vancouver. En inaugurant cette nouvelle rubrique consacrée aux plus grands illustrateurs et aux Artbooks, il ne pouvait pas aller autrement que de parler de cet artiste et de son travail sur l’univers de Tolkien. Quelle œuvre grandiose, d’ailleurs. John Howe est un nomade qui a notamment parcouru l’Europe pour finir par s’installer en Suisse, à Neuchâtel. 

En 1977, il vient à Strasbourg pour se former à l’École supérieure des arts décoratifs. Les années passées dans cette ville viennent nourrir son imaginaire. En effet, John Howe est passionné par le fantastique et le Moyen-Age. Ainsi, il passe des heures dans les musées, il étudie l’architecture et les nombreuses sculptures de la ville et particulièrement la majestueuse cathédrale. En 1994, il fait un séjour à Troyes où cours duquel il apprécie grandement le style médiéval des bâtiments de la ville. 
Bien entendu ses goûts imprègnent largement ses illustrations. On retrouve donc ce fantastique moyenâgeux dans les nombreux ouvrages qu’il a illustré à l’image de La Guerre du feu de J.H. Rosny en 1982 aux éditions Gallimard, Cathédrale chez La Nuée bleue en 1994, Les Chevaliers en 1995 et Le mystère de Greenwood en 1996 chez Bayard, Dragons en 1997, l’exceptionnel Bilbo le Hobbit en 1999, ainsi que les albums de Claude Clément édités chez Casterman ou encore en 2003 pour Méditations sur la Terre du Milieu chez Bragelonne.

Admiratif de son travail, Peter Jackson le charge même avec Alan Lee de la direction artistique du Seigneur des Anneaux, puis du Hobbit
Sa carrière atteint son apogée lorsque ses illustrations font l’objet de prestigieuses expositions comme celle à la Bibliothèque Nationale de France qui eut lieu du 14 décembre 2003 au 29 février 2004. 120 dessins de John Howe et d’Alan Lee y sont exposés et accessibles gratuitement au public, ainsi que des documents photographiques et vidéo de l’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux de J.R.R.Tolkien. Plus tard, la Maison d’Ailleurs, célèbre musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires à Yverdon-les-Bains expose 20 croquis, 20 tableaux et 20 croquis numériques de l’illustrateur du 16 novembre 2014 au 31 mai 2015. 

Enfin, en novembre 2014, il participe au documentaire A la recherche du Hobbit diffusé sur Arte dans lequel il occupe un rôle de guide à travers des interviews et des voyages. 

En plus de ses illustrations qui viennent égayer les œuvres de bien des écrivains, John Howe a plus d’un pinceau dans sa manche puisqu’il dispose également d’une belle bibliographie composée de livre d’art, ou de loisirs créatifs. Ainsi en 2002, il se joint à un collectif d’auteurs pour écrire ce beau-livre design intitulé John Howe : Sur les terres de Tolkien. Un livre qui vient faire écho à une exposition qui a eu lieu à l’office régional culturel de Champagne-Ardenne. Cet ouvrage apparait comme un panorama en images de l’univers tolkienien. En 2004, il sort John Howe Artbook qui constitue un précieux témoignage avec plus de 200 de ses illustrations. Il y évoque également ses méthodes de travail et les rencontres marquantes de sa carrière. Autre guide qui dévoile les secrets de cet artiste est édité en 2008 sous l’intitulé de Fantasy art : Peindre un univers de légende dans lequel on retrouve de multiples illustrations commentées et où il y dispense des conseils à ceux et celles qui veulent se lancer dans le dessin. Dans un tout autre registre que celui du Seigneur des Anneaux, John Howe publie, en 2009, un recueil de 24 illustrations inédites sur les Mondes Perdus. Toujours en 2009, un autre beau-livre paraît sur l’univers des dragons sous le titre de Dragons : Peindre et dessiner un univers de feu dans lequel il explique les méthodes et les techniques de peinture qui l’ont rendu si célèbre. Enfin en 2011, le livre de loisirs créatifs, Dessiner la Fantasy propose dix démonstrations de John Howe à suivre pas à pas. En somme c’est un véritable cours de dessin délivré par le maître pour les dessinateurs en herbe. 

Mais il est temps de revenir sur ce qui a rendu si célèbre cet illustrateur de génie. On peut affirmer sans crainte que l’univers imaginé par Tolkien en a fait rêver plus d’un et tout comme ces millions de lecteurs, John Howe n’échappe pas à cette fascination collective. Mais comme il le dit lui-même dans un article publié dans le recueil Méditations sur la Terre du Milieu : « Le Seigneur des Anneaux et la Terre du Milieu ne peuvent pas être illustrés ». Pourquoi ? Parce que c’est un univers complexe tellement riche, tellement changeant que finalement John Howe n’a pu en tirer que des images, des peintures autrement dit des instantanés de moments précis de l’histoire mais qui ne peuvent être immuables puisque ce monde est bien vivant. Par conséquent, on ne peut pas dire que ses illustrations définissent le monde de Tolkien tel qu’il est réellement car il n’est pas figé. Il est donc par exemple impossible de le cartographier de manière définitive. Pour John Howe, ses dessins ne sont que des esquisses et des regards furtifs. Pour lui, faire jaillir cet univers sur une toile fut un voyage solitaire car à la différence des lecteurs qui peuvent partager leurs impressions sur les livres, John Howe, lui, ne pouvait pas se permettre la moindre influence. C’est un travail personnel au cours duquel il s’est nourri de ses lectures des romans de J.R.R. Tolkien et des descriptions très détaillées des lieux, des peuples afin que tout ça prenne vie sous son pinceau. 

En croquant des instants de cette illustre Terre du Milieu, il pousse la porte d’un jardin secret, merveilleux, fantastique où la magie des mots se pare de formes et de couleurs pour nous faire rêver. Toutes ses illustrations sont saisissantes de réalisme car n’oublions pas que ces lieux ne sont que chimères. Et pourtant, lorsqu’on ouvre un artbook sur Le Seigneur des Anneaux, on se voit par exemple très bien marcher sur le chemin menant à la Comté. Avec une carrière aussi remarquable, John Howe apparaît comme un fer de lance pour tous les illustrateurs qui suivront ses traces. Il est celui par qui on prend conscience que la fantasy ne se résume pas qu’à des petites aventures épiques, c’est aussi de l’Art avec un A en majuscule. Grâce à des illustrateurs comme John Howe, les romans de fantasy deviennent ainsi de véritables objets d’art que les lecteurs se dépêchent d’ouvrir pour découvrir et admirer les dessins qui viennent agrémenter le récit. 

Même si cela fait vingt ans qu’il peint les romans du Hobbit ou du Seigneur des Anneaux, il n’a pas encore fini de nous faire rêver car comme il le dit lui-même : « les images ne sont pas à sa hauteur ». Une conclusion fort explicite et nous les amateurs de l’Imaginaire, nous nous en frottons les mains car des inédits restent à venir…

Fantasy à la carte

24/01/2016

Oliver Bowden, Brotherhood, Assassin’s Creed, tome 3

Ezio Auditore rempile pour de nouvelles épreuves car il est loin d’en avoir fini avec les Borgia. Toujours aussi puissants, toujours aussi néfastes, que ce soient le père ou les enfants, la famille Borgia est un furoncle pour Rome et l’Italie en général. En effet, la ville a perdu de sa magnificence. Sous l’influence de cette engeance plutôt maléfique, la cité se dégrade, même la papauté est corrompue. Rappelons que depuis 1499, les Borgia, père et fils, ont pris le pouvoir dans les Etats pontificaux en commençant par se débarrasser des dirigeants en place. Cesare est nommé gonfalonier de l’armée du pape et se lance dans une campagne de reconquêtes. Seule Caterina Sforza lui tient tête jusqu’à ce qu’elle soit vaincue. C’est le moment pour Ezio d’y mettre un terme d’autant qu’il a une vengeance à accomplir. N’oublions pas que les Borgia ont assassiné trop de membres de sa famille, pour notre assassin, le moment est donc venu de leur réclamer son dû.

Voici un tome charnière du cycle d’Assassin’s Creed qui nous dévoile les rouages internes de cette confrérie des assassins. Grâce à Oliver Bowden, nous devenons ainsi les spectateurs privilégiés d’un univers incroyable et effrayant. Brotherhood, c’est l’union d’hommes et de femmes solidaires, courageux qui consacrent leur vie à combattre les crimes des puissants.

Ce roman, c’est aussi l’occasion de passer plus de temps avec Ezio Auditore. Quel homme ! Plus qu’un tueur, c’est un vrai héros que met en scène l’auteur. Il est vrai qu’Ezio a la maturité à ce moment de l’histoire. Plus âgé certes, mais il n’en demeure pas moins toujours très alerte. Néanmoins, c’est également un homme meurtri par son passé; un homme à qui le repos n’est pas encore accordé. En effet, de lourdes responsabilités pèsent sur ses épaules, et il ne peut se retirer et abandonner ses frères d’arme à leurs missions.

Du jeu d’action, on passe, grâce à ce féru d’histoire, à un roman d’aventure de grande qualité. Oliver Bowden réussit un tour de force avec cette série de romans car il donne aussi bien envie de se lancer dans une partie de jeu vidéo que de se replonger dans l’Histoire de l’Italie.

Fantasy à la carte